Espade Pierre Cardin
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Espade Pierre Cardin
Le musée Pierre Cardin Passé – Présent - Futur (sortie régionale Paris Ile de France mardi 27 janvier 2015) Notre groupe avait le projet de visiter le musée Cardin : projet reporté pour cause de déménagement, mais pas remis aux calendes grecques puisque mardi, jour sans pluie, il s’est réalisé ! Point à Saint-Ouen mais dans un lieu plus prestigieux, au cœur du Marais, au 5 rue Saint-Merri, face au bel hôtel particulier Le Rebours situé au numéro 12. Cet espace Pierre Cardin est récent car inauguré en novembre 2014. Ce fut une poste puis une fabrique de cravates, et enfin le lieu atypique que nous découvrons quand, ayant traversé un passage puis une cour, nous pénétrons dans son large espace, sorte de haut cube blanc coiffé d’une verrière voilée de bleu pour tamiser la lumière, cerné de coursives où se penchent des silhouettes blanches ; plus de deux cents mannequins, élégants et élégantes, sont regroupés là et semblent nous observer quand ils ne sont pas absorbés dans leurs rêves esthétiques. Comme dans certains contes où les jouets s’animent la nuit, on les imagine s’éveillant d’une vie secrète quand vient l’ombre, quand leurs visiteurs ont disparu et que même la conservatrice des lieux, Madame Renée Taponier, la fidèle assistante de Pierre Cardin depuis ses quatorze ans, les abandonne à leurs mystérieux conciliabules ! Quelques photos de Pierre Cardin, leur créateur magicien, ponctuent les murs. Ce grand désigner et inventeur est né vénitien, et a connu très tôt le Japon qui l’a séduit : ce sont deux des clés de son art. Rappelons que ce grand monsieur, né en 1922, travailla chez Dior dès 1946 avant de fonder sa propre maison en 1950 : ajoutons qu’il commença par des costumes et masques de théâtre, ce qui permet d’évoquer Jean Marais avec qui Pierre Cardin travailla à la création de "la Belle et la Bête" : voilà la troisième clé. Très vite, il s’intéressa au prêt-à-porter, quitte à être boudé par une haute couture élitiste qui dut pourtant, ensuite et par trois fois, lui remettre le dé d’or qui consacrait sa supériorité sur ses pairs ! Son originalité aussi car les bijoux, les meubles, les automobiles, tout l’interpelle, tout peut lui être source d’inspiration. Les arts plastiques, les innovations techniques, les voyages spatiaux, tout stimule son regard inventif et amusé. Adulé partout dans le monde, il croule sous les prix et les hommages mais la France et Paris le snobent quelque peu ; aussi a-t-il voulu son musée comme un pied de nez à ceux qui prétendent l’ignorer ! Et il a reçu en 2012, à la Fenice de Venise, le prix du lion de Vénétie, ce qui a dû lui aller droit au cœur ! Ses créations ne sont pas à décrire mais à voir et à admirer. L’éclectisme en est total ! Il mélange tous les styles, tous les genres, tous les pays, toutes les époques. Il utilise tous les textiles, les laines plissées des lainiers les plus illustres, les soies d’Italie les plus raffinées même s’il s’agit de robes de vichy pour fillettes, le vinyle, les plaques de métal reliées par du fil de pêche qui procurent un vêtement des plus inconfortables, la laine polaire agrémentée de moules à gâteaux, le lycra tendu par des baleines, la soie ondulée et spiralée grâce à des rubans de crin, la fausse fourrure agrémentée de longs crins de cheval… Les mannequins, anciens et précieux, sont tous pieds nus pour que l’attention se focalise uniquement sur les vêtements, certains près du corps qui magnifient la silhouette, tandis que d’autres la métamorphosent et la restructurent, avec des manteaux de science-fiction, des ailes, des cercles superposés, des découpes de manches, épaules ou poches aussi imprévues qu’élégantes. A chaque tenue son bijou, des plus sages aux plus extravagants. Surtout, chaque costume se complète d’un couvre-chef et là encore la fantaisie est sans fin : les toques, les cloches, les "bibis", les voilettes et aigrettes, les casques de cosmonaute, les casquettes et képis, les galettes en auréole, les hauts de forme, les fichus, les bicornes, et que sais-je encore ; ces coiffures vont du classique au désinvolte, du fantaisiste à l’amusant et au loufoque et il y a dans cet ensemble un bonheur de créer, d’imaginer un vrai dynamisme qui fait du bien. La preuve étant que certains d’entre nous, des messieurs surtout, qui étaient venus sans enthousiasme excessif, se sont déclarés ravis de leur visite et contents d’avoir découvert cette personnalité hors du commun qu’est Pierre Cardin. Encore n’ai-je pas signalé les étonnants meubles laqués aux courbes voluptueuses, les luminaires singuliers, et autres objets décoratifs qui achèvent de donner à ce musée un aspect unique, une atmosphère souriante, l’idéal pour notre première visite de l’année. Une visite que la conservatrice du musée contribue également à rendre agréable, tant elle connaît et aime ce lieu sur lequel elle veille, et tant son admiration pour monsieur Cardin est palpable. Bravo donc monsieur Cardin et merci à vous ! Texte : Jocelyne Photos : Annie, Jocelyne et Hugues