Sociétés hippiques rurales - Chambre d`agriculture du Bas-Rhin

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Sociétés hippiques rurales - Chambre d`agriculture du Bas-Rhin
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L’EST AGRICOLE ET VITICOLE
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- N° 12. VENDREDI 25 MARS 2011 . PAGE 8
Sociétés hippiques rurales
Association filière cheval Alsace
Un patrimoine alsacien
en voie de disparition
Travailler à se faire connaître
Les Sociétés hippiques rurales (SHR) organisent
des manifestations dont la vocation première
est les courses rurales. Acteurs de l’animation
du territoire et de la promotion du cheval,
elles connaissent depuis quelques années une
diminution des cavaliers participant aux courses
qui remet en cause leur existence.
Qu’est-ce qu’une SHR ?
Les SHR ont pour vocation d’organiser des courses non soumises aux paris
mutuels. Elles jouent un rôle dans la
formation des futurs jockeys qui peuvent accomplir leurs premiers pas dans
des conditions moins onéreuses que via
le circuit des courses traditionnelles.
On en compte neuf dans le Bas-Rhin :
Eckwersheim, Haguenau, Hoerdt, Kleinfrankenheim, Roeschwoog, Surbourg,
Seebach, Siegen et Weitbruch ; elles sont
regroupées dans la Fédération des SHR.
Autour de l’organisation des courses,
activités à l’origine de la création des
SHR, celles-ci organisent des fêtes
annuelles ouvertes au grand public
(entrée gratuite), jouant le rôle d’animation rurale, du territoire et de la promotion du cheval. Selon les SHR, sont associées les activités suivantes : concours de
saut d’obstacle, concours de maniabilité
attelage d’entraînement, démonstrations de dressage par des chevaux arabes
(Siegen), championnat de France d’attelage (Seebach) et défilés équestres dans
les rues des villages.
Les SHR représentent un patrimoine
du territoire d’Alsace. En effet, il n’en
existe plus nulle part en France. Ces fêtes
conviviales organisées par des bénévoles
ont, pour les plus anciennes, plus d’une
centaine d’années d’existence.
La pérennité des SHR
remise en cause
Depuis quelques années, les SHR
déplorent une diminution chaque année
du nombre de participants aux courses.
Activité principale de ces manifestations,
si les courses s’arrêtent par manque de
partants, il faut s’attendre à voir disparaître les unes après les autres, ces
sociétés. Manque de communication, de
moyens logistiques et humains, diminu-
Formation
Du changement
Le CFPPA permet de passer un Brevet
professionnel Jeunesse, éducation populaire et sportive (BP Jeps), option activités équestre. Un diplôme de niveau IV,
qui forme des moniteurs en deux ans, en
partie par la voie de l’apprentissage. En
2010, le CFA a mis en place un Capa soigneur d’équidés, un diplôme de niveau V
qui forme des palefreniers.
Le Bepa Activité hippique, proposé jusqu’à
présent, sera fermé à la rentrée prochaine,
annoncé Didier Helmstetter, directeur du
CFA d’Obernai. En effet, la filière cheval
est concernée par la réforme de la voie
professionnelle, qui supprime les BEP et
bac pro en deux ans et les remplace par
un bac pro en trois ans.
Le bac pro Conduite et gestion de l’entreprise hippique (CGEH) est une formation
diplômante de niveau IV qui prépare les
Calendrier des
manifestations
• 12 juin : fête de la SHR d’Eckwersheim
• 5 juillet : fête de la SHR d’Hoerdt
• 10 juillet : fête de la SHR de Haguenau
• 17 juillet : fête de la SHR de Weitbruch
• 31 juillet : fête de la SHR de Surbourg
• 6 et 7 août : fête de la SHR de
Seebach
• 28 août : fête de la SHR de Siegen.
tion des subventions aux associations,
renforcement des conditions de sécurité,
sont autant de causes à ce phénomène.
Appel aux participants !
En Alsace, l’activité de la filière cheval est importante, avec une pratique
de l’équitation qui augmente, une activité courses qui se porte bien,
un secteur élevage, certes un peu à la peine, mais de qualité.
Pourtant, la filière souffre de reconnaissance et de soutien.
Elle doit aujourd’hui travailler à son image.
réée il y a une dizaine d’années
afin de coordonner l’ensemble des
branches équines - sport et loisirs,
courses, élevage, formation aux métiers
du cheval -, l’Association filière cheval
Alsace (Afca) a atteint ses objectifs, a
constaté avec satisfaction son président,
Paul Schiellein, lors de l’assemblée
générale qui se tenait jeudi 10 mars à
la Maison de l’agriculture. “Nous avons
été précurseurs en Alsace, car nous nous
sommes fédérés avant que les Chambres
d’agriculture n’officialisent leurs missions
d’accompagnement des filières équines.
Aujourd’hui nous avons des débats fructueux entre nous, et à travers le Conseil des
chevaux en Alsace, nous parlons d’une seule
voix à nos partenaires, ce qui donne davantage de crédibilité à la filière.”
Paul Schiellein a cité ensuite quelquesunes des grandes actions soutenues
et coréalisées par la filière, qui ont été
présentées par Carole Potié, chargée de
mission à l’Afca, dans son rapport d’activités, qui détaillait aussi l’ensemble des
réunions, actions de communication et
de promotion de la filière menées au
cours de l’année écoulée. Pour 2011,
deux événements d’envergure sont prévus : la participation à la Foire européenne de Strasbourg et aux Finales
nationale et européenne de labour, que
Frédéric Bernhard, responsable Jeunes
Agriculteurs du pôle élevage de cet
événement, a brièvement présentées.
“Toutes les disciplines équestres seront représentées au sein du pétale élevage. Démonstrations, concours de modèle et allures, vente
Cavalescence, vitrine des races sont au programme”, a précisé Carole Potié, appelant tous ceux qui souhaitent s’investir
dans ce projet pour la filière équine à
contacter les organisateurs.
tion, l’Etat a baissé sa fiscalité de 1,1 %
sur tous les paris hippiques.” Par ailleurs,
il est possible que la TVA à 5,5 % sur
les chevaux de course ne soit bientôt
plus autorisée.
Les Sociétés hippiques rurales en
revanche ont un peu plus de difficultés (lire leur présentation ci-contre).“Il
faut tout mettre en œuvre pour préserver
ces fêtes hippiques et courses rurales, car
elles sont à l’origine de bon nombre de
vocations, certains de nos champions ont
ainsi découvert l’équitation”, ont insisté
Jean Reeb, président de la société hippique rurale de Weitbruch, et Paul
Schiellein.
C
Les cavaliers qui participent à ce type
de courses sont d’origine multiple :
cavaliers d’établissements et associations équestres, éleveurs de chevaux,
professionnels, particuliers… Des
courses ouvertes aux poneys pour divertir les enfants ou lancer une vocation aux
courses de chevaux pour le loisir, l’entraînement et tout simplement les sensations, chacun y trouve sa place.
Avis aux professionnels du monde du
cheval : les SHR sont une richesse de
la région et vous sont destinées, il est
nécessaire de les pérenniser tant qu’il
en est encore temps. Établissements
équestres, ces courses représentent une
nouvelle offre à vos cavaliers, au-delà des
disciplines traditionnellement concourues dans vos écuries et dans la région,
les courses peuvent apporter une nouvelle dynamique !
Carole Potié, service régional
élevage, tél. 03 88 99 38 40, c.potie@
bas-rhin.chambagri.fr
Carole Potié, chargée de mission à
l’Afca, a présenté les activités de la
filière.
jeunes à prendre des responsabilités,
valoriser et gérer des structures ayant des
chevaux, centres équestres ou structures
hébergeant des équidés. “Les structures
équestres ayant une qualification agricole, ce diplôme donne la capacité professionnelle et donc l’éligibilité aux aides
à l’installation, a précisé Didier Helmstetter. Il donne également la possibilité aux
moniteurs titulaires du BP Jeps de créer
leur propre structure avec des aides.”
“Nous avons dû nous battre pour pouvoir
ouvrir cette formation au CFA d’Obernai à
la rentrée prochaine.” Toujours à l’état de
projet, le dossier est en bonne voie : il a
reçu un avis favorable du Crea et doit être
présenté prochainement à la Région. “Si
nous n’avons pas cette formation, l’avenir
de la filière cheval en Alsace est compris”,
a ajouté Paul Schiellein.
Les personnes intéressées pour un recrutement pour la rentrée 2011 peuvent
contacter Jean Rivat au 03 88 49 99 54.
Carole Potié est ensuite revenue sur
l’Observatoire économique du cheval,
qui a pour objectif d’apporter des données économiques, sociales et environnementales, destinées à mesurer le poids de
la filière équine en Alsace et son impact
sur le territoire. La première édition de
l’Observatoire économique régional a
été lancée en 2005-2007, la seconde a
commencé en 2010. Mais “l’observatoire
stagne sur la phase d’enquête. Le taux de
réponses est insuffisant, proche de 20 %
de l’échantillon, a regretté la chargée de
mission. Et nous manquons de moyens
humains pour réaliser une relance individuelle. Des appels collectifs seront désormais
lancés lors de réunions. Les questionnaires,
eux, sont téléchargeables sur le site internet
de la Chambre d’agriculture.” Espérant
une meilleure réponse, elle a précisé
que les données fournies sont traitées de
manière anonyme et que “cet observatoire
sert pour appuyer les demandes d’aides ou la
défense de projets collectifs.” “Si nous voulons que notre filière soit accompagnée par les
L’élevage, parent pauvre
de la filière
Paul Schiellein, président de l’Afca :
“Nous avons été précurseurs en
Alsace” (Photos Germain Schmitt).
collectivités, nous devons avoir ces chiffres”,
a renchéri Paul Schiellein. “Les données
recueillies au niveau régional servent aussi à
alimenter l’Observatoire national, à établir
un panorama de la filière équine française”,
a précisé Christian Haessler, directeur
territorial de l’Institut français du cheval
et de l’équitation (IFCE), qui participait
à cette assemblée générale.
Equitation et courses
ont le vent en poupe
La parole a ensuite été donnée aux
représentants des différents secteurs du
monde du cheval. Le Comité régional
d’équitation d’Alsace a recensé en 2010,
18 962 cavaliers possédant une licence,
dont 12 460 dans le Bas-Rhin, soit une
augmentation de 8,5 %, a constaté
Jean-Pascal Jobst, son président. “Une
progression encourageante pour l’avenir.”
L’équitation est un sport féminin à
82 % et est principalement pratiquée
par des jeunes, les juniors (moins de
18 ans) constituant 67 % des effectifs.
Jean-Pascal Jobst a également relevé que
2010 a été une bonne saison sportive,
20 % des licenciés ayant participé à une
compétition. “Sur les 3 400 compétiteurs,
2 500 appartiennent à un club. Clubs qui
sont en mesure d’offrir des poneys de bon
niveau.”
Les courses aussi se portent bien,
notamment les deux hippodromes de
Hoerdt et Wissembourg, le premier figurant dans le peloton de tête au niveau
national. Lucien Matzinger, président
de la société des courses de Strasbourg,
a rappelé que ce secteur tire ses financements des paris hippiques, possibles
en ligne depuis l’an dernier. “Les jeux et
paris sur internet représentent 5,1 milliards
d’euros, dont 4 Md€ pour le poker. Depuis
sa création, l’Arjel a délivré 48 agréments
à 35 opérateurs, dont 8 pour les paris hippiques.” Et les allocations distribuées
sur les courses augmentent de 3 % en
France, alors qu’en Grande-Bretagne
elles baissent de 30 %.
En France, les courses atteignent
leurs limites en termes d’organisation,
a fait remarquer Lucien Matzinger.
“Les professionnels ne peuvent pas entraîner les chevaux et aller aux courses”. L’extension du PMU à l’étranger devrait
permettre de “redynamiser et faire redémarrer les courses dans les pays européens
- beaucoup d’étrangers viennent courir sur
nos hippodromes -, les prises de paris en
masse en Belgique et Suisse romande, et
les prises de paris sur des réunions entières
en Allemagne, Pays-Bas et Espagne.”
Lucien Matzinger a regretté que la
taxe de 8 % donnée à la filière par les
opérateurs en ligne, instaurée par la loi
d’ouverture du 12 mais 2010, ne soit
toujours pas appliquée. “En compensa-
“L’élevage reste le parent pauvre de la
filière. Il faudrait le dynamiser, le promouvoir”, a insisté Roland Ungerer, président de l’Association des éleveurs de
chevaux d’Alsace (Adeca), qui compte
six syndicats membres. Avec 455 élevages, dont 70 % d’amateurs, 780 poulinières saillies et 1 500 transactions
d’équidés, l’Alsace est une petite région
d’élevage. Mais elle produit des chevaux de qualité : 128 poulinières ont été
primées, des ardennais participent au
concours national de Vittel et des chevaux de sang partent pour les haras à
Saint-Lô.
La filière doit faire face à de nombreuses difficultés que Roland Ungerer a passées en revue : les primes de
concours d’élevage qui ne suffisent plus
pour payer les boxes ou les frais pour
aller aux différentes finales nationales ;
les délais et le coût de l’équarrissage ;
la fermeture de l’abattoir de Holtzheim
aux chevaux, en raison d’un accès difficile, qui oblige désormais aller jusqu’à
Metz. “Nous avons rencontré le directeur de
l’abattoir, Jean-Claude Helfer, qui est prêt
à étudier des solutions, dont l’une serait de
mettre aux normes le hall d’abattage d’urgence. Mais reste à savoir qui en supportera
les coûts.” Enfin, avec la disparition des
Haras nationaux, l’Adeca, qui reste la
seule association régionale, est dans une
position financière délicate. Pour finir,
Roland Ungerer a présenté le fonctionnement de l’Adeca, ainsi que son nouveau site internet : chevaux-alsace.fr.
“Faire du lobbying”
Après avoir salué les efforts d’animation et de promotion réalisés par
l’Afca, Jean-Paul Bastian, président de
la Chambre d’agriculture du Bas-Rhin,
a exprimé sa surprise face à l’absence
de soutien politique pour cette filière.
“L’activité cheval est importante, mais pas
suffisamment reconnue, ni soutenue. Votre
filière est desservie parce que les élus, les
politiques, les députés en particulier, n’ont
pas conscience de vos difficultés.Vous devez
trouver les bons équilibres entre les différents
secteurs. Et ceux d’entre vous qui en ont les
moyens doivent faire du lobbying pour l’ensemble de la filière. Vous avez une image à
montrer”, a-t-il insisté.
Avant de rappeler que la filière
peut compter sur l’engagement de la
Chambre d’agriculture. “Le monde
du cheval est resté à l’écart pendant trop
longtemps. Aujourd’hui, il est grand temps
de préparer son avenir. Ensemble, nous
devons trouver des moyens, des synergies, et
faire en sorte que le monde du cheval fasse
partie intégrante de notre agriculture, que
nous voulons ouverte et représentée dans sa
diversité.”
“François Loos est prêt à nous recevoir
pour étudier la possibilité d’apporter un
avenant, ouvrant une ligne budgétaire pour
notre filière, à la convention d’objectifs signée
avec l’agriculture”, a indiqué Jean-Pascal
Jobst, à l’issue de cette intervention.
Murielle Chappatte

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