Le processus de paix soudanais et les médias

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Le processus de paix soudanais et les médias
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FMR 24
par David Campbell et Kate Lloyd Morgan
Permettre aux médias de donner aux citoyens soudanais une
des Schistosoma et sur les problèmes
voix et de les aider à accéder aux informations requises pour des
de santé des mères et des enfants.
moyens d’existence durables demandera un changement du courant Les stratégies pour accueillir des médias
indépendants fervents auront besoin
de pensée de régulation et un investissement en infrastructure et
d’être ajustées aux différentes situations
capacité humaine.
dans le Nord et le Sud.
UNHCR/M Pearson Sept 2005
alle
cole,
Le Soudan a un diffuseur appartenant
à l’État qui possède tous les réseaux de
transmission et une presse censurée.
Presque tous les médias émettent depuis
le Nord, avec seulement un petit nombre
de radios locales disponibles dans le Sud.
La peur de la persécution sous les lois
d’urgence a entraîné une autocensure
significative. Les réseaux de transmission
privés ne sont pas autorisés et les nouveaux services de radios indépendantes
sont obligés d’utiliser le réseau de l’état.
Les seules agences de presse au Soudan,
Sudan Media Corporation, sont contrôlées par les autorités de sécurité. Les
journaux n’ont pas le droit de posséder
leurs propres réseaux de distribution.
Les 13 journaux quotidiens de
Khartoum ont une circulation combinée
de seulement 168000. Ils sont tenus de
payer une licence initiale et annuelle et
de démontrer qu’un nombre requis de
journalistes expérimentés sont employés.
Les journalistes individuels doivent également posséder une licence, des diplômes
universitaires et parler couramment
l’arabe. Dans le Sud, d’énormes difficultés
entravent la distribution des journaux.
La seule publication régulièrement
distribuée, le Sudan Mirror, est imprimée
à Nairobi et distribuée dans les villes
principales avec le soutien d’ONG.
Le groupe de médias de la mission
d’évaluation conjointe (JAM) a recommandé la création de régulateurs médiatiques indépendants pour le Nord et le Sud
et de conseils de diffusions publiques.
Les régulateurs seront responsables
de la planification des fréquences, de
l’attribution de licences et de la garantie
des libertés de la presse. Les conseils
seront responsables de la promotion des
concepts et des principes de diffusion
du service public. Le gouvernement
peut utiliser et faire partie des conseils
de directions individuels, avec les autres
intéressés.
Le réseau de transmission devrait
être indépendant du contrôle de l’état
et fournir l’accès à l’infrastructure de
transmission (mâts et antennes) dans des
conditions justes, raisonnables et non
discriminatoires. Les fonds reçus pour
utiliser l’infrastructure pourraient être
utilisés pour financer les services publics.
Il devrait être possible à toute entité
commerciale de construire ses propres
émetteurs.
Il est essentiel que tous les Soudanais
comprennent le processus de paix, son
impact sur leurs vies et les promesses
faites par les autorités. Ils ont besoin
d’informations fiables sur leurs droits et
obligations, qui proviennent de sources
auxquelles ils peuvent faire confiance.
La mission d’évaluation conjointe
recommande que les radios nationales
et locales:
ouvrent et soutiennent le processus
de paix et le retour des personnes
délocalisées dans leur propre pays et
des réfugiés
assurent que les personnes déplacées à Khartoum et aux alentours
reçoivent des informations précises
pour éclairer leurs décisions de rester
ou de retourner vers le Sud
aident le public à comprendre les
problèmes de gouvernance
répondent aux demandes de programmes en langues locales
fournissent des informations sur les
succès et les défis de développement
encouragent l’apprentissage de la
lecture et de l’écriture et l’enseignement aux adultes
encouragent une compréhension plus
large de l’histoire du Soudan
apportent un soutien à l’enseignement
primaire
travaillent de manière rapprochée de
la société civile
rendent publique la stratégie de
réduction de la pauvreté au Soudan
et encouragent la transparence et
la participation du public dans sa
préparation et son contrôle
fournissent des informations de
commercialisation et autres liées aux
moyens d’existence
encouragent la santé préventive et la
connaissance de la malaria, du SIDA,
Tandis que les nordistes jouissent d’un
meilleur accès aux diffusions par radio,
télévision et satellite, il faut investir dans
des installations mises à jour et améliorer
la qualité de programmation. Les cours
de journalisme universitaires doivent
commencer, y compris les questions
d’éthiques et les standards journalistiques.
Le Sud a besoin d’un investissement
lourd en infrastructures physiques et
en ressources humaines. La mission
d’évaluation conjointe recommande:
d’établir un dispositif régional de
formation aux médias: il est particulièrement important de former des
femmes journalistes afin d’assurer
que les problèmes qui concernent les
femmes soient inclus
mettre en place un certain nombre de
stations de radio FM et fournir des
formations de production, journalisme
radio et de gestion financière
étendre la capacité d’imprimer les
livres scolaires et autres éléments: le
gouvernement du Sud du Soudan
ne devrait pas mettre en place ses
propres imprimeries – il n’y a presque
aucun exemple dans le monde où
cela ait fonctionné – mais il devrait
travailler à encourager les imprimeurs
commerciaux à installer et à fournir
des équipements pour les clients
gouvernementaux, commerciaux et de
la société civile
développer un système TIC par satellite pour soutenir le gouvernement
local, améliorer la sécurité et diffuser
les informations pour faciliter le retour
des personnes délocalisées dans leur
propre pays.
David Campbell et Kate Lloyd Morgan
sont codirecteurs de Mediae, une ONG
qui vise à permettre l’utilisation des
médias par les pauvres en Afrique.
(www.plusnews.org/). David Campbell
était le spécialiste sur les médias pour la
gouvernance du groupe de suprématie
du droit de la mission d’évaluation
conjointe au Soudan. Courriel:
[email protected].
SOUDAN
Le processus de paix soudanais et les
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