Dossier enseignants - multi

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Dossier enseignants - multi
PALAIS DE TOKYO / DOSSIER ENSEIGNANTS /
PALAIS DE TOKYO / DOSSIER ENSEIGNANTS /
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Y a-t-il un point fixe dans l’univers?
Il y a cinq milliards d’années, l’expansion de l’univers qui avait tendance à ralentir,
a soudainement connu une brutale accélération sous l’effet d’une force mystérieuse,
l’énergie noire. Ce renversement de vitesse impose un changement de perspective :
l’expansion ne connaîtra jamais de répit. D’un ralentissement à une accélération
constante, l’univers a mis fin à tout espoir de se reposer sur un hypothétique point
fixe. C’est une évidence, le monde ne peut apparaître comme une suite de points
formant des lignes. Il se manifeste par des effets tangents et des différentiels de
vitesse. Il traite de liaisons et traverse les strates. De la même manière, l’art ne
peut s’aborder en termes de positions, de lieux. Il glisse sur le visible et révèle la
multiplication des couches qui servent à sa construction. Il contribue à densifier le
réel, voire à l’ accélérer.
CINQ MILLIARDS D’ANNÉES est la première session d’un programme qui va se
décliner sur une année. Il est le prologue d’une réflexion portant non pas sur
l’exposition en tant qu’événement singulier, point fixe isolé dans le temps et
l’espace, mais sur la notion de programme, expérience dont le curseur temporel est
en constant mouvement, en oscillation permanente. Amorce d’une programmation
nouvelle, CINQ MILLIARDS D’ANNÉES témoigne de l’énergie de la création
contemporaine et de l’engagement du Palais de Tokyo à ses côtés.
CINQ MILLIARDS D’ANNÉES est un univers artistique en expansion accélérée qui
gagne l’ensemble des espaces du Palais de Tokyo. Structuré autour d’expositions
collectives et personnelles, il comprend également une multitude d’événements
aussi variés qu’un concours international de sculptures à la tronçonneuse, une
conférence d’un astrophysicien et d’un musicothérapeute, un ballet de mini-motos,
etc.
Marc-Olivier Wahler,
directeur du Palais de Tokyo
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QUOI ?
CINQ MILLIARDS D’ANNEES, la première session de ce programme annuel, se compose,
entre autres, de deux expositions collectives:
5.000.000.000 D’ANNEES /
Cette exposition témoigne de l'énergie de la création contemporaine et de sa perpétuelle
expansion. A travers une multiplicité d’univers, les artistes repoussent sans cesse les limites
de l’art.
UNE SECONDE UNE ANNEE /
En réunissant des œuvres qui s'activent de manière aléatoire et imprévisible, cette
exposition joue avec le hasard et les possibles temporalités d’œuvres plastiques.
QUI ?
Ces deux expositions réunissent une vingtaine d’artistes de la scène artistique actuelle
internationale.
COMMENT ?
Ces expositions réunissent une trentaine de pièces, dont certaines spécialement conçues
pour l’espace du Palais de Tokyo.
L’exposition 5.000.000.000 D’ANNEES plonge le visiteur dans l’obscurité. Les seuls sources
lumineuses sont les œuvres elles-mêmes (bougies, ampoules, néons…).
Elles apparaissent comme des repères lumineux ponctuant l’espace. Plus le visiteur avance,
plus les œuvres présentées semblent immatérielles et évanescentes.
D’autre part, UNE SECONDE UNE ANNEE s’annonce comme une exposition dont le visiteur
n’est pas sûr de voir la moindre œuvre en activité.
POURQUOI ?
Ce programme marque l'arrivée du nouveau directeur du Palais de Tokyo : Marc-Olivier
Wahler. L’élaboration d’un programme qui s’étend sur l’échelle d’une année permet
d’envisager l’exposition non plus comme un événement singulier, mais plutôt comme une
expérience en mouvement perpétuel. Ainsi, l’ensemble des projets (expositions
collectives/personnelles, soirées, rencontres, performances) entrent en résonnance et
incitent le visiteur à construire des ponts interprétatifs qui génèreront du sens.
Ce dossier propose d’étudier ces deux expositions comme un ensemble d’où fusent des
problématiques et des notions qui traversent le champ des arts plastiques.
Ces notions ponctuent les différentes expositions et se font écho de façon plus ou moins
évidentes. Les pistes de lectures sont multiples et sont l’occasion d’aborder certinaes
problématiques essentielles à la compréhension des arts plastiques de notre époque.
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L’ŒUVRE ET L’IMAGE /
DEMATERIALISATION /
Blind spot de Christian Andersson
Un spot éclaire un mur. Lorsque le
spectateur passe devant le faisceau
lumineux son ombre ne se projette pas sur
le mur.
L’artiste propose ainsi une disparition
successive de l’image regardée, puis du
sujet regardant.
Autofocus de Ceal Floyer
Un appareil à diapositives projette une image absente : un carré de lumière blanche.
L'appareil fait en permanence la mise au point de l'image.
DECOMPOSITION /
Patman de Michel Blazy
Michel Blazy travaille depuis de
nombreuses années à partir d’éléments
naturels qui entrent en décomposition le
temps de leur exposition. Patman est un
personnage anthropomorphe constitué de
pâtes alimentaires.
En réalisant ces œuvres à partir de
produits périssables, Michel Blazy tente
d’échapper à l’œuvre comme objet fini.
L’œuvre est en mutation permanente.
L’artiste se réfère à des thèmes qui
traversent les vanités classiques : la vie et
la mort…
… et amorce une réflexion sur le temps dans les arts plastiques
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L’ŒUVRE ET LE TEMPS
ALEATOIRE /
L’ensemble des œuvres proposées dans le cadre de l’exposition UNE SECONDE UNE
ANNEE ont pour point commun le jeu avec le hasard et l’aléatoire.
En effet , la mise en activité de ces œuvres, même si elle s’avère programmée par l’artiste,
reste toujours pour le visiteur un élément de surprise.
En intégrant une dimension temporelle dans leur oeuvre, ces artistes témoignent de leur
volonté de questionner la temporalité de l’œuvre et de sa perception :
« Quand y a-t-il œuvre d’art ? »
« Quand y a-t-il exposition ? »
Les œuvres de l’exposition UNE SECONDE UNE ANNEE intègrent cette dimension par le
biais de l’absurde, de la dérision, et de l’infime.
DECEPTIVITE /
Du fait de leur mise en activité aléatoire et ponctuelle, ces œuvres se présentent la majorité
du temps au spectateur sous une forme « inactive », ou passive.
Visuellement l’œuvre est relativement déceptive.
Si, par hasard, l’œuvre se met en activité lors du passage d’un spectateur, la dimension
absurde de sa mise en route accentue ce caractère déceptif.
CONCEPTUELLE /
Du fait de leur déclenchement aléatoire, les œuvres qui constituent l’exposition UNE
SECONDE UNE ANNEE incitent le visiteur à fantasmer, conceptualiser leur possible mise
en route.
Ces œuvres, sont finalement avant tout conceptuelles : un simple résumé de leur dispositif
suffit à les comprendre.
Fly Electrocutor de Fernando Ortega
Un piège à mouches électrique. A chaque
électrocution d’insecte, l’espace de
l’exposition est plongé dans une obscurité
ponctuelle.
Considérés avant tout comme des arts de l’espace, les arts plastiques ont tenté, tout au long
du XX° siècle, de sortir de ce strict domaine pour se confronter à une dimension temporelle.
Ceci témoigne également de l’expansion permanente du champ des arts plastiques. En
jouant ici avec l’élément temporel, ces œuvres plastiques intègrent une donnée qui, a priori,
ne leur est pas propre.
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L’ŒUVRE ET LE LIEU /
EXPANSION /
Scape de Vincent Lamouroux
Cette œuvre se présente comme une
immense glissière de flipper à côté de
laquelle le visiteur est à l’échelle de la
boule qui pourrait la parcourir.
Ce dessin sculptural semble être en
expansion maximum dans l’espace qui lui
est imparti.
MOBILITE /
Le regard glisse littéralement sur cette structure dynamique. Il n’y a pas de point fixe. L’un
des enjeux de cette pièce est d’évoquer la mobilité, la fluidité et la vitesse par le biais d’une
installation fixe.
PARADOXE /
Constantly Moving Whilst Standing Still de Jonathan Monk.
Cette œuvre présente une bicyclette renversée dont les deux roues tournent
Continuellement dans des directions opposées.
Cette œuvre en mouvement suggère l’immobilité. Il s’agit donc du paradoxe inverse de
l’œuvre de Lamouroux.
ABSORPTION /
Perfect de Lang / Baumann
Ce duo d’artistes produit des installations
dont les formes pop évoquent le design
d’intérieur des années 60 et 70.
L’installation Perfect proposée par Lang /
Baumann s’impose à l’entrée de
l’exposition et fonctionne comme un
passage absorbant le visiteur. Elle
accompagne ce dernier du monde
extérieur, vers l’ambiance tamisée de
l’exposition.
CORPS /
S’il y a présence d’un corps dans l’exposition 5.000.000.000 D’ANNEES, c’est avant tout
celui du spectateur. Le corps du spectateur est successivement aspiré, absorbé, malmené. Il
est, tout à tour, infiniment grand, infiniment petit, matériel ou immatériel.
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BONUS ++
FURTIF et HYPER-SPECTACULAIRE /
Plusieurs œuvres de l’exposition oscillent entre ces deux notions.
Ci-dessous un extrait de texte concernant l’oscillation permanente entre ces deux
phénomènes dans le domaine de la boxe et en écho à celui de l’art contemporain:
« Mike Tyson ne constitue pas seulement un phénomène extraordinaire dans l'histoire de la
boxe, il offre également une clé de lecture à un pan entier de l'art d'aujourd'hui. La puissance
et surtout la rapidité de ses coups forcent le téléspectateur à s'interroger sur les notions de
furtivité et de photogénie perceptibles dans l'image de ses combats. Une de mes cassettes
vidéo préférées retrace Les meilleurs K.O. de Mike Tyson. Ce qui me frappe chaque fois que
je vois le malheureux challenger s'écrouler, c'est que le coup asséné par Tyson est invisible.
Il est si rapide qu'il devient furtifi, si brutal qu'il devient photogénique. Je passe la scène au
ralenti, je vois l'amorce de l'attaque puis– sans transition – le poing d'Iron Mike écrasé sur la
figure de l'adversaire qui tombe comme un poids mort. Ni le spectateur, ni (de manière
évidente) l'adversaire n'a vu le coup dans son intégralité (son temps, sa trajectoire). S'il est
invisible, de quelle manière s'inscrit-il dans notre réalité, et comment peut-il devenir aussi
spectaculaire? La fascination qu'exerce Tyson sur le commun des mortels tient à cette
double présence paradoxale des notions de furtivité et de photogénie. Il se trouve que
depuis quelques années ces deux notions sont devenues un concept-clé éclairant les codes
de représentation et les constructions de réalités nouvelles mis en œuvre par nombre
d'artistes actuels. »
Marc-Olivier Wahler, Mike Tyson : invisible et hyper spectaculaire
MUTANT /
La différenciation entre un objet du quotidien et une œuvre d'art est devenue impossible
visuellement. Celles-ci , tout comme leur créateurs -les artistes- opèrent à la manière des
mutants.
« Comme les mutants, les artistes ont développé une liberté de se mouvoir dans des
sphères parallèles, et comme les mutants, l'art fonde sa survie sur la furtivité: notre radar ne
permet pas à notre système interprétatif de déceler les indices alarmants. Visuellement, rien
(ou presque) ne permet de distinguer un mutant d'un être humain, rien (ou presque) ne
permet de distinguer une œuvre d'art d'un objet ordinaire. La différence est ailleurs. Mais dès
qu'un mutant est identifié comme tel, il réintègre à nos yeux son statut d'origine (un
extraterrestre). Dès qu'une œuvre d'art est identifiée, elle abandonne son statut d'objet pour
se transfigurer et rejoindre le monde de l'art. Ce qui compte, ce n'est pas la colonisation de
nouveaux mondes. Les petits martiens verts aux rayons lasers - tout comme les artistes
visionnaires aux pinceaux fous - s'en sont déjà chargés. Non, l'expansion continue de notre
univers implique un mouvement de mise en glisse perpétuel, un cumul de l'identique activant
une schizophrénie chronique, et l'art d'aujourd'hui travaille à ce développement. Ce qui
compte, ce n'est pas ce qui nous est donné à voir (chaque monde est visuellement identique
à un autre), ce n'est pas le défrichement d'un territoire au détriment d'un autre, c'est cette
oscillation, ce transfert permanent entre chaque sphère qui constitue l'intérêt de l'art de notre
époque, qui dès lors se fonde moins sur une esthétique que sur une véritable
dynamique. »
Marc-Olivier Wahler, Fresh Théorie, le réel :combien de couches ?
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CONTACT
Pour définir les modalités et le contenu pédagogique de votre visite, prenez contact avec :
Benjamin Bardinet
Responsable du service des publics
01 47 23 90 79
[email protected]
INFORMATIONS PRATIQUES
Horaires : de midi à minuit tous les jours sauf le lundi
Tarif : Une visite sur mesure de 1h30 : 50 € (billets d'entrée compris).
ACCES TRANSPORTS
METRO
ligne 9 (Pont de Sèvres-Mairie de Montreuil) descendre à Alma Marceau ou Iéna
ligne 6 (Nation Charles de Gaulle Étoile) descendre à Trocadéro
BUS
- ligne 32 descendre à Iéna.
- ligne 42 descendre à Alma-Marceau.
- ligne 63 descendre à Iéna ou Alma-Marceau.
- ligne 72 descendre à Musée d'art moderne-Palais de Tokyo.
- ligne 80 descendre à Alma-Marceau.
- ligne 92 descendre à Alma-Marceau.
RER C
(C1 Pontoise, C2 Massy-Palaiseau, C3 Argenteuil, C4 Dourdan-la-Forêt, C5 Versailles Rive
Gauche, C6 Saint-Martin d'Étampes, C7 Saint-Quentin-en-Yvelines, C8 Versailles-Chantiers)
descendre à Pont de l'Alma.