Forum paysan
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Rapport de la troisième réunion mondiale du Forum paysan organisée en marge de la trente-troisième session du Conseil des gouverneurs du FIDA Siège du FIDA, Rome 15-16 février 2010 Oeuvrer pour que les populations rurales pauvres se libèrent de la pauvreté Consensus de 2005 sur le Forum paysan* Le Forum paysan est: • un processus permanent – et non une manifestation occasionnelle – couvrant, à partir de la base, les activités soutenues par le FIDA sur le terrain et la concertation; • un processus tripartite impliquant des organisations paysannes, des États et le FIDA; • un espace de concertation et de dialogue axé sur la réduction de la pauvreté rurale; • un instrument pour rendre compte de l’efficacité du développement, en particulier en ce qui concerne l’autonomisation des populations rurales pauvres et de leurs organisations; et • une interface entre les interventions visant le développement rural favorable aux pauvres et le processus de renforcement des capacités des organisations d’agriculteurs et de producteurs ruraux (y compris les organisations d’artisans pêcheurs, de pasteurs, de paysans sans terres et de populations autochtones). Le Forum paysan: • est régi par les principes de large participation, de pluralisme, d’ouverture et de flexibilité; • tire autant que possible parti des forums existants et évite les doubles emplois dans ce domaine; et • respecte les organisations existantes et crée, en tant que de besoin, de nouveaux espaces. Conditions: • Le processus du Forum paysan débute par des consultations à l’échelle nationale que complètent des réunions régionales ou sous-régionales. Ces dernières réunions déterminent la participation au Forum paysan, qui a lieu lors du Conseil des gouverneurs du FIDA, et façonnent son contenu. • Le processus du Forum paysan devra être répercuté par les organes directeurs du FIDA. • Le succès du Forum paysan dépend de la capacité du FIDA à favoriser la consultation à l’échelle nationale avec des organisations paysannes et à contribuer à satisfaire leurs besoins en matière de renforcement des capacités. • Les participants recommandent, en particulier, d’institutionnaliser les engagements pris avec des organisations paysannes dans le cadre des principaux processus opérationnels du FIDA (projets, stratégies nationales et régionales). (*) Extrait de la déclaration conclusive de l’atelier de 2005. Membres du comité de pilotage du Forum paysan • Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA) • La Via Campesina • Association des agriculteurs d’Asie pour le développement rural durable • Instance de coordination des producteurs familiaux (COPROFAM) • Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) • Forum mondial des aquaculteurs et pêcheurs • Forum mondial des populations de pêcheurs • Fonds international de développement agricole (FIDA) Rapport de la troisième réunion mondiale du Forum paysan organisée en marge de la trente-troisième session du Conseil des gouverneurs du FIDA Siège du FIDA, Rome 15-16 février 2010 Oeuvrer pour que les populations rurales pauvres se libèrent de la pauvreté Table des matières Avant-propos 7 Résumé 9 I. Session spéciale: promotion du leadership féminin dans les organisations paysannes et les organisations de producteurs ruraux 11 II. Ouverture du Forum paysan 17 III. Première séance plénière: tendances et évolution du partenariat du FIDA avec les organisations paysannes 25 IV. Réunions des groupes de travail régionaux: progrès réalisés et objectifs futurs des partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes aux niveaux national et régional Afrique de l’Ouest et du Centre 31 31 Afrique orientale et australe 34 Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe centrale et orientale 37 Amérique latine et Caraïbes 39 Asie et Pacifique 40 V. Discussions thématiques (groupes de travail régionaux) Le rôle des organisations paysannes dans le développement des filières et les moyens de reproduire les succès (Afrique de l’Ouest et du Centre) 43 43 Comment promouvoir l’accès aux marchés des petits exploitants agricoles (Afrique orientale et australe) 45 Les politiques et l’agriculture familiale: politiques et programmes d’investissements différenciés pour l’agriculture paysanne (Amérique latine et Caraïbes) 48 Comment promouvoir la sécurité alimentaire et l’agriculture paysanne dans un contexte de concurrence croissante pour la terre et d’autres ressources naturelles (Asie et Pacifique) 49 VI. Synthèse des délibérations Synthèse 55 55 La réponse de la direction générale du FIDA 59 La réponse des gouvernements des États membres 60 Clôture du Forum paysan 61 3 Appendices I. Ordre du jour du Forum II. Discours d’ouverture du Président 65 III. Présentation des “Partenariats en action 2008-2009” 69 IV. Résumé des deux événements parallèles du jeudi 18 février 75 Introduction Événement parallèle n° 1: Qu’est-ce que le programme “Achats au service du progrès” (P4P)? Œuvrer aux côtés des organisations paysannes à différents niveaux Généralités Exposé présenté par la Fondation Bill et Melinda Gates Exposé présenté par le Programme alimentaire mondial Exposé présenté par la Coordination nationale des organisations paysannes du Mali Débat en séance plénière Événement parallèle n° 2: Comment aider les organisations paysannes à offrir de meilleurs services à leurs membres Généralités Objectif et résultats attendus Débats Recommandations Observations finales V. Liste des participants 4 62 75 76 76 77 77 79 80 83 83 84 84 86 87 88 Sigles et acronymes APE Accord de partenariat économique AROPA Projet d’appui au renforcement des organisations professionnelles et aux services agricoles Asia DHRRA Développement des ressources humaines en Asie rurale A-SWAp Approche sectorielle de l’agriculture CNOP Coordination nationale des organisations paysannes CONTAG Confédération nationale des travailleurs du secteur de l’agriculture (Brésil) COPROFAM Instance de coordination des producteurs familiaux COSOP Programme d’options stratégiques pour le pays EAFF Fédération des agriculteurs d’Afrique orientale ESA Division Afrique orientale et australe FAA Federación Agraria Argentina FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture FIPA Fédération internationale des producteurs agricoles FOSCA Centre d’appui aux organisations de producteurs en Afrique IFOAM Fédération internationale des mouvements d’agriculture biologique JNC Junta Nacional del Café KENFAP Fédération nationale des producteurs agricoles du Kenya MERCOSUR Marché commun du Sud MIJARC Mouvement international de la jeunesse agricole et rurale catholique MVIWATA Réseau national des groupements d’agriculteurs (République-Unie de Tanzanie) NASFAM Association nationale des petits agriculteurs du Malawi PAM Programme alimentaire mondial P4P Achats au service du progrès PROPAC Plateforme sous-régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale REAF Commission de l’agriculture familiale ROPPA Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest SACAU Confédération des syndicats agricoles d’Afrique australe SFOAP Programme d’appui aux organisations paysannes africaines S&E Suivi-évaluation UNAG Union nationale des agriculteurs et éleveurs WCA Division Afrique de l’Ouest et du Centre WOCAN Femmes organisant le changement dans l’agriculture et la gestion des ressources naturelles FIDA/G.M.B. Akash 6 Avant-propos Au cours des deux années 2008 et 2009, les crises concomitantes alimentaires et énergétiques se sont trouvées aggravées par la crise financière et une récession d’ampleur mondiale. La déclaration de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) selon laquelle le nombre de personnes souffrant de la faim a dépassé le milliard en 2009 est venue cruellement souligner les conséquences d’une telle conjonction de crises. La nette diminution des moyens de subsistance et du pouvoir d’achat a touché une population encore plus large. En outre, l’agriculture – qui assure la subsistance de la très grande majorité des populations rurales pauvres des pays en développement – ressent de plus en plus les effets du changement climatique, de la désertification, du recul de la biodiversité et d’une intensification de la compétition sur la terre et l’eau alors que la population mondiale s’achemine vers les 9 milliards d’habitants. Devant cette situation, la communauté internationale a manifesté l’année dernière, sur les plans politique et financier, un souci croissant concernant la sécurité alimentaire et le sort de l’agriculture. À L’Aquila, 26 pays et 14 organismes multilatéraux ont adopté une initiative concertée sur la sécurité alimentaire. En novembre dernier, à Rome, les participants au Sommet mondial sur la sécurité alimentaire ont réaffirmé leur volonté d’intensifier le soutien national et international en faveur du développement agricole et de la sécurité alimentaire, en particulier pour les petits exploitants. À l’approche de 2015, date butoir des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), on voit se renforcer le consensus autour de la nécessité d’appuyer les efforts que déploient les ruraux pauvres, femmes et hommes, pour vaincre la pauvreté, jouir de leur droit à l’alimentation, s’adapter au changement climatique et aider à en atténuer les effets. Des organisations plus fortes de petits exploitants, de pêcheurs et de pasteurs sont indispensables si l’on veut faire face à ces défis et saisir les opportunités qui se présentent. La coopération entre producteurs ruraux se traduit pour eux par une amélioration de l’accès aux marchés et aux savoirs. Elle leur permet de réaliser des économies d’échelle et de disposer d’un plus grand pouvoir de négociation au sein des filières. Elle accroît la capacité des petits agriculteurs à gérer les ressources et les infrastructures et à influencer les politiques et les programmes de développement. 7 Le FIDA affronte ces défis en faisant preuve de diligence et de sens des responsabilités. Lors de la dernière reconstitution de ses ressources, ses membres ont convenu de porter les ressources à un niveau sans précédent. Au cours des années 2008 et 2009, le Fonds a engagé plus de 1,2 milliard d’USD pour financer 69 projets d’investissement rural et agricole de ses pays membres. Les organisations paysannes nationales ou locales ont participé à la conception de 70% de ces projets et ont été associées à la formulation de la plupart des stratégies de pays adoptées par le FIDA au cours du cycle biennal. Le financement direct sous forme de dons accordé aux organisations paysannes en vue de renforcer leurs capacités a plus que doublé par rapport au cycle précédent. À un moment où l’agriculture mondiale se trouve à la croisée des chemins et où le FIDA commence à mettre en œuvre la huitième reconstitution de ses ressources, la troisième réunion mondiale du Forum paysan constitue une occasion exceptionnelle de faire le point sur un “partenariat en action” et de réfléchir avec les dirigeants d’organisations paysannes aux moyens d’améliorer l’efficacité du Fonds en matière de développement et de renforcer la capacité des 500 millions de petits exploitants agricoles dans le monde de se libérer de la pauvreté et de la faim. 8 Résumé La réunion mondiale 2010 du Forum paysan, qui s’est tenue à Rome les 15 et 16 février 2010, a rassemblé 120 participants, parmi lesquels 70 dirigeants d’organisations paysannes représentant des millions de petits exploitants et de producteurs ruraux du monde entier, afin de leur permettre de dialoguer avec le personnel du FIDA et certains partenaires. Suivant en cela une recommandation issue de la réunion 2008 du Forum, les organisations paysannes participantes ont fait un effort particulier pour que les femmes bénéficient d’une présence et de possibilités d’expression accrues à la session 2010. Une réunion préparatoire, tenue le 13 février, a permis de réfléchir aux moyens de favoriser la présence des femmes au sein des instances dirigeantes des organisations paysannes. L’engagement avait été pris, en 2008, d’avoir au moins 30% de femmes dirigeantes d’organisations paysannes parmi les participants au Forum; cet objectif a été dépassé, avec 40% de participantes. Comme en 2008, le FIDA a préparé un rapport destiné au Forum, en se fondant sur une enquête menée auprès des chargés de programme de pays et de dirigeants d’organisations paysannes à propos de l’évolution des partenariats au cours des deux dernières années. Après la présentation du rapport au début du Forum, les participants ont fait part de leurs réactions et de leurs observations. La réunion 2010 du Forum a fait une plus large place que les éditions précédentes aux questions opérationnelles. Dans cette optique, les deux séances en groupes de travail ont été axées sur les dimensions nationale et régionale de cette problématique: • Le lundi 15, dans l’après-midi, une séance a été consacrée à la collaboration opérationnelle entre le FIDA et les organisations paysannes aux niveaux national et régional. • Le mardi 16, une séance a été consacrée, dans la matinée, aux thèmes suivants: a) la sécurité alimentaire dans un contexte de concurrence croissante pour l’accès à la terre; b) les rôles des organisations paysannes à l’égard de l’autonomisation des petits exploitants au sein des filières; et c) les politiques et les programmes d’investissement différenciés à l’appui des petites exploitations agricoles. Une synthèse des délibérations et recommandations sur les évolutions nécessaires des partenariats a été approuvée par les participants et examinée avec la direction du FIDA dans l’après-midi du mardi 16. Cette séance de clôture était ouverte aux membres des organes directeurs du Fonds. Comme d’habitude, les participants au Forum paysan ont été invités à assister, en qualité d’observateurs, à la session du Conseil des gouverneurs. Ils ont eu la possibilité de prendre part aux manifestations régionales organisées le 18 février dans le cadre du Conseil des gouverneurs. La synthèse des délibérations du Forum a été présentée au Conseil des gouverneurs lors de la séance du matin du 17 février. Après la clôture du Conseil des gouverneurs, deux événements parallèles se sont déroulés dans l’après-midi du jeudi 18 février, avec la participation des organisations paysannes et de certains partenaires, sur les thèmes suivants: a) la fourniture de services d’appui aux organisations paysannes; et b) l’initiative “Achats au service du progrès” du Programme alimentaire mondial et la collaboration à ce titre avec les organisations paysannes nationales. 9 FIDA/Santiago Albert Pons 10 I. Session spéciale: atelier préparatoire sur la promotion du leadership féminin dans les organisations paysannes et les organisations de producteurs ruraux Introduction Dans la plupart des pays en développement, les femmes accomplissent une part importante des travaux agricoles et produisent, au niveau mondial, la plus grande partie des cultures vivrières. Pourtant, leur rôle dans l’agriculture est dans une large mesure ignoré dans le cadre des politiques et de l’allocation de ressources. Les points de vue et les préoccupations des femmes rurales sont à peine entendus au niveau national comme au niveau mondial. Cela tient, entre autres, à la faible présence des femmes au sein des instances dirigeantes des organisations rurales et, dans certains cas, à la capacité limitée des quelques femmes aux commandes au niveau national à représenter efficacement les intérêts des femmes travaillant sur le terrain, où les groupements féminins sont le plus souvent confinés. Dans les organisations mixtes, si les femmes sont bien représentées en tant que membres, rares sont celles qui occupent des postes de direction; lorsque l’on passe du niveau local aux niveaux régional et national, cette tendance est encore plus marquée. Il en résulte un profond déséquilibre entre les moyens d’expression et le pouvoir décisionnel des femmes rurales et leur contribution considérable à la production, à la commercialisation et aux moyens de subsistance dans le secteur de l’agriculture. Les jeunes femmes capables qui auraient la possibilité d’assumer des fonctions dirigeantes doivent relever des défis particuliers, dans la mesure où elles doivent jongler pour concilier leurs rôles d’agricultrices et de dirigeantes et la prise en charge de leurs enfants en bas âge. Les normes socioculturelles qui attribuent le soin des enfants exclusivement aux femmes et relèguent ces dernières dans la sphère domestique font qu’il leur est difficile, sinon impossible, d’occuper des postes clés. Reconnaissant l’importance de ces questions pour l’avenir de l’agriculture paysanne et le bien-être des ménages ruraux, la réunion du Forum paysan qui s’est tenue au FIDA en 2008 avait recommandé qu’une session spéciale soit consacrée à ce sujet au cours de la réunion de 2010. En fait, près de 40% des participants au Forum paysan 2010 étaient des représentantes des agricultrices (contre 10% à la première réunion mondiale en 2006). La session spéciale du Forum paysan 2010 (“Promouvoir la participation des femmes aux instances dirigeantes des organisations paysannes et des organisations de producteurs ruraux”), qui s’est tenue les 12 et 13 février, a été organisée conjointement par le FIDA et l’ONG Femmes organisant le changement dans l’agriculture et la gestion des ressources naturelles (WOCAN) et cofinancée par le Gouvernement norvégien. Elle a réuni plus de 60 participants, parmi lesquels 35 représentantes d’agricultrices venues participer au Forum paysan 2010, des membres du comité de pilotage du Forum paysan, des observateurs d’ONG et de la FAO, et des fonctionnaires du FIDA. Dix femmes siégeant au Conseil d’administration du FIDA ont pris part au dîner informel du 12 février. Lors des séances plénières et au sein des quatre groupes de travail régionaux (Afrique francophone, Afrique anglophone, Amérique latine et Caraïbes, Asie et Pacifique), les participants ont débattu des moyens permettant d’accroître les profits économiques que tirent les femmes de l’agriculture; d’améliorer la formation des agricultrices et de mieux leur 11 transmettre l’information; d’appliquer des systèmes de quotas pour les femmes; de financer l’accès des femmes aux postes de direction des organisations paysannes et de producteurs ruraux; et de construire des réseaux et des partenariats entre les organisations paysannes et le FIDA. La déclaration finale de la session spéciale a été incluse dans la synthèse des délibérations du troisième Forum paysan, et il en a été donné lecture au cours de la trentetroisième session du Conseil des gouverneurs du FIDA (voir page 55). Les sections suivantes résument les principales questions qui ont émergé durant la session spéciale. Autonomisation économique et accès aux moyens de production Tous les groupes de travail ont estimé que l’autonomisation économique des femmes est la condition essentielle pour qu’elles fassent davantage entendre leur voix et qu’elles accèdent plus largement aux fonctions de direction au sein des organisations paysannes. Les participants ont instamment invité le FIDA et les autres donateurs à affecter, plus que jamais, des ressources financières aux agricultrices, car leur indépendance économique et le renforcement de leur pouvoir d’action sont liés à de nombreux problèmes, notamment ceux de l’accès à la terre et à l’eau, aux ressources productives, au crédit, aux sources d’énergie alternatives, à la technologie, à l’information et aux marchés. Les décideurs, les milieux d’affaires et les agriculteurs doivent tous rechercher, à l’intention des femmes, de nouveaux points d’accès aux filières, afin de créer de nouveaux débouchés économiques durables pour les agricultrices. Selon les participants, la principale question à laquelle doit répondre cette génération de décideurs et de dirigeants est la suivante: “Comment pouvons-nous rendre l’agriculture plus rentable et plus durable pour les générations futures d’agriculteurs?”. Les principaux points débattus concernant plus spécifiquement les agricultrices incluent la propriété foncière, l’amenuisement des ressources naturelles et leur dégradation qualitative, en particulier dans les zones les plus gravement touchées par le changement climatique. Pour enrayer de telles tendances, des politiques agricoles en faveur des femmes et des jeunes doivent être élaborées afin d’aider les agricultrices et les jeunes agriculteurs à acquérir l’esprit d’entreprise. Pour ce faire, les femmes et les jeunes ont besoin de gagner en confiance, ce qui leur sera possible dès lors qu’ils auront accès aux moyens de production, aux savoirs et aux compétences. Ils ont également besoin du soutien des hommes. Renforcement des capacités et formation Le renforcement des capacités a été un élément essentiel, dans tous les aspects des débats, pour promouvoir l’accession d’un plus grand nombre de femmes à des postes clés au sein des organisations paysannes et de producteurs ruraux. Selon les participants, il est fondamental que le FIDA et les autres donateurs voient dans le développement organisationnel et le renforcement des capacités le liant qui agglomère les efforts visant à favoriser l’accès des femmes à des postes de direction au sein des organisations paysannes et de producteurs ruraux. Différents types de capacités doivent être renforcées. Les femmes ont besoin d’un accès aux informations technologiques les plus récentes concernant l’agriculture, la production et les mesures d’adaptation au changement climatique, ainsi qu’aux technologies de l’information pour avoir accès à ces informations. Elles doivent acquérir des compétences entrepreneuriales et commerciales, une plus grande confiance en elles et des capacités de direction, tout comme l’aptitude à négocier et à débattre avec les autorités. Elles ont également besoin de comprendre les aspects de la politique qui les touchent en tant qu’agricultrices. Plus précisément, il est nécessaire que: • la formation soit ciblée et décentralisée de sorte que les femmes disposent de l’autonomie requise pour appliquer leurs propres programmes de formation; 12 • le renforcement des capacités comprenne des visites de terrain, des échanges d’agriculteur à agriculteur et des visites dans des instituts de recherche et des écoles secondaires; • les organisations soient souples et tiennent compte des contraintes pesant sur l’emploi du temps des femmes, en particulier pour celles qui ont des enfants en bas âge, et des dynamiques familiales qui peuvent affecter leur participation; et • des crèches soient créées pour permettre aux femmes de participer à des formations, de manière qu’elles puissent remplir leur rôle en tant que professionnelles, prendre plus de postes de direction au sein de leurs organisations et s’attacher davantage à rendre leur travail rentable. Leur coût de fonctionnement devrait être inclus dans les activités de formation susceptibles d’être financées par les donateurs. Quotas de participation des femmes Malgré la difficulté de mise en œuvre, l’application et le maintien de quotas “Rien de ce qui nous concerne ne doit de participation des femmes ont été désignés comme des actions se faire sans nous!” prioritaires pour le FIDA et les organisations paysannes. Il été affirmé, en Estrella Penunia Banzuela, AFA fait, que le premier acte de l’autonomisation des femmes doit être l’établissement de quotas de participation pour leur donner une plus grande visibilité. Les quotas contribuent à instaurer la nécessaire masse critique de membres et leaders féminins qui provoquera le changement dans la politique et la culture institutionnelle. Les participants ont relaté des histoires vécues au sein de leurs organisations respectives, dans lesquelles l’instauration de quotas (allant de 30 à 50%) a réussi à accroître la participation des femmes. Ils s’accordent néanmoins à dire que les quotas sont une condition nécessaire mais non suffisante pour que les femmes jouent des rôles de dirigeants au sein des organisations paysannes. Même dans les organisations appliquant le système de quotas, les préoccupations des agricultrices peuvent ne pas être exprimées avec assez de force. Dans ces cas, il peut être nécessaire de créer des comités exclusivement féminins – espaces au sein desquels les femmes gagneront en confiance et plates-formes à partir desquelles elles pourront négocier avec le reste de l’organisation et avec les partenaires et institutions externes. L’existence d’outils, de chartes et de statuts a été citée comme essentielle pour le succès des systèmes de quotas, de même que les mécanismes de suivi de leur application. Tous les autres thèmes examinés au cours de la session spéciale, et en premier lieu l’autonomisation économique et le renforcement des capacités, ont été retenus comme des compléments essentiels à tout système de quotas. Changement culturel et institutionnel Afin d’accroître la participation des femmes, les organisations ont besoin de mieux communiquer avec les agricultrices, qui supportent le double fardeau du travail agricole et des tâches domestiques. La culture et le mode de fonctionnement des organisations, qui tendent à reproduire les normes culturelles masculines, doivent changer. Suivant le sexe du dirigeant, les critères de performance ne sont pas les mêmes: un homme accordera souvent plus d’importance aux considérations politiques, tandis qu’une femme s’attachera plus aux problèmes sociaux. Ces différences influent sur les priorités d’une organisation: les hommes, par exemple, pourront accorder une plus grande importance à la commercialisation, alors que les femmes mettront davantage l’accent sur l’autosuffisance alimentaire. D’autre part, les femmes ne s’attachent pas toujours à faire avancer leur cause, et le choix des dirigeants des organisations paysannes devrait aussi constituer, pour les membres de ces organisations, l’occasion d’une sensibilisation et d’un renforcement des capacités pour une meilleure prise en compte des problèmes sexospécifiques. Les hommes doivent comprendre l’importance 13 d’une participation conjointe et d’un nouveau système de gestion moins exclusif, et y donner leur adhésion. Chacun, sur le terrain – des agents de vulgarisation aux acteurs du développement communautaire –, doit s’engager davantage à respecter et à comprendre la parité hommes-femmes. Réseaux, forums et autres structures L’instauration de réseaux de soutien destinés tant aux femmes qu’aux hommes sert à consolider tous les efforts visant à promouvoir l’accès des femmes à des postes de responsabilité au sein des organisations paysannes du monde entier. De tels réseaux non seulement renforcent le développement des capacités et améliorent les services de formation, mais offrent également un forum pour le lancement de nouvelles plates-formes où les femmes puissent se réunir et s’organiser. Au bout du compte, ces réseaux aident à garantir la durabilité des efforts entrepris pour l’accession des femmes à des postes de direction au sein des organisations paysannes. Il faut, par ailleurs, que les organisations paysannes travaillent avec des structures implantées dans des zones urbaines et créent des alliances avec des institutions communales publiques et privées. Il serait souhaitable d’institutionnaliser des plates-formes de consultation et de concertation avec les organisations paysannes, où la représentation des femmes serait garantie. La participation à de telles consultations aura un coût pour les représentants des organisations paysannes locales, et il conviendrait de leur apporter un soutien pour faire face à une partie des frais administratifs. Il conviendrait de créer des forums réservés aux femmes (organisations exclusivement féminines ou structures féminines au sein d’organisations mixtes), où elles pourraient se réunir, délibérer et débattre, étant donné que, dans de nombreux contextes, il est plus facile aux femmes de parler quand elles sont entre elles. 14 On a également souligné l’importance d’une assistance visant à donner une forme juridique à ces organisations, étant donné que les groupements féminins sont souvent informels. Messages médiatiques On a, par ailleurs, souligné la nécessité de messages médiatiques et de portraits de femmes plus positifs. Les participants ont plus particulièrement mentionné le besoin de professionnaliser l’image des agricultrices, y compris celle des jeunes paysannes. Financement Les participants ont insisté pour que les financements soient directement attribués aux organisations féminines ou aux structures féminines au sein des organisations paysannes, et ont formulé, à cet égard, des recommandations spécifiques au FIDA. Conclusion Dans la déclaration finale, les participants ont invité le FIDA à maintenir un quota minimal de 30% pour la participation des femmes au Forum paysan (ainsi que dans ses opérations de soutien aux organisations paysannes) avec, à terme, un objectif de 50%. Ils ont invité instamment le FIDA et les autres donateurs à accroître les efforts et les soutiens financiers en faveur de l’autonomisation économique des femmes; à fournir des aides et des récompenses spéciales aux organisations qui favorisent la parité hommes-femmes et des modèles de production tenant compte de la sexospécificité; à financer des projets lancés et pilotés par des femmes; à garantir la participation conjointe des femmes et des hommes à la conception et à la mise en œuvre de projets; à investir dans le renforcement des capacités; à appliquer et à contrôler les quotas; à créer des fonds spéciaux pour les femmes et pour les structures féminines même au sein d’organisations mixtes; et à faire de l’adhésion au système des quotas l’une des conditions d’octroi d’un financement. Les donateurs devraient également soutenir les femmes pour qu’elles commanditent des travaux de recherche sur les cultures et technologies présentant un intérêt pour elles, en établissant un pont entre les organisations paysannes et les instituts universitaires et de recherche. Enfin, les participants ont recommandé que les jeunes agricultrices constituent un thème de discussion prioritaire lors de la session spéciale du Forum paysan qui se tiendra en 2012. 15 FIDA/G.M.B. Akash 16 II. Ouverture du Forum paysan Après une série de consultations aux niveaux national et régional, le Forum paysan a tenu, les 15 et 16 février 2010, sa troisième réunion biennale mondiale en marge de la trente-troisième session du Conseil des gouverneurs du FIDA. Il a réuni plus de 70 dirigeants, représentant des millions de petits agriculteurs et de producteurs ruraux d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine, du Proche-Orient et de l’Europe, en vue d’échanges avec le personnel du FIDA et certains partenaires. Les participants ont aussi été invités à assister, en qualité d’observateurs, aux travaux du Conseil des gouverneurs du FIDA et à présenter aux gouverneurs une synthèse des délibérations du Forum paysan. Le Forum a été ouvert par le Président du FIDA, Kanayo F. Nwanze, qui a dès l’abord attiré l’attention sur le fait que les femmes représentent 40% des participants au Forum, chiffre en augmentation significative, puisqu’elles n’étaient que 10% lors de la première réunion mondiale du Forum paysan en 2006. Il a également rendu hommage à tous ceux qui ont perdu la vie ou souffert dans la catastrophe survenue le 12 janvier à Port-au-Prince, en Haïti, et annoncé la création, par les trois institutions des Nations Unies ayant leur siège à Rome, d’une équipe spéciale chargée d’apporter à Haïti une aide coordonnée afin que la prochaine saison culturale soit aussi productive que possible. On trouvera ci-après quelques extraits de son allocution d’ouverture (le texte intégral en est repris dans l’appendice II). “Le dialogue que nous sommes en train d’établir est absolument essentiel – ce processus dans lequel une organisation comme le FIDA ouvre ses bras à d’autres et offre un forum au sein duquel les organisations paysannes peuvent exprimer leurs points de vue. Cette approche devrait être encore développée avec d’autres organisations multilatérales.” Alberto Ercilio Broch, CONTAG Extraits de l’allocution d’ouverture prononcée par le Président du FIDA à la troisième réunion mondiale du Forum paysan “... Depuis la précédente réunion du Forum paysan il y a deux ans, le monde a connu de multiples crises, aggravées par la récession mondiale et le changement climatique. Ces crises ont non seulement mis en lumière des décennies de négligence du secteur agricole, mais aussi sensibilisé le monde à l’importance du développement de l’agriculture en tant que source de croissance économique et de stabilité politique. Elles ont également été à l’origine d’un engagement en faveur d’une sécurité alimentaire durable à long terme... ... L’exploitation agricole, indépendamment de sa taille ou de son échelle, est une entreprise. Chaque agriculteur voudrait nourrir sa famille et produire un excédent lui permettant d’obtenir un revenu grâce aux échanges. Tel est le fondement de la commercialisation de l’agriculture, la transformation de paysans pratiquant une activité de subsistance en petits entrepreneurs du secteur agroalimentaire... Lorsque nous savons que 85% des exploitations agricoles de par le monde ont une superficie inférieure à 2 hectares (dans le monde en développement, cette superficie atteint parfois à peine 0,25 hectare); lorsque nous savons que 500 millions de petits exploitants produisent 80% des produits alimentaires que nous consommons dans le monde en développement; qu’ils vivent dans les zones rurales et constituent la majorité des ruraux pauvres; et lorsque nous savons que les jeunes constituent plus de 60% de la population rurale 17 et que les jeunes femmes ou les jeunes filles représentent plus de la moitié d’entre eux – si nous savons tout cela, je vous le demande, qui nourrira le monde en 2020, en 2030 ou en 2050, alors que, d’ici là, la population de la planète comptera trois milliards d’habitants supplémentaires, soit une augmentation de 50%? Nous devons investir dans les jeunes ruraux d’aujourd’hui, car ils seront les agriculteurs de demain. Les gouvernements nationaux, les partenaires du développement et le secteur privé doivent se donner la main pour renforcer leurs capacités, pour mettre à leur disposition les technologies dont ils ont besoin, les infrastructures rurales, les institutions financières, l’information de marché et les liaisons qui sont les ingrédients essentiels de cette transformation... Cela implique également le développement des capacités et les possibilités d’emploi; cela implique d’inverser le sens des migrations qui vont actuellement des zones rurales vers les zones urbaines; cela suppose de nouveaux partenariats commerciaux – un changement des structures mentales; une évolution paradigmatique en matière de développement, car l’investissement dans la jeunesse rurale est la fondation sur laquelle bâtir des économies viables; il constitue le lien entre la productivité agricole et la sécurité alimentaire, entre la stabilité politique et la sécurité nationale, facteurs précurseurs d’une paix mondiale. C’est pour tout cela que milite le FIDA. ... Aucune nation, aucun peuple ne peut parvenir au développement économique si ce développement ne trouve pas sa source à l’intérieur et si l’agriculture n’en est pas le fondement; après tout, le développement est un processus intrinsèque et endogène. Certes, il peut recevoir une aide de l’extérieur, mais un palmier ne peut pas utiliser l’énergie de la lumière solaire s’il n’est pas solidement enraciné dans son propre sol! Et l’initiative doit partir de vos organisations. Elle doit aussi prendre les jeunes pour point de départ. Le renforcement des organisations de petits agriculteurs, pêcheurs et pasteurs est essentiel si nous voulons parvenir à saisir les opportunités que font naître les défis du temps présent. Il est tout aussi important de renforcer votre capacité de vous rapprocher du secteur privé pour élargir ces partenariats, afin de mettre la demande et les marchés en relation avec la production des petits exploitants. Nous souhaitons que le Forum stimule les occasions de constituer des réseaux entre vous et de renforcer votre esprit d’initiative pour parvenir à ces objectifs... Je me félicite des progrès que nous avons pu réaliser. Mais nous devons faire fond sur notre expérience et élargir nos partenariats... Je voudrais évoquer quatre domaines dans lesquels nous pouvons mieux faire: • Il existe encore un certain nombre de pays dans lesquels la coopération du FIDA avec les organisations paysannes est peu développée. Nous devons aller plus loin, et approfondir et développer ces relations. • Nous devons œuvrer, de concert, au renforcement des liens entre vos organisations et les mouvements communautaires de base et investir dans le plaidoyer à l’échelon des villages pour avoir un impact au niveau du terrain et améliorer la base globale de nos partenariats. • Nous devons développer le rôle de plaidoyer des organisations paysannes dans le contexte du débat national sur les politiques. Ainsi, alors que le changement climatique constitue un énorme défi pour les agriculteurs, rares sont les responsables des politiques qui reconnaissent le rôle que peuvent jouer les petits exploitants dans l’atténuation de son impact. En travaillant ensemble, nous pouvons sensibiliser les autorités nationales afin de déterminer les meilleurs moyens de rétribuer les petits exploitants pour les services environnementaux qu’ils peuvent fournir pour réduire les émissions de carbone. • Nous devons assurer la participation des jeunes ruraux à l’agriculture, les aider à s’organiser en associations de jeunes paysans, fournir des possibilités de renforcement des capacités et de formation, de liaisons institutionnelles et d’information de marché. Ce sont ces jeunes qui assureront la production vivrière de demain. ... Alors que, partout dans le monde, l’agriculture est aujourd’hui sous les feux des projecteurs du fait de la crise de la sécurité alimentaire à laquelle nous avons été confrontés en 2007 et en 2008, cette troisième réunion du Forum paysan survient en temps opportun pour que nous 18 déterminions comment nous pouvons agir avec les gouvernements en vue d’accroître la productivité et les revenus des petits exploitants. J’espère qu’à la conclusion de cette session du Forum paysan nous aurons produit des idées novatrices sur la manière d’utiliser nos partenariats pour élargir les débouchés offerts par le marché aux petits exploitants et mettre au point des programmes de participation des jeunes ruraux aux activités agricoles, en incitant les petits exploitants à évoluer d’une agriculture de subsistance vers des activités agroalimentaires rentables et créatrices de richesses, en investissant dans leurs moyens de subsistance et en contribuant à la sécurité alimentaire, à l’autonomisation sociale et à la croissance économique.” Après l’allocution d’ouverture du Président, chacun des membres du comité de pilotage du Forum paysan a fait une déclaration. Estrella Penunia Banzuela, Secrétaire générale de l’Association des agriculteurs d’Asie pour le développement rural durable, a salué en le Forum paysan mondial “une grande occasion de dialoguer, de renforcer la solidarité et d’échanger des expériences, des enseignements tirés et des stratégies pour le développement des petits paysans et pêcheurs, hommes et femmes, à travers le monde”. Elle a expliqué que “les petits agriculteurs, hommes et femmes, doivent avant tout avoir une terre à labourer. Compte tenu du prix élevé des produits alimentaires, de l’insécurité alimentaire et du changement climatique, nous espérons pouvoir généraliser un mode de production intégrée, diversifiée et utile à l’agriculture par le biais d’actions massives de vulgarisation et de promotion de l’agriculture, et également en ciblant et en faisant participer les jeunes agricultrices qui produisent la plus grande partie de la nourriture de la planète. Nous aimerions aussi que nos gouvernements élaborent des programmes à assise communautaire pour gérer les catastrophes et mettent en place des systèmes d’alerte rapide assortis d’une forte dissémination de l’information, parce que cela est très important pour que nous puissions nous adapter au changement climatique. Nous voudrions aussi qu’on nous aide à imaginer une politique énergétique qui encourage un recours croissant aux sources libres d’énergie, comme le soleil, l’eau et le vent dans toute la mesure du possible, et que ces actions soient gérées par la communauté… Nous voudrions encourager la création de coopératives agricoles, la formation de groupements de producteurs spécialisés parmi les petits exploitants agricoles, hommes et femmes, en vue d’activités coopératives de production et de commercialisation au niveau local ou au niveau régional. Et surtout, nous souhaiterions assurer la participation des petits exploitants aux processus gouvernementaux de prise de décision dans les domaines qui les concernent et les affectent, du plan local aux plans national, régional et international.” Elle a enfin demandé au FIDA de fournir, à long terme et de manière durable et souple, un soutien financier direct, en particulier par l’intermédiaire des organisations faîtières aux échelons national et régional. Alessandra Da Costa Lunas, Secrétaire exécutive de l’Instance de coordination des producteurs familiaux (COPROFAM), a fait l’éloge du Forum paysan qui, a-t-elle dit, “a reconnu le rôle joué par les organisations indigènes en tant que porte-parole dans le dialogue sur les politiques mené avec les autorités publiques en vue de la définition des grandes orientations adéquates… Le Forum nous permet de nous sensibiliser davantage aux importants instruments que nous pouvons élaborer ensemble pour accroître “L’Association des agriculteurs d’Asie pour le développement rural durable considère que chaque réunion mondiale du Forum paysan est une grande occasion de dialoguer, de renforcer la solidarité et d’échanger des expériences, des enseignements tirés et des stratégies pour le développement des petits paysans et pêcheurs, hommes et femmes, à travers le monde.” Estrella Penunia Banzuela, AFA “La faim constitue malheureusement un problème majeur à l’échelle mondiale, mais cela nous donne en même temps une occasion de premier plan de placer l’agriculture familiale au centre du débat, en reconnaissant son importance décisive dans la lutte contre la faim.” Alessandra Da Costa Lunas, COPROFAM 19 le développement de nos régions.” Elle a souligné l’assistance extrêmement utile que le FIDA apporte à la région, spécialement dans le contexte de la Commission de l’agriculture familiale (REAF) du Marché commun du Sud (MERCOSUR), et de la promotion de cette agriculture familiale dans le développement et la politique agricoles. Elle a aussi mis en lumière “un certain nombre de défis auxquels nous sommes encore confrontés non seulement en Amérique latine, mais partout dans le monde. Nous savons que les politiques élaborées au fil des années ont tendu à favoriser l’exclusion d’hommes et de femmes de leur terre. Notre but est de développer une agriculture à visage humain, répondant aux besoins des populations qui jouent un rôle si important dans le travail de la terre. Il est essentiel d’étudier les questions liées à l’accès à la terre, en fournissant des garanties aux droits des populations et en affirmant leur droit à l’accès aux ressources naturelles, et à l’eau en particulier.” Il est un autre défi, celui concernant la nécessité de travailler ensemble à la recherche de solutions durables au problème de la production alimentaire. “Dans ce processus, il est capital de prendre conscience du rôle des femmes dans la production alimentaire, et cette importance doit être reconnue… Traditionnellement, les femmes ont accumulé une vaste expérience en matière de production durable.” Elle a également insisté sur le fait que “les jeunes doivent obtenir les moyens qui leur permettront de participer à l’agriculture familiale”. Alessandra Da Costa Lunas a souligné l’importance de l’agriculture familiale et de son rôle dans l’éradication de la faim dans le monde, et la nécessité de placer l’agriculture familiale au centre du débat. Elle a évoqué, à cet égard, le soutien de la COPROFAM à la campagne en faveur d’une année consacrée à l’agriculture familiale dans le cadre des Nations Unies, qui constituerait un moyen approprié de centrer le débat, dans divers domaines d’action des pouvoirs publics, sur l’importance de l’agriculture familiale. Ndiogou Fall, Président du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA), a exprimé sa profonde gratitude pour la tenue de ce troisième Forum paysan. “La réunion du Forum paysan au FIDA est désormais l’un des grands événements du calendrier agricole international.” L’agriculture est un secteur confronté à des risques multiples, ce qui le différencie de bien d’autres secteurs. C’est aussi l’une des rares professions soumises à toute une gamme de contraintes qu’il faut surmonter afin d’éviter de compromettre son avenir. L’une de ces contraintes prend la forme d’un défi: nourrir une population croissante, et lui offrir des produits suffisants, en qualité et en quantité, mais aussi assurer la durabilité de la production de cette nourriture. Il faut aussi citer “Au ROPPA, nous pensons que le la contrainte que constitue la nécessité de produire une richesse suffisante modèle d’agriculture à promouvoir pour combattre la pauvreté rurale tout en respectant les impératifs de devrait reposer sur la petite agriculture durabilité dans des sociétés confrontées à une profonde transformation. familiale. C’est ce modèle qui nous fera Ndiogou Fall a remercié le FIDA du financement direct qu’il a apporté aux aller de l’avant, et nous devons faire tout initiatives de renforcement des capacités des quatre grands réseaux notre possible pour soutenir les petits régionaux en Afrique. Il a aussi souligné l’importance du processus du exploitants qui travaillent dans des Forum paysan dans la promotion du dialogue avec les pouvoirs publics: conditions très difficiles.” “C’est là un important pas en avant, mais vous devez réaliser que les pays Ndiogou Fall, ROPPA ne se limitent pas simplement aux gouvernements, et donc c’est déjà quelque chose de voir les gouvernements participer davantage et réfléchir à ces problèmes. Vous devez aller plus loin, et vous devez associer d’autres parties prenantes. Vous devez englober toutes les personnes impliquées dans le domaine de l’agriculture et encourager la sensibilisation et la participation. Lorsque nous parlons de cette notion d’appropriation, nous devons nous assurer qu’elle couvre toutes les dimensions nécessaires de la question.” Il a salué le Forum 2010 pour avoir “innové en créant un secteur spécifique consacré aux femmes” et a exprimé le souhait qu’”un forum du même ordre soit créé pour les jeunes qui 20 seront les agriculteurs de demain”. Il a évoqué, en conclusion, la nécessité de fonder les partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes sur des principes fiables pour réaliser des progrès adéquats, particulièrement en Afrique, citant comme exemple la question de l’accès à la terre, qui exige une sérieuse réflexion pour lutter contre l’accaparement des terres et l’appropriation incontrôlée de la propriété rurale. Herman Kumara Wijethunge, Secrétaire général du National Fisheries Solidarity Movement (NAFSO), Forum mondial des populations de pêcheurs, a abordé les crises financière, alimentaire et climatique dans le contexte d’un système capitaliste dominant qui ignore les externalités pour accroître les bénéfices et qui a pour effet la destruction de l’agriculture paysanne au profit d’une agriculture intensive et d’un accaparement des terres pour des investissements à grande échelle (par exemple, dans le secteur des biocarburants). Il a relevé que “les pêches côtières et les activités menées sur les terres côtières sont progressivement remplacées par la pêche et l’aquaculture industrielles, la promotion du tourisme, les zones économiques libres…” et qu’il existe donc un risque d’accaparement des terres et d’importants investissements par les pays développés. Il a souligné “Nous devons, en application du code que ces solutions ne sont pas valables pour le long terme et que, faute de de conduite de la FAO pour une pêche mesures énergiques, les migrants climatiques se compteront par millions. Il responsable, reconnaître que les petits a remercié le FIDA pour le soutien qu’il a apporté aux petits agriculteurs, pêcheurs, les artisans pêcheurs et les aux pêcheurs et aux jeunes. Il a encouragé le FIDA à “appuyer les communautés de pêcheurs côtiers programmes de réforme foncière et de gestion des ressources halieutiques, apportent une contribution essentielle afin que les petits agriculteurs et les petits pêcheurs et tous les petits en termes de ressources économiques, d’emploi, de revenu et de souveraineté producteurs de produits alimentaires puissent mettre à la disposition de alimentaire.” l’humanité des aliments peu coûteux en qualité et en quantité suffisantes. Le FIDA doit soutenir une production d’énergie – solaire ou éolienne – qui ne pollue pas la Terre mère… Nous pensons que les petits agriculteurs et les petits pêcheurs constituent la clé de voûte de leurs pays et qu’ils en favorisent la souveraineté alimentaire, quel que soit le pays.” Le FIDA devrait les aider à conserver leurs modes de vie et d’acquisition des moyens de subsistance de manière durable, et contribuer à promouvoir l’application du “code de conduite de la FAO pour une pêche responsable, qui reconnaît l’importance du rôle des petits pêcheurs et des artisans pêcheurs dans la réponse aux besoins économiques des communautés de pêcheurs côtiers… emploi, revenu et souveraineté alimentaire; et dans lequel les États s’engagent à protéger les droits de subsistance et à accorder aux petits pêcheurs et aux artisans pêcheurs un accès préférentiel à des lieux de pêche supplémentaires”. Pedro Avendaño Garcès, représentant du Forum mondial des aquaculteurs et pêcheurs, a souligné le fait que “le secteur de la pêche est l’une des composantes du secteur de l’agriculture, mais qu’il est souvent invisible dans les organisations internationales et dans leur travail. Dans le contexte des politiques nationales, la présence et la contribution des petits pêcheurs et des organisations côtières tendent très souvent à être oubliées… Pourtant, les petits pêcheurs nourrissent plus d’un milliard de personnes, les pauvres de la planète. Les produits de la pêche représentent environ 19% des protéines animales consommées par la population mondiale.” Il a expliqué que les organisations de petits pêcheurs “doivent élargir et développer leurs capacités organisationnelles et faire davantage entendre leur voix sur le plan politique… développer Herman Kumara Wijethunge, WFFP “Vous ne pouvez pas lutter efficacement contre la faim et la pauvreté sans une implication des communautés et des organisations de petits pêcheurs. Leur secteur d’activité est très important pour assurer la sécurité alimentaire et sa durabilité partout dans le monde.” Pedro Avendaño Garcès, WFF 21 des mécanismes de formation et d’enseignement en vue d’échanges d’expériences aux plan national et régional. Les droits de pêche doivent être attribués aux petites communautés de pêcheurs et retirés des mains des grandes flottes de pêche commerciales qui évoluent dans nos eaux.” On devra s’efforcer de lutter contre la tendance à la surpêche et à la dévastation des mers du monde. Il a déclaré, en conclusion, que “le financement de projets n’est pas aussi important que le soutien pour parvenir au respect mutuel, l’encouragement à l’autonomie des organisations de pêcheurs, et l’inscription des océans du monde à l’ordre du jour de la réflexion planétaire. Nous devons éviter de voir s’éteindre la vie des communautés côtières. Nous devons éviter de voir leurs activités submergées par celles des grandes entreprises commerciales.” Henry Saragih, coordonnateur du Secrétariat opérationnel international de La Via Campesina, a souligné que “le Forum paysan se tient cette année à un moment crucial pour l’humanité, marqué par les crises alimentaire, climatique et financière... Davantage de paysans ont été déplacés, le nombre de personnes souffrant de la faim s’est accru, et les communautés en ruine se multiplient. Nous sommes aujourd’hui les témoins d’une augmentation du nombre de paysans sans terres, et de femmes et de jeunes qui ne sont pas en mesure d’avoir accès à la terre.” Il a décrit le modèle d’agriculture nécessaire, tel que le conçoit La Via Campesina: “Dans notre modèle, les êtres humains travaillent la terre afin de produire de la nourriture pour répondre aux besoins des communautés locales et protéger dans le même temps nos biens communs comme la terre, l’eau et les semences autochtones, mais également notre culture locale et notre histoire. Notre modèle propose une agriculture et des systèmes agroécologiques durables pour résoudre la crise mondiale qui “Dans notre modèle agroécologique, pousse un nombre croissant de personnes vers l’extrême pauvreté… Notre les êtres humains travaillent la terre modèle apporte également une réponse au changement climatique… qui afin de produire de la nourriture pour est aussi à l’origine d’une crise de migration. Des millions de personnes ne répondre aux besoins des peuvent plus survivre sur leur propre terre et sont contraintes de migrer. La communautés locales et protéger dans Via Campesina est convaincue que notre modèle de production le même temps nos biens communs alimentaire peut atténuer ce problème des déplacements de populations. comme la terre, l’eau et les semences Dans le même temps, nous exigeons que soient respectés les droits de tous autochtones, mais également notre les travailleurs migrants et de leurs familles.” Il a souligné que l’avenir de culture locale et notre histoire.” la production alimentaire est entre les mains des femmes et des enfants. Il Henry Saragih, La Via Campesina a demandé au FIDA d’accentuer encore son appui direct aux petits producteurs agricoles familiaux, afin d’accroître leur capacité de faire survivre leurs exploitations et de participer au développement agricole et rural et aux politiques qui s’y rapportent. Il a instamment demandé au FIDA “de veiller à ce que son appui parvienne effectivement aux organisations paysannes de base, en modifiant sa manière de travailler avec nous aux plans national et régional. Nous sommes d’avis qu’il devrait élaborer un protocole applicable aux plans régional et national où nous soyons sûrs que son organisation conserve son autonomie et que les financements du FIDA parviennent réellement aux plus pauvres.” Henry Saragih a expliqué que La Via Campesina œuvre, aux plans national, régional et international, à la création d’une charte internationale des droits des paysans. Il a demandé, en conclusion, un appui du FIDA pour faciliter le processus de mise en œuvre des recommandations de la Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural. Ajaykumar Manubhai Vashee, Président de la Fédération internationale des producteurs agricoles (FIPA), a félicité le FIDA pour les progrès réalisés “spécialement sur le plan de la consultation des paysans dans le cadre de la conception des stratégies de 22 pays, et de la reconnaissance des femmes, qui constituent un groupe très spécial et vulnérable à l’intérieur du secteur de l’agriculture… mais le problème subsiste quant au retour d’information de nos programmes. Nous avons besoin d’un mécanisme amélioré et concerté permettant le suivi-évaluation (S&E) par les paysans… En outre, il est également essentiel pour le FIDA que les programmes que nous entreprenons, quels qu’ils soient, comportent un élément de conception qui les intègre automatiquement dans la structure existante des organisations agricoles, que ce soit au niveau du village, du district ou de la province. Cela fournira un appoint à la sortie durable des programmes en cours du FIDA “Les défis les plus importants et permettra de ne pas fragmenter les organisations paysannes existantes.” auxquels sont confrontés les paysans sont liés à un environnement politique Il a souligné qu’un “changement de mode de pensée est nécessaire de la défectueux et à une mauvaise part des agences multilatérales et d’autres institutions et que lorsque les organisation des marchés agricoles, pouvoirs publics s’intéressent aux paysans, ils sont mieux en mesure de le et il n’est pas de meilleur moyen de faire par l’intermédiaire des organisations paysannes”. Les défis les plus les aborder que par l’organisation des importants auxquels sont confrontés les paysans sont liés à un producteurs, qu’il s’agisse environnement politique défectueux et à une mauvaise organisation des d’associations par filière, de marchés agricoles, et il est nécessaire “de faire fond sur la durabilité et la coopératives ou d’organisations capacité d’adaptation de l’agriculture à petite échelle, ce qui signifie en paysannes à vocation générale.” substance le profit… Nous avons par conséquent besoin d’une approche Ajaykumar Manubhai Vashee, IFAP délibérée qui garantisse que les marchés agricoles travaillent en faveur des petits paysans et des pauvres, et que toute politique formulée pour faire en sorte que cela se produise prenne également en compte d’autres aspects comme les droits relatifs à la terre et à l’eau, le financement du crédit, les transferts de technologie et la modernisation générale de l’agriculture paysanne, et que ces aspects se voient accorder la priorité par les pouvoirs publics… Nous avons besoin de nouveaux instruments de gestion du risque, non seulement pour le risque climatique, mais aussi pour le risque financier… Nous avons besoin d’une meilleure adaptation au changement climatique, reposant sur une recherche conduite à l’initiative des paysans et davantage de services de vulgarisation… Pour ce qui concerne l’atténuation des effets du changement climatique et la possibilité ultérieure de crédits carbone et de rétribution pour la prestation de services environnementaux, nous devons veiller à ce que les petits agriculteurs en bénéficient et que toutes autres initiatives ne soient pas exclues du développement rural, comme c’est généralement le cas.” Il a souligné, pour conclure, la nécessité d’une cohésion entre les politiques et les initiatives aux plans national et international. “Nous devons adopter une approche plus holistique du développement rural et de l’agriculture, pour lesquels davantage d’investissements sont nécessaires. Mais les gouvernements sont-ils capables de hiérarchiser ces besoins et les besoins des paysans lorsqu’ils formulent des programmes?”. Au plan international, de nombreuses initiatives ont été prises dans le contexte de la nouvelle architecture mondiale de l’agriculture rendue nécessaire par la crise alimentaire. Toutefois, a demandé Ajaykumar Manubhai Vashee, “sont-elles plus cohérentes, et sont-elles capables de répondre aux besoins des acteurs principaux, à savoir les paysans?”. 23 FIDA/R. Ramasomanana 24 III. Première séance plénière: tendances et évolution du partenariat du FIDA avec les organisations paysannes Lors de la précédente réunion du Forum, le FIDA avait présenté aux participants son rapport intitulé “Partenariats en action 2008-2009”, établi sur la base d’une enquête menée auprès des chargés de programme de pays du FIDA et d’un échantillon de dirigeants paysans. Le rapport présente un bilan des progrès réalisés dans les partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes au cours des deux dernières années. La première séance plénière s’est ouverte par la présentation du rapport du FIDA par Philippe Rémy (coordonnateur des politiques), suivie par un débat ouvert sur ses principales conclusions. Les points saillants du rapport du FIDA au Forum, “Partenariats en action 2008-2009”, sont résumés ci-après1: • Méthodologie. Des données chiffrées ont été transmises pour tous les programmes d’options stratégiques pour le pays (COSOP) et projets approuvés par le FIDA au cours de la période 2008-2009, c’est-à-dire 18 COSOP et 69 projets. Pour la première fois, une enquête qualitative a été réalisée auprès de diverses organisations paysannes pour déterminer leur propre évaluation de leur participation aux activités du FIDA, en répondant aux questions suivantes: quelle est la forme de cette participation?; quels types d’avantages leur a-t-elle apportés?; quel a été son impact sur les résultats d’ensemble du projet?; et ont-elles été confrontées à des difficultés particulières dans la participation aux activités du projet? Au total, 24 organisations paysannes ont été contactées. • Participation des organisations paysannes aux COSOP et aux projets. Au cours de la période 2008-2009, la participation des organisations paysannes à la formulation des COSOP a été très élevée, atteignant 83%. De plus, la qualité et l’intensité de cette collaboration se sont très sensiblement améliorées – dans 61% des cas, les organisations paysannes ont été considérées comme des “acteurs spéciaux”. Le chiffre correspondant, pour la période 2006-2007, était de 55%. De manière générale, les tendances concernant les projets sont semblables à celles relatives aux COSOP. En 2008-2009, les organisations paysannes ont été des acteurs spéciaux dans la conception de 51% des nouveaux projets, au lieu de 34% en 2006-2007. On a observé, dans toutes les régions, une hausse du pourcentage de projets pour lesquels les organisations paysannes ont été associées à la conception en qualité d’acteurs spéciaux. Le pourcentage de nouveaux projets où les organisations paysannes interviennent comme organismes d’exécution ou comme prestataires de services a atteint 52% en 2008-2009, chiffre en hausse de 30% par rapport à la période biennale précédente. Les dirigeants d’organisations paysannes font partie des comités de pilotage dans près de la moitié des projets approuvés au cours de la dernière période biennale. Le chiffre correspondant, pour la période 2006-2007, était de 39%. L’une des observations intéressantes tirées de l’examen concerne la créativité dont ont fait preuve les chargés de programme de pays disposés à associer les organisations paysannes 1 L’ensemble de la présentation est repris dans l’appendice III. 25 à la conception et à l’exécution des projets. Les modalités mises en œuvre sont d’une très grande diversité et varient en fonction des contextes nationaux ainsi que des capacités effectives des organisations paysannes. • Financement direct. Le montant total du financement direct accordé aux organisations paysannes en 2008-2009 s’est élevé à 12 millions d’USD, soit plus du double du montant de la période 2006-2007 (5,9 millions d’USD). En l’espace de six ans, le financement direct a été multiplié par onze. Une évolution importante est à noter concernant l’échelon géographique/organisationnel ciblé par l’appui financier direct. En 2006-2007, un tiers environ des dons ou des contrats institutionnels avaient pour cadre l’échelon national, les deux tiers restants étant partagés entre les échelons régional et mondial. En 2008-2009, un seul don ciblait l’échelon national. La plus grande partie du financement destiné aux organisations paysannes nationales a été acheminée par l’intermédiaire de leurs fédérations ou réseaux régionaux. En Afrique subsaharienne, le FIDA et la Commission européenne financent conjointement un vaste programme consacré au renforcement institutionnel et à l’appui à la participation à la concertation sur les politiques aux échelons national, sous-régional et panafricain. Cette nouvelle répartition correspond à l’évolution du nombre de dons approuvés: il est moins coûteux pour le FIDA de traiter, aux échelons régional ou mondial, quelques dons de volume élevé et pouvant bénéficier à un plus grand nombre d’organisations nationales par l’intermédiaire de leurs réseaux régionaux ou mondiaux que de formuler une multitude de petits dons ciblant des organisations nationales prises individuellement. La préférence pour les échelons régional ou sous-régional correspond aussi à l’intérêt croissant manifesté par les organisations paysannes pour les processus d’intégration régionale, en particulier en Afrique et en Amérique latine. • Appui à l’implication dans la formulation des politiques. À l’échelon régional, le FIDA a appuyé, en Amérique latine, la participation de la COPROFAM au travaux de la REAF, créée dans le cadre du MERCOSUR; en Amérique centrale, les organisations paysannes du Costa Rica, de la République dominicaine, d’El Salvador, du Guatemala, du Honduras et du Nicaragua ont bénéficié d’un appui qui leur a permis de recenser les points d’intérêt commun et d’entamer conjointement une discussion sur la politique agricole en Amérique centrale; en Afrique subsaharienne, le FIDA et la Commission européenne financent conjointement un vaste programme de développement institutionnel et d’appui à l’implication dans la formulation des politiques aux échelons national, sous-régional et panafricain. Au plan international, le FIDA a continué d’appuyer la participation des organisations paysannes à des conférences et des manifestations de haut niveau, en particulier celles qui ont été organisées par la FAO. L’appui apporté dans ce domaine a contribué à donner aux représentants des producteurs agricoles des pays en développement la possibilité d’avoir accès aux processus d’élaboration des politiques et a renforcé leur capacité d’exercer une influence sur les politiques. Cette évolution s’est concrétisée par la réforme du Comité de la sécurité alimentaire mondiale, au sein duquel les organisations paysannes seront désormais des participants à part entière. En outre, le FIDA appuie, par un don de 1,4 million d’USD, l’initiative de la FAO concernant la formulation de Directives volontaires sur la gouvernance responsable de la tenure des terres et des autres ressources naturelles. Les Directives volontaires visent à fournir aux gouvernements, à la société civile et au secteur privé des indications pratiques sur la gouvernance responsable des terres en tant que moyen de réduire la pauvreté et l’insécurité alimentaire. • Impact des partenariats. Pour les organisations paysannes, les avantages sont notamment les suivants: renforcement des capacités de leurs membres; développement institutionnel; 26 plus grande cohésion et nombre accru de membres; multiplication des contacts avec les agriculteurs et les partenaires; et amélioration du dialogue avec les pouvoirs publics et les donateurs. Il existe également des avantages pour les projets financés par le FIDA: focalisation accrue sur les petits paysans pauvres; meilleure compréhension de la pauvreté rurale; accès aux savoirs locaux et autochtones; exécution plus efficace; et meilleur impact sur la sécurité alimentaire. Pour conclure, Philippe Rémy a posé quatre questions concernant la voie à suivre: 1. Comment trouver un second souffle dans notre collaboration en: • trouvant des solutions pour renforcer les partenariats, même dans des conditions difficiles? • tirant un meilleur parti des bonnes pratiques? • repensant le processus ascendant du Forum paysan, spécialement entre les réunions mondiales? 2. Comment trouver le juste équilibre entre les échelons régional et national: • pour le renforcement des capacités? • pour l’appui à l’implication dans la formulation des politiques? 3. Comment renforcer notre dialogue et notre collaboration sur les grandes questions liées à l’action des pouvoirs publics, comme le changement climatique, la sécurité alimentaire et la gouvernance foncière? 4. Comment évaluer conjointement l’impact de nos partenariats sur le terrain, et leur efficacité en matière de développement? “Un dialogue doit s’établir entre le FIDA et les organisations paysannes, mais cela n’est pas suffisant. Ce dialogue doit être institutionnalisé afin d’éviter qu’il ne se produise au cas par cas – un cadre d’ensemble afin que chacun participe à la prise de décision et au partage.” Elisabeth Atangana, PROPAC Après la présentation du rapport du FIDA, les participants se sont concentrés sur l’examen des méthodes qui permettraient à leurs organisations respectives et au FIDA de travailler plus efficacement ensemble. Les principaux points ressortant du débat en séance plénière sont résumés ci-après. • Institutionnalisation de la participation des organisations paysannes “Je pense vraiment qu’il est important aux projets. De nombreux participants ont fait observer que, bien que que le FIDA facilite le processus l’on tende de plus en plus à associer les organisations de producteurs à préparatoire du Forum au sein des la conception des projets et des COSOP du FIDA, leur participation organisations paysannes, parce qu’il n’est pas encore systématique. Les décisions sur le point de savoir quand est très frustrant d’arriver dans une enceinte où il est possible de et comment associer les organisations paysannes, et lesquelles choisir promouvoir ses propres priorités sans parmi ces organisations, sont souvent prises au cas par cas par les s’y être préparé; c’est pourquoi pouvoirs publics. Des directives, des mécanismes et des conditions l’élaboration d’un plan stratégique au explicites ont été réclamés pour institutionnaliser leur participation aux niveau des paysans prend beaucoup opérations du FIDA; en outre, l’approche du FIDA consistant à associer de temps et de ressources, et ce point les organisations paysannes devrait être appliquée dans les projets est souvent négligé.” cofinancés avec d’autres donateurs. • Qualité de la participation. Il est important, pour garantir une véritable Ibrahima Coulibaly, CNOP-Mali efficacité du processus d’élaboration du COSOP, de veiller à ce que les organisations paysannes disposent des ressources et du temps suffisants pour que leurs membres puissent débattre entre eux des problèmes et formuler leurs positions. À cet effet, le FIDA devrait apporter un soutien systématique aux organisations paysannes afin qu’elles soient préparées à participer. • Le rôle des organisations paysannes dans la totalité du cycle du projet. Le rôle des organisations paysannes au-delà de la phase de conception des projets est jugé important pour s’assurer que les petits exploitants en tirent véritablement des avantages. Elisabeth 27 Atangana a suggéré de réserver une partie du budget du projet aux organisations paysannes pour donner un exemple positif du soutien à leur participation tout au long du cycle du projet. Ajaykumar Manubhai Vashee a préconisé une méthode de S&E permettant aux organisations paysannes de participer, et a rappelé aux membres du Forum que le S&E a pour objectif de mesurer non seulement l’impact, mais aussi l’efficacité de l’exécution d’un projet, avec d’amples répercussions sur les investissements futurs. • Représentativité des organisations paysannes. Un certain nombre de participants ont souligné la nécessité d’associer à la conception et à “Ce n’est pas sorcier, mais le suivil’exécution des projets des organisations paysannes authentiques et évaluation est un outil qui vous permet représentatives, et non des organisations créées par les projets ou par les de mesurer quelque chose, et une gouvernements. Plutôt que de voir les projets créer de nouvelles chose que vous pouvez mesurer est organisations, il conviendrait d’orienter les efforts vers le renforcement des une chose que vous pouvez réparer. organisations existantes et d’appuyer leur participation. La nécessité de Le plus important, pour moi, c’est qu’à veiller à ce que les organisations paysannes représentent et fassent participer plus long terme cet outil aidera aussi les gouvernements nationaux à tous leurs membres, les femmes comme les hommes, a également été déterminer l’ordre de priorité de leurs soulignée. projets, parce qu’ils seront en mesure • Soutien direct aux organisations paysannes. Poursuivre et amplifier le de voir ce qui marche et ce qui ne soutien direct du FIDA aux organisations paysannes font partie, selon les marche pas.” participants, des actions essentielles à la garantie de leur autonomie vis-à-vis des gouvernements et au renforcement de leur viabilité économique. Karen Ajaykumar Manubhai Vashee, IFAP Serres, de la FIPA, a souligné la nécessité de développer, chez les paysans, les capacités productives qui permettent l’augmentation des revenus. Les participants ont préconisé un renforcement des capacités dans divers domaines thématiques et techniques, comme l’accès au marché, la terre et la gouvernance des ressources naturelles. Il faut aussi, dans le même temps, soutenir les structures des organisations paysannes pour s’assurer que les ressources des organisations régionales et nationales parviennent progressivement jusqu’aux organisations de base, selon le principe de subsidiarité. • Implication dans la formulation des politiques. On a observé qu’outre les ressources financières qu’il fournit le partenariat direct entre le FIDA et les organisations paysannes entraîne la reconnaissance et la facilitation, par le gouvernement, de l’accès de ces organisations aux processus de concertation sur les politiques. Selon l’expression d’Elisabeth Atangana, “le FIDA a fait venir les organisations paysannes sur le devant de la scène”. Plusieurs participants ont aussi relevé l’importance de l’appui à leur participation aux processus régionaux ou mondiaux d’élaboration des politiques. Les fédérations et les réseaux régionaux ont un rôle clé, qui est de représenter les agriculteurs dans les processus d’intégration régionale et les processus connexes de définition des politiques, et il est important, selon Philip Kiriro de la Fédération des agriculteurs d’Afrique orientale (EAFF), que le FIDA continue à les appuyer. Les participants ont abordé plusieurs domaines dans lesquels le FIDA doit soutenir la participation des organisations paysannes à la concertation sur les politiques – et surtout les questions liées au marché, à l’accès à la terre et à la gouvernance des ressources naturelles, et à la jeunesse. • Les questions liées au marché. Alberto Ercilio Broch, de CONTAG-Brésil, a rappelé aux participants que le secteur agro-industriel, et en particulier la présence de grandes sociétés multinationales dans les zones rurales, constitue un défi majeur pour les petits exploitants agricoles, et qu’il convient d’y faire face si l’on veut résoudre les problèmes de marginalisation et l’avenir de l’agriculture familiale. Il existe d’énormes écarts entre la rémunération perçue par les petits exploitants pour leurs produits et le prix payé par le 28 consommateur. Il faut trouver le moyen de faire apparaître ces questions dans le contexte du dialogue, étant donné qu’elles font partie intégrante de l’avenir des petits exploitants agricoles et de l’agriculture familiale. • L’accès à la terre et aux ressources naturelles. Les participants ont également évoqué le rôle des réseaux d’organisations paysannes, qui contribuent à modeler la gouvernance des ressources naturelles. Plusieurs d’entre eux ont fait référence à la distorsion des politiques nationales, qui favorisent les investissements multinationaux à grande échelle aux dépens des intérêts des petits producteurs ruraux, et au rôle “Les grandes multinationales ont un décisif que jouent les organisations paysannes dans la défense des non seulement sur la terre, impact moyens de subsistance ruraux. mais aussi sur l’eau. Au Pérou, nous • La jeunesse. Améliorer la rentabilité de l’agriculture est nécessaire pour avons des sociétés minières qui font attirer les jeunes ruraux – le caractère transversal de ce thème est apparu des forages pour puiser de l’eau et qui tout au long des débats. Parmi les domaines clés dans lesquels le FIDA utilisent aussi les eaux de surface. Les pourrait intervenir pour s’adresser à la jeunesse, les participants ont États sont intéressés par les bénéfices notamment cité: professionnaliser l’agriculture par le biais de la qui découlent des activités minières. formation, améliorer la durabilité des moyens de subsistance ruraux et Mais nous, les petits paysans, n’avons de l’emploi rural, et garantir aux jeunes la sécurité de jouissance du sol et plus assez d’eau pour irriguer nos l’accès au crédit. George Dixon Fernandez, du Mouvement international champs. Il n’y a pas d’agriculture sans de la jeunesse agricole et rurale catholique (MIJARC), a souligné qu’une terre, mais il ne peut pas non plus y approche ciblant les jeunes ruraux devrait être intégrée dans la avoir d’agriculture sans eau.” conception de tous les projets du FIDA. Dans le cadre du processus du Lucila Quintana, JNC Forum paysan, un certain nombre de participants ont suggéré l’organisation d’une réunion spéciale de jeunes agriculteurs afin d’établir les grandes lignes des expériences acquises par les organisations dans la prise en compte des jeunes et de définir une stratégie commune destinée à la jeunesse. Germán Cartagena, de l’Union nationale des agriculteurs et éleveurs (UNAG), a suggéré que le FIDA et d’autres institutions de financement envisagent aussi l’élaboration d’une politique spécifique concernant la jeunesse. Le FIDA réagit aux débats en séance plénière Kevin Cleaver, Vice-Président adjoint, chargé des opérations, a formulé un certain nombre d’observations et de suggestions, en prenant pour base les questions soulevées au cours des débats en séance plénière. Les paragraphes ci-après sont extraits de sa réponse. “Ma réponse sera un peu provocatrice parce que je souhaite engager un débat. Je suis frappé, en entendant les déclarations des femmes, par l’extrême complexité de notre contexte. Il ne s’agit pas simplement de travaux agricoles et d’agriculture, mais aussi de politique sociale, de droit, d’éthique et d’économie. L’un des problèmes que nous rencontrons est que nous avons des objectifs multiples. Le résultat est un mélange plutôt compliqué. Si vous juxtaposez cela à la nature du FIDA – institution spécialisée des Nations Unies –, nous voilà face à un véritable casse-tête ne faisant pas seulement appel à nos compétences dans l’agriculture, mais aussi à des dimensions liées à l’éthique, au droit, etc. Maintenant, la question critique: vous souhaiteriez tous que nous apportions un appui beaucoup plus dynamique à la participation des groupes de paysans et de femmes, avec différents niveaux de participation: un simple niveau de consultation, un deuxième niveau de conception des projets, un troisième pour leur mise en œuvre et enfin celui du suivi et de l’évaluation. C’est cela que nous voudrions voir se produire. Nous sommes tous sur la même longueur d’onde. Nous voulons grimper dans la hiérarchie des partenariats, et passer d’une invitation à une réception à une participation au suivi et à l’évaluation de nos actions. Et, dans certains pays, nous y parvenons…” 29 FIDA/Susan Beccio 30 IV. Réunions des groupes de travail régionaux: progrès réalisés et objectifs futurs des partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes aux niveaux national et régional La session 2010 du Forum a fait une large place à la discussion des questions opérationnelles au sein des groupes de travail régionaux. Les participants au Forum paysan, ainsi que des membres du personnel de chacune des divisions régionales du FIDA, se sont répartis en cinq groupes régionaux pour examiner les progrès réalisés à ce jour à propos des partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes, et les objectifs futurs des partenariats aux niveaux national et régional. Les sections ci-après contiennent un résumé des débats de chacun des groupes de travail, ainsi qu’une synthèse des principaux points de discussion qui se sont dégagés au cours de la réunion plénière qui a suivi les réunions des groupes de travail. 1. Afrique de l’Ouest et du Centre La réunion, présidée par le Directeur de la Division Afrique de l’Ouest et du Centre (WCA) du FIDA, a réuni des membres du personnel du FIDA travaillant dans la région, les dirigeants du ROPPA et de la PROPAC, des représentants des organisations nationales de paysans dans la région, ainsi que des observateurs d’organisations gouvernementales et non gouvernementales. La séance a été introduite par Léopold Sarr, chargé de programme de pays du FIDA au sein de WCA, qui a proposé trois thèmes de discussion: 1. Quel jugement les organisations paysannes portent-elles sur leur partenariat avec le FIDA et, plus précisément, sur leur participation à la formulation des stratégies du FIDA (COSOP) et à l’exécution des projets? 2. Quelle opinion ont-elles de l’appui du FIDA au renforcement de leurs capacités? 3. Existe-t-il de nouveaux domaines qui ne soient pas encore couverts par les programmes en cours du FIDA et dans lesquels les organisations paysannes souhaiteraient recevoir une aide? Participation des organisations paysannes à la formulation des COSOP et à l’exécution des projets Les représentants des organisations paysannes ont noté que d’importants progrès ont déjà été réalisés dans l’association de leurs organisations à la préparation des COSOP et à l’exécution des projets, mais que plusieurs contraintes sont encore insuffisamment prises en compte. • Capacités et ressources nécessaires à la participation. Les organisations paysannes ont indiqué qu’elles ne sont pas familières de ces processus et qu’elles manquent souvent des capacités et des ressources nécessaires pour s’y préparer et être en mesure d’y participer sur un pied 31 d’égalité avec les autres parties prenantes. En outre, elles ont besoin de plus de temps pour parvenir à des consensus sur les positions à défendre. Ces processus ne prennent toutefois pas en compte ces exigences, et c’est généralement à la dernière minute que les organisations paysannes sont invitées à participer. D’autre part, les autorités publiques peuvent aussi ne pas être familiarisées avec les processus participatifs, ce qui ne contribue pas à résoudre les difficultés spécifiques des organisations paysannes. Le personnel du FIDA reconnaît que les règles régissant la conception des COSOP ne contiennent aucun mécanisme spécifique visant à faciliter la participation des organisations paysannes en termes de temps ou de ressources financières. Les chargés de programme de pays ont toutefois fait état de plusieurs exemples positifs d’association des organisations paysannes aux processus de conception, qui devraient contribuer à la définition des mécanismes appropriés. Au Mali, l’emploi des fonds du projet a facilité la participation d’organisations paysannes. Au Burkina Faso et au Congo, plusieurs ateliers préparatoires ont été organisés afin d’aider les organisations paysannes à élaborer leurs propres positions à soumettre aux ateliers nationaux réunissant toutes les parties prenantes; en outre, de très nombreux échanges sont intervenus, par voie électronique, entre les organisations paysannes et le FIDA au Burkina Faso. En Guinée, les organisations paysannes participent à la conception des projets et à d’autres missions clés du FIDA. On a également noté que la participation d’un représentant d’une organisation paysanne au processus d’amélioration de la qualité, comme ce fut le cas dans un projet récemment approuvé au Sénégal, peut avoir des résultats extrêmement positifs. • Représentativité. Les organisations paysannes n’ont pas toutes le même degré d’organisation ni de représentativité. Dans certains pays, elles peuvent être très fragmentées, ou manquer de liaisons solides entre les échelons national et local, ou encore être des émanations des pouvoirs publics et ne pas être reconnues par les paysans comme représentant véritablement leurs intérêts. La qualité du dialogue dépend aussi de la participation d’organisations représentatives et bien structurées. Recommandations. Le Directeur de la Division WCA a résumé les débats en déclarant que la Division doit institutionnaliser son dialogue avec les organisations paysannes et l’adapter à leurs divers stades de développement dans les 24 pays relevant de la Division. À cet effet, a-t-il dit, i) conformément aux directives relatives aux COSOP, les organisations paysannes doivent être associées à la formulation du COSOP; ii) des ressources financières doivent être mises à disposition pour faciliter leur participation à la formulation des COSOP et des projets, et cette participation doit être planifiée à l’avance; iii) les capacités des organisations paysannes doivent être renforcées pour qu’elles puissent apporter une contribution efficace; iv) les organisations paysannes doivent être représentées au sein des équipes de gestion des programmes de pays et des comités de pilotage des projets; et v) des réunions avec les organisations paysannes doivent être systématiquement prévues dans le cadre de toutes les missions du FIDA. Il a également noté que leur participation doit être plus clairement définie dans le COSOP et les accords de financement et que, bien que leur participation au processus d’amélioration de la qualité doive se poursuivre, il est plus important encore d’assurer leur participation à la formulation des projets. Les organisations paysannes ont elles aussi formulé un certain nombre de recommandations: i) planifier bien à l’avance le processus de formulation du COSOP ainsi que la participation des organisations paysannes, afin que ces dernières disposent d’un délai suffisant pour organiser des consultations internes et établir des positions solides; ii) communiquer des informations sur le processus du COSOP à un large éventail d’organisations paysannes pour s’assurer que l’accès à l’information n’est pas limité aux organisations non gouvernementales (ONG) soutenues par les pouvoirs publics; iii) faire en 32 sorte que des ressources financières puissent être mises à disposition des organisations paysannes à titre de soutien direct au renforcement de leurs capacités de contribuer efficacement aux processus de conception; iv) veiller à une participation accrue des femmes, en particulier dans les comités de pilotage des projets; v) décrire les expériences positives en matière de partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes, les faire connaître et explorer les moyens de les reproduire; et vi) dans certains pays, développer les capacités des autorités publiques afin qu’elles comprennent mieux les processus participatifs et qu’elles soient capables de Mohamed Beavogui, Directeur de la Division nouer un véritable dialogue avec les organisations paysannes. Il a Afrique de l’Ouest et du Centre du FIDA également été observé que l’inclusion systématique des organisations paysannes dans les missions du FIDA (programme de visites) donnerait une visibilité accrue au partenariat et contribuerait à favoriser le dialogue entre les organisations paysannes et les pouvoirs publics à propos de l’exécution du projet. Soutien du FIDA au renforcement des capacités • Dimension économique du renforcement des capacités. Tous les représentants des organisations paysannes ont souligné que, bien qu’ils aient fait – avec quelques résultats positifs – tout leur possible pour développer leurs capacités de plaidoyer et de lobbying, leur priorité est maintenant de répondre à la demande de services économiques émanant de leurs membres pour les aider à s’intégrer dans des filières rentables, à avoir accès aux intrants et aux ressources financières, à commercialiser leur production, à créer de la valeur ajoutée par le biais de la transformation et à respecter les normes de qualité, entre autres. Ce programme exige, à son tour, un renforcement des capacités organisationnelles – par exemple, pour appuyer le développement des coopératives, organiser les achats collectifs d’intrants ou la commercialisation, et donner une forme juridique aux groupes informels. Des cas ont été cités où le FIDA continue à axer son soutien sur la production sans garantir l’accès aux marchés. Une autre préoccupation majeure tient à la nécessité, pour les organisations paysannes, de générer leurs propres ressources afin de moins dépendre des sources de financement extérieures. Les liaisons entre le développement de la puissance économique et l’acquisition d’une légitimité et d’une crédibilité politiques ont également été soulignées. • Modalités de soutien. Selon les organisations paysannes, la question des capacités doit être abordée simultanément aux niveaux régional et national, parce que leurs fonctions sont complémentaires. Elles estiment également que les formes classiques de soutien, axées sur l’assistance technique, ne sont pas toujours adaptées aux paysans. En revanche, l’échange d’expériences entre paysans, aussi bien Sud-Sud que Nord-Sud, est considéré comme une approche très efficace, à laquelle le FIDA pourrait apporter son soutien. Il a été fait référence à des expériences positives de développement des échanges avec les organisations paysannes du Sénégal associées au Projet de services agricoles et organisations de producteurs (PSAOP), ainsi qu’entre des organisations paysannes ouest-africaines et brésiliennes. La nécessité d’impliquer les fonctionnaires dans ces échanges d’expériences a également été soulignée. Les chargés de programme de pays du FIDA ont indiqué que les procédures du FIDA et/ou nationales peuvent empêcher les organisations paysannes de conclure des contrats avec des prestataires de services. On a d’autre part noté que, dans les projets du FIDA, ce sont les budgets de formation qui ont les plus faibles taux de décaissement. Recommandations. Résumant les principales conclusions des débats, le Directeur de la Division WCA a reconnu que le FIDA devrait avoir pour priorité le renforcement de la 33 capacité des organisations paysannes de produire davantage et mieux, et de transformer et de commercialiser leur production. Il a également indiqué que le soutien du FIDA doit être modulé suivant les différentes fonctions et priorités aux échelons local, régional et national, et que le meilleur moyen de renforcer les capacités consiste à promouvoir l’échange de savoirs et d’expériences, tant positives que négatives, avec des agriculteurs de la région et des agriculteurs d’autres continents. Il a souligné l’importance de la jeunesse comme force de modernisation du secteur de l’agriculture, et la nécessité d’investir dans les jeunes producteurs. Il a également recommandé que le FIDA révise ses propres procédures pour faciliter la passation de contrats par les organisations paysannes, et que les projets cherchent à mieux adapter leur offre à la demande effective des organisations paysannes, afin de parvenir à un meilleur taux de décaissement des budgets de formation. En outre, les représentants des organisations paysannes ont insisté sur la nécessité de faire en sorte que les agricultrices tirent aussi parti des activités de renforcement des capacités. Il a également été recommandé que des fonds renouvelables destinés aux organisations paysannes soient inclus dans les projets du FIDA, afin de contribuer à la génération de ressources et à la réduction de la dépendance financière. Autres domaines dans lesquels il convient de renforcer le partenariat du FIDA avec les organisations paysannes Les représentants des organisations paysannes ont cité trois domaines prioritaires: • Forums paysans aux échelons régional et national. Des forums devraient être organisés, aux échelons régional et national, pour la préparation du Forum paysan, et devraient être associés à d’autres parties prenantes du secteur. • Accaparement des terres. Les organisations paysannes estiment urgentes les réponses à cette question parce que l’accaparement des terres met en jeu la stabilité de tout un pays. Il a été noté qu’à la suite de l’étude conduite par le FIDA, la FAO et l’Institut international pour l’environnement et le développement des Directives volontaires sont en cours d’élaboration à l’intention des investisseurs. Le Directeur de la Division WCA a confirmé que le FIDA était disposé à se tenir aux côtés des organisations paysannes sur cette question. • Jeunesse et formation professionnelle. Il est indispensable de mettre en place, à l’intention des jeunes, des systèmes nationaux durables de formation professionnelle, qui doivent prendre en compte les initiatives paysannes connexes, comme les universités paysannes. Le Directeur de la Division WCA a affirmé que la participation du FIDA à la recherche d’une solution à cette question prioritaire serait examinée dans le cadre de la formulation des COSOP. L’un des membres du groupe de travail a ajouté qu’il avait été suggéré d’organiser, avant la prochaine réunion mondiale du Forum paysan, des forums décentralisés qui garantiraient une appropriation à différents échelons régionaux et renforceraient le dialogue entre les organisations paysannes, les autorités locales et les communautés économiques et commerciales locales. 2. Afrique orientale et australe Cette réunion a été présidée par Ides de Willebois, Directeur de la Division Afrique orientale et australe (ESA), et animée par Benoît Thierry, chargé de programme de pays pour Madagascar et les Seychelles. Trois exposés ont été présentés au cours de la réunion de ce groupe de travail. Les deux premiers exposés ont abordé les progrès réalisés sur le plan des partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes à l’échelon national dans le cadre d’un don (Réseau national des groupements d’agriculteurs – MVIWATA, RépubliqueUnie de Tanzanie) et d’un prêt (Projet d’appui au renforcement des organisations 34 professionnelles et aux services agricoles – AROPA, Madagascar). La troisième intervention a présenté les progrès réalisés en termes de concertation sur les politiques publiques dans le cadre du Programme d’appui aux organisations paysannes africaines (SFOAP) (don aux organisations paysannes faîtières d’Afrique). Exposé sur le MVIWATA (République-Unie de Tanzanie) Steven Ruvuga a présenté le projet MVIWATA (2009-2012), dont il est le coordonnateur au cours des trois années de son exécution. Le projet est axé sur le renforcement des capacités des groupes de paysans en vue d’obtenir un meilleur impact sur la planification et la mise en œuvre, à l’échelon national, de l’approche sectorielle de l’agriculture (A-SWAp). Il a pour objectifs: i) la formation des dirigeants et des groupements paysans; ii) l’établissement de liens avec les décideurs; et iii) le renforcement des groupes et des réseaux locaux dans le contexte de l’aménagement des districts et de la mise en œuvre de l’A-SWAp. Le projet a notamment permis de faire évoluer la mentalité des paysans, avec un passage d’une attitude passive à une attitude active vis-à-vis de l’aménagement des districts et de l’exécution; de multiplier les partenariats et d’accroître le dialogue à tous les échelons, y compris celui des comités du système de suivi des dépenses publiques; d’accroître la participation des paysans aux comités; et de constituer des réseaux de paysans. Tout en soulignant l’efficience du projet, l’exposé a aussi mis en évidence les deux structures mentales qui en ont freiné le progrès: les services publics décident de tout sans consulter les paysans; et le gouvernement doit faire des choses pour eux, d’où l’importance des engagements à long terme. Steven Ruvuga a également insisté sur le rôle que peuvent jouer les organisations paysannes faîtières dans l’offre aux groupements paysans de base d’un soutien en matière de renforcement des capacités. Exposé sur l’AROPA (Madagascar) Solofo Andrianjafimahatratra, Président de la Chambre d’agriculture de Madagascar, a présenté les activités du projet AROPA, soutenu par le FIDA, et décrit le processus qui avait abouti à ce projet et à l’accord de prêt. Le partenariat entre le FIDA et les organisations paysannes a débuté bien avant la conception de l’AROPA, par un petit don et une participation des organisations paysannes à la formulation du COSOP. Ce capital d’amorçage a contribué à l’ouverture d’un dialogue entre les organisations paysannes, qui a mis en évidence l’importance d’une organisation faîtière unique couvrant l’ensemble de ces organisations. Le dialogue entre l’organisation faîtière et le gouvernement a abouti au projet AROPA, d’un montant total de 20 millions d’USD sur une période de dix ans. Le projet fournit des services aux organisations paysannes à tous les niveaux, depuis la base jusqu’à l’organisation faîtière, mais également à la Chambre d’agriculture. Les centres de services agricoles (CSA), mis en place par les organisations paysannes faîtières, ont pour objectif de pallier l’absence de services agricoles destinés aux paysans. Les CSA permettent d’établir un lien entre les agriculteurs, les intermédiaires et les opérateurs. Ils ont entrepris une consultation avec les organisations paysannes, mais aussi avec des agriculteurs n’appartenant pas à ces organisations. Du point de vue de l’AROPA, les éléments essentiels au succès du partenariat sont: • un soutien à l’organisation d’élections nationales conduisant à une meilleure représentation et à une légitimité accrue des dirigeants des organisations paysannes faîtières et de la Chambre d’agriculture; 35 • un soutien institutionnel et un renforcement des services du Ministère de l’agriculture pour améliorer l’ancrage et la coordination des activités de soutien aux organisations paysannes; et • un soutien à moyen terme (dix ans) aux organisations paysannes pour la mise en œuvre des politiques et stratégies. Du point de vue des organisations paysannes, les éléments clés sont les suivants: • l’augmentation du financement direct des initiatives prises par les organisations paysannes; • le renforcement de la gestion des savoirs en matière de développement agricole pertinent pour les organisations paysannes; et • la promotion de dirigeants paysans, spécialement parmi les femmes et les jeunes. Exposé sur le SFOAP Doug Taylor-Freeme, Président de la Confédération des syndicats agricoles d’Afrique australe (SACAU), a présenté le Programme d’appui aux organisations paysannes africaines (SFOAP), un programme triennal lancé en novembre 2009 grâce à un important don de l’Union européenne (5 millions d’euros) et à un soutien du FIDA d’un montant de 1,5 million d’USD. La demande de financement par un don a abouti à un programme quadriennal (2009-2012) couvrant 36 organisations paysannes à l’échelon national, quatre réseaux régionaux et une plate-forme panafricaine. Le SFOAP a pour objectifs principaux l’autonomisation des organisations paysannes grâce au renforcement de leurs capacités par l’intermédiaire des organisations paysannes régionales, et le renforcement du rôle joué par les organisations paysannes dans l’élaboration des politiques et des programmes. Les trois quarts des composantes du programme sont consacrés au développement institutionnel, le dernier quart concernant la participation aux processus d’élaboration des politiques. Les résultats ci-après ont été obtenus au cours de la première année (2009) du programme: • capacité organisationnelle accrue: six organisations paysannes ont créé des bureaux permanents, 14 organisations prévoient le recrutement de nouveaux administrateurs; une formation a déjà été assurée dans les domaines de la gestion de projet et de la comptabilité; • amélioration des relations avec les membres: le soutien aux organes directeurs des organisations paysannes, et notamment l’élaboration de textes statutaires et la tenue de réunions statutaires, a contribué à améliorer les structures institutionnelles; la communication et la transparence se sont accrues entre les plates-formes des organisations paysannes nationales et leurs membres; et • concertation sur les politiques: la plus grande partie du programme sera consacrée au développement d’activités en 2010 (une grande étude sur la concurrence pour la terre, par exemple, est en cours de réalisation par la SACAU et sera à l’ordre du jour de la conférence sur les politiques les 29 et 30 mars). Recommandations. Ces trois exposés ont fait clairement apparaître que les organisations paysannes peuvent jouer un rôle pilote dans l’élaboration de programmes fondés sur leurs besoins. Le débat qui a suivi ces présentations a été axé sur la détermination des moyens appropriés pour une meilleure collaboration entre le FIDA et les organisations paysannes et sur la formulation de recommandations concrètes. Les recommandations adressées au FIDA sont les suivantes: • promouvoir un dialogue sans exclusive entre les pouvoirs publics, les organisations paysannes et la société civile (ONG); • faire participer les organisations paysannes aux équipes de gestion des programmes de pays du FIDA (concertation sur les politiques); 36 • faire participer les organisations paysannes aux équipes de conception des COSOP et des projets; • associer les organisations paysannes à l’exécution et à la supervision des projets; et • aider les organisations paysannes à fournir davantage de services commerciaux à leurs membres. 3. Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe centrale et orientale Présidé par Nadim Khouri, Directeur de la Division ProcheOrient et Afrique du Nord (NEN), le groupe de travail était composé de représentants de l’Arménie, de la Jordanie, du Maroc, du Soudan et de la Tunisie, ainsi que d’organisations paysannes internationales. Des membres de la Division NEN et d’autres membres du personnel du FIDA étaient également présents. La première partie de la réunion du groupe de travail a été consacrée à une présentation du travail du FIDA dans la région; le programme comporte 43 projets en cours dans 16 pays, pour des montants de 600 millions d’USD sous forme de prêts et de 26 millions d’USD sous forme de dons. Les principaux domaines thématiques d’intervention du programme du FIDA dans la région sont: • la gestion des ressources naturelles (terre et eau); • l’augmentation de la production et de la productivité agricoles; • le développement rural communautaire et de zone; • les activités génératrices de revenus; et • les services financiers ruraux. En Europe centrale et orientale et dans les nouveaux États indépendants, les projets financés par le FIDA concernent les domaines thématiques suivants: • les services financiers ruraux; • les filières commerciales pour les petits exploitants ruraux (gestion de la filière d’approvisionnement); • l’économie rurale non agricole par le soutien aux petites et moyennes entreprises; et • les infrastructures d’inspiration commerciale. L’exposé contenait des exemples de collaboration entre le FIDA et les organisations paysannes au cours de la période 2008-2009, notamment dans les domaines de la formulation des stratégies de pays, la conception et l’exécution des projets et le renforcement des capacités. À la suite de cette présentation, le groupe de travail a débattu des progrès réalisés dans la collaboration entre le FIDA et les organisations paysannes, et a pris note du programme de travail du FIDA pour les trois prochaines années. Les organisations paysannes ont établi la liste suivante des domaines prioritaires pour elles-mêmes et leurs membres: • amélioration de l’accès à la finance rurale; • soutien à la commercialisation et à l’accès aux marchés; • accentuation de la valeur ajoutée dans l’agriculture et gestion de la chaîne de valeur; • amélioration de la gestion de l’eau et de l’accès aux ressources en eau; • adaptation au changement climatique; • appui aux organisations de femmes et amélioration de l’accès direct des femmes aux ressources naturelles et financières; 37 • association de la jeunesse rurale et amélioration des possibilités d’emploi dans l’agriculture; et • amélioration de l’environnement porteur et des systèmes de gouvernance pour les organisations paysannes privilégiant leurs membres. Au cours du débat, un certain nombre d’enseignements se sont dégagés de la collaboration en cours: • Les organisations paysannes peuvent influencer les politiques des pouvoirs publics en matière de gestion des ressources naturelles, et le partenariat entre le FIDA et les organisations paysannes peut contribuer efficacement à l’amélioration/à la formulation des politiques et stratégies nationales. • Les syndicats paysans et les organisations paysannes nationales sont souvent dominés par les défenseurs des intérêts des gros exploitants (ou des zones agricoles les plus riches) et doivent faire un effort pour s’adapter aux besoins des petits paysans pauvres des zones marginales. Le FIDA a écouté les recommandations formulées par les organisations paysannes et examiné les possibilités de coopération future. Les recommandations étaient les suivantes: • définir des programmes et des projets spécifiques se prêtant à une collaboration, en prenant en compte les succès antérieurs et en adaptant les innovations techniques et institutionnelles à la région, au pays ou au site spécifique; • faire fond sur les institutions existantes ayant fait leurs preuves et dont le système de gouvernance est à la fois adaptable et autonome (ne dépendant pas du projet), afin de garantir la durabilité; • veiller à ce que les futurs programmes prennent en compte les besoins des femmes et des jeunes, dans la mesure du possible grâce à un financement par des dons; • collaborer avec les réseaux d’organisations paysannes et les soutenir, en renforçant leurs capacités et en favorisant le partage des savoirs et l’accès à l’information; • veiller à l’inclusion des petits exploitants agricoles; • veiller à ce que les organisations paysannes collaborant aux projets Nadim Khouri, Directeur de la Division Proche-Orient et Afrique du Nord financés par le FIDA soient gérées par leurs membres et représentatives des paysans; • travailler avec différents types d’organisations paysannes (organisations informelles, de pasteurs, de pêcheurs), et pas seulement celles qui sont soutenues par l’État; • évaluer diverses possibilités d’enregistrement (par exemple, sous la forme d’associations professionnelles) pour éviter l’étiquetage politique ou les interférences politiques; et • chercher à faire en sorte que le cadre réglementaire général favorise les organisations paysannes gérées par leurs membres, à but non lucratif et reposant sur l’autoassistance. Le FIDA s’est engagé à continuer de rechercher la participation des organisations paysannes dans les pays suivants: l’Arménie (en mettant l’accent sur l’appui aux études de marché et aux systèmes d’information des paysans basés sur le Web); la République arabe syrienne (en mettant l’accent sur le renforcement des capacités et sur les fonds de développement pour les associations de gardiens de troupeaux); l’Azerbaïdjan et la République de Moldova (en mettant l’accent sur le soutien aux associations d’usagers de l’eau et de producteurs); et la Jordanie, le Maroc, la Tunisie et le Soudan (en matière de conception et d’exécution des projets). Les participants se sont engagés à explorer les possibilités d’un soutien institutionnel aux 38 organisations paysannes en rapport avec les activités spécifiques aux pays mentionnées cidessus, et d’un soutien pour leur permettre d’améliorer leur gouvernance, afin de s’assurer que tous les petits exploitants agricoles sont pris en compte et de renforcer les capacités des organisations paysannes pour qu’elles puissent répondre à leurs besoins. Les participants ont aussi convenu de chercher à accroître la participation des organisations paysannes des régions Proche-Orient et Afrique du Nord et Europe centrale et orientale et nouveaux États indépendants à de futures manifestations, afin que la voix des paysans de ces régions puisse être entendue dans ces enceintes. 4. Amérique latine et Caraïbes C’est Mme Josephina Stubbs, Directrice de la Division Amérique latine et Caraïbes, qui a présidé la réunion à laquelle ont participé des membres du personnel du FIDA travaillant dans la région, des dirigeants des organisations paysannes régionales et nationales, et des observateurs d’organisations gouvernementales et non gouvernementales. L’allocution d’introduction a été prononcée par Paolo Silveri, chargé de programme de pays du FIDA dans la région Amérique latine et Caraïbes, qui a proposé d’articuler le débat autour de deux dimensions principales: la dimension du projet et la dimension politique. Les participants ont formulé des recommandations reflétant les deux dimensions dans lesquelles ils dialoguent avec le FIDA. Les recommandations adressées au FIDA sont les suivantes: Au niveau du projet (par le biais des prêts accordés aux gouvernements) • Le FIDA devrait trouver des formes viables de consultation efficace avec les organisations à deux moments particuliers – au cours de l’élaboration du COSOP et pendant la conception du projet – en veillant constamment à la participation active des femmes et des jeunes au processus de consultation. • Le FIDA devrait promouvoir le renforcement des capacités, en donnant la priorité aux femmes et aux jeunes, avec un double objectif: fournir les capacités nécessaires à l’exécution du projet (l’assistance technique, par exemple); et améliorer la capacité de plaidoyer des organisations dans le contexte de la concertation sur les politiques. • Par le biais des projets, le FIDA devrait soutenir l’accès des producteurs familiaux aux ressources prioritaires, notamment la terre, l’eau, la finance et les technologies. • Par le biais des projets, le FIDA devrait faciliter le respect des normes, phytosanitaires ou autres, afin d’assurer aux producteurs familiaux l’accès aux marchés et le maintien sur ces marchés (en particulier les marchés institutionnels). • Le FIDA devrait améliorer l’efficience des retraits et d’autres procédures administratives et poursuivre l’assignation directe des fonds aux organisations. Au niveau des politiques (dons aux gouvernements et/ou aux organisations) • Appuyer, en tant que partenaire, les organisations paysannes à mesure qu’elles introduisent et installent dans le dialogue politique l’idée selon laquelle l’agriculture familiale contribue effectivement à la sécurité alimentaire; • appuyer, grâce à des dons, les organisations qui encouragent le dialogue politique avec les pouvoirs publics. Ces dons devraient en particulier privilégier les organisations qui consolident une égale participation des femmes et des jeunes; • soutenir, par le biais d’initiatives en cours ou nouvelles, les actions de plaidoyer des organisations auprès des pouvoirs publics, en vue d’influer sur le pourcentage du budget national alloué à l’agriculture familiale et afin d’assurer la mise en œuvre adéquate des 39 politiques publiques nationales ou, lorsqu’elles existent, des politiques régionales; • garantir la participation pleine et active des organisations de producteurs familiaux, aussi bien ceux qui sont engagés dans l’agriculture et l’élevage que ceux pratiquant la pêche traditionnelle locale (“pesca artesanal”), le tourisme agricole, l’agriculture biologique, la production artisanale, ainsi que les ouvriers agricoles; • promouvoir la participation des organisations paysannes aux processus politiques, spécialement lorsqu’ils concernent les positions nationales dans le contexte des négociations commerciales internationales; et • continuer de soutenir, parmi les initiatives en cours, celles qui ont réussi à renforcer le dialogue politique entre les organisations paysannes et les pouvoirs publics. Une préoccupation a été exprimée, en séance plénière, à propos de l’extension du soutien à l’accord de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne, au-delà des Caraïbes, au reste de l’Amérique latine. Il a été suggéré, à cet égard, que le FIDA continue d’apporter un soutien au suivi de l’APE dans le cadre de la Communauté des Caraïbes. Un représentant de La Via Campesina a ajouté que son organisation n’était pas favorable à l’APE entre l’Union européenne et l’Amérique centrale. 5. Asie et Pacifique La réunion, présidée par Thomas Elhaut, Directeur de la Division Asie et Pacifique du FIDA, a bénéficié de la participation de membres du personnel du FIDA travaillant dans la région, de représentants des organisations paysannes régionales et nationales, et d’observateurs d’organisations gouvernementales et non gouvernementales. Dans son introduction, Sana Jatta, chargé de programme de pays du FIDA, a proposé deux thèmes de discussion: les partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes; et les progrès réalisés dans le cadre du programme de coopération à moyen terme pour le renforcement des capacités des organisations paysannes en Asie. S’agissant des partenariats, le groupe de travail a noté que la participation des organisations paysannes aux consultations s’est certes accrue, mais que la qualité de la participation à ces consultations et à d’autres projets du FIDA doit être renforcée. Les organisations paysannes peuvent assumer des responsabilités plus importantes dans le cadre de leur participation. Dans les projets du FIDA incluant une composante consacrée aux organisations paysannes, cette composante peut être prise en charge par des organisations paysannes partenaires et des ONG, qui peuvent participer au projet sur un pied d’égalité avec les pouvoirs publics. Les organisations paysannes participant à un projet peuvent aussi conserver leurs propres activités d’apprentissage de savoirs et de commercialisation. Elles ont toutefois besoin d’un soutien pour l’exécution des activités. Il a également été noté que le FIDA devrait conserver une certaine souplesse dans la conception des projets, afin que les activités du projet répondent aux besoins réels des agriculteurs. Il conviendrait, à cet égard, d’associer davantage les pêcheurs aux consultations, de prêter une attention accrue aux nuances dans les catégories sectorielles (par exemple, les femmes au Népal) et de mettre fortement l’accent sur les jeunes agriculteurs. De l’avis du groupe de travail, l’autonomisation des organisations paysannes a pour effet de leur permettre de mener des activités de vulgarisation répondant aux demandes des agriculteurs, de se lancer dans des entreprises à base agricole (surtout les jeunes), d’exprimer clairement leurs opinions et de s’assurer du soutien des pouvoirs publics. Le débat a ensuite porté sur les progrès réalisés dans le cadre du programme de coopération à moyen terme, décrit comme une “version asiatique du processus ascendant du 40 Forum paysan”, en phase pilote dans dix pays d’Asie du Sud et du Sud-est et en Chine. Plusieurs exemples de ces progrès ont été présentés: • Des contrats ont été signés en décembre 2009 par le Bureau régional de la FAO pour l’Asie et le Pacifique. • En Asie du Sud, la mise en œuvre a démarré, et les crédits sont arrivés. • En Asie du Sud-est, la phase de recrutement prévue dans le cadre du programme régional a débuté; on espère que le coordonnateur sera en fonction d’ici à mars 2010. Le groupe de travail a souligné que le programme doit être impulsé par les paysans et avoir une portée inclusive par l’intermédiaire de comités d’orientation régionaux et sousrégionaux composés d’organisations paysannes. Le groupe a également insisté sur la nécessité d’une forte représentation des femmes. La question de la place des ONG dans ce programme a été évoquée en séance plénière. Estrella Penunia Banzuela a expliqué que les groupes de soutien jouent un rôle très important et cité un certain nombre d’activités prévues par le programme de coopération à moyen terme – établissement du profil et cartographie des groupements paysans, recherche sur les grandes orientations, renforcement des capacités – pour lesquelles un appui des ONG pourrait s’avérer nécessaire. Toutefois, a-t-elle souligné, les décisions quant au type de soutien requis et au fournisseur de ce soutien seront prises par les organisations paysannes membres des comités d’orientation aux échelons national, sous-régional et régional. 41 FIDA/Pablo Corral Vega 42 V. Discussions thématiques (groupes régionaux) Dans la matinée du mardi, les participants au Forum se sont répartis en quatre groupes régionaux pour débattre des questions ou problèmes principaux se rattachant à l’un des quatre thèmes suivants: i) le rôle des organisations paysannes dans le développement des filières et les moyens de reproduire les succès (Afrique de l’Ouest et du Centre); ii) comment promouvoir l’accès aux marchés des petits exploitants agricoles (Afrique orientale et australe); iii) les politiques et l’agriculture familiale: politiques et programmes d’investissements différenciés pour l’agriculture paysanne (Amérique latine et Caraïbes); et iv) comment promouvoir la sécurité alimentaire et l’agriculture paysanne dans un contexte de concurrence croissante pour la terre et d’autres ressources naturelles (Asie et Pacifique). Les groupes ont également été invités à mettre l’accent, au cours de leurs débats, sur leurs attentes vis-à-vis du FIDA. Les principaux points abordés et les recommandations issues de chacun des groupes thématiques ont été présentés à la réunion plénière et sont résumés dans les paragraphes ci-après. “Certains professionnels des filières ont un important pouvoir de négociation, ce qui constitue leur arme principale, mais un petit exploitant agricole ne dispose pas des mêmes capacités. L’une des questions à prendre en compte dans la filière est celle de la nécessité de doter les petits exploitants agricoles d’une réelle capacité de négociation.” King-David Amoah, FONG 1. Le rôle des organisations paysannes dans le développement des filières et les moyens de reproduire les succès (Afrique de l’Ouest et du Centre) Le Directeur de la Division WCA du FIDA, le Président et le Secrétaire général du ROPPA, des représentants d’organisations paysannes nationales, des chargés de programme de pays du FIDA et des observateurs d’organisations gouvernementales et non gouvernementales ont participé à cette réunion. Dans son introduction, Norman Messer, chargé de programme de pays du FIDA, a soulevé plusieurs questions: • Renforcement des capacités: comment pouvons-nous concilier la nécessité d’obtenir rapidement des résultats et de mettre les organisations paysannes en mesure de se rattacher aux marchés déjà organisés, d’une part, et les différentes exigences temporelles liées au renforcement des capacités des groupements paysans, en particulier les plus pauvres, d’autre part? • Formes juridiques: quelles sont les formes juridiques les plus appropriées pour les organisations paysannes? • Types d’intervention: quelles sont les meilleures formes de soutien à apporter à l’intégration des paysans dans les filières – les microprojets ciblant les paysans sont-ils appropriés ou serait-il préférable que les projets ciblent un plus large éventail de parties prenantes au sein d’une filière? • Cibler les groupes vulnérables: comment faire en sorte que les paysans pauvres puissent aussi bénéficier d’une approche reposant sur les filières? • Gouvernance: quel type de gouvernance faut-il promouvoir pour les filières et quel rôle des organisations paysannes doivent-elles y jouer? 43 Les représentants des organisations paysannes ont manifesté un souci commun, celui de veiller à ce que la participation aux filières ne se fasse pas aux dépens de la diversification des cultures, qui constitue la principale stratégie adoptée par les petits exploitants pour minimiser le risque. Ils ont cité plusieurs exemples de projets ayant incité les agriculteurs à concentrer leurs efforts sur une seule culture de rente, ce qui les a poussés à négliger leurs cultures vivrières et les a privés en fin de compte de revenus, parce qu’il n’y avait pas de marché ou parce qu’ils avaient dû vendre leur production à un prix peu élevé. Des exemples plus positifs ont également été cités, où l’intégration des petits exploitants dans les filières leur a ouvert un accès au marché et s’est traduite par une augmentation des revenus et de la sécurité alimentaire. Plusieurs ONG ont fait observer que lorsque l’approche basée sur les filières n’a pas donné de résultats positifs, il faut en attribuer la cause au manque de pouvoir de marché des paysans et à leur faible capacité de négociation avec les commerçants. La réponse à ce déséquilibre de pouvoir et de ressources ne doit pas être le rejet des filières, qui modèlent l’accès aux marchés, mais plutôt le renforcement des organisations paysannes afin qu’elles soient mieux intégrées à la filière, depuis la fourniture des intrants jusqu’à la commercialisation, le développement des formes collectives de commercialisation et de contrats, et l’amélioration de leur position dans les négociations avec les négociants et les autres parties prenantes. Les organisations paysannes ont recommandé, de manière générale, qu’un soutien soit apporté aux petits exploitants pour la participation aux filières et pour le renforcement de leurs organisations pour leur donner accès à des marchés rentables, tout en préservant la diversification et en choisissant les filières pouvant avoir des effets positifs sur leurs autres productions. Les organisations paysannes ont également souligné que, alors que la participation aux négociations sur les filières exige des organisations spécialisées, elles sont organisées en plates-formes globales couvrant toutes les activités agricoles. Elles ont insisté sur la nécessité de centrer les efforts sur le renforcement des capacités des plates-formes paysannes plutôt que sur la création d’organisations spécialisées, parce que les plates-formes émanant des paysans eux-mêmes sont capables de renforcer leurs capacités par le maintien de la cohésion, et qu’elles rendent mieux compte des préoccupations des petits exploitants. Elles ont débattu des avantages de l’interprofessionnalité comme moyen de regrouper toutes les parties prenantes d’une filière et de faciliter la négociation entre les organisations paysannes et les autres acteurs de la filière. Plusieurs représentants d’organisations paysannes ont estimé que ce modèle leur avait été imposé alors même qu’elles n’avaient pas encore acquis une force suffisante pour dialoguer avec les autres parties prenantes, les empêchant de tirer des avantages concrets de leur participation aux groupements interprofessionnels. Un exemple positif observé en Tunisie a toutefois été cité: des plates-formes locales de pêcheurs se sont groupées pour renforcer leur pouvoir au sein de la filière et obtenir une plus grande part de la valeur ajoutée le long de la filière. Le Directeur de la Division WCA a confirmé que le FIDA était prêt à soutenir le renforcement des capacités et l’expansion des plates-formes afin de leur donner les moyens de mieux négocier avec les acteurs de la filière, de retirer des avantages accrus de leur participation à des groupes interprofessionnels et d’accroître les recettes des petits exploitants. Il a invité, en conclusion de la réunion, les organisations paysannes à aider le FIDA à concevoir de bons programmes. Plusieurs participants au groupe de travail ont réitéré la nécessité de renforcer le pouvoir et les capacités des petits exploitants, en particulier du point de vue organisationnel, afin que les petits exploitants puissent exprimer leur avis, par exemple, sur la formation des prix. On a également mentionné que les petits exploitants doivent être en mesure de diversifier leur production, de s’industrialiser et de vendre sur d’autres marchés. 44 2. Comment promouvoir l’accès aux marchés des petits exploitants agricoles (Afrique orientale et australe) Cette réunion a été présidée par Ides de Willebois, Directeur de la Division ESA du FIDA, et animée par Benoît Thierry, chargé de programme de pays pour Madagascar et les Seychelles. Deux exposés ont été présentés en ouverture, l’un concernant l’Association nationale des petits agriculteurs du Malawi (NASFAM) et l’autre présenté par un économiste régional de la Division ESA. Ces deux exposés sont résumés ci-après. Présentation de NASFAM (Malawi) par Alice Kachere (Présidente du Conseil d’administration de NASFAM) NASFAM, la plus importante organisation paysanne du Malawi, a démarré en 1994, sous la forme d’un projet connu sous le nom de projet de développement des agro-industries par les petits exploitants, et a été juridiquement enregistrée en 1998. Cet exposé a montré comment NASFAM peut fournir à ses membres divers services économiques: organiser le secteur des petits exploitants; donner aux petits exploitants agricoles de meilleures capacités d’accéder aux marchés; développer la Alice Kachere, NASFAM participation des petits exploitants agricoles aux marchés; et influer sur la détermination des prix sur le marché intérieur, entre autres. L’exposé a également présenté la commercialisation comme une véritable activité pour les petits exploitants, en donnant comme exemple concret le marché du commerce équitable des arachides, à propos duquel NASFAM s’intéresse: i) à la recherche et au développement de la production; ii) à la formation en matière d’agronomie et de techniques post-récolte; iii) aux essais relatifs à la contamination par l’aflatoxine d’échantillons prélevés sur le terrain et en entrepôt; et iv) l’échantillonnage et les essais ultérieurs des produits avant leur mise en conteneurs et leur expédition. L’exposé s’est achevé par un inventaire des points qui n’ont pas encore été abordés, parmi lesquels : i) renforcer les capacités des petits exploitants agricoles en matière de production; ii) faire progresser les petits agriculteurs vers l’aval de la filière (valeur ajoutée); iii) faire en sorte que l’accès au marché ne supplante pas la protection du marché; iv) élaborer et gérer des outils et des structures pour la commercialisation (entrepôts, par exemple); v) fournir un accès aux services financiers et commerciaux; et vi) soutenir les formes participatives d’élaboration ou de formulation et de mise en oeuvre des politiques. Les questions soulevées au cours du débat qui a suivi la présentation portaient principalement sur le programme de subventions publiques aux intrants agricoles et visaient à déterminer si le programme de subventions apporte des avantages aux agriculteurs au niveau local. Malgré son coût élevé, le programme a contribué à réduire la faim parmi les paysans pauvres. Exposé de Geoffrey Livingstone, économiste régional de la Division ESA L’exposé portait principalement sur les questions relatives à la manière de promouvoir l’accès aux marchés des petits exploitants agricoles, et sur les raisons de l’échec fréquent des associations de commercialisation agricole. Les raisons recensées sont multiples: volatilité des prix des produits, difficultés de la manutention post-récolte et contrôle de la qualité. L’orateur a souligné que le problème tient bien plus à des faiblesses organisationnelles qu’à des problèmes techniques. Les causes sous-jacentes de cette défaillance organisationnelle se rattachent au fait que les coopératives sont souvent impulsées par les projets et que les agriculteurs ne sont pas suffisamment consultés au préalable. Dans la plupart des cas, les responsables des coopératives de commercialisation n’entament des discussions avec les agriculteurs que 45 longtemps après l’établissement des coopératives. Une fois les coopératives mises en place, on ne prête généralement que peu d’attention à l’éducation, l’information et la formation en rapport avec le projet. Cela se traduit par une compréhension extrêmement faible des droits, obligations et avantages de l’appartenance à l’association. En conséquence, les membres de l’association ne manifestent à son égard qu’un très faible sens d’appropriation, de sorte que ces associations comprennent mal la dynamique du marché d’une filière donnée, qu’elles connaissent peu la situation financière des coopératives, qu’il existe une coupure entre les membres ordinaires et le comité de gestion, et qu’un manque de confiance entoure les transactions commerciales. Plusieurs suggestions ont été formulées quant à la voie à suivre: • reconnaître que les agriculteurs sont des entrepreneurs; • assurer l’enseignement et la formation en vue des possibilités de commercialisation; • développer les associations aux premiers stades du développement des filières; • assurer la formation concernant les services financiers et les implications de l’obtention d’un prêt auprès d’une banque commerciale; • affecter à l’association, sur une base semi-permanente, un formateur en matière coopérative; et • veiller à une bonne gouvernance institutionnelle au sein de l’association et aux liaisons entre les membres et la direction. Les débats qui ont suivi les présentations ont tourné autour de trois questions: • À quels défis les petits exploitants agricoles doivent-ils faire face lorsqu’ils cherchent à s’assurer d’un accès aux marchés? • Comment ces défis peuvent-ils être relevés et quel est le rôle des organisations paysannes? • Que peut faire le FIDA en termes de partenariat avec les organisations paysannes pour soutenir l’accès aux marchés des petits exploitants en général et des organisations paysannes en particulier? À quels défis les petits exploitants agricoles doivent-ils faire face lorsqu’ils cherchent à s’assurer d’un accès aux marchés? Quatre principaux problèmes ont été recensés: infrastructure rurale; information de marché; autonomie des agriculteurs; et absence de mouvement coopératif en Afrique orientale et australe. Il a été suggéré que, pour chercher à les résoudre, le FIDA “L’avenir appartient à ceux qui sont investisse dans les routes de desserte et d’autres infrastructures rurales organisés.” comme les marchés, les installations de stockage et les entrepôts réfrigérés, à l’intention des petits exploitants, mais aussi de leurs organisations. Le Philip Kiriro, EAFF FIDA pourrait fournir des capitaux de démarrage pour permettre aux organisations paysannes au niveau national d’assurer des bénéfices tangibles à leurs membres. Pour ce qui concerne l’information de marché, il a été recommandé que le FIDA apporte un soutien à des centres d’information et mette au point des systèmes d’information utilisant de nouvelles technologies par le biais, par exemple, de connexions mobiles. Les agriculteurs étant souvent dispersés sur l’ensemble du territoire, le FIDA pourrait aider les organisations paysannes à se réunir autour de produits de base/cultures spécifiques, créant ainsi des possibilités de commercialisation collective. Enfin, les associations étant souvent créées par les pouvoirs publics et sur la base de cultures spécifiques, il a été suggéré que le FIDA oriente ses interventions de manière à autonomiser les agriculteurs pour qu’ils puissent créer leurs propres structures. Recréer un mouvement coopératif dans la région et reconstruire l’image des fermes coopératives pourraient contribuer à relever ce défi particulier. 46 Comment ces défis peuvent-ils être relevés et quel est le rôle des organisations paysannes? Le groupe de travail a retenu quelques suggestions que le FIDA pourrait suivre pour relever ces défis: • créer des plates-formes d’échange entre vendeurs et acheteurs le long de la filière afin de sensibiliser les agriculteurs aux possibilités de commercialisation, ce qui contribuera à faire coïncider l’offre et la demande; • développer des centres d’affaires; • encourager les échanges transfrontaliers; • renforcer le marché des prestataires de services; et • aider les organisations paysannes nationales à fournir des services économiques à leurs membres. Que peut faire le FIDA en termes de partenariat avec les organisations paysannes pour soutenir l’accès aux marchés des petits exploitants en général et des organisations paysannes en particulier? Il a été noté, au cours du débat, que jusqu’en 2004 ESA n’était guère informée de l’existence d’organisations paysannes faîtières dans la région, alors même que certaines organisations paysannes avaient été créées en 1946 (la Fédération nationale des producteurs agricoles du Kenya [KENFAP], par exemple). En fait, on trouve dans la région Afrique orientale et australe un large éventail d’organisations de producteurs créées autour d’un produit (associations de producteurs de café, par exemple) et/ou plus généralement sous la forme d’organisations paysannes. Il a été suggéré que le FIDA consacre une attention accrue au développement de son travail avec les organisations paysannes au niveau des pays. Le groupe de travail a formulé les cinq recommandations suivantes à l’intention du FIDA: • jouer le rôle d’intermédiaire pour contribuer à associer les organisations paysannes aux grands programmes dirigés par les pouvoirs publics, comme l’A-SWAp en RépubliqueUnie de Tanzanie; • contribuer à structurer et à promouvoir l’indépendance financière des organisations paysannes au niveau national afin qu’elles offrent des services économiques à leurs membres; • travailler avec les organisations paysannes à la réduction des risques associés à la commercialisation – en favorisant, par exemple, une assurance contre les risques du marché adaptable à leurs besoins; • œuvrer en faveur de la décentralisation du financement, étant donné que les flux de fonds vont du centre vers les régions; • soutenir le développement de la capacité de plaidoyer des organisations paysannes. Les membres du groupe de travail ont formulé un certain nombre d’observations après la présentation de la synthèse en séance plénière. La relation entre les petits exploitants agricoles et les entreprises agroalimentaires doit être facilitée par des politiques volontaristes des pouvoirs publics. Laisser cette relation au marché ne constitue pas une solution à cause des économies d’échelle. Cela ramène à la nécessité d’organisations paysannes solides et d’un espace de plaidoyer dans le cadre des politiques. En outre, le renforcement de la prestation de services ne devrait pas être limité aux organisations paysannes. D’autres prestataires de services – services publics de vulgarisation, recherche, groupes au sein du secteur privé – sont tout aussi importants. L’idée est de rechercher un juste équilibre qui permette aux agriculteurs d’avoir accès aux marchés et de produire efficacement pour les marchés. À cet égard, les marchés régionaux ne doivent pas être sous-estimés. Les possibilités d’échanges transfrontaliers doivent toutefois être mieux comprises par les petits agriculteurs afin qu’ils puissent participer au processus. 47 Les relations entre sociétés multinationales et petits agriculteurs ont aussi été évoquées. Une approche positive de ce type de relations peut impliquer qu’une société multinationale développe une activité à grande échelle et à forte valeur ajoutée pour un produit spécifique, et que les agriculteurs en assurent la production. Une telle approche doit cependant comporter une véritable consultation entre l’industrie de transformation et les agriculteurs, y compris les femmes. De plus, les agriculteurs ne doivent pas être consultés individuellement, mais plutôt par l’intermédiaire de leurs organisations, dont la voix pèse davantage. 3. Les politiques et l’agriculture familiale: politiques et programmes d’investissements différenciés pour l’agriculture paysanne (Amérique latine et Caraïbes) La réunion s’est tenue en présence du Directeur de la Division Amérique latine et Caraïbes du FIDA, de représentants de la REAF du MERCOSUR et d’organisations paysannes nationales, des chargés de programme de pays du FIDA, ainsi que d’observateurs d’organisations gouvernementales et non gouvernementales. Un exposé sur la REAF, présenté par Paolo Silveri, a servi d’introduction. Le MERCOSUR, composé de quatre membres à part entière (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay), de deux membres associés (État plurinational de Bolivie, Chili) et d’un pays candidat à une adhésion pleine et entière (République bolivarienne du Venezuela), est un marché commun régional où les convergences politiques se renforcent. Les exploitations pratiquant une agriculture familiale représentent approximativement 85% du total des exploitations – agriculture et élevage – de la région. La superficie moyenne d’une exploitation familiale est de 25 hectares, et environ 60% de la population rurale travaille sur cette catégorie d’exploitations. L’agriculture familiale représente 35% de la production primaire, et environ 65% des produits alimentaires consommés dans la région en proviennent. Le processus de la REAF a été lancé à l’initiative d’un pays membre (le Brésil) appuyé à l’origine par l’Argentine. La création de la REAF répondait à deux objectifs essentiels: i) faciliter les échanges; et ii) créer un espace de convergence pour des politiques différenciées. Un fonds régional du MERCOSUR a été créé par les gouvernements des pays membres afin d’assurer la continuité du processus pendant une période initiale de cinq ans (2010-2015); son objectif est de faciliter la pérennité du processus et la prise de conscience, aux échelons des pays et du MERCOSUR, que la concertation sur les politiques entre les pouvoirs publics et la société civile est possible et qu’elle peut être efficace. Un ordre du jour permanent a été adopté, plaçant l’agriculture familiale parmi les priorités de l’action des pouvoirs publics au niveau des pays et du MERCOSUR. La COPROFAM coordonne les principales organisations représentatives de l’agriculture familiale dans ces pays, et un réseau de contacts régionaux a été mis en place pour soutenir le processus. Le processus a déjà plusieurs résultats à son actif, dont les principaux sont des changements dans les structures régionales des pouvoirs publics visant à une mise en œuvre adéquate de politiques différenciées en matière d’agriculture familiale (en Argentine et en Uruguay), et la création de programmes régionaux: un programme régional de formation destiné à la jeunesse rurale, déjà appliqué, et un programme régional sur l’égalité hommesfemmes, en cours d’exécution. Au cours du débat qui a suivi la présentation de cet exposé, il a été reconnu que, dans le domaine de la concertation sur les politiques, la REAF constituait une expérience efficace du 48 point de vue de l’élaboration des politiques publiques, ainsi que de l’organisation de rencontres entre les gouvernements et les organisations de la société civile, dans leurs pays respectifs, puis dans l’espace régional du MERCOSUR. Elle offre la possibilité de concevoir et de mettre en œuvre des politiques publiques différenciées pour le secteur de l’agriculture familiale. Elle a donné une visibilité à l’agriculture familiale, à divers points de vue: besoins spécifiques (pour les politiques différenciées) et potentiel économique (offre de marchés intérieurs), social (sécurité alimentaire, colonisation rurale) et environnemental (biodiversité). La REAF a aussi contribué à faire naître la confiance entre les “Nous pouvons demeurer autonomes pouvoirs publics et les organisations du secteur de l’agriculture familiale, rapport aux gouvernements; la par avec des changements dans les modalités d’interaction entre les parties. REAF crée un important espace pour Il a également été fait référence à un processus semblable en cours en un dialogue efficace, sans cooptation Amérique centrale – le Programme régional de dialogue rural, créé dans le par les gouvernements.” contexte du traité de libre-échange entre l’Amérique centrale et la République dominicaine – à propos duquel les mêmes observations ont été Alessandra Da Costa Lunas Santos, COPROFAM formulées au sujet de l’impact sur la concertation sur les politiques et la participation des organisations paysannes. Le programme a permis d’intégrer au sein des instances régionales les organisations du secteur de l’agriculture familiale; il a souligné l’importance de ce secteur et de ses organisations pour la sécurité alimentaire régionale. Les participants à la réunion ont mis en évidence un certain nombre de problèmes: • Aucun résultat de fond n’a encore été atteint en matière d’intégration des échanges et d’intégration de politiques différenciées dans les politiques macroéconomiques à l’échelon des pays. • Les réalisations du processus de concertation sur les politiques doivent être plus efficacement portées à la connaissance de la société civile. • Il faut que les changements d’orientations et les changements institutionnels se traduisent davantage par des investissements importants (publics et privés) en faveur de l’agriculture familiale. • Les engagements pris par les gouvernements doivent être mieux intégrés aux politiques nationales pour garantir la pérennité des résultats atteints par le processus. 4. Comment promouvoir la sécurité alimentaire et l’agriculture paysanne dans un contexte de concurrence croissante pour la terre et d’autres ressources naturelles (Asie et Pacifique) Cette séance a réuni des représentants d’une quinzaine d’organisations paysannes de la région ainsi que d’organisations régionales/mondiales d’agriculteurs et de producteurs actives dans la région. Thomas Elhaut, Directeur de la Division Asie et Pacifique du FIDA, un certain nombre de chargés de programme de pays du FIDA dans la région et d’autres partenaires intéressés, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du FIDA, étaient également présents. La réunion a été présidée par Sana F.K. Jatta, chargé de programme de pays et coordonnateur des partenariats du FIDA avec les organisations paysannes dans la région Asie et Pacifique. La projection d’un documentaire vidéo sur les luttes menées par certaines communautés paysannes pour leur terre a attiré l’attention des participants sur les expériences des paysans sumilao et negros et sur les enseignements tirés de leur campagne en faveur de la mise en œuvre intégrale des dispositions de la loi relative à l’extension du programme global de réforme agraire, récemment promulguée aux Philippines. Le documentaire a montré 49 comment une société civile forte et bien coordonnée et une mobilisation de masse ont réussi à protéger de la conversion certaines terres irrigables de la communauté sumilao malgré l’action de puissants intérêts commerciaux privés qui persécutent parfois impunément les paysans. La présentation des conclusions préliminaires d’une étude, actuellement menée par la Coalition internationale pour l’accès à la terre et le FIDA, sur les investissements en rapport avec la terre en Asie a fourni une vue d’ensemble du phénomène en cours. On observe, en particulier, que le contexte régional est caractérisé par un déclin des dépenses publiques dans le secteur de l’agriculture, associé à une réduction de l’aide au développement outre-mer. Les exemples du Pakistan, de la Malaisie, de l’Inde et de l’Indonésie, entre autres, montrent que cette tendance s’est traduite par un déficit d’investissements que de nombreux gouvernements s’efforcent de combler par des investissements privés (locaux et étrangers). Comme l’a démontré la hausse des investissements étrangers directs en Asie (souvent de caractère intrarégional), cette situation rend les terres agricoles de plus en plus vulnérables à l’exploitation commerciale par d’autres secteurs – ceux du tourisme et de l’énergie, par exemple. De multiples impacts négatifs ont été relevés par l’étude qui met en évidence, parmi les plus importants, le fait que les terres ciblées par les investisseurs privés sont très souvent déjà occupées, ce qui ouvre la porte à des conflits, au déplacement de paysans et à la privation de moyens de subsistance. Les effets incluent également des impacts environnementaux qui peuvent avoir des conséquences négatives si les investisseurs ne prennent pas les précautions requises. Dans certaines régions d’Asie, ce problème est particulièrement crucial parce que certains investissements, comme ceux consacrés à l’extension à grande échelle des plantations de palmiers à huile dans certains pays, auraient provoqué une déforestation. Les débats en séance plénière ont fait apparaître des problèmes et des défis particuliers, résumés ci-après. Mise en œuvre des lois et politiques en vigueur: on a noté que, dans de nombreux pays d’Asie, la réforme agraire existe bien dans les politiques et la législation nationales, mais qu’il arrive souvent qu’elle ne soit pas appliquée, ou qu’elle le soit de manière inadéquate. Des représentants d’organisations paysannes ont cité plusieurs cas où il existe une législation appropriée dans un certain nombre de domaines clés dans leurs pays, comme la conservation des terres agricoles, mais où le suivi de l’application de ces textes est insuffisant. En outre, les entreprises privées étrangères sont parfois autorisées – voire invitées – à réaliser des investissements fonciers pour pratiquer des cultures de rente, créant ainsi des déséquilibres qui compromettent directement la capacité des agriculteurs locaux de produire suffisamment de vivres pour répondre à la demande locale. Il a par conséquent été recommandé qu’une nouvelle réforme agraire soit adoptée, en s’inspirant de modèles mis en œuvre avec succès dans des pays d’Asie comme le Japon et la République de Corée. Manque de cohérence des politiques à l’intérieur des pays: parmi les cas de conflits entre les orientations, on a observé des situations où, d’une part, il existe un fort engagement en faveur de la préservation de la forêt mais où, d’autre part, de vastes superficies de terres forestières sont vendues à des investisseurs étrangers à des fins commerciales. Des conflits du même ordre existent dans certains pays entre la législation sur l’extraction minière, souvent pratiquée par de grandes sociétés, et les lois sur la réforme agraire qui sont censées encourager un meilleur accès des populations autochtones à leurs espaces domaniaux ancestraux. Relations commerciales internationales: certains participants ont exprimé leur préoccupation quant à l’inégalité des relations de pouvoir entre les acteurs de l’économie de marché aux échelons mondial et national, qui rend ces marchés inefficaces et non 50 concurrentiels. L’un des participants s’est même dit préoccupé par le risque d’une apparente “colonisation impérialiste” des terres agricoles des pays en développement par des sociétés transnationales qui encouragent l’utilisation de pesticides et autres produits chimiques potentiellement dangereux, ainsi que la culture de plantes génétiquement modifiées pour réaliser des bénéfices rapides. Agriculture paysanne et inégalité des relations de pouvoir: il a été réaffirmé que les petits paysans peuvent produire suffisamment de vivres pour répondre à la demande locale. Il a été noté, en conséquence, qu’il faudrait mettre l’accent sur l’autonomisation des agriculteurs, et spécialement des petits paysans, pour qu’ils soient en mesure de négocier sur un pied d’égalité avec des intérêts économiques puissants (grandes sociétés et pouvoirs publics) désireux d’avoir accès à leurs terres pour accroître la production alimentaire et leurs revenus. La question est donc de savoir comment établir des partenariats triplement gagnants avec des investisseurs dans le secteur de la production agricole par le biais de modèles opérationnels conçus de manière appropriée pour protéger les intérêts des paysans. Souveraineté alimentaire: de nombreux participants ont demandé que les agriculteurs obtiennent la maîtrise du processus de production vivrière. Certains participants estiment en particulier que la pratique des monocultures devrait être découragée et remplacée par des systèmes d’exploitation diversifiés incluant des pratiques telles que l’agriculture biologique. Rôle des gouvernements nationaux: il a été noté que de nombreux investissements de grande ampleur ne peuvent pas être réalisés sans le soutien des pouvoirs publics. Il convient par conséquent de mener des actions de plaidoyer auprès des gouvernements afin qu’ils jouent, de manière responsable, un rôle pilote dans les investissements agricoles plutôt que de laisser le secteur privé national ou les investisseurs étrangers directs usurper ce rôle. Politiques agricoles: dans plusieurs pays, les politiques de protection des paysans auraient été réduites par la suppression des subventions qui leur étaient accordées, ce qui a rendu beaucoup plus difficile l’augmentation de la production agricole, spécialement lorsque cela va de pair avec de faibles investissements publics dans le secteur agricole. Dans certains pays, l’autosuffisance alimentaire est mise en péril par la trop grande importance accordée à l’agriculture axée sur les exportations. Terres côtières: dans certains pays, spécialement ceux ayant une longue façade maritime, les terres côtières sont ciblées par des sociétés privées en vue d’une exploitation commerciale, par exemple pour la culture de canne à sucre. Certains des exemples cités auraient eu un impact négatif sur les moyens de subsistance des pêcheurs vivant dans les zones concernées. Coexistence de l’agriculture paysanne et de l’agriculture commerciale: malgré l’aversion que certaines personnes manifestent à l’égard des grandes sociétés internationales, des industries agroalimentaires et de la monoculture, les débats de la session ont mis en évidence la nécessité de faciliter la coexistence des deux modèles de production afin qu’ils puissent se renforcer mutuellement. Les participants ont notamment recommandé: • une politique mondiale de réglementation des grands investissements fonciers, et notamment le parachèvement et la mise en œuvre effective des Directives volontaires partant de la base, dont l’initiative a été prise par la FAO; • un système de production agricole fondé sur la protection de la biodiversité et de l’environnement et sur l’autonomisation des communautés agricoles rurales en tant que partenaires et parties prenantes sur un pied d’égalité; 51 “Je voudrais très sincèrement remercier le FIDA pour l’organisation du Forum paysan. Je participe à un grand nombre de réunions internationales à travers le monde, et celle-ci me frappe agréablement par la qualité du débat et par celle des personnes qui y participent... et par l’importance accordée aux petits exploitants plutôt qu’aux processus de concentration des terres, qui en accroissant les superficies des exploitations réduisent en même temps le nombre d’exploitants.” Andre Leu, IFOAM 52 • une participation des organisations paysannes à tous les stades du processus décisionnel, conduisant à des lois et réglementations qui protégeront les droits d’accès à la terre; • une coopération Sud-Sud, en particulier entre les organisations paysannes, venant s’ajouter à la coopération Nord-Sud, qui peut être facilitée par le biais du Forum paysan; • un effort supplémentaire de conception et de mise en œuvre, entre agriculteurs et grands investisseurs, de différents modèles de partenariat susceptibles de déboucher sur une situation gagnantgagnant; • un soutien à un code mondial de conduite pour les investisseurs dans le secteur de l’agriculture pour éviter que des investisseurs sans scrupules, peu nombreux, ne profitent de la situation dans des pays où les systèmes de gouvernance foncière ne sont pas solides. Le représentant de la FAO, Paul Mathieu, a annoncé la publication d’une étude parrainée conjointement par la FAO, le FIDA, l’Institut international pour l’environnement et le développement et l’Agence suisse de développement et de coopération, dans laquelle sont analysés divers types d’arrangements de coopération entre d’importants investisseurs et des petits exploitants locaux, comme les diverses formes d’agriculture sous contrat, les entreprises conjointes, les contrats de gestion et les nouvelles relations et les nouveaux partenariats au sein des filières. Il a été reconnu, parmi les principales conclusions de l’étude, qu’aucun de ces modèles ne peut être considéré comme l’unique solution. Le contexte est fondamental, et les négociations sont fortement caractérisées par des asymétries de pouvoir entre les investisseurs, les pouvoirs publics à l’échelon local ou central, et les agriculteurs locaux. Le rapport relève deux conditions préalables fondamentales qui doivent être remplies pour qu’un modèle quelconque d’investissement en partenariat soit équitable: la symétrie dans l’accès à l’information, et la sûreté des droits fonciers des pauvres. Étant donné que la gouvernance foncière, plutôt que les acquisitions de terres en elles-mêmes, joue un rôle central indispensable à la réussite d’un partenariat gagnant-gagnant, la FAO a entrepris l’élaboration d’un ensemble de Directives volontaires sur la gouvernance responsable de la tenure des terres et des autres ressources naturelles, dans le cadre d’un processus entièrement consultatif avec une forte participation d’organisations de la société civile. En conclusion, Thomas Elhaut a souligné l’importance du rôle des organisations paysannes dans la recherche de réponses aux défis posés par les grands investissements fonciers des sociétés et des investisseurs privés. Il a encouragé les représentants des organisations paysannes à demeurer vigilants dans la mise en œuvre de grands investissements fonciers dans leurs pays, mais aussi à continuer, de manière constructive, à faire participer les investisseurs, en qualité de partenaires égaux, au profit des paysans membres. Il a confirmé la disposition du FIDA à faciliter la poursuite de consultations sur les grands investissements fonciers au cours de l’année 2010 et au-delà. Ces consultations auront pour base les conclusions de l’étude en cours commanditée par la Coalition internationale pour l’accès à la terre, avec le soutien de la Division Asie et Pacifique du FIDA, et portant sur les pressions commerciales exercées sur la terre dans un certain nombre de pays de la région. FIDA/Susan Beccio 54 VI. Synthèse des délibérations Synthèse À la fin des débats en séance plénière, une synthèse des délibérations a été rédigée et soumise aux participants au Forum paysan, à la Direction du FIDA et aux représentants des États membres présents à cette séance finale. C’était la première fois que les gouvernements des pays membres étaient invités à participer à cette séance du Forum paysan. La synthèse a été entérinée par le comité de pilotage du Forum paysan et par les représentants des organisations paysannes. C’est Alphonsine Nguba Ngiengo, de la Confédération paysanne du Congo (COPACO-PRP), membre du comité de pilotage du Forum paysan, qui en a donné lecture en séance plénière du Conseil des gouverneurs du FIDA, le 17 février. Cette synthèse est présentée ci-dessous in extenso. “De par le monde, l’agriculture n’est pas une priorité. Grâce au FIDA, nous, les paysans, avons la possibilité de débattre dans ce forum de ces questions et de rédiger une déclaration à soumettre aux gouvernements. Nous pourrions, dans d’autres enceintes, maximiser aussi notre potentiel, non pas en qualité d’observateurs mais en nouant un dialogue effectif avec les gouvernements. Nous devrions envisager cette possibilité.” Pedro Rafael Alegría Moncada, La Via Campesina (Honduras) Synthèse des délibérations de la troisième réunion mondiale du Forum paysan, organisée en marge de la trente-troisième session du Conseil des gouverneurs du FIDA 15-16 février 2010 Excellences, Mesdames et Messieurs les Gouverneurs du FIDA, Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs, Nous, les participants au Forum paysan, représentant des millions de petits et moyens agriculteurs, éleveurs et pêcheurs artisanaux, avons travaillé au cours des quatre derniers jours, dans le cadre de la troisième réunion du Forum paysan au FIDA, et avons approuvé la synthèse ci-après de nos délibérations. Depuis la précédente réunion du Forum paysan il y a deux ans, le monde a connu des crises multiples, aggravées par la récession mondiale et le changement climatique. Ceux qui sont pauvres et souffrent de la faim sont aujourd’hui plus nombreux. Nous voulons souligner les paroles prononcées par le Président du FIDA à l’ouverture de notre forum, qui a déclaré que ces crises “attirent l’attention du monde sur l’importance du développement de l’agriculture en tant que source de croissance économique et de stabilité politique... Les investissements dans le développement rural et une attention sérieuse portée au rôle que jouent les ruraux pauvres, hommes et femmes, dans la croissance agricole, et en particulier le rôle des petits exploitants à travers le monde, doivent être au cœur des politiques gouvernementales et de leurs agendas pour le développement.” Nous reconnaissons le rôle significatif de l’agriculture familiale dans le monde, et nous apportons notre soutien à la campagne pour la proclamation, par les Nations Unies, d’une année internationale de l’agriculture familiale. Nous assistons partout à travers le monde à une compétition croissante pour la terre et l’eau, avec une concentration croissante des terres et des acquisitions foncières à grande échelle par des entreprises transnationales et les élites locales. Ces pratiques ont pour résultat que des communautés rurales se voient exclues de l’accès à la terre et à l’eau, ressources fondamentales dont elles dépendent en tant que producteurs agricoles. Il faut inclure, parmi ces ressources, nos ressources halieutiques, qui s’épuisent de plus en plus. Il est important de 55 continuer à promouvoir la participation de nos organisations paysannes à l’élaboration des Directives volontaires sur la gouvernance responsable de la tenure des terres et des autres ressources naturelles, à titre de suivi de la Conférence internationale sur la réforme agraire et le développement rural. Nous voulons que la maîtrise de l’agriculture nous revienne, à nous qui cultivons la terre et nourrissons le monde. Aucune réponse efficace ne peut être apportée aux défis que constituent la sécurité alimentaire pour tous, l’élimination de la pauvreté et l’atténuation des effets du changement climatique sans une augmentation et une amélioration des investissements consacrés à nos exploitations agricoles et à nos communautés rurales, et sans des politiques de soutien accru au développement rural. La communauté internationale a reconnu comme principe fondamental la définition et l’appropriation par chaque pays des politiques de développement agricole et rural. Mais cette appropriation ne doit pas se limiter à nos gouvernements et à nos administrations. Par conséquent, en tant qu’organisations légitimes et autonomes de producteurs agricoles, nous affirmons qu’il est de notre devoir et de notre droit d’être associées à la conception, l’exécution et l’évaluation de ces politiques et programmes de développement rural dont les avantages ne vont pas seulement à nos communautés rurales, mais aussi à nos concitoyens urbains qui dépendent de la nourriture que nous produisons. Partenariat entre le FIDA et les organisations paysannes dans le cadre des programmes de pays. Nous sommes très satisfaits des progrès réels réalisés dans la consultation et le partenariat entre le FIDA, les gouvernements et nos organisations depuis la création du Forum paysan, et en particulier au cours des deux dernières années. Nous sommes d’accord avec le Président du FIDA lorsqu’il souligne que les partenariats du FIDA avec les organisations paysannes ont amélioré la compréhension, par le Fonds, de la pauvreté rurale, qu’ils ont permis au FIDA de veiller à ce que l’accent soit davantage mis sur les plus petits et les plus pauvres des paysans, et qu’ils ont également permis de mieux valoriser les connaissances et l’expérience locales et autochtones, avantages qui se sont traduits, à leur tour, par l’amélioration des projets et des bénéfices plus durables pour les petits exploitants. Nous reconnaissons, dans le même temps, que nous devons faire plus et mieux pour approfondir ce partenariat. Afin de saisir toutes les occasions offertes par une participation plus générale des producteurs ruraux, nous avons besoin de temps et de ressources pour nous consulter. Nous soumettons les recommandations suivantes au FIDA: • étendre le partenariat à tous les pays dans lesquels le FIDA intervient, en prenant en compte la diversité des organisations des ruraux pauvres; • inclure systématiquement au moins une organisation faîtière nationale parmi les membres de l’équipe de gestion du programme de pays afin qu’elle contribue au pilotage du programme (formulation du COSOP, conception et exécution des projets et programmes, concertation sur les politiques et autres initiatives); • créer, au sein du budget du FIDA, un guichet souple et répondant à la demande visant à faciliter la participation des organisations paysannes au COSOP et au cycle du projet; • élaborer des directives opérationnelles pour appuyer la participation systématique des organisations paysannes au niveau du pays, et en particulier au suivi et à l’exécution des programmes financés par le FIDA; • veiller à systématiser la pratique, déjà bien établie, des consultations avec les organisations paysannes. À cet égard, le FIDA et les organisations paysannes régionales et internationales pourraient tenir à jour un fichier d’organisations qui pourraient être systématiquement invitées lorsque le FIDA est sur le point d’entamer la conception d’un projet; et • dresser un bilan des leçons à tirer des programmes conduits avec les organisations paysannes, dans la perspective d’une réplication à plus grande échelle; et promouvoir les échanges Sud-Sud et développer les connaissances entre les paysans. (Nous recommandons, à ce propos, d’étudier la possibilité de répliquer les programmes des “itinéraires d’apprentissage”, mis en œuvre avec succès en Amérique latine.) 56 Suivi-évaluation (S&E). Il est recommandé d’ouvrir systématiquement aux organisations paysannes les systèmes de S&E des projets pour leur donner les moyens d’influencer leur mise en œuvre et d’avoir accès à des informations essentielles. La participation des organisations paysannes à l’équipe de gestion du programme de pays servira de point d’entrée pour un suivi en commun des résultats et des impacts du programme de pays du FIDA et pour évaluer la qualité de l’implication des organisations paysannes. Appui direct aux organisations paysannes. Nous avons noté avec satisfaction l’appui direct croissant que le FIDA a apporté, au cours des années, à nos organisations par le biais d’un financement, sous forme de dons, des programmes de renforcement des capacités. Nous convenons avec le FIDA que l’appui direct à nos organisations devrait être acheminé principalement par l’intermédiaire de nos réseaux et fédérations à l’échelle régionale, dans un souci d’économies d’échelle et d’efficience. L’appui direct à des organisations nationales ou locales devrait néanmoins demeurer possible. À mesure que l’appui s’élargit, le FIDA attend aussi des organisations paysannes qu’elles conduisent leurs propres évaluations des avantages et de l’impact de cet appui sur les groupes cibles du FIDA au sein de leurs propres organisations, particulièrement en termes de développement économique. Il faudrait en outre procéder à un recensement plus systématique des synergies entre l’appui direct au renforcement des organisations paysannes et la capacité de ces organisations de bénéficier des projets d’investissement de plus grande ampleur appuyés par le FIDA et les gouvernements. Il conviendra d’analyser les synergies entre ces deux processus. Processus du Forum paysan. Nous demandons à nouveau que le Forum paysan soit un processus de consultation permanent, de la base au sommet, prenant pleinement en compte la diversité de nos organisations et respectant leur autonomie. Nous recommandons, à cet égard, que chaque division régionale du FIDA élabore et exécute ses propres plans de concertation et de consultation au niveau des pays et des régions, en partenariat avec les membres du comité de pilotage du Forum, en vue d’organiser des réunions régionales ou sous-régionales du Forum paysan dans au moins cinq régions/sous-régions au cours des deux prochaines années, avec des contributions des organisations paysannes. Les plans des divisions régionales devraient être élaborés au cours des prochains mois et soumis, pour observations et validation, au comité de pilotage du Forum paysan. Il est suggéré qu’au niveau régional la consultation soit systématiquement liée aux possibilités existantes en rapport direct avec les opérations du FIDA dans ses cinq régions. Ainsi: • Pour l’Amérique latine et les Caraïbes, une session spéciale serait organisée chaque année dans le contexte des processus d’intégration régionale, et notamment le CAFTA-DR et le REAF/MERCOSUR. • Dans les autres divisions régionales du FIDA, les organisations paysannes nationales seraient invitées à participer à l’Atelier régional annuel sur l’exécution des projets, et une journée supplémentaire serait ajoutée à l’ordre du jour pour établir un bilan et définir les moyens d’accélérer le partenariat, au niveau national, entre le FIDA, les organisations paysannes et les gouvernements nationaux. Il est également recommandé que le FIDA amorce un dialogue avec le Secrétariat du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique en vue de l’établissement d’un point focal du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine afin d’accélérer le partenariat avec les organisations paysannes. Les femmes dans l’agriculture et les organisations paysannes2 Nous, femmes paysannes, pêcheuses et éleveuses, attirons une fois encore l’attention sur la disproportion flagrante entre les rôles des femmes dans tous les aspects de l’agriculture dans l’ensemble du monde en développement et l’insuffisance de la reconnaissance, des droits, des 2 Cette déclaration a été préparée dans le cadre d’une session spéciale du Forum paysan: “Atelier préparatoire sur le thème Promouvoir la participation des femmes aux instances dirigeantes des organisations paysannes et de producteurs ruraux”. 57 ressources et des services dont nous bénéficions. Nous lançons aussi un signal d’alarme à propos des effets du changement climatique et de la crise financière sur les femmes, car ils se traduisent par une augmentation de la pauvreté et des pénuries alimentaires. À cause de la pauvreté et de l’absence de services dans les zones rurales, nos fils et nos filles ne veulent pas être des paysans et continuent de migrer vers les zones urbaines. Cette situation suscite une question capitale: comment assurer la rentabilité et la durabilité de l’activité agricole afin de garantir un avenir à la prochaine génération de paysans, femmes et hommes? Des organisations de producteurs efficaces et représentatives peuvent constituer un puissant instrument permettant aux femmes rurales de faire entendre leur voix, afin que nous puissions exercer une plus grande influence sur les décisions qui affectent nos vies et nos moyens de subsistance. Mais, à ce jour, nos voix n’ont été que trop rarement entendues au sein de nos organisations. L’autonomisation économique des femmes ainsi que leur savoir et leurs compétences accrus sont des préalables essentiels pour améliorer notre statut et nos moyens de subsistance et pour nous permettre de jouer un rôle efficace au sein des organisations de producteurs. Nous invitons instamment le FIDA et les autres bailleurs de fonds à consacrer de nouvelles ressources à l’appui de l’autonomisation économique des femmes paysannes. Nous avons besoin de ces ressources pour renforcer nos savoirs, nos compétences et notre rôle dirigeant, afin de produire et de transformer les produits alimentaires de manière plus efficace et plus durable, pour nos familles ainsi que pour les marchés. Nous invitons instamment le FIDA et les autres bailleurs de fonds à orienter des ressources vers les structures féminines au sein des organisations paysannes et à exiger des quotas à respecter. Nous invitons aussi spécifiquement le FIDA: • à poursuivre et à accroître les efforts visant à permettre aux femmes d’obtenir un meilleur accès aux moyens de production, y compris la terre et l’eau, et de mieux maîtriser ces moyens; • à appuyer l’élaboration et la mise à disposition de services financiers adaptés à l’agriculture et à rendre possible l’augmentation des revenus des femmes; • à prévoir chaque fois que cela sera possible, outre l’intégration des préoccupations relatives à l’égalité entre les hommes et les femmes dans l’ensemble des projets et des programmes, l’affectation de fonds réservés aux femmes dans les programmes financés par le FIDA à titre de mesure de discrimination positive – par exemple, au titre des fonds de développement communautaire et au titre de la formation; • à utiliser le financement sous forme de dons pour le renforcement des capacités des femmes – y compris le cas échéant pour des installations de protection de l’enfance – lorsqu’il n’est pas possible de financer de telles activités par un prêt; • lorsque les programmes financés par le FIDA appuient l’accès à la terre et à d’autres types de propriété, à chercher à négocier l’attribution de titres de propriété conjoints, avec l’appui de services juridiques consultatifs pour permettre aux femmes de défendre leurs droits; et • à prêter attention, dans le contexte d’une indispensable focalisation sur la jeunesse rurale, à la situation et aux besoins spécifiques des jeunes femmes. Dans le contexte de l’engagement du FIDA auprès des organisations paysannes, nous recommandons que le FIDA: • fasse de la place aux femmes dirigeantes paysannes afin qu’elles participent aux processus d’élaboration des politiques aux niveaux national et mondial, ainsi qu’aux consultations sur la stratégie du FIDA dans les pays; • détermine, dans la conception des projets et programmes travaillant avec les organisations paysannes, des quotas réservés aux femmes (qui ne seront pas, là où c’est possible, inférieurs à 30% et viseront à atteindre, progressivement, 50%); fournisse des moyens pour inciter les organisations de producteurs à atteindre ces cibles; et assure le suivi de leur exécution; 58 • investisse davantage de ressources sous forme de dons pour accroître la capacité des organisations paysannes d’aborder les questions d’égalité entre les hommes et les femmes et d’autonomiser les femmes et pour renforcer le rôle dirigeant des femmes – si possible en acheminant directement des fonds vers les structures féminines au sein de nos organisations; et • implique les femmes leaders d’organisations paysannes dans la supervision et le suivi des programmes de développement. Enfin, nous notons avec satisfaction que le chiffre de 30% de femmes participantes recommandé lors de la précédente réunion du Forum paysan a été dépassé cette année. Nous demandons le maintien de la proportion actuelle de 40% au cours des prochaines réunions, l’objectif étant de l’augmenter progressivement à l’avenir. Investir dans les jeunes paysans Nous sommes tous conscients de la nécessité urgente d’aborder la question des jeunes agriculteurs. Notre agriculture familiale doit être rémunératrice et leur assurer une vie digne. Il faut assurer aux jeunes paysans, femmes et hommes, un accès aux facteurs de production – terre, crédit et formation. À cet égard, nous recommandons au FIDA: • de recenser les organisations de jeunes agriculteurs et de jeunesse rurale, et leurs réseaux (nationaux et régionaux); • d’organiser une session spéciale du Forum paysan semblable à celle consacrée cette année aux femmes, et de veiller à ce que les jeunes soient davantage représentés aux prochaines réunions du Forum paysan; • de désigner au sein du FIDA un point focal pour la jeunesse; • d’organiser un atelier mondial sur la participation des jeunes au programme Agriculture durable et développement rural au cours de cette année, proclamée Année internationale de la jeunesse par les Nations Unies; • d’intégrer les jeunes dans tous les programmes et politiques du FIDA, en respectant l’équilibre entre les sexes et en mettant l’accent sur l’élaboration de programmes de renforcement et d’amélioration des capacités pour permettre aux jeunes ruraux de s’engager dans une production alimentaire durable et dans des emplois agricoles et ruraux; • de lancer des projets pilotes à l’appui des jeunes ruraux; et • d’organiser des échanges de jeunes pour un partage d’expériences sur les meilleures pratiques et pour l’apprentissage. Nous adressons à nouveau nos remerciements sincères au FIDA pour sa réponse positive à notre demande de création du Forum paysan en tant que plate-forme unique pour un dialogue sans exclusive sur le développement rural et pour l’occasion qui nous est offerte de prendre la parole devant son Conseil des gouverneurs. Je vous remercie de votre attention. La réponse de la Direction générale du FIDA Kevin Cleaver, Vice-Président adjoint du FIDA, chargé des programmes, a répondu à un grand nombre de points soulevés dans la synthèse des délibérations. Il a réaffirmé l’importance du Forum paysan en tant que moyen, pour les organisations paysannes, d’exprimer des points de vue qui font si souvent défaut dans le dialogue avec les pouvoirs publics. Il a souligné la situation difficile des femmes et des enfants et insisté sur la volonté du FIDA de chercher à y remédier. Il a aussi reconnu que les organisations paysannes ont besoin d’un soutien financier et technique direct accru, et démontré l’engagement du FIDA sur ce point en déclarant que ce soutien a été multiplié par quatre entre 2008 et 2009. Il a également pris acte de ce que les pêcheurs et les peuples autochtones ne peuvent pas être négligés. Kevin Cleaver a expliqué que le FIDA doit rendre des comptes aux gouvernements et que les mesures qu’il prend, sur le plan des politiques, peuvent créer un lien entre les 59 organisations paysannes et les pouvoirs publics, qu’il s’agisse d’expression, de renforcement des capacités ou d’investissement direct. Il a déclaré que le FIDA continuera à financer les organisations paysannes par le biais de projets, sur le plan régional par le biais de dons, et sur le plan international par le biais de conférences et d’autres enceintes. Il a aussi réaffirmé que le FIDA – et cela a été déjà démontré – est résolu à encourager la participation des organisations paysannes à la conception des COSOP et des projets, affirmant que la qualité des projets s’améliore précisément grâce à cette participation des organisations paysannes à leur formulation. Dans le même temps, a-t-il déclaré, cet engagement financier, tout comme la supervision directe des projets, ne peut pas être garanti pour tous les pays, étant donné que certains gouvernements ne l’autorisent pas. Il a ensuite abordé, pour y répondre, les points qu’il a qualifiés de “plus controversés”. • Accaparement des terres et investissements étrangers privés: cette “Nous demanderons toujours question est l’une des plus controversées aujourd’hui. L’investissement l’autorisation du gouvernement. Nous privé peut cependant être le meilleur ou le pire. Le FIDA estime qu’il chercherons à le convaincre, mais doit être régi par des principes, et il a publié à cet effet des principes nous ne pouvons pas lutter contre lui.” dont les investisseurs pourraient utilement s’inspirer. L’investissement Kevin Cleaver, Vice-Président adjoint privé va faire partie de la réalité. Il faut simplement veiller à ce qu’il du FIDA soit bénéfique et non nuisible. • Suivi-évaluation: l’idée selon laquelle le S&E pourrait aller au-delà de l’usage qu’en font les donateurs, et qu’il pourrait être à la disposition des organisations paysannes, est une idée bienvenue. Si les organisations paysannes participent à la supervision et à la conception et savent ce qu’il se passe, les résultats n’en seront probablement que meilleurs. • Filières: le rôle du FIDA consiste à aider les agriculteurs à participer à ce qui existe déjà. La plupart des paysans vendent leurs produits à quelqu’un. Mais il existe un déséquilibre de pouvoir, et le FIDA a pour mission de renforcer la partie “paysanne” de cette équation. • Échanges: certains croient à l’utilité des barrières à l’importation, à l’autosuffisance alimentaire. Il existe un déséquilibre dans la plupart des accords de libre-échange. Le FIDA ne peut intervenir dans ce débat que de manière limitée. Mais nous nous efforcerons de vous écouter et de respecter vos points de vue, et de vous aider à renforcer votre capacité d’influencer vos gouvernements. Kevin Cleaver a souligné, en conclusion, l’importance d’être à l’écoute des points de vue de chacun: c’est seulement ainsi que nous irons de l’avant. La réponse des gouvernements des États membres La parole a ensuite été donnée, en séance plénière, aux représentants des gouvernements membres (en particulier les membres du Conseil d’administration). La demande d’un débat au Conseil d’administration sur la synthèse des délibérations du Forum a été l’un des thèmes les plus souvent abordés. On trouvera ci-après un résumé des observations formulées par les gouvernements membres: Suède. Je n’avais jamais assisté à une réunion de ce type, avec des paysans venant de toutes les régions du monde et un si grand nombre de femmes. Je pense que vous avez tous droit à pratiquer une agriculture rentable. Argentine. La synthèse des délibérations devrait être transformée en un document de travail à soumettre au Conseil d’administration, afin que ce dernier puisse l’utiliser pour répondre à certaines 60 des questions soulevées. Un appel a été lancé en vue de rapprocher les véritables bénéficiaires des projets du FIDA et les pouvoirs publics. Les membres du Conseil d’administration ont un rôle à jouer dans ce rapprochement. France. Je voudrais exprimer mon soutien résolu à l’idée d’intégrer votre synthèse des délibérations à l’ordre du jour du Conseil d’administration. Il est important que vous transmettiez ces idées et que vous en fassiez un document de travail, pas seulement pour le FIDA, mais aussi pour ses organes directeurs. Certains des points de ce document pourraient être discutables, mais le moment est venu d’en débattre. Vous avez accompli un bond en avant, quantitatif et qualitatif. J’aimerais beaucoup être ici pour travailler avec vous. Guatemala. Tout comme certains de mes collègues, j’ai assisté aux précédentes réunions du Forum paysan, et je voudrais vous féliciter pour les améliorations significatives observées au cours de cette manifestation. Je pense aussi que nous devons prendre en compte dans nos travaux la déclaration et les suggestions qu’elle contient, afin de parvenir à une vision de ce qui se passe sur le terrain, et de comprendre la réalité des bénéficiaires des programmes du FIDA. Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord. L’idée de faire participer davantage les organisations paysannes à la conception, à l’exécution et à d’autres phases des projets me paraît très convaincante. Comment intégrer ce processus au niveau opérationnel, où il peut réellement avoir un sens? Comment y parvenir lorsque le retour d’information du terrain n’est pas toujours suffisant? Nous pouvons compter sur le FIDA pour qu’il crée ces processus vertueux d’information aux niveaux pertinents. Canada. Le soutien direct apparaît clairement comme une question importante, très probablement comme moyen de garantir que l’argent parvient bien aux utilisateurs finaux. Ouganda. Si les gouvernements ne sont pas en accord avec les idées pour lesquelles milite le FIDA, ce dernier doit alors s’engager auprès des gouvernements pour souligner que les organisations paysannes font partie des acteurs des filières. De toute façon, les gouvernements ont besoin du FIDA pour s’ organiser. Il y a de bons combats et de mauvais combats. Le FIDA doit mener le bon combat. Clôture du Forum paysan C’est Yukiko Omura, Vice-Présidente du FIDA, qui a présidé la clôture officielle du Forum paysan, en rendant hommage aux participants pour les nombreux et importants messages formulés dans la synthèse des délibérations. Elle a assuré les participants que le FIDA ferait tout ce qui est en son pouvoir pour apporter son soutien, combler les écarts et réduire les déséquilibres. Elle a souligné que la plate-forme du Forum paysan est unique non seulement en ce qu’elle permet des échanges d’idées et d’opinions, mais aussi parce qu’elle concerne une action Yukiko Omura, Vice-Présidente du FIDA commune sur le terrain en vue de produire des résultats utiles aux ruraux pauvres, hommes et femmes. Elle a remercié les organisations paysannes pour le long voyage qu’elles ont effectué pour partager leur clairvoyance quant à la voie à suivre. Elle a conclu sa déclaration en citant une phrase prononcée par le Président du FIDA à l’ouverture du Forum paysan – “Nous devons investir dans les jeunes ruraux d’aujourd’hui, car ils seront les agriculteurs de demain” –, et elle a assuré le Forum que le FIDA serait partie prenante de cette transformation. 61 APPENDICE I Ordre du jour du Forum Session spéciale du Forum paysan Atelier préparatoire – Promouvoir la participation des femmes aux instances dirigeantes des organisations paysannes et de producteurs ruraux Vendredi 12 février 2010 (ARAN Park Hotel) 16.30 Inscription des participants 17.30–19.30 Session d’introduction – prises de contact informelles – explication de l’ordre du jour – attente (cocktail) 19.30 Dîner offert aux participants et aux invités extérieurs Samedi 13 février 2010 (siège du FIDA) 9.00–10.30 Introduction et débat en séance plénière – salle de conférences Italie 10.30–10.45 Pause-café 10.45–13.00 Groupes de travail (réunions parallèles) – salle Ovale A, salle Ovale B, C 200, C 300 13.00–14.00 Déjeuner (ingrédients biologiques) 14.00–15.30 Plénière: comptes rendus des groupes de travail et débat – salle de conférences Italie 15.30–15.45 Pause-café 15.45–17.00 Groupes de travail (réunions parallèles) – salle Ovale A, salle Ovale B, C 200, C 300 17.00–18.00 Plénière: comptes rendus des groupes de travail et débat – salle de conférences Italie 18.00–18.30 Plénière: conclusion – salle de conférences Italie Dimanche 14 février 2010 (ARAN Park Hotel) 62 9.00–18.00 Réunions préparatoires et parallèles des réseaux d’organisations paysannes et de producteurs ruraux 14.00–18.00 Inscription des participants 18.15–20.00 Réunion d’information avec les membres du comité de pilotage du Forum paysan 15-16 février: réunion mondiale du Forum paysan Lundi 15 février 2010 9.00–10.30 Séance d’ouverture – salle de conférences Italie Allocution du Président du FIDA Interventions des membres du comité de pilotage du Forum paysan: FIPA, La Via Campesina, Forum mondial des populations de pêcheurs, Forum mondial des aquaculteurs et pêcheurs, ROPPA, Association des agriculteurs d’Asie pour le développement rural durable, COPROFAM (5 minutes chacun) 10.30–10.45 Pause-café 10.45–12.30 Séance plénière: tendances et faits nouveaux en matière de partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes 12.30–13.00 Séance plénière: compte rendu de l’atelier préparatoire de samedi sur la promotion de la participation des femmes aux instances dirigeantes des organisations paysannes 13.00–14.30 Déjeuner (ingrédients biologiques) 14.30–17.30 Réunions des groupes de travail régionaux: progrès réalisés et objectifs futurs des partenariats FIDA/organisations paysannes aux niveaux national et régional: Afrique de l’Ouest et du Centre – salle Ovale A Afrique orientale et australe – C 300 Proche-Orient, Afrique du Nord, Europe centrale et orientale – salle Ovale B Amérique latine et Caraïbes – salle de conférences Italie Asie et Pacifique – C 200 17.30–18.30 Préparation des comptes rendus des groupes de travail régionaux 18.00 Cocktail – zone des conférences 20.00 Séance de travail nocturne du comité de pilotage sur les recommandations concernant l’évolution des partenariats FIDA/organisations paysannes Mardi 16 février 2010 8.30 – 10.30 Réunion des groupes de travail thématiques régionaux (en parallèle): Afrique de l’Ouest et du Centre: rôle des organisations paysannes dans le développement des filières et comment reproduire les réussites exemplaires – salle Ovale A Afrique orientale et australe: comment promouvoir l’accès des petits exploitants agricoles aux marchés – C 300 Amérique latine et Caraïbes: action des pouvoirs publics et agriculture familiale: politiques et programmes d’investissements différenciés pour les petits paysans – salle de conférences Italie Asie et Pacifique: comment promouvoir la sécurité alimentaire et l’agriculture paysanne dans un contexte de concurrence croissante pour la terre et d’autres ressources naturelles – salle Ovale B 10.30 – 11.00 Pause-café 11.00 – 12.30 Séance plénière: rapports des groupes de travail thématiques régionaux et débat général – salle de conférences Italie 63 12.30 – 14.00 Déjeuner (ingrédients biologiques) Préparation de la synthèse des délibérations (Comité de pilotage du Forum paysan) 14.00 – 16.30 Séance plénière – salle de conférences Italie Comptes rendus des groupes de travail régionaux concernant les partenariats FIDA/organisations paysannes aux niveaux régional et national; débat sur les conclusions et recommandations Présentation, discussion et approbation, par les représentants des organisations paysannes, de la synthèse des délibérations en vue de sa présentation au Conseil des gouverneurs 16.30 – 16.45 Pause-café 16.45 – 18.30 Séance plénière finale – Salle de conférences Italie (Séance ouverte aux Gouverneurs et aux membres du Conseil d’administration du FIDA) Réactions de la Direction du FIDA à la synthèse des délibérations Discussion avec les membres du Conseil d’administration Clôture du Forum Les participants au Forum paysan sont invités à assister, en qualité d’observateurs, au Conseil des gouverneurs. La synthèse des délibérations du Forum paysan sera présentée au Conseil des gouverneurs au cours de la séance plénière qui se tiendra dans la matinée du mercredi 17 février. Les participants au Forum auront la possibilité de participer aux quatre événements parallèles organisés dans la matinée du jeudi 18 février. Événements parallèles au Forum paysan Jeudi 18 février 2010 (siège du FIDA) 64 14.30 – 17.00 Comment aider les organisations paysannes et de producteurs ruraux à fournir des services adéquats à leurs membres? – salle Ovale 14.30 - 17.00 Qu’est-ce que le programme “Achats au service du progrès” (P4P)? Collaboration avec les organisations paysannes et de producteurs ruraux à différents échelons – salle de conférences Italie APPENDICE II Discours d’ouverture du Président Représentants des organisations paysannes et de producteurs ruraux, partenaires, collègues, Mesdames et Messieurs, permettez-moi tout d’abord d’exprimer mon grand plaisir de vous accueillir tous ici au siège du FIDA pour cette troisième réunion du Forum paysan. Vous êtes les bienvenus. Je voudrais spécialement souhaiter la bienvenue aux femmes dirigeantes présentes ici aujourd’hui. Un grand nombre d’entre elles ont déjà participé, samedi, à l’atelier sur le leadership féminin. Je suis ravi de savoir que les femmes représentent, cette année, 40% des participants au Forum paysan. C’est là un très grand progrès depuis la première réunion du Forum paysan, en 2006, où elles n’étaient que 9%. Le FIDA est fermement résolu à renforcer le rôle moteur joué par les femmes et leur influence en matière de prise de décisions dans l’agriculture. En fait, tel est exactement le deuxième engagement que j’ai pris, au nom du FIDA, lorsque j’ai reçu la Torche de champion de l’OMD 3, qui m’a été remise l’an dernier à Istanbul par la Ministre de la coopération pour le développement du Danemark. Avant de prononcer quelques mots à propos du Forum, permettez-moi de dire que le FIDA s’associe à la communauté internationale pour rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie ou souffert de la catastrophe qui a frappé, le 12 janvier, Port-au-Prince, en Haïti. Vendredi dernier, un mois après le séisme, les institutions basées à Rome ont annoncé la constitution d’une équipe spéciale chargée d’apporter une aide coordonnée à Haïti. Le FIDA est à l’avantgarde pour aider Haïti à faire en sorte que la prochaine campagne agricole soit aussi productive que possible. De manière plus générale et au plan mondial, nous explorons au FIDA les moyens de mieux soutenir les agriculteurs – et en particulier les petits exploitants qui sont extrêmement vulnérables à l’impact des catastrophes – et les possibilités de mettre en place un cadre général de réaction rapide pour le relèvement et la reconstruction afin de renforcer notre capacité opérationnelle d’apporter une aide dans des circonstances aussi dramatiques partout dans le monde. Permettez-moi maintenant d’aborder les petits exploitants et le Forum paysan. Depuis la précédente réunion du Forum paysan, il y a deux ans, le monde a connu de multiples crises, aggravées par la récession mondiale et le changement climatique. Ces crises ont non seulement mis en lumière des décennies de négligence du secteur agricole, mais aussi sensibilisé le monde à l’importance du développement de l’agriculture en tant que source de croissance économique et de stabilité politique. Elles ont également été à l’origine d’un engagement en faveur d’une sécurité alimentaire durable à long terme. Pour atteindre d’ici à 2015 les Objectifs du Millénaire pour le développement, à supposer que nous y parvenions, il faudra placer au centre des politiques publiques et de leurs agendas de développement les investissements dans le développement rural, et porter une sérieuse attention au rôle des ruraux pauvres, hommes et femmes, dans la croissance agricole, et en particulier au rôle que jouent, à travers le monde, les petits exploitants agricoles. 65 Pendant des décennies, le FIDA a plaidé avec vigueur en faveur du secteur agricole, et en particulier du rôle des petits exploitants: agriculteurs, pêcheurs et pasteurs. Au cours de l’année dernière, nous avons été en mesure d’attirer l’attention des gouvernements et des dirigeants d’entreprises du monde entier – et tout récemment, le mois dernier, au Forum économique mondial de Davos, où j’ai représenté la voix des petits exploitants – sur le fait que 500 millions de petits exploitants de par le monde soutiennent environ un tiers de la population mondiale et produisent 80% des aliments consommés dans le monde en développement. L’exploitation agricole, indépendamment de sa taille ou de son échelle, est une entreprise. Chaque agriculteur voudrait nourrir sa famille et produire un excédent lui permettant d’obtenir un revenu grâce aux échanges. Tel est le fondement de la commercialisation de l’agriculture, la transformation de paysans pratiquant une activité de subsistance en petits entrepreneurs du secteur agro alimentaire. Lorsque nous savons que 85% des exploitations agricoles de par le monde ont une superficie inférieure à 2 hectares et que, dans le monde en développement, cette superficie n’est parfois que de 0,25 hectare; lorsque nous savons que 500 millions de petits exploitants produisent 80% des produits alimentaires que nous consommons dans le monde en développement; que ces petits exploitants vivent dans les zones rurales et constituent la majorité des ruraux pauvres; et lorsque nous savons que les jeunes constituent plus de 60% de la population rurale et que les jeunes femmes ou les jeunes filles représentent plus de la moitié d’entre eux – si nous savons tout cela, je vous le demande, qui nourrira le monde en 2020, en 2030 ou en 2050, alors que d’ici là la population de la planète comptera trois milliards d’habitants supplémentaires, soit une augmentation de 50% par rapport à la population actuelle? Nous devons donc investir dans les jeunes ruraux d’aujourd’hui, car ils seront les agriculteurs de demain. Les gouvernements nationaux, les partenaires du développement et le secteur privé doivent se donner la main pour renforcer leurs capacités, pour mettre à leur disposition les technologies dont ils ont besoin, les infrastructures rurales, les institutions financières, l’information de marché et les liaisons qui sont les ingrédients essentiels de cette transformation. Le FIDA est résolu à être partie à cette transformation. Cela concerne le développement agricole et rural, mais cela implique également le développement des capacités et les possibilités d’emploi; cela implique d’inverser le sens des migrations qui vont actuellement des zones rurales vers les zones urbaines; cela suppose de nouveaux partenariats commerciaux, un changement des structures mentales, une évolution paradigmatique en matière de développement, car l’investissement dans la jeunesse rurale est la fondation sur laquelle bâtir des économies viables. Il constitue le lien entre la productivité agricole et la sécurité alimentaire, entre la stabilité politique et la sécurité nationale, facteurs précurseurs d’une paix mondiale. C’est pour tout cela que milite le FIDA. Quel est alors le positionnement du FIDA dans ce nouveau paradigme? L’an dernier, le Conseil des gouverneurs du FIDA a approuvé une augmentation de 67% des ressources du Fonds pour la prochaine période triennale, 2010 2012. Cela signifie que le FIDA exécutera chaque année un programme de travail d’un montant d’environ un milliard d’USD, en vue de toucher au moins 60 millions de ruraux pauvres, dont beaucoup sont membres de vos organisations. Je voudrais tracer les grandes lignes de ce que nous faisons déjà et de ce que nous prévoyons de faire. Par le biais de nos projets et programmes, nous financerons des investissements innovants pour renforcer les droits d’accès et d’occupation, pour la terre et l’eau, et améliorer l’accès aux services financiers, aux intrants et au matériel agricole, aux infrastructures et aux marchés. Dans le cadre des stratégies de développement impulsées par les pays, et en étroite consultation avec les producteurs ruraux, nous continuerons à cibler soigneusement ces investissements sur les plus pauvres, et en particulier les agricultrices. 66 Nous œuvrons main dans la main avec vos organisations pour faire progresser les femmes rurales, qui sont de plus en plus les agricultrices du monde en développement. Ce sont elles qui effectuent la plus grande partie des travaux agricoles, et elles produisent plus de 60% des plantes vivrières. Les projets du FIDA ciblent les petites agricultrices, qui ont souvent moins de droits à la propriété de la terre, à la finance et à d’autres moyens de production que leurs homologues masculins à travers le monde. Mais les services financiers à eux seuls ne suffisent pas; nos investissements ne seront pas efficaces si les pouvoirs publics ne mettent pas en place les cadres d’action adéquats. De ce point de vue également, nous travaillons en liaison étroite avec vos organisations pour inciter les gouvernements à mettre en œuvre des politiques de soutien au développement agricole et rural. Les projets du FIDA insistent sur le fait que l’augmentation de la production agricole des petits exploitants exige une mobilisation de tout le potentiel de recherche et d’innovation technologique. Ce sont là les moteurs du changement, et ils doivent bénéficier d’investissements durables aux échelons tant régional que national pour améliorer la production des agriculteurs. La révolution verte qui s’est déroulée en Asie est un exemple remarquable de ce processus. Je suis convaincu que, si ces instruments sont en place, la pauvreté rurale et l’insécurité alimentaire peuvent être surmontées et, comme l’ont démontré la Chine au cours des années 1980 et le Viet Nam plus récemment, cela peut intervenir rapidement. Le Viet Nam, qui était un pays en déficit vivrier, s’est transformé pour devenir le deuxième exportateur mondial de riz, grâce au développement de l’agriculture paysanne. De ce fait, la pauvreté est tombée de 58% en 1979 à moins de 15% aujourd’hui. Je suis absolument convaincu que l’Afrique peut se nourrir par elle-même, tout comme l’ont fait le Viet Nam et la Chine. L’Afrique possède les ressources humaines et naturelles dont elle a besoin pour assurer sa croissance agricole et son autosuffisance alimentaire. Ce dont l’Afrique a besoin, c’est de dirigeants locaux motivés, et c’est cela que certains d’entre vous ont appelé de leurs vœux vendredi dernier, et c’est cela que j’ai préconisé aux dirigeants africains tout au long de ma carrière. C’est pour cela qu’ils ont apposé leur signature à Maputo en 2003, et pourtant moins de dix pays allouent aujourd’hui 10% de leur budget national à l’agriculture comme ils s’y étaient engagés à Maputo en 2003. L’Afrique a besoin d’engagement et de leadership au niveau le plus élevé des pouvoirs publics, tout comme nous en avons besoin au niveau le plus bas de la communauté, et je répéterai donc mon appel. Aucune nation, aucun peuple ne peut parvenir au développement économique si ce développement ne trouve pas sa source à l’intérieur et si l’agriculture n’en est pas le fondement; après tout, le développement est un processus intrinsèque et endogène. Certes, il peut recevoir une aide de l’extérieur mais, comme je l’ai dit auparavant, et je le répète aujourd’hui, un palmier ne peut pas utiliser l’énergie de la lumière solaire s’il n’est pas solidement enraciné dans son propre sol. Cette initiative doit partir de vos organisations. Elle doit aussi prendre les jeunes pour point de départ. Le renforcement des organisations de petits agriculteurs, pêcheurs et pasteurs est essentiel si nous voulons parvenir à saisir les opportunités que font naître les défis du temps présent. Il est tout aussi important de renforcer votre capacité de vous rapprocher du secteur privé pour élargir ces partenariats, afin de mettre la demande et les marchés en relation avec la production des petits exploitants. Nous souhaitons que le Forum stimule les occasions de constituer des réseaux entre vous et de renforcer votre esprit d’initiative pour parvenir à ces objectifs. Depuis la première réunion du Forum paysan du FIDA, en 2005, nous avons observé d’importants résultats. La coopération entre les producteurs agricoles, les pêcheurs et le secteur privé améliore l’accès aux marchés et au savoir, renforce le pouvoir de négociation des paysans tout au long de la filière, de la production à la commercialisation, crée des possibilités d’emplois et de génération de revenus dans les zones rurales et donne plus de force à la voix des producteurs ruraux pour influencer les politiques et les programmes de développement. 67 Au FIDA, notre participation avec les organisations paysannes revêt de nombreuses formes. Fait particulièrement important, le FIDA consulte les paysans au moment de la préparation du programme d’options stratégiques pour le pays, habituellement désigné par l’acronyme COSOP, et lors de la conception des projets. Nous accordons également des dons importants aux organisations paysannes faîtières pour les soutenir et pour soutenir leurs réseaux aux échelons régional ou sous-régional. Grâce au partenariat avec les organisations paysannes, le FIDA a une meilleure compréhension de la pauvreté rurale. Ce partenariat nous a permis de mieux cibler les plus petits et les plus pauvres parmi les paysans, et nous avons bénéficié de l’expérience et du savoir locaux et autochtones, avec pour résultat des projets de meilleure qualité et des avantages plus durables pour les petits exploitants. Je me félicite des progrès que nous avons pu réaliser. Mais nous devons faire fond sur notre expérience et élargir nos partenariats. Avant de conclure, je voudrais donc évoquer quatre domaines dans lesquels nous pouvons mieux faire. Premièrement, il existe encore un certain nombre de pays dans lesquels la coopération du FIDA avec les organisations paysannes est peu développée. Nous devons aller plus loin, et approfondir et développer ces relations. Deuxièmement, nous devons œuvrer, de concert, au renforcement des liens entre vos organisations et les mouvements communautaires de base, et investir dans le plaidoyer à l’échelon des villages pour avoir un impact au niveau du terrain et améliorer la base globale de nos partenariats. Troisièmement, nous devons développer le rôle de plaidoyer des organisations paysannes dans le contexte du débat national sur les politiques. Ainsi, alors que le changement climatique constitue un énorme défi pour les agriculteurs, rares sont les responsables des politiques qui reconnaissent le rôle que peuvent jouer les petits exploitants dans l’atténuation de son impact. En travaillant ensemble, nous pouvons sensibiliser les autorités nationales afin de déterminer les meilleurs moyens de rétribuer les petits exploitants pour les services environnementaux qu’ils peuvent fournir pour réduire les émissions de carbone. Quatrièmement, nous devons assurer la participation des jeunes ruraux à l’agriculture, les aider à s’organiser en associations de jeunes paysans, fournir des possibilités de renforcement des capacités et de formation, de liaisons institutionnelles et d’information de marché. Ce sont ces jeunes qui assureront la production vivrière de demain. En conclusion, alors que, partout dans le monde, l’agriculture est aujourd’hui sous les feux des projecteurs du fait de la crise de la sécurité alimentaire à laquelle nous avons été confrontés en 2007 et en 2008, cette troisième réunion du Forum paysan survient en temps opportun pour que nous déterminions comment nous pouvons agir avec les gouvernements en vue d’accroître la productivité et les revenus des petits exploitants. J’espère qu’à la conclusion de cette session du Forum paysan nous aurons produit des idées novatrices sur la manière d’utiliser nos partenariats pour élargir les débouchés offerts par le marché aux petits exploitants et mettre au point des programmes de participation des jeunes ruraux aux activités agricoles, en incitant les petits exploitants à évoluer d’une agriculture de subsistance vers des activités agroalimentaires rentables et créatrices de richesses, en investissant dans leurs moyens de subsistance et en contribuant à la sécurité alimentaire, à l’autonomisation sociale et à la croissance économique. 68 APPENDICE III Présentation des “Partenariats en action 2008-2009” 69 70 71 72 73 74 APPENDICE IV Résumé des deux événements parallèles Événements parallèles du Forum paysan, organisés en marge de la trente-troisième session du Conseil des gouverneurs du FIDA Siège du FIDA, Rome 18 février 2010 Introduction Deux événements parallèles ont été organisés, dans le cadre du processus du Forum paysan, après la fin des travaux du Conseil des gouverneurs, dans l’après-midi du 18 février. Il avaient pour objectif d’offrir un espace de dialogue entre les représentants des organisations paysannes, des représentants des gouvernements et des membres du personnel du FIDA et d’autres institutions des Nations Unies. Deux thèmes ont été retenus pour ces événements parallèles: • Qu’est-ce que le programme “Achats au service du progrès” (P4P)? Œuvrer aux côtés des organisations paysannes à différents niveaux • Comment aider les organisations paysannes à offrir de meilleurs services à leurs membres On trouvera dans les pages ci-après un résumé de ces deux événements. 75 Qu’est-ce que le programme “Achats au service du progrès” (P4P)? Œuvrer aux côtés des organisations paysannes à différents niveaux Généralités Le programme “Achats au service du progrès” (P4P) vise à améliorer les moyens d’existence des petits exploitants et des agriculteurs à faible revenu grâce à des interventions axées sur le marché. S’inspirant de la vaste expérience acquise par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies dans l’achat de produits alimentaires sur les marchés locaux et régionaux, le P4P fait appel à la “plate-forme de demande” du PAM concernant de tels produits pour accroître les niveaux de production et les débouchés des agriculteurs. L’objectif de cet événement parallèle était d’ouvrir un dialogue avec les participants à propos du programme P4P et d’examiner les principaux enseignements tirés à ce jour pour ce qui concerne l’action à entreprendre aux côtés des organisations paysannes à différents niveaux du programme. Trois résultats étaient attendus de cet événement: • clarification du concept de P4P; • établissement d’une liste de recommandations adressées au PAM sur la possibilité de poursuivre son action auprès des organisations paysannes à différents niveaux; et • établissement d’une liste de recommandations adressées aux organisations paysannes pour qu’elles sensibilisent leurs membres aux possibilités de vente au PAM (en en précisant les limites). Une quarantaine de personnes ont participé à cet événement, présidé par Jean-Philippe Audinet (coordonnateur du Forum paysan – FIDA). L’événement a débuté avec la présentation, par Arlene Mitchell, d’un exposé sur la Fondation Bill et Melinda Gates, l’une des principales sources de financement du P4P. Cet exposé a été suivi par celui présenté par deux membres du personnel du PAM: Mary McGroarty, conseillère principale de programme et Sarah Longford, conseillère P4P. Le troisième exposé a été présenté par Ibrahima Coulibaly, Président de la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP) du Mali. Après la présentation des exposés, le débat a été ouvert et la parole donnée aux participants. Pour faciliter la discussion, les orateurs ont été invités à proposer, dans leurs interventions: • des exemples des meilleures méthodes suivies pour impliquer les organisations paysannes à différents niveaux/échelons; • une description de modes efficaces de transmission de messages clés depuis l’organisation faîtière jusqu’aux membres vivant dans les zones rurales, par exemple en matière de qualité, de fixation des prix et d’information sur les marchés; et • des exemples de bonnes pratiques suivies par le réseau d’organisations paysannes pour tirer les enseignements de l’expérience et en faire profiter leurs membres et des entités extérieures. Jean-Philippe Audinet a ouvert l’événement en déclarant que cette approche, qui consiste à tenter d’établir un lien entre les petits exploitants agricoles des pays en développement et le PAM, l’un des principaux acheteurs de produits alimentaires dans le monde, est à la fois importante et novatrice, mais non exempte de difficultés. Le manque d’aide alimentaire est 76 souvent perçu comme un obstacle au développement. Le fait qu’un acheteur important et stable, tel que le PAM, s’ouvre à un groupe de fournisseurs difficiles à appréhender, car constitué de nombreux petits exploitants, apparaît au FIDA comme une extraordinaire opportunité. Cela constitue de plus une excellente occasion de travailler de concert avec une autre institution basée à Rome et de rechercher des synergies. Il a souligné l’importance de cet événement dans lequel il voit un moyen, pour des acteurs qui n’ont pas nécessairement l’habitude de travailler ensemble – le PAM et les petits exploitants –, d’apprendre à se connaître et de trouver des avantages communs. Exposé présenté par la Fondation Bill et Melinda Gates Arlene Mitchell, Directrice adjointe par intérim, Développement agricole/Accès au marché, a présenté un exposé décrivant l’approche suivie par les trois programmes de la Fondation Bill et Melinda Gates – éducation, santé mondiale (malaria, VIH/sida, maladies négligées) et le troisième et nouveau pilier du programme: développement mondial. L’agriculture constitue la plus importante composante du programme de développement mondial, dont l’objectif, extrêmement ambitieux, est d’aider 150 millions de familles paysannes pauvres d’Afrique subsaharienne et d’Asie du Sud à tripler leurs revenus d’ici à 2025. Dans l’ensemble des programmes, l’approche est guidée par plusieurs principes fondamentaux: • placer les petits paysans, dont la plupart sont des femmes, au cœur des efforts de la Fondation; • mettre l’accent sur les zones dans lesquelles les besoins sont les plus pressants; • agir sur la base des observations et dans une perspective de résultats; • accorder une large place à des partenariats solides; • mener, dans le secteur de l’agriculture, des activités sur tous les points de la filière. Dans le cadre du programme de développement mondial, ce sont les petits paysans disposant de moins de deux hectares pour vivre qui constituent le centre d’intérêt, et la mise en œuvre de la stratégie de la Fondation en matière d’impact sur la problématique hommes-femmes permet d’assurer la prise en compte des besoins et des rôles des femmes. Cet axe d’activité accorde une place importante à l’écoute des paysans et à leur association à toutes les phases du travail. Trois critères définissent le succès: • augmentation des revenus des ménages paysans; • augmentation du poids des enfants; • qualité et quantité accrues dans les régimes alimentaires des individus. Le programme travaille avec un large éventail de partenaires des secteurs public, privé et non lucratif, des pays en développement et des pays développés, et s’en inspire. Le premier don, et le plus important, est celui accordé à l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, une organisation conduite par des Africains et œuvrant pour redynamiser l’agriculture sur le continent. Il s’agit d’un mécanisme de financement accordant des dons aux échelons national et infranational. Le deuxième don, par ordre d’importance, concerne le P4P: la Fondation vise à accroître les revenus des paysans en les faisant accéder à un nouveau marché, celui du PAM, et en faisant en sorte que le PAM effectue des achats auprès des petits paysans. Les organisations paysannes doivent, à cet égard, représenter les petits exploitants agricoles, et il faut que les femmes soient justement représentées parmi leurs membres et parmi leurs dirigeants. Ce don est exécuté par le PAM. Exposé présenté par le Programme alimentaire mondial Le programme “Achats au service du progrès” (P4P) est un projet pilote quinquennal, lancé en septembre 2008 par le PAM, et dont le but est d’offrir aux petits exploitants agricoles la 77 possibilité d’accéder aux marchés agricoles et de devenir des acteurs compétitifs sur le marché. La vision du P4P consiste à promouvoir le développement de marchés agricoles de manière que, d’ici à 2013, au moins 500 000 petits paysans à faible revenu – majoritairement des femmes – puissent produire des excédents vivriers et les vendre à un prix équitable pour accroître leurs revenus. Depuis son lancement, l’initiative P4P a permis l’achat de 36 000 tonnes de denrées alimentaires à de petits exploitants agricoles de 11 pays pilotes. L’objectif, pour 2010, est de porter les achats à 100 000 tonnes. Le programme laisse place à l’expérimentation de nouvelles modalités et plates-formes d’achat. Parmi celles-ci figurent les appels d’offres propres à favoriser les petits agriculteurs, l’acquisition directe auprès d’organisations paysannes ou de négociants, la passation de contrats à terme avec les organisations paysannes et les achats opérés dans le cadre du nouveau système de récépissés d’entrepôt et des bourses de marchandises. En outre, le PAM viendra ajouter son pouvoir d’achat de produits alimentaires aux initiatives collectives de manière à réduire ou à mutualiser les risques pesant sur les petits agriculteurs, à accroître leurs liquidités et à leur donner plus largement accès aux services financiers. Avec ce programme, le PAM s’écarte des pratiques d’acquisition essentiellement à grande échelle, avec appel à la concurrence, au profit de formules d’achat plus modulées s’appliquant à différents stades de la filière. Le programme poursuit les objectifs suivants: • recenser et mettre en commun les meilleures pratiques qui permettront au PAM, aux organisations non gouvernementales, aux gouvernements et aux parties prenantes du marché agricole de participer davantage et avec profit aux marchés; • améliorer les capacités afin d’accroître les revenus procurés par les marchés agricoles; • accroître les ventes des paysans au PAM; et • transformer les programmes d’achat de produits vivriers du PAM. Le PAM entend conjuguer sa demande et les compétences, connaissances et ressources de partenaires qui, du côté de l’offre, incitent les agriculteurs à accroître leur production et à en améliorer la qualité. Grâce à la formation et au renforcement de leurs capacités, les petits exploitants acquerront les compétences et les outils nécessaires pour jouer un rôle actif sur les marchés agricoles, en vendant leurs produits au PAM et à d’autres clients. L’accès au crédit, la meilleure compréhension de la dynamique des marchés et l’assistance technique de partenaires aideront les agriculteurs à intervenir sur les marchés en dehors du concours du PAM. Couverture géographique du P4P: 21 pays pilotes Afrique: Burkina Faso, Éthiopie, Ghana, Kenya, Libéria, Malawi, Mali, Mozambique, Ouganda, République démocratique du Congo, Rwanda, Sierra Leone, Soudan, République-Unie de Tanzanie, Zambie Asie: Afghanistan, République démocratique populaire lao Amérique latine: El Salvador, Guatemala, Honduras, Nicaragua Les chiffres de décembre 2009 montrent que le PAM et ses partenaires avaient, à cette date, recensé 356 organisations paysannes réparties dans 15 pays et regroupant au total plus de 620 000 membres. Ces organisations ont été ciblées dans le cadre du programme P4P en fonction de critères préétablis, parmi lesquels on trouve généralement: • l’immatriculation réglementaire; • la capacité minimale de rassembler des effectifs suffisants; • un pourcentage minimal de femmes parmi les membres (ou projet/stratégie d’accroissement de ce pourcentage); et • l’obtention de l’appui de divers partenaires se situant du côté de l’offre/pouvoirs publics, etc. 78 Dans le cadre du programme P4P, une quarantaine de ces organisations ont déjà signé avec le PAM des contrats d’achat portant sur un total de 20 000 tonnes, ou bien ont reçu une formation dans cette perspective. Néanmoins, toutes sont “ciblées”, ce qui signifie qu’elles auront la possibilité de vendre au PAM et/ou de bénéficier d’une formation ainsi que d’obtenir un appui du côté de l’offre. Le nombre et le type d’organisations paysannes varient considérablement d’un pays à l’autre (de quatre ou cinq organisations paysannes au Libéria, au Mozambique et en Zambie à 202 au Kenya, des associations locales aux organisations faîtières, en passant par les syndicats et fédérations d’agriculteurs au Mali et au Mozambique). La proportion de femmes parmi les membres des organisations paysannes est extrêmement variable; dans l’ensemble des 15 pays visés, toutefois, les agricultrices ne représentent en moyenne que 20% du nombre d’adhérents. Cela étant, la plupart des organisations paysannes se sont engagées à accroître ce pourcentage dans le cadre du programme P4P. L’importance que revêtent une participation plus directe des petits exploitants à la conception et à la mise en œuvre du programme P4P ainsi que la question des capacités a été soulignée lors du premier examen annuel du programme. L’accent est actuellement placé sur cette participation, de manière que le programme réponde aux besoins et aux priorités indiqués par ses bénéficiaires. Bien que le matériel didactique actuellement utilisé soit extrêmement varié, rien n’a encore été tenté pour harmoniser et intégrer les approches de formation. Est-ce nécessaire? Le PAM et ses partenaires sont conscients de la nécessité de traduire ces matériels dans les langues locales, mais aussi de veiller à la mise en place d’une formation qui favorise l’égalité entre les sexes, fasse largement appel à des approches participatives/interactives et soit accessible aussi bien à un public alphabétisé que non alphabétisé. Exposé de la CNOP du Mali sur le P4P au Mali et sur le partenariat avec l’organisation paysanne Faso Jigi Ibrahima Coulibaly, de la CNOP du Mali, a décrit comment le PAM développe l’approche du P4P dans le pays et comment s’est structuré le partenariat avec les organisations paysannes. Au cours des dernières années, les achats locaux ont essentiellement concerné le mil et le sorgho (1 500 tonnes en 2009 et 1 400 tonnes en 2010) par le biais d’une combinaison de contrats directs, de contrats à terme et d’adjudications concurrentielles. Les organisations paysannes ont participé aux programmes locaux d’acquisitions principalement dans les régions de Sikasso, Ségou, Koulikoro et Mopti. Pour ce qui concerne le programme P4P, la possibilité pour une organisation paysanne de signer des contrats avec le PAM est soumise aux conditions et critères suivants: avoir été immatriculée depuis au moins un an, disposer d’un compte bancaire, compter au minimum 30% de femmes parmi ses membres et comporter une grande majorité de petits exploitants parmi ses membres. Les adjudications locales sont organisées par le biais de l’établissement de partenariats avec le Gouvernement malien, le Ministère de l’agriculture et certaines ONG nationales et internationales. Dans ce contexte, l’organisation paysanne Faso Jigi a entamé des discussions préliminaires avec l’équipe P4P du PAM en vue de comprendre comment Faso Jigi pourrait vendre sa production (mil, sorgho et riz) au PAM. Après chaque récolte, Faso Jigi peut disposer de 10 tonnes de mil, de sorgho et de riz. Faso Jigi a été en mesure d’augmenter les prix à la production payés à ses membres, sur la base de primes de qualité, et c’est sur cette base qu’elle a entamé des discussions avec le bureau du PAM au Mali sur les modalités selon lesquelles le PAM pourrait absorber la nouvelle capacité de livraison de Faso Jigi. Du point de vue de Faso Jigi, les principales conditions du développement d’un partenariat durable entre les organisations paysannes et le programme P4P reposent sur trois éléments: a) déterminer un prix fixe pour les cultures de base, afin de stabiliser la demande et de mieux organiser la 79 planification de chaque organisation paysanne; b) soutenir le développement institutionnel des organisations paysannes, afin d’accroître leur capacité de production de masse; et c) proposer un calendrier plus souple de collecte des récoltes. Débat en séance plénière “Nous avons toujours compris que le PAM nous fournissait des vivres, mais nous n’avons jamais envisagé le PAM comme une entité susceptible de nous acheter notre production. Je pense qu’il est important que cette occasion nous soit donnée et que nous puissions envisager de telles solutions de rechange pour les petits paysans. Aujourd’hui, nous ne disposons pas réellement des conditions adéquates à la production. Les paysans parviennent difficilement à bien vendre leur production sur le marché. Pourquoi? Il y a des intermédiaires, et ce sont eux qui gagnent le plus. Cela est certainement vrai au Honduras. Nous avons besoin d’installations d’entreposage. Nous avons besoin d’infrastructures pour nous soutenir. Nous avons besoin d’argent. Nous sommes souvent payés des mois et des mois après la vente. Et comment nous assurer que nous disposons de la technologie nécessaire pour une production de qualité?” – Maria Alicia Calles, Union des femmes paysannes, Honduras Après la présentation des exposés, le débat a été ouvert et la parole donnée aux participants. Les principaux points ressortant de la discussion sont résumés ci-après. Prix du marché et modalités d’acquisition Les plus vives préoccupations ont été exprimées à propos des prix et des modalités d’acquisition. Où et comment sont-ils définis? De nombreux participants ont dit craindre que retenir le critère de la fixation “concurrentielle” des prix ne crée un fossé qui exclurait leur participation au programme. Les appels d’offres seraient monopolisés par les négociants qui ont l’habitude des importations et disposent des moyens de manipuler de grandes quantités de biens normalisés et de mobiliser des ressources financières grâce à leur accès au crédit. Il est impossible, pour les petits exploitants, de répondre à ces conditions. Il a été proposé de définir un prix intéressant, qui serait le prix du marché avec un petit supplément pour le travail accompli, de diviser le montant total en montants plus petits et de limiter le recours aux appels d’offres afin de donner la priorité aux organisations paysannes. On a aussi estimé que le programme P4P devrait établir une connexion directe avec les organisations paysannes pour débattre des prix. Si le PAM veut se rendre dans les villages et procéder aux acquisitions selon ses propres critères, ce sont les petits négociants villageois qui en bénéficieront, et non les petits paysans. Collectivement, les membres d’une coopérative de petits paysans ne seront pas en mesure d’amasser 20 tonnes de maïs. D’une manière ou d’une autre, il faut créer des conditions de fixation des prix qui soient adéquates pour les organisations paysannes et auxquelles elles puissent légitimement répondre. Le P4P doit, à cet égard, être bien plus qu’une stratégie d’approvisionnement, car d’autres facteurs entrent en jeu. Comme l’a dit l’un des participants, “l’objectif du PAM est d’atteindre 500 000 ménages à faible revenu? Mais, s’agissant des prix, le principe d’action est-il conforme à l’objectif fixé?”. La représentante du PAM a expliqué que le programme se réfère aux prix du marché local. L’une des règles, sur ce plan, est que le PAM ne veut pas payer plus qu’il ne l’aurait fait en ayant recours à un processus normal d’appel d’offres local. C’est là un bon point de référence, qui supprime des couches de la pyramide et ramène aux paysans. Elle a ajouté que le PAM est aussi un acquéreur privilégiant la qualité et qu’il n’ignore pas que le nettoyage et la préparation des différents produits alimentaires impliquent un travail non négligeable, pour lequel les négociants seront remboursés. Elle a aussi expliqué que le P4P cherche à expérimenter de nouvelles modalités d’acquisition, et plus précisément en matière d’appels d’offres, en réduisant la taille à 50 tonnes, en fournissant des sacs aux organisations paysannes 80 ou aux vendeurs (c’est normalement le négociant qui achète les sacs), en achetant sur une base incoterm FCA (le PAM collecte les marchandises à l’entrepôt du vendeur) – essentiellement pour rendre le processus plus simple pour le petit exploitant. Si quelqu’un offre des semences ou des technologies améliorées, le PAM attribuera un contrat à terme ou formulera un engagement d’achat. L’un des participants du Brésil a expliqué que le PAM conduit des programmes d’alimentation scolaire et qu’il peut travailler par le biais de ce programme ou d’autres programmes. Il n’est pas nécessaire d’acheter d’énormes quantités à de grandes distances. Le PAM pourrait ainsi avoir recours à une procédure locale de passation de marchés pour participer à un travail avec une organisation de soins de santé. Il existe, au niveau local, une longue chaîne d’acteurs et d’associations dans laquelle cela pourrait se faire. Capacité de stockage/entreposage Une autre préoccupation a été exprimée: bien que de nombreux paysans soient membres d’organisations paysannes, ils ne remplissent néanmoins pas un autre critère, en ce sens qu’ils ne disposent pas d’installations d’entreposage et de capacité de stockage. Le PAM a reconnu que, lors des travaux préparatoires menés dans les 21 pays, il était clairement apparu que la capacité de stockage et de commercialisation constituait un énorme facteur limitant pour les organisations paysannes. Le PAM a exprimé l’espoir de pouvoir catalyser ses efforts par l’intermédiaire d’autres partenaires – en ayant recours, par exemple, à des contrats à terme afin que des partenaires privés puissent intervenir et mettre en place des unités de stockage. Liquidités immédiatement disponibles et accès au crédit Plusieurs participants ont évoqué le besoin de liquidités, en particulier pour des paiements rapides après la récolte. Le microcrédit ne constitue pas la panacée, spécialement pour les petits exploitants. Le PAM a reconnu la complexité de la question et cité le crédit à terme comme l’une des solutions possibles. Le partenariat est toutefois essentiel sur ce point, étant donné que le PAM est une institution ne possédant pas d’expertise en matière de microcrédit. Le PAM s’est dit conscient de la nécessité de développer des partenariats avec des organisations comme le FIDA et la FAO, cependant que le PAM pourrait offrir son système de passation des marchés comme catalyseur. Représentativité des organisations paysannes “Notre coopérative fonctionne avec succès, elle est démocratique, et les femmes y sont fortement représentées. Quel est le problème? Chacun pense savoir quels sont les besoins des autres.” – Ibrahim Coulibaly, CNOP, Mali Il y a une réalité tenace: il existe des négociants, grands ou petits, qui veulent court circuiter les agriculteurs marginalisés. Certains participants ont dit craindre que les organisations paysannes légitimes ne soient négligées à cause de perceptions “extérieures” de non-représentativité de leurs membres, ou à cause d’impressions d’exclusion de paysans plus marginalisés. Le PAM a reconnu avoir été parfois déçu par le fait que les organisations paysannes ne se soucient pas des petits exploitants. Il ne cherche toutefois jamais à affaiblir les organisations paysannes ou leurs relations avec les institutions des Nations Unies. L’intention est de faire en sorte que les petits exploitants soient inclus dans l’équation, dans la mesure en particulier où c’est au niveau du village qu’est attendu l’impact souhaité du programme. Pour être résolues, ces difficultés doivent être abordées en commun. Partenariat “Je n’ai pas d’expérience du P4P, mais j’ai celle d’un donateur de toutes les institutions basées à Rome. Nous pensons que l’importance de ce mécanisme tient au fait qu’il devient un fort élément de développement, par son introduction dans l’aide humanitaire et par 81 l’introduction de mesures à court terme dans une perspective de développement à plus long terme. Et il est important, dans cet effort, de rechercher des alliances de différentes forces. Nous avons toujours plaidé pour que les organisations œuvrent de concert. En voici une parfaite occasion.” – Martine Van Dooren, Ambassadeur de Belgique Cette question des partenariats est fondamentale – partenariat entre les gouvernements, entre les institutions des Nations Unies ayant leur siège à Rome et les organisations paysannes, ainsi qu’avec les partenaires du côté de l’offre et le secteur privé. Chaque partenaire a son mandat et apporte sa propre expertise, ses compétences, ses ressources, ses technologies et ses innovations. La clé réside dans la coordination, qui doit faire en sorte que les avantages soient répartis équitablement, spécialement en faveur des petits exploitants agricoles. En principe, ce sont les gouvernements qui devraient assurer la coordination de l’ensemble. Durabilité Étant donné que le programme P4P est limité dans le temps, puisqu’il doit s’achever en 2013, la question de sa durabilité a été soulevée. Le programme est un processus induit par la demande, conçu pour renforcer les capacités des agriculteurs et les aider à produire. Si, à la fin du programme, la demande stable et importante du PAM venait à manquer, qu’est-ce qui la remplacerait? Le gouvernement? Le poids d’un acteur tel que le PAM sur le marché est loin d’être négligeable. Quelle est la stratégie de sortie? La représentante du PAM a répondu que lorsque les stratégies sont conçues pour les différents pays, le principal facteur pris en compte est celui de la manière dont le programme peut contribuer au développement de l’agriculture et du marché, de manière à faire des organisations paysannes des acteurs compétitifs sur le marché, sur une base durable. Un autre facteur intervient dans la durabilité: la liaison avec les programmes mis en œuvre par les pouvoirs publics, par exemple par l’intermédiaire des programmes d’alimentation scolaire utilisant des produits cultivés sur place. La clé de la durabilité se trouve donc dans la liaison entre les agriculteurs et le marché. On ne peut pas créer de dépendance du côté du marché, avec une situation dans laquelle les agriculteurs vendraient tout leur stock de produits au PAM. Le programme se veut une occasion d’ouvrir une porte, et cette occasion ne peut pas et ne doit pas s’arrêter au PAM. Dans cette perspective, le PAM travaille avec d’autres acheteurs en Afrique, et avec les gouvernements ayant exprimé un intérêt pour l’acquisition de produits locaux pour l’alimentation scolaire. L’idée est d’opérer une transition et de remplacer les acteurs externes pour parvenir à une situation du type acquisitions locales, gestion locale, appropriation locale. Dans cette perspective, il n’est pas nécessaire que les prix soient compétitifs pour assurer la durabilité. L’une des stratégies possibles consiste à réduire les coûts de production. “Nous devrions toujours démarrer sur un a priori: ‘Oui, vous êtes mon partenaire.’ “ – Jean-Philippe Audinet, FIDA Jean-Philippe Audinet a conclu l’événement parallèle en réaffirmant que le Forum paysan n’est pas seulement un lieu de rencontre et de dialogue, mais aussi un lieu de respect et de découverte du potentiel que peut déclencher la collaboration. Il a souligné la valeur de l’initiative P4P et l’ampleur de la collaboration et du partenariat qu’elle exige, dans lesquels les organisations paysannes occupent la place la plus importante. 82 Comment aider les organisations paysannes à offrir de meilleurs services à leurs membres? Généralités La nécessité de soutenir les organisations paysannes n’est plus mise en question. Elles contribuent pour une part essentielle à la réalisation de plusieurs objectifs: améliorer les moyens de subsistance des populations rurales pauvres, réduire la pauvreté et parvenir à la sécurité alimentaire. Par les services qu’elles offrent à leurs membres, elles peuvent apporter un précieux concours à l’amélioration de la production et des revenus des petits producteurs. Les données disponibles attestent de leur capacité à relier les petits exploitants aux marchés; à accélérer l’adoption des technologies et des intrants; à encourager la gestion durable de la terre, de l’eau et d’autres ressources naturelles; ainsi qu’à regrouper et exprimer les avis des petits producteurs dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, du niveau national au niveau mondial. Il ressort de l’examen des partenariats entre le FIDA et les organisations paysannes pour la période biennale 2008-2009 que leur participation à la conception et à l’exécution des programmes et projets du FIDA a pour résultats des stratégies nationales mieux adaptées et plus précises, une meilleure compréhension de la pauvreté rurale et une identification plus facile des groupes cibles du FIDA. Leur participation garantit qu’une attention renforcée est accordée aux petits paysans pauvres. Elle permet aussi de faciliter l’accès aux connaissance et à l’expérience des populations locales et autochtones, ce qui accroît la pertinence des projets. Elle contribue enfin à une plus grande durabilité des projets en développant un fort sentiment d’appropriation par les organisations paysannes. En un mot, la participation des organisations paysannes influe positivement sur les résultats des projets, en termes de réduction de la pauvreté et de sécurité alimentaire. Afin de fournir des services appropriés à leurs membres, les organisations paysannes ont besoin d’un large soutien pour améliorer leurs capacités humaines et financières internes et développer leur organisation institutionnelle. De toute évidence, ces besoins varient selon le niveau d’activité des organisations paysannes (du niveau local au niveau mondial) et selon le type de services qu’elles offrent à leurs membres (techniques, économiques, sociaux, etc.). Leurs besoins sont également fonction de leur maturité et de leur degré de développement. Un nombre croissant d’organisations paysannes ont renforcé leurs capacités internes et sont de plus en plus à même de définir et de planifier leurs objectifs. Certaines d’entre elles ont même créé des agences de développement qui fournissent des services à leurs propres membres et à d’autres organisations paysannes. Même lorsqu’elles disposent de fortes capacités internes, les organisations paysannes ne peuvent pas fournir tous les services dont leurs membres ont besoin. En outre, il est parfois plus efficace pour elles de servir de relais à des services d’origine externe. Elles doivent donc s’en remettre dans une certaine mesure à des prestataires de services externes appartenant au secteur public ou privé – institutions publiques de conseil et de recherche, organisations non gouvernementales, entreprises privées, prestataires de services financiers et fournisseurs d’intrants. Un autre problème important auquel sont confrontées les organisations paysannes concerne leur dépendance vis-à-vis de soutiens financiers externes, et les risques qui y sont liés. En général extrêmement variables (en fonction, par exemple, des cycles de projet), 83 les soutiens externes ne favorisent pas la durabilité des prestations de services. De plus, ils sont souvent extrêmement exigeants en termes de soumission de rapports. Les soutiens externes peuvent également dissuader les organisations paysannes de chercher à accroître leurs propres ressources, et les gouvernements d’appuyer la prestation par ces organisations de services publics. Objectif et résultats attendus L’objectif de cet événement parallèle était d’engager un dialogue avec les participants en vue de formuler des recommandations sur la manière d’aider les organisations paysannes à offrir de meilleurs services à leurs membres, eu égard en particulier aux questions suivantes: • comment adapter le soutien au développement des organisations paysannes en tenant compte de leur diversité et des divers degrés de maturité; • comment parvenir à un juste équilibre entre services internes et externes; et • comment parvenir à la durabilité de la prestation des services des organisations paysannes tout en rendant mieux compte de leurs activités à leurs membres. Quatre résultats étaient escomptés: • une liste des principes clés relatifs au soutien à apporter aux organisations paysannes pour qu’elles puissent offrir de meilleurs services à leurs membres; • des recommandations sur la manière d’adapter le soutien aux différents types d’organisations paysannes; • des recommandations sur la manière de nouer des partenariats avec des organisations parvenues à maturité et ayant développé une forte capacité d’appui à leurs membres; et • des exemples de bonnes pratiques et de pratiques novatrices de soutien aux organisations paysannes, en particulier pour l’amélioration de la durabilité des services et le renforcement de la capacité des organisations paysannes à rendre compte. Débats L’événement parallèle a été présenté et présidé par Philippe Rémy, coordonnateur des politiques au FIDA. La nécessité de soutenir les organisations paysannes n’est plus mise en question. Elles contribuent pour une part essentielle à la réalisation de plusieurs objectifs: améliorer les moyens de subsistance des populations rurales pauvres, réduire la pauvreté et parvenir à la sécurité alimentaire. Par les services qu’elles offrent à leurs membres, elles peuvent apporter un précieux concours à l’amélioration de la production et des revenus des petits producteurs. Les données disponibles attestent de leur capacité à relier les petits exploitants aux marchés; à accélérer l’adoption des technologies et des intrants; à encourager la gestion durable de la terre, de l’eau et d’autres ressources naturelles; ainsi qu’à regrouper et exprimer les avis des petits producteurs dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, du niveau national au niveau mondial. Cinq des participants au débat ont présenté de brefs exposés sur leur organisation et leur expérience en matière de soutien à la prestation de services par les organisations paysannes. • Ignace Coussement, Directeur d’AgriCord, a présenté cette alliance qui regroupe dix agri-agences de huit pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et qui mobilise un soutien aux organisations paysannes de pays en développement dans quatre domaines principaux: renforcement organisationnel, développement institutionnel et coopération entre paysans, élaboration des politiques et plaidoyer, et opérations économiques. Il a souligné la nécessité de répondre à la diversité des organisations paysannes en offrant de la souplesse, en veillant à une bonne détermination et préparation des projets, et en encourageant les réseaux de paysan à paysan. Le juste équilibre entre services internes et externes devrait être basé sur une évaluation préalable approfondie des prestataires de services potentiels et sur un contrôle 84 • • • • par les paysans de la prestation des services – par exemple, par l’intermédiaire d’un cadre coopératif, d’une unité distincte appartenant totalement aux paysans, d’une position clé dans le cadre de gouvernance et d’un suivi des petits planteurs. Mercy Karanja, responsable principale des programmes, a présenté un exposé général sur les objectifs et les activités de la Fondation Bill et Melinda Gates dans le secteur du développement de l’agriculture. Elle a expliqué que la Fondation s’intéresse principalement aux petits exploitants agricoles, et tout particulièrement aux femmes, et qu’elle soutient l’ensemble de la filière par le biais d’un certain nombre d’initiatives: initiative relative à la productivité des agriculteurs (accès au savoir et aux intrants); initiative relative à la science et à la technologie (développement de nouvelles technologies); initiative relative à l’accès au marché; et initiative relative à la politique et aux statistiques (politique porteuse). La Fondation soutient le Centre d’appui aux organisations de producteurs en Afrique (FOSCA), en cours d’établissement. Fadel Ndiamé, consultant pour la Fondation Bill et Melinda Gates, est ensuite intervenu pour décrire le FOSCA, dont l’objectif est de faciliter l’accès des organisations paysannes à des prestataires de services externes induits par la demande et de promouvoir des liens commerciaux entre les groupes de paysans et les acteurs privés, les partenaires du développement et les intermédiaires financiers. Le FOSCA coopérera avec les organisations paysannes pour rendre possible la fourniture au plan local d’une capacité technique et administrative et agira en coordination avec d’autres partenaires plus spécialisés dans la fourniture d’une assistance aux organisations paysannes en matière d’élaboration des politiques. Le FOSCA a pour fonction première de certifier des réseaux de prestataires pouvant fournir, à la demande, des services techniques, de gestion et institutionnels à différentes organisations paysannes et de faire ensuite office de mécanisme chargé de faciliter l’établissement de liens commerciaux entre les collectifs de groupements paysans et les marchés des intrants et des produits par l’intermédiaire d’acteurs du secteur privé, de partenaires du développement et d’intermédiaires financiers. Marlene Ramirez, Secrétaire générale de Développement des ressources humaines en Asie rurale (Asia DHRRA), a présenté son organisation. Asia DHRRA est un partenariat régional de réseaux et d’organisations de dix pays asiatiques qui donne à des représentants du monde rural – paysans aussi bien qu’agents du développement – un soutien et des possibilités d’améliorer leurs connaissances, leurs compétences et leur façon de voir. Au plan régional, ses services cherchent à accompagner les organisations paysannes dans le renforcement de leur base organisationnelle, démarche essentielle pour assurer leur autonomisation et leur durabilité. Le soutien fourni suit une intervention programmatique adaptée à leur croissance organisationnelle, depuis la création jusqu’à l’institutionnalisation et la consolidation. Au plan national, l’appui d’Asia DHRRA au développement des entreprises rurales prend en compte les divers stades du renforcement des capacités des organisations paysannes, à commencer par l’amélioration des régimes fonciers. Son programme facilitant l’accès des petits producteurs au marché fournit des services ciblés aux organisations paysannes et aux organisations partenaires utilisant l’approche des filières. Pedro Peretti, de la Federación Agraria Argentina (FAA), a présenté son organisation centenaire, un syndicat qui fournit aussi des services – financiers et non financiers – par l’intermédiaire d’un réseau de coopératives. La FAA n’accepte aucun financement du Gouvernement argentin, afin de sauvegarder son indépendance, mais elle accepte une aide internationale à concurrence de 15% de ses ressources totales. Il a insisté sur un certain nombre de principes fondamentaux, notamment la nécessité de veiller à la transparence dans la prestation des services, d’éviter le développement d’une caste bureaucratique de 85 dirigeants en assurant des élections et un renouvellement périodiques, de maintenir d’étroites connexions avec les bases locales et de parvenir à un contrôle social fort. Le renforcement des capacités des organisations membres est encouragé par l’intermédiaire d’une fondation, en particulier pour le renforcement des filières commerciales. Recommandations Les principales recommandations issues des observations formulées par trois des intervenants (Ndiogou Fall, du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest [ROPPA], Steven Ruvuga, du Réseau national des groupements d’agriculteurs de Tanzanie [MVIWATA], et Pedro Peretti, de la FAA), et du débat qui a suivi peuvent être résumées comme suit: Principes fondamentaux relatifs au soutien à apporter aux organisations paysannes afin qu’elles offrent un meilleur service à leurs membres • Fonder le soutien aux organisations paysannes sur un partenariat efficace, le respect mutuel et la confiance. • Veiller à ce que la prestation de services soit contrôlée par les agriculteurs et induite par la demande. • Privilégier le soutien direct aux organisations paysannes pour renforcer leurs propres capacités de choisir entre la prestation directe de services à leurs membres ou le recours à des prestataires externes. • Partir de la réalité: prévoir une phase préparatoire induite par les organisations paysannes (éventuellement avec un soutien externe) pour définir les objectifs, évaluer le contexte d’ensemble (par exemple, cadre juridique, politiques budgétaires et autres politiques pertinentes, cartographie des prestataires de services, marchés), concevoir le programme de prestation de services et définir un plan d’action. À cet effet, les activités préparatoires doivent être reflétées dans les programmes et budgets des donateurs. • Développer des services de proximité, en s’appuyant sur diverses sources, couvrant à la fois les organisations paysannes et les partenaires externes. • Un appui institutionnel à long terme est nécessaire pour soutenir le développement des institutions, en particulier du point de vue de la gouvernance et de celui de la gestion des organisations paysannes. Les organisations paysannes doivent être renforcées à la fois pour offrir des services et pour avoir accès aux services (recenser les prestataires de services correspondant aux besoins des organisations paysannes), et ensuite pour assurer le suivi de la qualité des services ainsi que de leur impact sur les activités des agriculteurs. • Veiller, dans le même temps, à ce que de petits montants puissent être alloués à court terme, afin d’assurer la souplesse des budgets et la mise à disposition rapide de fonds. Adaptation du soutien aux divers types d’organisations paysannes • Cartographier les organisations paysannes et leur stade de développement pour un soutien mieux adapté. (Asia DHRRA, par exemple, distingue quatre stades – survie, productivité, croissance et expansion.) • Cartographier les prestataires de services, afin d’aider les organisations paysannes à trouver le meilleur équilibre entre services internes et externes. • Faire en sorte que le soutien soit souple, afin de l’adapter aux différents types d’organisations paysannes et de promouvoir une diversification des prestataires de services, parmi lesquels les organisations paysannes elles-mêmes. • Aider les organisations paysannes à faire leurs propres choix stratégiques quant aux domaines prioritaires de renforcement des capacités, déterminer les services qu’elles peuvent elles-mêmes offrir et renforcer leurs capacités en la matière. 86 Durabilité de la prestation des services aux membres des organisations paysannes • Se concentrer sur les activités économiques et l’accès aux marchés. L’autonomisation économique est considérée comme essentielle pour assurer la durabilité. Dans cette perspective, toutefois, l’amélioration des capacités des organisations paysannes d’assurer aux producteurs l’accès aux ressources productives, notamment la terre, et/ou le contrôle de ces ressources est un facteur important. • Aider les organisations paysannes à s’insérer dans les filières et à établir des partenariats avec les autres parties prenantes. • Offrir aux organisations paysannes un accès aux ressources financières (fonds renouvelables, prêts concessionnels accordés par des institutions de microfinancement) et les aider à developper des contrats avec des investisseurs privés socialement responsables, garantissant des prix rémunérateurs, et aidant les OP à élargir leur éventail d’activités. • Aider les organisations paysannes à envisager des stratégies de sortie dès le début de leurs activités de prestation de services. • Aider les organisations paysannes à s’engager dans les processus de concertation sur les politiques avec les gouvernements, et à négocier des soutiens, en particulier lorsqu’elles assurent des services publics. • Adapter les subventions à la capacité de paiement : les capacités des organisations paysannes sont souvent surestimées, et il faut les aider à développer leur propre capacité de démarrage, d’autoévaluation et d’adaptation de leurs activités. Observations finales En conclusion, le rôle central des organisations paysannes et de leurs membres dans la définition, la prestation et le contrôle de la qualité des services a été réaffirmé, tout comme ont été réitérés les problèmes qu’implique le soutien financier externe. Les risques du soutien financier externe Les organisations paysannes ont à l’évidence besoin d’un appui extérieur pour offrir de meilleurs services à leurs membres, directement ou par l’intermédiaire de prestataires de services externes. Elles sont toutefois confrontées à un important défi, qui concerne leur dépendance vis-à-vis de soutiens financiers externes, et les risques qui y sont liés. En général extrêmement versatiles (en fonction, par exemple, des cycles de projet), les soutiens externes ne favorisent pas la durabilité des prestations de services. De plus, ils sont souvent extrêmement exigeants en termes de soumission de rapports, et les organisations paysannes risquent dans ces conditions d’avoir davantage de comptes à rendre à leurs donateurs qu’à leurs membres. En outre, si le soutien des pouvoirs publics aux organisations paysannes fournissant des services publics relève d’une attitude positive, il présente aussi un risque de dépendance que certaines organisations paysannes se refusent à prendre. Les participants ont également souligné l’importance de la capitalisation des connaissances au sein des organisations paysannes, spécialement par l’encouragement et le renforcement des liaisons/réseaux entre paysans sur la base d’engagements institutionnels à long terme, et le renforcement des liens entre plates-formes régionales. Apprendre les bonnes pratiques, faciliter les échanges – en particulier les échanges Sud-Sud – et faire participer les organisations paysannes au suivi évaluation des projets, y compris ceux du FIDA, sont essentiels pour tirer davantage – et plus utilement – d’enseignements de la participation des organisations paysannes en termes de renforcement des capacités et de prestation de services. 87 APPENDICE V Liste des participants ORGANISATIONS PAYSANNES ET DE PRODUCTEURS RURAUX Afrique orientale et australe Mr Renaldo Chingore João, President, Uniao Nacional de Camponeses (UNAC), Maputo, Mozambique. Tel +258-21-306738 / +258-21-311828; Fax +258-21-306738 [email protected]; [email protected] Mr Leonard Nduati Kariuki, National Chairman, Kenya National Federation of Agricultural Producers (KENFAP), Nairobi, Kenya. Tel +254-20-608324; [email protected], [email protected], [email protected]; http://www.kenpaf.org Mr Philip Kiriro, President, Nairobi, Kenya. Tel/fax +254-20-4451691; Mobile +254-728 405067; [email protected]; [email protected]; [email protected]; www.eaffu.org Mr Steven A. Ruvuga, National Coordinator, Morongoro, Tanzania. Tel/Fax +255-(0)232 6141 84; Fax +255-(0)2614184; Mobile +255-(0)744 38 92 47; [email protected]; [email protected] Mr Douglas Taylor-Freeme, President, Pretoria, South Africa. [email protected], [email protected]; http://www.sacau.org Mr Solofo Andrianjafimahatratra, President, Chambre d’Agriculture, Tranoben’ny Tantsaha, Madagascar. [email protected], [email protected]. Ms Alice Kachere, Board Chair Person, National Smallholder Farmers Association of Malawi, Lilongwe, Malawi. Tel +265 1 772866, [email protected]; http://www.nasfam.org Ms Frank Tumwebaz, President, Uganda National Farmers Federation (UNFFE), Northern Region Representative, Kampala, Uganda. Tel +256-414-340249 / 230705; [email protected]; http://www.unffe.org Afrique de l’Ouest et du Centre Mr King-David Amoah, President, Farmers’ Organisations Network in Ghana Accra (FONG), Ghana. Tel +233-21-315894; [email protected], [email protected]; [email protected] Mr Makanjuola Olaseinde Arigbede, National Coordinator, United Small & Medium Scale Farmers Associations of Nigeria (USMEFAN), Member of the Farmers’ Forum Steering Committee, IBADAN Oyo State, Nigeria. Tel +234-2-8107367; Tel/fax +234-2-8103720; Mobile +234-8034647797; [email protected] 88 Mr Ibrahima Coulibaly, President, CNOP Mali, Bamako, Mali. Tel +223-228-7415/272 34 88 (dir), Tel c/o AOPP +223-228-6781 / 223-6761126; [email protected], [email protected] Mr NDiogou Fall, President, ROPPA Western Africa, Member of the Farmers’ Forum Steering Committee, Thiès, Senegal. Tel +221-9511237; Mobile +221 77 614 17 24; [email protected], [email protected], [email protected]; http://www.roppa.info Ms Elisabeth Atangana, President, PROPAC Central Africa, Yaounde, Cameroon. Tel +237 99 44 08 30 / +23799825940; [email protected], [email protected], [email protected]; http://www.propac-op.org Ms Hortense Kinkodila, Présidente, CNOP Concertation Nationale des Organisations Paysannes et des producteurs agricoles du Congo Brazzaville, Republic of Congo. [email protected], [email protected], [email protected] [email protected]; http://cnop-congo04.e-monsite.com/ Ms. Alphonsine Nguba Ngiengo, COPACO-PRP, Confédération Paysanne du Congo, Member of the Farmers’ Forum Steering Committee, ICC member of La Via Campesina, DR Congo. Tel +243 99 46 42 963; [email protected], [email protected], [email protected] Mr Abba Manneh, Member of the Executive Board, National Co-coordinating Organisation of Farmers’ Association of The Gambia, NACOFAG, Gambia. [email protected], [email protected] Ms Seynabou Ndoye, Vice-President, Fédération Nationale des GIE de Pêche du Sénégal, FENAGIE Pêche, Dakar, Senegal. Tel +221 832 11 00; [email protected], [email protected]; http://www.fenagiepeche.com/index.html Ms Korotoumou Gariko, Membre du Conseil d’Administration, Confédération Paysanne du Faso, CPF, Ouagadougou, Burkina Faso. Tel +226 50301844; [email protected]; http://www.cpf.bf Proche-Orient et Afrique du Nord Mr Abdelmajid Labidi, Member of the Executive Board, Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche, UTAP, Tunisia. Tel +216-71806800; [email protected], [email protected]; http://www.utap.org.tn/ Mr.Ahmad Al-Faour, President, Jordan Farmers’ Union (JFU), Amman, Jordan. Tel +962 65655835/7; Fax 00 962 65622 182; [email protected]; [email protected] Ms Nazeli Vardanyan, Director, Federation of Agricultural Associations (FAA), Yerevan 0032, Armenia. Tel (374-10) 77 88 70, 77 88 07; [email protected], [email protected]; http://www.faa-ule.am/ Ms Maha Hussein Freigoun, Focal Point, North Sudan Commission, The Sudan. Tel 0912364917; [email protected] 89 Asie Mr Zainal Arifin Fuat, Secretary, Serikat Petani Indonesia (SPI); Jakarta, Indonesia. Tel +62-21-7991890; [email protected], [email protected]; http://www.viacampesina.org Mr Raul Q. Montemayor, Vice-President, IFAP, National Manager, Federation of Free Farmers Cooperatives, IFAP Asian Committee, Quezon City, The Philippines. Tel +63-2-6471093; Fax +63-2-6471451; [email protected] Ms Estrella Penunia Banzuela, Secretary General, Asian Farmers’ Association for Sustainable Rural Development, Member of the Farmers’ Forum Steering Committee, Quezon City, Philippines. Tel/Fax +632-4364640; [email protected]; [email protected], [email protected]; http://www.asianfarmers.org Mr Kushal Pal Singh, Chairman, IFAP - Asian Regional Committee, Meerut, India. Tel +9111-2688-9002; [email protected], [email protected] Ms Kong Sokchhoin, Project Coordination of FNN, Khan Tuol Kork, Phnom Penh, Cambodia. [email protected], [email protected]; www.fnn.org.kh Ms Amalia Pulungan, Representative, Aliansi Petani, Indonesia (Indonesian Peasant Alliance), Jakarta Timur, Indonesia. Tel +62 21 8564164, Mobile 62-8561446269; [email protected], [email protected], [email protected]; http//www.api-indonesia.blogspot.com/ Ms Florita Caya, National Vice Chairperson, LAKAMBINI-PAKISAMA, Quezon City, Philippines. Tel +63-2 426 7785; Fax +63-2 426 7784; [email protected], [email protected], [email protected], [email protected] Ms Smita Bhatnagar, Finance Coordinator, Self Employed Women’s Association (SEWA), SEWA Reception Centre, Opp. Victoria Garden, Bhadra, Ahmadabad, India. Tel 91-79-25506444 / 25506477 / 25506441; [email protected], [email protected], [email protected]; http://www.sewa.org/index.asp Mr Ibrahim Umar, President, Maldives Farmers’ and Agriculture Association (MFAA), Republic of the Maldives. Tel +960-9947888; Fax +960-3335894; [email protected] Ms Jeomsook Goo, Secretary General, Korean Women Peasants Association (KWPA), Republic of Korea. [email protected], [email protected]; http://www.viacampesina.org Balram Banskota, Deputy Secretary General, Nepal Peasants Federation (ANPFa), PO Box: 273, Lalitpur, Nepal. Tel +977 14288404; Fax+ 977 14288403; [email protected], [email protected], [email protected]; http://www.anpfa.org.np Ms Padma Pushpakanthi, Convener of Women’s Network on PRSP and National Coordinator, MONLAR, Sri Lanka. [email protected], [email protected]; http://savisthri.blogspot.com/ Amérique centrale et Caraïbes Mr Germán Cartagena, Unión Nacional des Agricultores e Ganaderos (UNAG), Nicaragua. Tel +268-7429-2661675, Tel Office +505-2687439, Tel/Fax +505-2502044; [email protected], [email protected], [email protected] Mr Pedro Rafael Alegría Moncada, Coordinator, Global Campaign on Agrarian Reform Member of the International Coordination Commission, La Via Campesina, Honduras. [email protected], [email protected] 90 Ms Juana Mercedes de Brioso, Confederación Nacional de Mujeres Campesinas (CONAMUCA), Santo Domingo, Dominican Republic. Tel +809 682 0075; Fax +809 686 7517; [email protected], [email protected] Ms Maria Alicia Calles, President, Consejo Coordinador de Organizaciones Campesinas de Honduras, COCOCH, Honduras. [email protected], [email protected] Mr Rose Renwick, Coordinator, Windward Islands Farmers Association, WINFA, Saint Vincent. [email protected], [email protected]; http://www.winfa.org Mr Juan Santos, Asociación de Agricultores Integral El Sembrador (AGRISEM), Aldea Cholá, Uspantán, Quiché, Guatemala. Tel 502) 53663541, (502) 51912145, (502) 57897656; [email protected], [email protected]; http://www.agrisem.org Amérique du Sud Mr Alberto Ercilio Broch, Confereraçao Nacional dos Trabalhadores na Agricultura, CONTAG, Brazilia, Brazil. Tel +5561-2102-2288, +5561-8134-0389; [email protected], [email protected], [email protected]; http://www.contag.org.br Mr Pedro Peretti, Coordinadora de productores familiares del MERCOSUR (COPROFAM) Secretary, c/o Federación Agraria Argentina (FAA), Argentina. Tel +54 341-512-2000, +54 114-343-5478; Fax +54 341-512-2001; [email protected], [email protected]; http://www.faa.com.ar Mr Eugenio Rigoberto Turra Paredes, President, Movimento Unitario Campesino y Etnia de Chile, MUCECH, Chile. Tel +562 635 1518 / 681 96 63; [email protected], [email protected] Ms Alessandra Da Costa Lunas Santos, Executive Secretary, COPROFAM, Cono Mercosur, Member of the Farmers’ Forum Steering Committee. [email protected]; http://www.coprofam.org Mr Juan Macuaga Condori, Coordinadora de Integración de Organizaciones Económicas campesinas de Bolivia (CIOEC), Bolivia. [email protected], [email protected] Ms Raquel Copa de Justo, Secretaria de Actas y Archivos, Asociación de Productores Agropecuarios Ecologicos, Imperial Talaca, Candarave, Tacna, Perú. Tel 052 – 952647786, 052 - 472040; [email protected], [email protected] Ms Julia Flores Calderon, Lideresa, Asociación de Productores Agropecuarios y Artesanales, Cumbre de Llave, Perú. Tel. 051 951566454; [email protected] Ms Lucila Quintana, Vice-President, Junta Nacional del Café (JNC), Lima, Perú. Tel (511) 4331477 - (511) 3327914; [email protected], [email protected]; http://www.juntadelcafe.org.pe Ms Mercedes Pluas Pacheco, Coordinadora del Sector campesino, Federación Nacional de Campesinos e Indígenas Libres de Ecuador (FENACLE), Guayaquil, Ecuador. Tel (593) 04 2414077; [email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected]; http://www.fenacle.org.ec Mr Juan Herrero, Asociación de Productores del NorOeste Cordobés (APENOC), Argentina. [email protected], [email protected], [email protected], [email protected], [email protected] 91 Pays de l’OCDE Ms Elizabeth Gauffin, President, IFAP Development Cooperation Committee (DCC), Federation of Swedish Farmers (IFAP), Stockholm, Sweden. Tel +467- 053-60361; [email protected] Ms Claude Girod, International Commission, La Via Campesina, Responsable de la commission “internationale” de la Confédération Paysanne, Responsable du groupe de travail sur la “Souveraineté Alimentaire” pour les Organisations Européennes, Frangy-en Bresse, France. Tel +33-3-85747189; [email protected], [email protected] Ms Karen Serres, Présidente, Commission Nationale des Agricultrices, FNSEA, IFAP, Lauzes, France. Tel +33-6219-37136; [email protected] Mr Giuseppe Politi, President, Confederazione italiana agricoltori (CIA), Rome, Italy. Tel +39 06 32 68 73 05; [email protected], [email protected] Ms Kati Partanen, President of IFAP Young Farmers’ Committee, YFC, IFAP, Iisalmi, Finland. Tel +358 40 5229872; [email protected], [email protected]; http://www.ifap.org Mr Carlos Marentes, Director, Border Agricultural Workers USA, Texas, USA. Tel (915) 532-0921; [email protected] Mr Roger Johnson, President, NFU, Washington DC, USA. Tel +1 202 554 1600; [email protected] Fédération/réseaux internationaux Mr Taghi Farvar, Executive Secretary, International Federation/Networks, WAMIP, Teheran, Iran. Tel +98-2166972-973; Mobile +98-9121764-908; [email protected] Ms George Dixon Fernandez, President, MIJARC, Brussels, Belgium. [email protected] Mr Pedro Avendaño Garcès, Executive Secretary, WFF, Member of the Farmers’ Forum Steering Committee. [email protected], [email protected], [email protected] Mr David King, Secretary General, IFAP, Member of the Farmers’ Forum Steering Committee, Paris, France. [email protected] Mr Andre Leu, Vice-President, IFOAM. [email protected] Mr Henry Saragih, General Coordinator, International Operative Secretariat, La Via Campesina, Member of the Farmers’ Forum Steering Committee, Indonesia. Tel +62 21 799 1890; Fax +62 21 799 3426; [email protected], [email protected], [email protected]; http://www.viacampesina.org Mr Ajaykumar Manubhai Vashee, President, IFAP, Member of the Farmers’ Forum Steering Committee. Tel. +27-12-3226980; Fax +27-12-3200557; [email protected], [email protected], [email protected] Mr Herman Kumara Wijethunge, General Secretary, WFFP, Member of the Farmers’ Forum Steering Committee, Sri Lanka. Tel +94-31-4870658 / 31-22-39750 / 31-48-72692; Fax +94-31-4872692; [email protected], [email protected], [email protected]; http://www.nafsolk.org 92 OBSERVATEURS Personnes ressources et personnel technique d’organisations paysannes Mr Gustave Ewole, PROPAC, Cameroun. Tel/Fax +23799825940, +23722234190; [email protected], [email protected] Mr Benito Eliasi, Capacity-Building Officer, SACAU, South Africa. Tel +27(0) 760249307; Fax +27-12-6440808; [email protected]; http://www.sacau.org Mr Stephen Muchiri, Chief Executive Officer, EAFF, Nairobi, Kenya. Tel +254 (20) 445 1691; Fax +254 (20) 445 1691; Mobile +254 (722) 80 93 20; [email protected], [email protected] Mr Mohamadou Magha, Coordonateur Cellule d’Exécution Technique, ROPPA, Burkina Faso. Tel +226 (50) 36 08 25; Mobile +226 (788) 47 302; [email protected], [email protected]; http://www.roppa.info Ms Lilia Hantanirina Ravoniarisoa, Secrétaire Générale, FVTM, Madagascar. [email protected] Ms Carolin Grieshop, Secretary General, Mouvement International de la Jeunesse Agricole (MIJARC), Brussels, Belgium. Tel +32 2 734 92 11; [email protected]; http://www.mirjac.org Mr Mamadou Cissokho, Facilitator, Pan-African Farmers’ Platform. Mobile +221 (77) 5581455; [email protected], [email protected] Ms Cristina Grandi, Liaison Officer to FAO & IFAD International Federation of Organic Agriculture Movements (IFOAM) Rome, Italy. Tel +39-06-45437-485; [email protected]; http://www.ifoam.org Ms Indra Sakti Gunawan Lubis, La Via Campesina, Jakarta, Indonesia. Tel +62-21-7991890; [email protected] Mr Lamine Coulibaly, La Via Campesina, CNOP Mali, Bamako, Mali. Tel/Fax 00223 20 28 60 0; [email protected] Mr Paul Nicholson, Euskal Herriko Nezakarien Elkartasuna (EHNE), La Via Campesina, Spain. [email protected] Ms Solenne Piriou-Garin, International staff, La Via Campesina. [email protected] Organisations non gouvernementales (ONG) et consultants Mr José A. Osaba, WRF-FRM IYFF-AIAF Campaign Coordinator, WORLD RURAL FORUM, Araba, Spain. Mobile + 34 649 638996; Tel + 945 12 13 24; [email protected], [email protected]; www.familyfarmingcampaign.net, www.ruralforum.net Ms Laura Lorenzo Lacalle, WORLD RURAL FORUM, WRF, Araba, Spain. Mobile + 34 649 638996, Tel + 945 12 13 24; [email protected] Ms Marlene Ramirez, Secretary General, Asian Partnership for the Development of Human Resources in Rural Asia (AsiaDHRRA), Quezon City, Philippines. Tel (632) 436.47.06, (632) 426.67.39; Fax (632) 426.67.39; [email protected]; http://www.asiadhrra.org Mr Aksel Naerstad, Senior Policy Adviser, International coordinator of the More and Better Campaign, More and Better, Oslo, Norway. Tel +47 23 10 95 91; Mobile +47 48 25 82 85; Skype:akselnaerstad; [email protected]; http:// www.moreandbetter.org, http://www.utviklingsfondet.no 93 Ms Kanchan Lama, Coordinator, Women Organizing for Change in Agriculture WOCAN, Nepal. Tel 1-202-331-9099; [email protected] Ms Shanta Manavi, Chairperson of Central Acting Committee of Pokhara, All Nepal Women Association, Kathmandu, Nepal. [email protected] Ms Livia Zoli, ACTIONAID. [email protected] Mr Chris Leather, Food Policy Adviser, OXFAM, International, Rome, Italy. Tel +39 34 05 44 98 67; [email protected]; http://www.oxfaminternational.org, http://www.ipcinfo.org Ms Martha Hirpa, Director of Gender Equity and Young People’s Initiative, Heifer International, Board Member, WOCAN, Little Rock, AR/USA. Tel (800) 422-0474; [email protected]; http://www.heifer.org/ Mr Antonio Onorati, President CROCEVIA, International NGO/CSO Planning Committee (IPC), Roma, Italy. Tel 06-72902263; Mobile +393408219456; [email protected]; http://www.croceviaterra.it, http://www.foodsovereignty.org Ms Nora McKeon, Coordinator, TERRA NUOVA, Rome, Italy. Tel 0039/06/8070847, Mobile +393358388785; [email protected]; http://www.terranuova.org Mr Laurent Pellerin, President, AGRICORD and President of Union Producteurs Agricoles (UPA), Canada, Leuven, Belgium. Tel +32 (0) 16 24 27 50; Fax +32 (0) 16 24 27 55; [email protected], [email protected], http://www.upa.qc.ca Mr Ignace Coussement, Managing Director Agricord, Leuven, Belgium. Tel +32 (0) 16 24 27 50; [email protected], [email protected]; http://www.agricord.org Mr Marek Poznanski, Collectif Stratégies Alimentaires (CSA), Brussels, Belgium. Tel +32 (0)2 412 06 62; [email protected]; http://www.csa-be.org Mr Christophe Jacqmin, Directeur, Inter-réseaux Développement rural, Paris, France. Tel +33 (0)1 42 46 57 13; [email protected]; http://www.Inter-reseaux.org Ms Nathalie Boquien, Animatrice réseau, Inter-réseaux Développement rural, France. Tel +33 (0)1 42 46 57 13; [email protected]; http://www.Inter-reseaux.org Mr Fadel Diamé, Consultant, Jilanka, Pretoria, South Africa. Tel +27 (0) 129918628, Mobile +27 (0) 846062782; [email protected] Organisations internationales et agences de coopération bilatérale Mr Madiodio Niasse, Director of the Secretariat of the International Land Coalition (ILC), Rome, Italy. Tel +390654592206; [email protected] Mr Thomas Price, FAO, Rome, Italy. Tel +39 06 5705-54775; [email protected]; http://www.fao.org Mr Doyle Baker, FAO, Rome, Italy. [email protected] Mr Guy Evers, FAO, Rome, Italy. [email protected]; http://www.fao.org Ms Alberta Mascaretti, FAO, Rome, Italy. [email protected]; http://www.fao.org Paul Mathieu, FAO, Rome, Italy. [email protected] Mr Jacky Ganry, Global Forum for Agricultural Research (GFAR), Rome, Italy. Tel +39 06570 56614; [email protected] 94 Mr Heiko Karl Knoch, Head, NGO Unit, Division of External Relations, WFP, Rome, Italy. Tel +39-06/6513 2958; [email protected]; http://www.wfp.org Ms Sarah Longford, Purchase for Progress, WFP, Rome, Italy. Tel +39-06/6513 2958; [email protected]; http://www.wfp.org Mr Ken Davies, Coordinator, Purchase for Progress, WFP, Rome, Italy. Tel +39-06/6513 2958; [email protected]; http://www.wfp.org Ms Florence Lasbennes, Country coordinator, HLTF on the global food security crisis, Rome, Italy. Tel +39-06/5459 2641; [email protected] Ms Sabine Schenk, Senior Advisor - Natural Resources and Environment, Swiss Agency for Development and Cooperation (SDC), Bern, Switzerland. [email protected]; http://www.sdc.admin.ch/ Mr Philip Mikos, Head of Rural Development and Environment Unit, DG Development, European Commission, Evere, Belgium. Tel + 32.2.29 93047; Fax + 32.2.29 92908; [email protected]; http://ec.europa.eu Mr Yves Leenaerts, European Commission, AIDCO E6, Evere, Belgium. Tel + 32 2 299 37 64; Fax + 32.2.29 92908; [email protected]; http://ec.europa.eu Ms Mercy Karanja, Senior Program Officer, Global Development, Bill and Melinda Gates Foundation, Seattle, USA. Tel +1 206 770 1501; Fax +1 206 709 3131; [email protected]; http://www.gatesfoundation.org Ms Arlene Mitchell, Bill and Melinda Gates Foundation, Seattle, USA. Tel +1 206 770 1501; Fax +1 206 709 3131; [email protected]; http://www.gatesfoundation.org Ms Dorothee Loetscher, Global Forum for Rural Advisory Services (GFRAS), Switzerland. Tel +41 (0)52 354 97 64, +41 (0)52 354 97 64, +41 (0)52 354 97 64, +41 (0)52 354 97 64; Fax + 41 (0)52 354 97 97; [email protected] Mr Claude Torre, Chargé de mission AFD, France. Tel +39 06 68 40 52 29 / 40; [email protected]; http://www.delegfrance-oaa.org Programmes soutenus par le FIDA Mr Lic. Susana Márquez, Responsable del Área de Relaciones Internacionales Ministerio de Agricultura, Unidad para el Cambio Rural (UCAR), Ganadería y Pesca, Argentina. [email protected] Mr Carlos Mermot Salvino, Asistente Técnico Programa REAF, FIDA MERCOSUR, Tel + 598 99 69 36 28; [email protected] Mr Lautaro Viscay, Asistente Técnico, Secretaría REAF, FIDA MERCOSUR. Tel +54-343-15-4593357; [email protected], [email protected] Mr Leonardo Granados Rojas, Coordinador Programa, Dr CAFTA, Diálogo Regional Rural, Global, Tel (506) 2222 8624; [email protected]; www.dialogoregionalrural.org 95 Personnes ressources Agnès Deshormes, Consultante, Paris. [email protected] Sappho Haralambous, Consultante, Rome. [email protected] Brett Shapiro, Consultante, Rome. [email protected] Participation du FIDA De nombreux membres du personnel du FIDA ont participé à l’événement, et la plupart des membres du Département gestion des programmes étaient présents à une ou plusieurs des séances plénières, des réunions des groupes de travail et des événements parallèles. Le Président du FIDA a prononcé le discours d’ouverture, la Vice-Présidente a présidé la séance de clôture, et le Vice-Président adjoint responsable des programmes, a participé à toutes les séances plénières. Toutes les photos de la réunion par le FIDA/Publifoto 96 Les appellations employées dans cette publication et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part du Fonds international de développement agricole des Nations Unies aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les appellations de pays “développés” et “en développement” sont employées à des fins de commodité statistique et ne reflètent pas nécessairement un jugement quant au stade atteint par tel ou tel pays ou telle ou telle région dans le processus de développement. La présente publication peut être reproduite en tout ou en partie sans l’autorisation préalable du FIDA, à condition que la source soit indiquée par l’éditeur et qu’une copie du texte publié soit envoyée au FIDA. Photo page de couverture: FIDA/G.M.B. Akash Contacts Jean-Philippe Audinet Division des politiques et du conseil technique FIDA Courrier électronique: [email protected] Roberto Longo Division des politiques et du conseil technique FIDA Courrier électronique: [email protected] Philippe Rémy Division des politiques et du conseil technique FIDA Courrier électronique: [email protected] Janvier 2011 Fonds international de développement agricole Via Paolo di Dono, 44 00142 Rome, Italie Tél.: +39 06 54591 Télécopie: +39 06 5043463 Courriel: [email protected] www.ifad.org www.ifad.org/farmer