La Stampa Entretien de M.Valls « ``En Europe, la gauche a un poids

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La Stampa Entretien de M.Valls « ``En Europe, la gauche a un poids
La Stampa
Lundi 8 septembre 2014
Entretien de M.Valls
(par A. Mattioli)
« ‘’En Europe, la gauche a un poids plus important grâce à Renzi’’ – Le Premier
ministre français : ‘’nous devons abandonner les vieux dogmes’’ »
Monsieur Valls, pensez-vous que les affaires privées du Président Hollande soient un
problème politique ? « Parlons des tortellini, c’est mieux ». Et, en effet, c’est le jour du
« pacte des tortellini » pour faire évoluer l’Europe, en avant toute vers la gauche. Et le
Premier ministre Valls souhaite parler uniquement de ça, et pas de la vengeance via livre de
Madame Trierweiler contre le Président infidèle. L’Europe donc. Mais avant ça, les tortellini :
« ah, excellentes ».
Q. : Monsieur Valls, Renzi vous a-t-il donné des conseils ?
R. : Je n’en ai pas besoin. Je crois que chaque pays a son histoire et ses particularités. L’Italie
sort d’une longue crise, avec Berlusconi qui était la risée de l’Europe. Dans une situation très
difficile pour tout le monde, Renzi représente la gauche qui prend ses responsabilités et dit
la vérité aux Italiens. C’est exactement ce que je fais en France.
Q. : Mais Renzi a obtenu un score de 40,8% aux Européennes, alors que Hollande est en
chute libre dans les sondages, et selon Le Monde, vous entraîne aussi dans sa chute.
R. : Je ne crois pas qu’il faille gouverner selon les sondages. La France vit une crise
économique, politique et morale, parce que l’extrême-droite de Madame Le Pen est
accréditée à 32%, donc aux portes du pouvoir. Une gauche moderne a le devoir
d’abandonner les vieux dogmes et de mener des réformes courageuses. Nous avons adopté
un plan de soutien aux entreprises, nous réduisons la dépense publique de 50 milliards en
trois ans, nous réduisons les régions de 22 à 12, nous simplifions la bureaucratie et le
marché du travail. Nous ne pouvons plus vivre au-dessus de nos moyens.
Q. : A Paris, la politique change, à Bruxelles non.
R. : La France se bat, depuis que François Hollande a été élu, en mai 2012, pour réorienter la
politique européenne et pour trouver des instruments communs pour la croissance. Nous ne
sommes plus seuls maintenant. Et c’est pour cette raison que la gauche européenne doit
être unie.
Q. : Croyez-vous que la France puisse faire levier sur l’Italie (et vice-versa) pour influencer
Madame Merkel ?
R. : Nous ne devons pas parler de Sud contre le Nord de l’Union européenne, d’abord parce
que cela n’aurait pas de sens, et ensuite parce que je ne saurais où positionner la France. Je
crois que les choses sont déjà en train de changer, par exemple grâce au travail du Spd au
sein du gouvernement allemand. Le plan dont nous parlerons au sommet européen du 6
octobre va dans cette direction. Oui, les choses avancent. Et la gauche a plus de poids en
Europe également parce que Renzi a remporté les élections.
Q. : Draghi vous a aidé ?
R. : Les déclarations de Draghi sont le signe que notre voix commence à être entendue. Ce
qu’il a dit va dans la direction souhaitée : un euro moins fort, relance de la croissance, et
donc de l’emploi. Un signal fort.
Q. : Draghi demande aussi de faire des réformes.
R. : C’est ce que nous sommes en train de faire.
Q. : Que pensez-vous de Mogherini ?
R. : Je me réjouis de sa nomination. N’oublions pas qu’aux frontières de l’Europe est en
cours une grave crise diplomatique qui demande une main ferme. Et le fait de l’avoir choisie
démontre que la gauche place les femmes aux plus hauts postes politiques.
Q. : En 2017 en France, y aura-t-il encore un Président socialiste ?
R. : Nous ne sommes même pas à la moitié du mandat de François Hollande. Donner
l’impression de penser à cette échéance signifie y arriver de la pire des façons./.