Histoire - géographie
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Secondaire Propositions pédagogiques en Histoire-Géographie : du paysage à la carte Généralités Le géographe décrit les aspects de la terre, donc ses paysages. Dans la « Géographie Générale » de l’Encyclopédie de la Pléiade (Gallimard, 1966), la place accordée aux paysages représente 903 pages pour un volume qui en compte 1765. Un ouvrage plus récent, « Les mots de la Géographie », dictionnaire critique (1993) consacre quatre pages à ce terme polysémique. Le paysage intéresse aussi l’historien, et pas seulement le « Paysage historique » cher à Pierre-Henri de Valenciennes. Tout paysage de l’oikoumène (l’espace peuplé par les hommes) peut être considéré comme historique car il est le résultat de la morphologie et du climat mais aussi de l’action de l’homme. Depuis la révolution néolithique, l’homme produit des paysages à travers la démographie, les systèmes politiques, économiques et sociaux. L’historien peut lire certains paysages comme un palimpseste (un parchemin dont on a gratté l’ancienne écriture pour écrire un nouveau texte). En effet, les paysages ont changé à travers les siècles : > Photographies aériennes et télédétection ont révélé les traces anciennes d’occupation du sol : fossés, murs protohistoriques, villes gallo-romaines, mottes féodales, etc. > Bocage et openfield que l’on considérait presque comme les paysages « naturels » du Massif Armoricain ou du Bassin Parisien, ont évolué au cours du XXe siècle (remembrement, arrachage des haies, etc.) > Landes et marécages ont disparu en Gascogne, remplacés depuis le Second Empire par l’immense forêt de pins. > Dans la plaine languedocienne, au pied de l’oppidum pré-romain d’Ensérune et de l’étang circulaire de Montady, asséché au Moyen Age et divisé en parcelles rayonnantes, passent le Canal du Midi, la voie ferrée et l’autoroute. > Ces transformations se font à un rythme si rapide qu’il a été nécessaire de protéger certains paysages en les classant. C’est ainsi que le Canal du Midi et ses rangées de platanes, que le Val de Loire ont été inscrits par l’UNESCO au patrimoine de l’humanité. © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif (Céline Roques, 2002). Secondaire « L’approche de la notion de paysage se fait suivant deux voies : l’une d’ordre esthétique, l’autre d’ordre naturaliste » explique Gabriel Rougerie (Géographie des paysages – Que SaisJe ? – P.U.F). On peut comparer l’approche esthétique du peintre et l’approche naturaliste du géographe. Quels sont leurs codes de représentation ? Que voit le peintre ? Que voit le géographe ? ESPACE Perspective linéaire. Perspective atmosphérique ou aérienne : Couleurs chaudes au premier plan, de plus en plus froides pour Localisation. le lointain en accord avec l’expérience sensible. Orientation. Des valeurs les plus sombres aux valeurs les plus claires, du net au Echelle pour indiquer les distances. flou. Taille décroissante des personnages du premier plan à l’arrière-plan. RELIEF Utilisation d’un dégradé de couleurs, du brun foncé pour les altitudes les plus élevées au brun clair, au jaune Lignes obliques et verticales. et au vert pour les plaines. Utilisation de hachures (vieilles cartes Modelé du relief rendu par jeux « d’Etat Major ») d’ombre et de lumière. Utilisation de courbes de niveau reliant tous les points à une même altitude. COULEURS Utilisées selon les principes de la Utilisées pour mettre en évidence un perspective atmosphérique, selon phénomène : densité de population, l’observation précise des couleurs agriculture intensive ou extensive du paysage qui changent au cours etc. Elles peuvent être analogiques des saisons, des moments de la (brun pour le relief, bleu pour journée, selon la propre perception l’hydrographie) ou purement de l’artiste. conventionnelles, arbitraires (sur les photos satellites la végétation est en rouge). Page 2 sur 9 © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif (Céline Roques, 2002). Secondaire Du tableau à la carte : trois exemples Voici trois exemples de passage du tableau à la carte à partir de trois peintures conservées au musée des Augustins : des œuvres du Baron Lejeune, de Jean-Baptiste Oudry et d'Anthony Jansz van der Croos. > Général Baron François Lejeune, La Cascade et le Lac d’Oô près de Bagnères de Luchon, Huile sur toile, 1834, 181 x 152 cm (Toulouse, musée des Augustins). > La carte Bagnères de Luchon – 1/50.000e de l’Institut Géographique National. Que montre le tableau ? Que montre la carte ? Le lac d’Oô est situé dans un écrin grandiose de montagnes enneigées. Le lac d’Oô est situé à 1.504 m d’altitude. Il est entouré de sommets de plus de 2.000 à 2.500 m. On peut calculer les altitudes en s’aidant des courbes de niveau (équidistance 20 m.) elles augmentent du Nord vers le Sud. Une grande cascade traverse à la verticale le tableau. (Mais on ne voit pas d’où elle vient.) Pour faire ses croquis préparatoires, le peintre a choisi de se placer au nord du lac d’Oô, pour avoir le meilleur point de vue sur la cascade. Le lac d’Espingo communique avec le lac d’Oô par une cascade de 273 m. La cascade est au Sud du lac d’Oô, en amont. Bien qu’on ne voit pas le soleil, les ombres des arbres, des personnages et des animaux permettent de connaître le moment de la journée représenté par Lejeune. Le peintre a minutieusement représenté la végétation, en particulier les grands arbres feuillus. Sur la carte, on peut distinguer les versants ensoleillés (adret dans les Alpes, soulane dans les Pyrénées) des versants à l’ombre (ubac dans les Alpes, ubac ou bac dans les Pyrénées). L’étagement de la végétation varie selon l’exposition et l’altitude. Autour du lac (1.500-1.800 m.) c’est l’étage montagnard, domaine de la forêt mixte de feuillus (hêtres) et de résineux (sapins et pins sylvestres). Le peintre a représenté les premiers aménagements : un chemin, un pont, un cabanon, ainsi que les premiers « touristes » venus à cheval ou mulet pour admirer le site et les animaux des Pyrénées. Le cabanon construit par un Luchonnais en 1829, avec l’autorisation de la commune d’Oô, est devenu un refuge. On peut relever sur la carte tout ce qui n’existait pas au temps du Général Lejeune : équipements hydroélectriques (une centrale utilise les eaux du lac d’Oô), voie ferrée, route nationale, téléphérique, télésièges, etc. Page 3 sur 9 © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif (Céline Roques, 2002). Secondaire > Le tableau et l'artiste Le tableau confronté à la carte prouve que le général Lejeune, ancien officier d’Etat-Major habitué à dresser des relevés topographiques pour Napoléon, n’a pas perdu la sûreté de son coup d’œil. Cependant, il a volontairement rallongé la cascade et exagéré la hauteur des montagnes : il ne cherchait plus l’exactitude topographique de la carte, mais il voulait provoquer chez le spectateur de son tableau, par une savante mise en scène de la nature, l’admiration devant un paysage sublime. Pour cette œuvre aux dimensions imposantes, le peintre a choisi non pas le format « paysage », plus large que haut, mais le format « portrait », plus haut que large, ce qui renforce l’impression de verticalité et donne plus de présence à ces hautes montagnes. Ancien élève de Pierre-Henri de Valenciennes, professeur de perspective et grand paysagiste, Lejeune a composé avec soin son tableau selon une perspective centrale : un chemin conduit le regard du premier au deuxième plan et le renvoit sur la cascade. Lejeune a intégré une scène pittoresque qui anime la partie inférieure du tableau : des promeneurs et promeneuses de la ville, guidés par les montagnards, sont venus voir les montreurs d’ours (les « Ousaillès »), les grands chiens des Pyrénées, les isards, les aigles… Tout ce petit monde est représenté avec précision, souci de la couleur locale. Ce tableau, ainsi que celui de Théodore Richard (Millau, 1782 – Toulouse, 1859), Vue du Pic du Midi de Pau et de la forêt de Gabas, daté également de 1835, exposé lui aussi au musée des Augustins, témoigne de l’intérêt que l’époque romantique porte aux montagnes en général et aux Pyrénées en particulier, et des débuts du tourisme (Les « Mémoires d’un touriste » de Stendhal datent de 1838). Longtemps, les montagnes ont été considérées comme répulsives, et particulièrement les Pyrénées. Madame de Maintenon, accompagnant à Barèges le duc du Maine en 1675, écrivait : « Je prends courage dans un lieu plus affreux que je ne puis vous le dire. » Mais, au cours du XVIIIe siècle, le regard porté sur la nature sauvage change : là où on ne voyait que laideur et spectacle effrayant, on voit maintenant la beauté, le « sublime ». Le nombre des curistes augmente ; les Anglais, surtout, popularisent les Pyrénées dès la fin du XVIIIe siècle. Au début du XIXe siècle, le Romantisme achève de mettre à la mode ces « montagnes farouches ». La Reine Hortense y fait un voyage, accompagné du peintre Fleury-Richard. En 1830, paraissent les « Voyages pittoresques et romantiques dans l’ancienne France » de Taylor et Nodier. Peintures et lithographies popularisent les sites pyrénéens. Or, le baron Lejeune est le peintre qui a contribué à introduire en France au début du XIXe siècle, le procédé de la lithographie. Louis-François Lejeune est né à Strasbourg en 1775 de parents modestes. La famille revient s’installer à Versailles, d’où elle était originaire. Louis-François, très tôt attiré par la peinture fait des croquis dans les jardins du château ; il y reçoit les félicitations de la reine Marie-Antoinette. Son premier professeur est Pierre-Henri de Valenciennes. Mais le jeune homme entre dans Page 4 sur 9 © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif (Céline Roques, 2002). Secondaire l’armée, devient aide de camp de Berthier, participe à l’épopée napoléonienne comme officier et peintre de batailles (Marengon, Austerlitz, etc. …) C’est au cours de ces campagnes qu’il découvre à Munich, en 1806, le procédé de la lithographie mis au point par Aloys Senefelder dès 1795-1796. La carrière militaire de Lejeune se poursuit brillamment, il est nommé général après la bataille de la Moskowa. En 1830, le baron Lejeune s’installe à Toulouse comme commandant du département de la Haute-Garonne et même, peu de temps, maire de la Ville. En 1837, il devient directeur de l’Ecole des Beaux-Arts et des Sciences Industrielles, qui partageait alors, avec le Musée, l’ancien couvent des Augustins. L’ancien peintre des batailles napoléoniennes devient paysagiste. Séduit par les Pyrénées, il les parcourt à cheval avec son album de dessins. Il meurt à Toulouse en 1848, après avoir rédigé ses « Souvenirs d’un officier de l’Empire » (Toulouse – Viguier – 1851). Ce parcours original, « du sabre au pinceau », a inspiré le romancier Patrick Rambaud ; il a fait de Louis-François Lejeune l’un des principaux personnages d'un de ses livres : « La Bataille (prix Goncourt 1999). Général Baron François Lejeune, La Cascade et le Lac d’Oô près de Bagnères de Luchon, Huile sur toile, 1834. Toulouse, musée des Augustins. Photo : © Daniel Martin. Page 5 sur 9 © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif (Céline Roques, 2002). Secondaire > Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), Louis XV chassant le cerf dans la forêt de SaintGermain, Huile sur toile, 1730, 206 x 385 cm (Toulouse, musée des Augustins). > Carte Michelin 1 /100000e Environs de Paris. > Le tableau C’est une scène de chasse à courre dans un parc, peinte « d’après nature » par Jean-Baptiste Oudry. Oudry, excellent peintre animalier et paysagiste, est devenu peintre officiel des chasses royales et directeur de la Manufacture des tapisseries de Beauvais. Au centre de la composition, le roi Louis XV, monté sur son cheval blanc « Le Brasseur », est entouré de courtisans et d’officiers de la Grande Ecurie ; ils sont tous identifiables. Le roi désigne de la main droite les chiens de la meute royale, (marqués d’une croix dans un triangle), qui poursuivent le cerf jusque dans un étang au premier plan. Dans l’angle droit du tableau, Oudry s’est représenté, dessinant la chasse. A l’arrière-plan, on aperçoit la forêt de SaintGermain-en-Laye. Ce grand tableau appartient à plusieurs des genres codifiés par l’Académie Royale depuis le XVIIe siècle : > C’est une « peinture d’Histoire », puisqu’elle met en scène le roi dans une de ses activités favorites à travers laquelle il manifeste sa puissance ; le roi est en effet le chasseur par excellence, il pratique à la perfection l’art de dominer la nature en se dominant lui-même. C’est pourquoi Oudry a représenté Louis XV calme et majestueux comme une statue équestre, au milieu de l’agitation des chiens. > C’est aussi une série de portraits : le roi, son entourage, l’autoportrait d’Oudry. Les chevaux et les chiens sont aussi des portraits ! > C’est enfin une peinture de paysage, un étang et ses roseaux, une éclaircie dans la forêt et, au loin, Saint-Germain-en-Laye. Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), Louis XV chassant le cerf dans la forêt de Saint-Germain, Huile sur toile, 206 x 385 cm, Daté et signé en bas à droite : 1730. Toulouse, musée des Augustins. Photo : © Daniel Martin. Page 6 sur 9 © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif (Céline Roques, 2002). Secondaire > Histoire-Géographie Saint-Germain-en-Laye, sa forêt et ses châteaux se situent à 20 km à l’ouest de Paris, 10 km au nord de Versailles, dans le quatrième des grands méandres que la Seine dessine depuis la capitale. La beauté du site, un plateau boisé surplombant le fleuve, le bon air et surtout la possibilité de chasser à trois heures de cheval de Paris, y ont attiré les rois depuis le MoyenAge. A l’ouest, le Château-Vieux a été reconstruit à la Renaissance pour François Ier, à l’est, Henri II a fait édifier le Château-Neuf par Philibert de l’Orme. Henri IV le fit agrandir et y fit aménager de magnifiques jardins à l’italienne (il ne reste que des vestiges du Château-Neuf et des jardins). Louis XIII aimait séjourner à Saint-Germain et Louis XIV y est né ; il y résida souvent avant l’installation définitive à Versailles. Louis XV continuait donc une tradition familiale bien établie en venant chasser à Saint-Germain. On peut confronter le tableau d’Oudry à la carte Michelin « Environs de Paris ». D’après la carte, la ville de Saint-Germain-en-Laye et le château, devenu musée des Antiquités Nationales, se situent à l’extrémité sud de la forêt. La scène représentée par Oudry est donc vue du nord. L’ancienne forêt royale est devenue forêt domaniale ; les allées ont été transformées en sentiers de grande randonnée ou en routes nationales (N.184 – N.308 – N.190). Alors qu’au milieu du XVIIIe siècle, Paris s’arrêtait à l’ouest aux Invalides et à la place Louis XV (l’actuelle place de la Concorde) et que l’on traversait quatre lieues de champs, de bois et quelques villages pour aller à Saint-Germain, l’urbanisation est maintenant continue. Saint-Germain-enLaye et sa forêt sont englobées dans l’agglomération parisienne dont ils constituent un des « poumons verts ». Les promeneurs du week-end ont remplacé les chasses royales. Page 7 sur 9 © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif (Céline Roques, 2002). Secondaire > Anthony Jansz Van der Croos (La Haye, vers 1606 – La Haye, après 1665), La Haye vue du Nord (Les Dénicheurs d’oiseaux), 1655, huile sur bois, 48 x 62 cm, Inv. RO885, Toulouse, musée des Augustins. > Le réseau urbain des Pays-Bas, Europe du Nord, Europe médiane, par J.P. Marchand, P. Riquet, dans Géographie Universelle, s.d. Roger Brunet, Paris, Belin-Reclus, 1996. > Le tableau Anthony Jansz Van der Croos est un peintre paysagiste dans la tradition du « Siècle d’Or » hollandais. On sait qu’il a vécu à La Haye. Son paysage est une vue de cette ville, mais dans sa composition, c’est au ciel et à la terre qu’il a accordé la plus grande importance. Le ciel occupe en effet les deux tiers du tableau ; il est nébuleux et changeant La terre a fait l’objet d’un traitement minutieux. Au premier plan, à droite, sur une sorte de butte, se dresse un arbre écimé, peut-être par la foudre ou par une tempête ; un homme a grimpé dans les branches, pour examiner leur état ; au sol, quatre autres personnages l’observent. Derrière ce groupe, une clôture de roseaux a été renversée, vraisemblablement par le vent ; sur la gauche, un chemin où les roues des charrettes ont laissé leurs traces, conduit, au second plan, à une zone cultivée quadrillée par des lignes gris-bleu, sans doute des canaux ; un homme travaille dans ce champ. En arrière-plan, se découpant sur le ciel avec ses nombreux clochers, les cheminées et les toits de ses principaux monuments, la ville de La Haye occupe toute la largeur du tableau. Elle n’a pas de remparts. Les teintes de terre et d’ocre dominent et tout le tableau baigne dans la lumière dorée d’une fin de journée. Anthony Jansz van der Croos, La Haye vue du Nord (Les Dénicheurs d’oiseaux) Huile sur toile, Daté et signé en bas à droite : 1655, 48 x 62 cm, Toulouse, musée des Augustins. Photo : © Daniel Martin. Page 8 sur 9 © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif (Céline Roques, 2002). Secondaire > Histoire-Géographie Le ciel nébuleux, les effets du vent sur l’arbre et la clôture, témoignent d’un climat océanique. Les lignes horizontales dominent : c’est le « Plat pays », le « Pays creux » (signification du mot Hollande), gagné en partie sur la mer. « Dieu a crée la Terre, mais il a laissé aux Hollandais le soin de créer les Pays-Bas » dit un vieux proverbe. La ville de La Haye (Den Haag), très proche du littoral, s’est développée dans une zone dunaire et boisée ; la butte au premier plan est peut-être une ancienne dune « colonisée » par la végétation ; le champ quadrillé est un polder argilo-tourbeux, ce qui explique sa couleur et les traces profondes laissées par les roues des charrettes dans le chemin. La Haye est née au XIIIe siècle autour d’une résidence de chasse du comte Guillaume II (d’où son nom : Gravenhaage, la Haie du Comte, abrégé en Den Haag : La Haie). Ce n’était pas officiellement une ville, c’est la raison pour laquelle elle n’avait pas de remparts. C’est à La Haye qu’a été signé le traité par lequel l’Espagne reconnaissait l’indépendance des ProvincesUnies (actuels Pays-Bas) arrachée au terme d’une longue lutte. Le stathonder de Hollande (« lieutenant » chef des armées et de la flotte) y résidait dans le Binnenhof. C’est toujours dans ce palais que siège le gouvernement des Pays-Bas. La Haye compte maintenant un demi-million d’habitant. Avec Amsterdam, la capitale, Rotterdam, le premier port du monde, Utrecht, Leyde, Hilversum, Haarlem, Delft, elle constitue la « Randstad Holland » (la ville de bordure), un anneau urbain aujourd’hui presque continu entourant un espace encore à dominante agricole, le « cœur vert ». Cette Randstad abrite actuellement 40 % de la population des Pays-Bas. Anthony Jansz Van der Croos aurait du mal à reconnaître son Paysage, dévoré par l’urbanisation des XIXe et surtout XXe siècles. Page 9 sur 9 © Ville de Toulouse, musée des Augustins, document réalisé par le service éducatif (Céline Roques, 2002).