LA LANGUE DE CHEZ NOUS

Transcription

LA LANGUE DE CHEZ NOUS
Texte patriotique du spectacle du 23 juin au parc portuaire de Trois-Rivières.
Ce texte est une création de l'auteur Réjean Bonenfant. L'interprétation de
ce texte a été faite par le comédien Guillaume Cholette-Janson, le conteur
Steve Bernier, ainsi que Réjean Bonenfant et Patricia Powers.
LA LANGUE DE CHEZ NOUS
Le Québec, et tout ce qui le constitue, est en nous. Notre désir de
vivre, notre histoire, notre langue...
Une langue, c’est un amoncellement de mots, pour nous
comprendre, soi-même d’abord puis, comprendre les autres.
Les mots, ce sont des coquilles vides que nous devons remplir,
de nos désirs, de nos sentiments, de nos aspirations.
Le poète Paul Éluard l’a dit avant moi, avant nous, « il nous faut peu de mots pour dire
l’essentiel, mais il nous faut tous les mots, pour le rendre réel ».
Dans l’américanité qui est la nôtre, et depuis longtemps, nous avons toujours été obligés
de défendre note langue.
Quand le P.Q., à la fin des années soixante-dix, a adopté la Charte de la langue française,
René Lévesque nous l’avait dit que, le fait d’être obligé de défendre notre langue, cela
constituait une humiliation nécessaire.
Avant cette charte, il y avait eu plusieurs autres lois, dont la plus vieille, la loi Lavergne, en
1910. C’était la première loi qui protégeait le français… mais elle protégeait aussi l’anglais.
Puis, en 1969, la loi 63 pour consacrer le français comme langue de travail.
Je suis né en 1974 avec la loi 22, sur l’affichage en en français. Cette loi 22 a elle-même
été bonifiée en 1977 par la fameuse loi 101 sur, cette fois, l’usage exclusif du français
dans l’affichage.
Ce n’est pas parce qu’il y a des gens qui ont
manqué beaucoup de cours qu’on est obligé
d’en donner un ici ce soir.
Je veux juste rajouter que, actuellement,
c’est comme en 1977, nous devons encore
subir l’humiliation d’avoir à défendre notre
langue.
Et c’est pas fini, c’est rien qu’un début…
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Dans tous les mots de notre langue, dans ses mots-mémoire, dans ses mots orphelins
Dans le prisme des sons qui se marient entre eux pour rendre compte de nos images
Dans la voix chaude de nos pères qui ensemence le futur pour apprendre la parole à nos
enfants, pour apprendre la prise de parole.
Dans le petit jour neuf de notre dur désir
de durer
Et comme le disait encore Paul Éluard
« je suis né pour te connaître, je suis né
pour te nommer, LIBERTÉ »
Liberté, liberté, liberté
Ainsi soit-il !
Ainsi soit-elle !
Mon Québec deviendra encore plus grand quand chacun, quand chacune, comprendra
que c’est pour lui, que c’est pour elle, que nous nous sommes battus, quand, de BlancSablon à la baie James, de Gatineau à la baie d’Ungava, un vent de fierté viendra, de sa
rumeur prophétique, nous confirmer que nous sommes ici chez-nous, que nous sommes
enfin chez-nous.
L’hymne national que nous aurons un jour ne sera pas un hymne guerrier. Dès à présent,
je vote pour l’optimisme.
Être Québécois, c’est aussi s’inscrire dans le temps, dans la durée, dans la pérennité de la
vie afin d’alimenter dès aujourd’hui, le contenu du Je me souviens de l’an 3000.
C’est bien beau le développement durable
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Oui, à condition que ça dure plusse qu’un mandat de quatre ans
C’est bien beau de créer de la richesse
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Oui, mais il faudrait que cette richesse-là soit collective, et non pas individuelle.
C’est bien beau d’avoir les deux mains sur le volant
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Oui, mais il faut aussi avoir les deux yeux bien ouverts.
Moi, je te dis que c’est nécessaire, le nucléaire
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Oui, mais pour guérir le cancer, rien que pour ça.
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Même les éoliennes, c’est très beau
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Mais pas dans nos jardins
C’est même bien beau l’exploitation des ressources du sol

Oui, mais en y mettant du temps, et à condition d’avoir les redevances auxquelles
nous avons droit. Aille, ça appartient à tout le monde.
Nous avons tout ce qu’il faut pour avoir un Québec qui retentit dans l’histoire
Nous avons exactement tout ce qu’il faut pour un Québec qui retentit dans l’histoire
Je t’écris pour te dire que je t’aime, toi le Québec, toi mon Québec, notre Québec mur à
mur que chacun porte en soi, ma terre amère, ma terre amande, lit des résurrections,
nous murmure Gaston Miron, sous son épitaphe à Ste-Agathe des Monts.
Être Québécois, c’est être conscient de ce qui nous définit, de nos valeurs d’égalité, de
fraternité, de liberté : c’est de respecter cette belle langue française qui est la nôtre ; c’est
accepter que se folklorise une Église qui a abusé de ses pouvoirs ; être Québécois, c’est
aussi respecter la terre sur laquelle nous marchons et que nous empruntons, jour après
jour, à nos descendants, et qu’il faudra leur rendre dans le meilleur état possible.
Dans le vitrail des images rebelles qui font, défont et refont le monde
Dans le manège des souffles de qui naît
Des souffles de qui meurt
Dans le petit jour neuf des vieilles histoires d’amour
Le vieux pommier de Félix Leclerc donne encore de jeunes pommes
Et nous dirons au monde, notre joie d’être nés
Pour enfin proclamer, au concert des nations
Pour notre éternité, et notre liberté, le chemin était très long.
« Québécois, nous sommes Québécois, le Québec saura faire, s’il ne se laisse pas faire »
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