RON MUECK: Ron Mueck est un artiste australien qui crée un

RON MUECK:
Ron Mueck est un artiste australien qui crée un paradoxe entre
réalisme et disproportion, voire monstruosité.
Il recrée des êtres hyperréalistes et les met en scène, cependant
il joue de la taille et de la posture de ses créations pour
révéler bien plus qu'une anatomie représentée parfaitement :
sentiments, états psychologiques ou comportements ambigus. Le
conditionnement dans un cadre, notamment de bâtiments et de
pièces, mais aussi par rapport à la taille réelle des personnes
qui circulent autour de ses sculptures, détermine ces œuvres, leur
donne vie.
En manipulant leurs tailles, leurs échelles, Ron Mueck fait passer
ses créations du coté du portrait psychologique ou bien d' « image
mentale ». En s'éloignant du réalisme maniéré qui veut
retranscrire une réalité des plus première et exacte, comme
D.Hanson, il transmet à ses œuvres une origine fantasmagorique,
comme imaginée dans le but de faire ressentir telle émotion,
telle tension, plutôt que de dépeindre une vision classique que
l'on pourrait retrouver sur Terre . Le spectateur qui lui est bien
à échelle 1 voit cette tension , il la mesure , la ressent vis-avis de lui-même, et alors il peut rentrer dans la réalité de
l'œuvre, celle partagée avec l'artiste, qui dépasse en tout point
le réalisme des installations de Mueck (du moins sur le plan du
ressenti, je crois que cette réalité là est beaucoup plus présente
à l'esprit, plus limpide et claire dans la représentation des
sentiments).
Intégrer un cadre est une problématique qui m'anime, ou plutot
trouver quel est « mon » cadre, ma base. Mon bras est d'une
longueur de 1 mètre quand il est tendu, ce 1 mètre le caractérise
et pose les limites qu'il ne peut dépasser, mais ce mètre est
aussi celui qui permet à mon bras d'agir dans cette
circonférence , de créer des objets qui dépasseront ce mètre.
Comment l'utiliser, le contexte, le pourtour; ce qui« définit » ou
à juste titre qui « pose un cadre » , une limite ou une base.
Dans une perspective de travail, comment un cadre hiérarchique est
utilisé pour que chaque élément soit à son maximum productif, et
comment ce cadre peut être obscurcissant et gênant, mais
obligatoire si on veux rentrer dans ce système hiérarchique.
Un employé sait qu'il doit obéir a ces règles, ces limites, s'il
veut évoluer dans cette hiérarchie.
Cependant, les « limites » de l'art étant sans cesse repoussées,
comme dans le mouvement Bahaus ou l'art n'est plus dissocié de la
Vie, ou même le Gutaï où l'action est elle même artistique , en
passant par les ready-made de Duchamps, tout semble avoir été fait
pour élargir ce cadre, le briser ou du moins l'utiliser pour
sortir de l'art établi jusqu'à présent, en sachant que le cadre
peut être aussi enfermant que délivrant, comme une fenêtre ouverte
vers l'extérieur. La récupération, le détournement, le mélange, de
« cadres » dans le sens le plus étendu de ce terme me permettra si
je reste cohérent de me poser de nouvelles problématiques, je
pense par exemple en récupérant des images fortes, emblématiques,
qui sont directement rattachées a un cadre social ou artistique,
et par le dialogue ou la transformation les faire chanter un air
nouveau. Ce qui n'avait rien a faire ensemble, la réalité et le
fantasme, en syncrétisme rassemblés pour dire autre chose.
Saburo Murakami,
artiste japonais du
mouvement Gutaï,
traversant des cadres
à la toile dorée.
« Passage » 1956
De tout temps le cadre et le contexte dans l'art on fait corps aux
œuvres, l'Histoire marquant la vie des artistes, la vie traçant la
liberté, le champ d'action ; la clé et le verrou de l'artiste,
qui ouvre et ferme la porte de la communication avec l'autre, une
porte de perception, comme un lien entre Êtres Humains.
Ainsi le cadre et le contexte qui accompagnent l'artiste et
délimitent sa longueur de bras, sont les constituants de cette
porte.
Il est alors possible de lier une problématique à ce cadre, un
discours ou une pensée, comme élément principal du dispositif de
l' œuvre.