Missa Cuiusvis toni Johannes Ockeghem
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Missa Cuiusvis toni Johannes Ockeghem
Johannes Ockeghem (v 1420- 1497) Missa Cuiusvis toni À l’instar de la Missa Prolationum, la Missa Cuiusvis toni (littéralement : « la messe sur tous les tons »), contribua du vivant de son auteur, Johannes Ockeghem, à agrémenter sa légende et sa réputation. Trésorier de la basilique Saint-Martin de Tours, et donc du royaume de France, le « chantre à la voix d’or » – comme le remémora Erasmus au moment de la mort du compositeur –, n’avait pas besoin de s’affoler auprès des princes pour une commande ou une rémunération qui tardait à arriver. Il est donc difficile de trouver non seulement un destinataire, mais une destination à ses œuvres : quelle occasion inspira le maître ? D’autant plus que, chez la Missa Cuiusvis toni précisément, Ockeghem s’éloigne des procédés de composition de son époque. Fidèle au précepte « solus Deus potest creare », il était en effet d’usage de construire une polyphonie à partir d’un cantus firmus, la mélodie grégorienne sur laquelle on rajoutait les autres voix. Ce qu’ici n’est pas le cas : Ockeghem crée de toute pièce chaque voix, et innove autrement. Là où, encore aujourd’hui, le premier signe sur partition est une clé pour indiquer la hauteur de notes, Ockeghem s’en dispense. Ainsi, les chantres étaient libres de choisir de lire les mêmes notes sur le mode (« ton ») de ré, de mi, de fa, ou de sol. Œuvre « mystique », comme l’on prétendu les premiers exégètes du maître francoflamand ? Plus probablement un exercice mnémotechnique pour les chanteurs, une prouesse de technique de solfège et de transposition qui nous révèle, hier comme aujourd’hui, la virtuosité du maître mais aussi de ses interprètes. Sa Missa Cuiusvis Toni (messe dans tous les tons) s'appelle ainsi car on peut la lire dans les quatre tons ecclésiastiques (protus ou mode de ré, deuterus ou mode de mi, tritus ou mode de fa et tetrardus ou mode de sol). Au lieu de la clef habituelle, qui indique un son fixe, est placé, en début de portée, un signe de congruence permettant au chanteur de placer la finale du ton dans la portée, c'est-à-dire la note sur laquelle le ton doit s'achever. Ainsi la même notation sera lue dans quatre échelles différentes, c'est-à-dire avec une disposition différente des demi-tons, avec un résultat sonore fort différent. C'est dans la musique sacrée que J.Ockeghem a mérité l'estime universelle dont il a joui, et que prouve la Déploration de son élève J.des Prés.Plus encore que Dufay, il unifie le tissu polyphonique du quatuor vocal. _________________________ http://www.musicologie.org/Biographies/ockeghem_j.html