A l`occasion des 20 ans de Rock Hardi, Le fanzine sort

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A l`occasion des 20 ans de Rock Hardi, Le fanzine sort
A l’occasion des 20 ans de Rock Hardi, Le fanzine sort un numéro spécial, qui comprend un
CD “Greatests Tits”, un Best Of des bonus offerts tout au long des deux décennies passées.
On y retrouve entre autre les Wampas, OTH, Les Thugs, Les Coronados & Patrick Eudeline,
mais aussi Freddy Lynxx, et bien sur KingSize.
Egalement dans le fanzine un dossier très complet sur les groupes figurant sur la rondelle.
Voici l’article consacré aux KingSize, et un bon de commande pour vous procurer un
exemplaire du fanzine.
Des survivants. D’une autre guerre, d’un autre
âge, d’une autre culture. Quand les groupes
naissaient dans les caves (et non à la télé),
grandissaient dans les bars (et non dans les
boîtes à la mode), et vivaient une passion à
nulle autre pareille (et non des prébendes de
Perrier Fluo ou de Nike). Quand la musique
avait encore un sens quasi mystique pour une
ou deux générations de kids des zones HLM
péri-urbaines, de banlieue ou d’ailleurs. Ni
franchement punk, ni fondamentalement pop,
ni clairement garage, mais juste rock’n’roll, tels
sont les King Size. Depuis quelque chose
comme 18 ans, ils se contentent d’aligner
accords et mélodies en quelques îlots
discographiques salvateurs, ou en d’erratiques
concerts, certes parfois trop rares, mais
toujours intenses et chargés d’émotions. King
Size se sont formés dans les mid 80’s, dans
l’Oise (région richement pourvue en groupes
rock comme chacun sait), et, depuis, suivent
une route sur laquelle concessions et
mercantilisme n’ont absolument rien à faire.
Seule la flamme du rock’n’roll les anime, et de
quelle manière ! Quelques jalons pour se situer
dans l’espace-temps.
89 : l’album “More soul” paraît sur Stop It Baby
(au passage les Maniacs aussi feront partie de
cette écurie) et annonce une couleur powerpop, parfois mâtinée de garage, qui affole les
guitares et électrise les demoiselles (voire
l’inverse), quelques cuivres viennent
également enchanter les conduits auditifs, un
premier album parfait.
91 : “Disfit for a king” impose King Size comme
un groupe hors-norme et atypique puisqu’il
s’agit là d’un disque live, ce qui n’est guère
courant pour un second album, témoignage de
la ferveur qui anime le groupe sur scène (en
prime, apparition de deux Mister Moonlight
pour faire la fête). Déjà on note que King Size
n’ont plus de label et que, désormais, ils
s’autoproduisent (ce qu’ils font encore
aujourd’hui), nouvelle preuve de l’incurie du
business à l’encontre du rock’n’roll.
94 : “Life goes on !” est enregistré au Black
Box Studio de Iain Burgess, mais, si les
guitares se durcissent un peu dans ces lieux
éminemment bruitistes, King Size n’en est pas
pour autant devenu adepte du grunge ou de la
noise.
96 : on ne change pas une équipe qui gagne,
“Between love and hate” bénéficie encore de la
patte burgessienne, et le résultat est toujours
aussi jouissif.
97 : “Drought” investit le même endroit, et
“Charlotte” vient rejoindre ses copines “Alice”
et “Valentine” en une galerie de portraits de
jeunes filles en fleur beaucoup plus sexy que
les pré-nubiles voisines de Proust.
99 : admirez la régularité métronomique des
sorties disco de King Size et saluez comme il
se doit “Wake up”, où la nostalgie se fait
joyeuse et colorée, où le Black Box ouvre à
nouveau ses portes, et où “Geneviève”, à son
tour, apporte son sourire désarmant de
candeur et de charme. A noter que “Leslie
West”, le titre hommage au pachydermique
guitariste de Mountain, se verra multi-remixé
pour les besoins d’un album électro qui sortira
l’année suivante, et même si King Size n’ont
fait que donner leur accord (et les bandes du
morceau) à ce projet, ils le revendiquent
complètement, assumant ces délires de DJ
comme s’ils étaient leurs.
02 : outre le fait qu’on recomence à compter à
l’envers, “White lies, white beats” est l’album le
plus ouvertement révérencieux du groupe. Les
clins d’oeils visent le Velvet Underground aussi
bien que la Mano Negra, Bob Dylan comme
Robert Wyatt, l’objet est superbe dans son étui
cartonné d’où le plastique est complètement
exclus, et King Size nous propose à la fois son
titre le plus court (“How old do we have to get
before it stops ?”, 24 secondes) et le plus long
(les 13 minutes de “July”), entre psyché et rock
high energy, entre comptine et upbeat. Mais la
référence ulttime de King Size, et surtout de
Philippe (le bassiste et membre fondateur du
groupe avec Christophe le guitariste, le poste
de batteur semblant beaucoup plus agité),
reste Neil Young. Et ça tombe bien puisque
c’est justement une reprise du canadien, The
needle and the damage done”, survitaminée et
dopée à l’électricité, que l’on retrouve sur ce
“Greatest tits”. King Size reste l’un des
meilleurs groupes hexagonaux encore en
activité. Outre qu’ils sont des gens
particulièrement attachants, ils ont élevé
l’amitié au rang de vertu cardinale, comme en
témoigne leur discographie, surtout quand on
sait que toutes leurs pochettes, sans
exception, sont signées El Rotringo, le
dessinateur nordiste bien connu des lecteurs
de Rock Hardi. Pour ma part j’ai eu plaisir à les
voir participer à mon “Tribute to James Bond”,
et j’attends avec impatience le 45 tours que
nous devrions sortir ensemble en 2004. Pour
eux qui virent dans la carrière des Thugs le
modèle ultime de l’intégrité et de la sincérité,
ils n’ont rien à envier aux angevins de ce côtélà. Eh oui, la musique peut encore rester
affaire humaine, et pas seulement
économique.
Lionel Dekanel