Fiche technique Pro.. - Pôle Européen de Plasturgie
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Fiche technique Pro.. - Pôle Européen de Plasturgie
Technique SUPPLÉMENT TECHNIQUE N °12 PROCÉDÉ ▼ Conception et réalisation de pièces plastiques microstructurées LA POSSIBILITÉ D’OBTENIR DES PIÈCES DE GRANDE PRÉCISION ÉLARGIT LES CHAMPS D’APPLICATION DES THERMOPLASTIQUES. L’OBJECTIF DU PROJET MICROSTRUCTURE PORTÉ PAR LE PEP EST D’OPTIMISER LA CONCEPTION ET LA RÉALISATION DE PIÈCES MICROSTRUCTURÉES. Introduction Le développement de la microplasturgie dans l'industrie et dans la recherche a vu le jour en tant que tel à la fin des années 90 avec une demande croissante des industries de l'électronique, de la téléphonie mobile et du milieu médical en particulier. Aujourd'hui, ce développement est porté par la très forte pression des micro et nano technologies qui ont quelques difficultés à s'industrialiser et pour lesquelles les matériaux polymères et la microplasturgie sont une réponse à la fois économique et technologique. Les microstructures Les objets microstructurés peuvent avoir des tailles globales très variées (de 2 à 100 mm). Ils comportent des microstructures qui composent soit une structuration de surface, soit une structuration en masse. Ces microstructures présentent en général au moins une dimension de plusieurs microns et un rapport de forme allant de 2 à 100, soit une dimension maximale de plusieurs centaines de microns. Les applications Elles s'adressent à des secteurs aussi variés que le biomédical, la micro-électronique, l'optique, la micro-fluidique, ou encore la micro-mécanique. La conception et la réalisation de telles structures sont donc des points primordiaux pour le développement de la plasturgie dans des secteurs porteurs où la valeur ajoutée est importante. Les procédés Les procédés qui nous intéressent ici doivent permettre une productivité accrue pour un coût réduit, ce qui exclut le micro-usinage des pièces a posteriori. La réplication de microstructures sur des pièces thermoplastiques peut se faire industriellement par des techniques diverses. Le microthermoformage concerne le hotembossing. Quant à la micro-injection, elle regroupe l'ensemble des procédés de mise en forme des polymères fondus permettant d'obtenir soit une pièce de petite dimension (moins de 1 g de matière), soit une pièce possédant des structures microscopiques dans une des dimensions. La micro-injection regroupe différentes techniques : La micro-injection en tant que telle est une adaptation directe du procédé d'injection classique à la réalisation de petites pièces. Dans la plupart des cas, une presse à injecter de petite taille spécifique est utilisée de manière à bien contrôler plus particulièrement le dosage. ◗ ◗ L'injection-expansion : le polymère CONTACT MAËL MOGUEDET Docteur de l'INSA de Lyon spécialité matériaux polymères et composites. Pôle Européen de Plasturgie - R & D 2, rue Curie 01100 Bellignat Tél : 04 74 81 92 60 [email protected] Sujet de thèse : optimisation de la plastification des thermoplastiques chargés fibres de verre longues. En charge du projet “Microstructure” au PEP. est comprimé dans une zone de dosage avant le remplissage et s'expanse de lui-même dans le moule. La micro-injection “Variotherm” ajoute à l'approche précédente un contrôle thermique de la température au niveau de l'empreinte alternativement élevée et basse en des temps très courts. ◗ La micro-injection sous impact, qui consiste à injecter dans un premier temps le polymère à l'état fondu dans un réservoir cylindrique de taille classique, puis à ◗ l'aide d'un piston mobile accéléré à grande vitesse, le polymère est “frappé” et injecté dans l'empreinte. Le projet Microstructure Dans ce contexte, le Pôle Européen de Plasturgie porte le projet “Microstructure” dans le cadre de Visioplasturgie, avec le soutien de la Région RhôneAlpes et de la DRIRE Rhône-Alpes, et la participation d'industriels et d'universitaires dans un comité de pilotage. Ce projet combine une approche à la fois expérimentale et théorique, dont le but est d'optimiser la conception et la réalisation de pièces plastiques microstrucurées. Objectif du projet Nous avons vu que les applications qu'offre la réalisation de pièces microstructurées plastiques sont multiples, de la micro-électronique au biomédical, en passant par l'optique non-linéaire. La mise en œuvre de ces matériaux ne résulte pas de la simple transposition de procédés habituels. Nous sommes en effet confrontés à des situations dans lesquelles certains phénomènes physiques deviennent prépondérants, comme les tensions superficielles, les échanges thermiques dans les outillages ou encore la rhéologie des polymères dans des micro-géométries. Ces problèmes complexes n'ont pas à ce jour de réponses claires et le champ d'investigation est vaste. L'objectif du projet est d'améliorer la connaissance du procédé en combinant une approche expérimentale (développement de moules spécifiques, instrumentation du procédé, caractérisation du comportement du polymère) et une approche théorique (développements de modèles numériques spécifiques adaptés aux microstructures, considération de nouvelles lois de comportement…). ➞ VISIONS/octobre 2006 Premiers résultats ◗ 1°) - L'expérience 1.1. La micro-injection Les hautes précisions requises sur les pièces nécessitent de fabriquer des empreintes micro-structurées. Les techniques existantes sont nombreuses, parmi lesquelles le micro-usinage, le micro-frittage de poudre, l'usinage laser, l'électroérosion, les techniques de microlithographie. Nos premières expériences ont été menées sur un moule dérivé de l'injection classique (cf. figure 1), monté sur presse électrique Fanuc de 15 tonnes de force de fermeture. Le moule présente un insert avec un micro-canal en forme de croix de 120 µm de large et 300 µm de profondeur sur une longueur de 4 mm, obtenu par gravure Laser (YaG) (cf. figure 2). Figure 1 : vue éclatée du premier moule Figure 2 : insert microstructuré au laser (YaG) La spécificité des procédés de micro-réplication fait que tous les polymères ne seront pas forcément transformables facilement par ces techniques. Après une enquête effectuée auprès de nos partenaires, les polymères ayant le plus de débouchés vers ces nouveaux marchés et pouvant être transformés sont le PEEK, le LCP et le Cyclo Oléfine Copolymère (COC). Nous avons choisi le COC pour ces premiers essais : il permet dans un premier temps de s'affranchir des problèmes liés à la cristallisation. En outre, c'est un matériau présentant un indice de réfraction élevé (1,54) et une bonne bio-compatibilité, pouvant ainsi être utilisé dans le cadre d'applications optiques et médicales. Ces premiers essais ont montré que l'injection dans un micro-canal pouvait se faire sur plusieurs millimètres mais que la totalité du canal ne pouvait se remplir comme le montre la Figure 3. A cela trois réponses, isolées ou combinées : ◗ soit la matière se fige avec la différence de température du moule, ◗ soit l'air reste emprisonné et empêche le remplissage complet, ◗ soit les phénomènes de surfaces deviennent prépondérants et contribuent à ralentir le remplissage. Depuis, nous avons conçu et développé un deuxième moule nous permettant de pallier les problèmes précédents. Il offre la possibilité : ◗ d'injecter dans une empreinte proche de la température d'écoulement du polymère, ◗ de réaliser un vide partiel dans l'empreinte pour faciliter le remplissage, ◗ de fonctionner en injection-compression pour forcer le remplissage en fin d'injection comme pour le procédé de hot-embossing. Un insert est également utilisé afin de faciliter le changement de micro-géométrie. Cette dernière, en forme de “cible”, a été usinée par ablation au Laser femto-seconde. Le principe est de travailler non pas en faisceau “continu” mais par impulsions de très courte durée, permettant ainsi de graver tout type de matériaux y compris le verre, la silice et les polymères, en minimisant l'énergie apportée au matériau et donc éviter sa fusion incontrôlée. Cette technique permet théoriquement d'usiner des géométries pouvant aller jusqu'à quelques microns, pour un coût de fabrication relativement réduit. L'outillage complet est actuellement en phase d'optimisation et nous pourrons prochainement injecter des microstructures de haute précision. 1.2. La micro-rhéologie La problématique est celle de l'écoulement d'un matériau fortement visqueux et thermosensible en milieu confiné. En partenariat avec le Site de Plasturgie de l'INSA de Lyon, nous abordons une approche expérimentale de la micro-rhéologie des polymères. Notre objectif est d'ouvrir des voies pour l'étude des écoulements de polymères fondus en conditions confinées, pour ensuite élaborer des montages de caractérisation expérimentaux aussi simples que possible et définir les lois de comportement dans ces situations extrêmes. Figure 3 : remplissage progressif du micro-canal 2°) - La simulation numérique du remplissage Les premières simulations de remplissage ont été menées avec les logiciels utilisés traditionnellement dans l'industrie. Nous avons tout d'abord vérifié qu'il était plus intéressant d'injecter dans un moule proche de la température d'écoulement du polymère (cf. figures 4a et 4b). Figure 4a : remplissage partiel du microcanal (au centre) avec un moule à 35°C Figure 4b : remplissage plus efficace avec un moule à 120°C Cependant, il apparaît que ces codes ne permettent pas de rendre compte de façon suffisamment satisfaisante du remplissage de micro-canaux ou de micro-géométries. Cela provient de facteurs importants à prendre en compte lors des simulations et/ou lors des expériences : ◗ La connaissance de l'évolution de la thermique du système global (polymère et outillage) doit être maîtrisée de façon précise, de sorte que les paramètres d'entrée des simulations soient aussi proches que possibles de la réalité. Les phénomènes d'échange de chaleur deviennent en effet très importants lorsque l'on considère des micro-géométries. ◗ La tension de surface du front de matière semble jouer un rôle important dans les difficultés de remplissage des micro-cavités, quand elle vient s'ajouter aux pertes de charges importantes. De plus, l'interaction avec les parois devient également très importante (conditions de glissement, rugosité). ◗ Enfin, les écoulements se déroulant dans des micro-canaux, le comportement singulier des polymères à l'état fondu font que leur rhéologie doit être étudiée plus précisément dans ce type de configuration. Par conséquent, en parallèle à l'optimisation de l'utilisation des logiciels, nous avons dans un premier temps étudié une approche de type dynamique moléculaire. Bien qu'étant prometteuse pour la simulation de l'écoulement des polymères fondus, cette méthode ne permet pas de simuler le comportement d'un grand nombre de chaînes macromoléculaires, même en adoptant une approche dite “Dynamique des Particules Dissipatives” (DPD) comme nous l'avons fait, qui simule le comportement de “particules” (ensemble de molécules) et les interactions entre elles. Il s'est avéré que d'une part ces méthodes engendraient des temps de calcul prohibitifs, et que d'autre part elles n'étaient pas encore suffisamment développées pour être appliquées rapidement dans notre cas. Les enseignements obtenus nous ont permis d'adopter une autre démarche, qui est de simuler, pendant le remplissage, l'interface entre le polymère fondu et l'air. Ces problèmes de surfaces libres, relevant des écoulements diphasiques, ont trouvé certaines solutions dans la littérature, parmi lesquelles la méthode dite “Level Set”, qui permet de localiser la position de l'interface à partir des lignes de niveaux d'une pseudo-concentration. Si la méthode est conceptuellement simple, en revanche toutes les difficultés sont reportées dans la résolution numérique des équations de transport de l'interface. Pour cette raison, nous avons choisi récemment de travailler avec le logiciel de simulation numérique Comsol Multiphysics, dans lequel cette méthode est en partie implémentée. Conclusion Après des premiers résultats prometteurs, le PEP s'attachera durant les deux prochaines années à lever les verrous technologiques liés à la micro-réplication de pièces plastiques. Le projet Microstructure permettra aussi aux industriels de la plasturgie en Rhône-Alpes de s'ouvrir vers de nouveaux marchés. L'interaction avec les parois devient également très importante (conditions de glissement, rugosité). VISIONS/octobre 2006