Fiche du film

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Fiche du film
Fiche n° 1 065
SHADOW DANCER
Du 03 AU 09 avril 2013
de James Marsh
avec Clive Owen, Andrea Riseborough
Shadow Dancer a reçu 3 prix et 4 nominations.
Inspiré d’un livre de Tom Bradby sur le retournement par les
services britanniques d’une activiste de l’IRA, James March signe
un thriller sur le dilemme moral auquel est condamnée son héroïne.
Etonnant polar, sombre et glaçant : dans les années 1990, la guerre
en Irlande est à son apogée. Les attentats se succèdent, la police est
sur les dents, la trahison est partout. A Belfast, Collette, une jeune
veuve, est mise sous pression : soit elle devient une taupe dans sa
propre famille – ses frères militent dans l’IRA – soit elle perd son
fils. Très vite, elle est suspectée par les chefs clandestins…
James Marsh, jeune réalisateur (notamment du deuxième film de la « Red Riding Trilogy »), n’épargne personne :
il n’y a pas de bon côté, dans cette lutte fratricide. La machine broie les êtres. Pas d’effets inutiles, un style sec, des
acteurs sobres : la réussite du film tient à sa simplicité implacable et impeccable.
Dans la peau de l'espion, l'impeccable Clive Owen. Un agent trop sensible, écœuré par sa hiérarchie. Dans celui de
la taupe, Andrea Riseborough, la grande révélation. Héroïne fragile et tragique traversée par les doutes, la peur, la
culpabilité. Trahir les siens, c'est se trahir soi-même…
James Marsh filme les sentiments troubles, les relations ambiguës qui se nouent entre l'espion et sa source. De leur
première rencontre à leurs rendez-vous secrets sur la grève. Le scénario de Tom Bradby, qui fut correspondant de
guerre en Irlande du Nord, apporte le réalisme nécessaire au récit. Il nous tient en haleine de bout en bout, tout en
montrant le drame d'une famille déchirée et détruite par des années de conflit armé. La mise en scène sobre,
nerveuse de James Marsh a le grain des films des années 1970. Un thriller paranoïaque dans la lignée de La Taupe.
Andrea Riseborough, un talent éclatant :
Shadow Dancer n'aurait pas la même intensité sans cette actrice britannique de 31 ans, qui fut la Wallis Simpson de
Madonna dans W. E. Andrea Riseborough, issue de la working class, a fait ses classes à la Royal Academy of
Dramatic Arts. Aussi douée pour la scène (Ivanov avec Kenneth Branagh) que pour la télévision (elle a incarné la
jeune Margaret Thatcher dans une série pour la BBC), elle crève aujourd'hui le grand écran.
Emmanuèle Frois
Venu du documentaire (on lui doit l’intense Funambule, récompensé par un Oscar, sur l’épopée de Philippe Petit,
marchant sur son fil entre les deux tours jumelles de New York) et s’appuyant sur le livre d’un reporter de guerre
qui avait couvert cette période périlleuse en Irlande du Nord, Tom Bradby, devenu scénariste pour l’occasion,
James March reconstitue avec réalisme le Belfast de l’époque et joue sans cesse sur l’opposition de deux mondes.
L’atmosphère sèche, rude et glauque des « terroristes » implacables et la froide détermination des services secrets
qui tirent, depuis leurs bureaux capitonnés, sans états d’âme, les ficelles d’un jeu biaisé. Il s’intéresse moins aux
arcanes et aux raisons de ce conflit sanglant où la violence fut autant psychologique que balistique qu’à ses
conséquences collatérales sur les familles, enfermée dans un cycle de haine perpétuelle.
Ce thriller haletant, aux situations et dialogues tendus à l’extrême, est incarné par deux acteurs impeccables : la
frêle Andréa Riseborough, silencieuse et aux abois qui résiste à l’étau qui l’enserre ; Clive Owen, l’agent traitant,
débordé par sa hiérarchie qui n’a que faire des failles inhérentes à ce type de mission. James March installe un
climat d’angoisse qui repose sur une transaction infernale et ne se détourne jamais de l’essentiel : le dilemme moral
initial, entre tuer ou trahir.
Jean-Claude Raspiengeas
SHADOW DANCER, propose un voyage dans le
passé, à la période charnière pré-cessez le feu,
possède indéniablement un recul des plus
confortables pour éviter toute prise de position
malheureuse ou tout penchant sentimentaliste. Ainsi,
à mi-chemin du pur thriller et du drame familial,
SHADOW DANCER se penche davantage sur
l’humain que la politique, et entend explorer les
évidentes zones de gris inhérentes à ces complexes
situations. Comme il l’avait fait dans RED RIDING
1980, James Marsh, connu également pour ses
documentaires (LE FUNAMBULE), s’intéresse avec
finesse à l’étroite ligne qui sépare la justice de la
vengeance, l’honnêteté de la manipulation, la cause
de la politique ou le patriotisme du nationalisme. Les
personnages qui animent SHADOW DANCER, qu’il
s’agisse d’espions faillibles ou de militants vindicatifs
de l’IRA, s’avèrent aussi réalistes que fantomatiques.
Évoluant dans un contexte où leurs nécessaires prises
de position anéantissent toute individualité, ils
semblent tous asservis à un destin qui les dépasse. Le
récit se fait donc crépusculaire et étouffant,
l’esthétique clinique, le tout pour un suspense tendu
mais jamais putassier, car dirigé par les émotions
contradictoires de ses protagonistes. De cette
désincarnation volontaire – et pourtant immersive –
émerge la performance ahurissante d’Andrea
Riseborough, véritable présence charnelle du film,
qui le cornaque avec une flamboyance discrète et une
puissance émotionnelle fascinante.
Aurélien Allin
Secrets de tournage
Shadow Dancer est une fiction, mais qui s’appuie sur un fait historique, à savoir le conflit nord-irlandais. James Marsh, à qui
l’on doit plusieurs documentaires comme Le Funambule ou Le Projet Nim, a pris le parti du réalisme. A travers l’histoire
d’une femme, il a voulu rendre compte d’une époque difficile pour l’Irlande.
Préparation
James Marsh a lu de nombreux ouvrages sur l’histoire de l’Irlande avant d’entamer le tournage de Shadow Dancer. Le
réalisateur précise : "L'Irlande est un pays marqué par l'histoire et les Irlandais la connaissent très bien, si bien que je me
suis dit que c'était mon devoir d'en tenir compte et de pouvoir répondre aux questions de mes acteurs."
Collette
Chris Coen et James Marsh ont envisagé Andrea Riseborough pour le rôle de Collette après avoir vu Brighton Rock, où elle
tombe sous le charme d’un gangster. Le réalisateur la qualifie comme "l'une des jeunes comédiennes les plus prometteuses de
sa génération."
Décors
Afin de rendre le film plus réaliste, le chef décorateur Jon Henson a évité les stéréotypes des films d’espionnage. Par
exemple, le décor n’est pas uniquement composé de salles d’interrogatoire et de postes de police. Les personnages évoluent
dans des lieux familiers pour le spectateur, comme par exemple une chambre d’hôtel pour la scène de rencontre entre Clive
Owen et Andrea Riseborough.
Tournage
Les prises de vue ont été effectuées à Dublin, dans des décors naturels.
Agent pour le gouvernement
Gillian Anderson est, pour beaucoup, l’inoubliable agent Dana Scully de X-Files, membre du FBI. Cette fois-ci, elle change
de continent et travaille pour le service de renseignement britannique, le MI5.
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Avec Isabelle Huppert et Toni Servillo.