07-Le mariage dans l`église anglicane
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07-Le mariage dans l`église anglicane
Le déroulement du rite de mariage dans l’Église anglicane par Paul Yiend, prêtre de l'Église anglaise de Liège Le déroulement d’un mariage anglican se rapproche beaucoup de celui de l’Église catholique romaine. Une singularité du mariage anglican est due à l’établissement de l’Église d’Angleterre comme Église de l’État. Au Royaume-Uni le prêtre agit simultanément comme officiant de l’Église et officier de l’État. En conséquence la célébration dans la liturgie de l’Église d’Angleterre est la célébration d’un mariage, et non la bénédiction d’un mariage conclu auparavant. Il en résulte que la liturgie anglicane est inadaptée pour les mariages en dehors du Royaume-Uni. Mais les modifications requises sont minimes et se limitent généralement à l’omission de la déclaration du prêtre, après les vœux, « Je vous prononce mari et femme ». L’entrée Traditionnellement l’époux et l’épouse entrent dans l’église séparément. L’époux d’abord avec le « best man » (une sorte de témoin), et ensuite l’épouse à l’heure prévue pour le début de la cérémonie, au bras de son père ou d’une autre relation ou ami. Mais l’épouse peut aussi entrer seule, ou le couple ensemble, s’ils le souhaitent. Cette entrée se fait normalement accompagnée d’un morceau de musique approprié joué à l’orgue. Certains disent que cela fait partie de la tradition que la mariée soit en retard ! Le prêtre salue l’assemblée et lit une introduction qui explique la conception chrétienne et biblique du mariage. En Angleterre le prêtre doit demander ensuite, comme l’exige la loi, s’il y a quelqu’un présent qui connaît une raison pour laquelle ce mariage serait illégal. Les déclarations Le prêtre demande au couple de promettre devant Dieu et l’assemblée qu’ils se soutiendront et se seront fidèles tout au long de leur vie. Il demande ensuite à l’assemblée de déclarer leur soutien au nouveau couple. Les engagements Les futurs époux se tournent l’un vers l’autre en se tenant les mains droites, et prononcent les vœux chacun à son tour, en terminant « jusqu’à ce que la mort nous sépare » Les alliances Généralement il y a toujours une alliance pour l’épouse, et souvent pour l’époux aussi. Les alliances sont bénites par le prêtre et puis l’échange s’accompagne de paroles qui rappellent les vœux qu’ils viennent de prononcer. La proclamation Le prêtre déclare qu’ils sont désormais mari et femme. Ce n’est pas considéré comme un acte sacramentel, mais une simple déclaration publique. En dehors du Royaume-Uni, en principe en tout cas, cette proclamation n’aura pas lieu. Au RoyaumeUni ceci est le moment légal ou le mariage est établi. Il s’ensuit des lectures bibliques, une homélie et des prières. Il est commun que les invités soient impliqués dans la cérémonie et assurent les lectures et/ou des prières. On demande qu’au moins une des lectures soit une lecture biblique, mais, avec l’accord du prêtre, les mariés peuvent aussi choisir un texte approprié en dehors des textes bibliques. Le plus souvent le mariage a lieu sans eucharistie, et l’idée d’associer l’eucharistie au mariage sera inhabituelle pour beaucoup d’anglicans. Pourtant, la possibilité de le faire est prévue, et si les époux le veulent on ajoute la liturgie eucharistique. Il y a deux façons de faire. On peut ajouter la liturgie eucharistique tout de suite après la proclamation de mariage ; ou l’on peut choisir de commencer la célébration avec la liturgie eucharistique, et insérer le mariage après la prédication et avant le partage de la paix Vers ou à la fin de la cérémonie, et avant la sortie en procession, les époux et deux témoins signent le registre des mariages. Le couple sort ensemble accompagné d’une musique d’orgue. LES MARIAGES « MIXTES » ET L’ÉGLISE ANGLICANE Dans ce genre de question et par rapport à l’Église anglicane, il faut toujours garder en tête que l’éthos de base de cette Église est de permettre plutôt que de proscrire, d’inclure plutôt que d’exclure. Ceci provient, comme on ne se lasse pas de le dire, des origines de l’Eglise d’ Angleterre. La nécessité absolue d’être une Église capable de tenir ensemble de vastes divergences d’approche, le fait qu’elle est en elle-même une sorte d’expérience œcuménique du fait qu’un mariage entre anglicans peut très bien déjà être un mariage entre une personne de convictions et pratiques plutôt protestantes et une autre de convictions et pratiques plutôt catholiques, ce qui explique que le problème chez les anglicans se présente différemment. On pourrait dire tout simplement que deux anglicans qui se marient, cela fait déjà un mariage mixte. Celui ou celle qui aura compris cela, ne s’étonnera pas que la « problématique » des mariages mixtes ne fait pas couler beaucoup d’encre dans les cercles anglicans en Angleterre. On ne voit pas tellement où se trouve le problème. On dirait même que l’appellation « mariage mixte » est peu utilisée. Mais il faut préciser qu’au niveau pratique la situation en Angleterre et en Belgique n’est pas la même. En Angleterre, en ce qui concerne le mariage, le prêtre anglican est aussi en quelque sorte le fonctionnaire de l’état. Celui et celle qui se marient à l’Église ne doivent pas passer à l’administration communale. Il en résulte que le prêtre de paroisse doit marier tout résident de sa paroisse qui en fait la demande. Ceci inclut les personnes non baptisées ou même de foi non chrétienne. Par exemple, une paroissienne qui veut épouser un Hindou a le droit légal de demander que ce mariage ait lieu dans l’église anglicane locale. Mais notons que la même loi stipule que le mariage doit être célébré selon « les rites et cérémonies de l’Église d’Angleterre ». En conséquence, dans notre exemple, l’Hindou sera obligé, entre autre, de faire ses voeux au nom de la Trinité. Cet exemple aidera a expliquer pourquoi pour un prêtre anglican la célébration d’un mariage entre deux chrétiens de dénominations d’Église différentes ne pose vraiment pas de problème. En Belgique le prêtre anglican est évidemment soumis aux lois du peuple Belge, et ne peut donc déclarer un mariage. A ce niveau, il est théoriquement dans la même situation que toutes les autres religions, il ne fait qu’une bénédiction de mariage, à une différence près : pour le Belge, un mariage à l’église équivaut toujours à une bénédiction de mariage – même si chez certains on ajoute l’aspect sacramentel – mais c’est la norme. Pour l’anglican qui se marie en Belgique, il peut avoir l’impression de quelque chose qui manque. Le mariage anglican n’est pas un sacrement, mais chez nous c’est plus qu’une bénédiction. En conséquence le mariage anglican en Belgique peut parfois ressembler à une version légèrement réduite de la célébration habituelle. En ce qui concerne les possibilités d’une célébration partagée avec le ministre d’un autre culte, il importe de décider dans quelle église la célébration aura lieu. Cette église sera l’hôte, et décidera du niveau de co-opération possible. En général le prêtre anglican se sentira libre de participer à une célébration dans une église non anglicane. Si la cérémonie a lieu dans son église, il pourra inviter le prêtre ou pasteur d’une autre église chrétienne à participer, du moment que les vœux soient administrés et la bénédiction prononcée par le prêtre anglican. Révérend Paul Yiend