La poussière de l`annonce commence à retomber et je peux

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La poussière de l`annonce commence à retomber et je peux
Chronique du 17 décembre 2014
Un dragon rouge dans la vallée des arts martiaux…
Rêver, chercher, trouver sa voie…
Mon histoire commença il y a plus de 21 ans… À cette époque, les arts martiaux
n'étaient pour moi qu'un rêve. J’étais fascinée par ce que je voyais dans les
films. Inspirée et impressionnée par Bruce Lee, M. Miyagi et Jackie Chan. Je me
faisais des scénarios et tentais même de les imiter. Ouff!
Un jour alors que je me rendais au dépanneur sur l'heure du midi à la poly, je
vois cette affiche: COUR DE KARATÉ AU CENTRE L’AMICAL DE PETIT-CAP.
MARDI ET JEUDI, 6h30. À ce moment, le temps s'arrête, car pour moi, c'était
impossible que je puisse faire du karaté à Petit-Cap. (Petit village de 2.5 km) Je
dis à ma super amie Anne : Hey! On s'inscrit! Sans même demander à mes
parents, j'affirme haut et fort:" je veux faire du karaté, en plus c'est à Petit-Cap! "
Mon premier cours fût le premier mardi de septembre 1993. Dès le premier cours
j'étais totalement conquise. Je regardais mes deux Senseïs : Ghislaine et Michel,
en me disant qu'un jour, je voulais être comme eux.
Bien sûr, ma réalité des arts martiaux pris un autre sens qui n’avait rien à voir
avec les films que j'avais vu, mais plutôt la réalité de ce que l'esprit et le corps
peuvent nous amener. (Pas besoin de prouesse à plus finir pour être efficace) Le
soucis du détail et le travail; voilà ce qui était la "recette" et d’ailleurs cela le
demeure toujours à ce jour.
Je me souviens que pour moi tout était compliqué; le synchronisme des
mouvements, penser aux positions, aux mouvements de tête... Mon Dieu, il me
semble que j'avais soudainement trop de membres! Dans l'espoir de toujours
m'améliorer, je pratique, pratique et pratique. J'ai compris que c'était la meilleure
option pour devenir ce à quoi j'aspirais. Mais en fait, avec le recul, je me rends
compte que je ne voulais pas être «ceinture noire» pour arriver à mes fins…
mais plutôt le fait de vouloir toujours plus. Je ne voyais pas de fin.
Un jour, lors d’une démonstration, j’étais à ce moment ceinture verte, un
monsieur Blanchette me dit en me regardant droit dans les yeux : «Toi, tu
pourras jamais enlever les arts martiaux de ta vie» Je fus surprise de cette
affirmation. Je progressais de ceinture en ceinture sans jamais me poser de
questions. Tout suivait son cours au rythme décidé par mes Senseïs. Dans le
Dojo ou j'ai évolué, chaque chose devait prendre son sens. Je devais vivre
chaque étape... Plus l’élève était prêt à s’engager, plus mes Senseïs donnaient
de leur temps. Je peux dire que ces gens m’ont donnés du temps et m’ont
permis de toujours repousser mes limites. Le karaté hantait mon existence, mon
repère. Je fie beaucoup d’expérience de toute sorte. Combat «full contact» et
«light contact» arme, compétitions, démonstration…
Tout semble facile à me lire, car souvent nous gardons seulement les meilleurs
souvenirs, mais j’ai eu ma part de haut et de bas… blessures, déceptions,
défaites, orgueil mal placé… Le plus beau, c’est que je me suis toujours relevé.
Parfois avec un coup de pied au derrière, mais bon... Mon départ pour les études
ralentissant les choses, presque 9 ans plus tard... je devenais ceinture noire. Je
suis de la première cuvé de noirs avec mes Senseïs Ghislaine et Michel en Chito
Ryu. La première cuvée de dragons…
Le fait de me retrouver loin du dojo fut très difficile. J’ai tenu le coup un bout de
temps mais ce que je pensais depuis toujours me rattrapa, j’allais toujours avoir
besoin d’être alimenté et à ce moment…je ne le sentais plus. Étant discipliné, je
continuais à m’entraîner, mais je me sentais stagner. Les efforts que je déployais
ne donnaient pas les résultats voulus. Mes repères étaient trop loin… A ce
moment, je vécu un moment de grande douleur… peut-être mon rêve prenait fin
petit à petit…
Je décidais alors de me trouver une école de karaté près de chez moi. Informant
mon Senseï que c’est ce que je pensais le mieux pour moi… Il me laissa partir…
J’ignorais que pendant tout ce temps, j’étais dans la vallée des arts martiaux où
l’on respire ce parfum de bien être, d’effort, de respect... Un endroit où il fait bon
vivre malgré les hauts et les bas.
Après quelque temps de réflexion, j’ai trouvé une école de karaté près de chez
moi à St-Pacôme. Cet épisode fût bref, car il n’y a pas eu de connexions avec le
professeur.
J’ai eu mes enfants, ce qui mit un baume temporaire sur le vide que j’éprouvais.
Mon rêve d’aller plus loin, de fonder une école était-il bel et bien fini?
Je vis une affiche dans le journal… Cour de karaté à La Pocatière. «Wow!! Je
m’inscris!» Arrivant avec la même détermination et la même ouverture d’esprit
qu’à mon premier cours en 1993. La connexion se fait instantanément avec les
Senseïs. J’entrepris de tout apprendre le bagage. Je devais repasser un test de
ceinture noire quand le moment sera venu. Dans ma tête, pas de stress. De
toute façon, je venais de voir une lumière au bout du tunnel… mon rêve n’était
peut-être pas éteint…
J’ai remarqué que le fonctionnement était bien différent. Bien sûr il faut mettre
les efforts, l’intensité et être discipliné. Mais le rythme est bien différent. De plus,
quand on passe le test de ceinture noire on devient Senseï. A ce moment, on a
le droit d’enseigner et d’ouvrir une école. Wow! C’est super!
Je me conforme à ce qui ce passe au dojo, après tout, j’arrive dans une école où
les règles et les valeurs sont en place, mais je me remets tout de même en
question… Pourquoi ce n’est pas ce qui s’est produit dans mon dojo précèdent?
Prenant conscience que la passion de notre maître a bifurqué pour des raisons
plutôt monétaires... Nous n’apportant rien de plus, nous décidons donc de partir.
Bon ça y est, on recommence! Nous sommes donc 10 à partir une école.
Pendant un été complet nous refaisons le programme. Nous nous concentrons à
élever le niveau de difficulté. À rendre les techniques plus efficaces, mettre de
plus beaux katas. Nous avons travaillé très fort. J'en profite pour intégrer des
katas de mes origines " Chito ryu"; je m'occupe aussi de faire le logo. Dans ma
tête ça prend un dragon. La porte d'arche représente le dojo. Ce à quoi j'aspire
depuis tant d'années. Et le yin et le yang. Notre logo voit le jour avec consensus.
Tout le monde est égal ... Le problème est qu'on n’a plus personne au-dessus de
nous. Ouff! encore une fois plus de repère. Personne sauf moi n'avait besoin de
quelqu'un. Pour eux, tout est appris, tout est maîtrisé. Je me remets en question,
je me sens " poche". Pourquoi j'ai tant besoin d'un œil extérieure ?
Je me fond dans le décor. J'enseigne avec le plus de passion que je peux sans
déroger des autres. Après tout, j'avais maintenant ce que j'avais tant désiré : une
école, la possibilité de faire du karaté à ma guise. Mais pas de possibilité d'en
apprendre plus, de polir d’approfondir. Je me contente de maintenir ma flamme
allumée, de perfectionner du mieux que je peux ce que je connais sans personne
pour me faire corriger. Nous sommes une équipe d'individualisme qui se dissout
peu à peu. La plupart ont atteint leur but, donc pas besoin d'en faire plus.
Je communique avec Renshi Pierre Marceau et lui explique ma situation. Très
compréhensif, il me dit. Tu sais il n'y a pas de mauvais chemin. Je peux vous
aider à vous trouver quelqu'un. Si ce n’est pas moi, y a plein de bons instructeurs
dépendamment du style que vous voulez approfondir.
J’amène l’idée au groupe, mais ils ne veulent pas; pas de presse me disent-ils.
Une fois de plus le dragon en moi resta en retrait. «ouin, le voie du guerrier est
en retraite!» je me dis. Mais je ne peux le contenir longtemps…
Ce qui m’arriva en Janvier 2014 fut comme un coup de fouet pour moi. Suite à
une invitation de mes amis du Témis, je décidais d’aller au Dojo Pierre Marceau
pour un séminaire d’Alain Sailly. J’eue un choc… en entrant dans le dojo. Mon
cœur s’emballa… Cette odeur de bien-être, de respect, de travail, de monde qui
s’ouvre aux autres.. Bref, je venais de retrouver ce sentiment perdu… m’avais-je
perdu? Je crois que oui. Le dragon en moi se réveilla. Les mois qui suivirent fut
un mélange d’euphorie et de douleur. Mais ma décision était prise. Je ne
laisserai pas ma seconde chance passer. Coûte que coûte, j’allais continuer ma
voie… la voie du guerrier qui n’abandonne jamais. Mon logo se transforma avec
un dragon rouge… moi. Pour ceux qui n’ont pas vu, ce Dragon rouge représente
la force de caractère, la passion et la fougue. Le poitrail bleu est la voie de
l’ouverture d’esprit et de la grandeur d’âme de Renshi Pierre Marceau . Et c’est
ce que je veux transmettre sur mon passage dans la vie des gens.
Je suis maintenant un dragon rouge avec des ailes! Je parcours la vallée des
arts martiaux en étant pleinement consciente que mon parcours fut long et que
beaucoup de travail reste à faire… mais … c’est ma raison d’être.
Merci à tous ceux qui m’épaulent dans ce chemin qui se trace au fil du temps.
Les 3 M, Ma famille, Renshi Pierre, mes élèves et les élèves de Québec et gens
du Témis et bien sûr… mes amis.
Sensei Samouraï

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