Parapet N°18 - Alain Ryckelynck, Bouquiniste de Paris

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Parapet N°18 - Alain Ryckelynck, Bouquiniste de Paris
Parapet N°18
Sommaire
Le billet de la présidente .............................................................................................................................. 2
I. RESTIF DE LA BRETONNE ................................................................................................................. 2
II. CRIS DE PARIS AU XVIIème SIECLE ............................................................................................... 4
III. LE QUARTIER MAUBERT ................................................................................................................. 5
IV. LE LABYRINTHE DES QUAIS ........................................................................................................... 6
V. LE ROSSIGNOL DE L’EMPEREUR DE CHINE ............................................................................... 7
VII. ANNONCES ......................................................................................................................................... 8
1.
Recherches ...................................................................................................................................... 8
2.
Petits travaux.................................................................................................................................. 9
VI. LABYRINTHE DES QUAIS (Solution) ............................................................................................... 9
Ont participé à ce bulletin :
Alain, Laurence et Véronique
Le billet de la présidente
Le premier semestre 98 a été particulièrement propice à l’exercice de notre belle
profession, comme nous l’on fait remarque nos nombreux clients « Vous êtes bien, là, au
soleil »
En effet les journées ensoleillées, tièdes, bien achalandées, se sont succédées sans
discontinuer, au plus grand bénéfice des bouquinistes.
De plus, les baisses conjuguées de la TVA, des cotisations sociales, des impôts nous ont
permis de dégager des liquidités importantes, réinvesties en achat de livres rares et précieux,
que l’on trouve partout pour une bouchée de pain. Les excédents, placés en bourse, ont euxmême produit des intérêts significatifs.
Sans oublier le MONDIAL de football, qui a fait affluer des quatre coins du monde des
érudits, collectionneurs et autres amateurs passionnés de littérature française.
Une seule ombre au tableau : il me faut continuer mes piqûres, sinon, le médecin ne
me laissera pas quitter l’Hôpital Psychiatrique.
Tant pis, c’est agréable, tout de même de réver.
Les quais et le Paris vécus dans les pages suivantes font un peu partie de ces rêves.
Ils constituent un bon entraînement contre les réalités
...
La Présidente
I. RESTIF DE LA BRETONNE
Tout près du quai Montebello, auquel elle est parallèle, se trouve la rue de la
Bûcherie. Dans « Connaissance du vieux Paris », Jacques Hillairet nous apprend que le bois
nécessaire aux parisiens pour la construction et le chauffage de leurs maisons arriva
longtemps à Paris par flottaison. L’endroit où les radeaux étaient reçus et le bois amassé, le
port-aux-bûches, était situé jusqu’au XIVème siècle dans cette partie-ci de la rive sud de la
Seine et le chemin qui le longeait fut appelé de ce fait rue de la Bûcherie. Au XVI ème siècle
les marchands de bois quittèrent cet endroit pour s’installer à l’île de Louviers.
Dans cette même rue, au numéro seize, on peut voir une maison dont la porte cloutée
avait attiré l’attention de Huysmans. Jacques Hillairet (Dictionnaire des rues de Paris)
rapporte qu’il s’agissait d’une maison à porte cochère badigeonnée en pain d’épice et
carrelée de clous... Ce serait dans cette maison, ou au numéro 27, que Restif de la Bretonne,
le plus fécond des romanciers français de la seconde moitié du XVIII ème siècle (ses oeuvres
forment deux cent volumes, le plus célèbre, Le Payson Perverti, de 1775, eut 42 éditeurs)
mourut en 1806, à 72 ans, dans la misère, Fouché lui ayant supprimé son maigre emploi à la
Préfecture de police. Mille huit cent personnes suivirent son cercueil porté à bras jusqu’au
cimetière Sainte-Catherine.
Qui donc est Nicolas Restif de la Bretonne, un écrivain plutôt oublié de nos jours
même si les bibliophiles continuent de rechercher ses oeuvres sur les quais ? Si l’on s’en
réfère à l’Encyclopédie de l’Utopie et de la Science Fiction », de Pierre Versins, on découvre
que par une oeuvre colossale cet écrivain français dont le nom peut s’écrire aussi Rétif (17341806) a réussi à être à la fois un maître du réalisme, et même du naturalisme, et un maître
de la conjecture, de l’utopie à la science fiction la plus échevelée. Dans quatre ouvrages il a
mis tout l’avenir : La Découverte Australe par un Homme Volant, ou le Dédale français (1781),
Les Vingt Epouses de Vingt Associés (1781), L’An 2000, ou La Régénération (1789) et Les
Posthumes, Lettres reçues après la mort du mari, par sa femme, qui le croît à Florence (1802)
Dans ce dernier ouvrage, il écrit : « La ville de Lorient était devenue la capitale de la
République, et on ne l’appelait plus Lorient, mais Surmer. (...) Paris n’était plus qu’un
village, et son territoire sablonneux était couvert d’une forêt. La France se nommait la
Virginie ».
Alors qu’une très belle exposition nous fait visiter Le Paris des Utopies (C’était l’An
2000, Mairie de Paris, entrée gratuite, jusqu’au 3 octobre), il est amusant de lire, dans un
autre ouvrage de Restif qui n’a rien de fantastique, Les Nuits de Paris ou Le SpectateurNocturne (Choix de textes, éditions Folio), la vision que l’auteur développe au cours des 233,
235 et 237èmes Nuits. Pendant une de ses errances nocturnes dans la capitale, l’auteur
rencontre un de ses amis qui lui affirme avoir été transporté en l’an 1888 pour vingt-quatre
heures à la suite d’un voeu :
Je me suis donc trouvé en 1888, au mois d’auguste, sur le pont Henri, qu’on appelait
alors de ce nom (il s’agit du Pont-Neuf). Louis XVIII régnait. Tous les ponts ét tous les quais
étaient libres ; la rue de la Pelleterie et celle de la Huchette «étaient des quais. L’Hôtel-Dieu
n’était plus. La Cité était un beau quartier, tiré au cordeau, comme Nancy (...) Après le
spectacle, je m’informai s ’il y avait des maisons où l’on pouvait souper et s’instruire. On me
dit qu’il y avait des cafés-jus, où l’on servait à souper des gelées de viande, de la crème de
riz et de la fécule de pomme de terre, avec une demi-bouteille de vin de Bourgogne. (...) Je
visitai les rues de Paris. Elles étaient parfaitement éclairées. Je fus curieux de voir la Cité.
Quelle fut ma surprise de trouver Notre-Dame à découvert jusqu’à la statue d’Henri le Bon !
(Henri IV sur le Pont-Neuf). Plus d’Hôtel-Dieu : les malades restant chez eux, et y sont
soignés, parce qu’on a plus besoin de bons soins et de bon air, que de médecins, de
chirurgiens et de remèdes. (...) Nous ne trouvâmes pas dans les rues un seul carrosse. Tout le
monde allait à pied. Les voituriers qui s’apercevaient de loin, se rangeaient, ne
s’accrochaient jamais. (...) J’appris que les ecclésiastiques se mariaient, dès qu’ils avaient un
établissement. (...) Il n’y avait plus ni moines ni religieux en Europe ; plus de filles publiques
abandonnées à elles-mêmes, elles étaient renfermées dans des Parthénons, et on les rendait
utiles à l’Etat. On en permettait l’entrée aux jeunes gens, d’après l’attestation d’un médecin
de la Faculté.
Tous en Seine
ECRIT SUR LE SABLE
Le 6 juin 44, des soldats américains de vingt ans sautent des barges de débarquement
sur la plage d’Omaha Beach et courent sous le feu carnivore des mitrailleuses allemandes.
Un petit groupe gravit un sentier sinueux dans les dunes, en file indienne.
Leur sergent, photographe, les précède et vite, tournant le dos aux blockhaus, déploie
son folding et fixe sur le Kodak l’image de ses camarades. Le premier, qui l’a vu sans doute
s’installer, sourit à l’objectif.
Cette photo sera publiée dans tous les journaux américains.
En 1984, un bel album commémoratif la reprend pour sa couverture.
Je l’ai disposé bien en vue sur l’abattant de mes boîtes. Un homme d’un certain âge,
le cheveu blanc en brosse, s’y arrête, ouvre son portefeuille, et en sort une photo de militaire
en tenue et un coupon de presse fatigué qu’il déplie.
Il me désigne du doigt alternativement le premier soldat qui sourit sur la couverture
du bouquin, la photo, la vieille coupure de journal et lui-même : « it’s me ».
Je suis très ému de voir cet homme qui sourit, et qui sourit comme sur la plage.
Lui, range photo et coupure dans son portefeuille, repose le livre sur l’abattant, et
s’en va : Bye bye ! ».
Alain
II. CRIS DE PARIS AU XVIIème SIECLE
Charles DODEMAN, « Le Long des Quais », deuxième série, « Le Journal d’un
Bouquiniste », R. Tancrède, 1922.
Le bouquiniste volant, marchand d’ABC :
Beaux ABC, en parchemin
Le premier livre des Docteurs !
Tandis que je suis en chemin
A qui en vendrai-je un ou deux ?
Cri du colporteur de librairie ou Bizouard :
Pronostications nouvelles,
Beaux almanachs nouveaux !
Elles sont aussi bonnes que belles
Que ceux de Maître Jean Thibaut !
(Thibaut était médecin astrologue de François Ier et rival de Nostradamus)
Cri qui pourrait être celui du bouquiniste volant actuel (c’est-à dire en 1922) :
Palimpestes, Aldes, Manuces,
Charpentiers, Pauls, Crès aussi,
Elzévirs, Didots, Lévys,
Venez, chercheurs pleins d’astuce
Si votre poche est à sec,
Vous aurez des sols avec !
III. LE QUARTIER MAUBERT
Promenons-nous encore un peu dans le quartier de la Place Maubert. Le Guide de Paris
Mystérieux en donne une description fort pittoresque au tournant du vingtième siècle :
Jusqu’à la fin du XIXème siècle, Maubert resta un quartier de tavernes et de mauvais
lieux, le royaume des voyous, des « truands » et aussi celui des clochards. La misère y était
très grande et l’on y rencontrait toutes sortes de petits métiers qui n’offraient guère que des
ressources précaires aux habitants. Parmi eux, les ravageurs qui fouillaient les ruisseaux
fangeux de la capitale et rapportaient chez eux de grandes sébiles de bois pleine de vase,
qu’ils triaient dans l’espoir de quelque découverte précieuse, les marchands de mouron, les
fabricants d’échaudés sans saveur, les rempiéceurs de bas, les faiseurs de pipes en sucre, les
vendeurs de coco et de coriace (bonbons de pain d’épice), les inventeurs de petits moulins en
plume, les colleurs de sacs en papier et de cornets pour épiciers, l’écrivain public et
l’arracheur de dents.
Mais l’activité la plus singulière de la place, c’était son marché aux mégots, que les
clochards ramassaient, à l’aide d’un crochet, dans les rues et aux terrasses des cafés. Les «
clopes » étaient très soigneusement triés, puis hachés et séchés.. Quand les ramasseurs en
avaient une certaine quantité, ils les portaient au marché central, où des industriels
achetaient le tabac pour en faire des cigarettes, vendues sous le nom de « cigarettes à la
main ».
Tous en Seine
UNITED COLOURS
Un bel après-midi d’été, je viens de reclasser mes bouquins dans mes boîtes, et mes
mains sont passablement poussièreuses.
Une jeune femme de couleur, d’une grande beauté, très élégante, parcourt
longuement mes livres d’une main délicate, et vient me présenter celui qu’elle a choisi.
Je suis gêné :
« Excusez-moi, j’ai les mains noires. »
Et elle, avec un sourire très doux :
« Moi aussi... »
Alain
IV. LE LABYRINTHE DES QUAIS
Le Minotaure tuait le temps en lisant notre belle revue (il était abonné lui aussi !)... la
France, les Bouquinistes des Quais de Paris, reverrait-il tout cela un jour ?
Il lui vint l’idée d‘écrire ses souvenirs en croix sur le plan de son labyrinthe, séparés
par les cloisons. Puis il s’amusa, entre deux livraisons de vierges, à leur inventer des
définitions. Les voici :
HORIZONTALEMENT
I. Piédestal de la Littérature, ou simplement garde-fou (deux mots) ?
II. Précède souvent 4, 8, 12 ou 16. Dieux tombés sur la tête;
III. Mille-feuilles ou pas, il se dévore !
IV. Livres corrigés. Voiture de sport. Initiales d’un compositeur vénitien rendu célèbre
par un adagio.
V. Utilisés par Simenon comme par ses malfrats, mais pour la bonne cause j’espère!
Des gens dans tous les sens.
VI. Un cheveu décidément en désordre ! Tome second. Elles sort des urnes, ou entre
dans votre coeur.
VII. Les livres irlandais n’en ont pas plus que les écossais, les anglais ou les gallois.
VIII. Montre à tous les passants... Une façon de donner du cachet aux bouquins, qui ne
leur ajoute pas de valeur (initiales).
VERTICALEMENT :
1. Bouquiniste enfermé, comme le Minotaure ?
2. Son Père a beaucoup d’enfants. Ses Histoires étaient extraordinaires.
3. Un temps pour lire, au coin du feu.
4 OSS 117, James Bond 007, etc. La plus grande Librairie de Paris.
5. Menés à bien.
6. Comme les boites des bouquinistes.
7. Pour passer de l’Académie Française au Louvre, ou de la Bibliothèque de France à
Bercy. En diagonale, si elle est fastidieuse.
8. Obsédés souvent par le 9.
9. Un livre qui n’en obtient pas un bon du 8 mérite quelquefois celui de la cheminée.
Pour les critiques, par exemple (initiales).
V. LE ROSSIGNOL DE L’EMPEREUR DE CHINE
En chinant
j’ai déniché
chez un antiquaire chinois
un drôle de rossignol :
un bouquin sur papier de Chine
à la couverture chinée
poratnt dans une banderole
ce titre :
« Le Rossignol de l’Empereur de Chine ».
Laurence
VII. ANNONCES
1. Recherches
Mademoiselle LEMAITRE, bibliothèque de Clamecy Rue Jean Jaurès 58500 CLAMECY
Oeuvres de Martine CLEMENT
Roman
- « Les herbes de l’été », Gallimard
- « Le pipeur d’oiseaux », Gallimard
- « La mort est rouge », Gallimard
Histoire
- « La chute de Constantinople », Laffont (en collaboration)
- « Les grands hommes de la Bourgogne », Sud Albin-Michel
Essais
- « Non-violence et objection de conscience », Castermann (en collaboration)
- « L’adoption », Castermann (en collaboration)
- « Les prénoms, Monique, Henri, Jeanne », P. Horay
- « Zadig », Mellotée-La Pensée Moderne
Contes et romans pour enfants
- « Contes du jardin d’assise », Le Marais
- « Le secret de la mer », Le Marais
- « Sonje, fille des routes », Le Marais
- « La fontaine magique », Le Marais
- « Contes de Provence », Hachette
- « Contes de Bourgogne », Hachette
- « Contes tziganes », Hachette
Théâtre radiophonique
- « Les herbes de l’été » (en collaboration)
- « La nuit de l’Alleluia »
- « Marianne et son royaume »
- « L’inconnue de Noël »
Disques
- « Contes de Provence », Hachette-Vermeille
- « Contes de Bourgogne », Hachette-Vermeille
Ont été adaptés à la télévision
- « La nuit de l’Alleluia (La nuit des lilas)
- « Le vent sur la maison »
Fabienne EDER, 03 88 28 24 62
Robert DOISNEAU et Maurice BAQUET
« Ballade pour violoncelle et chambre noire »
Herscher Ed. 1981
Alain, 01 60 10 35 01
Jean WEBSTER
« Trois petites américaines »
Bibliothèque verte.
2. Petits travaux
Peintures, réparations et entretiens des boîtes. Alain 06 60 40 08 19
VI. LABYRINTHE DES QUAIS (Solution)
-10-
L
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P
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