La Caravane de l`aventure - Grande Traversée des Alpes

Transcription

La Caravane de l`aventure - Grande Traversée des Alpes
La Caravane de l’aventure
Compte-rendu de l’évènement
Suite à l’événement « La Caravane de l’aventure », organisé du 20 au 28 juin
2008, il semble important de dresser un bilan de cette semaine d’initiation alpine
impliquant 8 jeunes âgés de 18 à 22 ans - Audrey, Simon, Maryse, Pierre, Lisa,
Nicolas, Noémya et Etienne. Cette analyse se découpe en différentes
thématiques pour permettre une plus grande lisibilité.
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
1
1. Les jeunes et la vie de groupe
> Solidarité dans l’épreuve, mise en confiance mutuelle et entraide
Le groupe a joué un rôle essentiel dans la motivation de chacun des jeunes. Il a
permis de créer une atmosphère de confiance et d’entraide aussi bien en amont
des activités qu’au cours de leur déroulement. Bien que le programme de la
semaine ait fait naître chez certains des appréhensions et des angoisses
concernant certaines activités, la cohésion du groupe a permis aux plus réticents
de prendre confiance en eux.
Par ailleurs, la vie en groupe a transformé des activités a priori « basiques » (par
exemple, la randonnée) en moment de découverte, de rencontre et
d’émerveillement.
« Voilà, en deux jours 8 heures de marche… Et contre vents et marées, ou plutôt
pentes et névés, on y est arrivé ! », Lisa.
La via ferrata, par exemple, a
fortement contribué à la mise en place
de l’esprit de solidarité dans le groupe.
Cette activité, qui s’est déroulée au
début de la semaine, représentait pour
certaines des jeunes filles une épreuve
plutôt
difficile
(verticalité,
environnement
minéral…).
Cette
crainte a été d’autant plus amplifiée
que la cordée de ces filles a
malencontreusement été conduite par
un guide qui n’a pas réussi à les mettre en confiance, accentuant ainsi leur peur.
Pourtant, elles ont su, dans cette situation difficile, être solidaire entre elles et
compter les unes sur les autres pour aller jusqu’au bout… et y sont parvenues !
Enfin, la randonnée glaciaire, considérée dès le début de l’aventure comme
l’activité la plus énigmatique, s’est révélée comme l’un des moments les plus
intenses de cette semaine initiatique En effet, la majorité des jeunes ne
connaissaient ni l’espace naturel montagnard (un glacier et un sommet à 3700 m
d’altitude), ni le matériel utilisé (piolet, crampons…), ni l’organisation de l’activité
(nuit en refuge de haute montagne, lever à 3 h du matin, départ avec une lampe
frontale…) et pourtant, grâce à la cohésion du groupe, ils ont pu partager leurs
appréhensions et leur plaisir, assurant ainsi le succès de cette épreuve
inoubliable.
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
2
« Le groupe était constitué de personnes tellement décalées… réunies autour du
sport, de la découverte et de l’aventure. J’ai porté autant d’intérêt, si ce n’est
plus, à l’expérience humaine qu’aux activités en elles-mêmes », Lisa.
> Rôle de la montagne dans la cohésion du groupe
Au terme de cette aventure, il semble
donc que l’appartenance à un groupe
de pairs contribue largement à
faciliter l’accès à la destination
« montagne ». Elle est un atout
considérable pour aborder de manière
sereine
la
montagne.
Et
parallèlement, force est de constater
que
le
groupe
s’est
renforcé
justement parce qu’il évoluait dans
l’univers de la montagne ! On imagine
très bien que le groupe se consolide davantage dans l’ascension d’un sommet à
3700 m que dans une après-midi de farniente au bord d’une piscine. Simon, l’a
d’ailleurs très bien exprimé, en expliquant que la montée d’adrénaline est
d’autant plus importante dans ce genre d’épreuve qu’à la fin, il reste « quelque
chose », alors qu’après avoir passé une soirée en ville à « picoler », rien de
nouveau n’est créé dans le groupe. Ainsi, la vie de groupe semble rendre la
montagne beaucoup plus palpitante et amusante, sans compter que la synergie
du groupe est indispensable en montagne pour aller au bout des activités
prévues.
« C’est peut-être la montagne qui a permis cela, le fait d’être tous ensemble à se
motiver dans les moments difficiles et de fait d’apprécier les moments forts
ensemble », Maryse.
> Esprit festif, ludique (jeu, photo, chant, fête…)
Enfin, il apparaît clairement au terme de cette semaine que, pour les jeunes, la
montagne peut également être synonyme de fête. Pourquoi devrait-on réserver
les fêtes à la mer et aux villes ? Pourquoi devrait-on forcément aller se coucher à
21 h 30 en refuge alors que l’on a encore envie de profiter de l’endroit, de faire
des jeux, de chanter et de s’amuser ? Les jeunes ont parfois trouvé les
ambiances très austères, notamment au refuge du glacier Blanc où ils se sont
sentis en marge par rapport aux autres groupes d’alpinistes. Se préparer à une
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
3
course en haute montagne implique-t-il forcément d’être dans une ambiance
sérieuse et ennuyante ?
Les atouts et les richesses qu’offre la
montagne (paysage, pente, faune/flore,
hommes…) ne remplacent pas les
moments de convivialité essentiels à la
cohésion du groupe (surtout de jeunes).
Il a besoin d’exister aussi au travers de
moments festifs, et les contraintes
imposées sont parfois illusoires. Il est
possible de « s’éclater » en montagne
simplement parce que la gardienne d’un
refuge met à disposition sa cuisine pour faire des crêpes (comme ce fut le cas au
refuge Carro en Vanoise) ; ou parce qu’on s’autorise un arrêt au milieu des
vaches lors d’une balade à VTT ou encore parce que l’on a décidé de se coucher
à 2 h du matin en refuge pour partager une partie de jeu de rôle… et non pas à
21 h 30, alors que le soleil n’est même pas encore couché et que la randonnée
du lendemain n’est pas difficile ! Au final, cela ne concerne que le jeune s’il a du
mal à se lever le lendemain matin…
Enfin, la photographie s’est révélée être une très bonne
interface entre les jeunes et la montagne – les activités
sont devenues d’autant plus intéressantes qu’elles
donnaient matière à leur loisir artistique, variant sans
cesse les lumières, les mouvements, les sujets…
2. Les jeunes et les hébergements
> Refuge : accueil contrasté entre les gardiens du Carro et du Glacier Blanc
Si d’ordinaire les randonneurs et alpinistes
cherchent des conseils et autres informations
techniques sur leur itinéraire ou leur course à
venir, les jeunes, eux, ont apprécié de se sentir
accueillis dans une ambiance sympathique et
conviviale, sans être dévisagés de la tête aux
pieds ! Ici, le rôle de « passeur » rempli par le
gardien est primordial, au même titre que celui
rempli par les guides.
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
4
Notre passage au refuge Carro (2759 mètres) a considérablement marqué les
jeunes. Malgré une arrivée tardive (21h !), la gardienne nous a accueilli les bras
ouverts avec un repas chaud, fait maison, et a pris le temps de discuter un long
moment avec les jeunes de son métier et de son amour pour la montagne. Elle a
même permis à Lisa de faire des crêpes dans sa cuisine ! Tous les jeunes gardent
un merveilleux souvenir de ce refuge où ils se sont sentis à leur place, tout
autant que les randonneurs chevronnés de 55 ans.
À l’opposé, l’expérience au refuge du glacier Blanc n’a pas
été aussi convaincante, dans la mesure où le gardien n’a pas
su accueillir le groupe. Les jeunes se sont sentis agressés
dès leur arrivée à cause de leur demi-heure de retard ; et le
réveil à 3 h du matin, qui constituait déjà une épreuve en
soi, a été des plus désagréables - le gardien leur précisant,
dès leur lever, de ranger leurs couvertures et d’être plus efficaces que lors de
leur arrivée de la veille ! Loin d’avoir rempli son rôle de « passeur », le gardien a
produit l’effet inverse de celui créé au refuge Carro. Il n’a pas su considérer les
jeunes tels qu’ils étaient, ni les rassurer sur la course du lendemain, alors que la
randonnée glaciaire était de loin l’activité la plus inquiétante aux yeux du groupe.
Fort heureusement, les guides ont pu palier à ce manque et ont parfaitement
rempli leur mission.
> Nuit en yourte : événement en soi
La yourte a sans doute été l’hébergement le plus
excitant dans la mesure où aucun jeune n’y avait
jamais dormi. Après la via ferrata plutôt intense en
émotions, la nuit en yourte a été perçue comme
une très belle récompense. En outre, elle a donné
l’occasion aux 8 jeunes de dormir tous ensemble,
créant un moment ludique et exotique qui les a
marqué bien plus qu’une nuit en gîte classique !
> Gîte : confort bienvenu mais pas de réel contact humain
Les deux nuits passées en gîte ont permis aux jeunes de se reposer et de
bénéficier d’un confort supérieur aux autres formes d’hébergement (petites
chambres avec salle de bains privée, literie confortable, repas élaborés et bien
garnis…). Cependant, ils n’en ont pas gardé un souvenir intarissable.
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
5
> Bivouac : un moment d’exception
Cette dernière nuit a fait l’objet d’une préparation appliquée et spécifique
(matériel de bivouac, courses pour le dîner, ramassage de bois, préparation du
feu et du campement…). Les jeunes ont vraiment apprécié de se retrouver en
pleine nature, pour leur dernière soirée, seuls aux portes du Mercantour, sans les
contraintes que l’on peut trouver dans
les hébergements comme de respecter
les heures de repas, faire attention à ne
pas faire trop de bruit, manger ce qui
est imposé… Ils ont pu ce soir-là tout
orchestrer à leur façon et recréer les
ambiances de fêtes qu’ils peuvent avoir
chez eux : chants, histoires drôles,
marshmallows, alcool… avec en prime
une nuit à la belle étoile !
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
6
3. Les jeunes et les activités sportives :
> Rôle des guides et des gardes-moniteurs des parcs
De nombreux guides nous ont accompagné au cours de cette semaine : guides
de via ferrata, guides de haute montagne, moniteur VTT et guide de canyonning.
Leur rôle de passeur était essentiel pour rendre la montagne accessible aux
jeunes et leur apporter « les clés » pour mieux la découvrir : permettre une
meilleure interprétation du paysage, donner des conseils techniques et pratiques,
rassurer et aider dans la difficulté, sensibiliser aux problématiques
environnementales et humaines… Cependant, lors de l’activité via ferrata,
certaines filles du groupe n’ont pas eu un très bon contact avec l’un des deux
guides. Ces dernières avaient beaucoup d’appréhension à pratiquer cette activité
et le guide n’a pas su les mettre en confiance et les rassurer lorsqu’elles en
avaient besoin. Son attitude très désinvolte et prétentieuse a déplu aux jeunes
qui, par voie de conséquence, gardent un mauvais souvenir de cette activité. À
l’inverse, les deux guides de haute montagne ont parfaitement rempli leur
mission, laissant un souvenir mémorable aux jeunes et surtout, l’envie de
revenir. Parfois doux et à l’écoute, parfois encourageant ou sévère, expliquant la
haute montagne, les glaciers, la faune, partageant leur passion et leurs
réflexions, ils ont permis au groupe de réussir son ascension, dans un climat de
confiance. Sans leur expérience et la qualité du rapport humain établi avec les
jeunes, le groupe ne serait peut être pas allé jusqu’au sommet.
Par ailleurs, les jeunes ont beaucoup apprécié de changer d’activité d’une
journée à l’autre, leur donnant l’occasion de rencontrer des personnes
différentes, avec chacune un « message » à transmettre et un contact spécifique
avec le groupe. Ces passeurs n’ont jamais ennuyé les jeunes dans la mesure où
ils ont su adapter leur discours à ce public qui a des attentes différentes que
celles des clientèles plus classiques de montagne.
« Je crois qu’en fait, si on va en montagne, c’est pour vivre des moments
intenses. Parfois la peur, ou même la fatigue, mais surtout de la joie, du
dépassement de soi, des paysages à couper le souffle ou juste le bonheur de voir
une petite marmotte ! », Maryse.
> Appropriation d’un matériel différent chaque jour
Chaque activité pratiquée nécessite un matériel spécifique, requérant un temps
d’adaptation aux jeunes pour se l’approprier : entre la combinaison pour le
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
7
canyonning, les crampons et le piolet pour la randonnée glaciaire, le baudrier, la
corde et le casque pour la via ferrata, les VTT… Tout cet équipement représente
un « intermédiaire » entre les jeunes et la montagne qui n’est pas négligeable.
Le matériel de haute montagne, par exemple, a fait l’objet de nombreuses
interrogations et a largement accentué les angoisses liées à cette activité ! Par
ailleurs, le groupe s’est montré parfois un peu perplexe et désorienté face à la
préparation de chaque activité quant aux conseils donnés pour préparer leur
journée :
- Les chaussures de randonnées en Vanoise différentes de celles pour la
randonnée glaciaire,
- L’aspirine qu’on leur conseille de prendre dans la poche avant l’ascension,
- Les chaussures pour le canyoning qui seront mouillées,
- Les sacs à dos à préparer et à ne pas trop charger avant de partir en
randonnée (tout en pensant à prendre chaque élément essentiel pour
anticiper les situations de mauvais temps),
- L’eau qui doit être prévue en quantité,
- Les barres de céréales pour les coups de fatigue,
- Les lunettes de soleil, indice 5, indispensables pour marcher sur le glacier,
- La casquette pour se protéger du soleil…
Ces phases de préparation avant chaque activité ont eu tendance à brouiller et
parfois à compliquer la façon d’appréhender la montagne.
> Dépassement de soi et réalisation d’objectif commun
Les jeunes ont éprouvé une grande fierté à la réalisation des épreuves sportives.
Les limites de chacun ont pu être dépassées grâce à l’entrain et à la dynamique
du groupe. La fierté de réussir se constatait souvent par le contenu des échanges
qu’ils ont pu avoir à la fin de chaque journée.
« Une rando exceptionnelle, des paysages magnifiques et des rencontres
humaines et animales très enrichissantes », Simon.
Les activités demandaient à chacun des aptitudes physiques suffisantes pour
pouvoir suivre le groupe, ce qui pouvait parfois les angoisser. Vais-je être
capable de suivre les autres ? Que se passe-t-il si je ne peux pas continuer ? Des
questions récurrentes auxquelles la notion de groupe a apporté des réponses au
cours de l’activité. En effet, la dynamique de certains poussait les autres et
l’entraide est devenue centrale dans les moments difficiles. Au final, les activités
se sont toutes déroulées pour le mieux et les jeunes en ont tiré une très grande
satisfaction.
« Nous avons vécu une semaine exceptionnelle ! », Pierre.
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
8
4. Les jeunes et l’itinérance
Tous les jeunes ont apprécié et profité du caractère itinérant de cette aventure
alpine. Changer de lieu chaque jour, découvrir l’incroyable variété du massif alpin
et apprécier des paysages nouveaux au fil des étapes, rencontrer des personnes
différentes permettant au groupe de s’approprier un peu le territoire, dormir
dans un lieu et un lit différent… autant d’ingrédients qui ont rendu cette semaine
« exceptionnelle » et qui ont donné aux jeunes la sensation de faire la « Grande
Traversée des Alpes ».
« Une semaine où des petites habitudes ont été prises telle une petite famille
bien rodée ! », Etienne.
Parallèlement, la variété des activités proposées a constitué un élément
important de satisfaction. Les jeunes ont ainsi pu découvrir des activités
aquatiques (aviron et canyonning) ou de rocher (via ferrata), douces (randonnée
en Vanoise) ou plus dynamiques (VTT) ou de haute montagne (randonnée
glaciaire). Enfin, se déplacer du Léman à la Méditerranée, en minibus
« customisé », a également contribué au plaisir de parcourir les Alpes par la
route. Le groupe se l’est complètement approprié, le transformant en lieu de
discussion, de partage (chant, photos…) ou de repos pour récupérer d’une étape
à l’autre ! Ce principe de « road trip » a été très apprécié et a contribué à la
cohérence de cette semaine d’aventure.
« Groupe d’exception, customise ton moyen de locomotion ! », Lisa.
5. Les jeunes et la montagne
> Les a priori
Si chaque membre du groupe considérait la montagne différemment, les mêmes
a priori sont largement partagés par l’ensemble des jeunes: « Y’a pas de jeunes,
on s’ennuie, y’a rien à faire le soir, ça coûte cher, la randonnée ce n’est pas
excitant… ». Certains des jeunes n’avaient jamais ou peu pratiqué les activités de
montagne et ce pour plusieurs raisons : l’occasion se s’était jamais présentée, la
peur et les appréhensions freinaient leurs envies ou la complexité et les prix les
dissuadaient.
« On nous a demandé de définir la montagne en début de semaine par trois
adjectifs. Les miens furent calme, ennuyeux et truc de vieux. Je peux désormais
en rajouter : calme, beau et épuisant ! », Lisa.
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
9
> La réalité
Il est vrai que l’environnement qu’offre la montagne est particulier. Il peut faire
peur, faire rêver ou laisser dubitatif, il renvoie très souvent l’image d’un espace
difficile à pénétrer et dangereux, qui ne comprend que des activités coûteuses et
qui implique d’être très bien équipé. En effet, il est vrai que chaque activité
réalisée a nécessité un équipement particulier à s’approprier et un professionnel
spécialisé apportant sa connaissance de l’activité et du territoire.
Toutefois, au-delà de ces aspects techniques, deux autres éléments semblent
primordiaux pour que les jeunes puissent s’approprier et apprécier la montagne :
l’implication des « passeurs » et la vie de groupe. Tout devient beaucoup plus
accessible et passionnant lorsque des médiateurs compétents (professionnels ou
non) sont là pour guider et accompagner le groupe dans la découverte d’une
activité et d’un territoire. De même, tout voyage est beaucoup plus enrichissant
et excitant dès lors qu’il est partagé avec d’autres jeunes. Les relations créées
dans le cadre de cette aventure étaient d’autant plus intenses que les jeunes ne
se connaissaient pas avant de partir et que leur amitié s’est construite sur le
partage de moments très forts.
« De superbes rencontres pour une semaine de rêve ! », Etienne.
Il faut noter par ailleurs que les jeunes ont très souvent recherché un point d’eau
pour se baigner tout au long de cette semaine. Or, l’eau, bien que très présente
en montagne, ne permet pas souvent la baignade créant une relative déception
chez eux. La valorisation des nombreux lacs et cours d’eau de montagne, ou
même des piscines municipales, peut remédier à cette tendance qui fait
cruellement défaut à la montagne en période estivale.
> Le bilan
Fort de la réussite de ce voyage alpin, il est intéressant d’analyser les moyens
d’adapter l’offre actuelle « montagne été » dédiée aux jeunes à leurs attentes.
Tout d’abord, il s’agirait peut-être de donner aux jeunes une image de la
montagne moins compliquée, moins dangereuse et plus accessible. Nul besoin
d’être suréquipé pour partir en montagne même si, bien sûr, un minimum de
matériel est nécessaire (chaussures de marche, sac de couchage…) pour
pratiquer une palette d’activités très variées. Rappelons par exemple qu’une
excursion en refuge devient un moment unique, non pas grâce aux dernières
chaussures et « parkas » du marché, mais bien grâce à l’accueil d’une gardienne
à l’écoute des randonneurs, laissant les portes de sa cuisine ouverte pour une
crêpe-party improvisée ! Bien entendu, la notion de risque existe en montagne et
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
10
il est essentiel que les jeunes en aient conscience. Le niveau d’équipement
contribue à réduire ces risques, mais cela ne doit pas être un frein à pratiquer les
activités – y compris les plus simples comme la marche et le vélo.
Enfin, cette semaine passée en compagnie de jeunes urbains nous a laissé
entrevoir le caractère ennuyant et parfois hostile que peut revêtir la montagne.
Rien n’est réellement prévu comme animation pour attirer les jeunes, l’offre et
les événements touristiques se construisent surtout autour des familles et des
seniors - la programmation pour la fête de la Musique dans les villages donne un
bon aperçu de cet état des choses.
Concernant le coût, il faut, semble-t-il, distinguer deux groupes de jeunes. Ceux
qui ne pratiquent jamais la montagne, et ceux qui la pratiquent en hiver mais
peu ou pas en été. Pour ces derniers, l’argument du coût est souvent illusoire, au
regard, notamment, des prix de l’équipement et des forfaits en hiver !
Cependant, ces jeunes représentent une minorité et il est vrai que la montagne,
hiver comme été, a un prix. Faut-il pour autant laisser les jeunes se détourner de
la montagne pour la mer ? N’est-il pas possible de dévoiler un autre visage de la
montagne en été – destination festive, grandiose et de rencontre ?
Pour terminer, il ne faut pas oublier que l’un des atouts incontestables et
inimitables de la montagne en été, est sa beauté… qui a fait l’unanimité auprès
des 8 jeunes.
« Pendant la semaine, j’ai épuisé tout mon vocabulaire ! Après avoir répété 15
fois « C’est trop beau », « C’est magnifique », « Wahoo », je ne sais plus quoi
rajouter ! », Maryse.
Association Grande Traversée des Alpes : « Caravane de l’aventure » sur la Route des Grandes Alpes
Compte-rendu de l’évènement
11