Le racisme de la gauche régressive

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Le racisme de la gauche régressive
Le racisme de la gauche régressive
Les juifs sont trois fois plus victimes de crimes haineux que les
musulmans, mais la gauche régressive parle seulement
d’islamophobie. Sont-ils trop blancs?
L’expression «gauche régressive» (regressive left) apparaît en
2012, sous la plume de Maajid Nawaz. Lorsque je parle de gauche
régressive, je parle de cette gauche qui fait de l’islamisme un
tabou. Je parle de cette gauche qui désigne le criminel par ses
Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil,
victimes, et qui désigne par conséquent les islamistes qui
et alors tu verras comment ôter la paille de
assassinent des homosexuels ouvertement au nom d’Allah comme
l’œil
ton frère.et– pas
Évangile
de Matthieu,
7, 5.
seulement
desdehomophobes,
des islamistes.
Je parle
de tous
ceux et celles qui tiennent despropos de ce genre:
«Renvoyer la tuerie du Pulse vers l’islam et l’islamisme, c’est
tomber dans le piège tendu par les partisans du « choc des
civilisations ». C’est aussi céder à une instrumentalisation
xénophobe et raciste de la « démocratie sexuelle ».»
Font partie de la gauche régressive tous ceux qui tolèrent les
aspects rétrogrades des religions, que ce soit au nom d’un idéal
de tolérance ou pour éviter l’apparence de colonialisme ou
d’impérialisme. Je parle donc ici de la majorité de ceux qui se
disent «inclusifs», Social Justice Warriors (SJW), ou féministes
de la troisième vague.
La gauche régressive impose une rectitude politique de façon de
plus en plus autoritaire et inquisitrice, ce qui entre en
contradiction directe avec le véritable progressisme qu’elle
devrait promouvoir.
Personne n’est à l’abri des biais racistes. La gauche régressive
prétend lutter contre le racisme, mais si on analyse la logique
de son discours prétendument antiraciste, on découvre des
présupposés racistes.
Le stéréotype du musulman aliéné et violent
Le 13 janvier 2015, le philosophe Michel Seymour écrit sur
Facebook que puisque les musulmans forment un groupe minoritaire
et qu’ils peuvent vivre un sentiment d’aliénation, «[l]’autocensure est de mise, malgré le droit [de critiquer l’islam]. Ce
n’est pas le temps de s’en donner à cœur joie contre l’islam.»
Dire que la religion musulmane n’est pas une religion qu’il faut
critiquer comme les autres parce que c’est la religion des
opprimés, c’est comme dire que le judaïsme est la religion des
voleurs et des banquiers. C’est mettre sur tous les musulmans
l’étiquette «pauvre victime», comme les antisémites ont mis
l’étiquette «calculateur» sur tous les juifs.
En réalité, bien nombreux sont les musulmans qui refusent d’être
vue comme des victimes et qui désirent une critique de l’islam.
Demander qu’on épargne à l’islam la critique et la moquerie que
méritent toutes les religions parce que c’est la «religion des
opprimés» laisse entendre que les musulmans sont tellement
aliénés intellectuellement qu’ils ne peuvent pas s’émanciper de
la religion.
Si les musulmans sont opprimés, c’est avant tout par leur propre
religion, et la gauche régressive milite pour que ça continue.
Pire encore, la gauche répressive désigne comme victimes ceux et
celles qui agressent par des insultes et des poursuites
judiciaires les personnes qui exercent leur liberté de critiquer
la religion.
On peut aussi penser au commentaire de Gabriel Nadeau-Dubois
après l’attentat contre Charlie Hebdo : «Plus on tend à
stigmatiser, plus on tend à attaquer une communauté, plus en
retour, cette communauté-là se crispe, se referme et tend à
développer des mécanismes (qui sont criminels dans le cas
présent) de défense, des mécanismes de repoussoir […].»
Dire que la réaction des musulmans contre les caricatures de
Mahomet est le symptôme de leur frustration légitime, et que se
moquer de la religion d’un groupe minoritaire peut provoquer leur
«crispation» et le développement de «mécanismes de défense»
parfois criminels comme le massacre de Charlie Hebdo, c’est
laisser entendre que les musulmans sont des victimes qui ne
peuvent pas se contrôler. C’est déresponsabiliser ces êtres
humains.
Mais lorsqu’on parle des Québécois qui déposent des têtes de porc
devant les mosquées, on ne dit jamais que ces actes sont des
«mécanismes de défense» causés par la stigmatisation de ceux qui
critiquent l’islam, ou l’effet d’une crispation provoquée par le
chantage à l’islamophobie. Lorsqu’il s’agit de Québécois
d’origine française, la gauche régressive emploie le langage de
la responsabilisation et condamne ceux qui commettent des actes
répréhensibles. Lorsque des musulmans commettent des actes
criminels, la gauche régressive plaide la folie ou les mécanismes
de défense découlant d’une frustration légitime.
Avec cette attitude, la gauche régressive renforce les
stéréotypes stigmatisant les minorités culturelles. Les musulmans
ne sont pas des êtres moins responsables que les Occidentaux!
L’abaissement des standards moraux
La gauche régressive est allée jusqu’à dire que l’égalité entre
les hommes et les femmes et le respect des orientations sexuelles
sont des principes occidentaux que les musulmans ne sont pas
tenus de respecter. La gauche régressive invite aussi les LGBT
qui critiquent l’homophobie de certains musulmans à faire preuve
de retenue car, selon eux, appartenir à une minorité devrait
amener à faire preuve d’empathie et de sensibilité envers nos
concitoyens membres d’autres groupes minoritaires qui voient
leurs droits fondamentaux menacés. Cette même gauche régressive
n’hésite pas par contre à se plaindre, par exemple, de l’empathie
des médias envers un pasteur protestant homophobe.
La gauche régressive demande pour les musulmans ce qu’elle refuse
pour les chrétiens : la tolérance de l’homophobie religieuse.
C’est un parfait exemple de ce que Maajid Nawaz appelle le
racisme de faible standard (the racism of low expectations) :
«C’est ce que j’appelle un racisme de faible standard : ne pas
s’indigner qu’une personne à peau brune exprime de la misogynie,
du chauvinisme, de la bigoterie ou de l’antisémitisme, mais
exiger qu’une personne à la peau blanche soit à la hauteur des
valeurs démocratiques libérales. Les véritables victimes de ce
double standard sont les minorités culturelles elles-mêmes, car
cela limite leur horizon. Nous rabaissons leur potentiel et les
attentes qu’elles pourraient avoir envers elles-mêmes. Nous les
jugeons comme des personnes dont la culture est intrinsèquement
moins civilisée et, bien sûr, nous tolérons la bigoterie à
l’intérieur de ces communautés. Les premières victimes de cette
bigoterie sont les plus démunis de ces communautés.»
Un racisme à géométrie variable
Accusée par le blogueur Ludvic Moquin-Beaudry d’avoir des biais
racistes, la chroniqueuse et enseignante en francisation Tania
Longpré écrit qu’elle n’est pas raciste parce que sont conjoint
est Syrien (profil Facebook, 25 juillet 2016). Moquin-Beaudry lui
répond que sa réplique est raciste : «[L]’argument de l' »ami
noir », peu importe sa forme (« conjoint syrien » en est une
variante) n’est pas une défense quand on se fait accuser d’avoir
une attitude raciste. C’est une façon de s’enfoncer plus bas, en
objectifiant l’origine ethnique d’une personne tierce pour se
défendre soi-même.» (sur son profil Facebook, 26 juillet 2016.)
Quand Manon Massé a dit à Richard Martineau qu’elle connaissait
plusieurs bons musulmans, est-ce que c’était raciste? C’est un
autre exemple d’objectification de l’origine ethnique d’une
personne pour en faire un argument. Si Moquin-Baudry a raison,
Manon Massé aurait elle aussi un biais raciste. Pourtant, à
gauche, personne n’a accusé Manon Massé de racisme.
Enfin, il faut voir la ferveur quasi religieuse avec laquelle la
gauche régressive défend la Charte des droits de cette monarchie
constitutionnelle de droit divin qu’est le Canada. La fierté
identitaire québécoise est perçue par la gauche régressive comme
du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance, alors que la
fierté identitaire autochtone est perçue positivement. Pourtant,
elles participent de la même logique. Pourquoi ne pas reconnaître
la légitimité de la fierté identitaire québécoise? Parce que la
gauche régressive considère que les personnes à la peau blanche,
couleur associée par les stéréotypes à la colonisation, à
l’impérialisme et à l’esclavagisme, ne peuvent pas être victimes
de racisme.
Haroun Bouazzi écrit : «Dans un système où la personne blanche
est privilégiée de par sa couleur, les actes discriminatoires et
haineux envers elle sont inacceptables et condamnables, mais ne
constituent pas du racisme.» Comme si les Québécois d’origine
française n’étaient pas victimes de racisme depuis 1760! La
québécophobie des Canadiens anglais est systémique.
Les juifs sont trois fois plus victimes de crimes haineux que les
musulmans, mais la gauche régressive parle seulement
d’islamophobie. Sont-ils trop blancs?
Les gens que j’associe à la gauche régressive ne sont pas
forcément racistes, mais leur discours est imprégné de biais
racistes qui nuisent à ceux qu’ils prétendent défendre.
Ils se prétendent à gauche, mais ils ne sont que la gauche d’une
droite rétrograde. Ils devraient s’examiner eux-mêmes avant de
stigmatiser les militants pour la laïcité.
Source :©
http://quebec.huffingtonpost.ca/francois-doyon/islam-critique-islamisme-homop
hobie-racisme-religions_b_11576844.html