09. ax-les-thermes - Le patrimoine de Midi-Pyrénées

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09. ax-les-thermes - Le patrimoine de Midi-Pyrénées
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09. AX-LES-THERMES
Monument aux morts
De la guerre de 1914-1918
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Étude
Inscriptions
Documents
Sources
Illustrations
Étude communale
Dès la fin de la Grande Guerre, le 26 mai 1919, le conseil municipal d’Ax-les-Thermes et son maire
François Gomma prennent la décision d’ériger un monument aux morts dans la ville. Un comité d’organisation
est crée le 11 novembre 1919 et se réunit pour la première fois le 16 mai 1920. Il est constitué du maire,
président, de son adjoint, monsieur Champeu, du curé doyen, l’abbé Eychenne, du notaire monsieur Oustric et
du président du syndicat d’initiative, tous vice-présidents, de l’instituteur et secrétaire monsieur Pujol, d’un
conseiller son adjoint et du négociant Jules Bonrepaux trésorier. Le 16 octobre 1921, le comité informe qu’il a
recueilli la modeste somme de 9 336,55 francs et propose que le monument soit érigé au bassin des Ladres. Par
ailleurs, il décide d’élever une croix monumentale au cimetière avec une plaque sur laquelle seront inscrits les
noms des « morts pour la Patrie ». Cette croix monumentale sera inaugurée le 24 septembre 1922. Le même
jour, au matin, la plaque de marbre située dans l’église Saint-Vincent est bénie comme l’ont souhaité le curé
doyen de la paroisse et les membres du comité. L’article paru au début d’octobre 1922 dans l’hebdomadaire «
la Croix de l’Ariège » rend compte de cette cérémonie à laquelle participaient l’archiprêtre de la cathédrale de
Pamiers, la municipalité, les différentes associations et une nombreuse foule ainsi que l’orphéon de Pamiers. La
statue de Jeanne d’Arc, œuvre du statuaire toulousain François Dominique Monna, participe, probablement dès
l’origine, à cette mémoire. Alors polychrome, elle a été repeinte au milieu des années 1960.
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En 1923, le maire poursuit son projet de monument aux morts et sélectionne quatre artistes ariégeois de
renommée nationale, Patrice Bonnet, Henri Prozynski, Grégoire Calvet et Paul Sylvestre. Mais, parce que le
coût de chaque projet est conséquent, le maire demande aux différents artistes de réduire leurs devis. En effet,
celui de Patrice Bonnet s’élève à 65 000 francs, celui de Grégoire Calvet à 97 000 francs, celui d’Henri
Prozynski à 135 000 francs et celui de Paul Sylvestre à 45 000 francs. Il faut, de plus, ajouter le coût des
travaux de la nouvelle place à réaliser sur laquelle sera édifié le monument. François Gomma présente les
quatre projets et maquettes à son conseil le 20 octobre 1926 puis rend compte de la souscription recueillie - 12
430 francs – encore insuffisante. Un emprunt de longue durée sera donc nécessaire. C’est le 15 novembre 1926
que le conseil municipal décide de l’emplacement du monument - l’avenue Adolphe Authié - et de l’artiste,
Patrice Bonnet.
Un nouveau maire, Louis Bonnafous, est élu lors du scrutin de mai 1929. Le 2 mai 1932, S. Simorre,
architecte DPLG à Toulouse présente au conseil un nouveau projet de monument aux morts. L’emplacement
proposé est toujours celui de l’avenue Authié et la dépense est évaluée à 170 000 francs, 70 000 francs pour le
monument et 100 000 francs pour l’aménagement urbain c’est-à-dire la création de la nouvelle place. Le plan
de financement prévoit 60 000 francs de participation de la chambre d’industrie thermale, 9 870 francs de la
souscription, 100 130 francs de la commune. Le maire d’Ax-les-Thermes informe par courrier de ce
changement « pour des raisons [qu’il] ignore », Patrice Bonnet l’auteur du précédent projet alors abandonné.
Les emprunts et les traités sont lancés, l’adjudication fixée au dimanche 23 octobre 1932. L’entreprise P et J Pin
frères, fils et gendre demeurant à Ax-les-Thermes obtient le 16 décembre 1932 ce marché (remblaiement et
nivellement des plateformes du monument). Monsieur Jean Massol son gérant s’engage à faire appel
uniquement à de la main-d’œuvre française, prioritairement des chômeurs de la localité ou du département et à
employer des matériaux d’origine française. L’architecte Simorre rend compte périodiquement de l’avancée des
travaux qui devaient alors durer quatre mois. Aussi, au douzième mois, le 3 octobre 1933, le maire enjoint
l’entreprise à se presser. Le 11 novembre 1933, sous la présidence du préfet de l’Ariège le monument aux morts
d’Ax-les-Thermes est inauguré en présence de la municipalité, des autorités civiles et militaires de l’Ariège, des
anciens combattants et d’une nombreuse foule. Un banquet succède aux discours et la journée se termine par un
bal. Le 8 décembre suivant, la compagnie générale d’électrométrie présente un devis de 4 700 francs puis
équipe le monument de l’éclairage électrique. Le 18 octobre 1935, sous la pression de la population, le maire
propose de bénir, en fonction des réponses reçues, le monument ce qui sera probablement fait. Enfin, le 13
décembre 1937 Thomas Buscaglia tailleur de pierre inscrit le nom de Alexandre Germa au monument à
l’inverse de celui de Joseph Galtier malgré les demandes de sa veuve et le fait que ce nom soit déjà inscrit sur
les plaques de marbre situées au cimetière et dans l’église.
C’est ensuite le 1er novembre 1970 que le monument situé dans le cimetière, près de celui dédié aux
morts de la Grande Guerre est inauguré. Il est dédié aux « enfants [d’Ax-les-Thermes] d’Afrique du Nord par
elle accueillis ».
Enfin, le 21 avril 1990, la stèle située entre la rue Saint-Jérôme et la rivière Ariège est inaugurée.
Commandée à l’entreprise de pompes funèbres de cette ville, l’entreprise Alcaniz, la plaque commémorative,
d’un coût de 1 316,83 francs est dédiée aux passeurs, C. V. R. Evadés de France et Réfractaires. La plaque en
fer émaillé située au-dessous est ensuite ajoutée. Elle porte l’appel du 18 juin 1940 du Général de Gaulle.
La plaque dédiée au gendarme Jean Labasque a été fixée à droite de l’entrée de la gendarmerie
probablement au cours des années 1960 - 1970.
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Inscriptions
Les informations complémentaires (dates et lieux de décès, de naissance, grade et régiment) en bleu
proviennent du site « memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr » et celles portées en rouge du centre des
archives contemporaines (Archives Nationales) à Fontainebleau (77). Les archives contemporaines (CAC)
détiennent les listes par départements et communes des soldats « Morts pour la France » au cours de la Grande
Guerre. La loi du 25 octobre 1919 prescrit, en effet, qu’un Livre d’Or sera déposé au Panthéon et que chaque
commune en recevra un extrait. Il renfermera les noms des combattants des armées de terre et de mer 1 et ceux
des « non-combattants ayant succombé à la suite d’actes de violences commis par l’ennemi, soit dans l’exercice
de fonctions publiques, soit dans l’accomplissement de leur devoir de citoyen » morts entre le 2 août 1914 et le
24 octobre 1919 date officielle de la cessation des hostilités. Ce Livre d’Or n’a jamais été versé au Panthéon et
les listes se trouvent aux archives à Fontainebleau. Pour l’armée de terre, le service de l’Etat civil et des
Sépultures Militaires du ministère des Pensions dresse ces listes – documents historiques - vers la fin des
années 1920.
En réponse à celle envoyée le 29 août 1929 par ce service, le maire d’Ax-les-Thermes adresse le 21 mai
1930 ce retour « qui après examen n’a donné lieu à aucune observation ». La liste établie à partir du relevé des
noms et prénoms gravés sur le monument aux morts d’Ax-les-Thermes situé en bordure de l’avenue Adolphe
Authié comporte 65 noms et prénoms. Le Livre d’Or établi par le ministère des Pensions ne retient que 47 noms
de « Morts pour la France » liés à cette commune. A l’exemple d’Albert Balanca, né à Ax-les-Thermes le 14
novembre 1897, certains ne répondent pas aux conditions imposées par la loi : l’acte de son décès est transcrit
le 11 juillet 1919 à Marseille (Bouches-du Rhône)
Ax-les-Thermes au recensement de 1911, compte 1 624 habitants et les 65 noms portés sur le monument
aux morts correspondent à 4 % de la population de cette ville.
.
Militaires morts en 1914-1918
NOM
PRENOM
ARNAUD
Louis Joseph
Charles
BALANÇA
BONNEL
CARRIERE
CHAMPEU
CHAMPEU
Albert
Maximin
Firmin
Théodore
Gabriel
CANTELOUP
Raoul Jules
Georges
Simon
Vincent
Jean
Adam Vital
Ruffin
COMET
DURANDEU
FAURE
FONT
GALTIER
1
Clément
Joseph
Date décès
Lieu décès
Date et lieu de
naissance
Grade
Regiment
3 nov 1914
Mont
Kemmel
(Belgique)
2 mars 1888
Ax-les-Thermes
soldat
80e R. I.
25 sept 1915
Beaurains
(Pas-deCalais)
Biarritz
(BassesPyrénées)
3 juil 1895
Ax-les-Thermes
soldat
20e R. I.
26 sept 1890
Ax-les-Thermes
caporal
34e R. I.
18 avr 1918
29 mai 1915
Esnes
(Meuse)
28 avr 1894
Villefranch-duConflent
(PyrénéesOrientales)
sergent
17e R. I.
22 oct 1918
Toulouse
1er sept 1875
soldat
17e section
L’armée de l’air française, dépendant de l’Armée de terre depuis 1909 est une arme à part entière depuis 1934.
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François
GARAUD
LOUBETdit
MONDI
MARTY
MARTY
Louis Saturnin
Henri
François
(HauteGaronne)
Ailette
(Aisne)
Ax-lesThermes
Boulogne (HauteGaronne)
16 juil 1878
Foix
21 déc 1881
Massat
Côte 304
(Meuse)
Bois des
Chevaliers
(Meuse)
Vadelaincour
t (Meuse)
Prosnes
(Meuse)
7 nov 1914
15 mai 1915
29 août 1918
31 oct 1918
sergent
secrétaire Etatmajor
9e R. tirailleurs
soldat
259e R. I.
26 fév 1895
Ax-les-Thermes
28 oct 1887
Ax-les-Thermes
soldat
412e R. I.
soldat
259e R. I.
26 oct 1886
Ax-les-Thermes
11 mars 1893
Ax-les-Thermes
soldat
259e R. I.
caporal
83e R. I.
Wytschaete
(Belgique)
9 août 1881
Ax-les-Thermes
lieutenant
80e R. I.
Albain-SaintNazaire (Pasde-Calais)
Chalons-surMarne
(Marne)
Neuvillette
(Marne)
29 déc 1893
Rouze
sergent
83e R. I.
20 nov 1891
Ax-les-Thermes
sergent
83e R. I.
18 août 1897
Saint-Martin du
Var (AlpesMaritimes)
6 fév 1892
Aulos
soldat
49e R. Artillerie
soldat
41e R. Artillerie
PLAS
Antoine
Germain
Hippolyte
Ferdinand
Jules Zéphirin
Marius
Pierre Joseph
dit Naudy
François
Justinien
Etienne
Jean
Dominique
Justin
Pierre Edouard
RAMEEL
Henri François
4 mars 1915
RAMOND
Fernand Elie
Jean
11 avr 1917
SICARD
Jean François
22 fév 1917
Zeitenlick
(Orient)
SOUQUET
TRAPE
Raymond
Emile Isidore
12 oct 1916
59e R. I.
Philippe
22 déc 1914
29 mai 1883
Ax-les-Thermes
14 sept 1892
Ax-les-Thermes
soldat
TRAPE
Marquises
(Marne)
Perthes-lesHurlus
(Marne)
soldat
14e R. I.
AUGE
BONNEL
CARBONNE
Arthur
Adrien
Pierre Jules
16 oct 1914
259e R. I.
Guillaume
Jean Emile
18 sept 1914
lieutenant
57e R. I.
COLOMBIE
Edmond
Marius Joseph
Henri
François Jean
13 nov 1914
Ypres
(Belgique)
22 juin 1887
Ax-les-Thermes
16 mars 1886
Cier-de-Luchon
(Haute-Garonne)
16 oct 1886
Castres (Tarn)
soldat
CAU
Verdun
(Meuse)
Roucy
(Aisne)
Soldat
143e R. I.
9 juin 1918
soldat
131e R. I.
Henri Pierre
dit Rouget
Noel Marius
23 août 1915
soldat
52e Bat. Col.
Alpin
4e R.
Cuirassiers
Gabriel Rémi
Paul
Jean Edouard
31 mars 1917
Vignemont
(Oise)
Nisleissmatt
(Alsace)
Pont de
Cernoy
(Marne)
Eparges
(Meuse)
Herbecourt
(Somme)
MARTY
MARTY
NAUDY
PERE
DURANDEU
FLORENCE
FONT
MARTRE
MARTY
MARTY
6 juin 1916
12 oct 1914
29 fév 1916
18 mars 1917
29 sept 1918
25 juil 1916
16 déc 1898
Sorgeat
25 avr 1874
Ax-les-Thermes
24 déc 1895
Ax-les-Thermes
19 juil 1891
Ax-les-Thermes
15 sept 1876
Ax-les-Thermes
brigadier
soldat
53e R. I.
soldat
134e R. I.
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Toulouse
(HauteGaronne)
Moronvilliers
(Marne)
Bois de la
Gruerie
(Marne)
13 déc 1886
Ax-les-Thermes
soldat
259e R. I.
7 juin 1896
Ax-les-Thermes
29 déc 1891
Ax-les-Thermes
soldat
164e R. I.
soldat
155e R. I.
30 mars 1918
Auberive
(Marne)
8 oct 1883
Ax-les-Thermes
soldat
1666e R. I.
4 août 1915
Lingenkopf
(Haut-Rhin)
25 août 1886
Ax-les-Thermes
sergent
14e Bat. De
chasseurs
17 juin 1916
Méharicourt
(Somme)
Consenvoye
(Meuse)
21 fév 1895
Ax-les-Thermes
6 avr 1887
Ax-les-Thermes
soldat
417e R. I.
soldat
259e R. I.
Médecin E.
major 1ere
classe
soldat
87e R. I.
soldat
30e R. I.
soldat
205e R. I.
soldat
288e R. I.
MARTY
Pierre Paul
12 juil 1915
MOUCHARD
Auguste
François
François Pierre
21 mai 1917
OLIVE
PESQUIE
PUJOL
PUJOL
SEGUELA
SOUQUET
TRAPE
TRAPE
VEZIA
SICRE
ASTRIE
BARRE
BONNET
CARRIERE
Henri
Jules Achille
François
Jean
André
Antoine Louis
Joseph
Emile
Jean Louis
1er juil 1915
Udaut Udeaut
Joseph Jean
François
Emile
Eugène
Edmond
1er sept 1914
13 jan 1916
Mouilly
(Meuse)
3 sept 1890
Ax-les-Thermes
Michel
Auguste
Hippolyte,
Servais
Jean Baptiste
10 sept 1918
Catenoy
(Oise)
Allemant
(Aisne)
Lauw
(Alsace)
Vaux
Chapitre
(Meuse)
3 sept 1897
Ax-les-Thermes
17 déc 1896
Ax-les-Thermes
31 oct 1897
Ascou
19 déc 1887
Ax-les-Thermes
Vaux
(Meuse)
SommeSuippes
(Marne)
2 juin 1888
Tarascon
26 mars 1883
Ax-les-Thermes
caporal
24e R. I.
Caporal
259e R. I.
23 oct 1917
15 sept 1918
6 sept 1916
119e R. I.
CLANET
Joseph Elie
Marius
DELCASSE
FAVRE
Jacques
Joseph Pierre
FONT
François
Marius
GOUBEAU
MARTY
MARTY
Roger
Ferdinand
Jean Benoit
1er oct 1915
Massiges
(Marne)
7 jan 1892
Ax-les-Thermes
sergent
80e R. I.
MARTY
MIQUEL
NIOL
NIOL
Louis
Joseph
Jean
Joseph
17 avr 1917
Nauroy
(Marne)
6 sept 1893
Ax-les-Thermes
Caporal
83e R. I.
PERPERE
PUIG
Jacquemin
Jean
Barthélémy
28 août 1914
142e R. I.
François
Martin
3 fév 1890
Ur (PyrénéesOrientales)
10 août 1889
Tour-de-Carol
(PyrénéesOrientales)
soldat
RECH
Gerbeviller
(Meurthe-etMoselle)
Landrecourt
(Meuse)
Sergent
major
5e R. I.
SICRE
TRAPE
Guillaume
Edmond
Mont
18 juin 1882
soldat
150e R. I.
31 mai 1916
5 jan 1915
17 juin 1916
16 avr 1917
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TRAPE
VEZIA
VEZIA
CERMA
Antonin
Floentin
Hégesippe
Eugène
Lin Léon
Joseph
Philippe
Lin
Alexandre
22 août 1914
10 oct 1917
Sapigneul
(Aisne)
Bertrix
(Belgique)
Zuydcoote
(Nord)
Ax-les-Thermes
9 jan 1880
Ax-les-Thermes
23 sept 1883
Ax-les-Thermes
caporal
59e R. I.
soldat
110e R. I.
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Documents
Document 1
Discours du maire d’Ax-les-Thermes Louis Bonnafous, lors de l’inauguration du mdu
monument aux morts le 11 novembre 1933 publié le dans la Dépêche du Midi.
Mesdames, messieurs
Mes premières paroles, en venant de recevoir, au nom de la ville d’Ax-les-Thermes, le monument qu’après de
trop longues années elle peut enfin consacrer à ses enfants morts au champ d’honneur, seront des paroles de
remerciement.
Je remercie, au nom de tous, notre brillant architecte M. Simorre, qui a si bien compris notre désir de voir
s’élever en souvenir de nos morts, dans le cadre qu’ils aimaient, un monument aux lignes pures et sobres, à la
fois simple comme leur vie et grand comme leur sacrifice.
Mes remerciements vont aussi aux entrepreneurs, à leurs aides, à leurs ouvriers, qui ont si bien su traduire la
pensée de l’architecte et donner à la ville d’Ax un monument digne d’elle, digne de ceux dont elle veut honorer
la mémoire. Et je n’aurai garde d’oublier, dans l’expression de ma reconnaissance, ceux qui, par des dons
volontaires, ont allégé les charges que s’était imposées le conseil municipal.
Mes chers concitoyens
En présence de M. Moreau, préfet de l’Ariège, ancien combattant, grand mutilé de guerre, qui a bien voulu,
avec une spontanéité et une bonne grâce dont je reste profondément ému, accepter de présider cette cérémonie
si touchante dans sa simplicité, en présence des personnalités civiles et militaires et des délégués de
l’Association ariégeoise des anciens combattants et de l’Union fédérale qui nous ont fait l’honneur de répondre
à notre invitation, je vous confie la garde de ce monument. Je suis certain que votre piété veillera toujours à
son bel aspect et à son parfait entretien. C’est là que, désormais, vous viendrez vous recueillir, évoquer la
mémoire de vos chers disparus, dont les noms sont gravés dans la pierre bien moins profondément que dans
vos cœurs.
Mais, pour ce culte du souvenir, c’est surtout aux anciens combattants que je m’adresse. Je désire qu’ils
montent, toujours unis comme au front, la garde sacrée devant ce monument. Ils sont dignes de cette mission,
car ils ont été les camarades de combat de ceux qui sont morts ; ils ont partagé leurs peines, leurs souffrances ;
comme eux les casque au front, les épaules sciées par les bretelles du sac, ils ont gravi, alourdis par la boue
des tranchées, brûlés par le soleil implacable ou glacés par l’âpre bise d’hiver, le rude calvaire qui, lentement,
si lentement, les a menés vers la victoire. Ils sont revenus, certes, mais, certains, mutilés dans leur chair et tous
touchés au tréfonds de leur âme. Aussi bien ont-ils leur part dans ce monument de notre reconnaissance. S’il
est juste que les morts aient la première place parce que leur sacrifice fut le plus grand, il serait injuste
d’oublier les survivants qui ont fait leur devoir, leur terrible devoir, sans défaillir, jusqu’au bout. Devant eux
aussi, nous nous inclinons avec respect, et ce monument rappellera aux jeunes générations que s’ils sont
devenus des hommes, ils ont été des héros.
Et vous, enfants, trop jeunes pour avoir connu la grande tourmente qui emporta les nations comme le vent
emporte les feuilles mortes, vous viendrez ici, souvent, guidés par vos maîtres qui, eux aussi, ont su faire leur
devoir ; ils vous diront que ceux dont le nom est inscrit sur ces pierres et qui ne reposent pas tous, hélas ! dans
notre cimetière si calme, ceux dont le corps fut déchiqueté par les obus, dont les poumons furent brûlés par les
gaz ou qui moururent accablés de mauvais traitements dans les geôles allemandes, étaient des hommes, de
simples hommes. Ouvriers, paysans, employés, industriels, ils avaient, comme nous aujourd’hui, une famille, de
vieux parents qu’ils vénéraient, des épouses qu’ils chérissaient, des enfants qu’ils regardaient grandir et qui
sont maintenant des hommes aussi. Dans le calme et la paix, ils menaient simplement la vie de tous les jours,
cette vie de famille qui, dans notre chère France, est plus douce que partout ailleurs. Et pourtant, à l’appel de
la Patrie, ils n’hésitèrent pas un instant. Abandonnant tout ce qu’ils aimaient, leurs parents, leurs femmes,
leurs enfants, ils partirent… La lutte dura quatre ans, et seuls, ceux qui y ont pris part savent combien elle fut
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dure et quelle fut la somme des sacrifices quotidiennement consentis par nos martyrs avant le suprême sacrifice
de leur existence même.
Enfants, vous ne les avez point connus ! Vénérez cependant leur mémoire, car c’est pour vous que ces hommes
ont donné leur vie.
Ils sont morts parce qu’ils voulaient que la France puisse continuer sa noble tâche dans le monde, à la tête de
la civilisation. Pour tous, la claire et douce France représente le droit, la justice, la liberté. C’est vers la
France qu’instinctivement se tournent les faibles et les opprimés. C’est la France qui est encore aujourd’hui la
plus sûre gardienne de la paix et qui, par sa seule présence, empêche les barbares de déchaîner à nouveau la
guerre sur l’Europe.
Pays de bon sens et de clarté, la France sait se tenir aussi éloignée du chauvinisme exaspéré et stupide que de
la dangereuse utopie d’un internationalisme irréalisable. Apôtre du désarmement, elle exige cependant avec
fermeté, loyauté, les garanties indispensables à la sécurité des peuples. Désireuse de la paix, elle veut faire
respecter par tous cette paix, sans se laisser influencer ni par les provocations hitlériennes ni par les parades
fascistes.
« La France a dit monsieur Albert Sarraut dans sa déclaration ministérielle, la France, calme et forte, se veut
libre de toute passion parce qu’elle se sait en état de faire respecter son droit ».
Nos morts peuvent reposer tranquilles ; leur sacrifice n’aura pas été vain. Malgré les inquiétudes de l’heure
présente, la paix règnera pour longtemps, souhaitons-le, dans toute l’Europe. Les survivants de la grande
tuerie accomplissent la tâche que leurs frères morts leur avaient tracée, et si parfois, dans leur lutte contre la
guerre, l’effort leur semble trop rude, c’est au pied des monuments du souvenir qu’ils viendront chercher de
nouvelles forces.
Morts de la grande guerre, au nom de vos parents, au nom de vos veuves, au nom de vos enfants, au nom de
tous les Axéens, je vous salue !
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Document 2
Extrait cadastral de l’emplacement du monument aux morts situé sur la place cadastrée
2010 A1 448.
Sources
Archives départementales de l'Ariège : série 2 o 201
Archives départementales de l'Ariège : série H 4/3
Archives privées, la Dépêche du Midi : années 1920 - 1930
Archives contemporaines de Fontainebleau (77) : 19860711-046-F9-3944
Site internet du Ministère de la Défense : www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/
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Illustrations
09. Ax-lesThermes
Figure unique
monument aux morts de la guerre de 1914-1918
Vue de la face sud du monument aux morts.
Phot. Région Midi-Pyrénées
J.-F. Peiré 2004 09 02378NUCA
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