Les Arts Florissants - Offre Média de la Cité de la musique
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Les Arts Florissants - Offre Média de la Cité de la musique
André Larquié président Brigitte Marger directeur général Vingt ans de recherche, d’enthousiasme, de découvertes et d’émotions musicales se devaient d’être marqués d’une pierre blanche. Pour ce concert anniversaire qui clôture, à la cité de la musique, une année de festivités en l’honneur des Arts Florissants, William Christie a choisi de faire appel au talent de Betsy Jolas qui a composé pour cet ensemble une œuvre originale, Motet III (commande de Radio France). Profondément marquée par le répertoire polyphonique de la Renaissance, elle a toujours donné à l’art vocal une place centrale dans son œuvre, comme en témoigne cette création inspirée du célèbre De rerum natura du poète latin Lucrèce. « Sous forme de chaleureuses leçons, explique Betsy Jolas, c’est en effet l’univers tout entier que chante Lucrèce à travers les six Livres de ce grand poème. Pas un sujet, semble-t-il, qu’il n’ait abordé de notre expérience de ce monde : les rêves, le tonnerre, l’aimant, les séismes, l’écho, mais aussi le corps et l’esprit ; l’âme, la mort… Lucrèce a longtemps dérangé. On l’a dit fou – rendu fou selon la légende par un philtre amoureux ! Athée – mais l’est-il vraiment ? – Lucrèce ne nie pas, en effet, l’existence des dieux, mais affirme seulement que nous ne les concernons pas. » Les Arts Florissants mardi 21 décembre - 20h salle des concerts concert du XXe anniversaire Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville In Exitu Israel durée : 25 minutes Betsy Jolas Motet III « Hunc igitur terrorem » (commande de Radio France) durée : 35 minutes entracte Marc-Antoine Charpentier Te Deum H 146 durée : 23 minutes William Christie, direction Sara Egan, Rebecca Ockenden, sopranos Tony Boutté, Eric Raffard, hautes-contre François Bazola, Bertrand Chuberre, basses François Bazola, Sylvie Leroy, assistants musicaux Chœur et orchestre des Arts Florissants mardi 29 septembre - 20h salle des concerts partenaires de la cité de la musique concert diffusé le lundi 17 janvier sur France Musiques Les Arts Florissants Jean-Joseph Cassanéa de Mondonville In Exitu Israel 4 | cité de la musique In Exitu Israel a été composé vers 1753 et exécuté pour la première fois lors de la messe royale les 15 et 17 juillet 1753. L’œuvre fut donnée à huit reprises au Concert spirituel en 1755. Elle a pour source principale une « partition générale » conservée à la Bibliothèque nationale « de la propre main de Mondonville ». Ce motet s’ouvre sur une marche altière en sol mineur de forme ABA contenant des rythmes fortement pointés. Elle est suivie du verset 1 « In exitu Israel » chanté à l’unisson par les basses et les barytons sur un rythme lent qui rappelle la sarabande. Comme s’il chantait une litanie, l’ensemble du chœur répond par le verset 2 « Facta est Judæa » sous forme syllabique, avec des accords répétés et comme psalmodiés. Cette section se conclut par une reprise abrégée de la marche de l’ouverture. Le verset 3 a incité Mondonville à atteindre des sommets d’imagination pour décrire la mer qui observe l’exode des Israélites, la mer qui fuit à leur approche et le Jourdain qui remonte son cours devant eux. Il a traité ce verset en trois sections dont il a clairement marqué les limites par des pauses d’une mesure entière. La première section « Mare vidit » est en mi majeur. Là, flûtes et cordes décrivent une mer calme. Le tempo passe subitement à « Vite ». Des gammes descendantes précipitées et des pulsations rythmiques mécaniques évoquent la fuite des eaux. Le chœur répète des notes rapides tirées du fameux Chœur des trembleurs d’Isis de Lully. La dernière section reprend, en sol mineur, la description du retrait du Jourdain. Un larghetto suave en mi bémol majeur pour voix de haute-contre expose le verset 4. Sa structure est celle d’un air de rondeau à la française (ABACA). Il contient une partie de basson obligé, et quoique la partition ne l’indique pas, les parties instrumentales supérieures sont probablement écrites pour deux violons (ou deux flûtes). Les versets 6 et 7 sont mis en musique sous forme de récitatifs d’accompagnement pour baryton et Les Arts Florissants orchestre à cordes respectivement en fa mineur et si bémol majeur . Les trémolos des cordes et les mélismes vocaux très élaborés dépeignent la terre qui tremble devant le Dieu de Jacob. L’apogée est atteint dans les dernières mesures où tout le chœur se joint au baryton soliste. C’est aussi un solo avec chœur qui interprète le verset 8, où le rocher se change en eau tranquille. Une pause dramatique, suivie d’un changement abrupt de tempo introduit le verset 9. Des dix-sept autres versets du psaume 113, Mondonville choisit les versets 19 « Qui timent Dominum », 25 « Non mortui laudabunt » et le verset final « Sed nos qui vivimus ». Le verset 19 en si bémol majeur est mis en musique sous forme libre de rondeau pour soprano. Deux violons obligés tissent un élégant contrepoint autour de la ligne vocale. Hormis le sentiment général de chaleureux optimisme qu’engendre cette composition, elle n’a guère à voir avec le texte du psaume « Ceux qui craignent le Seigneur ont mis au Seigneur leur espérance ». La musique ressemble au « style galant » de la fin du XVIIIe siècle et pourrait être un extrait d’une cantate ou d’une cantatille de l’époque. C’est à un choral qu’il revient de combiner les deux derniers versets du psaume et de retrouver la tonalité de départ de sol mineur/majeur. L’orchestre fait appel aux flûtes et cordes avec une ligne mélodique indépendante pour les bassons. James R. Anthony Traduction Sylviane Rué notes de programme | 5 Les Arts Florissants In Exitu Israel verset 1 In exitu Israel de Ægypto, Domus Jacob de populo barbaro, Lorsque Israël sortit de l’Égypte, Et la maison de Jacob du milieu d’un peuple barbare, verset 2 Facta est Judæa sanctificatio ejus, Israel potestas ejus. Dieu consacra le peuple juif à son service, Et établit son empire dans Israël. verset 3 Mare vidit, et fugit ; La mer le vit et s’enfuit ; Jordanis conversus est retrorsum. Le Jourdain retourna en arrière ; verset 4 Montes exsultaverunt ut arietes, Et colles sicut agni ovium. Les monts sautèrent comme des béliers, Et les collines comme les agneaux des brebis. verset 5 Quid est tibi, mare, quod fugisti ? Et tu, Jordanis, quia conversus es retrorsum ? Pourquoi, ô mer, vous êtes-vous enfuie ? Et vous, ô Jourdain, pourquoi êtes-vous retourné en arrière ? verset 7 A facie Domini mota est terra, A facie Dei Jacob ; La terre a été ébranlée à la présence du Seigneur, À la présence du Dieu de Jacob ; verset 8 Qui convertit petram in stagna aquarum, Et rupem in fontes aquarum. Qui changea la pierre en des torrents d’eaux, Et la roche en des fontaines. verset 9 Non nobis, Domine non nobis ; Sed nomini tuo da gloriam. Ne nous en donnez point, Seigneur ; La gloire, donnez-la à votre nom. verset 19 Qui timent Dominum speraverunt in Domino ; Adjutor eorum et protector eorum est. 6 | cité de la musique Ceux qui craignent le Seigneur ont mis au Seigneur leur espérance ; Il est leur soutien et leur protecteur. Les Arts Florissants verset 20 Dominus memor fuit nostri, Et benedixit nobis. Le Seigneur s’est souvenu de nous, Et nous a bénis. verset 25 Non mortui laudabunt te, Domine ; Neque omnes qui descendunt in infernum. Les morts, Seigneur, ne vous loueront point, Ni tous ceux qui descendent dans l’enfer. verset 26 Sed nos qui vivimus, benedicimus Domino, Ex hoc nunc et usque in sæculum. Mais nous qui vivons, nous bénissons le Seigneur Dès maintenant et dans tous les siècles. notes de programme | 7 Les Arts Florissants Betsy Jolas Motet III « Hunc igitur terrorem » 8 | cité de la musique Au cours de ma vie de compositeur je me suis constamment fait la main en « bon ouvrier de l’art » – comme aimait à dire Ronsard à propos de Josquin – à toutes sortes de techniques d’écriture : celles de jadis (isorythmes, chaconnes,…) comme celles d’aujourd’hui (l’aléatoire, le sériel…). Dans la foulée, j’ai bien entendu tenu aussi à expérimenter des instruments peu courants (hautbois baryton, flûte basse, guitare électrique) ou des formations inhabituelles (violon et percussions, saxophone et voix). Ce goût de la recherche devait tout naturellement m’amener un jour à m’intéresser aux instruments anciens et aux possibilités si riches – et pour moi toutes nouvelles – de leurs combinaisons. Centré sur ces instruments, le magnifique projet de William Christie, dont je vais parler maintenant, a presque miraculeusement coïncidé avec ce désir, devenu d’autant plus pressant que j’entendais un peu partout se développer de façon impressionnante la virtuosité des musiciens qui les pratiquaient. Je me souviens, je tiens à le dire, que c’était au départ la seule contrainte : écrire pour Les Arts Florissants à l’occasion de leur vingtième anniversaire. Hormis ce préalable, à lui seul fort séduisant, je n’avais vraiment pas d’autres consignes. Style, forme, genre, formation, durée, texte… tout cela était laissé à mon choix. On me faisait donc toute confiance. Je dirais plus : on m’attendait avec une sorte de curiosité gourmande. Qu’on veuille bien mesurer ici un instant l’audace que représentait un tel pari. Certes, William Christie avait longtemps pratiqué luimême, et fort activement, la musique contemporaine la plus avancée au sein du Five Centuries Ensemble. Mais Les Arts Florissants, en tant que groupe, n’en avaient jamais – je dis bien jamais – joué même si certains de ses membres la pratiquaient individuellement. Quant à moi, j’ignorais alors à peu près tout du maniement des instruments pour lesquels j’allais composer. J’aime à évoquer aujourd’hui, maintenant que l’œuvre est terminée, l’extrême gentillesse avec Les Arts Florissants laquelle je fus accueillie par tous les musiciens des « Arts Flo », dont je suivis un temps assidûment de nombreuses répétitions. Et avec quelle patience ils répondirent aux mille et une questions que je leur posais dès que l’occasion s’en présentait, concernant non seulement les techniques instrumentales, mais aussi l’accord, les diapasons, les tempéraments. Lorsque je me mis au travail, c’est donc souvent à chacun d’eux personnellement que je songeais en écrivant tel ou tel passage ; j’entendais de celui-ci la sonorité ; je voyais d’un autre les attitudes et jusqu’à son visage en pleine action. Enfin j’avais constamment en tête le souvenir fasciné de leur souple complicité au sein du continuo, si proche à mon sens de celle d’un ensemble de jazz. D’où, chez moi aussi, tous ces épisodes marqués « non dirigés » et destinés à un petit groupe de solistes, baptisé pour la circonstance : concertino-continuo. Ainsi embarquions-nous ensemble pour une véritable aventure. Passionnante, mais non sans dangers de part et d’autre. À l’heure où j’écris, je ne sais pas encore comment les écueils seront évités. Ce que j’ai su par contre dès le départ, c’est que ce voyage au cœur du baroque s’inscrivait pour moi dans un contexte chronologique bien particulier qui allait grandement contribuer à le rendre exaltant. La date prévue de la création, décembre 1999, marquait en effet, avec le début de l’hiver et la proximité de Noël, non seulement la fin de l’année, mais celle, bel et bien, de tout un millénaire. Aussi, au moment d’entreprendre mon œuvre, me suis-je sentie un instant et en toute innocence, comme chargée du poids énorme d’un grand pan de notre Histoire… J’avais décidé très vite que l’œuvre serait vocale et dramatique, une sorte d’opéra de concert, et qu’elle ferait appel à une formation instrumentale importante dans la limite des moyens proposés : ceux en l’occurrence du Te Deum de Marc-Antoine Charpentier. Ce prestigieux voisinage orienta aussi mon choix pour le texte de la langue latine. La tradition du grand motet notes de programme | 9 Les Arts Florissants français répondait particulièrement bien à ces préoccupations. J’en avais du reste moi-même déjà écrit deux : le premier en 1946 sur un texte de l’Ecclésiaste en anglais, le second en 1963 à partir d’un poème de Jacques Dupin. Celui-ci serait donc le troisième pour clore la série. Restait à trouver le « grand » texte qui rendrait avec la force voulue la solennité de ces temps et me prêterait la parole pour les chanter. Après bien des recherches, mon choix se porta sur le célèbre De rerum natura de Lucrèce. Ce fut une découverte fulgurante. Il y avait là, couché en une langue flamboyante, tout ce que je cherchais, même encore obscurément : les idées, les images, les mots… Apprenant alors – et alors seulement, tant était grande mon ignorance – que Lucrèce était né au premier siècle avant notre ère, je m’émerveillai à chaque page de l’actualité brûlante de ce visionnaire. Sous forme de chaleureuses leçons, c’est en effet l’univers tout entier que chante Lucrèce à travers les six Livres de ce grand poème. Pas un sujet, semble-t-il, qu’il n’ait abordé ici de notre expérience de ce monde : les rêves, le tonnerre, l’aimant, les séismes, l’écho, mais aussi le corps et l’esprit; l’âme, la mort… le tout appuyé sur sa fameuse théorie des atomes et du vide ! Lucrèce a longtemps dérangé. On l’a dit fou – rendu fou selon la légende par un philtre amoureux ! Athée – mais l’est-il vraiment ? – Lucrèce ne nie pas en effet l’existence des dieux mais affirme seulement que nous ne les concernons pas. D’où la nécessité de prendre nos responsabilités, loin des idées reçues et des superstitions : « Ces terreurs, ces ténèbres de l’âme ». De quelle manière ? Eh bien en s’initiant par l’observation aux lois de la nature : « naturæ species ratioque ». Mais comment se prendre en main si, comme il l’affirme : « Rien ne naît de rien », si le mouvement perpétuel des atomes, corps « d’une solide simplicité », est programmé pour l’éternité avec son nécessaire contraire, le vide, sans lequel « rien ne peut être écrasé, broyé, tranché, fendu… » ? 10 | cité de la musique Les Arts Florissants Comment manifester son libre arbitre dans un univers aux logiciels aussi immuables ? Ici intervient l’idée maîtresse, le fameux « clinamen ». Apparemment presque rien : un très léger glissement, une infime déviation par moment des trajectoires préétablies, « nec plus quam minimum », pas plus qu’il ne faut ! En fait bien souvent, nous le savons aujourd’hui, largement de quoi déclencher les plus extraordinaires bouleversements. De quoi détourner en somme jusqu’au cours du Destin ! Je savais que j’aurais à tirer de tout cela une sorte de livret. Il me faudrait choisir, éliminer, couper, raccorder. Construire ! J’imaginai alors une dramaturgie en trois parties autour de quelques idées-clés. prima pars 1. Le poème lieu de connaissance 2. Pour dissiper nos terreurs, comprendre la nature (« Hunc igitur terrorem ») 3. Rien ne naît de rien. Les atomes, le vide. 4. La matière limitée par le vide 5. Un savoir lumineux secunda pars 1. L’homme dans la nature : l’esprit, l’âme, les émotions 2. Du clinamen au libre arbitre ; ses dérives : l’âpreté au [gain, la guerre, la violence 3. Hunc igitur terrorem (bis) 4. Naissance et mort 5. La mort n’est rien… tertia pars 1. Prélude 2. Naissance du monde 3. L’air 4. Le soleil, la lune, les plaines, les montagnes, les mers 5. Prédiction de la fin du monde 6. Hunc igitur terrorem (ter). Rien ne naît de rien. De [l’ignorance naît le scepticisime. notes de programme | 11 Les Arts Florissants Ce ne fut pas sans peine que je taillai dans ce texte foisonnant. On sait que l’ordre des mots de la phrase latine correspond rarement au nôtre. Je passai l’été en versions latines de haut vol, dûment munie du bon vieux Gaffiot (qui, heureusement pour moi, cite assez souvent Lucrèce!). Il fallut ensuite s’informer des lois de la prosodie. Découvrant alors la rigueur extrême de la structure poétique, je ne pus qu’admirer la maîtrise de Lucrèce à manier tout au long de l’œuvre, et sans la moindre raideur, l’inexorable hexamètre dactylique. J’avais appris que l’on désigne ainsi un vers de six pieds de deux ou trois syllabes. Au moment d’aborder la mise en musique de mon livret, il me parut souhaitable de chercher le plus possible à en respecter les deux rythmes si caractéristiques : spondée (deux appuis longs) et dactyle (un long et deux courts). Je me fis réciter les vers choisis par un spécialiste avec l’accentuation convenable. Et me mis enfin au travail ! J’arrête ici. D’autres, bien mieux que moi sans doute, ont célébré Lucrèce. Puisse ma musique au moins avoir su le bien chanter. Reste à espérer, du haut de toutes ces années, voir encore : Many happy returns of the day ! Betsy Jolas 12 | cité de la musique Les Arts Florissants Motet III « Hunc igitur terrorem » prima pars première partie n° 1 n° 1 livre I Sed tua me virtus tamen et sperata voluptas suavis amicitiæ quemius effere laborem suadet et inducit noctes vigilare serenas quærentem dictis quibus et quo carmine [demum clara tuæ possim præpandere lumina menti res quibus occultas penitus convisere possis. livre I Mais ta valeur, ton amitié, doux espoir de plaisir, m’incitent aux plus grands efforts : dans le calme des nuits, je cherche les mots, le poème qui répandront dans ton esprit une vive lumière, pour te révéler enfin le profond secret des choses. n° 2 n° 2 Hunc igitur terrorem animi tenebrasque [necesset non radii solis neque lucida tela diei discutiant, sed naturæ species ratioque. Principium cuius hinc nobis exordia sumet, nullam rem e nihilo gigni divinitus umquam. Ces terreurs, ces ténèbres de l’âme, il faut [les dissiper. Le soleil ni l’éclat du jour ne les transperceront, mais la vue et l’explication de la nature. Son principe le voici ; il nous servira d’exorde. Rien ne naît de rien, par miracle divin. [...] nil posse creari [...] rien ne peut surgir de nihilo, [...] de rien, [...] Nam si de nihilo fierent, exomnibu’ rebus omne genus nasci posset, nil semine egeret. E mare primum homines, e terra possit oriri squamigerum genus et volucres erumpere [cælo ; armenta atque aliæ pecudes, genus omne ferarum incerto partu cultas ac deserta tenerent. Nec fructus idem arboribus constare solerent, sed mutarentur ; ferre omnes omnia possent. Si de rien les choses se formaient, de n’importe quoi toute espèce pourrait naître, nul besoin de semence. Les hommes pourraient venir de la mer, les poissons de la terre ; du ciel jailliraient les oiseaux ; les bêtes de trait, le bétail, les fauves de toutes sortes naîtraient indifféremment dans les champs et les déserts. Les arbres n’auraient pas toujours les mêmes fruits, mais ils en changeraient. Tout pourrait tout porter. [...] hac re nequeunt ex omnibus omnia gigni [...] (c’est) pourquoi tout ne peut naître de tout, Nil igitur fieri de nilo posse fatemdumst [...] Rien donc ne peut naître de rien, nous devons l’admettre. notes de programme | 13 Les Arts Florissants n° 3 n° 3 Nec tamen undique corporea stipata tenentur omnia natura ; namque est in rebus inane. Mais tout n’est pas dense et partout envahi de matière : le vide existe dans les choses. omnis, ut est, igitur per se natura duabus constitit in rebus ; nam corpora sunt, et inane la nature entière, donc, telle qu’en soi-même est formée de ces deux choses : les corps et le vide Corpora sunt porro partim primordia rerum, partim concilio quæ constant principiorum. Poursuivons ; il n’y a que deux sortes de corps : les atomes et les composés de ces atomes. Sunt igitur solida primordia simplicitate, Les atomes sont donc d’une solide simplicité, Nam neque conlidi sine inani posse videtur quicquam, nec frangi, nec findi, in bina [secando, nec capere umorem, neque item manabile [frigus, nec penetralem ignem, quibus omnia [conficiuntur. Sans vide, rien ne peut être écrasé, broyé, [coupé, fendu, rien n’absorbe plus l’eau, ni le froid mordant, ni le feu pénétrant qui ont raison de tout. Fiet uti nusquam possit consistere finis, effugiumque fugæ prolatet copia semper. Nulle part ne pourra s’établir une fin. L’espace toujours fuyant toujours s’ouvre à la [fuite. Semper in adsiduo motu res quæque geruntur partibus e cunctis, [...] Toujours, de toutes parts, dans un mouvement incessant, s’accomplissent les choses [...] livre II Contemplator enim, cum solis lumina cumque inserti fundunt radii per opaca domorum : multa minuta modis multis per inane videbis corpora misceri radiorum lumine in ipso, et velut æterno certamine prœlia, pugnas edere turmatim certantia, nec dare pausam, conciliis et discidiis exercita crebris ; livre II Quand les lumières, quand les rayons du soleil se glissent dans l’obscurité d’une chambre, contemple. Tu verras parmi le vide maints corps minuscules se mêler de maintes façons dans les rais de lumière et comme les soldats d’une guerre éternelle se livrer par escadrons batailles et combats sans s’accorder de trêve et toujours s’agitant, au gré des alliances et séparations multiples. n° 4 n° 4 livre I Postremo ante oculos res rem finire videtur ; ær dissæpit collis atque æra montes, terra mare et contra mare terras terminat [omnis ; omne quidem vero nihil est quod finiat extra. Est igitur natura loci spatiumque profundi, quod neque clara suo percurrere fulmina cursu livre I Enfin, sous nos yeux mêmes, un corps en borne un autre : l’air les collines et les montagnes l’air, la terre finit la mer et la mer toutes les terres. Mais l’univers, rien ne le délimite en dehors. Telle est donc la nature du lieu, de l’espace immense : s’ils glissaient pour toujours 14 | cité de la musique Les Arts Florissants perpetua possint ævi labentia tractu, nec prorsum facere ut restet minus ire [meando ; usque adeo passim patet ingens copia rebus finibus exemptis in cunctas undique partis. entraînés par le temps, les éclairs n’en verraient jamais la distance [réduite, tant l’énorme réservoir des choses est ouvert en toutes directions, sans aucune limite. Nec mare, nec tellus, neque cæli lucida templa, nec mortale genus, nec divom corpora sancta exiguum possent horai sistere tempus. Nam dispulsa suo de cœtu materiai copia ferretur magnum per inane soluta, sive adeo potius numquam concreta creasset ullam rem, quoniam cogi disiecta nequisset. Ni la mer, ni la terre, ni le ciel lumineux, ni la race des mortels, ni les corps sacrés des dieux ne pourraient subsister un seul instant, car la matière arrachée à sa cohésion irait se dissoudre à travers le grand vide, ou plutôt jamais elle n’eût formé de créature ne pouvant revenir de son éparpillement. Ipsa modum porro sibi rerum summa pararene possit, natura tenet, quæ corpus inani, et quod inane autem est finiri corpore cogit, Du reste, la nature interdit la mesure à la somme des choses en forçant la matière à se limiter par le vide, le vide par la matière. Efficit ut largis avidum mare fluminis undis integrent amnes, et solis terra vapore fota novet fetus, sumissaque gens animantum floreat, et vivant labentes ætherris ignes ; Ainsi les fleuves comblent à grands flots la mer avide, la terre mûrit au soleil de nouveaux fruits, ainsi s’épanouissent les races animales et vivent les feux mobiles de l’éther. Nam quacumque prius de parti corpora desse constitues, hæc rebus erit pars ianua leti hac se turba foras dabit omnis materiai. Que les atomes en un lieu fassent défaut et ce lieu en effet, où que tu le situes, ouvrira au monde la porte de la mort. n° 5 n° 5 Hæc sic pernosces parva perductus opella ; namque alid ex alio clarescet, nec tibi cæca nox iter eripiet quin ultima naturai pervideas : ita res ascendent lumina rebus. Voilà donc à quel savoir tu seras conduit sans grand-peine. Car la clarté se répandant de proche en proche, point de nuit aveugle pour te dérober le chemin. Tu verras les lois ultimes de la nature : d’une chose à l’autre passera la lumière. notes de programme | 15 Les Arts Florissants secunda pars deuxième partie n° 1 n° 1 livre Ill Nunc animum atque animam dico [coniuncta teneri inter se atque unam naturam conficere ex se, sed caput esse quasi et dominari in corpore toto consilium quod nos animum mentemque [vocamus. livre Ill Maintenant je dis que l’esprit et l’âme se tiennent conjoints et ne forment qu’une seule nature ; mais ce conseil que nous nommons esprit, intelligence, en est comme le chef et règne sur tout le corps. livre II Tum porro quid est animum quod percutit, [ipsum quod movet et vario sensus expromere cogit, ex insensilibus ne credas sensile gigni ? livre II Mais qu’est-ce donc qui vient frapper ton esprit, l’émeut et le pousse à exprimer des sentiments divers, t’empêchant de croire que le sensible naît de l’insensible ? Denique uti possint sentire animalia quæque principiis si iam est sensus tribuendus eorum, quid, genus humanum propritim de quibus [auctumst ? Scilicet et risu tremolo concussa cachinnant, et lacrimis spargunt rorantibus ora genasque, multaque de rerum mixtura dicere callent, et sibi proporro quæ sint primordia quærunt. Enfin, s’il faut accorder la sensibilité aux éléments pour que tout être vivant soit capable de sentir, qu’en est-il des atomes propres au genre humain ? Sans doute sont-ils secoués de grands éclats de rire, leurs joues, leur visage s’emperlent de larmes, ils parlent savamment de la composition des choses, étudient la nature des principes qui les forment. n° 2 n° 2 Illud in his quoque te rebus cognoscere avemus, corpora cum deorsum, rectum per inane [feruntur ponderibus propriis, incerto tempore ferme incertisque locis spatio depellere paulum, tantum quod momen mutatum dicere possis. En ce domaine je brûle encore de t’apprendre ceci : dans la chute qui les emporte, en vertu de leur poids, tout droit à travers le vide, en un temps indécis, en des lieux indécis, les atomes dévient un peu ; juste de quoi dire que le mouvement est modifié. [...] nec plus quam minimum, [...] [...] d’un minimum, pas davantage [...] Denique si [...] [...] [...] declinando faciunt primordia motus principium quoddam quod fati fœdera rumpat [...] unde hæc animantibus exstat, unde est hæc, inquam, fatis avolsa voluntas, per quam progredimur quo ducit quemque [voluptas ? Enfin si [...] [...] [...] par leur déclinaison les atomes ne prennent l’initiative d’un mouvement qui brise les lois du destin [...] d’où vient aux être vivants d’où vient, dis-je, cette volonté arraché aux destins qui nous permet d’aller où nous conduit notre plaisir ? 16 | cité de la musique Les Arts Florissants livre V Quantæ tum scindunt hominem cuppedinis [acres sollicitum curæ, quantique perinde timores ! Quidue superbia, spurcitia, ac petulantia ? [Quantas efficiunt clades ! Quid luxus desidiæque ? livre V Quels soucis violents dès lors déchirent l’homme tourmenté de passions, quelles terreurs aussi ! Combien l’orgueil, la débauche, l’emportement exercent de ravages ! Et le faste, et la paresse ! livre III 5Denique avarities et honorum cæca cupido quæ miseros homines cogunt transcendere fine juris [...] livre III Avidité, désir aveugle des honneurs poussent les malheureux à enfreindre le droit. sanguine civili rem conflant divitiasque conduplicant avidi, cædem cæde [accumulantes ; Du sang des citoyens il s’engraissent, avides, ils doublent leur fortune, entassant crime sur crime ; noctes atque dies niti præstante labore ad summas emergere opes, hæc volnera vitæ non minimam partem mortis formidine aluntur. Nuit et jour ils s’efforcent par un labeur intense d’atteindre à l’opulence, et ces plaies de la vie c’est la peur du trépas qui surtout les nourrit. n° 3 n° 3 livre I Nunc age, quod superest cognosce et clarius audi. livre I Allons, apprends le reste, entends plus clairement. livre II Hunc igitur terrorem animi tenebrasque [necesset non radii solis neque lucida tela diei discutiant, sed naturæ species ratioque. livre II Ces terreurs, ces ténèbres de l’âme, il faut les dissiper. Le soleil ni l’éclat du jour ne les transperceront, mais la vue et l’explication de la nature. n° 4 n° 4 livre III Nunc age, nativos animantibus et mortalis esse animos animasque levis ut noscere possis, livre III Et maintenant sache que dans l’être animé l’âme et l’esprit légers souffrent naissance et mort : Certa quidem finis vitæ mortalibus adstat, nec devitari letum pote quin obeamus. ` Un terme est pourtant fixé à la vie des mortels : impossible d’esquiver la mort, il faut se rendre. notes de programme | 17 Les Arts Florissants n° 5 n° 5 Sic, ubi non erimus, [...] (Ainsi), quand nous ne serons plus, [...] scilicet haut nobis quicquam, qui non [erimus tum, accidere omnino poterit sensumque movere, non si terra mari miscebitur et mare cælo. rien, absolument rien, nous qui ne serons plus, ne pourra nous atteindre ou émouvoir nos sens,fût-ce le déluge, mer, ciel et terre confondus. Sic, ubi non erimus, [...] (Ainsi), quand nous ne serons plus, [...] Nil igitur mors est ad nos neque pertinet [hilum. La mort n’est rien pour nous et ne nous touche en rien. Nec sibi enim quisquam tum se vitamque [requirit, cum pariter mens et corpus sopita quiescunt. [...] Nul n’a nostalgie de soi-même ou de la vie quand l’esprit et le corps sont tous deux endormis. nec miserum fieri qui non est posse, [...] Qui n’existe plus ne peut être malheureux, [...] nec minus ille diu iam non erit, ex hodierno lumine qui finem vitai fecit, et ille, mensibus atque annis qui mutlis occidit ante. la mort n’en restera pas moins éternelle. N’être plus ne dure pas moins, que la vie ait pris fin à l’aube de ce jour ou depuis des mois, des années. Nil igitur mors est ad nos [...] La mort n’est rien pour nous. [...] 18 | cité de la musique Les Arts Florissants tertia pars n° 1 troisième partie n° 1 prélude prélude n° 2 n° 2 livre V Sed quibus ille modis coniectus materiai fundarit terram et cælum pontique profunda, solis, lunai cursus, ex ordine ponam. livre V Mais, de quelle façon la rencontre de la matière a formé la terre, le ciel, les profondeurs de l’océan, le soleil, la lune et leur cours, je l’exposerai dans l’ordre. Hic neque tum solis rota cerni lumine largo altiuolans poterat, nec magni sidera mundi, nec mare nec cælum nec denique terra [neque ær, nec similis nostris rebus res ulla videri, sed nova tempestas quædam molesque coorta omnigenis e principiis, discordia quorum intervalla, vias, conexus, pondera, plagas, concursus, motus turbabat prœlia miscens. Ni la roue du soleil, large lumière, sublime vol, ni les astres du grand monde, ni la mer ni le ciel n’étaient alors visibles, ni la terre et l’air, rien qui ressemblât aux choses d’aujourd’hui ; c’était une tempête nouvelle, une masse inouïe d’atomes de toutes sortes dont la discorde confondait les distances, trajets, liaisons, poids et chocs, mouvements et rencontres en une mêlée guerrière. n° 3 n° 3 [...] Ideo [...] [...] primus se sustulit æther ignifer, et multos secum levis abstulit ignis, non alia longe ratione ac sæpe videmus, aurea cum primum gemmantis rore per herbas matutina rubent radiati lumina solis, exhalantque lacus nebulam fluviique perennes, [...] (Et ainsi) [...] [...] premier à jaillir fut [...] l’éther, flamboyant et léger, entraînant de multiples feux. Un spectacle assez proche s’offre à nous le matin : quand les premiers rayons de lumière dorée parmi les perles de rosée dans l’herbe rougeoient, un nuage s’exhale des lacs et des fleuves pérennes. n° 4 n° 4 Hunc exordia sunt solis lunæque secuta, Ensuite naquirent le soleil et la lune, [...] [tunc] terra repente, [...] succidit, et salso suffudit gurgite fossas. [...] [puis] soudain la terre [...] s’effondra et des tourbillons salés emplirent les gouffres. Sidebant campi, crescebant montibus altis ascensus ; [...] S’affalaient les plaines, croissaient les montagnes, grande ascension ; [...] notes de programme | 19 Les Arts Florissants n° 5 n° 5 livre I Nunc age, quod superest cognosce et clarius [audi. [Nunc, hæc dico, res magnas,] livre I Allons, apprends le reste, entends plus clairement. [Car ces grandes choses, je te le dis,] livre V una dies dabit exitio, multosque per annos sustentata ruet moles et machina mundi. livre V un seul jour les détruira et après tant d’années la masse en suspens, machine du monde, croulera ; livre I Ne volucri ritu flammarum mœnia mundi diffugiant subito magnum per inane soluta, et ne cetera consimili ratione sequantur neve ruant cæli tonitralia templa superne, terraque se pedibus raptim subducat, et omnis inter permixtas rerum cælique ruinas corpora solventes abeat per inane profundum, temporis ut puncto nihil extet reliquiarum desertum præter spatium et primordia cæca. livre I [...] comme un vol de flammes les remparts du monde iront soudain se désagréger dans le grand vide et tout le reste suivra pour la même raison, les régions tonnantes du ciel sur nous s’effondreront, la terre tout à coup se dérobera sous nos pas et parmi l’écroulement mêlé du ciel et des choses, les corps décomposés, elle sombrera dans le vide si bien qu’en un instant ne restera nulle ruine, hors l’espace désert et d’aveugles principes. livre V Nec me animi fallit quam res nova miraquementi accidat exitium cæli terræque futurum, Sed tamen effabor. [...] livre V Fait inouï et stupéfiant, je le sais bien, que la ruine à venir de la terre et du ciel ! Je parlerai pourtant [...] livre III Hunc igitur terrorem animi tenebrasque [necesset non radii solis neque lucida tela diei discutiant, sed naturæ species ratioque. livre III Ces terreurs, ces ténèbres de l’âme, il faut les dissiper. Le soleil ni l’éclat du jour ne les transperceront, mais la vue et l’explication de la nature. livre I Nunc age, res quoniam docui non posse creari de nilo, neque item genitas ad nil revocari, livre I Allons ! Je l’ai montré, rien ne peut du néant éclore et nulle créature au néant retourner. Nil igitur fieri de nilo posse fatendumst, Rien donc ne peut naître de rien, nous devons l’admettre, livre IV Denique nil sciri si quis putat, id quoque nescit an sciri possit, quoniam nil scire fatetur. livre IV Mais celui qui pense qu’on ne sait rien ne sait pas même si on peut le savoir puisqu’il avoue ne rien savoir. traduction José Kany-Turpin © Éditions Flammarion 20 | cité de la musique Les Arts Florissants Marc-Antoine Charpentier Te Deum H.146 La musique de Charpentier a été principalement composée pour l’Église. Environ 450 œuvres sacrées sont parvenues jusqu’à nous, dont des compositions liturgiques et divers types de motets extra-liturgiques. Ce Te Deum fut le premier succès moderne de ce compositeur (dans une version exécutée et enregistrée en 1951 par la Chorale des JMF et par l’Orchestre de chambre des Concerts Pasdeloup) ; et son prélude orchestral, une entraînante marche en rondeau, universellement connu comme indicatif des émissions internationales en Eurovision. Au Grand siècle, le texte jubilant du Te Deum faisait inévitablement une apparition musicale en des moments d’allégresse nationale, victoires militaires, retour à la santé du Roi après une maladie, ou naissance d’un héritier royal. Le Te Deum H. 146 que l’on peut dater des années 1690, a peut-être été la réaction de Charpentier à la victoire française de Steinkerque le 3 août 1692. L’écriture orchestrale est brillante : l’ensemble est celui composé par Lully, qui empruntait vents, trompettes et percussions à la Grande Ecurie du Roi pour les ajouter au célèbre orchestre à cordes de la cour (les Vingt-quatre violons de Roi). L’œuvre est écrite en ré majeur, tonalité éclatante qualifiée par Charpentier de « joyeuse et très guerrière » et que les compositeurs français baroques affectionnaient lorsqu’il s’agissait de mettre en musique un Te Deum. Charpentier fait appel à huit chanteurs solistes et à un chœur à quatre voix, et il organise le long texte en huit grands mouvements, à la manière d’un grand motet majestueux et solennel. Contrastes, émotion dramatique et diversité sont les qualités qui frappent le plus dans cette œuvre superbe, et nous rappellent l’idéal esthétique de Charpentier, qui aspirait à « une grande diversité dans la musique… la seule diversité en fait toute la perfection ». H. Wiley Hitchcock traduction Sylviane Rué notes de programme | 21 Les Arts Florissants Te Deum H. 146 Te Deum laudamus : Te Dominum confitemur. Nous vous louons, ô Dieu, Nous vous reconnaissons pour le souverain Seigneur. Te æternum Patrem, omnis terra veneratur. Tibi omnes Angeli, tibi cæli Et universæ potestates : Tibi Cherubim et Seraphim Incessabili voce proclamant : Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus Deus Sabaoth. Pleni sunt cæli et terra Majestatis Gloriæ tuæ. Te gloriosus Apostolorum chorus. Te Prophetarum laudabilis numerus : Te Martyrum candidatus Laudat exercitus. Père éternel, la terre entière vous révère ; Tous les Anges des Cieux Et toutes les puissances célestes. Les Chérubins et les Séraphins Vous redisent éternellement : Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu des Armées. Les cieux et la terre sont remplis De la majesté de votre gloire. Le chœur glorieux des apôtres, La troupe vénérable des prophètes, L’éclatante armée des martyrs, Chantent vos louanges. Te per orbem terrarum Sancta confitetur Ecclesia. Patrem immensæ majestatis. Venerandum tuum verum Et unicum Filium : Sanctum quoque Paraclitum Spiritum. Tu Rex gloriæ, Christe. Tu Patris sempiternus es Filius. Tu ad liberandum suscepturus Hominem, non horruisti Virginis uterum. Dans toute l’étendue de l’univers L’Église vous adore. O Père, dont la majesté est infinie Et votre vrai et unique Fils Digne de toute adoration. Et le Saint Esprit consolateur. O Christ, vous êtes le Roi de gloire. Vous êtes le Fils éternel du Père. Fait homme pour sauver l’homme, Vous n’avez pas dédaigné De descendre dans le sein d’une Vierge. Tu devicto mortis aculeo, Aperuisti credentibus Regna cælorum. Tu ad dexteram Dei sedes In gloria Patris. Judex crederis esse venturus. Brisant l’aiguillon de la mort, Vous avez ouvert à ceux qui croient Le royaume des Cieux. Vous êtes assis à la droite de Dieu, Dans la gloire du Père. Nous croyons que vous viendrez Un jour juger l’univers. Te ergo quæsumus Famulis tuis subveni, Quos pretioso sanguine redemisti. Secourez donc, nous vous en conjurons, Vos serviteurs rachetés Par votre sang précieux. Æterna fac cum Sanctis tuis In gloria numerari. Faites qu’ils soient comptés parmi vos Saints Dans la gloire éternelle. 22 | cité de la musique Les Arts Florissants Salvum fac populum tuum Domine Et benedic hæreditati tuæ. Et rege eos, et extolle illos Usque in æternum. Per singulos dies benedicimus te. Et laudamus nomem tuum in sæculum, Et in sæculum sæculi. Sauvez notre peuple, Seigneur, Et bénissez votre héritage. Conduisez vos enfants Et élevez-les jusqu’à la gloire de l’éternité. Chaque jour nous vous bénissons. Nous louons votre nom Maintenant et dans tous les siècles des siècles. Dignare Domine die isto Sine peccato nos custodire. Miserere nostri Domine. Daignez, Seigneur, pendant ce jour Nous préserver de tout péché. Ayez pitié de nous, Seigneur ! Fiat misericordia tua Domine Super nos, quemadmodum speravimus in te. Répandez sur nous votre miséricorde, Seigneur, Selon que nous avons espéré en vous. In te Domine speravi : Non confundar in æternum. J’ai espéré en vous, Seigneur, Puissé-je ne pas être perdu à jamais. notes de programme | 23 Les Arts Florissants biographies William Christie Né en 1944 à Buffalo, William Christie débute ses études musicales avec sa mère, puis poursuit l’étude du piano, de l’orgue et du clavecin, notamment avec Ralph Kirkpatrick qui sait l’encourager dans sa prédisposition pour la musique française. Diplômé de Harvard et de Yale, il s’installe en France en 1971 et enregistre son premier disque pour l’ORTF, en collaboration avec Geneviève Thibault de Chambure. Il continue parallèlement ses études de clavecin avec Kenneth Gilbert et David Fuller et se produit dans la plupart des grands festivals européens. De 1971 à 1975, il fait partie du Five Centuries Ensemble, groupe expérimental consacré aux musiques ancienne et contemporaine, et participe ainsi à de nombreuses créations d’œuvres de compositeurs comme L. Berio, S. Bussotti, M. Feldman, L. De Pablo. Il rejoint l’ensemble Concerto Vocale, 24 | cité de la musique dirigé par René Jacobs, en 1976 ; il y tient le clavecin et l’orgue jusqu’en 1980. C’est en 1979 qu’il fonde Les Arts Florissants, ensemble avec lequel il se consacre à la redécouverte du patrimoine musical français, italien et anglais des XVIIe et XVIIIe siècles ; la singularité de cet ensemble, qui se produit aussi bien en formation de chambre qu’avec des solistes, chœurs et orchestres, et qui défend le répertoire sacré comme le répertoire de théâtre, lui permet d’exprimer complètement ses goûts pour les musiques de cette époque et de participer au renouveau d’un art vocal baroque. Homme de théâtre, sa passion pour la déclamation française le conduit à aborder la Tragédie lyrique française et il se voit rapidement confier la direction musicale de productions d’opéras avec Les Arts Florissants ; il connaît ainsi certains de ses plus beaux succès, avec la complicité des metteurs en scène JeanMarie Villégier, Robert Carsen, Alfredo Arias, Jorge Lavelli, Adrian Noble, Pier-Luigi Pizzi, Pierre Barrat et des chorégraphes Francine Lancelot, Béatrice Massin, Ana Yepes, Shirley Wynne, Maguy Marin, François Raffinot. En 1982, il devient le premier américain titulaire au Conservatoire de Paris, et prend en charge la classe de musique ancienne ; il y enseigne jusqu’en 1995. Dans ce cadre, et avec la participation d’autres institutions pédagogiques prestigieuses (Conservatoire royal de La Haye, Guildhall School of Music and Drama de Londres, Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon), il prend régulièrement la responsabilité de productions d’élèves : il vient de diriger récemment Thésée de Lully dans le cadre de l’Académie baroque européenne d’Ambronay. William Christie contribue largement à la redécouverte de l’œuvre de Marc-Antoine Charpentier en lui consacrant une part importante de la discographie des Arts Florissants, douze titres parmi lesquels les opéras Les Arts Florissants Médée et David & Jonathas, ainsi que les intermèdes musicaux du Malade Imaginaire. JeanPhilippe Rameau est également l’un des compositeurs de prédilection de William Christie : il grave l’intégrale des Œuvres pour clavecin, Anacréon, Les Indes Galantes, Pygmalion, Nélée & Myrthis, Castor & Pollux, les Grands Motets et Les Fêtes d’Hébé. Sa fidélité aux Arts Florissants ne l’empêche pas de répondre occasionnellement aux. invitations de grands orchestres (Paris, Lyon, Londres, Genève, Boston, San Francisco...). Il dirige en mai-juin 1996 Theodora de Handel au Festival de Glyndebourne (mise en scène de Peter Sellars) et en mai-juin 1998 Rodelinda de Handel (mise en scène de Jean-Marie Villégier). Amoureux de l’« Art de vivre à la française », William Christie se passionne pour la gastronomie de son pays d’adoption et pour les jardins. Il a par ailleurs publié dans la collection Découvertes/Gallimard un livre consacré à Purcell, écrit en collaboration avec Marielle D. Khoury. William Christie s’est vu décerner la Légion d’Honneur en janvier 1993 et a obtenu la nationalité française en 1995. Sara Egan a effectué sa formation musicale à l’université de Cambridge et a étudié le chant à Paris. Elle se produit en Grande-Bretagne et un peu partout en Europe sous la direction de chefs comme Richard Hickox, Daniel Harding, Wyn Davies et Elgar Howarth. En concert, elle a notamment interprété des Cantates de Carissimi avec l’ensemble His Majesty’s Sackbutts and Cornett, le Laudate Dominum de Mozart avec le chœur de l’Abbaye de Westminster à SaintGeorges, Hanover Square, et des Cantates de Vivaldi avec James Bowman à Saint-James, Piccadilly. Parmi ses rôles à l’opéra, citons Asteria dans Tamerlano, The Fairy Queen de Purcell pour l’opéra de Cambridge et la New Shakespeare Company, Cecilio dans Lucio Silla pour Opera Anglia, Elfe dans Die Aegyptische Helene pour l’Opéra de Garsington, Elisetta dans Il Matrimonio Segreto pour le New Chamber Opera, la Seconde Femme dans Dido & Æneas pour l’English Chamber Opera et Zerlina pour le British Youth Opera. En 1998, Sara Egan a participé à la production de Claudio Abbado et Peter Brook de Don Giovanni au Festival d’Aix-enProvence, également en tournée en Europe et au Japon. Parmi ses engagements récents, citons un travail avec Pierre Boulez sur des Madrigaux de Georges Crumb pour soprano, flûte, harpe et percussion au Festival d’Aix-en-Provence, Passion and Resurrection de Jonathan Harvey au Festival de Brighton, et la doublure du rôle de Belisa dans l’opéra de Simon Holt The Nightingale’s to Blame pour Opera North. En tant que membre de la Buxton Festival Company, elle a chanté en 1999 les rôles de Papagena et de Lucia di Lamermoor lors notes de programme | 25 Les Arts Florissants d’un concert de gala qui célébrait les 25 ans du Festival. Parmi ses projets, un festival Schubert avec le Sinfonia of Wales, des représentations scéniques de la Passion selon Saint-Jean de Bach, et le rôle de Titania dans Le Songe d’une nuit d’été de Britten. Sara Egan est actuellement l’élève à Londres de Lillian Watson. Rebecca Ockenden Après une maîtrise de russe et de français à l’université d’Oxford, Rebecca Ockenden suit une formation de chanteuse au Centre de Musique baroque de Versailles. Depuis, elle se produit régulièrement en oratorio (Bach, Handel, Mendelssohn, Fauré, Britten) et elle est invitée à donner des récitals, notamment au Gasteig à Münich. En 1996, elle fait ses débuts au Théâtre des Champs-Élysées dans le rôle de Barbarina (Il Nozze di Figaro), sous la direction de JeanClaude Malgoire. Avec ce même chef d’orchestre, elle tient un rôle important dans Der geduldige 26 | cité de la musique Socrates de Telemann en France et à l’étranger. Elle interprète Zerlina dans Don Giovanni mis en scène par André Engel à Royaumont. On a pu l’entendre également dans Roland de Lully dirigé par René Jacobs, dans Dido and Æneas (Belinda), dans Le Petit Ramoneur de Britten (Juliet) et dans Aus Deutschland de Kagel au Hessisches Staatstheater, Wiesbaden. Elle fait partie de l’Académie européenne de Musique d’Aix-en-Provence, où elle travaille le rôle de la Première Dame dans Die Zauberflöte avec Stéphane Braunschweig, David Stern et Régine Crespin. Elle participe également à la production de Don Giovanni, mise en scène par Peter Brook et dirigée par Claudio Abbado et Daniel Harding. Cette année, elle chante des madrigaux de Gesualdo et Monteverdi sous la direction de William Christie pour une chorégraphie de Jirí Kylián à l’Opéra Garnier. Elle part prochainement en tournée aux États-Unis avec Les Arts Florissants dans deux productions dirigées par William Christie : King Arthur de Purcell et Le Bourgeois Gentilhomme de Lully. Tony Boutté Né en Louisiane, Tony Boutté effectue ses études musicales à l’Eastman School of Music, où il obtient un Masters Degree, ainsi qu’un Performer’s Certificate et un Prix de lied. Il est particulièrement apprécié pour ses prestations dans le domaine de l’opéra baroque et de l’oratorio, et se produit avec la plupart des grands ensembles : Tafelmusik, Portland Baroque Orchestra, Boston Baroque, Orchestra of St Luke’s, Santa Fe Opera, Skylight Opera Theater, Mobile Opera et au Festival d’Aldeburgh. Récemment, il a chanté dans Les Indes Galantes de Rameau avec la Dallas Bach Society, Pygmalion de Rameau avec le Concert Royal et la Passion selon Saint-Jean avec le Washington Bach Consort. Parmi ses projets, citons Acis & Galatée Les Arts Florissants de Lully avec Violins of Lafayette, la Passion selon Saint-Matthieu de Bach avec le Smithsonian Chamber Orchestra et Acis & Galatée de Handel avec le Four Nations Ensemble. Tony Boutté fait également partie du sextuor vocal masculin Lionheart. Eric Raffard Né à Orléans, Eric Raffard débute ses études musicales au Conservatoire de sa ville natale (violon, clarinette, harmonie). Il obtient ensuite une médaille d’or de clarinette au CNR de RueilMalmaison, et poursuit sa formation au Conservatoire de Paris (écriture musicale), couronnée par un Premier prix de fugue en 1992. C’est en 1990 qu’il se tourne vers le chant. D’abord formé par Guy Flechter, il participe aux master-classes de Vera Rosza, Richard Miller (Mozarteum de Salzbourg), Noelle Barker et Margreet Honig. Il travaille avec Anna-Maria Bondi depuis 1999. Eric Raffard se produit régulièrement en tant que soliste d’oratorios dans la Messe du Couronnement de Mozart (Théâtre des Champs-Élysées et Salle Gaveau) et dans la Passion selon Saint-Jean de Bach (Notre-Dame de Paris). Dans le domaine lyrique, il a interprété Tito de La Clemenza di Tito et Bastien dans Bastien et Bastienne de Mozart, ainsi que Mathurin dans L’Ivrogne corrigé de Glück. En mai 1999, il a chanté à l’Opéra Garnier des Madrigaux de Monteverdi sous la direction de William Christie sur une chorégraphie de Jirí Kylián. En mars 2000, il sera une des six voix solistes des 18 Madrigaux de Philippe Fénelon à l’Opéra de Nancy. François Bazola Formé à l’université de Tours, François Bazola a suivi un cursus très complet de musicologie, de direction de chœur et de chant, le conduisant à l’agrégation musicale et à un Premier prix de chant et d’art lyrique. Il entre ensuite au Conservatoire de Paris et obtient un Prix d’interprétation de la musique vocale baroque dans la classe de William Christie. Dès lors, il collabore régulièrement avec Les Arts Florissants, pour de nombreux concerts et spectacles lyriques (Atys de Lully, Les Indes Galantes de Rameau, Médée de Charpentier, The Fairy Queen et King Arthur de Purcell, Semele de Handel, …). François Bazola a ainsi abordé un vaste répertoire de musique française (Dumont, Lully, Charpentier, Campra, Rameau, Mondonville…), mais aussi Monteverdi (Vêpres de la Vierge), Handel (le Messie), Mozart (messes, Requiem, nocturnes et lieder), Schütz, Bach (Magnificat, Messe brève ou passions), Purcell (Dido and Æneas), Mendelssohn (psaumes et motets), Britten… Il apprécie également la mélodie et le lied, qu’il pratique régulièrement. Sa carrière lui a permis de travailler avec Marc Minkowski, Christophe Rousset, Philippe Herreweghe, Gabriel Garrido, Jean Sourisse, Franck-Emmanuel Comte, Jean-Christophe notes de programme | 27 Les Arts Florissants Aubert… De plus, François Bazola est depuis cinq ans l’assistant musical de William Christie pour le chœur des Arts Florissants, et a dirigé l’ensemble à plusieurs reprises. Parmi les projets de François Bazola, notons les Vêpres de Monteverdi à Lyon, King Arthur en région Centre, un programme de mélodies et de lieder autour de Wolf et Duparc, les Passions selon SaintJean et Saint-Matthieu de Bach (avec Bob van Asperen), ainsi que deux opéras de chambre de Rameau (pour la WDRCologne avec William Christie). Bertrand Chuberre Parallèlement à ses études de médecine, Bertrand Chuberre étudie le piano, le chant et l’art lyrique au Conservatoire national de Région de Nantes, où il obtient une médaille d’or de chant en 1994. Il entre ensuite en 1995 au Conservatoire de Paris dans la classe d’Anna Maria Bondi puis de Mireille Alcantara, d’où il sort diplômé en 1999. Il s’est produit en soliste en 28 | cité de la musique oratorio (Messe en sol majeur de Schubert, Cantate Der Schulmeister de Telemann) ainsi que dans des concerts de musique de chambre, en quatuor vocal à la Salle Gaveau (Liebeslieder de Brahms, Quatuors de Rossini) et au Conservatoire de Paris avec notamment le violoncelliste Alain Meunier (Scottische Lieder de Beethoven). Il a également participé à différentes productions lyriques : concerts éducatifs avec l’Orchestre philharmonique des Pays de la Loire ; Les malheurs d’Orphée de Darius Milhaud à l’Académie d’été de Bayonne ; spectacles de l’Opéra studio de Seine Saint-Denis, interprétant les rôles de Norton (La Cambiale di Matrimonio de Rossini), Papageno (La Flûte enchantée de Mozart) et Dottore Malatesta (Don Pasquale de Donizetti). Avec l’Académie baroque d’Ambronay, William Christie lui confie le rôle de Mars dans Thésée de Lully en tournée européenne. Depuis, il a participé en tant que soliste aux spectacles des Arts florissants : Doux mensonges au Palais Garnier (création mondiale du Ballet de l’Opéra de Paris par le chorégraphe Jirí Kylián sous la direction musicale de William Christie) ainsi que dans la Selva morale e spirituale de Monteverdi à Londres, Zurich, Beaune, St-Michel-en-Thiérache, Les Lucs-sur-Boulogne et Lessay. Cette année, il a tenu les rôles du Premier Prêtre et de l’Homme d’armes de La Flûte enchantée de Mozart à l’Opéra de Massy avec l’Ensemble baroque de Limoges sous la direction de Christophe Coin. Il est également l’Ombre de Sichée et Acate dans Didon de Desmarets en recréation mondiale au Festival de Beaune, à l’Arsenal de Metz et à l’Opéra du château de Versailles avec les Talens lyriques sous la direction de Christophe Rousset. En 2000, il chantera Hermann et Schlemil dans Les Contes d’Hoffmann d’Offenbach à l’opéra de Massy ainsi qu’Urbain dans La Vie parisienne et participera Les Arts Florissants au festival d’Aix-enProvence dans Il ritorno d’Ulisse in patria de Monteverdi. Les Arts florissants En 1979, William Christie fonde un ensemble vocal et instrumental qui emprunte son nom à un petit opéra de MarcAntoine Charpentier : Les Arts Florissants. Interprète d’œuvres souvent inédites des XVIIe et XVIIIe siècles, l’ensemble contribue à la redécouverte d’un vaste répertoire (Charpentier, Campra, Montéclair, Moulinié, Lambert, Bouzignac, Rossi...). Les Arts Florissants abordent rapidement le monde de l’opéra, notamment à l’Opéra du Rhin dans des mises en scène de Pierre Barrat avec Dido and Aeneas de Purcell, Il Ballo Delle Ingrate de Monteverdi (1983), Anacréon de Rameau et Actéon de Charpentier (1985). Ils connaissent la consécration avec Atys de Lully mis en scène par Jean-Marie Villégier à l’Opéra-Comique, Caen, Montpellier, Versailles, Firenze, New York et Madrid en 1987, 1989 et 1992. Jean-Marie Villégier met également en scène avec succès Le Malade Imaginaire de Molière/M.A. Charpentier, La Fée Urgèle de Duni/Favart de M.-A. Charpentier et Hippolyte & Aricie de Rameau. Le Festival d’Aix-en-Provence invite régulièrement Les Arts Florissants pour des productions toujours très remarquées : The Fairy Queen de Purcell, Les Indes Galantes de Rameau, Castor & Pollux également de Rameau, Orlando de Handel, Die Zauberflöte de Mozart (1994 et 1995) et Sémélé de Handel (1996). La Brooklyn Academy of Music de New York est également fidèle aux Arts Florissants depuis 1989, soit pour des spectacles (Atys en 1989 et 1992, Médée en 1994, Hippolyte & Aricie en 1997), soit pour des festivals de concerts (1991, 1993, 1995, 1998). De très nombreuses distinctions françaises et internationales saluent les enregistrements discographiques des Arts Florissants, de Gesualdo à Rameau, soit plus de 40 titres édités par Harmonia Mundi. Début 1994, Les Arts Florissants rejoignent en exclusivité Erato/Warner Classics pour une production discographique dont le dernier titre, La Messe en Ut de Mozart, vient de paraître. Les Arts Florissants ont remporté le Gramophone Award « Early Opera » pour l’enregistrement de King Arthur de Purcell et celui d’Hippolyte & Aricie de Rameau, ainsi que le Gramophone Award dans la catégorie « Baroque Vocal » pour les Grands Motets de Rameau. Réclamé dans le monde entier, l’ensemble visitera pendant la saison 1999/2000 la GrandeBretagne, les États-Unis, le Luxembourg, l’Espagne, la Suisse, l’Allemagne, la Belgique, la Norvège et l’Autriche. Caen et la BasseNormandie sont associés depuis 1990 pour offrir aux Arts Florissants une résidence privilégiée, au Théâtre de Caen mais également en région. Les Arts Florissants sont subventionnés par le notes de programme | 29 Les Arts Florissants ministère de la Culture, la ville de Caen et le Conseil régional de BasseNormandie. Péchiney parraine Les Arts Florissants depuis 1990. Pour son XXe anniversaire, les Arts Florissants bénéficient d’un partenariat avec France Musiques, Télérama, The American Friends of les Arts Florissants, l’AFAA, Mezzo. violons II chœur Simon Heyerick Valérie Mascia dessus Martha Moore Sara Egan Ruth Weber Nicole Dubrovitch Anne Froidevaux-Mopin altos Rebecca Ockenden Galina Zinchenko Anne Pichard Samantha Montgomery Isabelle Sauvageot Martha Moore Jeannette Wilson-Best Michel Renard Jean-Luc Thonnérieux hautes-contre Anne Weber Jean-Xavier Combarieu Vincent Lièvre-Picard basses de violons Jean-François Lombard David Simpson Bruno Renhold Emmanuel Balssa tailles flûtes Paul Carlioz Thibaud Lenaerts Serge Saïtta Alix Verzier Eric Raffard orchestre Charles Zebley Jean-Yves Ravoux basse de viole hautbois Michel Henry Pier Luigi Fabretti trompettes basses contrebasses François Bazola Jonathan Cable Fabrice Chomienne Michael Greenberg Laurent Collobert René Maze Serge Tizac Maurizio Rossano Anne-Marie Lasla Jean-François Gay bassons Davdid Le Monnier Claude Wassmer trombone Emmanuel Vigneron Stefan Legée théorbe percussion Elizabeth Kenny Marie-Ange Petit technique orgue violons I Myriam Gevers Catherine Girard Jane Peters Michèle Sauvé 30 | cité de la musique Jory Vinikour régie générale Joël Simon régie plateau Jean-Marc Letang régie lumières Marc Gomez