Andreas Staier, Concerto Köln

Transcription

Andreas Staier, Concerto Köln
cité de la musique
François Gautier, président
Brigitte Marger, directeur général
dimanche 25 janvier - 16h30 / salle des concerts
Antonio Rosetti
Symphonie en sol majeur
(durée : 20 minutes)
allegro molto, menuet : allegretto, andante ma allegretto, presto non tanto
Wolfgang-Amadeus Mozart
Concerto pour pianoforte, en si b majeur, n° 18
(durée : 25 minutes)
allegro vivace, andante un poco sostenuto, allegro vivace
entracte
Joseph-Martin Kraus
Ouverture d’Olympie
(durée : 5 minutes)
adagio, allegro ma non troppo, adagio
Wolfgang-Amadeus Mozart
Concerto pour pianoforte, en fa majeur, n° 19
(durée : 25 minutes)
allegro, allegretto, allegro assai
Andreas Staier, pianoforte
Concerto Köln
diapason 430 Hz
pianoforte construit par Monika May d’après un instrument d’Anton Walter (Vienne, vers 1785)
clavecin construit par Burkhard Zander d’après un clavecin italien des XVIIe et XVIIIe siècles.
concert enregistré par France Musique
Concerto Köln - Andreas Staier
Antonio Rosetti (vers 1750-1792) fait partie, avec Kraus, Brunetti,
Dittersdorf, Stamitz et Vanhal, des compositeurs européens dont le
talent a été malheureusement éclipsé par le rayonnement de Mozart.
La qualité de leurs œuvres n’est pourtant pas à mettre en doute.
Celles-ci témoignent d’une impétuosité préromantique plus marquée que chez Mozart, ce dernier ayant plutôt tempéré les élans de
sensibilité dans une facture d’esprit classique - le désordre ordonné.
Antonio Rosetti
Symphonie en sol majeur
Rosetti donne au contraire libre cours à une fougue caractéristique du
courant Sturm und Drang [tempête et passion] : cette sensibilité poétique
cristallisée par F. M. von Klinger qui recherchait le désordre de l’âme
pour mieux en apprécier les mystères et la sensibilité. De là, chez Rosetti,
une écriture expressionniste aux contrastes forcés, aux conclusions
bouillonnantes, aux rythmes imprévisibles, aux parties intermédiaires foisonnantes, aux brusques modulations, aux silences éloquents…
Le premier mouvement de la Symphonie en sol majeur (terminée en
septembre 1784 pour la cour de Wallerstein) témoigne le mieux de ce
style. Le bâti de la forme-sonate passe au second plan, derrière un travail motivique surprenant par l’intensité de ses répétitions. Tout ou
presque naît d’une cellule initiale, forçant l’unité générale comme
l’impression de relief produite par la variation perpétuelle (texture, harmonie, couleur). Le menuet rompt lui aussi la règle en s’éloignant
des références dansées par un discret chromatisme mélodique et par
un style d’écriture sérieux (contrepoint en imitation au début du
menuet). Le troisième mouvement (andante) s’extrait lui aussi du
cadre de la symphonie pour faire allusion à l’opéra : forme ABA avec
période centrale en mineur (le stéréotype de l’air vocal seria). Le
quatrième mouvement conclut l’œuvre par un rondo effervescent.
Wolfgang-Amadeus Mozart
Concertos n° 18 et 19
Les deux Concertos n° 18 et 19 font partie des œuvres viennoises de
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Concerto Köln - Andreas Staier
Mozart : le Concerto n° 18 fut joué devant l’Empereur en 1784, et le
Concerto n° 19 servit aux festivités du couronnement de Leopold II en
1790 (même si l’œuvre avait été terminée le 11 décembre 1784). Les circonstances très officielles n’en cachent pas moins - comme c’est souvent
le cas chez Mozart - une dimension personnelle et musicalement plus
recherchée. « Mes concertos pour piano, écrit Mozart à son père, tiennent le juste milieu entre le trop difficile et le trop facile. Ils sont très
brillants, agréables à l’oreille, naturels, sans tomber dans la platitude ;
seuls les connaisseurs y trouveront satisfaction, mais de telle sorte que
les non connaisseurs puissent en être contents sans savoir pourquoi ».
Mozart touche en effet, avec les concertos de cette période, à une maturité qui l’engage dans la voie d’une dramatisation de la forme (« personnification » des thèmes), ainsi que dans celle d’une multiplication
du matériau thématique. Le résultat aboutit à une profusion inhabituelle, intégrée néanmoins dans le discours, de manière à garder constamment une apparente unité malgré la fréquence des contrastes.
Le Concerto n° 18 débute par une longue exposition de l’orchestre,
reprise par le piano, ce dernier alternant les éléments thématiques et
les commentaires. Le développement central fait intervenir de nouveaux motifs : grupetto, gammes et fanfare. Le second mouvement se
présente sous la forme d’un thème et variations, en mode mineur (très
rare chez Mozart). Les différentes sections exploitent les possibilités de
changement de timbre entre les protagonistes : le thème est exposé à l’orchestre, la première variation au piano, et la deuxième variation en
Klangfarbenmelodie, un mot que les Viennois utiliseront plus tard pour
décrire la mélodie répartie entre plusieurs instruments, mais qui avait,
aussi du temps de Mozart, fasciné les auditeurs. « J’ai eu, écrira Léopold
Mozart à sa fille à propos de ce concerto, le plaisir d’entendre le dialogue
entre tous les instruments, que j’en ai eu - de joie - les larmes aux yeux »
(16 février 1785). Le Concerto n° 19 joue également sur l’alternance : deux
éléments rythmiques - le rythme pointé (premier thème) et les triolets
(périodes de conclusion) - alternent puis sont superposés dans le développement. Le second mouvement, par la sobriété de son phrasé calqué
sur la voix, fait ouvertement référence à l’opéra : l’introduction de l’orchestre aurait pu servir d’introduction à une cavatine chantée, et certains
commentateurs n’ont pas manqué de rapprocher cet allegretto de l’air de
Suzanne des Noces de Figaro (acte IV). Le rondo conclut l’œuvre avec un
surprenant contrepoint fugué qui se rapproche de la Symphonie « Jupiter ».
notes de programme |3
Concerto Köln - Andreas Staier
Joseph-Martin Kraus
Ouverture d’Olympie
Autre contemporain de Mozart, Joseph-Martin Kraus (1756-1792)
s’est formé en Allemagne (Buchen, Mainz, Erfurt, Göttingen) avant
de s’installer en Suède en 1778 à la cour de Gustave III. A côté de
sculpteurs comme Johann-Tobias Sergel, de peintres comme LouisJean Desprez, de poètes comme Carl-Michael Bellmann et JohanHeinrik Kellgren et de compositeurs comme Georg Vogler, il contribue
à donner à Stockholm le statut de capitale culturelle des pays scandinaves (classicisme Gustavien). Nommé membre de l’Académie
suédoise des Arts en 1780, puis chef principal de la Cour en 1781,
Kraus se vit confier la composition des grands projets d’opéra et de
musiques de scène du souverain. Parmi ces projets, celui d’Olympie
vit le jour sous forme d’une musique de scène composée pour la tragédie de Voltaire Olympie (adaptée par Kellgren). La musique de
scène de Kraus comprenait une ouverture, une marche et quatre
entractes, qui furent créés le 7 janvier 1792 au Théâtre dramatique
Royal de Stockholm. La tragédie n’a pas été jouée plus de 11 fois
jusqu’en 1812, mais la suite d’orchestre fut réemployée dans un pastiche (Démophon, vers 1800) et dans une nouvelle musique de scène
(Marie Stuart de Schiller, 1821).
L’ouverture d’Olympie souligne l’origine française de la tragédie par
une référence aux « ouvertures à la française » calquées sur le modèle
de Lully : lent pointé - vif - lent pointé. La partie centrale s’inspire en
revanche de la sensibilité la plus en vogue dans les années 1790 : un
mélange de style Sturm und Drang et de références aux ouvrages
lyriques de Gluck que Kraus avait admirés précédemment à Vienne.
Emmanuel Hondré
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Concerto Köln - Andreas Staier
biographies
Andreas Staier,
né en 1955, a étudié le
piano et le clavecin (à
Hanovre et à
Amsterdam) avec
Gustav Leonhardt,
Nikolaus
Harnoncourt et Ton
Koopman. Il a débuté
sa carrière en remportant trois concours : le
Deutscher
Musikwettbewerb en
1979, les Konzerte
Junger Künstler et le
Podium Junger
Solisten en 1981.
Comme claveciniste
de l’ensemble Musica
Antiqua Köln (19831986), il prend part à
une tournée mondiale
de concerts. En même
temps, il poursuit ses
études de l’interprétation de la musique de
l’époque classique et
post-classique sur le
pianoforte. Depuis, il
a gagné une exceptionnelle réputation
en tant que claveciniste et pianofortiste,
aussi bien qu’en tant
que partenaire de
musique de chambre.
Son répertoire inclut
les musiques des XVIIe
au XIXe siècles. De
nombreuses collaborations musicales avec
des artistes renommés
internationalement
(Anner Bijlsma, Fabio
Biondi,Tatiana
Grindenko, René
Jacobs, Alexej
Lubimov, etc...), des
ensembles et des
orchestres (Freiburger
Barockorchester,
Concerto Köln,
Orchestre des
Champs-Elysées,
Akademie für Alte
Musik, Chamber
Academy de Moscou)
illustrent ses extraordinaires talents musicaux. De 1987 à
1996, A. Staier a
enseigné le clavecin à
la Schola Cantorum
Basiliensis (Bâle).
Andreas Staier est
régulièrement invité à
se produire dans d’importants festivals de
musique, nationaux et
internationaux et dans
toutes les plus prestigieuses salles de
concerts mondiales.
Ses tournées l’ont
conduit dans presque
tous les pays
Européens, en
Amérique du Nord,
au Canada, en
Nouvelle Zélande, en
Australie et au Japon.
Concerto Köln
En 1985 à Cologne,
plusieurs jeunes musiciens spécialisés dans
la pratique du répertoire orchestral et
lyrique des XVIIe et
XVIIIe siècles décident
de former un
ensemble à formation
stable travaillant régulièrement : le
Concerto Köln vient
de naître. Aujourd’hui
le nom de Concerto
Köln est synonyme
d’une approche caractéristique de la
musique dite
« ancienne » et de la
redécouverte de compositeurs injustement
oubliés (JosephMartin Kraus,
Durante, Locatelli,
Brunetti, Rosetti,
Dussek...). La particularité de Concerto
Köln est son autonomie : à l’instar des
notes de programme |5
Concerto Köln - Andreas Staier
orchestres de
l’époque, il n’y a pas
de chef d’orchestre,
pour autant que les
œuvres et la formation
le permettent. Pour
les opéras ou autres
grands projets,
Concerto Köln
coopère avec de prestigieux chefs ou
solistes : René Jacobs,
Gerd Albrecht, Frans
Brüggen, Gustav
Leonardt, Andreas
Staier, Anna Bylsma...
Le premier violon
Werner Ehrhardt est
le responsable artistique de l’ensemble,
c’est à dire qu’il
« gère » les avis et
remarques divers de
ses collègues, assure
ou délègue la responsabilité de la conception générale d’une
œuvre travaillée en
commun, avec le
constant souci d’actualisation et d’utilisation des découverts de
la recherche musicologique. Ainsi, les
concerts frappent par
la spontanéité, l’engagement et le concensus des musiciens.
6 |cité de la musique
Concerto Köln a
acquis très rapidement une grande
notoriété et est l’invité
régulier des festivals et
salles de renommée
mondiale. L’intérêt
particulier de
Concerto Köln pour
la redécouverte
d’œuvres et compositeurs oubliés se reflète
annuellement dans les
Journées de festival de
Musique Ancienne de
Cologne (Kölner
Festtage Alte Musik),
où, pendant deux
jours d’octobre,
conférences, concerts
et expositions sont
consacrés à un compositeur (Kraus,
Brunetti, Locatelli,
Rosetti et Vanhal).
violons I
Werner Ehrhardt
Jörg Buschhaus
Hedwig von der Linde
Stephan Sänger
Markus Hoffman
violons II
Andrea Keller
Saskia Moerenhout
Frauke Pöhl
Martin Ehrhardt
altos
Claudia Steeb
Aino Hildebrandt
Jürgen Winkler
violoncelles
Werner Matzke
Gerhart Darmstadt
contrebasses
Jean-Michel Forest
Eberhard Maldfeld
flûte
Cordula Breuer
hautbois
Pier Luigi Fabretti
Kristin Linde
cors
Dileno Baldin
Renée Allen
bassons
Lorenzo Alpert
Yves Bertin
clavecin
Gerald Hambitzer
technique
Joël Simon
régie générale
Jean-Marc Letang
régie plateau
Roland Picault
régie lumières