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R ENCONTR E BRIGITTE MARIONNEAU, entre ciel et terre Le dernier travail de Brigitte Marionneau ouvre un nouveau cycle dans son parcours. Plus clair, plus aérien, plus proche d'elle-même aussi. La Galerie Thalie l'expose à Paris ce printemps. 46 I La BEVUE DE LA cÉRAMrouE ET DU vERRE N. 183 MARS.AVRIL 2012 R ENCO NTR E Au bord du paysage Série 4-lV 2010. H.47 cm. Série -XIV, 201 1. H. 50 cm. Photos des pièces : Pascal Vangysel. Page de gauche: Vue de l'atelier. Horizons,201 1. Brigitte lvlarionneau et François Mayu. H.32 x 184 cm. TI rsr dcs rcrirements soudains. Dcs Ibo,,rr..q,,., imprévues qui entr'ttvrent le ciel. Et tout le paysâge s'en trouve bouleversé. u Tj,r devrais éclaircir ton travail ,, a glissé un jour I'un de ses amis à Brigitte Marionneau. La phrase a trottiné dans sa tête. Puis il y a eu, apporté par une stagiaire, ce bol orr-ré d'une calligraphie r-roire. - Commcnt as-tu lait cela ? - Au crin de cheval. l)iste er indicc. La piste de l'éclaircie ct l'irrdice du cheval. ll n'en lallair par plut à Brigitte Marionneau pour se lancer sur un nouveau sentier. Avec per-rt-être au cæur ce battetnent de peur ailée qui soutient tout pas que l'on fait vcrs soi-même. Brigirre Marionneau ne craint p.ts le nrouvement. n Je uiens d'une fatni//e t,ù 1'on entreprend. - C'esr cer espritlà qui I'a poussée à bifurquer à 30 ans de l'animation socioculturelle à la céramique après avoir découvert et approFondi cinq étés durant la pratique du raku auprès de Camille Virot. Elle n'avait jamais touché la terre avant, mais se souvenait d'avoir rêvé, jeur-re fille, de s'orienter vers l'agriculture. " Et j'ai totrjours ttimë trauailler mt jat'din. ll ne iagissair pas r1'ttn tlnix ptis inrcllecnrelletnent. celn iesr intpose ûntm( ttne euidence. " Elle démissionne donc en l9BB et quitte Limoges 1t.rur La Borne. Un lieu où se poser La Rongère est située au bord d'ur-re petite route en pays berrichor-r à michemin entre Bourges et Henricl-remont. Environnement plat de grands chanrps aglicoles. la cërnntiqtte, g,auche. lr " Je stris uenue puut' pni plur le prtysnge. ' A maison er sa salle prirrcipalc, toit bas de Fernre. Lui est accolée .. la petitc mâis()rr ,.. où Brigitte Marionneau a vécu avant que Coco Le Coaër, artiste améric:rine propriétaire des lieux, ne lui propose de racheter l'ensemble à un prix accessible. chaleureuse sous son n Certaines renczntres sofi des cat/ertux. lci, j.ni senti qtre je potturris t)tc p0iet. En face, la grange en bois au haut toit pentu de vieilles tuiles mousseuses rr été convertie en atelier où fer-rêtres et velux N" 183 MARS-AVRIL 2012 LA REVUE DE LA cERAvrouE er ou venne I d RE NCONTR E J'ai arrêté I'émail pour pouvoir aller saisir mes pièces au feu sans contrainte, sans pince, à bout de bras. ll faut savoir abandonner des choses. Le plus important, c'est la relation que l'on a avec une æuvre, ce qu'elle permet de découvrir. , < Clavier de terre, Série 2,2011. D.20 cn. (en bas) 2010. D. 19 cm. laissent largement pénétrer la lumière. Deux volumes clos semblables à des roches, spécialement conçus pour l'ex- & un peintre (au Centre céramique position . Un céramiste se rencontrent , de La Borne), sont posés sur la table centrale. Lartiste Daniel Chompré en a décoré à l'aide de cire et de graphite les sillons gravés par Brigitte Marionneau. Dans la pièce attenante, les sculptures Horizons, structures de terre horizontales surmontées d'une grande flèche réalisée à partir d'éclats d'obus par blanches offertes aux nuages noirs du crin. Des roches et de la terre, elles gardent les crêtes aiguës et les sillons des champs qui fascinaient Ubac. Tiaces, échancrures, failles: le relief des surFaces grattées par I'outil scintille après polissage de l'engobe porcelaine dont chaque pièce de grès est couverte. Et les jeux de lumière laissent imaginer I'infinie variation que cache l'étendue d'Ouest , , surgie de son voyage en terre Navajo ; abandonnées, I'imagerie des graines et des champs colorés de la période du " Blé du cæur u, l'inspiration erhnique des terres noires et en[umées nées dans la mouvance d'un séjour marquant en Éthiopie. < Le trauail de totrs les cëramistes qui sont partis grâce à Terres du sud a été imprëgnë par I'Afrique. Pour moi, I'intermède a durë dix ans. Autant.i'aime le rythme des cuissons raPides, autant j'lti besoin de temps pour creuser une ligne de nnuail. Etje ne produis pas beaucoup. La , technique du horse hair Deux ans lui ont ainsi été nécessaires pour débusquer l'éclaircie or) menait cette piste de travail avec la technique du crin de cheval (horse hair). Deux ans de mise en danger à tenter d'apprivoiser ce qui remettait en cause toute sa façon de faire. * Le fait de passer au REVUE DE LA cÉRAMrouE ET DU vERRE res, leurs falaises de craie s'élevant dans un élan vertical comme autant de pages leur départ. Le four est installé dans le local du fond. La céramiste a longtemps utilisé des Fours cloches avanr de construire ce modèle de brique surmonté d'un panneau de fibre rigide. Le côté frontal est composé d'une porte de métal creuse emplie de deux épaisseurs de fibre. Montée sur roulettes, elle se déplace très facilement grâce à sa poignée centrale. Une idée de Steen Kepp. Tout est prévu pour que I'artiste puisse travailler seule de la façon qui lui plaît. J'ai " arrêté l'émail pour pluuoir a/ler saisir mes pièces au feu sans contrainte, sans pince, à bout de bras. I/faut sauoir abandonner des choses. Le plus important, c'est la re/ation que I'on a auec une æuure, ce Abandonnées, les sculptures narratives des personnages montés sur des briques de la série u Ce qu'a vu le vent .o " François Mayu, attendent également qu'elle permet de découurir. 48 I à questionner les Epurées, celles-ci sont devenues à la fois plus simples et plus légèblttnc m'a .contrain!e formes. du mot blanc. Du corps au paysage S'ils sont paysâges, ces volumes - qui portent toujours le titre u Au bord du paysage ' - sont aussi proches du corps. Tout l'évoque : hauteur et épâis- seur - à peu près celle d'un buste arêtes souples et -, et anguleuses, équilibre déhanchement, ouvertures-orifices appelant l'æil, les doigts, le souffle. Sur leur peau veloutée de lait, de neige, de marbre, entre mat et satin. Brigitte Marionneau lance le pinceau du crin. Plus jeune, elle a pratiqué le binomichi pendant huit ans, art corporel .japonais visant à travailler tant la matière que I'esprit. Dans l'harmonie libre et précise du geste, terre et ciel s'unissent. La rapidité avec laquelle se posent les brins de crin sur la pièce encore chaude a ramené la céramiste âu cæur de cette quête du mouvement juste, né entre concentration et lâcher prise, dans l'aisance de la joie. n Après le biscuit (980-I 000 degrés), jefais une deuxième cuisson uers 700-720 degrës; je sors la pièce et dispose /e crin dont la carbonisation laisse une empreinte. Quand je pratiquais I'enfumage dans la sciure, le rythme ëtair plus lent. Là, rout se ioue (n qorlqrr, ,rr'ondrr. comme pour ie ca/ligraphe, c'est dfficile. Au début, souuent je n'étais pas satisfaite: je repassais la pièce foui pour la réoxyder, reuenir à la page blanche et comme cela cassait, c'était un drame!Je sentais bien que quelque chose nallait pas, sans sauoir quoi. Un jour au lieu dz m'en a/ler, j'ai ouuert la porte du four pendafi le processus : j'ai uu la façon dont tout un pqtsage iffiçait dans ce passage de la réoxydation. Certains noirs deuiennent blancs, d'autres gris. J'ai comprk que je pouuais, en retilant atr N' 183 MARS-AVRIL 20'12 RENCONTFE ,''*r.'fl ' .-tu*i'' '' ' l,glil'" '. N 133 MARS AvR L 2012 LA FEVUE DE LA cERAMrouE er ou vrnne | {! RENCONTR E t Estampage et modelage des bols tene o en grès blanc chamotté PBAF Céradel. Trois couches d'engobe blanc porcelaine (PC 9758 Céradel) sont posées successivement à consistance du cuir. Après plusieurs lissages à la carte < Clavier de téléphonique, l'engobe porcelaine apparaît d'un blanc velouté. À l'intérieur la matière est recherchée par contraste. Des traces d'outil s'inscrivent au passage de l'agate et se dévoilent par recouvrement de l'engobe porcelaine posé à l'état pâteux, en couches successives. Série de pinceaux en crin de cheval. La carbonisation à chaud du crin fixe une dynamique gestuelle sur le blanc porcelaine. B. M. D 50 I .o REVUE DE LA cÉRAMrouE ET DU vERRE N. 183 MARS-AVRIL 201 2 R ENCONTR E la pièce à temps, uti/iser la migration même du carbone pour ajouter une ALfire dynamique à celle de /'empreinte du crin. , Et tout s'est mis en place. À la rencontre de sa propre écriture Il est des moments où un seul pas nous mène en haut de la colline, dans l'aboutissement d'un mouvement où tout se rassemble comme sur la crête d'une vague : à partir d'elle, un horizon se découvre vers lequel plonger. Avec ces dernières pièces. Brigirre Marionneau a posé un pied dans sa propre écriture. Comme si toutes les strates des expériences vécues se reliaient soudain pour s'ouvrir : intuition et discipline à essence du raku, vitalité du gèste, simpliciré de la technique du ,, faire avec les movens du bord,' de Ia japonaise. Virot, amour de l" i.rre, de la peinture (qui I'aurait tentée, mais on ne Peut pâs tout faire), de la photographie beaucoup explorée à 18 ans. nourrirure des æuvres et lectures qui la portent ou I'inspirent de Moore à Chillida, de Penone à Fabienne Verdier. râpports picturaux du plein et du vide, du noir m# et de la lumière, abstraction, écoute du rythme de la matière comme l'enseisnait Lambercy, socle et verticalité, déioilemenr. cirtulation. impression du mouvement immatériel de l'air sur : une surface tangible, dialogue du corps avec les éléments, respiration. n Je me rapproche de plus en plus de ce -faii, de ce què qui me j'aime,, dit-elle. Présenté l'an dernier à Paris à la Galerie Collection, puis à la Galerie Empreintes à Aydat, son travail était visible cet automne au Centre de céra- mique contemporaine de La Borne. Six grandes pièces, à la fois assises et aéiiennes, étaient accompagnées de sept petits Bols de la pluie, comme les sept notes de musique du Clauier de terre qtre représentent ces gammes pour la céramiste. Le crin, matière grasse, animale, laisse sur la porcelaine de s noirs profonds, proches de I'encre. Certains ônt gardé la force de leur charge sombre iniacte, d'autres ont été adoucis dans le four : nuées, brumes, fils, envolées, næuds, disparition, élans, eau et pierres, crépitement, éclair, trombe, iapt, paix, retrait, blanc... Au-delà du coips-paysage, les céramiques de Brigitte Marionneau sont l'expression desleux d'énergies vives qu'avait si bien saisies I Michaux. PASCALÉ, NOBÉCOURT Exposition du 22 mars au 14 avril, Galerie Thalie, Paris 1 5". u Un peintre et un céramiste se rencontrent D 0pus 2, Centre Céramique contemporaine La Borne, jusqu'au 13 mars 2012. Arts & jazz dans ma c0ur,51220 Hermonville, les 16 et 17 juin2012. Ci-contre : Au bord du paysage, Série 5-1, 2011. Brigitte Marionneau Daniel Chompré. H. 35 x 50 cm. N.183 MARS-AVRIL 2012 LA REVUE DE LA cÉRAMtouE er ou v:nn: | $' Brigitte Marionneau : La terre, dialogue avec les éléments En 2009, j’ai éclairci mes pièces, choisi une terre blanche, un blanc porcelaine comme engobe et découvert l’étrange polyphonie du blanc. Un jour de septembre, j’ai ramassé un cube de sel au bord d’un chemin. Il m’avait de suite interrogé quant à sa blancheur et sa forme sculpturale, érodé par la salive des animaux. De retour à l’atelier, je l’ai essuyé puis gratté pour retrouver tout son éclat. Cette forme m’a enseigné le jeu des blancs dans la lumière. Un autre élément a stimulé ma recherche esthétique : une pierre de Chine. Sa forme dynamique semblait se plier à des lois rigoureuses de composition, sans détail superflu, le juste équilibre entre le plein et le vide, le noir et le blanc. Je l’ai souvent regardée comme fascinée par son mystère. De cet ordre du sensible vont naître une série de bols « Clavier de terre » vécue comme des gammes au piano et des œuvres céramiques sculpturales « Au bord du paysage », « Mask ». Le proche et le lointain se confondent, le corps se transforme en paysage et le paysage en corps…Instant de vie et d’éveil de la matière. Le crin de cheval me sert comme un pinceau qui esquisserait au feu l’imagerie marquante et émotionnelle. Sa carbonisation fixe une dynamique gestuelle sur le blanc porcelaine et ouvre la voie à la vibration de la non couleur. Des jeux subtils de ré oxydation dans le temps de la cuisson procèdent de l’effacement et dévoilent des perceptions que j’appelle photographiques comme des paysages aériens et vaporeux. Gaston Bachelard, dans « l’air et les songes », nous parle des évocations poétiques liées à l’élément : « Nos sentiments, nos ébauches de sentiments, tous les états les plus secrets et les plus profonds de notre être intime ne sont-ils pas de la plus étrange façon enlacés à un paysage, à une saison, à une propriété de l’air, à un souffle ? … Ce sont là des paysages sans dessin, qui vivent dans une couleur douce et changeante, comme un souvenir. » B.M. 2011 frxp0sffinûN5 i wffi#ffiffiKKffi -%ffi&ffiffiqFrurum&ffi--. T #&ffiÆ fuww# Wws W#ffiY.%ffiffiffi I I I Calerie Collectior, Paris 3e _ I _l ,, I e paysage. Là est mon ter- 1\ L ritoire de chaque jo.tt, en toute saison, terres à la lumière d'un ciel blanc. Paysage serein ou tourmenté, balayé par les vents ou apaisé, paysage à f image des hommes. , B. Marionneau Nous sommes au bord du paysage; il y a deux mois, à la galerie Collection. Brigitte Marionneau convie le spectateur à parcourir des contrées inexplorées au travers d'une vingtaine de sculptures en céramique, pleines d'émotions et de lyrisme. Des volumes imposants, des formes amples et généreuses, tendues et précises, font chanter I'espace. Ecouter le silence; marcher, s'immerger dans la profonde.ur des p.ay- comme une pratique méditative à l'instar de son art de vivre, une réflexion sur la form e archéry' sages, Au bord du paysage, Série 4,2010. H.45 cm. Photo:Brigitte Marionneau. pale et la pureté des lignes. C'est la terre qui i'entoure et qui l'inspire. Au début, cette terre rouge fraîchement labourée, terre ensemencée, cette route qu'elle emprunte tous les jours, ces paysages ocre, rouge, jaunes ou brun, ces champs de blés, ces bois. . . Aujourd'hui, les couleurs ont disparu pour céder la place à une harmonie nuancée de noir et de blanc, comme une photographie de pays a1e, un souvenir, plutôt un écho, lointain et bien présent. pourtant Depuis l'époque où elle fit ses Virot dans les années 1980, Brigitte Marionneau n'a jamais cessé d'utiliser la techni- classes chez Camille que japonaise du raku. Ce qu'elle aime, c'est l'approche intuitive et expérimentale qui en découle mais aussi la pensée philosophique première qui I'accompagne, synonyme de joie, d'aisance et de bonheur. Le raku et bien d'autres terre, I'eau, l'air et le feu et l'imagerie des débuts avec les séries Ce 4r'" vu le vent d'ouest, Le blé du cæur ou Epi-derme ? Les années passent; à mesure que la compréhension de la technique s'affine, la liberté grandit. Pourtant le raku ne permet pas de tout maîtriser, ni même de tout prévoir. En cela, le raku est exigeant car il confronte l'artiste à lui-même, sans complaisance. Il demande de la riguéur et de la fantaisie, du savoir- fure et de I'improvisation, d. la douceur et de la force. Il requiert un mode opératoire intuitif et ins- tantané qui laisse toujours une place au hasard. Alors pour mieux se révéler, Brigitte Marionneau choisit I'abstraction picturale. Elle utilise la cuisson au crin de cheval comme un pinceau qui esquisserait son imagerie marquante et émotionnelle, une première étape vers l'évasion. Ce sônt les jeux subtils de la réoxydation qui dévoileront enfin ces ( perceptions photographiques , comme des paysages, aériens et vaporeux. Et pour que le regard du spectateui n'en finisse jamais de rêvet un trou béant situé au centre de ces cartographies singulières, ouvre la perspective à d'autres paysages, comme un point de fuite imaginaire, situé probablement entre ciel et terre... A. E. ffiffi Au bord du paysage, Brigitte Marionneau, céramiques. Exposition du 3 décembre 2010 a u 22ianvier 201 1, Galerie Collection Ateliers d'Art de France,4, rue de Thori gny, Pa ris 3'. www.ateliersda rt.com techniques d"érivées, dites souvent américaines ou primitives selon les influences, qui ont en commun l'empirisme, l'économie de moyens et un rapport physique et intime de l'artiste avec son æuvre. La série de pièces intitulées Au pays àBe, qui a donné son bord du nom à cette exposition, est un appel à la méditation, âu voyage, réel ou mental, aux souvenirs émus Vue de I'exposition à la galerie Collection. Photo : Jean-Philippe Humbert. de territoires chéris. Brigitte Marionneau aime se rappeler ces vastes étendues d'Arizona, ces hauts plateaux d'Éthiopie admirés pend".tt un voyage d étude en 1995, les tourbièrei du Connemara, les landes du Larzac, le Namib, plus vieux désert du monde, ou simplement les territoires rêvés, tous juste imaginés. Comment oublier égalemeni ses premiers pas avec la N" 177 MARS-AVRII 2011 LA REVUE DE LA cÉnRvtouE ET DU vrnne I 67