espace culturel - Nicolas Peyrac
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espace culturel - Nicolas Peyrac
ESPACE CULTUREL Par Thierry Bouchard Un homme mûr, mature et nature L'enfant qui maudit Dieu Nicolas Peyrac, le chanteur ? Oui, mais aussi le romancier… Avant tout celui qui écrit et sait mettre en images, en musique et en mots ses émotions. Après l'album Vice Versa sorti en début d'année, voici le livre "J'ai su dès le premier jour que je la tuerais" (Editions de l'Archipel). Mourir ? Mais pas d'ennui. Il s'agit bien évidemment d'un roman mais lorsque l'on connaît l'auteur, on ne peut s'empêcher de faire des rapprochements... Ce médecin aurait voulu faire autre chose, comme le dit la chanson, presque "voulu être un artiste"... Vous en êtes un... Et vous avez touché à plusieurs métiers... Pourquoi ? Je pense que c'est l'écriture qui m'a toujours guidé, l'écriture sous toutes ses formes. Et chaque activité que j'ai pu avoir tournait autour de l'écriture sous une forme ou une autre : littéraire, musicale, photographique… En fait, je ne sais faire que ça ! Et s'il fallait que je remette en question mon existence en essayant de changer de secteur d'activité, j'avoue que j'aurais bien du mal. Ce médecin a une cinquantaine d'années... Est-ce que cela aurait pu être vous ? Non, je n'ai jamais pensé à la médecine hospitalière. Ce qui m'intéressait, c'était Médecins sans frontières ou quelquechose comme ça… Le héros du roman est un carrièriste absolu, quelqu'un qui s'est toujours projeté dans un avenir de ce type, et ce n'est pas du tout mais pas du tout moi ! Ce médecin est donc un psy... Vous-même avez fait preuve de psychologie puisque trois personnages clés sont des femmes... Est-ce si facile de se mettre dans leur peau surtout lorsqu'il s'agit d'évoquer des pulsions amoureuses d'attirance et de jalousie ? Je revendique haut et fort mon côté féminin. J'ai toujours adoré les diners ou les déjeuners de filles où j'étais le seul garçon convié. J'ai une nette tendance à préférer ça aux ambiances typiquement masculines, caricaturales parfois. C'est peutêtre ce mélange de masculin et de féminin qui permet de se mettre dans la peau des filles de l'histoire avec peut-être une certaine facilité. En tant qu'homme, vous révélez aux femmes certaines faiblesses... quoiqu'elles doivent en avoir conscience... Des leurs aussi... Le roman est noir, balisé par des morts... Ne remuez-vous justement pas le couteau dans la plaie des couples qui seraient vos lecteurs ? Je trouve les femmes infiniment plus fortes que les hommes, n'en déplaise aux machos de tout poil… Elles sont plus fines, plus réfléchies, plus capables de recul, plus résistantes à tous points de vue. Je n'ai eu aucun mal à faire en sorte que ça apparaisse dans le livre à travers les pérégrinations des personnages. C'est vrai que l'histoire est ponctuée de morts, mais c'est par pur plaisir narratif et littéraire que j'ai entouré Raphaël de ces disparitions en tous genres. C'est drôle d'imaginer un type comme lui qui cache une double identité, un côté face et un côté pile. Quant aux lecteurs, j'espère qu'ils comprendront qu'on ne parle pas de la vie de tout le monde, c'est un roman avec tout ce que ça suppose d'inventions. Etes-vous amoureux ? Oui et ça va faire bientôt 15 ans que ça dure… Voilà votre deuxième roman... L'écriture est un plaisir égoiste car vous n'avez pas le retour immédiat de vos lecteurs... L'exercice n'en est-il pas plus difficile pour vous qui connaissez la scène ? Non, c'est autre chose, et c'est vraiment quelquechose de différent, de complémentaire… Concocter des chansons, passer du temps à les enregistrer et à les chanter sur scène, c'est un vrai travail d'équipe, sans les autres je ne suis pas grand-chose, c'est grâce à leur talent que les chansons existent parfois de belle façon. Écrire un roman c'est une plongée dans le grand bleu, tout seul, sans garde-fou, sans protection… On est à poil, vulnérable, sans la moindre musique pour quelquefois faire croire que c'est bien alors que sans les notes ce serait franchement moins abouti… Je trouve l'exercice passionnant et tellement différent de la chanson. Là il faut essayer d'approfondir des caractères, des sentiments alors qu'une chanson, c'est par définition une façon de tout concentrer en trois ou quatre minutes ! Ecrire des chansons, de la musique, les interpréter... Estce finalement si loin de l'activité d'un romancier ? Rien n'est loin de rien dans l'écriture, c'est toujours la même chose, partir de rien pour s'efforcer de s'approcher de quelquechose… Alors on passe par le stylo, ou l'objectif, ou un instrument, et parfois ça tient du miracle : il se passe un truc et on continue à avancer sans trop savoir où on va parce que c'est quand même de ça qu'il s'agit en ce qui me concerne… Je ne sais jamais où je veux aller… Je sais simplement où je n'ai pas envie de me rendre ou comment je n'ai pas envie qu'on me perçoive… Faut-il croire en Dieu ? Ou faut-il croire ceux qui y croient ou n'y croient pas ? C'est facile de trouver un responsable à tous les malheurs du monde. Trop facile. Certains croient en bon protestants d'autres sont athés en bons francs-maçons. Et d'autres encore ont traversé la guerre en tant que Juifs. S'il faut aimer autant que ce soit l'Humanité plutôt qu'un Etre suprême qui perd la mémoire alors que les hommes en ont le devoir. Le raisonnement de JeanMoïse Braitberg se tient à l'âge de raison. Editeur : Fayard Le piège de Dante Et de celui de journaliste ou plutôt de "reporter", voire de "reporter d'émotions" ou "chasseur d'émotions" comme pourrait l'être un photographe ? J'ai toujours le sentiment qu'une chanson c'est vraiment un instantané, une action ou une émotion ou un lieu qu'on fige en une seconde… Un roman, c'est autre chose : ça peut se nourrir d'un certain nombre de ces instantanés pour que l'ensemble campe un univers, une vie, des erreurs, des réussites, des amours, des victoires ou des défaites. Le public - ou la presse - aime bien classer les gens... Etes-vous classable ou hors classe ? C'est à vous de le dire… Moi, j'ai parfois le sentiment que je n'existe pas ou seulement à travers des chansons d'il y a trente ans et que certains média prennent un malin plaisir à m'enfermer dans cette image qui ne me ressemble absolument plus. Heureusement, grâce au dernier album sorti en mai dernier, et qui m'a valu les meilleures critiques de ma vie, certains journalistes ont découvert qui je suis vraiment, avec parfois une vraie surprise et le sentiment d'être peut-être passé à côté depuis bien des années… Et ce même public a tendance à croire qu'il n'existe pas de vie en dehors des lumières de la scène ou des média lorsque l'on a été un homme aussi connu que vous mais moins présent médiatiquement. Confirmez-vous que l'on peut vivre en dehors du circuit, être heureux même sans être toujours obligé de sourire à une caméra ? Vous savez, je n'ai jamais été attiré par la notoriété à tout prix. Si je n'avais pas écrit, je n'aurais jamais chanté, je n'ai jamais eu envie d'aller faire guignol, c'est pas du tout mon truc… Alors vivre sans la gloire et ce qui s'y rattache, heureusement que je le fais au quotidien chaque fois que je ne suis pas médiatisé. Ma vie ne se borne pas à essayer de sourire : je ne supporte pas de faire semblant… Ce qui m'intéresse, c'est qu'il n'y ait aucun décalage entre la personne que je suis et celle que le public imagine. Je suis ce que je suis, sans effort pour paraître ou jouer la comédie. On peut tout à fait intéresser et quelquefois faire rêver les autres en ne s'entourant pas de paillettes et autres frimes. Qu'elle est votre activité la plus prenante ? Tout faire pour que la petite fille que j'ai adoptée il y a deux ans ait une vie formidable… Et d'abord, quel est votre métier ? Je n'en ai pas ! J'ai la chance infinie de pouvoir vivre de ma passion pour l'écriture… Et je ne considère pas ça comme un métier mais avant tout comme un privilège. Et votre pays ? Votre coeur balance-t-il toujours entre la France et le Québec ? J'adore être à Montréal pour écrire et avoir un certain recul mais la France est mon pays ! J'y suis de plus en plus et à l'avenir peut-être encore plus… Tout dépendra de ce qu'on me proposera. Peut-on se tuer au travail ? Sûrement… Ça dépend évidemment de ce qu'on fait, de la dose de stress qu'on reçoit, des risques physiques ou moraux qui nous menacent… Et ils sont nombreux. Mais j'ai quand même le sentiment que ceux qui ont la chance de pouvoir vivre de leur passion ont moins de risques… Et mourir d'amour ? Sûrement ! D'ailleurs mon père aurait pu, il y a longtemps de ça… Mais c'est une autre histoire… *NDLR: Nicolas Peyrac est né le 6 octobre 1949. Bon anniversaire, Nicolas ! Recueil des chroniques satiriques de Thierry Bouchard “En 1 mot comme en 100” (éditions de l’IXCEA) disponible chez Castéla, à la FNAC et sur internet : “J’ai tout contrôlé... Ca vaut la peine !” Nicolas S. Meurtres à Venise au XVIIIeme siècle… Neuf… Neuf, comme les châtiments des neufs cercles de l'Enfer de Dante… Dans une ambiance ésotérique et festive puisqu'à Venise se tient le fameux Carnaval, il n'est pas facile au héros d'Arnaud Delalande de faire tomber les masques à cette époque où l'on s'amusait d'un rien où tout était prétexte à vengeance et manigance pour comploter en faisant perdre la sérénité de la sérénissime. Editeur : Grasset Touk touk, lady Avec le Cambodge pour décor, un roman d'amour ne peut que laisser entrevoir des rapports torrides ou bien des subtilités asiatiques. Il n'en est rien : rien que de l'amour dans une atmosphère hors du temps. Les instants subtilisés sont racontés au présent. Géraldine Ulmann propose à ses premiers lecteurs puisqu'il s'agit d'un premier roman écrit à la première personne, un tour en mototaxi, plus un tour de passe-passe que de pousse-pousse vers l'amant Paul et son amoureuse, la narratrice. Edieur : La Table ronde Le Château des songes Comment faut-il interpréter cette histoire de Michel Jouvet, membre de l'Académie des sciences et médaillé d'or du CNRS, spécialiste du sommeil et plus exactement du sommeil paradoxal, troisième état de fonctionnement du cerveau ? Une histoire à dormir debout ? Un roman érudit puisqu'à travers le conte les clefs sont données pour aller plus loin dans la simple lecture. Tout commence avec l'achat d'un vieux coffre dans une brocante et quelques milliers de souvenirs de rêves sortis de l'oubli… Editeur : Odile Jacob Journal d'un assassin Difficile de dire que l'histoire de Valérie d'Oust est belle, cette histoire de mère qui pousse la monstruosité jusqu'à faire voir à son fils combien il est laid. Laid ? Différent physiquement. Puis différent intellectuellement puisque l'on ne sort pas indemne d'une opération qui permet de voir le monde tel qu'il est. Laid. L'amour met du baume au œur et sur les cicatrices de la vie. Pour survivre, il faut faire "comme si"… Editeur : Anne Carrière Une si douce fureur Christian Authier, récemment récompensé par le Prix Roger Nimier, est amoureux. Ou tout au moins son personnage, journaliste dans un hebdomadaire toulousain, auteur de différents livres et familier du microcosme littéraire parisien est amoureux. Si on ne reconnaît pas l'auteur, on reconnaitra néanmoins différents personnages - comme son personnage a fait des allusions à ses amantes dans ses livres -: "Sicre imite l'accent parisien pris par Douste-Blazy depuis qu'il est ministre. Tout le monde rit sans imaginer que cette andouille deviendra notre maire quelques années plus tard"… Le Journal Toulousain n° 233 - octobre 2006. Page 15 Editeur : Stock