ENCORBELLEMENT

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ENCORBELLEMENT
ENCORBELLEMENT
ENCORBELLEMENT :
N. m. (1394), de en-, corbel,
anc. forme de corbeau, et suff.
-ement. « Position d’une
construction (balcon, corniche,
tourelle, etc.) en saillie sur un mur
et soutenue par des corbeaux, des
consoles » (Le Grand Robert).
« On dit construction en
encorbellement pour désigner
la partie d’une bâtisse
posée sur un encorbellement »
(Dictionnaire raisonné de
l’architecture française de
Viollet-le-Duc).
« Bow-window – ou oriel, en français – jardin d'hiver,
balcon filant fermé sont autant d'éléments issus d'une
même terminologie commune pour désigner ces espaces à
la charnière du plan et de la façade que l'on voit
apparaître ces derniéres années sur nombre d'opérations
de logements et qui relèvent de la notion de filtre entre
intérieur et extérieur. »
Florence Cristofaro, Bow-window et jardin d’hiver
Autrement
dit,
sont
appelés encorbellements,
dans le décor urbain, les
élements architecturaux,
corbeaux ou consoles en
saillie des façades. Ils
soutiennent des constructions comme les échauguettes, avant-corps, corniches, balcons, oriels,
etc., lesquels sont dits en
encorbellement.
À la fin du XIXe siècle , une
nouvelle mode naît, celle du
bow-window (10), formule
d'origine anglaise (littéralement, « la fenêtre en arc »).
Il apparaît autour des années
1885-1890, dans le climat
humide de ce pays, comme
un indispensable capteur de
chaleur. Le thème s'introduira dans l'architecture
parisienne à travers les
grands hôtels aristocratiques,
dont la mode ne s'interrompt pas durant tout le
Second Empire. Au bout de
cette longue mutation, le
bow-window est devenu une
cage de verre. On construira
donc des balcons de pierre
à chaque étage et on y intercalera chaque fois des
bow-windows. L’intérêt de cet
avant-corps est d’agrémenter l’intérieur (éclairement,
vues obliques sur la voie
publique). Il détermine un
nouveau type de façade aux
décrochements puissants, il
intègre dans sa structure des
appuis de balcons situés
dans le même plan et il est
soutenu par des consoles
énormes dans le soubassement.
Au XIIe siècle, les premiers
exemples apparaissent avec
les échauguettes à mâchicoulis (1), traitées en pierre
de taille. Elles étaient destinées à faciliter la surveillance
et la défense des châteaux
forts.
Il faut distinguer les échauguettes destinées uniquement à la surveillance au loin
de celles qui servent en
même temps de guette et de
défense. « C’était particulièrement dans le voisinage des portes,
aux angles des gros ouvrages, au
sommet des donjons que l’on
construisait des échauguettes »
(Viollet-le-Duc).
On les retrouve également
dans
certains
hôtels
parisiens (2/3).
Au XIVe siècle, le Ponte
Vecchio à Florence (5), pont
de pierre qui enjambe
l'Arno, a été maintes fois
détruit
et
reconstruit,
toujours menacé par les
crues. Après celle de 1333,
le pont fut élargi et
consolidé par l'architecte
Taddeo Gaddi. C'est le pont
que nous admirons aujourd'hui. Il est à la fois un lieu
de rencontres et un marché
animé. À ses extrémités, des
hôtels, des banques et des
restaurants se déploient pour
reposer sur des consoles en
bois.
Le Petit-Pont à Paris, avant
l'incendie de 1718, n'était
pas seulement un élément de
franchissement mais également un espace animé ou se
déployaient des habitations
reposant sur des encorbellements (4).
Au XVe siècle, le souci
de gagner de la place dans
les habitations par des
encorbellements sur rue est
commun à toutes les villes
anciennes entourées de
fortifications (6/7). Toutes
ces constructions en bois
ont des encorbellements
simples
ou
richement
décorés.
Au XVIIe siècle, on
retrouve de magnifiques
exemples d’encorbellements
en
Alsace
(8),
en
Normandie (9). Souvent des
balcons, des loggias sont
portés par l'avancée des
solives faisant office de
console en décrochement
par rapport à la façade.
L'oriel, balcon fermé qui
peut être qualifié de « balcon
des régions froides », prolonge la pièce. Il favorise son
éclairage et permet une vue
sur la rue de deux ou trois
côtés en même temps.
Le décor urbain s'enrichit de
sculptures situées au niveau
des rez-de-chaussée et des
entresols, les atlantes (11) et
les cariatides déterminent
Extrait du “Vocabulaire français de l'Art urbain”, par Robert-Max Antoni, sur www.arturbain.fr
des éléments de repères des
beaux immeubles haussmanniens.
Au XXe siècle, vers 1900,
l'Art nouveau se développe
dans les arts décoratifs
et
dans
l'architecture.
Guimard (12) est le plus
connu de ces architectes
(H. Sauvage, F. Jourdain,
J. Lavirotte, etc.) qui
s'inspirent des théories de
Viollet-le-Duc et de son
goût pour le décor médiéval.
Ils veulent maîtriser tous les
détails de bâtiments (13)
conçus comme des œuvres
d'art.
Avec le Mouvement moderne, le principe du mur
rideau vient masquer les
encorbellements.
À partir des années quatrevingt, des ouvrages soumis
à des réhabilitations et
restaurations (14) sont
élaborés en introduisant des
encorbellements. On les
retrouve dans la réhabilitation des immeubles des
« grands ensembles » (15)
qui permettent d'agrandir les
pièces principales des appartements et de rompre la
monotonie des façades. Le
Cœur Défense (16), par
l'architecte J.-P. Viguier,
utilise le principe de
l'encorbellement
pour
retrouver l'échelle humaine
dans l'espace piéton.
V. ATLANTE, AVANTCORPS, BALCON, BOWWINDOW,
CARIATIDE,
CONSOLE,
CORBEAU,
ÉCHAUGUETTE, FAÇADE,
LOGGIA, ORIEL, REPÈRE.
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