Carmina Burana de Carl Orff

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Carmina Burana de Carl Orff
Carmina Burana de Carl Orff
Extrait du Collège Georges Brassens - PERSAN
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Carmina Burana de Carl Orff
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Date de mise en ligne : dimanche 7 avril 2013
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Carmina Burana de Carl Orff
CARL ORFF (1895-1982)
Carl Orff est né en 1895 d'une famille issue de la grande bourgeoisie de Munich. Fils d'un père officier (tradition
familiale semble t-il), mélomane à ses heures et d'une mère pianiste. En 1900 il commence à prendre des cours de
piano auxquels vont s'ajouter ceux d'orgues et de violoncelle. A l'âge de 10 ans il compose des textes et des
musiques pour ses propres théâtres de marionnettes. Il publie également une histoire pour enfants dans une revue
de jeunes. L'influence familiale n'est pas étrangère aux dispositions musicales dont fait preuve le jeune Carl. En effet,
il déchiffre régulièrement des oeuvres symphoniques ou des opéras en compagnie de sa mère. Il n'est d'ailleurs pas
rare de croiser dans la famille Orff des musiciens interprétant de la musique de chambre. À partir de 1909, suite à
une représentation du : « Fliegenden Holländer » de Richard Wagner, il assiste régulièrement à des Opéras ainsi
que des pièces de théâtre. Sa première publication musicale : « Eliland-Liedern » date de 1911, oeuvre à laquelle
s'ajoutera une autre en trois parties pour choeur et baryton solo sur le thème de : « Also sprach Zarathustra (1912) ».
Carl Orff fréquente « l'Akademie der Tonkust » mais les relations avec ses professeurs ne sont pas satisfaisantes, il
se sent musicalement incompris. Ses premières compositions seront influencées par Schoenberg et Debussy («
Gesei, das Opfer ») Durant plusieurs années il assurera la fonction de répétiteur à Munich, Manheim puis Darmstadt.
Cette période sera momentanément interrompue par l'appel sous les drapeaux (1917). Carl Orff est de plus en plus
attiré par le théâtre, notamment par les oeuvres de Shakespeare, mais également par la tragédie Grecque antique. Il
est « Fortement influencé par le caractère magique, rituel, incantatoire des musiques dites primitives et par la
richesse des musiques archaïques des grandes civilisations »1 De retour à Munich, il se voue à la composition ainsi
qu'à l'analyse d'oeuvres du 16° et 17° siècle. Il travaille à l'adaptation de : « L'Orfeo » de Monteverdi pour le théâtre
moderne. A cette époque, l'expressionnisme Allemand est très actif. Carl Orff, sans en être le chef de file, y prend
malgré tout une part importante. Les idées de Jaques Dalcroze à propos de la danse et du mouvement trouvent un
écho très favorable dans les milieux artistiques. L'expression par le corps devient plus naturelle, moins rigide que
celle imposée par la rigueur du classique. En 1923, Orff rencontre à Munich Dorothée Günther, une artiste peintre
qui participe à la mise en scène de « L'Orfeo » et dont il partagera la vie quelques années. Dorothée Günther qui a
suivi de près les travaux de Dalcroze et de Laban envisage de créer une école dans laquelle des jeunes de tous les
milieux pourraient s'initier à la gymnastique, la danse rythmique et la danse d'expression. Carl Orff s'enthousiasme
pour ce projet novateur et propose d'apporter un volet musical à l'enseignement du mouvement. Ces deux disciplines
deviennent alors interactives dans un enrichissement mutuel. En 1924, l'école Günther initie ses activités à Munich
dans un pavillon toujours visible aujourd'hui, dans lequel se déroulent les activités du « Orff Zentrum ». C'est en ce
lieu que va naître le concept de : « Musique élémentaire ». Dans cette nouvelle pédagogie, une place centrale est
accordée au travail de groupe, au mouvement, au rythme ainsi qu'à l'improvisation. Les années 1924/1925 voient
l'arrivée à l'école Günther de Maja Lex et Gunhild Keetman. Maja Lex, d'abord étudiante, prendra ensuite la direction
de la formation corporelle de l'école. Gunhild Keetman, également étudiante au début, assumera la tâche
d'approfondir la technique instrumentale et d'écrire les premières pièces. Ainsi que nous venons de le voir, cette
pédagogie de la musique et du mouvement n'est pas l'oeuvre d'un seul homme mais d'une équipe. En 1934, dans le
cadre des jeux olympiques, il est demandé à Orff de composer la musique du défilé des enfants. Cette pièce qu'il
composera en collaboration avec Keetman et Lex aura pour titre « Parade et ronde des enfants et des jeunes filles »
et connaîtra par la suite un succès insoupçonné à l'époque. Pour des raisons politiques, l'école Günther cesse ses
activités en 1937. Orff, Lex, Keetman et Günther se perdent de vue. La même année Carl Orff présente un opéra en
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3 actes intitulé : « Carmina Burana ». De ses oeuvres, celle-ci restera la plus connue. Il est à noter qu'à ce moment il
détruira une grande partie de ses oeuvres antérieures. D'autres oeuvres suivront, notamment pour le théâtre, comme
« La lune, un petit théâtre du monde », « L'astucieuse », « Songes d'une nuit d'été », « La bernauerine, une pièce
bavaroise », « Astutuli », « Antigonae » etc.. Sa participation à la partie musicale des jeux olympiques de Berlin et les
représentations données durant ces années troublées lui vaudront par la suite de la méfiance voire de l'hostilité,
surtout à l'étranger. Probablement son erreur aura été de demeurer uniquement dans un rôle de compositeur et de
ne pas prendre une position plus tranchée face au régime totalitaire de l'époque. Néanmoins en étudiant de plus
près le livret de « Carmina Burana » on remarque des textes qu'il fallait oser présenter en pleine période fasciste : «
Sur le siège de la Fortune, j'étais assis en haut, des fleurs bariolées de la prospérité couronné ; mais tout prospère
que je fus, choyé et béni, du sommet alors je chus, dépouillé de la gloire. La roue de la Fortune a tourné ; je
descends, déchu ; un autre est porté vers le haut ; démesurément exalté, le roi siège au faîte- qu'il prenne garde de
tomber ! car sous l'axe nous lisons : Hécube reine. »2 En 1948, La radio bavaroise découvre l'enregistrement de la «
Parade et ronde des enfants et des jeunes filles ». Anne-Marie Schrambeck alors directrice de la radio scolaire
demande à Carl Orff de composer de nouvelles pièces que les enfants pourraient interpréter eux mêmes. Orff
occupé à l'écriture d'Antigone accepte néanmoins le défi d'autant que l'expérience de l'école Günther s'était
interrompue prématurément. Les émissions qu'il anime en compagnie de Gunhild Keetman, conçus sous forme
d'exemples à reproduire puis à développer, rencontrent un succès qui dépasse toutes les espérances. En
compagnie des luthiers : Klaus Becker, et Karl Maendler, Carl Orff met au point toute une série de petits instruments
à percussion, xylophones et métallophones. En 1949 ils créent le « studio 49 » qui sera voué exclusivement à la
fabrication de ce qui deviendra : « l'instrumentarium ORFF » Le « Schulwerk » (l'atelier scolaire) de Orff et Keetman
durera deux ans et demi Il donnera naissance à une oeuvre devenue célèbre : « Histoire de la nativité » ainsi que
cinq volumes intitulés : « Musique pour enfants ». L'intérêt pour le « Orff-Schulwerk » dépasse à présent les
frontières. L'université de musique de Salzbourg (le Mozarteum) propose à Gunhild Keetman d'ouvrir une classe de
musique élémentaire. En 1960, le gouvernement Autrichien débloque des fonds afin que le Mozarteum puisse ouvrir
des annexes en dehors de la ville. Celles-ci seront exclusivement réservées à l'enseignement de la pédagogie
musicale Orff. L'institut Orff verra le jour en 1963 dans ces locaux, les mêmes qu'il occupe encore aujourd'hui. Carl
Orff et Gunhild Keetman en assumeront la direction jusqu'en 1970. Entre 1950 et 1973, Carl Orff fera paraître de
nombreuses oeuvres comme : « Trionfi », Comédie sur la résurrection du Christ », Oedipus der Tyran », Ludus de
nato », « Prometheus », « Comédie sur la fin du temps ». En 1973 il travaille à série documentaire intitulée « Carl
Orff und sein werk ». Carl ORFF était un ami de Jacques Prévert ainsi qu'un admirateur de la tradition musicale
populaire Française. Considéré par beaucoup comme le plus grand dramaturge théâtral et musical après Wagner, il
s'éteindra le 23 Mars 1982 à Munich.
Les paroles :
O Fortune
O Fortune Comme la lune Attitude variable Toujours tu croîs Ou tu décrois. La vie détestable Tantôt néglige Et tantôt
ménage Par jeu notre esprit La pauvreté Et le pouvoir Fondent comme la glace
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Sort monstrueux Et vide, Toi la roue tourbillonnante, Attitude maléfique, Salut vain, Toujours dissout, Ombrée Et
voilée Tu m'éclaires aussi. Maintenant par jeu Mon dos nu Je l'offre à tes intentions criminelles
Le salut Et le courage Me sont maintenant contraires Ils sont faits Et défaits Toujours dans l'esclavage. A cette
heure, Sans retard Touchez les battements du coeur ; Puisque le sort Abat le fort Avec moi, vous tous, pleurez !
O Fortuna
O Fortuna, velut luna statu variabilis, semper crescis aut descrescis ; vita detestabilis nunc obdurat et tunc curat ludo
mentis aciem, egestatem, potestatem dissolvit ut glaciem.
Sors immanis et inanis, rota tu volubilis, status malus, vana salus semper dissolubilis, obumbrata et velata michi
quoque niteris, nunc per ludum dorsum nudum fero tui sceleris.
Sors salutis et virtutis michi nunc contraria, est affectus et defectus semper in angaria ; hac in hora sine mora corde
pulsum tangite, quod per sortem stermit fortem mecum omnes plangite !
Son oeuvre pendant la période nazie Carmina Burana, qui est bien sûr l'oeuvre phare de Carl Orff, a été créée à
Francfort le 8 juillet 1937. Le musicien, à 42 ans, la considère comme le début de sa renaissance musicale. La
réaction du régime nazi est mitigée : l'utilisation du latin au détriment de l'allemand, la tendance érotique de certains
passages et même des influences russes sont autant d'arguments en faveur des partisans d'un Carl Orff opposé au
régime. Mais les nazis s'approprient tout de même bien vite cette oeuvre qui rencontre un succès considérable.
Ainsi, un journal officiel écrit que cette oeuvre est "le genre de musique claire, tempétueuse et disciplinée dont notre
époque a besoin". Orff a parfois été rémunéré par le régime pour ses travaux, et notamment pour avoir proposé une
alternative à l'oeuvre censurée du juif Felix Mendelssohn-Bartholdy : Rêve d'une nuit d'été (création en 1939). Il
répondait en fait à une demande officielle du pouvoir à laquelle certains compositeurs n'avaient pas répondu.
Cependant, le projet avait déjà germé dans l'esprit d'Orff dès 1917. Enfin, les Schulwerk (des mots "école" et
"travaux") qu'il rédigea étaient également très appréciés des pédagogues nazis. Entre 1933 et 1937, il entreprit de
les conformer le plus possible aux exigences de ces derniers. Il ne s'agissait pas de dénaturer l'esprit original de ces
"cahiers d'exercices" et, de plus, les attentes des nazis en la matière n'étaient pas fondamentalement différentes de
cet esprit : les deux parties appréciaient en effet la musique populaire, les chansons folkloriques,...Orff ne fait aucune
remarque sur l'association de certaines de ces musiques à l'esprit de la théorie pangermaniste et raciste Blut und
Boden (sang et sol) et il se déclare ainsi heureux que ses objectifs "correspondent au plus haut point avec ce qui est
requis de nos jours". Conclusion Si Orff a bien été l'opposant au régime nazi qu'ont généralement décrit ses proches
et sa famille, il a préféré faire profil bas entre 1933 et 1945, probablement pour ne pas mettre en danger sa carrière
mais aussi sa vie. À l'inverse, si l'on considère comme beaucoup qu'il n'était pas hostile à la cause nazie, il a de
toute manière gardé une attitude globalement neutre qui favorise d'autant plus la polémique et les débats à son
sujet. Ainsi, il n'a jamais adhéré au parti nazi mais acceptait de composer pour lui. Il n'a pas non plus fuit l'Allemagne
comme nombre d'autres intellectuels. Après la guerre, Orff traverse sans grande peine la procédure de
dénazification menée par les Alliés. Fort de ses liens avec Huber, il se dit membre de la cellule de résistance de la
Rose blanche (ce qui ne peut être vérifié). Il est alors autorisé à continuer à composer et à produire ses oeuvres en
public.
Pour conclure par un petit clin d'oeil, voici trois liens vers des spots publicitaires récents dans lesquels l'utilisation du
Carmina Burana ne manque pas d'humour !
Lien vidéo curmina burana - Pub iveco :
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http://youtu.be/Hvvn0F32VSo
Lien vidéo curmina burana - Pub reebook :
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Lien vidéo curmina burana - Pub calgonit :
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