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L’art (se) joue de l’institution.///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////// newsletter 02 (juin 2008) avec la participation de Laurent Mulot, créateur de Middle of Nowhere, Réseau international des centres d’art contemporain fantômes. Au cours de la deuxième moitié du XXe siècle, une réflexion et une contestation de l’institution et de ces différents pouvoirs marquent de nombreux pays occidentaux. La notion d’analyse institutionnelle se développe alors et identifie l’institution comme une cristallisation d’un rapport de force. Par une analyse théorique et pratique de l’institution, elle cherche à mettre en avant des rapports de pouvoir réels, camouflés par le "non-dit " ou la fausse banalité de l’évidence. À l’instar des courants de la recherche-action, elle intervient par des dispositifs, des évènements qui vont forcer l’institution à prendre conscience de ses contradictions. Cette démarche s’applique fortement dans le domaine artistique; le Salon des Refusés à Paris en 1863 en est l’un des prémices. Dans les années 1960/1970, le champ de l’art contemporain avec son cadre muséal, marchand et médiatique est souligné par de nombreux artistes: Michael Asher, Robert Smithson, Daniel Buren, Hans Haacke ou Marcel Broodthaers. Ils présentent, chacun à leur manière et à des degrés différents, l’activité artistique comme conditionnée par ce contexte et cherchent dès lors à le subvertir. La critique institution nelle voit alors le jour dans le domaine artistique et devient un aspect à part entière de l’art conceptuel. Le langage devient un dispositif critique pour parler de l’exposition. Il brise la hiérarchie entre visuel - critique et souligne l’importance du public et du contexte dans la réception de l’oeuvre. Diverses actions témoignent de cette critique de l’institution muséale depuis l’intérieur : BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni) avec «BMPT n’expose pas» comme seul oeuvre à voir ou encore leur convocation du public dans l’auditorium du Musée des Arts Décoratifs, où il ne se passe rien. L’exposition de Mel Bochner en 1966, à New York, Working Drawings and Other Visible Things on Paper not Necessarily Meant to be Viewed as Art en est également l’un des fondements; ce ne sont plus les objets réalisés qui font oeuvre mais l’ensemble de l’exposition. À la fin des années 1980, une deuxième génération d’artistes comme Renée Green ou Andrea Fraser. poursuivent une critique institutionnelle en résonnance avec l’actualité comme le dévellopement des études genres ou l’expansion d’une politique néo-libérale. Cette critique institutionnelle s’apparente pourtant peu à peu à une démarche artistique intégrée. La critique des institutions en vient à soutenir précisément les conditions muséologiques de la représentation, et devient par conséquent une "institutionnalisation de la critique". Un besoin de s’extraire du champ de l’art et finalement de toute discipline constituée se fait donc sentir. Une troisième génération de critique institutionnelle développe des recherches, des investigations, des expérimentations en dehors du cadre disciplinaire artistique simple; elle mobilise des outils de l’art pour critiquer d’autres institutions. Face à l’évolution d’une société de plus en plus complexe et diffuse, la notion de critique institutionnelle n’est plus à voir comme une tentative de remanier l’institution artistique de l’intérieur, mais davantage comme un mouvement d’aller-retour entre le champ artistique et d’autres champs à fort potentiel de "bouleversement social". Ce tropisme, besoin ou désir de se tourner vers un ailleurs, accompagné d’une circulation entre les disciplines, permet une ouverture relationnelle extra disciplinaire et un développement de critique réciproque, réflexive. Cette nouvelle critique institutionnelle, aussi bien théorique que pratique, permet des attitudes instituantes qui remettent en question l’ordre des choses au sein d’organisation. Face à une structuralisation institutionnelle préexistante, elle offre des possibilités de démarches constituantes via des réflexions communes, ainsi que de manière complémentaire ou en parallèle, des démarches destituantes via des actions communes. /////////////////////////////////////////////////////////////// Une critique institutionnelle par une démarche théorique: - l’Université Libre avec United Nation Plaza - une plateforme de recherche comme Université Tangente - le travail éditorial avec la revue Multitudes La pratique constituante comme critique institutionnelle: - le laboratoire urbain AAA, Ateliers d’Architecture Autogérée - la production de désir avec Park Fiction La pratique destituante comme critique institutionnelle: - Yes Men, des activistes du canular - le réseau Kein mensch ist illegal - Troller, nouvelle dorme d’hacktivisme Focus: Middle of nowhere en collaboration avec Laurent Mulot OMAC - organisation mondiale de l’art contemporain; L’art (se) joue de l’institution, newsletter 02. La nouvelle critique institutionnelle s’exprime notamment sous une forme théorique - textuelle et confirme par là même sa parenté avec l’art conceptuel. Benjamin H.D. Buchloh relève notamment à propos de l’art conceptuel, dans son texte De l’esthétique d’administration à la critique institutionnelle (aspect de l’art conceptuel, 1962-69) que «la substitution d’une exposition linguistique à une exposition visuelle est une attaque contre la position de supériorité du visuel dans l’art. Celui-ci ne peut plus se contenter d’être un objet à regarder.». De nombreuses démarches artistiques témoignent de cette volonté de questionner, de dépasser la notion d’accrochage et ainsi d’exposition institutionnalisée. Des éditions dépassent le simple statut de catalogu d’exposition et se revendiquent comme pièce à part entière. Des manifestations construites sous la forme de colloque ou workshop prennent alors le statut de travaux artistiques. Unitednationplaza, un projet d’école temporaire débuté en 2006 à Berlin par Anton Vidokle, se présente comme une exposition en tant que telle. Dans la tradition des Universités Libres, un programme de Séminaire Unitednationplaza à Berlin. conférences et de workshop sur une période déterminée est ouvert à tous. Cette collaboration regroupe aussi bien des artistes que des écrivains, des théoriciens dans différents domaines ou toute personne pouvant être intéressée à participer. Essentiellement structurée sur l’étude des différentes démarches artistiques contemporaines, Unitednationplaza crée une plateforme de recherche itinérante et évolutive dans le temps et dans l’espace. Une pratique d’archivage par leur site Internet, mais aussi par une radio en ligne, WUNP - The United Nations Plaza Radio Network offre différents portails de téléchargement vidéo ou audio à propos de conférence, de discussion, de projet de radio ou de workshop. Forte de ces outils hypermédia comme moyen de diffusion, elle s’apparente à une source ouverte d’information dynamique construite sur la rencontre. Essentiellement ancrée dans le domaine artistique, Unitednationplaza crée une extradisplinarité toutefois partielle où la notion de transversalité ne peut être appliquée. Le cadre de recherche sur les démarches artistiques contemporaines, présenté comme la base et la force du projet, délimite de facto les possibilités de collaboration et de champ d’investigation. La notion de tropisme est dès lors bridée. INFO-SPACE, INFO-WAR, de Bureau d’études. Le désir de sortir du champ artistique, d’explorer et d’analyser d’autres groupes ou organisations se note davantage dans des pratiques comme Université Tangente. Ce collectif ouvert, rassemblant des personnes issues du monde l’art, du monde universitaire et scientifique, s’est structuré en 2001 autour d’un manifeste et d’une chartre. Il s’articule autour de cinq domaines : Centre de recherches sur la gratuité; Centre de recherches sur les savoirs/pouvoirs autonomes; Archives du capitalisme; Centre de recherches sur les relations SudSud (Asie et l’Afrique); Centre de recherches sur le voyage. Ces secteurs d’observation ne se cantonnent pas au champ de l’art, ils touchent aussi bien à l’économie, la politique, que les sciences humaines. Cette altérité de contexte et donc de référence suscite un "conflit cognitif" ou culturel favorable à un échange différentiel et à l’ouverture extradisplinaire. L’Université Tangente est un lieu permettant de rassembler, de faire se rencontrer et d’analyser des "savoirs humains singuliers et autonomes". À travers leur site Internet, il diffuse différents textes critiques issus de cette transversalité, la plupart du temps accompagnés de cartes ou d’organigramme schématisant les rapports de force de certaines organisations ou secteur d’activité. L’une d’elles, INFO-SPACE, INFO-WAR, Governing by Networks de Bureau d’études présente une recherche détaillée à l’échelle mondiale sur le pouvoir du réseau Internet. Ce travail d’investigation critique se base sur «le réseau militaire américain ARPAnet (...) conçu pour maintenir les communications en cas d’attaque nucléaire. Ancêtre de l’Internet et fondement de la Global Information Infrastructure, ARPAnet, à l’instar de la «guerre presse-bouton» qui le motive, provient d’une seule et même source : le changement d’échelle provoqué par les découvertes en physique au début du XXe siècle dans une société industrielle capable d’organiser la productivité - y compris scientifique - de milliers d’agents.». De manière similaire, des périodiques développent des lignes éditoriales qui recoupent plusieurs disciplines ou secteurs à la fois. Multitudes, une revue à parution trimestrielle, examine de manière critique les nouvelles conditions d’énonciation, d’agencement et de rapport de force de la politique. Pour réaliser ce projet, elle favorise des attitudes transversales entre les champs de l’économie politique, de la philosophie, des pratiques artistiques ou des cultures émergentes du numérique libre. Par le biais de l’Internet, elle offre en complément du support-papier une possibilité de consultation en ligne, OMAC - organisation mondiale de l’art contemporain; L’art (se) joue de l’institution, newsletter 02. Lients internets: - Unitednationplaza et Anton Vidokle http://unitednationsplaza.org/intro.html http://unitednationsplaza.org/radio.html http://www.vonhundert.de/index.php?id=7 http://www.e-flux.com/shows/view/4987 http://www.radiodays.org/program_detail.php?programID=122 - Université Tangente http://utangente.free.fr/index2.html http://utangente.free.fr/2003/governingbynetworks.pdf Revue trimestrielle Multitudes. de traduction, d’archivage de leur numéro et de revues complémentaires (Futur Antérieur et Alice) ainsi qu’un espace commun de débat et d’échange collectif. Cette déclinaison de la revue permet de diffuser, d’accompagner des "mouvements sociaux qui travaillent le présent" et de souligner des problématiques à l’échelle mondiale comme la propriété intellectuelle, l’activisme médiatique avec notamment l’hacktivisme, la guerre globale, les relations de pouvoir. Invitée pour Documenta XII magazines avec une centaine d’autres magazines, Multitudes refuse les modalités de participation à ce projet et développe en contrepartie: Critique et Clinique de la documenta. Cette réponse est définie comme une proposition «pour produire une contribution plus "autonome", en interface critique et clinique avec la proposition de la Documenta». Forte de leur travail transversal, cette revue offre dans un mouvement de réflexivité, un retour critique au domaine artistique contemporain, une démarche de critique institutionnelle extra disciplinaire. - Bureau d’études - revue Multitudes http://bureaudetudes.free.fr/ http://multitudes.samizdat.net/ http://www.cairn.info/article.php?ID_REVUE=MULT&ID_ NUMPUBLIE=MULT_029&ID_ARTICLE=MULT_029_0223 - revue Futur Antérieur - revue Alice http://multitudes.samizdat.net/spip.php?rubrique117 http://multitudes.samizdat.net/spip.php?rubrique144 - Documenta XII magazines - Critique et Clinique de la documenta http://magazines.documenta.de/frontend/ Basées sur la notion de tropisme et de transversalité, ces démarches essentiellement théoriques proposent des alternatives à la neutralisation de toute recherche approfondie, artistique ou non. Elles remettent en question l’interdisciplinarité qui restreint trop souvent les domaines d’investigation, de collaboration voir de diffusion. L’exode vers d’autres territoires de recherche, d’autres moyens de production ne signifie donc pas pour autant une désertion de l’institution artistique. Au contraire, il s’agit davantage d’un mouvement critique fluide d’entrées et de sorties pour produire à chaque retour une différence, une remise en question, un instituant dans le champ institutionnel de l’art. http://multitudes.samizdat.net/spip.php?article3040 http://multitudes-icones.samizdat.net/ OMAC - organisation mondiale de l’art contemporain; L’art (se) joue de l’institution, newsletter 02. L’espace public investit en parallèle le champ de l’art contemporain. Il devient à la fois objet et source de création. De nombreuses démarches artistiques cherchent ainsi à interpeller en réactivant la mémoire collective à l’aide d’éléments indiciels urbains. L’intérêt de l’appropriation peut être phénoménologique, sociologique, etc., mais il est et restera au premier chef du domaine de la surprise poétique. Cette prise ou expressivité directe crée un phénomène esthétique nouveau qui se détache du monde subjectif des arts de transposition. Vues aériennes de Park Fiction à Hambourg. Certains groupes d’individus, partageant des caractéristiques mutuelles, présentent des images de l’idéal social suffisamment proche pour parler d’un imaginaire social commun. Cette situation peut alors amener un processus collectif de réflexion et d’actions pouvant aboutir à un pouvoir con-stituant en tant que com-position. AAA - Ateliers d’Architecture Autogérée est un réseau extra disciplinaire créé en 2001 qui développe des "stratégies" et des "tactiques" urbanistique au croisement de multiples points de vue : architectes, urbanistes, Installation rue St Blaise, Paris de AAA. artistes, chercheurs, étudiants, activistes, retraités, politiques chômeurs, militants, habitants. Leur recherche et intervention dans la ville se fixent essentiellement sur des espaces urbains délaissés. Par l’implication notamment des habitants, ils se réapproprient ces lieux, les réaménagent, en font des plateformes d’expérimentation urbaine et d’exploration collective. Ils définissent leur démarche comme une «critique pour libérer le désir d’agir mais aussi rassembler des compétences partagées et des dynamiques collaboratives pour aller plus loin». De 2001 à 2005, dans un quartier populaire au nord de Paris, La Chapelle, ils mirent au point un réseau d’éco-urbanité / ECObox. Autour d’une structure nomade, flexible, dépliante et transportable les habitants comme les professeurs, les étudiants ou tout autre personne peuvent se retrouver et ainsi discuter, partager un instant de vie. Des micros dispositifs mobiles, tel qu’un établi d’outil, une cuisine urbaine, une médiathèque, média-lab permettent de fournir une structure d’accueil et technique suffisante pour collaborer sur différents projets communément élaborés. Ce laboratoire urbain extra disciplinaire, structuré sur de micro ateliers participatifs, invite à une activation ou une réappropriation des espaces collectifs, de proximité dans un souci de prise de position politique et sociale. Ces mises en relation autour d’un imaginaire social commun permettent une participation à une démarche de recherche et d’action, à un processus institutionnel collaboratif, à une pratique constituante de critique institutionnelle. Depuis une dizaine d’années, un projet Hambourgeois mêlant art et politique suscite de manière similaire un contexte de production collective de désir. En 1994 Park Fiction débute comme une rumeur de construction d’un parc public sur les rives de l’Elbe afin d’empêcher la spéculation urbanistique d’investisseurs. Depuis, cette fiction a donné lieu à la conception auto organisée par les habitants d’un parc d’une autre sorte. Afin de souligner une politique urbaine institutionnalisée avec une participation limitée des citoyens dans l’aménagement de l’espace public, ils inaugurent en 1997 un "container de l’aménagement". Durant six mois, ils permettent aux habitants d’émanciper, de définir et de faire partager leurs désirs sur la création d’un parc. L’ensemble des propositions des plus réalistes au plus utopistes (des haies de buis taillées en caniche, une cabane dans les arbres en forme de fraise mûre, des boîtes aux lettres pour les jeunes dont les parents contrôlent le courrier à la maison, à un cinéma en plein air et un gymnase au toit couvert de verdure avec des palmiers en bois sur rails, des morceaux de pelouse roulants, des jardins à thé et des vergers, des bancs, des fleurs, une piste de course pour les chiens, un toboggan aquatique dans l’Elbe...) sont étudiées, présentées et archivées. Sans se limiter à un simple documentaire, Margit Czenki réalise en 1999 Park Fiction Film qui accompagne et fait partie intégrante de la production collective de désir relatif au parc. Cette initiative "d’urbanisation par le bas", finit par convaincre la municipalité de construire un jardin selon les plans que les habitants avaient projeté. Ces impulsions collectives de désir, en perpétuel recommencement car continuellement ouvert à tous, forment une démarche constituante qui se recompose sans cesse et reste à l’écoute de nouveaux rapports de force locaux et mondiaux. Les démarches de com-position dans la critique institutionnelle se rapprochent alors d’une pratique instituante qui évite la structuralisation et la fermeture sur soi-même. Le domaine des média numérique accompagné notamment de son support Internet offre également un outil d’organisation au profit de la critique institutionnelle non négligeable. Le travail en réseau, les logiciels ou bases de données en open source, ainsi que les forums de discussion ou autres FAQ (frequently asked questions) favorisent tout un contexte de démarche con-stituante, de plateforme de recherche collaborative et dynamique. Ces pratiques s’observent au niveau de l’utilisation de certain software ou hardware, du développement d’application en temps réel de musique et de multimédia comme avec arduino, eyesweb. La notion de propriété intellectuelle, d’auteur et de droits ou autres brevets qui en découlent est ainsi remis en question. De telles démarches, de tels analyseurs permettent de faire apparaître le non-dit de certaines institutions, de révéler le concept marchand qui structuralise et cantonne de multiples recherches notamment scientifiques. OMAC - organisation mondiale de l’art contemporain; L’art (se) joue de l’institution, newsletter 02. Lients internets: - AAA - Ateliers d’Architecture Autogérée http://www.urbantactics.org/home.html http://ecoboxvirtuel.free.fr/radio/ madeo.club.fr/pages/AAAposter.pdf - Park Fiction http://www.parkfiction.org/ http://www.inthefield.info/unwritten.pdf http://www.peprav.net/tool/ En parallèle ou en complément à ces attitudes discursives ouvrant sur des pratiques constituantes, des interventions davantage intrusives se développent. Une ou plusieurs personnes extérieures à un groupe, une organisation se glissent à l’intérieur pour créer des interstices, des perturbations au niveau des courants de communication et de pouvoir. Cette critique institutionnelle basée sur la notion de destitution n’est pas à entendre comme un travail de la négativité mais davantage comme un "non-positif". Elle recherche un élargissement du champ des possibles, une confirmation collective du possible. Sans se focaliser sur un facteur instituant, ou une ré-institution d’un encadrement modifié comme une finalité, elle cherche à souligner le fonctionnement de certaines institutions et à exprimer les transformations éventuelles. - Logiciels open source http://fr.wikipedia.org/wiki/Open_Source http://www.opensource.org/ http://www.arduino.cc/ http://www.eyesweb.org/ Le travail des Yes Men est en l’occurrence l’un des exemples de cette critique institutionnelle destituante. Formés par deux "activiste du canular", Jacques Servin et Igor Vamos connus sous leur nom de scène Andy Bichlbaum et Mike Bonanno, ils pratiquent une satyre des http://eyw.free.fr/ Le film des YES MEN. différentes formes de pouvoir libéral. Avec leur site http://www.gatt.org/, qui reprend les anciennes initiales de l’OMC (General Agreement on Tariffs and Trade), ils proposent une copie ironique du site de l’Organisation Mondiale du Commerce. Pris au sérieux par le faire valoir de cette appellation et par ce parodique site officiel, ils sont invités à des conférences et autres présentations reconnues sur le commerce international. Le 21 mai 2002 lors d’une conférence à Sydney, ils annoncent la dissolution de l’Organisation Mondiale du Commerce comme un mea culpa face à la mondialisation et à la disparité Nord/Sud. En contrepartie, ils proposent une nouvelle organisation s’attelant à développer des entreprises plus responsables, plus respectueuses des travailleurs, des citoyens du monde et des plus pauvres. L’assistance, bien que choquée de la nouvelle, soutient la décision et l’encourage même par des suggestions comme l’implantation du nouveau siège dans un pays du Sud. Cette annonce est alors diffusée de manière exponentielle jusqu’à ce que l’OMC à Genève dénonce l’information. Cette attitude subversive discrédite ainsi le fonctionnement d’organisation internationale mais aussi l’inertie et l’inattention que les assemblées témoignent lors de telles conférences. OMAC - organisation mondiale de l’art contemporain; L’art (se) joue de l’institution, newsletter 02. Manifestation de Kein mensch ist illegal. La communication et ses flux étant une charnière centrale du pouvoir, de nombreuses démarches critiques cherchent à en jouer par une sur-affirmation subversive, une sur-identification, un détournement voir une pollution. Les «media tactiques» sont alors des domaines investis et employés par les pratiques destituantes. Ces démarches pénètrent, explorent et usent les moyens de communication de certaines institutions afin de, non pas les détruire, mais de mieux en dévoiler leur structuralisation. En 2000, le réseau Kein mensch ist illegal (aucun être humain n’est illégal / kmi) met en place le site de campagne "deportation.class" contre la politique de vols d’expulsions de la compagnie aérienne nationale Lufthansa. Par le biais d’images et de textes satyriques diffusés sur cette plateforme Internet, mais aussi par une perturbation électronique des serveurs de la société Lufthansa, KMI vise à prévenir les expulsions et à lutter pour les droits de la résidence. Elle use d’outils symboliques directs et axe sa critique destituante sur l’économie de l’attention. Cette protestation on-line, co-organisée avec Libertad !, cherche ainsi à perturber le site de la compagnie aérienne par un bombardement d’emails sur une durée déterminée. Cette technique, identique aux attaques de hackers qui bloquent un site en provoquant un Denial of service (DOS), cherche à figer la Homepage, susciter l’attention voir la non-confiance des potentiels clients et ainsi empêcher la réservation en ligne de billets durant cette période. À l’image d’un sit-in virtuel, cette critique institutionnelle interroge la politique de campagne et son lien avec les media qu’elle utilise. Ces pratiques liées à l’hacktivisme deviennent de plus en plus fréquentes dans les démarches de critique institutionnelle, notamment destituante. Elles mixent et détournent des outils de communication souples et adaptés à des situations précises. Outre souligner les champs de possible de certaines organisations et ainsi remettre en cause leur structuralisation, ces attitudes intrusives voir subversives analysent directement les medias, les systèmes de pouvoir et de communication. Revenant à interroger les différents supports qu’elle emploie, la critique institutionnelle a notamment pris forme dans le statut du troller. Ce terme désigne, dans le langage du réseau, le personnage malfaisant qui perturbe le fonctionnement des espaces de discussion. Il multiplie les messages sans intérêt ou envenime le débat en suscitant volontairement la polémique. Par un usage précis de la rhétorique et des figures de styles, le tout lié à une bonne maîtrise du langage réseau, il multiplie les propos sulfureux, les attaques personnelles ou sous entendues, les contradictions et disgrétions systématiques. Il cherche également à poster une grande quantité de messages en peu de temps afin de saturer le site de discussion. Essentiellement actif sur les sites d’informations généralistes ouverts aux commentaires, le troller met en exergue la fermeture de ces plateformes face aux commentaires critiques, contraires ou dis-créditeurs. Il joue finalement des médias dits "participatifs" afin de montrer les limites du genre mais surtout de démonter les faux-semblants utopiques dont font preuves certains journalistes et lecteurs à partir du moment où cela se retourne contre eux. La pratique destituante du troller commence désormais à être elle-même détournée par certaines sociétés. Ces dernières rémunèrent des "professionnels" en la matière afin de ternir l’image d’un concurrent, de critiquer son organisation et diminuer l’attention que peut lui porter son public. Par une dérive de rapports de force et de pouvoir économique, la critique institutionnelle peut elle-même finir par se fermer et s’institutionnaliser. Au fil du temps, l’analyse, la critique institutionnelle s’est intéressée au pouvoir dans la société dans son ensemble et plus seulement au pouvoir au sein d’une organisation ou structure précise. On parle dès lors d’une critique institutionnelle restreinte ou généralisée. Elle peut prendre des formes aussi bien théoriques que pratiques, cherchant soit une com-position par une recherche collective ou davantage l’expression d’un "non-positif" ouvrant des possibles. Évitant la structuralisation ainsi que la réaction dialectique par la notion de transversalité et d’extra disciplinarité, elle sort du domaine artistique pour investir des domaines beaucoup plus larges et en résonance avec les rapports de force et de cloisonnement actuels. Comme toute démarche critique elle doit rester vigilante et en perpétuelle évolution et recomposition dynamique pour ne pas être détournée à des fins individuelles et donc institutionnalisées. Lients internets: - The Yes Men http://www.theyesmen.org/ http://www.unitedartists.com/yesmen/ - Kein mensch ist illegal http://www.kmii-koeln.de/ http://www.libertad.de/ http://www.noborder.org/archive/www.deportation-class.com/ http://www.rtmark.com/luft/ http://www.noborder.org/ - Hacktivisme http://fr.wikipedia.org/wiki/Hacktivisme http://emedia.free.fr/hacktivisme.html http://www.transfert.net/ARCHIVES-1-08-Dossier-dissidence,2678 http://www.chronicart.com/webmag/article.php?id=309 OMAC - organisation mondiale de l’art contemporain; L’art (se) joue de l’institution, newsletter 02. Focus sur Middle of Nowhere, Réseau international des centres d’art contemporain fantômes avec la collaboration de Laurent Mulot: Le projet-oeuvre Middle of Nowhere (MOFN) de Laurent Mulot débute en 2001 lors de son voyage en Australie. Durant sa traversée d’ouest en est du pays, il fait une escale à Cook. Cette petite ville ferroviaire, située en Australie Méridionale, ne compte que deux habitants dont l’activité est rythmée par le passage du train. Ce statut de ville « fantôme » amène Laurent Mulot à y implanter, en un geste poétique, le Centre d’Art Contemporain Fantôme de Cook, CGCAC (Cook Ghost Contemporary Art Center). Il est signifié par la pose d’une plaque attestant de la fondation de ce centre et ses gardiens sont les deux seuls habitants. Elle ne présente aucune programmation, ni même espace d’accrochage. L’unique plateforme de présentation est son site internet intitulé «They come out at night» où l’on peut devenir membres du CGCAC et laisser son portrait "fantôme" comme base d’une collection photographique. Par un questionnement des structures d’institutionnalisation et de globalisation, Laurent Mulot développe dans un second temps un réseau international de centres d’art fantômes, Middle of Nowhere. Cette association de loi 1901 regroupe une série de centre d’art fantôme, tous situé sur des territoires précis: "difficulté d’accès", "impossibilité d’y séjourner" et "haut potentiel fictionnel". Chaque centre, voir succursale, collabore avec le tissu local en invitant le peu d’habitant à l’administrer. Il cible ainsi les spécificités du territoire, la nature et la rencontre avec les habitants de ces différents "nowhere". Ce travail présent en différents lieux à la fois, accompagné d’un mouvement d’aller retour entre le champ de l’art contemporain et des domaines tout autres, témoigne d’une volonté d’extradisiplinarité, d’un souci de ne pas structuraliser sa démarche et d’un désir de se rendre "au milieu de nulle part". Laurent Mulot l’explique ainsi: «ma posture est extra-territoriale, j’essaie non pas de conquérir des territoires pour le monde de l’art, mais je tente de mettre de l’art là où je sens qu’il peut s’installer, et cela ne peut se faire autrement qu’avec l’adhésion des gens que je rencontre sur place. Le couple de bushmen à Cook en Australie ne se préoccupe pas d’art contemporain, pas plus que les octogénaires de ce petit village drômois, ni les élus locaux de Mazagao dans la forêt amazonienne, pas plus que les paysans du Sichuan en Chine ou les deux habitants d’El Jadida au Maroc. Mais tous se sont emparés du geste comme d’une revendication» d’art « et ce faisant sont entrés dans le discours de l’art contemporain et d’ailleurs dans son actualité car Middle of nowhere est une œuvre qui s’expose sous la forme d’installation, d’exposition photographique et sur le web». In progress, sa démarche peut être suivie sur le site internet mofn.org. Loin d’être un simple outil d’archivage ou support documentaire de ce projet, elle présente une facette à part entière de son travail. Cette plateforme offre une diffusion de l’activité de Middle of Nowhere avec ses différentes collections permanentes, notamment les portraits des administrateurs et de ses membres, ses résidences ainsi que le projet en cours de Ghost Fondation créé avec la galerie Bleu du Ciel. Par le biais de borne interactive accessible au public, ce réseau de centre d’art fantôme réinvestit des espaces d’exposition propre au domaine de l’art contemporain comme le Musée d’Art Contemporain de Lyon ou le musée Duo Lun de Shanghaï. Laurent Mulot souligne avec justesse «ma démarche a été dès le départ centrée sur le geste poétique qui pourrait faire basculer un lieu de non-art vers un territoire de l’art. Sans reprendre la question Duchampienne, comment un objet "devient d’art (dard)", il m’intéressait d’introduire une variable sur un territoire à priori sans intérêt, ou à priori vide "d’art" et développer avec les gens (même au nombre de deux) habitant ou s’occupant dudit territoire, le projet d’un centre d’art contemporain fantôme. Bien sûr, la situation me permettait de poser une critique sur le ton de l’ironie. Mes centres d’art sont fantômes, l’institution est vide, aucune œuvre n’est visible sur le lieu mais les gardiens existent pour de bon, la seule chose tangible est humaine. Donc pas de public, pas de bâtiment, pas d’œuvre enfin une centre d’art idéal sans aucun soucis». Par ce positionnement Middle of Nowhere se rapproche d’une critique institutionnelle. Elle souligne le fonctionnement des centres d’arts et leur structuralisation. Par ce choix de lieux vides, d’absence , Laurent Mulot sur joue le travail de décentralisation et de sur médiation univoque de l’art contemporain jusqu’à l’absurde. Il invite dès lors à un mouvement d’exode, de déterritorialisation de l’art contemporain vers un "nowhere", un non lieu et un non temps. Sans pour autant se fermer sur une critique restreinte au milieu artistique et à son fonctionnement, ce réseau de centre d’art fantôme finit par mettre en avant l’omniprésence de la globalisation et du rayonnement international qui peut même s’appliquer sur le vide. Ce jeu de "variable" au milieu de nulle part introduit un "non-positif" vis-à-vis du système de plus-value souvent esthétique, de territoires improbables à des fins économiques tel que le tourisme. Par un acte poétique à la fois physique et virtuel, Laurent Mulot nous invite à une parenthèse critique extra disciplinaire. Les 5 photographies, représentant les 10 gardiens des 5 centres d’art contemporain fantômes de Middle of Nowhere: Le Centre d’Art Contemporain Fantôme de Cook en Australie, CGCAC. Le Centre d’Art Contemporain Fantôme de Rochefourchat en France, RGCAC. OMAC - organisation mondiale de l’art contemporain; L’art (se) joue de l’institution, newsletter 02. L.M - L’idée est effectivement de «couvrir» l’ensemble de la planète à la manière de toute bonne multinationale mais aussi à la manière de l’internationalisation de l’Art Contemporain, de la surrenchère des biennales, du village global ainsi je projette de partager un signal satellite pour mettre Middle of Nowhere en orbite. Continuez-vous à rechercher des «nulle part» avec les critères suivants «difficulté d’accès», «impossibilité d’y séjourner» et «haut potentiel fictionnel», ou allez-vous élargir ces spécificités comme avec la notion de Micro-Nation, de pays auto proclamés, physique ou virtuel (Second Life par exemple...)? Le Centre d’Art Contemporain Fantôme de Zhu Hai Zhen en Chine, MGCAC. Le Centre d’Art Contemporain Fantôme de Mazagao Velho Amapa en Amazonie brésilienne, AGCAC. L.M - Pour le 6éme se sera le cas, mais si Middle of Nowhere repose sur les socles de ses centres d’art contemporains fantômes, c’est une entitité qui cherche à acceuillir. L’accueil étant un axe fondamental à travailler, de mon point de vue, lorsque l’on constitue un territoire. C’est particulièrement le cas pour les rencontres que je mène avec des personnes détenues en Maison d’arrêt dont l’objet est «de proposer aux participants une résidence virtuelle dans l’oeuvre Middle of Nowhere». La prison est un lieu qui entre en résonnance avec le sens de l’expression «milieu de nullepart». La prison est un trou, disent les personnes détenues et c’est également un trou urbain, un vide comme invisible dans le décor. Les personnes détenues avec lesquelles j’ai travaillé à la réalisation de vidéos et diaporamas sonorisés n’ont eu aucun soucis à adhérer au concept de l’oeuvre car ils ont une très forte conscience du nulle part et du désert artistique. C’est en ce sens que Middle of Nowhere accueil de nouveaux territoires. Je travaille également avec un scientifique du CERN et j’espère que nous arriverons à intégrer un territoire de recherche scientifique. Les Micro-nations, et pays auto proclamés ne concernent pas Middle of Nowhere, ils ne sont pas assez «vacants» et Second Life serait le contre exemple car je tiens à la physicalité du territoire, son existence géographique et humaine, puis à partir de cela le territoirte virtuel peut se dévellopper. Aller créer un centre d’art sur Second Life inverserait le processus. Pouvez-vous me préciser le projet Ghost Fondation en collaboration avec la galerie Bleu du ciel, et son statut vis à vis de MOFN? Le Centre d’Art Contemporain Fantôme de Mazagan au Maroc, MAGCAC. Discussion avec Laurent Mulot: Allez-vous continuer à créer des centres d’art fantômes, notamment en Antartique pour faire le tour des continents? L.M - Le projet du 6éme centre sur les terres Antartiques est en effet à l’étude. Souhaitez-vous vous arrêtez à un centre par continent? L.M - La Ghost Foundation est là aussi un regard ironique sur le système de la Fondation artistique et n’a bien sûr pas le même statut juridique, mais l’idée est de promouvoir et de vendre les oeuvres produites dans Middle of Nowhere (photos, vidéos, installations) et d’accueillir et de promouvoir d’autres oeuvres développées par d’autres artistes qui seraient dans une démarche proche de celle-ci. Les résidences d’artistes dans Middle of Nowhere en sont un départ, tel la résidence de l’artiste australien David Burrows qui a produit une installation photographique sur le lieu même du centre d’art contemporain fantôme de Rochefourchat. Dans votre exploration de ces territoires vides, et au travers de votre invitation à l’exode pour un nowhere, vous placez-vous en résonance à la déambulation ou dérive artistique? ou pourquoi pas proche du mouvement pataphysique? L.M - Je ne me place pas dans une recherche utopique, ni une fuite, je m’appuie sur la nécéssité de ne jamais décoller l’art de la vie. Lients internets: http://www.theycomeoutatnight.org/ OMAC - organisation mondiale de l’art contemporain; L’art (se) joue de l’institution, newsletter 02.