Titre de l`œuvre: The Young Lady with a Shiner, 1953. Huile sur toile

Titre de l’œuvre: The Young Lady with a Shiner, 1953. Huile sur toile, 86,5 x 76 cm
Introduction
Norman Rockwell (1894-1978) est un illustrateur américain né à New York. Peintre naturaliste de la
vie américaine du XXe siècle, il est célèbre pour avoir illustré de 1916 à 1960 les couvertures du
magazine Saturday Evening Post. En 1935, il illustre les romans de Mark Twain (Tom Sawyer et
Huckleberry Finn). En 1943, il participe à l’effort de guerre en publiant l’affiche The Four Freedoms
distribuée dans le monde entier. Dans les années 1950, il est considéré comme le plus populaire des
artistes américains et fait les portraits d’Eisenhower et Kennedy.
L’œuvre étudiée en classe porte pour titre « La jeune fille à l’œil au beurre noir », « the Shiner » en
anglais. Elle a été réalisée pour servir de Couverture du Saturday Evening Post publié le 23 mai 1953.
Analyser le tableau et ses enjeux
Le tableau
L’image est narrative car elle porte en elle une histoire, laisse imaginer un avant et un après.
L’élément central du tableau est une petite fille. L’impression générale n’est pas grave ; elle est
empreinte de malice.
La scène représentée paraît contemporaine de la réalisation de la toile : les années 1950. La
scène se situe dans un établissement scolaire, devant le bureau du « principal ». Les éléments qui
composent le décor sont coupés par le cadre et encadrent la figure centrale de la petite fille : une partie
d’un banc, un fragment de tableau d’affichage, un morceau de porte avec l’inscription coupée mais
lisible « principa », le tiroir ouvert d’un meuble administratif. On a le sentiment que le peintre a
découpé une fenêtre dans le réel, comme dans une photographie.
Au tout premier plan, nous voyons le tiroir dans l’angle inférieur droit. Au deuxième plan et au
centre se trouve la petite fille. À l’arrière plan, dans l’angle supérieur droit, les deux autres
personnages. La petite fille constitue donc la figure centrale du tableau et est ainsi mise en valeur.
La petite fille est dépenaillée : ses vêtements sont sales, ses manches retroussées, un pan de sa
chemise sort de sa jupe et ses chaussettes tirebouchonnent sur ses jambes. Sa coiffure est défaite, un de
ses rubans pendouille lamentablement. Un pansement au genou indique qu’elle n’en est pas à son
premier exploit. Elle arbore enfin un œil au beurre noir et ses joues sont encore rouges. Pour autant
son expression n’est pas pitoyable : elle nous sourit, faisant du spectateur un complice de sa bêtise.
Elle a l’air assez fière de son exploit ! La position de ses pieds et de ses mains sur le banc et son
sourire n’indiquent pas le remords.
Les lignes de force de la toile sont verticales (cadre de la porte) et horizontales (banc) : elles
transcrivent l’ordre, la stabilité, que la jeune terreur vient perturber. Les couleurs sont claires dans une
palette assez gaie. Une source de lumière provient du bureau du principal. Cela donne de la légèreté au
tableau : malgré la bêtise, l’avenir ne semble pas sombre et les adultes, quoiqu’excédés, seront
bienveillants.
Les enjeux
Pour comprendre l’œuvre, il faut rappeler quelle est l’image qu’on a de la femme dans les
années 50. La femme est censée être très maternelle. Son rôle semble se résumer aux seuls faits d’être
une bonne épouse, une bonne mère et une bonne ménagère. Elle doit s’occuper de ses enfants pendant
que son mari travaille. L’apparition de nouveaux appareils est censée lui faciliter la vie et le rendre
plus confortable.
La jeune fille de la toile de Norman Rockwell est à l’opposé de cette attitude qu’on attend des
femmes : elle incarne la rébellion et la révolte. C’est peut-être pour cela que la femme dans le bureau
du principal (une surveillante ou un professeur ?) regarde avec inquiétude la petite fille n’a pas l’air de
vouloir se fondre dans le moule imposé par la société.
Cette toile pourrait donc être considérée comme une défense de l’indépendance féminine.
Conclusion :
Resituer