La taverne de L`oubli

La taverne de L'oubli
Sur la place des gougnafiers,
Loge un drôle de rade,
Aux allures mal famées,
Même plutôt crade.
Autour d'une bière ou d'un whisky,
Cela n'a guère d'importance,
A la taverne de l'oubli,
On endort nos souffrances.
Aux odeurs de tabac froid,
Et d'haleines frelatées,
Aux sons des rires en éclats,
Sur de l'humour déplacé.
Enfin lorsqu'on a bien bu,
Arrive toujours l'instant ultime,
Quand on se retrouve perdu,
Dans le fin fond de nos abymes.
C'est là qu'on s'est repenti,
En réclamant pitance,
C'est là que l'on se réfugie,
Que l'on fait pénitence.
Y a la cloche qui retentit,
Puis la musique qui s'éteint,
Tout juste un peu après minuit,
On se dit bonsoir et à demain.
Autour d'une bière ou d'un whisky,
Cela n'a guère d'importance,
A la taverne de l'oubli,
On endort nos souffrances.
Sur la place des gougnafiers,
Loge un drôle de rade,
Aux allures mal famées,
Même plutôt crade.
Il n'existe pas d'âge limite,
Ni de hauteur réglementaire,
Pour le tavernier que l'on sollicite,
Afin de remplir nos verres.
Aux odeurs de tabac froid,
Et d'haleines frelatées,
Aux sons des rires en éclats,
Sur de l'humour déplacé.
Tous logés à la même enseigne,
On désinhibe nos caractères,
C'est nos mémoires que l'on saigne,
Dans la liqueur de nos colères.
Un équilibre plutôt malsain,
Entre l'alcool et nos cigares,
Le ventre vide, besoin de rien,
Rien d'autre que le comptoir.
Où l'on étale nos mensonges,
Tout en feignant d'y croire,
Le désespoir qui nous ronge,
Caché au fond d'un tiroir.
GESIPPE Clément