Exposition "Une vie simple" - Français du monde
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Exposition "Une vie simple" - Français du monde
Exposition "Une vie simple" au Musée Charlier, avenue des Arts, 16 (presque en face de l'Ambassade de France) jusqu'au 30 septembre 2011 Des chiffres récents révèlent qu’un travailleur sur cinq vit sous le seuil de pauvreté en Belgique. C’est contradictoire. Sous-entendre qu’au 21ème siècle, dans notre état-providence, pauvreté et emploi puissent cohabiter? Voici des questions que se sont posé les responsables du musée qui ont analysé la collection du musée et envisagé de quelle façon les artistes représentaient la vie quotidienne et le travail de leurs compatriotes aux 19ème et début 20ème siècles. Dans les scènes de la vie champêtre, jusqu’à la fin du 18ème siècle, les paysans sont présentés de manière idyllique, tel un ornement dans un paysage artificiel. L’intérêt pour le rendu réaliste de leur rude existence croît avec l’apparition de la peinture en plein air. Vers 1840, la production agricole est importante en Belgique, la population est nombreuse et instruite mais vit plutôt dans la pauvreté. Charles de Groux abandonne la peinture religieuse pour témoigner de la réalité des inégalités sociales et de la misère humaine. Influencé par Courbet et Millet, il inspire, via la Société Libre des Beaux-Arts fondée en 1868, la jeune génération des peintres de genre et paysagistes qui veulent représenter la réalité dans toute sa férocité. Tel Constantin Meunier qui, suite à ses voyages avec Lemonnier, se révèle être, dès 1884, un des plus importants évocateurs du prolétariat industriel. Les pénuries forcent la population à développer des stratégies de survie. L’oeuvre Chasseurs dans la neige d’Adrien Heymans est réaliste de par sa facture, sa palette et son dessin, par opposition à la toile impressionniste des Pêcheurs d'anguilles dans les marais de Genk d’Isidoor Verheyden. Pour Gust, Jacob Smits construit par couches successives le portrait profond et stylisé d’un paysan. L’oeuvre de Léon Frédéric occupe une place à part. Son Goûter du laboureur est presque la représentation religieuse d’une famille de paysans en harmonie avec le paysage. Les tonalités font référence aux préraphaélites. Son travail rappelle Bastien-Lepage, quoique le rendu symbolique, presque mystique, prime sur le réalisme. En 1857, le critique Castagnary définit la peinture naturaliste: des toiles monumentales qui témoignent sans crainte, par une vérité photographique, des privations du prolétariat. Il se rattache aux histoires familiales ataviques telles que décrites par Emile Zola. En Belgique, les romanciers naturalistes ont pour nom Lemonnier et Eekhoud, Buysse et Streuvels, entre autres. Les grisailles champêtres de Louis Pion sont hyperréalistes, de fidèles reproductions photographiques. Le peintre consacre beaucoup d’attention à l’environnement naturel, autre aspect du naturalisme. Le prolétariat industriel et urbain constitue le sujet principal de l’oeuvre d’Eugène Laermans. Familiarisé avec l’anarchisme révolutionnaire de Kropotkine, il réalise d’immenses toiles de groupes en mouvement, comme sur La promenade, de grévistes ou illustre l’existence incertaine des émigrants. Ses oeuvres expressionnistes présentent des personnages simplifiés, quelque peu caricaturaux. Pourtant, peu d’artistes ont su reproduire de façon si intense la triste solitude au sein d’un groupe. Cinquante ans plus tôt, le peintre animalier Joseph Stevens représentait des combats de chiens, symboles de la situation catastrophique du prolétariat urbain. L’existence laborieuse des pêcheurs a également inspiré nombre d’artistes. En France, les réalistes tels que Charles Cottet et Lucien Simon optent pour la Bretagne. Les Pêcheurs de Simon sont représentés sur grand format en pleine action: ils ramènent vaillamment les filets, d’un élan commun. C’est un hommage puissant à leur travail. Une trouveille dans la collection du musée : le portrait post-impressionniste d’un pêcheur réalisé par Emile Thysebaert. En visite sur le chantier naval de son grand-père à Gand, il entre très jeune en contact avec le monde des ouvriers, sujet qui ne le quittera plus. La “vie simple” n’est pas qu’une succession de malheurs, comme en témoignent les portraits d’enfants. L’émancipation et l’amélioration des conditions de vie sont bien présentes: le Fendeur de bois de Florent Crabeels lit son journal pendant la pause, le Paysan en chemin de Laermans marche à la rencontre de l’aurore et Guillaume Charlier rassemble Le travail et l’étude dans son Monument à Jules Bara (1903). Le sculpteur indique le chemin personnel vers le mieux-être. La même année, le parlement vote la loi sur les accidents de travail, une des nombreuses étapes qui vise à assurer une vie dans la dignité. Eléments recueillis dans la présentation rédigée par Nathalie Jacobs. Informations pratiques : http://www.charliermuseum.be/fr/expoactu.php Tél.: 02 220 26 91 Tél./Fax: 02 220 28 19 [email protected]