Trois questions à un étudiant en psycho
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Trois questions à un étudiant en psycho
Trois questions à… Guillaume DEPREZ, étudiant en Master 2 de psychologie à Montpellier III Guillaume Deprez a effectué un stage au CIO de Narbonne, du 2 mars 2012 au 25 mai 2012, qui avait pour sujet l’accompagnement de jeunes scolarisés dans leurs parcours de formation. Le but était d’assister aux animations de groupe, entretiens individuels et passations de bilans psychologiques. La durée était de 150 heures, soit 21 jours repartis sur 3 mois pendant 10 semaines, les lundi et vendredi. Sur les six COP travaillant pour le CIO il a été en interaction directe avec deux d’entre eux, son tuteur avec lequel il a effectué 80% du stage et une conseillère qu’il a suivie durant deux jours. Quelle représentation aviez-vous d’un CIO avant d’y faire un stage ? Je pensais trouver un centre d’information avec des professionnels non psychologues spécialisés dans l’orientation et l’information. Pour moi, les personnels de ce centre n’intervenaient pas en dehors du bâtiment du CIO et je pensais qu’on n’y pratiquait que l’accueil des lycéens. J’espérais que les élèves avaient la possibilité d’y passer des tests d’intérêts professionnels ou autres. Peut-être y avait-il un psychologue habilité à la passation des tests. C’est ainsi, en tant que sujet naïf, que j’ai effectué ma demande de stage au CIO de Narbonne. Qu’avez-vous observé durant votre stage en CIO ? Le stage s’est déroulé en deux temps, un temps d’observation, d’analyse et d’appropriation des connaissances relatives aux COP, un temps d’intervention et interaction avec le public nécessitant les services d’un COP. J’ai assisté aux entretiens entre les élèves et le conseiller et j’ai pu observer la technique d’entretien de mon tuteur qui s’inscrit dans une optique psychanalytique. Une grande partie du métier de COP consiste à accueillir, renseigner et aider la réflexion des élèves sur leur orientation. Mais il y a aussi une tout autre facette qui consiste en la présence du COP aux concertations avec la direction de l’établissement, le professeur principal, les parents et l’élève à propos du parcours scolaire de ce dernier ou aux conseils de classe. Il peut s’agir de mettre en place des interventions au sein des établissements, de passer des bilans pour orienter les élèves handicapés, etc. Les COP ont différents secteurs qui leur sont attribués. Ils ne sont pas pour autant rattachés aux collèges ou lycées. En effet ceci nuirait à leur indépendance et possibilité d’intervention en tant qu’élément exterieure aux établissements. Les COP peuvent donc se poser en qualité d’expert et ne pas être réduits à être instrumentalisés par les responsables scolaires. Les COP doivent évaluer les élèves pour les commissions spécialisées. Il leur est donc demandé de réaliser des bilans psychologiques et des entretiens pour déterminer si l’élève doit continuer à être suivi ou non. Il bon de préciser que le conseiller ne décide pas pour l’élève, il donne à l’aide d’outils (par exemple la WISC 4) des éléments clefs pour la décision de la commission et il retranscrit via des entretiens le projet des élèves. La mission du COP est d’écouter et de réussir à recentrer l’élève sur sa réussite scolaire, de lui permettre d’avancer et de se focaliser sur la réussite de ses études tout en dépassant les conflits intérieurs qui le troublent. Nous nous sommes également rendus dans différentes classes pour présenter les différentes filières possibles après l’obtention du baccalauréat. Tout un chacun peut effectuer cet exposé de présentation des filières. Là où le COP apporte une différence notable est dans le fait d’amener les élèves à réfléchir, et à lui donner la possibilité de prendre des rendez-vous pour approfondir les possibilités d’orientation qui s’offrent lui. Le but est d’amener l’individu à réfléchir par rapport à ses possibilités d’orientation, ses intérêts et ses capacités. Il est bon de soutenir le projet des individus, mais il faut savoir les conseiller en fonction de leurs capacités effectives et réelles. Une personne myope ne pourra pas devenir pilote d’avion, mais selon ses capacités le COP l’amènera à réfléchir à un métier en rapport avec le milieu de l’aviation. Les rendez-vous sont pris librement par l’élève ou ses parents ou à la demande des professeurs. Le plus souvent, la démarche vient de l’élève lui-même. Le problème se pose alors, de la disponibilité du COP. Souvent l’élève prend rendez-vous au moment où le besoin se fait sentir. Il arrive qu’il ne se présente pas à son rendez-vous car le temps écoulé entre la prise de rendez-vous et la consultation l’élève a supprimé le besoin de consulter. On se retrouve alors en situation de conflit entre le temps logique propre à l’individu et le temps chronologique propre aux normes de la société où évolue l’individu. Le COP a deux possibilités d’action dans les établissements. Il peut rester un acteur passif en restant dans les locaux qui lui sont fournis ou être actif en se faisant connaître des élèves par des actions, des interventions dans les classes des lycées et collèges dont il s’occupe. Le fait d’aller à la rencontre du public provoque par la suite des rendez-vous. Pour ce qui est des adultes, la demande correspond plus à de la recherche d’informations en vue d’une reconversion ou de la réalisation d’un projet professionnel. J’ai pu constater au cours du stage qu’il y a différentes manières d’intervenir en tant que COP auprès du public. Certains conseillers se spécialisent dans l’information et les procédures à suivre. D’autres sont plus portés vers la réflexion et l’évolution mentale des consultants ou encore, le projet professionnel. Mon tuteur centrait son travail sur l’évolution mentale du sujet et la mise en place d’une réflexion sur l’orientation professionnelle. Il se posait en tant qu’aide à la réflexion, mettant en main du consultant les clefs nécessaires pour agir. J’ai donc pu apprendre beaucoup à son contact. Vos représentations du travail en CIO ont-elles été modifiées ? Au cours de ce stage, mes représentations du travail et de la structure du CIO ont radicalement été modifiées. Le CIO n’est pas « un centre d’information avec des professionnels non psychologue spécialisé dans l’orientation et l’information » comme le laisse penser la croyance naïve. Tout d’abord, les intervenants sont des psychologues. L’utilisation de l’outil d’orientation se fait surtout en tant que soutien et apport. Les tests et leurs résultats sont utilisés pour appuyer les propos des COP. Ils permettent au COP de se poser en tant qu’expert. Le plus souvent il y a un manque temps qui ne permet pas d’utiliser tous les outils comme il serait souhaitable. Du coup, les outils sont laissés de côté. On privilégiera lors des entretiens la réflexion du sujet en proposant un travail relatif à l’orientation. Ma vision actuelle des COP est celle de professionnels qui donnent des clefs de réflexion et de perception de soi propices à la réalisation du projet personnel d’orientation. Le COP planifie son intervention sur l’année entière et je n’ai pu assister qu’à une infime partie de ce qui est réellement réalisé au cours de l’année scolaire. Le CIO est un établissement intervenant dans les établissements scolaires. Il a la maîtrise de son action tout en répondant aux demandes formulées par les établissements scolaires. Il n’est pas un établissement à politique fermée. Comme nous avons pu le voir, ses représentants n’interviennent pas seulement pour les actions relatives à l’orientation. Ses agents proposent aux élèves en difficulté dans le milieu scolaire traditionnel des possibilités alternatives pour accéder à des diplômes reconnus. J’ai pu constater que l’on faisait trop l’amalgame entre l’orientation et l’insertion. Pour ce qui est de l’insertion c’est le professionnel qui choisit pour l’élève le parcours à faire. Dans le cadre de l’orientation, le COP aide l’élève à envisager son projet et à y réfléchir. C’est toujours l’élève qui choisit son orientation. Par contre, le COP doit savoir faire prendre conscience à l’élève de ses capacités effectives et réelles. Il doit savoir dire si un projet est réellement envisageable ou non. Il doit donc savoir faire la part des choses sans pour autant dé-cristalliser le projet et la pensée de l’élève. Ce stage m’a amené à voir les aboutissements et l’utilité de pratiquer des démarches d’orientation. Il m’a conforté dans mon sentiment que l’aide en orientation des individus permet de se réaliser. Au cours de mon stage, j’ai plus été en contact avec l’aide à l’orientation qu’avec l’information. Bien que les deux éléments soient indissociables dans le métier de COP, certains privilégieront l’un plus que l’autre. Pour ma part je me sens plus attiré par l’aide à l’orientation et à la réflexion (tests d’intérêts, entretiens, exposé des parcours possibles…), que par le fait de fournir les informations et procédures liées à la réalisation du projet (procédures à mettre en place au niveau juridique, informations clefs sur les établissements, etc.). Le stage m’a aussi permis de découvrir la profession de conseiller d’orientation psychologue, ainsi que l’utilité réelle d’un centre d’information et d’orientation. J’ai pu envisager de nouveaux terrains de recherche qui m’avaient déjà attiré par le passé, le monde du travail et le monde scolaire. Les COP sont amenés à traiter des sujets tels que l’engagement, la motivation, l’absentéisme, le stress et le bien-être à l’école. Tous ces thèmes se retrouvent dans le monde des organisations et du travail : il doit y avoir la possibilité de faire un lien entre les différentes techniques propres au monde du travail et au monde scolaire. Après avoir effectué mon stage dans un CIO, j’invite les étudiants en psychologie à réaliser un stage dans un centre d’information et d’orientation. Pour ma part, l’expérience m’a apporté une nouvelle perception des différents domaines d’interventions de la psychologie et a su éveiller en moi un intérêt pour le métier de COP.