Appel à communication - Institut d`Histoire du Droit

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Appel à communication - Institut d`Histoire du Droit
LE SIÈCLE DE DUPONT DE NEMOURS (1739-1817).
POLITIQUE, DROIT ET HISTOIRE
Colloque en commémoration du bicentenaire de la mort de Pierre-Samuel Dupont de Nemours
14-15 décembre 2017
Lieu : Salle des Conseils – Université Paris II Panthéon-Assas (12 place du Panthéon, Paris 5e).
Pierre-Samuel Dupont de Nemours (1739-1817) appartient à cette galerie de personnages qui
présentent la particularité d’avoir été des acteurs de la France d’avant 1789 et de celle d’après 1789.
Connu pour son appartenance à la « secte des économistes », il apparaît comme l’un des principaux
propagandistes de la doctrine économique des physiocrates, qui a contribué à jeter les fondements du
libéralisme. Or, si la pensée et les propositions du physiocrate économiste ont majoritairement attiré le
regard des chercheurs comme le prouvent les nombreux travaux en la matière, d’autres facettes de
Dupont de Nemours restent encore à explorer et à mettre à perspective. C’est notamment le cas des
idées qu’il a défendues et des actions qu’il a menées dans le domaine politique.
Comme chacun de ses comparses qui a vécu ces deux moments – avant 89, après 89 –, la trajectoire
de Dupont de Nemours est marquée par des permanences et des variations dans certains de ses
engagements et positions politiques qui se reflètent notamment dans ses écrits à la fois nombreux et
protéiformes (ouvrages, articles, rapports, mémoires, correspondance…). Plutôt que de céder à
l’hypothèse facile de l’opportunisme, il apparaît plus prudent d’identifier les repositionnements du
personnage en fonction des fluctuations de la conjoncture politique, extrêmement mobile dès les
années 1780. Quoi qu’il en soit, il ne fait nul doute que les idées et les actions politiques imprègnent la
vie – parfois romanesque (romancée ?) – de Dupont de Nemours. Un rappel de quelques étapes
importantes de cette vie suffit pour s’en convaincre.
À la fin des années 1760 et au cours de la décennie suivante, en physiocrate assumé, Dupont de
Nemours se fait le chantre d’une monarchie régénérée qui reposerait sur les préceptes du despotisme
légal. Un tel positionnement idéologique le conduit alors à vanter les mérites, sur le plan de
l’organisation administrative, d’un système de municipalités autonomes alors qu’il est devenu le bras
droit du contrôleur général Turgot. Sa volonté de réformer les institutions attire la curiosité des princes
éclairés (le roi de Suède Gustave III, le margrave de Bade Charles-Frédéric et le roi de Pologne
Stanislas Poniatowski) auprès desquels il est appelé à exercer ses talents. En 1783, il est associé par
Vergennes à la confection du traité qui reconnaît les treize colonies libres, indépendantes et
souveraines, formant les États-Unis, ce qui lui vaut d’être anobli par Louis XVI l’année suivante. En
1786, il contribue également à la préparation du traité de commerce avec l’Angleterre. En 1787, année
durant laquelle il fait la connaissance de Thomas Jefferson avec qui il entretiendra une importante
correspondance, Dupont de Nemours conseille et guide le ministre Calonne dans son projet de création
d’assemblées provinciales, ce qui ne l’empêche pas de promouvoir quelques mois plus tard, dans un
contexte politique et intellectuel nouveau, une monarchie tempérée dans laquelle la nation est appelée
à occuper une place stratégique. Membre depuis la fin de l’année 1788 de l’influente Société des
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Trente, il participe activement à la rédaction des doléances du tiers état du bailliage de Nemours, dont il
sera l’un des représentants aux États généraux. Le basculement révolutionnaire lui permet de devenir
député de l’Assemblée nationale constituante et de se montrer très actif au cours de son mandat, tout
en manifestant une entière fidélité à Louis XVI et un soutien assumé à la monarchie constitutionnelle,
jusqu’à sa disparition en 1792. Après la parenthèse de la Terreur et quelques jours d’emprisonnement,
il est élu député du Loiret au Conseil des Anciens où il prend une part importante à tous ses travaux et
se distingue surtout par ses critiques à l’encontre du Directoire. Après le coup d’État du 18 fructidor, il
est de nouveau emprisonné quelque temps à cause de ses sympathies royalistes et échappe de peu à
la déportation. À la fin de l’année 1799, il décide de s’exiler aux États-Unis. Dès l’année suivante,
Jefferson, qui est devenu vice-président, lui demande de rédiger un plan d’éducation publique pour les
États-Unis. En 1802, de retour en France, il joue un rôle officieux et déterminant dans les relations
diplomatiques franco-américaines, à propos de la cession de la Louisiane. Opposé à la politique de
l’empereur, il se consacre alors à ses travaux scientifiques, tout en s’intéressant toujours de très près à
la politique américaine. Après avoir été secrétaire puis vice-président de la Chambre de commerce de
Paris entre 1803 et 1810, il est nommé secrétaire du gouvernement provisoire en 1814 puis rentre au
Conseil d’État sous la première Restauration. Or, l’épisode des Cent-Jours le contraint à repartir aux
États-Unis où, à peine arrivé, il propose ses services au président Madison. Il décède en 1817 à
Wilmington (Delaware), dans la propriété familiale fondée par son fils Éleuthère Irénée.
Appréhender la pensée et l’action politiques de Dupont de Nemours à travers ces multiples facettes
(journaliste, conseiller des princes, des ministres, des présidents, négociateur, diplomate, député…)
soulève une multitude de questions que cette manifestation se propose d’aborder, et qui visent à la fois
à éclairer un aspect méconnu du personnage et approfondir certaines de ses idées ou entreprises.
Les propositions devront de préférence porter, d’une part, sur la période postérieure au décès de
François Quesnay et à la dispersion de la « secte physiocratique », soit du ministère Turgot à l’exil
américain ; et, d’autre part, sur les questions d’ordre politique, constitutionnelles, diplomatiques,
administratives, historiques… Les organisateurs souhaitent que celles-ci soient abordées, dans la
mesure du possible, non seulement sous un angle comparatiste, avec pour cadre les États européens
ou les États-Unis, mais aussi sous un angle interdisciplinaire, afin de confronter la vision des
historiens du droit, des politistes, des historiens des lettres, des juristes, des sociologues, etc.
Parmi les thèmes rarement traités en profondeur, voici quelques pistes, sans exhaustivité aucune :
- Dupont, penseur et acteur du droit public : droits de l’homme, nature du régime politique idéal, droit
constitutionnel (organisation des pouvoirs, souveraineté, hiérarchie des normes, processus de
création de la loi…), administration territoriale et locale, fiscalité et finances publiques…
- Dupont et le monde atlantique : la révolution américaine, les institutions américaines et la vie
politique ; la question coloniale…
- Dupont diplomate et penseur des relations internationales : le traité de Versailles de 1783, le traité
franco-britannique de 1786, le Pacte de Famille, la cession de la Louisiane…
- Entre vie privée et vie publique : si le « sentimentalisme » de Dupont a déjà été relevé, il pourrait
être prolongé par l'étude de ses idées sur les liens entre la vie familiale, la sensibilité et la
production des idées, et éclairé par sa manière de vivre lui-même une forme de porosité entre
l'homme public et l'homme privé.
- Dupont et le patriotisme, Dupont et la religion, Dupont historien…
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Contact :
Les propositions de communication doivent être déposées de préférence sur le site :
https://dupont2017.sciencesconf.org ou envoyées par mail aux organisateurs : [email protected] ; [email protected], avant le 30 mars 2017.
Merci de joindre une présentation succincte de la communication envisagée avec indication des
sources (2500 signes maximum espaces compris) avec son titre et un court curriculum vitae.
Comité d’organisation :
Anthony MERGEY, professeur d’histoire du droit, Université Paris II Panthéon-Assas – Institut d’Histoire
du Droit (UMR 7184)
Arnault SKORNICKI, maître de conférences en science politique, Université Paris Ouest Nanterre –
Institut des Sciences sociales du Politique (UMR 7220)
Comité scientifique international :
-
Manuela ALBERTONE, professeur d’histoire moderne, Université de Turin
Eric GOJOSSO, professeur d’histoire du droit, Université de Poitiers
Christophe LE DIGOL, maître de conférences en science politique, Université Paris Ouest Nanterre
Anthony MERGEY, professeur d’histoire du droit, Université Paris II Panthéon-Assas
Laurent REVERSO, professeur d’histoire du droit, Université de Toulon
Arnault SKORNICKI, maître de conférences en science politique, Université Paris Ouest Nanterre
Liana VARDI, professeur d’histoire moderne, Université de Buffalo
Anne VERJUS, directrice de recherche au CNRS, ENS de Lyon
Richard WHATMORE, professeur d’histoire moderne, Université de St Andrews
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