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20ANS
20 ANS
de Prix Lucioles
Librairie Lucioles
1990
Les éditions Alinea publient un livre d'un écrivain lituanien inconnu au bataillon :
Youozas Baltouchis. Jacques et Diane Kolnikoff y croient beaucoup et accompagnent le service de presse qu'ils envoient à Lucioles de ces quelques mots : « voici
La Saga de Youza. C'est un roman d'exception, un livre rare et très attachant. Il
est traversé, comme une symphonie, par les tumultes et les bruissements de cette
terre de Lituanie. »
Quel bonheur pour un libraire de découvrir un tel chef d'œuvre pétri de tant
d'humanité. Comment la littérature peut-elle à ce point décrire le monde ? A
travers le destin de Youza, ce paysan lituanien qui va, à la suite d'une déception
amoureuse s'isoler dans un coin perdu du kaïrabalé, c'est toute l'histoire du
XXème siècle qui frappe à la fenêtre de ce Youza qui voulait fuir le monde. Et
quelle langue ! Quelle prouesse de traduction ! Roman du terroir, roman
universel, roman accessible à un très large public.
Je me souviens de mon grand-père qui avait aimé ce Youza, paysan comme lui. Je
me souviens de Jean Rouaud, lauréat cette année du prix Goncourt pour un
premier roman Les champs d'honneur, remettant symboliquement le prix aux
éditeurs. Je me souviens des bandes « prix lucioles » bricolées à la va vite,
photocopiées et découpées pas toujours très droit !
Je me souviens de l'engouement des lecteurs pour ce chef-d'œuvre, certains en
achetant trois d'un coup pour les offrir. Je me souviens de confrères libraires à qui
j'avais communiqué mon enthousiasme. La librairie n'était pas informatisée à cette
époque et je ne sais pas exactement combien nous avons vendu à Lucioles de
« saga », probablement plusieurs centaines (autant que le Goncourt de
Jean Rouaud !).
Nous n'avions pas réfléchi à la possibilité de décerner chaque année un
prix Lucioles et ce sont les lecteurs qui nous en ont donné l'idée…
Il n'a jamais manqué, chaque année depuis 20 ans, de livres magnifiques, oubliés par la presse et à qui la lueur des lucioles a donné un peu
d'éclat !
Je me souviens avec émotion de la création du « Prix Lucioles des lecteurs »
composé dès l'origine en 1997 de lecteurs passionnés, exigeants et conviviaux qui
sont, au fil des années, devenus des amis. Quel bonheur de partager cette passion
des livres avec des lecteurs enthousiastes, défendant avec énergie leurs choix,
toujours respectueux de ceux des autres.
Nous ne sommes pas prêts d'oublier ces fous rires, ces joyeuses engueulades, ces
furieux emportements… se terminant toujours par des petits plats confectionnés
avec amour et des vins délicieusement choisis. Tant il est vrai que le plaisir des
sens est indissociable de ces jouissives lectures !
Puissiez-vous partager avec nous ces bonheurs de lecture.
Michel Bazin, librairie Lucioles
1
1991
Prix Lucioles : La saga de Youza de Youozas Baltouchis
Ed. Alinéa / Pocket
(traduit du russe et du lituanien par Denise Yoccoz-Neugnot, collab. Guenovaïté
Kachinshkiéné)
1992
Prix Lucioles : Jan Marhoul de Vancura
Ed. Ombres
(traduit du tchèque par A. Pohorsky, J.F. Chanet)
1993
Prix Lucioles : Le voyageur et le clair de lune d'Antal Szerb
Ed. Alinéa
(traduit du hongrois par Charles Zaremba et Natalia Zaremba-Husvai)
1994
Prix Lucioles : Cantique des plaines de Nancy Huston
Ed. Actes Sud / Babel
Je me souviens avec émotion du premier lauréat invité en 1994,
une certaine Nancy Huston dont Cantique des plaines nous avait
bouleversés. Je revois Nancy lisant des passages de son livre au
fond de la librairie débarrassée en quatrième vitesse de tous les
présentoirs (à l'époque nous n'avions pas notre espace « Jérôme
Lindon ») et le cercle des lecteurs suspendus à ses lèvres.
Michel Bazin
1995
Prix Lucioles : De beaux lendemains de Russell Banks
Ed. Actes Sud / Babel
(traduit de l'américain par Christine Le Bœuf)
J'ai découvert la librairie Lucioles à l'occasion de la remise
à Russel Banks du prix Lucioles pour son roman, De beaux
lendemains, dont j'avais eu le bonheur d'être la traductrice.
Après avoir été émerveillés par le charme de la ville - et le
petit « temple romain » qui fait face à la librairie -, nous
l'avons été encore plus, Hubert Nyssen et moi, par la librairie elle-même, l'évident amour de la lecture qui y est partout
sensible, et les gens chaleureux et enthousiastes qui l'animent. Ce souvenir nous est resté précieux et je remercie
Michel Bazin et ses collaborateurs d'être là et de faire, si
bien, ce qu'ils font.
Christine Le Bœuf, traductrice
1996
Prix Lucioles : La gloire des Pythre de Richard Millet
Ed. Pol / Folio
La famille Pythre, au siècle dernier en Corrèze, sur le plateau de Millevaches.
André Pythre quitte ce plateau pour s'installer, avec «une demeurée, une
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innocente », de l'autre côté du plateau, le bout du monde. On
va suivre trois générations de cette famille, plus proche des
morts que des vivants.
Dans ce trou ignoré du monde, ce pays sent la mort. Cette
puanteur colle à la peau des personnages toute leur vie. De la
même façon, elle nous poursuit longtemps après la lecture de
ce roman : on plonge dans l'univers de la mort et de son
insupportable odeur.
Richard Millet nous entraîne avec un rythme envoûtant chez
des « taiseux » hors du commun, dans un roman noir,
farouche, bestial, talentueux. Ni rire, ni bonheur, seulement de
la maudissure.
Mireille Baudrand
1997
Prix Lucioles : La mandoline du capitaine Corelli de Louis de Bernières
Ed. Denoël / Folio
(traduit de l'anglais par Fanchita Gonzales-Batlle)
Prix des Lecteurs : Le liseur de Bernhard Schlink
Ed. Gallimard / Folio
(traduit de l'allemand par Bernard Lortholary)
1998
Prix Lucioles : Le grand passage de Cormac McCarthy
Ed. de l'Olivier / Points
(traduit de l'américain par François Hirsch, Patricia Schaeffer)
Au téléphone
« Nous venons d'attribuer le prix Lucioles 1997 à Cormac
McCarthy pour son dernier roman, Le Grand Passage.
Peux-tu lui demander s'il accepterait de se rendre à Vienne
pour recevoir son prix ? »
Jusque là, j'avais toujours considéré Michel Bazin comme
un homme plutôt sensé. Je m'efforçai de lui faire comprendre que Cormac McCarthy ne pouvait en aucun cas
répondre à son invitation : comme Pynchon et Salinger,
McCarthy avait cessé depuis longtemps d'apparaître en
public, et réduit à presque rien tout contact professionnel.
Devant sa déception, je promis à Michel d'écrire à l'auteur
pour lui transmettre officiellement l'invitation - qui sait, l'ermite de Santa Fé
daignerait peut-être faire une exception pour lui ?
Une semaine plus tard, une jeune personne en stage à l'Olivier frappa à la porte
de mon bureau pour me signaler qu'un certain McCarthy demandait à me parler.
« OK, dis-je, agacé. Dites à ce monsieur que je n'ai pas le temps de répondre à ce
genre de blagues téléphonique. »
Deux minutes ne s'étaient pas écoulées qu'elle revenait à la charge : « Il insiste. »
Saisi d'un pressentiment, je pris la communication : c'était LUI !
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La conversation qui suivit est restée gravée dans ma mémoire. Contrairement à la
légende, Cormac McCarthy est un homme affable et d'une politesse exquise. Il
commença par m'expliquer que cette distinction était pour lui de la plus haute
importance, et qu'il aurait volontiers fait le déplacement si sa femme n'avait pas
été sur le point d'accoucher. Puis il me pria de bien vouloir descendre à Vienne
pour recevoir le prix en son nom. J'acceptai, évidemment. Il me demanda si le livre
se vendait bien , et dans quel genre de librairies (chaînes ? librairies indépendantes ?), m'interrogea sur l'accueil de la critique (que disait Le Monde ? et
Libération ?). Bref, il se montra curieux et informé de tout. Il enchaîna sur le
prochain volume de la « Trilogie des confins », et me demanda si le titre qu'il avait
retenu, Cities of the Plain, ne risquait pas de poser un problème.
« - Un problème ? dis-je . Quel problème ?
- Je veux dire : avec Proust. »
Il m'apprit que Cities of the Plain désignait, dans la Bible, Sodome et Gomorrhe,
qui se trouve être le titre d'un des volumes de la Recherche. Puis il voulut connaître mon opinion sur les mérites respectifs de l'ancienne traduction de Proust par
Scott Moncrieff (Remembrance of Things Past) et de la nouvelle traduction parue
récemment chez Penguin (In Search of Lost Time). Embarrassé, je tentai de m'en
sortir en émettant une hypothèse saugrenue : y avait-il donc un rapport entre sa
Trilogie et l'œuvre de Proust ? Et si oui, lequel ?
Ma question sembla l'amuser beaucoup.
« Devinez ! », dit-il.
Depuis, j'ai réfléchi à cette hypothèse. Plus le temps passe, plus elle me semble
pertinente. Je pense même avoir trouvé la réponse.
Si vous voulez la connaître, il faudra vous montrer patients. En effet, j'en réserve
la primeur à Cormac McCarthy lui-même.
J'envisage de lui téléphoner, disons dans un avenir proche.
Olivier Cohen, directeur des éditions de l'Olivier
Prix des Lecteurs : Antigone de Henry Bauchau
Ed.Actes Sud / Babel
Je me souviens des mots d'Henry Bauchau (Prix Lucioles des
lecteurs pour Antigone en 1998) que Françoise Nyssen, la
directrice d'Actes Sud avait lus :
« Chers amis, je vous remercie de l'intérêt que vous avez porté
à mon livre et de l'honneur que vous m'avez fait. J'aurais aimé
me trouver parmi vous et regrette que mon état de santé ne me
l'ait pas permis. Flaubert a écrit : « Un livre est pour moi une
façon de vivre ». Si je vous parle aujourd'hui de la lumière
Antigone et même de la lumière Antigone en lumière acharnée
c'est parce qu'elle a été pour moi aussi une façon de vivre. »
Michel Bazin
4
1999
Prix Lucioles : La source cachée de Hella S. Haasse
Ed. Actes Sud / Babel
(traduit du néerlandais par Annie Kroon)
Prix des Lecteurs : Le seigneur des porcheries de Tristan Egolf
Ed. Gallimard / Folio
(traduit de l'anglais par Rémy Lambrechts)
Je n'ai lu La source cachée qu'une seule fois et je me souviens
encore avec une précision rare de la première page de ce livre. Le
roman s'ouvre sur une description troublante et d'une grande
douceur d'un domaine que le narrateur découvre en même temps que nous. Cela a
quelque chose de magique et l'on s'attend à tout instant à voir apparaître une fée
au détour d'un buisson. Arrivé là pour se débarrasser des vieux fantômes de sa
femme, l'homme se laisse envoûter par la présence partout sensible de sa bellemère, jeune femme romantique, tragiquement tourmentée et trop tôt disparue. De
jour en jour il repousse le moment de repartir vers son univers cartésien et réglé
pour se laisser porter par la magie du lieu. La source cachée est un livre romantique, son écriture est à l'image d'Hella S. Haasse, douce, posée, discrètement
brillante et marquante comme un fer dans la mémoire.
Quant au Seigneur des porcheries, il fut pour moi une révélation en littérature, c'était la première fois que je me disais
consciemment : "un livre peut faire ça". Et "ça" était un sentiment de jouissance explosif, une envie de tout casser, une
empathie mémorable avec le héros, laid, mal-aimé, prêt à
lever une armée de gueux et de bras cassés détruits par la vie
et de foutre le feu à la bêtise, la méchanceté, l'ignorance
crasse, la bigoterie,c'est à dire contre tout et tout le monde au
final. Juste pour qu'on le laisse enfin en paix.
Le roman possède toute l'énergie, toute la violence, toute la
rebellion et tout le rire que seul un écrivain de premier plan
peut transmettre avec autant de force et ce "trop tôt disparu", cet écorché vif
n'aura pas eu le temps de nous laisser grand chose d'autre que cette torche
incendiaire contre la connerie humaine.
Michel Edo
2000
Prix Lucioles : La fille de l'homme au piano de Timothy Findley
Ed. Serpent à Plumes / Folio
(traduit de l'anglais par Isabelle Maillet)
Prix des Lecteurs : Naufrages d'Akira Yoshimura
Ed. Actes Sud / Babel
(traduit du japonais par Rose-Marie Makino-Fayolle)
5
2001
Prix Lucioles : Quelques-uns des cent regrets de Philippe Claudel
Ed. Balland / Folio
Prix des Lecteurs : Derrière la colline de Xavier Hanotte
Ed. Belfond / Espace Nord
Philippe Claudel écrit la beauté des vies ordinaires, il les
magnifie. Elles sont simples et belles. Dans Quelques-uns
des cents regrets, un homme revient dans sa ville natale pour
assister à l'enterrement de sa mère qu'il a abandonnée seize
années plus tôt parce qu'elle refusait de lui révéler l'identité
de son père.
Quelques-uns des cent regrets est le secret improbable d'une
mère qui, par pudeur, par amour, n'a pas osé dire la vérité
à son fils, le nom de son père.
Ce nom, elle l'a écrit doucement sur un papier fermé « dans
une enveloppe blanche, mince, fragile ». Sur cette enveloppe, elle a écrit : « de sa belle écriture maladroite et ronde : voilà ce que tu
voulais tant connaître. »
L'écriture de Philippe Claudel, patiente, humaine est d'une incroyable beauté. Il
donne grâce à la nostalgie et sublime la mélancolie. Elle dit très justement la
beauté des vies simples, des non-dits, des retenues, de l'Amour ; elle exalte leur
temps. Philippe Claudel écrit des émotions douces. Il écrit la vie, notre vie avec
délicatesse et sensualité.
Bernard Foltz
Le prix Lucioles est le premier prix véritable que j'ai reçu. Lorsque je dis véritable, je veux dire sincère et sans calcul. Le fait qu'il soit décerné par des lecteurs et
des fidèles d'une belle librairie est une garantie d'honnêteté, ce qui n'est hélas pas
toujours le cas lorsqu'il s'agit des récompenses littéraires et en particulier des plus
connues d'entre elles. Chaque livre établit une communauté: initiée par l'auteur,
elle rassemble en son sein un nombre plus ou moins important de personnes qui
ont en commun le voyage dans le livre lu. En ces temps d'individualisme et
d'égoïsme, les livres peuvent jouer ce rôle qui consiste à relier, à unir, à faire dialoguer, et inventer un prix de lecteurs, l'animer, le faire vivre, c'est prolonger les
mots écrits, les faire sonner, leur donner une chair et un sang qui bat. Lorsque
Quelques-uns des cent regrets avait été couronné par le Prix Lucioles, j'en avais
été encore plus particulièrement heureux car ce roman était passé un peu inaperçu
à sa sortie. La preuve aussi que ce prix se défie des modes et des engouements
médiatiques, mais va chercher des livres abandonnés, secrets, délaissés, pour leur
donner une autre chance. Celle d'être découvert et parfois de durer. Chaque fois
désormais qu'on me fait dédicacer ce roman, j'ai une petite pensée pour les
lecteurs de Lucioles, pour les libraires amis qui font vivre cette belle librairie,
pour les bons moments d'échange, et notamment avec Xavier Hanotte, lauréat du
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prix des lecteurs cette année-là, les sourires, les poignées de main, les verres
entrechoqués sous le ciel de Vienne.
Merci à toutes et à tous, et que continue donc l'humaine aventure!
Philippe Claudel, écrivain
2002
Prix Lucioles : La femme Dieu d'Yves Bichet
Ed. Fayard
Prix des Lecteurs : Art brut d'Emile Brami
Ed. Ecriture
Bègue, manchot, pratiquement analphabète, interné avantguerre et vivant depuis quarante ans dans le pavillon de
l'hôpital psychiatrique dans lequel il a été « soigné » Emile
Lepère -dit « le père Mimile »- « comme Dieu le Père luimême, ce qui n'est pas rien pour un créateur » est une
énigme.
Emile Lepère peint ; il est devenu un artiste renommé. « Sa
folie », grande inspiratrice, est ce cadeau que les dieux lui ont
fait pour « lui apprendre à regarder autrement le monde ».
L'art Brut du père Mimile n'est pas né et n'a pas évolué par
hasard. Il est sa vérité, son unique moyen d'expression ;
l'expression figée et silencieuse des traumatismes du Mal.
Bernard Foltz
2003
Prix Lucioles : Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil d'Haruki
Murakami
Ed. Belfond / 10.18
(traduit du japonais par Corinne Atlan)
Traducteur au Japon de Scott Fitzgerald, John Irving, Raymond Carver,
H. Murakami est surtout un immense écrivain, auteur de romans tels que La
ballade de l'impossible, Kafka sur le rivage (Prix Lucioles des Lycéens 2007)…
En 2002 parait Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil, l'occasion de découvrir
un petit bijou littéraire.
Une situation stable, ancrée dans le quotidien de la vie, une
famille apparemment unie ; lorsque l'époux modèle, Hajime,
rencontre son premier amour de jeunesse, le roman bascule
dans une forme de surréalisme empli de poésie et de
fraîcheur.
La quête de l'essentiel entre songe et réalité, le lien passionnant entre deux personnages attachants qui se croisent et se
décroisent, repoussent toutes les frontières du voyage
intérieur dans lequel Murakami nous entraîne avec
subtilité…
Alain Bélier
7
Prix des Lecteurs : Un ami parfait de Martin Suter
Ed. Bourgois / Points
(traduit de l'allemand par Olivier Mannoni)
Victime d'une agression, Fabio Rossi se réveille à l'hôpital
après un trou amnésique de cinquante jours… Commence
alors un véritable thriller qui le verra soupçonner son
meilleur ami. Et le lecteur, selon une des lois du genre, n'en
sait pas plus que le héros lui-même…
Au-delà de l'intrigue romanesque, ce qui intéresse surtout
l'écrivain suisse allemand Martin Suter, c'est l'exploration
de la mémoire dans ses manifestations pathologiques
(Alzheimer dans son premier roman Small world, amnésie
ici) qui peut déboucher sur une découverte de soi… ou d'un
autre soi-même. Comme le dit le docteur Loiseau à Fabio :
« En chacun de nous sommeille notre propre contraire. Et
presque chacun de nous arrive, à un certain moment de sa vie, au point où il
vérifie s'il ne s'agit pas par hasard de sa véritable personnalité. »
Pierre Domeyne
Prix nouvelles : La brûlure des cordes (Million Dollar Baby) de F.X. Toole
Ed. Albin Michel / Livre de Poche
(traduit de l'américain par Bernard Cohen)
2004
Prix Lucioles : La douleur de Manfred de Robert Mcliam Wilson
Ed.Bourgois / 10.18
(traduit de l'anglais par Brice Matthieussent)
Prix des Lecteurs : La part des chiens de Marcus Malte
Ed. Zulma / Folio
Prix nouvelles : Le meilleur des mondes de Quim Monzo
Ed. J. Chambon
(traduit du catalan par Edmond Raillard)
2005
Prix Lucioles : Le son de ma voix de Ron Butlin
Ed. Quidam
(traduit de l'anglais Valérie Morlot)
Il s'appelle Morris Magellan, du nom du célèbre navigateur portugais qui le premier, effectua le tour du globe au
début du XVIe siècle. Lui n'est pas marin mais cadre dirigeant d'une biscuiterie en Écosse, et il se retrouve un soir
lancé sur l'océan tumultueux de la dépression alcoolique.
Et il n'est écrit nulle part que tous les Magellan retrouvent
un jour leur port d'attache.
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Le Son de ma voix est le récit bouleversant d'un nostalgique maladif qui ne rêve
que de stabilité, d'immuabilité, un personnage superbe qui, ne pouvant empêcher
la ronde des saisons de l'éloigner chaque jour un peu plus de son origine, son point
de départ, largue les amarres une nuit pour le plus douloureux des voyages sur
flots toxiques.
François Reynaud
Prix des Lecteurs : Le vent qui siffle dans les grues de Lidia Jorge
Ed. Métailié
(traduit du portugais par Geneviève Leibrich)
Milène, le personnage principal est une jeune fille étrange
dont les perceptions, d'une lucidité dérangeante, ne peuvent
être mises en mots. Les mots qu'elle entend ne sont pas les
siens, ils ne disent pas ce qu'elle voit et ressent. Le cousin
Jao Paulo a bien essayé de lui faire admettre que pour
parler il faut utiliser les mots des autres ! Personne dans
cette famille n'aurait donc intérêt à entendre et croire ce que
dit Milène ?
Quand elle rencontre Antonino Mata et le suit sur le chantier, elle l'aime, ils s'aiment entre terre et ciel bercés par la musique du vent qui
siffle dans les grues. Lidia Jorge nous livre un magnifique roman dont le souffle,
l'énergie et la poésie continuent de nous habiter bien après la dernière page.
Jacqueline Doulcet
2006
Prix Lucioles : La chorale des maîtres bouchers de Louise Erdrich
Ed. Albin Michel / Livre de Poche
(traduit de l'américain par Isabelle Reinharez)
Dans cette grande fresque romanesque, d'une rare maîtrise, Louise Erdrich nous
fait vivre trente ans de la vie d'une famille d'immigrés allemands aux États-Unis.
Ces Européens, blessés par la Première Guerre mondiale,
vont poser les bases d'une nouvelle vie qui leur fera croiser
le chemin de personnages aussi étranges qu'attachants.
Avec un sens consommé du lyrisme et du pathos, l'auteure
nous invite à suivre leurs destinées tourmentées, faites de
grands bonheurs mais aussi de tragédies. Elle nous fait
ainsi découvrir par le petit bout de la lorgnette -une
lorgnette intime et sensible- tout un pan de l'histoire des
Etats-Unis.
Lionel Mignerot
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Prix des Lecteurs : Un monde vacillant de Cynthia Ozick
Ed. de l'Olivier / Points
(traduit de l'américain par Jacqueline Huet et Jean-Pierre Carasso)
2007
Prix Lucioles : La vie rêvée des plantes de Lee Seung-U
Ed. Zulma / Folio
(traduit du coréen par Choi Mikyung et Jean-Noël Juttet)
Un roman qui se lit comme une quête de silence, un
chemin vers l'apaisement et la paix intérieure que semble
précisément rechercher Kihyon, jeune homme en quête de
rédemption et narrateur de cette histoire toute entière bâtie
sur la culpabilité qu'il éprouve envers le sort réservé à son
frère aîné, Uyhon. Celui-ci, amputé des jambes après avoir
sauté sur une mine lors d'un exercice militaire, vit dans
l'ombre du jeune homme passionné qu'il était avant
l'accident. Alors amateur de photographie clandestine et
amoureux d'un jeune fille nommée Yun Sunmi dont la
beauté rendra fou de jalousie son petit frère, il vit à présent
cloué sur un fauteuil roulant, renfermé sur lui-même dans un silence qui le confine,
semble-t-il, à des années lumière du passé joyeux et prometteur qui fut sien.
François Reynaud
Prix des Lecteurs : Samedi de Ian McEwan
Ed. Gallimard / Folio
(traduit de l'anglais par France Camus-Pichon)
Samedi est un jour ordinaire dans la vie du neurochirurgien Henry Perowne : le rituel des courses, la visite à sa
vieille mère en maison de retraite, la partie de squash
avec un ami… Et, soudain, voici que tout bascule à la
suite d'un banal accrochage automobile. La violence
surgit dans le quotidien d'une vie familiale bien réglée…
Ce roman d'un des plus grands écrivains anglais actuels
(Expiation, Sur la plage de chesil) peut se lire comme un
thriller, mais aussi bien comme une réflexion sur la fragilité de nos vies, sur le fonctionnement du cerveau ou sur
le chaos de la société occidentale.
Pierre Domeyne
Prix Nouvelles : Un sentiment d'abandon de Christopher Coake
Ed. Albin Michel / Livre de poche
(traduit de l'américain par Michel Lederer)
10
2008
Prix Lucioles : Blessés de Percival Everett
Ed. Actes Sud / Babel
(traduit de l'anglais par Anne-Laure Tissut)
Le traducteur est un solitaire. Absorbé dans le texte jusqu'à la
remise de sa version, il ne revoit le jour qu'avec elle. Pourtant,
invitée à Vienne par la librairie Lucioles avec l'auteur américain
Percival Everett, dont le roman Blessés s'était vu décerner le
prix Lucioles 2007, j'ai découvert une communauté de lecteurs
soudée autour de libraires fiables et généreux, qui œuvrent à
transmettre leurs passions. La sincérité de l'échange et sa
finesse, entre un public ému de rencontrer l'auteur d'une œuvre
pour eux inédite, et le dit-auteur, peu accoutumé, dans son pays,
à réaction si subtile à son art, m'ont fait comprendre la nature commune de notre
entreprise : auteurs, libraires et traducteurs sommes des passeurs, mus par l'élan
du partage. La librairie de Vienne est de ces lucioles dont la survivance, George
Didi-Huberman il y a peu l'a souligné, importe tant, luisance persistante,
rassurante dans un paysage toujours menacé d'être gagné par les ténèbres.
Anne-Laure Tissut, traductrice
Prix des Lecteurs : A moi pour toujours de Laura Kasischke
Ed. Bourgois / Livre de poche
(traduit de l'anglais par Anne Wicke)
Prix Nouvelles : Déjeuner de famille de John Cheever
Ed. Losfeld
(traduit de l'américain par Dominique Mainard et Florence Levy-Paoloni)
2009
Prix Lucioles : La chambre de Mariana de Aharon Appelfeld
Ed. de l'Olivier / Points
(traduit de l'hébreu par Valérie Zenatti)
Dès les premières lignes, le lecteur est saisi par un rythme,
une douceur, par ce que l'auteur, le grand écrivain israëlien
Aharon Appelfeld, appelle « la musique des mots simples »
qui, dit-il, le conduit vers les visions de son enfance.
C'est bien de l'enfance qu'il s'agit ici, en effet, sur fond de
deuxième guerre mondiale. Fuyant avec sa mère le ghetto et
la menace de la déportation, Hugo, jeune garçon d'une
dizaine d'années, est confié à une femme, Mariana, qui travaille dans une maison close. Commence alors pour lui une
drôle de vie dans un réduit glacial qu'il ne doit quitter sous
aucun prétexte…
Appelfeld, qui avait l'âge de Hugo lorsqu'il s'évada du camp de Transnitrie, en
1942, est tout entier dans cette histoire initiatique racontée avec une grande simplicité, sans pathos ni didactisme. Dans ce très beau roman, Appelfeld maîtrise
totalement l'art du non-dit : tout se lit, et se dit, à travers un rai de lumière, une
branche d'arbre qui bourgeonne, un morceau de fromage ranci au fond d'une
valise, une émotion dans un corps qui s'éveille, un éclat de voix
inquiétant dans la chambre d'à côté…
Pierre Domeyne
11
Prix des Lecteurs : Dans les veines ce fleuve d'argent de Dario Franceschini
Ed. de l'Arpenteur / Folio
(traduit de l'italien par Chantal Moiroud)
Prix Nouvelles : Bic et autres shorts de Vitaliano Trevisan
Ed. Verdier
(traduit de l'italien par Jean-Luc Defromont)
Les nouvelles de ce recueil révèlent un monde intérieur et une
tentative de saisir ces impressions fugaces qui s'estompent à
peine essaye-t-on de les nommer.
Le langage est au cœur de ce livre bâti sur une cinquantaine
de récits très brefs, mettant en scène tantôt un sentiment, une
action et tantôt un souvenir, une vie passée. Entre conte philosophique et récit intimiste, Trevisan rend compte du déracinement, de la solitude, du travail, des impasses du monde
moderne.
La forme est musicale, rythmée, scandée. Le terme « short » est directement lié à
la musique puisqu'il désignait, dans les années quarante, ces courts métrages qui
présentaient des morceaux de jazz. On retrouve dans ces textes ce mélange de
construction rigoureuse et de liberté aventureuse, d'improvisation libre.
Renaud Junillon
2010
Prix Lucioles : Terre des affranchis de Liliana Lazar
Ed. Gaïa / Babel
Recevoir un prix littéraire pour son premier roman est gratifiant et encourageant. Le livre échappe à son auteur dès son
édition et grandit grâce au soutien des lecteurs. Et si les prix
des lecteurs sont une reconnaissance du public, un prix des
libraires comme le Prix Lucioles est une reconnaissance des
professionnels du livre. Car les libraires ne sont pas des
lecteurs comme les autres. A chaque fois que l'un d'entre eux
me confie avoir recommandé mon livre, j'ai le sentiment
d'avoir reçu un nouveau prix. Terre des Affranchis doit son
succès à tous ces professionnels qui l'accompagnent depuis
plus d'une année.
Liliana Lazar, écrivain
Prix des Lecteurs : Julius Winsome de Gerard Donovan
Ed Seuil /Points
(traduit de l'anglais par Georges-Michel Sarotte)
Prix Nouvelles : Le koala tueur de Kenneth Cook
Ed. Autrement
(traduit de l'anglais par Mireille Vignol)
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Cette plaquette a été réalisée avec le concours de la DRAC et de la région Rhône-Alpes.
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