Jean-Guihen Queyras au festival d`Aldeburgh « Aller + Loin

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JEAN-GUIHEN QUEYRAS AU FESTIVAL D’ALDEBURGH
Le 2 juillet 2015 par Olivier Mabille
Aller + loin, Artistes, Entretiens
Dans le cadre du festival d’Aldeburgh, le violoncelliste Jean-Guihen Queyras nous reçoit, juste après une formidable
performance du Quatuor pour la fin du temps, donnée dans l’église de Blythburgh (cf. notre chronique de ce concert et
du festival). Il nous parle d’Aldeburgh, des œuvres qu’il y a données, et de ses projets.
Resmusica : Ce n’est pas la première fois que vous
venez au festival d’Aldeburgh : qu’est-ce qui le rend
spécial ?
Jean-Guihen Queyras : D’abord, on a un peu l’impression
d’être au bout du monde. C’est un endroit protégé du tumulte
de la grande ville. Il y a dans cette campagne et ce ciel une sorte
de nostalgie, qui a un lien très fort avec la musique de Britten :
les années précédentes, j’ai d’ailleurs joué ses Suites et sa
Symphonie concertante pour violoncelle. Bref, c’est un lieu
inspirant, on peut le dire sans fétichisme, un peu comme la
salle du conservatoire de Moscou, où Sviatoslav Richter a si
longtemps joué.
« Aldeburgh est un lieu inspirant. »
R. : Venons au programme d’aujourd’hui : quel lien
peut-on faire entre ces pièces de Carter, Ravel et
Messiaen ?
J - G. Q. : Naturellement, c’est Pierre-Laurent Aimard, le
directeur artistique du festival, qui a composé ce programme.
La filiation Ravel-Messiaen est assez évidente, on peut
vraiment parler d’école française. Quant aux Epigrams de
Carter, par delà le contraste, il y a une parenté dans le rapport à
la mort : c’est sa dernière œuvre, qu’il a terminée quelques
jours avant d’entrer à l’hôpital.
R. : Et la Sonate de Debussy, que vous avez jouée hier, que signifie-t-elle, selon vous ?
J - G. Q. : On est là aussi dans une de ses dernières œuvres : on a l’impression qu’il cherche à se dépouiller de tout poids inutile. La partie de
piano est incroyablement décharnée, et le caractère vraiment lunatique.
R. : Et enfin le Trio « Visiones » de Martin Suckling, qui a été joué pour la première fois ?
J - G. Q. : C’est une pièce très poétique. Comme le compositeur est un élève de George Benjamin, on retrouve cette influence française. Il y a
par exemple du Grisey dans le jeu sur les intervalles et dans la façon dont chaque instrument développe son propre ostinato, ce qui crée un
effet kaléidoscopique. C’est une œuvre très réussie, que je serais content de rejouer.
R. : Vous serez en résidence au Wigmore Hall pour la saison 2015-2016…
J - G. Q. : C’est un des plus beaux lieux historiques pour la musique de chambre, et j’étais ravi qu’on me propose cette résidence. Le public
londonien est très exigeant, parce qu’il a vu tous les grands, mais il n’est pas prétentieux. C’est une salle que j’aime beaucoup, et puis ce sera
l’occasion de retrouver mes amis, comme Emmanuel Pahud, Eric Le Sage, etc., pour jouer les grandes œuvres du répertoire de chambre.
R. : D’autres projets à venir ?
J - G. Q. : Cet été, c’est surtout le festival de Forcalquier (Rencontres musicales de Haute-Provence) qui va m’occuper. Je l’ai fondé il y a 26
ans avec mon frère Pierre-Olivier. Pierre Boulez a toujours été un soutien pour le festival, et nous marquerons évidemment son
anniversaire : il y aura une œuvre de lui quasiment à chaque concert, et aussi des compositeurs qu’il aime diriger (Bruckner et Bartók,
toujours en musique de chambre), et des œuvres composées pour ses précédents anniversaires. Et puis, on pourra entendre Debussy, Ravel,
la seconde école de Vienne, et trois créations : des œuvres de Michael Jarrell, Philippe Schoeller et Jörg Widmann.
Propos recueillis au Cookes Cottage de Blythburg, le 21 juin 2015.
Crédits photographiques : Jean-Guihen Queyras © DR
03/07/2015 11:17