bilan de l`opération. - Dis

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bilan de l`opération. - Dis
DIS-MOI DIX MOTS
Partenariat entre le GRETA MTE 93 et le Musée de La Poste
Dans le cadre de l’opération « Dis-moi dix mots... à la folie » proposée par la Délégation
générale à la langue française et aux langues de France, le Musée de La Poste et le GRETA
MTE 93 de Bobigny se sont associés pour réaliser un projet d’écriture créative avec un
public en apprentissage du français.
Trois séances : 20 décembre 2013, 8 janvier, 23 janvier 2014 au GRETA MTE 93 à Bobigny
18 participants : 12 stagiaires de profil FLE non communicants et 6 Alpha débutants et non
scolarisés.
Restitution et mise en commun des travaux le 4 février 2014 sous la forme d’une
exposition sur grilles dans le hall du GRETA, collège Pierre Semard à Bobigny. Itinérance
prévue de l’exposition.
Objectifs :
- Enrichissement lexical
- Expression orale en situation (échange entre les stagiaires sur les matériaux, les
objets utilisés …)
- Échange interculturel (le sens et l’équivalent de ces mots dans différents pays : en
Afrique, au Srilanka, en Algérie, au Maroc, en Inde, …)
- Réaliser une œuvre et participer à un projet international
- Valorisation des parcours et mise en confiance
- Apprentissage de l’écrit pour les niveaux alpha.
- Donner du sens à un projet d’écriture dans le cadre d’un partenariat
- Education à la citoyenneté (participer à un projet et donner son opinion) et
socialisation
- Travailler en réseau (valoriser le travail de partenariat entre les deux structures)
Matériel fourni par le Musée de La Poste: matériel de loisirs créatifs supports A5, A3,
papiers colorés, feutres, revues à découper, ciseaux, colles
Bilan des trois ateliers :
Les stagiaires FLE ont travaillé les productions écrites à partir des structures répétitives de
poèmes français connus tels que les anthologies de Jacques Prévert, de Verlaine, Paul
Eluard, Paul Fort… et de poèmes d’autres auteurs étrangers comme Rachid Boudjedra et
Slimane Azem.
Avec les «Alphas » ont été abordées les étapes de l'apprentissage de la combinatoire de
l’écrit à savoir le déchiffrage, l'identification de mots et la compréhension et le réemploi des
mots dans un contexte linguistique. Le partage des tâches et les échanges entre la
formatrice du Greta et la référente du Musée de La Poste s’est fait spontanément. A l’issue
de chaque séance, un compte-rendu a été produit conjointement afin de faire un point sur
les difficultés éventuelles ou les éléments à améliorer.
Chacun, selon son niveau, a contribué à la réalisation du projet. Les deux groupes au départ
séparés se sont vites mélangés.
La première séance a permis de voir les réactions des stagiaires face aux mots et d’adapter
le contenu à leur niveau et leurs envies. Progressivement, chacun a pris ses marques. Le
groupe était divisé en deux sous-groupes, celui qui maîtrisait le moins l’écrit a
principalement travaillé autour de l’alphabet, tandis que l’autre groupe s’est davantage
exprimé plastiquement, avec dessins, peinture et poésies. Tous les stagiaires se sont
impliqués dans l’activité. L’atelier a permis à la formatrice de travailler à la fois la
mémorisation de l’alphabet, la sémantique et la réutilisation des mots dans un contexte
linguistique.
Lors de la deuxième séance, les mots ont été revus
collectivement, définis à l’oral à l’aide de mimes, mises en
situation et mises en perspective avec la langue natale des
stagiaires. Ils ont ainsi pu mémoriser les mots et se les
approprier. Outre l’analyse phonologique et sémantique
des mots choisis (sens propre, sens figuré, dérivation
lexicale, valeur péjorative ou méliorative), cette activité a
donné lieu à un travail sur les aspects interculturels de la
langue.
Par exemple, trouver l’équivalence du mot « s’enlivrer » dans leur langue a nécessité une
médiation linguistique très poussée ainsi que l’aide des camarades qui maîtrisent la
langue. Tous les stagiaires ont participé avec aisance à cet exercice et se sont exprimé à
l’oral et à l’écrit. Dans un second temps, les mots ont été illustrés, au sein de poèmes ou
de manière isolée. La question de la corrélation entre l’image et le mot écrit a suscité
beaucoup d’échanges entre les stagiaires. Les poèmes, écrits « à la manière de » et choisis
pour leurs thèmes et la redondance de leurs structures, avaient pour objectif le travail sur
le champ lexical ainsi que la syntaxe pour expérimenter le fonctionnement de la langue
tout en respectant la contrainte de l’emploi des mots prévus.
A la troisième et dernière séance, les travaux commencés et
enrichis par chacun en dehors des ateliers, ont été terminés
dans la perspective d’une exposition. Tous avaient
conscience de l’enjeu et de la valorisation pour l’image de
soi. Les participants se sont investis afin d'aller jusqu'au
bout du projet, dans un climat d’entraide et d’émulation qui
a permis la prise d’initiatives et favorisé la participation à
l'oral.
Même avec une faible maîtrise du français, on peut écrire des poèmes qui ont du sens et
qui parlent à tout le monde. Le choix des poèmes a été largement décidé par les mots à
intégrer (zigzaguer : ville, rue, s'enlivrer : école, charivari, timbré : thème sur les métiers).
« S'enlivrer » a ainsi été utilisé plusieurs fois dans le thème de l'école. « A tire-larigot »
en titre de poèmes. « Ambiancer » a été plus facile à employer. Les structures répétitives
et à la structure syntaxique simple furent le critère retenu dans la sélection des poèmes.
Des poèmes choisis qui parlaient de La Poste en rapport avec le terme « timbré » n'ont
pas marché car trop difficiles. Le poème de Victor Hugo, « Les Djinns », rappelle le bruit :
« charivari », « tohu-bohu », atmosphère de la peur se rapprochent des thèmes.
Association d’idées, enrichissement lexical, découverte d'auteurs, de poètes, les stagiaires
ne connaissaient pas Victor Hugo, Paul Éluard...
Il faut souligner l’investissement personnel de la formatrice, Ourida Tilikete, qui a été
indispensable à la réussite de l'atelier, en lien avec son parcours et son ressenti. Ce qui lui
a permis de choisir des thèmes qui parlent aux stagiaires : alphabétisation, école, famille…
Thèmes qui parlent aussi à Ourida dans sa fonction de formatrice.
La trame sur le déroulement de l'atelier a été travaillée au fur et à mesure des séances.
La progression a été très positive et réussie. Pas
seulement au niveau de l'écrit mais aussi dans
l’attitude, l’implication, l’entraide. Comparaison,
verbalisation des actions, contribuer à la
réalisation de l’œuvre du camarade... Tout le
monde a participé, aucun stagiaire n'a été laissé
de côté.
Etre deux à animer les séances a permis d'aider
simultanément les participants, Ourida a pu
passer du temps avec les stagiaires et aller plus
loin.
Les stagiaires se sont mélangés au fur et à mesure des séances. Tout a été mis en œuvre
pour apprendre et réinvestir le vocabulaire acquis, dans le plaisir et la bonne humeur.
L’objectif des séances est largement atteint sur le plan linguistique, culturel et
communicatif.
Bilan de l’exposition :
Le 4 février, les stagiaires ont pu eux-mêmes
accrocher et mettre en valeur leurs productions
sur des grilles d’exposition mises à leur
disposition par le collège Pierre Sémard de
Bobigny qui abrite le GRETA. L’accrochage choisi a
privilégié les rapprochements esthétiques afin de
mettre en avant le travail de chacun. Les
participants ont ensuite présenté aux autres
stagiaires du GRETA leurs réalisations.
Véritables médiateurs, ils ont expliqué leur démarche, non sans fierté. Enfin, le groupe a
été photographié à côté de ses « œuvres ». L’exposition « Dis-moi dix mots » a été
présentée du 4 au 10 février dans le hall du collège puis dans une salle de cours.
Perspective et poursuite du partenariat :
L’exposition réalisée par le groupe d’Ourida Tilikete va être reprise et retravaillée en y
ajoutant du contenu contextuel (présentation de la démarche, textes explicatifs ...), elle
sera proposée aux autres GRETA de Seine-Saint-Denis dans le cadre de la Semaine de la
Francophonie (15-23 mars). Un livret d’accompagnement sera réalisé par le Musée de La
Poste, il comprendra des textes écrits par les stagiaires, ainsi que des autoportraits et des
photographies des productions réalisées.
Remerciements :
Ministère de la Culture et de la Communication, délégation générale à la langue
française et aux langues de France : Mme Stéphanie Guyard, chef de la mission
sensibilisation et développement des publics, Mme Vanessa Gally.
Greta MTE 93 : Mme Louisa Mazouz, ordonnateur et chef d’établissement support,
M. Christian Oliveira, coordonnateur, Mme Nadine Leroy, conseillère en formation
continue.
Musée de La Poste : Mme Mauricette Feuillas, directrice, Mme Vonick Morel,
directrice du développement et Mme Hakima Benabderrahmane, responsable du
service des publics.
Collège Pierre Sémard, Bobigny : M. Metzdorff, chef d’établissement.
Un grand merci à : Abdelkader, Ali Jafar, Hayat, Kalaichelvan, Kavitha, Mary Ratna
Cross, Nimalini, Nursen, Printha, Rajani, Safia, Simran, Suganthini, Sivatharsini,
Vasanadan, Zakia, Zarina
Photos : © Photo L'Adresse Musée de La Poste, Paris / Tous droits réservés