SAMOËNS : LE PROJET DE CLUB MED FAIT DES VAGUES
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SAMOËNS : LE PROJET DE CLUB MED FAIT DES VAGUES
TOURISME SAMOËNS : LE PROJET DE CLUB MED FAIT DES VAGUES UNE ASSOCIATION S’EST CRÉÉE EN DÉCEMBRE POUR DÉNONCER LE PROJET DE CLUB MED À SAMOËNS. Par Sylvie Bollard L À gauche, le Club Med classique, à droite, les chalets en résidences de tourisme. AMÉNAGEMENT DE LA COMBE DE COULOUVRIER IDENTITÉ Club Med Samoëns Emplacement : Plateau des Saix, 1 600 m d’altitude Nombre de lits : 1 200 au total dont 930 au sein du club classique, le reste réparti dans 13 chalets de résidences de tourisme. Surface totale : 50 000 m2 Nombre de “tridents” : 4 Investissement : 80 M€ Coût du foncier : 1,2 M€ Nombre d’emplois annoncés par le Club : 400 directs et indirects Début des travaux : avril 2016 Ouverture : décembre 2017 UN PRIX SOUS-ESTIMÉ À cet argument économique de poids, Samoëns 1600 aménagement oppose une série d’irrégularités supposées. Première d’entre elles, le prix du terrain : «La commune l’a vendu trois fois et demie en dessous de l’estimation des Domaines», s’insurge Jean-Charles Mogenet qui est par ailleurs conseiller municipal d’opposition. Estimé à 68 euros le mètre carré, il aurait dû rapporter 4,3 millions à Samoëns qui l’a en réalité cédé pour 1,2 million. «C’est d’autant plus choquant, poursuit l’élu, que le projet comprend, en plus du village vacances traditionnel, la construction, en résidence de tourisme, de treize chalets de quatre appartements chacun. C’est de l’immobilier pur !» Face à cette accusation, le maire rétorque : «Ils ne savent pas lire ! Nous avons vendu le terrain 1,3 million, mais le Club Med prend pour 1,2 million de travaux qui incombaient à la mairie, ce qui fait un total de 2,5 millions, auxquels il faut ajouter 2 millions de recettes de taxe d’aménagement.» Et d’ajouter : «Si on avait mis le prix à 4 ou 5 millions, le Club serait parti voir ailleurs.» © DR a venue du Club Med à Samoëns fait des vagues. S’il ne s’agit pas encore de tempête, le projet pourrait néanmoins subir les conséquences d’un gros temps annoncé depuis la mi-décembre dernier. C’est à cette date en effet que l’association collégiale Samoëns 1600 aménagement a été créée par une poignée d’opposants. Depuis, elle a ramené dans ses filets plus d’une centaine de Septimontains inquiets pour leur commune. Et a surtout déposé un recours devant le Tribunal administratif de Grenoble, espérant ainsi ralentir la progression du Club Med. «Ce recours, qui n’est pas suspensif, porte sur les délibérations du conseil municipal concernant la vente du terrain au Club Med, précise Jean-Charles Mogenet, l’un des administrateurs de l’association. Mais nous utiliserons la procédure de référé si les travaux commencent.» Et ceux-ci ne devraient pas tarder à être lancés. «Le permis de construire devrait sortir dans les jours qui viennent», se réjouit de son côté le maire de Samoëns, JeanJacques Grandcollot. Premier coup de pelle prévu pour le 15 avril, livraison annoncée en décembre 2017. «Le recours ne me paraît pas très solide», annonce le premier magistrat pour qui la venue du Club Med à Samoëns est une chance. «Cela représente 350 emplois directs, 150 induits (le Club annonce de son côté 400 emplois directs et indirects, NDLR) et 50 moniteurs de ski dédiés au club… Des entreprises locales ont déjà été contactées pour les travaux.» LE CHOIX DU CLUB Pour justifier le choix de Samoëns, le Club Med cite «une situation remarquable qui offre un enneigement abondant et régulier ainsi qu’une bonne qualité de neige au printemps. Par ailleurs, le site offre une vue à 360 degrés. C’est également une station qui vit l’été, idéale pour les familles». L’association reproche en outre l’absence de mise en concurrence sur l’opération d’aménagement ; une atteinte au domaine public avec «privatisation d’une piste et réduction du domaine débutants» ; le déplacement d’un chalet d’alpage, «à la charge du contribuable (pour plus d’un million d’euros)» ; une convention d’aménagement prévoyant un service de navettes entre le bourg et le plateau des Saix (où sera construit le Club) à la charge de la collectivité également ; un manque d’information… «Nous ne sommes pas contre la venue du Club Med, précise Jean-Charles Mogenet, mais les conditions dans lesquelles le dossier a été mené, à la hussarde, ne nous conviennent pas. Prenons le temps de réétudier le dossier !» Pas de quoi inquiéter Jean-Jacques Grandcollot qui souligne que toutes les administrations concernées ont donné un avis favorable. «Le Club Med fonctionnera 7 mois sur 12 et nous permettra de développer nos congrès à l’intersaison», espère-t-il. Il avance enfin la résolution d’un «problème de ski» via cette autorisation d’unité touristique nouvelle : la combe de Coulouvrier sera équipée d’un télésiège, facilitant la liaison entre Samoëns et Morillon. «Cela fait 40 ans qu’on attend ça !» lance-t-il. D’une pierre deux coups : un vrai ricochet sur mer agitée. 12 FÉVRIER 2016 - ECO DES PAYS DE SAVOIE N°06 15