Cannes : le festival se la joue « nuit debout

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Cannes : le festival se la joue « nuit debout
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Cannes : le festival se la joue « nuit debout »
Date : 24 mai 2016
Jean Ansar, journaliste ♦
Les importants ridicules ont encore frappé.
Inutile de revenir sur le palmarès du festival de Cannes. Ce n’est pas la qualité des films qui
sont pris en compte mais le discours.
Ce discours, comme tous les ans, doit être en adéquation avec l’idéologie dominante et ses
tendances de l’année. Le créateur de Mad Max… ça s’est du social, a donc présidé un jury qui a
voulu envoyer un message politique dans l’air du temps. On a donc eu droit à de la diversité
maghrébine un peu hystérique, puis iranienne dignement voilée, et à des récompenses très «
nuit debout ».
Sans oublier le discours de Ken Loach, palme d or inquiet de la montée de l’extrême-droite qui
aurait dû en rester à l’inspiration des guerres civiles irlandaises. Car sur « Daniel Blake » ca ne
souffle pas fort et le vent ne se lève pas. Quand à Xavier Dolan au bord de la crise de nerf et
des pleurs permanents, il a mal joué son émotion , qu’elle soit sincère ou non.
Ce festival aurait pu faire coup double en récompensant un film allemand et une actrice
française. Les critiques ont été prises a contre pied. Le jury n'a pas été sensible à l'Allemand
Toni Erdmann, pourtant porté aux nues pour son originalité et sa loufoquerie scénaristique (on y
aura vu, par exemple, une femme d'affaires pète-sec transformer son brunch d'anniversaire en
1/2
soirée naturiste). Et tant pis, également, pour le sulfureux Elle de Paul Verhoeven, que
beaucoup considèrent comme la meilleure proposition de cette édition et qui aurait pu valoir à
Isabelle Huppert un prix d'interprétation féminine mérité.
Mais les critiques croient encore que Cannes prime des films. Mais non, ils priment des
engagements et leur snobisme ridicule.
Car les Nuits debout de Cannes se font avec champagne et partouzes comme depuis
toujours. Le social lui n’est présent que le soir du palmarès, quand on se montre en robes de
prix avec parures de bijoux. Nuit debout certes, mais pour ceux qui pètent dans la soie et
montent les marches en se prenant pour des importants devant des badauds ou des fans
.
Mais gare aux faux pas… Le très militant Sean Penn l'a appris a ses dépends. Il a dérapé sur
l'Afrique et les bons sentiments. Il a été cloué au pilori. "I stand by the film" disait Sean quelques
heures après la projection. « Je reste (seul?) Avec mon film ». C'est lui qui s'est mis en danger,
qui a son nom collé au générique, qui a pris tous les risques (du don de soi comme du ridicule,
de l'argent comme de l'indigence) pour une cause qu'il défend depuis des années, avec une foi
(aussi maladroite soit-elle) qu'on ne peut pas remettre en cause..." I stand by the film" plus
vraiment seul car Besson est là. Il a tweeté, en anglais bien sûr :
« Press killed Sean Penn's movie in #Cannes.
Sooo easy! Sean has courage that they will never have.
The film is a master piece.
I loved it!!”
Mais finalement, heureusement, on ira voir les films que l’on veut et sans doute assez peu de
films primés à Cannes qui sont souvent des films prétentieux, toujours donneurs de leçons et
très ennuyeux.
Que de frères Cohen ou de Darden pour un Apocalypse Now.
C’est cela le drame de Cannes. La mode idéologique ce n’est pas toujours, c’est même
rarement, du talent. Les Nuits debout de Cannes restent couchés devant le politiquement
correct.
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