la politique sanitaire de la confederation helvetique
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la politique sanitaire de la confederation helvetique
Département de la santé et de l’action sociale Hospices cantonaux ETAT DE VAUD Département de radiologie médicale Stéphane Coendoz, Directeur administratif CH - 1011 Lausanne 021 / 314.45.67 Email : [email protected] LA POLITIQUE SANITAIRE DE LA CONFEDERATION HELVETIQUE UNE APPROCHE PAR L’HISTOIRE, LE DROIT ET L’ECONOMIE 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 2 sur 14 Table des matières Table des matières ........................................................................................................2 Préambule.....................................................................................................................3 Brève Histoire de la Santé en Suisse ...............................................................................3 Introduction ...............................................................................................................3 Les hospices ..............................................................................................................3 Les réformes ..............................................................................................................3 Conclusion .................................................................................................................4 Le droit .........................................................................................................................4 L’économie de la Santé ..................................................................................................8 Introduction ...............................................................................................................8 Objectifs des systèmes de santé..................................................................................8 Le système de santé en statistique ..............................................................................9 Réformes en cours ................................................................................................... 12 Conclusion .................................................................................................................. 13 Références .................................................................................................................. 14 ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 3 sur 14 Préambule La politique sanitaire suisse est relativement complexe entre autre de par la structure de notre Etat mais également par notre Histoire. La répartition des tâches définies au sein de la Constitution fédérale confère la responsabilité de la Santé aux Cantons. Ceux-ci, par souci de coordination, ont créé divers organismes, comme par exemple la CDS1, Swissmedic, l’Observatoire de la Santé, la Politique nationale suisse de la Santé. Afin d’avoir une vision la plus étendues possibles, ce sujet sera abordé sous les angles historique, juridique et économique. Brève Histoire de la Santé en Suisse Introduction Avant 1874, date de la première révision de la Constitution fédérale, il n’y avait pas de politique sanitaire proprement dite. Et ce n’est qu’à cette époque que le législateur a conféré la responsabilité de la Santé aux cantons et ceci par souci d’être plus proche des besoins de la population locale. Les hospices Les premières traces de la présence d’hôpitaux remontent déjà au Moyen Âge. A cette époque, l’assistance aux pauvres est du ressort de l’Eglise. Ainsi le Concile d’Aix-la-Chapelle, en l’an 816, exige de la part des évêques la construction d’hospices pour y recevoir les pauvres. C’est à cette occasion que l’hospice de Lausanne fut créé. Le plus célèbre reste celui du Grand-Saint-Bernard fondé au XIè siècle. L’ordre religieux qui l’administrait, en était propriétaire d’une vingtaine en-dehors de Suisse et de neuf en Romandie (Saint-Jean à Lausanne ; Bourg-Saint-Pierre ; Vevey ; Bornu ; Moudon ; Saint-Pierre à Fribourg ; Pizy ; Saint-Antoine à Genève). Dans le canton de Vaud et Genève, ils seront nationalisés au cours de la Réforme protestante (1535-1536). De nombreuses fondations créées par la noblesse locale ont également construit des hôpitaux. Ils étaient toutefois administrés par des religieux puis plus tard par des laïcs. Les missions essentielles de ces établissements étaient d’héberger, de nourrir, de vêtir les sans- abris, soigner les éventuels malades et ensevelir les morts. Ils n’avaient donc par pour activité principale de soigner les souffrants. Le Dr Eugène Olivier2 relata dans son ouvrage3 que « les malades ne sont pas exclus, mais ils ne sont, dans la règle, que des hôtes accidentels ». A cette période on voit également apparaître des établissements destinés à une catégorie de personne bien précise : les malades contagieux. Ces lieux étaient situés aux abords des villes. On les nommait maladières ou léproseries. En fait chaque bourgade en possédait une. Ils étaient donc très nombreux. Sous l’Ancien Régime (XVIè – XVIIè siècles) la définition du pauvre évolue, elle concerne maintenant toutes les formes de vices, du danger social et du fainéantisme. Il va s’agir de leur venir en aide mais en les contrôlant, les redressant voire en les enfermant ! L’hôpital devient « prison ». Les réformes Au XVIIIè siècle s’engagent des réformes de fond, le système hospitalier devenant trop coûteux, peu rationnel et quasi inefficace. En fait on soigne peu et on enferme beaucoup. On voit l’arrivée des sœurs hospitalières d’abord catholique. Chez les protestants il faudra attendre un siècle de plus. 1 Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la Santé 2 Eugène Olivier 1939-1962 3 Médecine et santé dans le Pays de Vaud au XVIIIe siècle, 1675-1798 ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 4 sur 14 Il faut attendre le XIXè siècle pour voir la médicalisation de l’hôpital dans des établissements érigés à cette activité. Ils seront peu nombreux. Quant aux hospices créés aux cours des siècles passés, leur rôle, avant tout caritatif, se poursuit jusqu’au XXè siècle. En Suisse, on compte vers les années 1840-1860 environ 40 hôpitaux généraux. Ils vont successivement passés à un soixantaine entre 1860 et 1880 puis à une trentaine entre 1910 et 19404. En 2002, on en dénombre 1745. Conclusion En résumé, l’histoire nous apprend que la politique sanitaire suisse est tout à fait récente. Même si les premiers hôpitaux datent du Moyen Âge. Il aura fallut à la Suisse, le temps de se créer, d’attribuer, dans la première révision de sa Constitution, la responsabilité du domaine de la Santé aux cantons. En passant d’une gestion par des ordres religieux, à celle par des laïcs ; d’établissements destinés aux voyageurs à ceux pour des sans-abris et des pauvres pour enfin arrivés à ceux pour des malades ou d’hospices à l’hôpital en passant par l’hôpital-prison, le chemin fut long et semé d’embûches et témoigne déjà de la complexité d’une politique sanitaire à l’échelon national. Le droit Le système législatif se distribue au niveau de la Confédération, des Cantons et des Communes. Ci-dessous, un schéma représentatif : Droit international Constituant fédéral Constitution fédérale Constitutions cantonales Constituant cantonal Répartition compétences Répartition compétences Législatif : Chambres fédérales Grand Conseil Conseil communal Executif : Conseil fédéral Conseil d’Etat Municipalité Judiciaire: Tribunal fédéral Tribunal cantonal des des Cantons Confédération Loi cantonale Loi fédérale Ordonnance, règlement, arrêté Ordonnance, règlement Décret, directive Ordonnance départements arrêté, des Communes Droit communal, loi, arrêté 4 Les établissements pour malades en Suisse de 1936 à 1942 - OFS 5 Statistiques des hôpitaux et des établissements de santé non hospitaliers 2002 - OFS ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 5 sur 14 Comme indiqué dans le précédent chapitre, le domaine de la Santé est de la responsabilité des Cantons. Tout le domaine ? Non, Les cantons sont souverains en tant que leur souveraineté n’est pas limitée par la Constitution fédérale et exercent tous les droits qui ne sont pas délégués à la Confédération6. Ainsi, la Confédération s’occupe en particulier de la réglementation de l’assurance-maladie et accidents7 ; de la protection8, de la prévention, de la promotion de la santé9, de la formation médicale et de la recherche scientifique, alors que les Cantons assurent la surveillance sanitaire, garantissent l’approvisionnement sanitaire, organisent la formation non-universitaires, et approuvent les conventions et les tarifs. Par ailleurs, il est bon de rappeler le cheminement de l’adoption d’une loi fédérale. Il s’agit encore une fois d’un processus complexe et long puisqu’il peut prendre au minimum une année et se prolonger jusqu’à 10 ans. Quoi ? Par qui ? Impulsion législative Parlement Cantons Conseil fédéral Peuple Phase préparatoire Commission par le CF Avant-projet Procédure de consultation Cantons, partis Avant-projet Mise au point du projet Administration Conseil fédéral Avant-projet NON Accord Publication Feuille Fédérale Référendum Conseil national Conseil des Etats Procédure parlementaire OUI Commission de conciliation Projet Administration Projet Citoyens actifs 50'000 signatures en 100jours NON Votation populaire Motion, Postulat Initiative parlementaire Initiative populaire http://www.admin.ch/ch/ f/gg/pc/pendent.html Accord OUI Comment ? Une modification de la Constitution impose une double majorité : Peuple et Cantons OUI/NON Entrée en vigueur 6 RS 101 Constitution fédérale de la Confédération suisse – Article 3 7 RS 101 Constitution fédérale de la Confédération suisse – Article 117 8 RS 101 Constitution fédérale de la Confédération suisse – Article 118 9 RS 832.10 Loi fédérale sur l’assurance maladie – Article 19 ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 6 sur 14 Si les compétences sont bien réparties entre les diverses structures confédérales, cantonales et communales et ce avec une certaine autonomie. On trouve néanmoins une harmonie dans les répertoires juridiques. Le chapitre des recueils systématiques qui traite de la Santé, commence toujours par le chiffre 8xx. Pour exemple, la loi cantonale vaudoise sur la Santé publique porte le numéro 800.01 et au niveau fédéral, la loi sur l’assurance maladie le numéro 832.10. La plupart des cantons utilisent cette nomenclature ; en Suisse romande, seul Genève emploie un autre index (Kxx). Ci- dessous les sous-chapitres du recueil systématique du droit fédéral sur la Santé-TravailSécurité sociale : deutsc Recueil systématique du droit fédéral h Table des matières du droit interne italiano 8 Santé – Travail – Sécurité sociale 831 8 Santé - Travail - Sécurité sociale 81 Assurance-vieillesse assurance-invalidité Santé Assurance en cas de maladie et d'accidents Médecine et dignité humaine 833 811 Assurance militaire Professions sanitaires 834 812 Allocations pour perte de gain Substances thérapeutiques 836 813 Allocations familiales Commerce des toxiques 837 814 817 Police des denrées alimentaires et de divers objets usuels Assurance-chômage 84 Habitat 85 Assistance 818 851 Lutte contre les maladies Personnes séjournant en Suisse 819 Lutte contre les accidents 852 Travail 853 Suisses de l'étranger 82 Etrangers 821 854 Contrat de travail Réfugiés 822 855 Protection des travailleurs Apatrides 823 857 Marché du travail et possibilité de travail Consultation en matière de grossesse 824 858 Travail d'intérêt général 83 Assurance sociale 830 survivants, 832 810 Protection de l'équilibre écologique et Aide aux victimes d'infractions 86 Protection de la famille En général ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 7 sur 14 Voici ceux sur la Santé : Santé 81 814.31 Santé Lutte contre les pollutions atmosphériques 810 814.4 Médecine et dignité humaine Lutte contre le bruit 810.1 814.5 Procréation médicalement assistée et génie génétique dans le domaine humain 811 Professions sanitaires 811.1 Médecins, médecins-dentistes, pharmaciens et vétérinaires 812 Substances thérapeutiques 812.1 En général. Stupéfiants 812.2 Médicaments et dispositifs médicaux 813 Protection contre les radiations 814.6 Déchets 814.7 Protection ionisant contre le rayonnement non 814.8 Produits chimiques 814.9 Génie génétique dans le domaine non humain 817 Police des denrées alimentaires et de divers objets usuels Commerce des toxiques 818 814 Lutte contre les maladies Protection de l'équilibre écologique 818.1 814.0 Maladies transmissibles En général 818.2 814.1 Maladies rhumatismales Protection du sol 818.3 814.2 Prévention et diagnostique Protection des eaux 818.5 814.3 Police vétérinaire Protection de l'air 818.6 814.30 Police mortuaire En général 819 Lutte contre les accidents Pour être parfaitement complet, il ne faut pas, bien entendu, oublier la jurisprudence. Ce sont des décisions émises par une Cour et qui précisent, par un jugement, la portée d’une loi. En outre dans le domaine spécifique de la Santé, il faut également relevé les sources extrajuridiques comme le code de déontologie de la FMH et les directives médico-éthiques de l’Académie Suisse des Sciences Médicales. ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 8 sur 14 L’économie de la Santé Introduction La santé est un bien particulier en terme économique, il est considéré comme méritoire. En effet pour qu’il soit consommé, il nécessite l’intervention d’un expert (en général, un médecin). Les résultats de cette consommation sont en outre aléatoire, l’être humain réagissant de manière différente à un traitement pour une même pathologie et d’autre part la charge des frais médicaux ne doit pas dépendre du revenu des citoyens. Ce bien ne peut donc répondre aux mêmes critères que ceux que l’on connaît habituellement. Il ne répond pas à l’offre et la demande, ni aux règles de concurrence puisque les prix sont fixés par les partenaires payeurs (Etat, Assurances-maladie). Il ne répond pas non plus aux critères de satisfaction et de réussite. (le paiement de la prestation n’est pas fonction du résultat) Objectifs des systèmes de santé L’évaluation des systèmes de santé s’effectue à l’aide de cinq critères qui peuvent être décrits ainsi : Equité : tous les habitants d’un pays doivent avoir les mêmes chances d’accéder aux soins, et la charge financière ne dépend pas du degré d’utilisation. Performance : elle se mesure à l’efficacité du système à faire recouvrir la santé aux patients. Non seulement dans le domaine diagnostic et thérapeutique mais également dans le domaine de la réinsertion des personnes handicapées au sein de la société. Conformité aux besoins : les prestations offertes doivent correspondre aux besoins des patients et non l’inverse. Le besoin est influencé par l’offre mais aussi par des facteurs liés au taux de morbidité, du facteur de risque, du comportement dans la promotion de la santé, du niveau de formation et des progrès médicaux et technologiques. Efficience : une utilisation économique des ressources à disposition. Capacité de financement : le système doit pouvoir être financé. La politique en matière de tarif et de fixation des prix doit être basée sur des caractères objectifs dans la détermination des coûts. Pour exemple, Les USA sont considérés comme l’Etat avec la technologie la plus avancée et sont donc performant, mais environ 15% de la population ne dispose pas de couverture d’assurance. Du coup leur système n’est pas équitable. En Grande Bretagne, le système de santé a su maîtriser l’évolution des coûts et donc atteint un niveau d’efficience élevé mais au détriment de la performance et de l’équité, les listes d’attente pour des interventions chirurgicales sont extrêmement longues ou alors des prestations sont carrément refusées à un certain groupe de population. Du coup les citoyens ayant des revenus suffisants prennent à leurs charges les frais médicaux dispensés par des institutions privées, et créant, de fait, une médecine à deux vitesses. En Suisse, le système offre à sa population l’accès aux soins avec une liberté du choix des fournisseurs de prestations. La performance est élevée mais au détriment de l’efficience. ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 9 sur 14 Le système de santé en statistique Un premier élément important consiste médicaux : à la part que les ménages consacre aux frais Pas loin de 70% des charges, comptées à 46 milliard de francs en 2001, sont supportées par les ménages. Elles comprennent les cotisations aux caisses-maladie, la franchise, la quotepart et les frais non-remboursés par les caisses. Source OFS Source OFS Financement du système de santé selon l'agent payeur et selon l'agent financeur en 2001 Assurances sociales 8% Etat 17% Financement du système de santé selon l'agent payeur et selon l'agent financeur en 2001 Autres régimes de la protection sociale 2) 8% 35'000.0 30'000.0 25'000.0 20'000.0 15'000.0 10'000.0 5'000.0 - Ménages 67% Série1 Etat Assurances sociales Autres régimes de la protection sociale 2) Ménages 7'802.5 3'661.4 3'837.6 30'828.0 Source OFS Source OFS Etat Assurances sociales Autres régimes de la protection sociale 2) Fig. 1 Ménages Série1 Fig. 2 En comparaison internationale, nos dépenses totales, qui représentent env. 6'000.- Frs par habitant (Fig. 4), nous projettent en deuxième position après les USA. Alors que celles en soins stationnaires nous mettent à la 1ère place. (Fig. 3). Fig. 4 ©Stéphane Coendoz Fig. 3 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 10 sur 14 Un facteur à comparer est l’espérance de vie à la naissance, notre pays se trouve toujours en deuxième position mais cette fois derrière le Japon. Il est intéressant de relever que si la performance aux USA est probablement la meilleure au monde, l’espérance de vie est bien en dessous de la nôtre puisqu’ils se trouvent en 13ème position. (Fig. 5) Fig. 5 Fig. 6 Le pourcentage des personnes de 80 ans et plus, représente 4,1% de la population. (Fig. 6) Cette donnée est importante car les soins dispensés à cette classe d’âge sont en progression constants. En effet plus d’un quart des lits des hôpitaux sont occupés, en moyenne journalière par cette catégorie d’âge et dans les EMS, elle représente 7/10 des lits. En d’autres termes, trois lits sur cinq, dans les hôpitaux et EMS, sont occupés par des personnes âgées de plus 80 ans. Etablissements et emplois dans le système de Santé en 2001 350'000 25'000 300'000 20'000 250'000 15'000 200'000 Etablissements Emplois 150'000 10'000 100'000 5'000 50'000 0 0 Services de santé Fig. 7 Industrie et commerce Administration et prévention 3) Fig. 8 Autres données, la part du produit intérieur brut consacré à la santé. Elle est de 10.9% et place notre pays au 2ème rang derrière les Etats Unis. (Fig. 7). L’économie de la santé représente une part importante des emplois dans notre pays. (Fig. 8). Pas loin de 428'000 emplois se consacrent à ce secteur d’activité. La part des services de santé représente la majorité, alors qu’environ 20% est dédié à la fabrication et la distribution des médicaments et matériels médicaux et qu’enfin seul 3% participe à l’administration du système. ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 11 sur 14 Dans le registre de l’hospitalisation, il est intéressant de comparer la densité de lits (y compris ceux des EMS) et la durée moyenne de séjour. Fig. 9 Fig. 10 Dans le premier cas, on relève notre degré d’efficience et dans le deuxième notre performance. Pour terminé ce chapitre, un dernier graphique qui compare les dépenses des ménages suisses et la densité de médecins. On peut souligner tout de même une certaine corrélation entre ces deux dimensions : Nombres de médecins et contributions des ménages 35'000 30'000 25'000 20'000 15'000 10'000 1995 1996 1997 Médecins, au total 22'275 22'718 Contributions des ménages (en millions de francs) 24258 26158 1998 1999 2000 2001 23'144 23'679 24'026 25'216 25'395 26575 27714 29581 30828 28234 Fig. 11 ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 12 sur 14 Réformes en cours Je n’en citerai qu’une, il s’agit de la réforme la plus importante en cours : la LAMal. Le Conseil fédéral propose cette démarche sous forme de paquets suite à l’échec de la deuxième révision durant la session d’hiver des Chambres en 2003 . Ci-dessous, les résumés de chacun d’eux. Le premier paquet des révisions comprend quatre messages indépendants l’un de l’autre : Message 1A : stratégie globale, compensation des risques, tarifs des soins, financement des hôpitaux, carte d’assuré, présentation des comptes des assureurs Dans l’exposé de sa stratégie globale, le Conseil fédéral confirme ses objectifs d’optimiser la LAMal et de renforcer les éléments de maîtrise des coûts. Après l’échec de la révision de la LAMal lors de la session de décembre dernier, le Conseil fédéral est parvenu à la conclusion qu’il faut inscrire et coordonner les réformes par étapes qui sont nécessaires dans une stratégie globale, mais ne pas les présenter toutes dans un seul et même projet. Il a encore présenté les propositions suivantes : • prolongation de cinq ans du mécanisme la compensation des risques sans changement de celui-ci ; • gel des tarifs-cadre pour les prestations de soins après une adaptation des deux niveaux de soins supérieurs jusqu’à l’entrée en vigueur d’une nouvelle réglementation sur le financement des soins (au plus tard fin 2006) ; • prolongation de la validité de la loi fédérale de juin 2002 sur les participations cantonales aux coûts de traitements hospitaliers jusqu’à l’introduction d’une nouvelle réglementation sur le financement hospitalier (prévue dans le 2e paquet de réformes) ; • création de la base légale permettant d’introduire une carte d’assuré ;extension des dispositions légales concernant la présentation des comptes des assureurs-maladie. Message 1B : liberté de contracter Comme alternative au gel des admissions, le Conseil fédéral prévoit d’introduire la liberté de contracter dans le secteur ambulatoire. Les assureurs et les fournisseurs de prestations doivent être libres de choisir leurs partenaires contractuels. Il est prévu que les cantons prescrivent aux assureurs-maladie, dans une fourchette définie par la Confédération, le nombre minimal de fournisseurs de prestations avec lesquels ils doivent contracter pour garantir l’approvisionnement en soins de la population. Message 1C : réduction des primes Parce que le système actuel de primes individuelles grève fortement le budget des ménages comptant plusieurs personnes, le Conseil fédéral veut alléger de manière ciblée la charge financière que représente les primes pour les familles et proposer aux cantons un but social différencié. Les cantons doivent prévoir quatre catégories de revenus et fixer un revenu maximal donnant droit à une réduction des primes, tant pour les ménages avec enfants que pour ceux qui n’en ont pas. Selon la catégorie, les ménages avec enfants devraient consacrer 2 à 10 % de leurs revenus aux primes LAMal, les ménages sans enfants de 4 à 12 %. De plus, le Conseil fédéral augmentera les subsides fédéraux destinés à la réduction de primes de 200 millions de francs à partir de l’année 2005 et, par la suite, de 1.5 % chaque année. Message 1D : participation aux coûts Pour davantage responsabiliser davantage les assurés en les rendant plus conscients des coûts, le Conseil fédéral veut augmenter la quote-part de 10 à 20 % pour les adultes ; elle reste toutefois plafonnée à 700 francs. ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 13 sur 14 Le deuxième paquet des révisions comprend les deux projets suivants : Message 2A : passage au financement dual fixe des hôpitaux Le Conseil fédéral propose de passer du financement actuel par établissement à un financement des prestations. En d’autres termes, ce ne seraient plus les coûts imputables d’un hôpital en tant qu’entreprise, mais les prestations effectivement fournies qui seraient financées, avec pour conséquence une amélioration de la transparence. De plus, toutes les prestations, aussi bien celles fournies par les hôpitaux publics que celles fournies par les hôpitaux privés figurant dans la planification cantonale, seraient prises en charge (en tenant compte des investissements) pour moitié par le canton et pour l’autre moitié par les assureurs-maladie (financement dual fixe). Ce nouveau système accroît l’égalité de traitement entre les divers fournisseurs de prestations hospitaliers et, par conséquent, la concurrence ; il était susceptible de rallier une majorité dans le débat politique. Hormis le fait que le financement n’est pas le même pour les prestations ambulatoires et pour les hospitalisations, c’est un modèle concurrentiel bâti sur le rapport prix-prestation et sur la transparence du marché nécessaire. En même temps, le Conseil fédéral s’engage à présenter dans les trois ans une proposition relative à un système de financement « moniste » qui, avec un seul agent payeur au lieu de deux, améliorerait encore la transparence du financement. Avec ces propositions relatives au financement des hôpitaux, le Conseil fédéral reprend pour l’essentiel les résultats de la 2e révision de la LAMal interrompue par le Parlement. Message 2B : promotion du managed care Le Conseil fédéral propose que des modèles d’assurance avec réseaux de soins intégrés soient inscrits dans la loi et définis. L’objectif de la proposition est de créer un environnement susceptible de favoriser la diffusion des modèles de managed care, sans toutefois les imposer explicitement aux assureurs. Il s’agit plutôt de définir dans la loi le réseau de soins intégré comme une nouvelle forme, plus poussée, d’assurance particulière. Ce modèle est associé à un autre objectif – garantir aux assurés des soins de bonne qualité – que l’on peut atteindre, à l’intérieur de la chaîne de traitement, en complétant les prestations comprises dans l’assurance de base par des prestations supplémentaires. Les mesures relatives aux médicaments proposées dans le cadre de la 2e révision sont reprises ; il s’agit notamment d’inscrire explicitement dans la loi que lorsqu’une substance active est prescrite à la place d’un produit précis, il faut remettre aux assurés un médicament avantageux. Cette mesure renforce, à l’intérieur du triangle médecin-patient-pharmacien, l’incitation à faire un usage économique des médicaments. De manière générale, si plusieurs produits conviennent tout aussi bien dans un cas donné, c’est le médicament avantageux qui doit être prescrit et remis. Conclusion Si la population suisse démontre une grande satisfaction à la qualité des soins, il n’en demeure pas moins que l’évolution des coûts reste parmi la principale préoccupation des citoyens. Or notre système doit affronter une réforme importante tout garantissant l’accès aux soins, et l’équité du financement. En définitif, elle devra probablement revoir ces critères de qualité, redéfinir les prestations à charge de l’assurance, apporter de nouvelles idées comme dans le domaine de la prise en charge des personnes âgées, probablement étendre la planification hospitalière aux autres prestataires de soins. Enfin, inciter davantage la population à promouvoir sa propre santé plutôt que traiter des maladies liées à notre mode de vie. ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005 La Politique Sanitaire de la Confédération helvétique.doc Page 14 sur 14 Références Système de santé suisse – 2004-2006 Survol de la situation actuelle – G.Kocher, W. Oggier – Verlag Hans Huber Le système de santé suisse – diagnostic pour un patient – S. Ayoubi, P. Huth – Crédit Suisse Economic Research & Consulting Annuaire de l’assurance maladie suisse 2003 – SantéSuisse Office fédéral de la statistique - http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index.html Politique nationale suisse de la santéhttp://www.nationalegesundheit.ch/main/Show$Id=785.html Health Policy Monitor – International Network for Health Policy and reform – http://www.health-policy-monitor.org/index.jsp RS 101 Constitution fédérale de la Confédération suisse Bâtir, gérer, soigner – Histoire des établissements hospitaliers de Suisse romande – P.-Y Donzé – Georg Editeur Cours d’histoire des hôpitaux – GH2 H+ - Pierre Loison Cours d’économie de la Santé – GH2 H+ - Lucas Crivelli – Willy Oggier ©Stéphane Coendoz 17 janvier 2005