édito - Carsat Alsace
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Décembre 2014 PROP Com’ LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE ÉDITO La propreté se montre pour qu’on la voit … Les métiers de la propreté ont cette particularité d’être une activité que tout le monde connaît, mais dont toutes les facettes ne sont toutefois pas familières au grand public. D’une part il y a cette conductrice de laveuse autoportée, qui fait son ballet autour du rayon légume lors de nos courses pour garantir qu’aucune feuille de salade ne viendra perturber notre déambulation de consommateur. D’autre part, il y a ce bataillon de travailleuses de l’ombre qui investissent nos bureaux avec leurs chariots de nettoyage alors que les salariés ont déserté les locaux, dans une organisation qui fait que ces deux mondes se succèdent et ne se croisent que rarement. Il y a aussi tout ce qui est manifestement nettoyé sans que nous puissions le constater directement. Notre bus ou notre voiture SNCF, notre chambre d’hôtel, le bloc opératoire d’un hôpital, les locaux sensibles dans les industries (salles blanches, chambres froides, …), tous ces lieux que nous connaissons sont rendus propres en dehors de notre présence. Cette énumération met également en évidence qu’il y a nettoyage et nettoyage. Sans créer une hiérarchie ou dénigrer le nettoyage « simple » de la surface de travail d’un bureau, derrière chaque type de prestation il y a des spécificités, des contraintes, des modes opératoires … et donc des compétences différentes. Les risques de ces activités sont également différents. Si les postures de travail apparaissent rapidement comme un risque inhérent à tous ces métiers plutôt physiques, d’autres risques doivent être pris en compte spécifiquement par chaque chef d’une entreprise de propreté. Comment la profession s’est-elle engagée dans cette démarche de réduction des risques ? Quelles bonnes pratiques existent dans ces métiers et méritent d’être partagées ? Quels leviers utiliser pour réduire la sinistralité et améliorer la rentabilité de ces structures ? Le regard croisé apporté dans Prop’Com par quelques acteurs impliqués apportera des éléments de réponses à ces questionnements. Sommaire Les entreprises du secteur de la propreté...p 2 Démarche de prévention des TMS..............p 3 Une bonne dose de dialogue......................p 4 Onet forme et Informe.................................p 4 Petite entreprise, grande implication ..........p 6 Une aide précieuse et pluridisciplinaire .......p 7 C’est arrivé chez vous................................p 8 La propreté en Alsace-Moselle : Les chiffres clés 2013 «Le monde de la propreté» Moselle 158 établissements 7911 salariés Bas-Rhin 231 établissements 7800 salariés Haut-Rhin 114 établissements 4353 salariés Signatures : Bruno ZAMORA - Président de la FEP Grand Est Georges LISCHETTI - Directeur des risques professionnels - Carsat Alsace-Moselle Les entreprises du secteur de la propreté Les entreprises et les collectivités ont largement, et depuis de nombreuses années, fait appel à des prestataires spécialisés pour leur apporter les réponses attendues dans le domaine de la propreté. Ce champ d’activité couvre une grande diversité de lieux d’interventions, mais également une multitude de gestes techniques très variés car liés aux exigences et aux spécificités propres aux activités des clients. La propreté est devenue une compétence à part entière mais non plus exclusive de ces sociétés intervenantes. Elles offrent de plus en plus souvent des services associés pour élargir leur offre commerciale, afin de répondre aux attentes des clients et profiter d’opportunités de diversification. Vous l’aurez compris, la propreté s’exerce dans des domaines et des lieux multiples (voir encadré). A noter aussi que des activités telles les services d’aide à la personne, tout comme la collecte et la gestion des DMA (déchets menagers et assimilés) ne sont pas intégrés dans ce secteur d’activité. Domaines et lieux d’exercice de l’activité : • bureaux, locaux administratifs • parties communes d’immeubles • distribution (commerce, grandes surfaces, etc.) • santé (hôpitaux, cliniques, laboratoires, maisons de retraite…) • industrie (agro-alimentaire, automobile, nucléaire…) • locaux et matériel de transports (bus, gares, aéroports…) • hôtellerie, restauration • milieu scolaire • équipements collectifs, etc. Ce qui caractérise ces entreprises et leurs salariés : En France, une entreprise de propreté est typiquement une TPE de moins de 10 salariés (66% des entreprises de propreté) dont le taux de marge moyen est de 2,4% (en 2011). Ses domaines d’activité les plus courants sont les bureaux (40%), les immeubles (19%) suivis de l’industrie (12%) puis du commerce (7%). Elle emploie principalement des femmes (67%), et la majorité de ses salariés ne dispose pas d’un diplôme de formation initial (60%). Les salariés sont principalement en CDI (80%) et travaillent à temps partiel (75%). Plus de la moitié sont salariés d’une autre entreprise (53%), qui dans ce cas est souvent une autre entreprise de nettoyage (66%). Chiffres clé de la Sinistralité en Alsace-Moselle, sur la période 2010/2012 * Établissements 261 Salariés 11 980 Accidents du travail avec arrêt 2 181 Accidents du trajet Maladies professionnelles Coût des sinistres 433 256 5 192 K€ * Statistiques technologiques et financiéres 2014 Carsat Alsace-Moselle Aides financières Contrats de prévention Concerne uniquement les entreprises de moins de 200 salariés sous conditions liées à l’existence d’une convention nationale d’objectifs http://www.carsat-alsacemoselle.fr/contrats-de-prevention Convention Nationale d’Objectifs fixant le cadre de ces contrats de prévention pour les entreprises de la propreté http://www.ameli.fr/employeurs/prevention/recherche-de-cno/pdf/CNO_I011.pdf 2 LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE Démarche de Prévention des TMS Secteur Propreté Bruno Zamora : « Dans le secteur de la Propreté, les TMS représentaient 96% des maladies professionnelles déclarées avec un potentiel d’aggravation lié notamment à la pyramide des âges vieillissante. En réponse à cette problématique critique, la Fédération des Entreprises de Propreté et le Fare ont déployé dans chaque région, un programme de prévention des TMS complet qui dote l’entreprise d’une compétence prévention (Animateur de Prévention des TMS certifié par l’INRS), et agit sur la plupart des facteurs d’exposition mais aussi auprès de tous Bruno ZAMORA les acteurs impliqués (exécutant, encadrement, donneurs d’ordre, Président de la FEP Grand Est concepteur de locaux et de matériels). » La démarche d’accompagnement des entreprises de propreté : Un dispositif de formation-action de 6,5 jours comprenant : - 1 Atelier Dirigeant : destiné à permettre de développer efficacement une méthodologie de prévention applicable à tout type de risques professionnels et manager la santé/sécurité au travail. - 4 sessions collectives et 1,5 jour d’accompagnement individuel en entreprise : destinés à former un « Animateur interne de Prévention des TMS » (APTMS) certifié par l’INRS et à mettre en œuvre une démarche de prévention des risques. Les formations sont réalisées par un consultant-ergonome Facteurs de réussite du Programme prévention des TMS: - Une démarche qui prend en compte les spécificités du secteur de la Propreté - Pilotée par une instance de la Branche : Le Fare - Une exigence de résultats attendus et évalués : - Élaboration d’un plan d’actions dans toutes les entreprises - Formations certifiées et reconnues par l’INRS - Un réseau national de consultants-ergonomes certifiés par la Branche professionnelle - Une démarche engagée auprès des Donneurs d’Ordre et des Architectes. Contact en région Fare – Sabine HERRGOTT 9, rue Jacob MAYER 67200 STRASBOURG 0388196671 [email protected] Le programme TMSpro L’assurance maladie / Risques professionnels a lancé un programme national prioritaire de prévention des troubles musculo-squelettiques (TMS). Il s’agit d’accompagner individuellement en ligne, avec une démarche et des outils, des entreprises de toutes tailles et de tous secteurs d’activité pour leur permettre de structurer une démarche de prévention des TMS. Les entreprises de la propreté sont invitées à s’inscrire dans ce programme, renseignements : http://www. carsat-alsacemoselle.fr/tmspros . Elles peuvent également adresser leurs questions directement à : [email protected] . LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE 3 Une bonne dose de méthode et de dialogue L’entreprise Benjamin MOLARO - directeur Alizé Alsace Stéphanie De Oliviera - animatrice de prévention TMS J’ai pris la direction de l’agence Alizé Alsace en 2009 lorsqu’elle a été constituée, 3 ans après que mon père ait créé le groupe Alizé dans le Territoire de Belfort. Mon père était très impliqué dans les structures professionnelles et représentatives (CA de la fédération, CA de la CPAM du Doubs, Medef, Prud’hommes). Il a décliné dans le groupe les valeurs promues par ces instances et nous avons adopté une charte développement durable qui nous pousse à agir sur les produits, trouver des solutions techniques et outils innovants mais surtout à promouvoir une approche « humaine » dans la façon de concevoir notre métier. L’intégration des jeunes et des seniors, l’embauche de salariés handicapés en sont une facette. Mais je citerais surtout notre politique de formation des personnels leur permettant de s’approprier ces techniques visant à améliorer leurs conditions de travail et la productivité de l’entreprise. Lorsque le Fare nous a présenté sa démarche de formation d’un « relais » en animation des projets de manutention manuelle, nous avons immédiatement pris la balle au bond. C’est ainsi que notre animatrice, en collaboration étroite avec les responsables de secteur travaille (en y associant nos clients volontaires) à cette démarche d’amélioration des conditions de travail. Dès la remise d’une offre commerciale, nous intégrons maintenant les aspects concrets afin de réduire la charge physique prévisible pour le salarié. Le client Nous cherchions un partenaire de proximité, réactif, comprenant précisément nos besoins, pour le nettoyage des chambres de notre hôtel. C’est dès les premiers contacts, lors de l’appel d’offre, que la démarche d’Alizé Alsace nous est apparue intéressante. Il ne s’agit pas pour nous de faire ingérence dans leur organisation, mais nous sommes régulièrement témoins de leurs réflexions pour améliorer les conditions de travail. N’ayant pas d’ascenseur pour desservir nos trois niveaux, nous avons proposé à l’entreprise de nettoyage d’intégrer cet aspect en utilisant un stockage à chaque niveau, avec des approvisionnements quotidiens de faibles volumes pour réduire l’importance des manutentions. Un plan de prévention a été établi en intégrant ces aspects. Nous disposons de quelques chambres avec mezzanine. Pour que leurs salariés n’aient pas à porter un aspirateur dans ces escaliers, des modèles dorsaux ont été mis en œuvre pour un meilleur confort et une réduction du risque de chute. Cette constante recherche de solutions nous permet d’être rassurés quant à la qualité et la continuité de service avec un personnel stable et motivé. Citons également que Alizé Alsace organise le transport de ses salariés. Tous les matins, c’est un minibus qui amène les 5 salariés ponctuellement devant notre établissement. Le travail peut commencer … sereinement. Cécile PERCEVAULT et Stéphane CORMIER Gérants B&B Hôtels Strasbourg Sud Geispolsheim ONET Former et informer … sans relâche ONET est leader national sur le marché du nettoyage. Son siège social se situe à Marseille, il y a 9 Directions Régionales et 189 agences. L’agence de Strasbourg (Direction Régionale EST de METZ) emploie 589 personnes. Il faut un personnel formé afin d’accomplir un travail de qualité en toute sécurité dans les différents secteurs d’activité : hospitalier, pharmaceutique, agro-alimentaire, grandes surfaces, industriel ou tertiaire. Pour ce faire, ONET entreprend des actions régulières afin de pérenniser la sécurité au travail. • Le premier moyen est le compagnonnage. Tout nouveau salarié est accompagné durant plusieurs jours sur son lieu de travail afin de connaître d’une part les tâches allouées mais aussi d’autre part les risques s’y rapportant. Nous procédons à l’accueil avec remise du « livret d’accueil », visitons les locaux, transmettons les instructions de travail ... Nous expliquons les détails du plan de prévention du site et des modes opératoires, les moyens de sécurité mis en place … • Le second volet consiste à réaliser des « causeries sécurité ». Chaque responsable de secteur (gérant environ 100 pers.), Responsable Qualité Sécurité Environnement (RQSE), responsable d’exploitation, directeur d’agence se rend sur un site, rencontre le personnel et discute d’un sujet durant environ 10min. Différents sujets de causeries sécurité (risques électriques, travail en hauteur, 4 LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE La salariée Ma journée de travail commence toujours par la mise en place de l’équipe et le partage des chambres à nettoyer. Après, je fais moi-même le nettoyage de quelques chambres, tout en répondant aux soucis que peuvent rencontrer mes collègues. C’est moi qui fais également l’interface avec la gérance de l’hôtel lorsqu’un problème particulier apparaît. A la fin du service, je contrôle chaque chambre avant de la déclarer disponible. J’ai aussi d’autres tâches. Pour que le personnel ne puisse pas être en contact avec des produits chimiques purs, c’est moi qui prépare les dilutions, à partir du produit concentré. Je le fais en sécurité, dans les bidons adaptés, qui contiennent 6 litres et ne sont donc pas trop lourds. Mes collègues n’ont plus qu’à brancher ces bidons sur leur balai à réservoir … et hop, le tour est joué, ils sont prêts à passer le balai à frange dans la salle de bain. Ce sont des balais qui d’habitude sont utilisés dans les hôpitaux. Un grand progrès pour nous, plus de serpillière mouillée à manipuler, plus de seau à véhiculer, pas de torsion du poignet ou de contorsion pour accéder dans les coins. Ces balais à réservoir sont équipés d’un « pschitt » qu’on actionne avec un bouton en haut du manche, la quantité nécessaire de produit se retrouve sur le sol. On passe la frange sur la surface à nettoyer, et lorsqu’elle est sale, elle se change sans avoir besoin de se baisser, car elle tient avec un « scratch ». Le sol est propre, le client est content … et nous aussi. Et j’oubliais, un jour par semaine actuellement, je ne suis pas à l’hôtel. Je suis en formation CQP* de chef d’équipe. J’y apprends à gérer une équipe, mais je serais aussi secouriste, et j’y passe mon permis de conduire ... c’est bien. * CQP : Contrat de Qualification Professionnel Carmen OLLAND - chef d’équipe Alizé Plan de prévention Travailler chez les autres, dans des locaux où sont exercées des activités étrangères aux siennes entraîne des risques supplémentaires. Ces situations nécessitent donc une concertation préalable afin de définir ensemble les mesures de prévention à prendre. Les partenaires sociaux, dont la FEP, s’engagent à promouvoir* l’établissement de plans de prévention décrivant et organisant la mise en œuvre de ces mesures. * Article 9 de l’avenant du 18 janvier 2012 à la Convention collective nationale des Entreprises de propreté et services associés gestes et postures,…) sont rédigés par le RQSE de l’agence et sont choisis en fonction de risques présents sur site. Les salariés prennent en compte les règles de sécurité et rédigent, si besoin, différentes remarques. • Le troisième moyen est l’envoi avec les fiches de paie de « flashs sécurité ». Cela permet de toucher l’ensemble des salariés mais avec un inconvénient toutefois: pas d’échange et de remarques en retour direct. L‘approche des flashs sécurité est identique à celle des causeries sécurité. En effet, afin de sensibiliser l’ensemble du personnel, ces flashs sécurité sont établis pour facilité la compréhention (images et exemples). Les salariés sont ainsi sensibilisés chaque mois sur des thèmes sécurité (citons : la sécurité routière, l’utilisation du téléphone portable ou encore la circulation piétonne). Nos salariés nous disent apprécier ces 3 approches complémentaires. Elles permettent un réel échange, et instaurent un « réflexe » sécurité. Souvent, les flashs sont soigneusement classés par nos salariés, preuve qu’ils s’y replongent … Propos recueillis auprès de Marie Laure OCHS (RQSE Pôle services - Strasbourg) LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE 5 Petite entreprise, grande implication Raymond Hell - Chef d’entreprise Angélique Hell - Animatrice prévention TMS L’entreprise Hell-Netis créée en 1974 par M.Raymond Hell emploie moins de vingt salariés. Elle intervient dans la Communauté Urbaine de Strasbourg, pour des prestations de nettoyage des parties communes et d’entretien d’espaces verts. Très attaché aux liens de confiance, le fondateur, artisan-maître, est fier de la fidélisation de ses équipes et de sa clientèle. La transmission de l’entreprise à sa fille Angélique est en sereine préparation. M.Raymond Hell a toujours veillé à améliorer les conditions de travail, la qualité des prestations et le bien-être de ses salariés. L’engagement de chaque salarié est un gage de réussite pour Hell-Netis. La faible structure hiérarchique, un travail en continu en journée, des équipes autonomes… sont autant de préalables qui ont permis de créer un collectif fortement impliqué. La formation des salariés joue en cela un rôle essentiel. On devient agent de propreté plutôt après une réorientation professionnelle ou un parcours de vie à rebondissements. La plupart des agents ont bénéficié d’une VAE (Validation des acquis de l’expérience) pour accéder à un diplôme d’agent qualifié ou de chef d’équipe. Les encadrants ont suivi une formation CPS (Certificat Prévention Secours). Cela facilite l’intégration des équipes du terrain dans une démarche de prévention des risques TMS. Les aspects « observation de la situation de travail » de cette formation permettent à l’entreprise d’associer chaque salarié à l’analyse du chantier pour trouver les actions réduisant la pénibilité induite par les ports, déplacements, maniements et manutentions. C’est dans ce contexte qu’intervient le rôle de Mme Hell qui a pris à cœur sa fonction d’animatrice de prévention des troubles musculo squelettiques. En 2012, elle suit le cursus de formation du Fare*. Pour analyser un chantier (exercices pratiques de cette formation), un immeuble reconnu comme « complexe » est retenu. Analyse factuelle du travail, discussion avec les salariés, repérage des particularités et des risques… Angélique Hell revoit encore l’effet lorsqu’elle a amené un pèse personne pour estimer le poids du matériel à porter dans la cage d’escalier. Après cette étape, un groupe de travail se réunit pour analyser les situations de travail, avec le médecin de travail. Suite à cette formation, les choses sérieuses ont commencé. Une analyse poussée est engagée. 6 C’est avec l’aide de l’équipe pluridisciplinaire du Service inter entreprise de santé au travail que ce diagnostic est mené. Analyse des contraintes posturales, des charges transportées, des distances parcourues … du niveau sonore lorsque l’aspirateur est passé … c’est en fait une réelle aide à l’identification des risques qui est menée par Mme Sylvie Zinck, l’Intervenante en Prévention des Risques Professionnels (IPRP) du service. La charge physique est mesurée par cardiofréquencemétrie pour analyser l’impact du travail, et de son organisation, sur les individus. Sous la coordination du Dr.JeanClaude Stempfer, ce travail est restitué de façon collective à l’entreprise, ce qui fut une précieuse et réelle aide au choix d’actions d’amélioration. Il est un élément important de discussion lors des entretiens individuels de suivi médical du travail. Toutes ces actions sont capitalisées par l’entreprise. Une fiche d’analyse du chantier, intégrant l’aspect pénibilité des tâches est systématiquement utilisée pour établir un devis. Ces éléments sont utilisés pour négocier avec le client des aménagements, et permettent de planifier le chantier sous l’aspect du résultat à obtenir, mais aussi de la façon d’organiser le travail pour en réduire les contraintes. Ce qui se faisait plus ou moins spontanément (comme par exemple la répartition des tâches entre les salariés de l’équipe) est maintenant le fruit d’une réflexion d’équipe pour un lissage des efforts et une meilleure répartition des activités sur un chantier, voire entre chantiers. S’il n’y a pas d’ascenseur dans un immeuble, il faudra monter un aspirateur par les escaliers … mais en utilisant un aspirateur plus léger, en le montant à un moment plus propice et en n’enchaînant pas les immeubles hauts sur une même matinée, cette contrainte sera moins pénible. Si de plus ce nouvel aspirateur est moins bruyant et plus ergonomique … on gagne sur tous les tableaux. LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE Document Unique Angélique Hell a les yeux qui pétillent lorsqu’elle relate avec fierté ces actions menées pour la satisfaction de tous. Des clients qui disposent de communs conformes à leurs attentes tout en ayant une relation humaine avec les acteurs intervenants dans leur bien. Des salariés impliqués et écoutés qui font un travail « dans le bon sens » et trouvent un sens à leur travail. Une entreprise en quête de performance qui sait faire appel aux structures pouvant lui apporter conseils et aide. Autant d’ingrédients à mélanger avec pragmatisme pour mettre en application une recette nommée réussite. * Voir l’article « une profession s’engage page 4 » Une aide précieuse et pluridisciplinaire Dr Jean-Claude Stempfer - Médecin du travail Sylvie Zinck - IPRP de l’ ACST Strasbourg Dr.Jean-Claude STEMPFER, vous avez assisté Hell-Netis dans sa démarche de prévention, comment s’est construit cet accompagnement ? JCS - Médecin du travail de l’entreprise Hell Netis, depuis plus de 15 ans, j’ai pu constater au fil des années l’apparition de pathologies de type troubles musculo-squelettiques (TMS), des tendinites, des syndromes du canal carpien, des problèmes de dos… Ce sont des pathologies douloureuses, et invalidantes en relation avec les gestes effectués durant le travail. De plus, la population de l’entreprise est relativement stable avec un faible turn over. Avec le vieillissement des personnes, ces maladies deviennent de plus en plus pénibles tant pour les articulations que pour les contraintes cardio-vasculaires. Le travail de nettoyage est complexe et différent pour chaque situation. Il fallait analyser plus finement le travail réel afin de mieux comprendre les spécificités des interventions et d’imaginer des pistes pour réduire les contraintes et la pénibilité. Nous avons décidé de mobiliser notre équipe pluridisciplinaire pour analyser l’activité avec les salariés, pour mesurer certaines contraintes et pour trouver des pistes de solution. L’entreprise a-t-elle facilement adhéré à la démarche et s’est engagée avec vous ? JCS – Il s’avère que Angélique Hell, venait de suivre la formation du Fare et était demandeuse pour une telle intervention. Sylvie Finck, notre L’évaluation des risques professionnels incombe à chaque chef d’entreprise. Elle donne lieu à l’élaboration d’un Document Unique servant de base dans chaque entreprise pour élaborer un plan d’action de prévention des risques et de la pénibilité. Les partenaires sociaux ont affirmé leur attachement à cette procédure*, notamment pour une bonne prise en compte des risques de troubles musculo-squelettiques (TMS). * Article 3 de l’avenant du 18 janvier 2012 à la Convention collective nationale des Entreprises de propreté et services associés IPRP, a donc pu travailler avec elle et s’appuyer sur son expérience de terrain pour mettre en œuvre un large spectre d’investigation (métrologie de la charge physique, cardiofréquencemétrie, podométrie, mesure de bruit …). Il fallait comprendre les spécificités du travail et proposer des solutions allant du remplacement du matériel à la modification de l’organisation quotidienne du travail pour alléger les contraintes. Sylvie Zinck, vous êtes donc intervenue avec un regard pluridisciplinaire pour apporter une aide à la réflexion et à l’amélioration des conditions de travail dans cette entreprise … SZ – Oui, les actions proposées peuvent être de la métrologie, de la formation et/ou des conseils. Dans le cas présent, nous avons enregistré : la fréquence cardiaque de chaque salarié sur toute la durée de leur poste de travail, le niveau sonore (utilisation de l’aspirateur dans les cages d’escalier, du souffleur…), les distances de déplacements, et analysé la manutention manuelle. Les résultats ont été présentés à l’entreprise, acteur principal de cette étude avec propositions de pistes d’améliorations se rapportant à l’organisation (programme d’intervention…), à l’équipement de travail (achat d’un aspirateur plus léger et moins bruyant…) et à l’équipement individuel (protecteur individuel contre le bruit…). Grâce à la collaboration active de l’entreprise, des salariés, du médecin du travail, de l’IPRP, cette étude a pu être menée à bien et apporter des résultats. Pouvez vous extrapoler ces résultats à d’autres entreprises du domaine de la propreté ? SZ – Seulement pour celles effectuant les mêmes tâches avec des conditions de travail similaires car les contraintes ne sont pas les mêmes pour le nettoyage des communs des immeubles et le nettoyage de bureaux par exemple. Cependant, la démarche peut être proposée à toutes les entreprises intéressées. LE POINT SANTÉ-SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES ENTREPRISES DE LA PROPRETÉ D’ALSACE MOSELLE 7 C’est arrivé chez vous Pathologie du Syndrome du Canal Carpien Projection dans l’œil pour un agent de propreté Agent de propreté depuis plus de quinze ans pour différents employeurs, j’interviens dans des locaux administratifs. Mon activité, répartie en deux temps (de 5 h à 8 h chez un premier donneur d’ordre et de 19 h à 22 h chez le second) est variée : dépoussiérage des surfaces, balayage à sec et humide des sols, nettoyage des communs, des sanitaires, des salles de réunions. Selon les jours, il m’arrive d’être seule pour réaliser les différentes tâches… « Alors là, je mets le turbo ». Les années passant, j’ai ressenti certaines douleurs dans les mains sans m’inquiéter mais elles sont devenues plus vives et plus intenses surtout dans la main droite. Je n’ai pas consulté immédiatement mais Il y a un an, lors d’une visite médicale périodique, le diagnostic est tombé « vous souffrez du Syndrome du Canal Carpien » - enchaînement des traitements qui ne m’ont pas aidée car « j’ai attendu trop longtemps » … L’opération s’impose ! Après 45 jours d’arrêt de travail, j’ai pu reprendre mon activité. Je suis agent de propreté, en CDD de 6 mois dans une entreprise de nettoyage, mis à disposition d’une entreprise agro-alimentaire au sein d’une équipe de trois salariés. Mon activité consiste à nettoyer les sols d’un laboratoire de découpe de viande en fin de journée. Comme je me débrouille bien, le chef m’a confié l’auto-laveuse. Cela fait 2 semaines que j’utilise cette machine. Je suis assis pendant le boulot. Je traverse les salles de long en large. Seule difficulté, il faut insister sur les tâches car le sol en résine doit être nickel. La machine s’encrasse facilement avec les graisses de viandes. Alors, je démonte les balais rotatifs et les passe au jet haute-pression dans la salle de lavage. J’ai vite compris que je dois la nettoyer fréquemment. L’autre jour, un corps étranger est venu se projeter dans mon œil droit. Mon responsable m’a dit que j’aurai du porter les lunettes de protection. Mais je ne savais pas qu’il y en avait dans la fourgonnette. Il m’a conduit aux urgences. L’ophtalmologiste m’a extrait un morceau de plastique provenant d’une frange du balai de l’auto-laveuse. J’ai été arrêté pendant 3 jours. Que faire face à ce risque ? - Être à l’écoute des premiers maux exprimés par les salariés - Mener une réflexion au sein de l’entreprise en réunissant les différents acteurs internes - Comprendre les différents déterminants de l’activité avant de vouloir transformer la situation de travail - Mettre en place des solutions techniques (ex : acquisition d’un nouveau chariot de ménage), mais également organisationnelles (ex : mise en place d’un nouveau mode opératoire et répartition des tâches) et humaines (ex : sensibilisation et formation du personnels au TMS). Que faire face à ce risque ? - Analyser les risques liés aux interventions, intégrer les opérations de maintenance - Définir des mesures de prévention - Établir des fiches de postes en conséquence - Former les salariés aux tâches à effectuer et à l’utilisation des équipements de travail - Informer les salariés des mesures à prendre en cas de panne ou d’incident - Doter les salariés de protections individuelles et veiller à leur port effectif Bibliographie Guide donneur d’ordre Fédération des Entreprises de Propreté et Services Associés, 25 pages Recommandations et sensibilisation face aux TMS dans les métiers de la propreté Guide concepteurs de bâtiments Fédération des Entreprises de Propreté et Services Associés, 26 pages Recommandations et sensibilisation face aux TMS dans les métiers de la propreté Repérer, évaluer et prévenir les risques professionnels dans les métiers de la propreté CRAMIF, ARACT, METRANEP, CINERGIE et cinq services de santé au travail d’Île-de-France, 9 fiches Guide pratique pour repérer, évaluer et prévenir les risques professionnels auxquels sont exposés les salariés de la propreté. Les activités de mise en propreté et services associés INRS, 80 pages Brochure « Prévention des risques » ED 963 Convention collective « Entreprises de propreté et services associés » Ministère du travail Brochure 3173, 12 pages Avenant relatif à la prévention des risques professionnels du 18janvier 2012 CONCEPTION / RÉALISATION Directeur de publication : René Marbach, Directeur de la Carsat Alsace-Moselle Pilote TMSpro : Jean Luc Mochel - Prévention Risques Professionnels Éditeur /Concepteur Prévention et Gestion des Risques Professionnels 14 rue A.Seyboth - BP 10392 - 67010 Strasbourg cedex Dépôt légal : 4ème trimestre 2014 www.proprete-services-associes.com www.fare.asso.fr www.carsat-alsacemoselle.fr