Orientation sexuelle et Discrimination
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Orientation sexuelle et Discrimination
Orientation sexuelle et Discrimination Depuis 2000, la directive cadre sur l'emploi interdit la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle, mais seulement dans le domaine de l'emploi et de la formation. En juillet 2008, une nouvelle directive étendrait la protection contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle au-delà du domaine de l'emploi et répondrait ainsi à certains des principaux défis auxquels les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transsexuelles et transgenres (LGBT) sont confrontés. Au cours des dernières années une série d’événements tels que l'interdiction de « Marches des fiertés » (Gay Pride), des propos haineux de politiciens et des déclarations d’intolérance de la part de dirigeants religieux, ont envoyé des signaux alarmants et ont suscité un nouveau débat sur l'ampleur de l'homophobie et la discrimination contre les personnes LGBT au sein de l’UE. Ces événements ont conduit le Parlement Européen à adopter une résolution condamnant l'homophobie et la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle en 2005. Même en cas de discrimination avérée au travail, ils sont très peu à avoir saisi la Halde, aujourd'hui le Défenseur des droits. « Seulement 2,5 % des plaintes en 2011 concernent la discrimination sur les homosexuels, soit 200 plaintes par an », a confirmé Jamel Oubechou, directeur de la promotion de l'égalité chez le Défenseur des droits, lors d'une conférence organisée par l'IMS. « Or ces discriminations existent, même si elles sont rarement frontales et souvent très insidieuses » a-t-il poursuivi. Si elles ne s'exercent pas lors du recrutement (l'orientation sexuelle reste un critère moins visible que d'autres), elles apparaissent en revanche dans le déroulement de carrière. Même au sein d'entreprises certes « gay friendly », mais qui n'iront pas jusqu'à promouvoir un homosexuel à un poste de manager d'équipe, fonction jugée « trop virile » pour lui être confiée, ou « trop risquée » pour un homosexuel face à une équipe de commerciaux, par exemple. « Le plafond de verre reste la principale conséquence de ces discriminations habilement masquées, et dont les preuves restent difficiles à établir », résume Jamel Oubechou. Le dernier baromètre de l'OIT (Organisation Internationale du travail) et Du défenseur des droits montre que pour une majorité de salariés, l'orientation sexuelle est une question qui doit rester privée, alors qu'ils encouragent les personnes handicapées à révéler leur handicap. En effet pour une majorité, révéler son homosexualité n'est pas synonyme d'une bonne intégration dans l'entreprise et peut se retourner contre ceux qui feraient leur « coming out ». Pour Marie-Céline Plourin, responsable de projets à l'IMS, l'orientation sexuelle reste de fait le parent pauvre des politiques « diversité » : « le sujet est d'emblée écarté par les entreprises au motif qu'il n'est pas consensuel, pas prioritaire, ne se voit pas et n'a pas d'impact ! Il faut rappeler au contraire que toutes les discriminations sont au même plan et qu'une politique diversité ne consiste pas à les hiérarchiser, commente-t-elle. Tout comme il est discriminant de ne recruter que des vendeurs homosexuels dans une boutique du Marais, il est également discriminant de refuser une promotion à un homosexuel au motif que le patron de la filiale est homophobe. C'est un délit ». Les entreprises courent effectivement un risque juridique, mais aussi un risque d'image et un risque économique. « Ne pas refléter la diversité sociale est contre-performant », ajoute Marie-Céline Plourin. Chez Orange, par exemple la politique « gay friendly » que l'on peut traduire par « amical envers les homosexuels ») facilitant à leurs employés et clients l'affirmation de leur sexualité a également pour objectif de « répondre aux enjeux business et sociétaux », souligne Laurent Depond, directeur diversité du groupe. « Après la crise sociale que nous avons traversée, il fallait que les gens retrouvent un bien-être au travail, explique-t-il. Or une personne homosexuelle n'a pas à masquer ce qu'elle est du lundi au vendredi... Cette politique permet de remobiliser, mais aussi de ne pas se couper d'un vivier de talents. C'est particulièrement le cas en Afrique, où nous sommes très présents, et où les LGBT sont discriminés ».