chapitre 4 - Maurice Info

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chapitre 4 - Maurice Info
CHAPITRE 4
— Oui, dans une poubelle…
Assise sur la clôture d’Annie, sa voisine, Éva lui expliquait comment elle avait
trouvé Casper, tout en regardant Mickey brouter avec Lorette, Vanille et Merlin. La
jument et son poulain appartenaient à la famille d’Annie, et la ponette shetland était
hébergée à la Clinique pour animaux en attendant d’être relogée. Elle et Mickey
partageaient l’enclos des chevaux. Annie n’en croyait pas ses oreilles.
— Tu veux dire que ce hamster a été jeté et abandonné dans la poubelle de ton
grand-père ?
— Oui, on a voulu le tuer, le pauvre ! s’indigna Éva en secouant la tête. Je suis
étonnée que le choc ne l’ait pas blessé. Si je ne l’avais pas trouvé, il serait mort de faim
ou aurait fini dans un camion-poubelle ! Il va bien, maintenant. Joël l’a examiné et nous
l’avons installé dans une belle cage très confortable.
Au loin, Mickey leva la tête et poussa un braiment assourdissant. Se cabrant, les
poneys s’enfuirent à une distance raisonnable.
— À ton avis, qui a jeté Casper ? demanda Annie.
Éva haussa les épaules.
— Je ne sais pas, mais j’ai bien l’intention de le découvrir. Tu veux m’aider ?
Annie accepta avec enthousiasme.
— On commence par quoi ?
— Par la jardinerie de mon grand-père, proposa Éva. Il faut prendre la piste à son
tout début. Allons-y !
Annie sauta de la clôture dans son jardin.
— Je vais juste prévenir ma mère et lui dire où nous allons, dit-elle. Attends-moi ici,
j’en ai pour une minute.
Georges Hébert secoua la tête après avoir écouté patiemment le plan des deux
fillettes.
— Essayez, si vous voulez, mais je crois que vous aurez du mal. Des dizaines de
gens passent chaque jour devant cette poubelle. N’importe qui aurait pu y jeter cette
pauvre bête… J’ai eu beaucoup de clients hier.
— Je sais, Grand-père, mais j’espère que tu pourras te rappeler certains détails,
reprit Éva, sans se décourager.
Elle était fermement déterminée à retrouver le propriétaire de Casper.
— Te souviens-tu, par exemple, quand tu as vidé la poubelle pour la dernière fois ?
demanda-t-elle.
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— Et hier, avez-vous remarqué une personne un peu bizarre parmi vos clients ?
ajouta Annie.
Le grand-père d’Éva se concentra.
— Attendez que je me souvienne… Ah oui, vous voulez dire un type avec un
masque noir et un pyjama rayé, qui portait un gros baluchon sur l’épaule…
— Grand-père ! gronda Éva. C’est important. Nous voulons mettre la main sur celui
qui a fait ça à ce pauvre Casper, et l’empêcher de recommencer.
— Alors comme ça, vous allez jouer les Sherlock Holmes, toutes les deux ?
Georges Hébert prit place derrière le guichet.
— Voyons ça… La plupart des clients d’hier étaient des gens que je connais bien,
des gens d’ici. Je ne crois pas que le coupable se trouve parmi eux.
— Et les autres ? demanda Éva. Ceux que tu n’avais jamais vus ? As-tu remarqué
quelqu’un près de la poubelle ?
Alors qu’elle interrogeait son grand-père, Éva aperçut une visiteuse près de
l’entrée. C’était Tiphaine Le Gall, à demi dissimulée derrière un grand arbre. Elle
l’observait, et se cacha dès qu’elle comprit qu’elle avait été repérée.
— Attendez-moi une minute, dit Georges Hébert, qui partit servir un client.
— Tu as vu ça ? murmura Éva à Annie. Tiphaine Le Gall nous espionne !
— Tiphaine comment ? demanda Annie, qui n’avait pas encore entendu parler des
nouveaux occupants du Manoir des Frênes.
À cet instant, Tiphaine montra sa tête, puis disparut de nouveau.
— C’est elle ! souffla Éva. Tu dois la connaître, non ? C’est la nouvelle qui est dans la
classe de monsieur Varenne.
— Ah oui, je vois… acquiesça Annie.
— Mais qu’est-ce qu’elle a ? Pourquoi se cache-t-elle ? murmura Éva.
Annie n’eut pas le temps de répondre, car une femme brune vêtue d’un pantalon
blanc et d’un pull rose vif entra.
— Viens, Tiphaine, n’aie pas peur. Amène Bonnie et Clyde avec toi dit-elle en
s’approchant du guichet, où Georges venait tout juste de servir son client.
À contrecœur, la fillette blonde sortit de sa cachette avec les deux dalmatiens, qui
tiraient sur leur laisse et reniflaient partout en remuant la queue.
— Monsieur Hébert ? demanda la dame d’un ton aimable.
— C’est moi, répondit sèchement le grand-père d’Éva, qui s’attendait à une
nouvelle dispute.
— Je suis Julia Le Gall, votre nouvelle voisine. Je crois que vous avez déjà fait la
connaissance de mon mari Laurent, de ma fille Tiphaine et de nos deux chiens.
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— En effet, acquiesça Georges. Mais je crains que nous n’ayons pas démarré sur de
bonnes bases.
Madame Le Gall approuva.
— Tiphaine m’a raconté ce qui s’était passé avec Bonnie et Clyde et m’a parlé des
dégâts qu’ils avaient causés. Je suis venue m’excuser…
Éva regarda madame Le Gall, puis sa fille, qui avait toujours l’air aussi mal à l’aise.
— Mon mari est très préoccupé en ce moment, poursuivit la visiteuse. Notre
emménagement au manoir ne s’est pas aussi bien déroulé que prévu. Hier la chaudière
est tombée en panne, et aucun plombier n’a voulu se déplacer parce que c’était
dimanche… Mon mari était furieux, croyez-moi !
Georges hocha la tête.
— D’accord, oublions cet incident avec les chiens. Nous avons tout nettoyé et mon
fils va m’aider à réparer la clôture.
— Je vous rembourserai ! proposa madame Le Gall.
Contrairement à son mari, qui s’était montré grossier et impulsif, madame Le Gall
était charmante et très serviable.
— Je vous prie encore une fois d’excuser le comportement de Bonnie et Clyde.
Voyez-vous, ils sont jeunes et nous venons juste de les adopter. Ils ont été mal éduqués
par leurs anciens maîtres.
Le grand-père d’Éva hocha la tête en souriant et les deux adultes continuèrent à
discuter calmement. Seule Tiphaine Le Gall avait l’air tendue. Elle fit asseoir les chiens
près de la poubelle, en tenant leur laisse bien serrée.
— Vous devriez en parler à ma petite-fille, conseilla Georges à Julia. Avec son frère,
je suis sûr qu’elle pourrait vous aider à dresser vos chiens. À la Clinique, ils sont habitués
à rééduquer les animaux. C’est un peu plus loin, sur la grande route…
— Tu entends, Tiphaine ? dit madame Le Gall en se tournant vers sa fille. C’est une
bonne idée, non ?
La fillette haussa les épaules tandis que Bonnie et Clyde, agités, tiraient sur leurs
laisses. Ils tirèrent si fort qu’elle perdit l’équilibre et tomba sur la poubelle, qui vacilla et
se renversa.
« Ouaf ! Ouaf ! » Surpris, les chiens bondirent une nouvelle fois en avant et
s’échappèrent… en direction de la pépinière.
— Oh non, ils ne vont pas recommencer ! soupira Tiphaine, en s’élançant derrière
Bonnie et Clyde.
— Mon Dieu ! s’écria madame Le Gall. Je commence à penser que ces chiens nous
apportent plus d’ennuis que de satisfaction. Mais Tiphaine adore les animaux : les chats,
les chiens, les lapins, les hamsters…
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— C’est vrai ? demanda Éva, surprise.
Tiphaine n’avait pas l’air d’une fille qui raffolait des animaux.
— Oui ! Crois-moi, elle serait très triste si nous nous séparions de Bonnie et Clyde.
« Ouaf ! Ouaf ! » Les deux dalmatiens étaient passés de l’autre côté de la clôture et
commençaient à saccager le jardin.
— Venez ici ! Assis ! Couchés ! criait Tiphaine en vain.
— Hamster ? Vous avez dit « hamster » ? lança Éva, qui commençait à soupçonner
quelque chose.
— Oui, enfin… tout ce qui a de la fourrure et quatre pattes ! répondit Julia Le Gall
avec un soupir.
Elle s’apprêtait à aller aider sa fille à maîtriser les deux dalmatiens, mais Éva lui
barra le chemin.
— Tiphaine a d’autres animaux ? demanda-t-elle. Un hamster, par exemple ?
— Oui, pourquoi ? répondit Julia Le Gall, avant de se reprendre : « Euh… en fait,
non, pas en ce moment. »
Oui ou non ?
Madame Le Gall le savait certainement.
— Désolée, mais je dois rentrer chez moi et m’occuper de ces chiens ! ajouta Julia
en passant devant Éva.
— De quelle couleur est le hamster de votre fille ? cria Éva, dans son dos.
Mais madame Le Gall était beaucoup trop pressée pour lui répondre.
CHAPITRE 5
— Je te parie que j’ai raison ! dit Éva à Annie.
— Mais tu ne peux pas en être sûre ! protesta celle-ci.
Durant tout le chemin du retour, Éva avait exposé à son amie sa théorie concernant
Casper.
— Quand même, c’est très suspect, tu ne trouves pas ?
Éva entra dans l’infirmerie, où sa mère était en train de lire les premières
candidatures qu’elle avait revues pour le poste de Joël.
— Éva pense que c’est Tiphaine Le Gall qui a jeté Casper à la poubelle, dit Annie à
Hélène.
— Ah ah… Elle recommence à jouer les détectives ? plaisanta Hélène, trop occupée
pour prêter vraiment attention aux deux fillettes.
— Bien sûr ! répliqua Annie. Et maintenant, elle va me présenter Casper et me
laisser le toucher.
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— C’est gentil, approuva Hélène.
Elle cliqua sur le bouton de la souris pour lire un CV :
— Tania Bourdeau, 26 ans, diplômée de l’école de Dublin, spécialisée en
dentisterie…
— C’est là-bas, tout au fond ! indiqua Éva, qui guidait son amie dans la section
réservée aux petits animaux.
Lapins, hamsters, cochons d’Inde et souris étaient logés dans des cages. Bien
propres et soigneusement alignées, elles possédaient toutes un distributeur d’eau et de
nourriture spéciale.
Sur fond de couinements et de petits cris en tout genre, les deux fillettes passèrent
devant Hugo, le gentil lapin brun agrippé aux barreaux de sa cage, puis devant Muscade
et Lily, les lapins arlequins, avec leur pelage gris tacheté et leurs queues noires en
pompon.
Ensuite, elles saluèrent Lulu et Kiki, les deux cochons d’Inde à poils longs, et Bernie
le furet, qui sortit timidement la fête de sa litière de paille.
Arrivée au bout de la rangée, Éva ouvrit avec précaution la cage de Casper et tendit
la main pour l’attraper. Le petit animal cligna des yeux et dressa les oreilles. Puis, après
avoir humé les doigts d’Éva, il s’installa dans sa paume, où il avait l’air de beaucoup se
plaire.
— Je peux le prendre ? demanda Annie, tout excitée.
Éva lui tendit le hamster. Ses petits pieds roses griffaient très légèrement, tandis
que son pelage doré et blanc était doux et chaud.
— Tu crois qu’il va me mordre ? questionna Annie.
— Non, si tu ne le brusques pas en le faisant sauter.
Casper semblait habitué aux gens. Il n’était pas très farouche, même après son
séjour dans la poubelle.
— Il est mignon, n’est-ce pas ?
— Adorable ! approuva Annie, approchant son visage tout contre l’animal. Il est
déjà sur votre site ?
— Oui, Éric l’a photographié et mis en ligne dès qu’il a été baptisé.
— Mais alors… ça signifie que même si tu as raison au sujet de Tiphaine Le Gall, tu
ne le renverras pas au Manoir des Frênes ?
— Surtout pas ! s’écria Éva.
Elle prit Casper des mains de son amie et le remit dans sa cage, puis alla chercher
une tranche de pomme dans le réfrigérateur.
— Menu spécial hamster !
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— Mais si Tiphaine est la vraie maîtresse de Casper, tu devrais lui dire qu’il est ici,
tu ne crois pas ? demanda Annie, craignant que son amie ne trouve trop vite un nouveau
foyer pour l’animal.
Éva glissa la lamelle de pomme entre les barreaux de la cage et secoua la tête d’un
air déterminé.
— Tiphaine l’a abandonné, n’est-ce pas ? Alors c’est qu’elle ne veut plus de lui !
— Mais quand même… reprit Annie, mal à l’aise, j’imagine qu’elle devait avoir une
raison pour le laisser dans la poubelle.
— Quelle raison ? rétorqua Éva, contrariée. Tu l’as bien vue, Annie. Cette fille est
stupide et ne s’occupe pas de ses animaux. C’est pourquoi je ne renverrai jamais Casper
au manoir !
Le lundi matin, à l’école, Éva raconta à tout le monde l’histoire de Casper le
hamster abandonné, dans l’espoir de lui trouver rapidement un nouveau foyer.
— Il est vraiment très mignon et très sage, dit-elle à mademoiselle Fauvel, son
institutrice. Et bien apprivoisé.
— Désolée, Éva, répondit la jeune femme en souriant. Je passe toutes mes vacances
en France, et je n’ai personne pour s’occuper de lui pendant mon absence.
Éva décrivit le hamster à madame Leroux, l’une des femmes de service de son
école.
— Casper est doré et blanc, avec des oreilles poilues et des pieds roses. Il ne mord
pas et aime bien le contact avec les gens.
Céline Leroux posa son torchon pour écouter Éva.
— J’ai déjà eu un hamster, dit-elle.
— Ils se contentent de peu ! renchérit Éva. Il suffit de nettoyer leur cage et de leur
donner de l’eau fraîche et de la nourriture. Plus une roue pour qu’ils puissent faire un
peu d’exercice !
Céline acquiesça.
— Je sais, mais mon fils Rémi est grand maintenant. Il n’a plus d’animaux. Et puis,
mon mari est allergique, et éternue dès qu’il se trouve dans la même pièce qu’un
rongeur. Désolée, Éva, mais je ne peux pas accueillir Casper.
Cet après-midi-là, dans le bus qui ramenait les deux fillettes chez elles, Annie tenta
de consoler son amie.
— Ce n’est pas grave. Tu as essayé…
Éva soupira et regarda les haies et les champs qui défilaient par la fenêtre.
— Ça ne suffit pas. Je t’assure, il faut que je trouve quelqu’un pour adopter Casper
avant que…
Annie termina la phrase à sa place.
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— … avant que Tiphaine Le Gall retrouve sa trace, change d’avis et décide de venir
le récupérer ? Écoute, Éva, je vais demander à ma mère si nous pouvons adopter Casper.
Mais je suis presque sûre qu’elle dira non.
Linda Bordes avait déjà accueilli Vanille et Merlin, et laissait Lorette et Mickey
paître dans son champ. Annie savait qu’elle irait trop loin en lui demandant d’héberger
aussi Casper.
Comme le bus marquait leur arrêt, Annie et Éva descendirent avec les autres
enfants du village.
— Adrien, tu ne veux pas un hamster ? demanda Éva au meilleur ami de son frère,
qui était depuis peu le nouveau maître de Lucien, un lapin nain.
— Non merci, répondit celui-ci, en la dépassant pour suivre la très jolie Élise
Savoye.
— Je le lui ai déjà demandé ! expliqua Éric, qui avait surpris la conversation.
— Parles-en quand même à ta mère, murmura Éva à Annie lorsqu’elles se
séparèrent.
Quand Éva et Éric rentrèrent chez eux, ils trouvèrent Hélène, leur mère, occupée à
examiner des candidatures. Jusqu’à maintenant, elle en avait reçu cinq.
— Qui choisiriez-vous pour un entretien d’embauche ? demanda-t-elle à Éric et à
Éva en leur montrant les CV. Au fait, j’ai reçu un appel de Julia Le Gall, du Manoir des
Frênes. Elle voudrait que vous l’aidiez à dresser ses deux rebelles, Bonnie et Clyde.
— Quoi ? lança Éva.
Hélène la reprit immédiatement.
— Éva, reste polie. Quand on n’a pas bien entendu quelque chose, on dit «
comment » et pas « quoi ». Mais je crois que tu m’as bien entendue, n’est-ce pas ?
— Éva n’aime pas beaucoup les Le Gall, expliqua Éric. Mais ce serait génial de
rééduquer leurs chiens. On commence quand ?
— En fin d’après-midi, dit Hélène, en continuant de trier ses papiers. Mais vous
pouvez commencer à vous préparer. Je préviens Julia que vous serez chez elle à dix-sept
heures.
Éric avait conduit Clyde dans le champ situé derrière la jardinerie.
— Assis ! ordonna-t-il, joignant le geste à la parole.
Le jeune dalmatien s’assit gentiment sur l’herbe.
Clic ! Éric appuya sur le Clicker, le petit appareil qu’il utilisait pour dresser les
chiens, puis donna immédiatement une récompense à l’animal. Cette nouvelle méthode
sans violence fonctionnait à merveille.
Tandis que Clyde s’entraînait à obéir à un ordre – une fois, deux fois, trois fois –,
Éva attendait avec Bonnie.
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— Bon chien ! dit Éric en caressant la large tête de l’animal.
Clyde remua la queue et se lécha les babines.
— C’est à toi, maintenant, dit Éva à Bonnie, qui détala sans attendre et commença à
faire des cabrioles dans le champ.
— Cette chienne est folle ! soupira Éric.
Mais Éva ne s’avouait pas si facilement vaincue.
Éva.
— Ici, Bonnie ! dit-elle, en tenant une croquette dans sa main levée.
De loin, Bonnie reconnut la nourriture. Avec un jappement de joie, elle rejoignit
— Assis ! ordonna celle-ci quand la chienne s’arrêta.
Accompagnant son ordre d’un geste ferme et précis, elle répéta :
— Assis !
Bonnie obéit. Éva appuya sur le Clicker et lui donna sa récompense, qu’elle avala
tout rond.
— Encore, dit Éric d’un ton calme.
Éva recommença l’exercice avec patience et fermeté. Après avoir donné six ordres
différents, auxquels la chienne obéit avec succès, elle s’arrêta, satisfaite.
— C’est bien ! dit-elle en flattant Bonnie. Tu es une bonne chienne. Oui, c’est ça !
Bonnie leva vers Éva un regard heureux et confiant.
Elle attendait le prochain ordre.
— D’accord, essayons encore une fois, décida Éric. « Assis » et « Pas bouger ». Si les
deux chiens apprennent à obéir à ces deux ordres en une seule leçon, ce sera super.
Et, de nouveau, les jeunes dalmatiens, très intelligents, apprirent facilement. Après
une demi-heure d’entraînement, Éva et Éric les raccompagnèrent au Manoir des Frênes.
Ils étaient très optimistes.
— Comment ça s’est passé ? leur demanda Julia Le Gall alors qu’ils faisaient entrer
les chiens dans la remise.
Éric défit la laisse de Clyde pendant qu’Éva essuyait les pattes de Bonnie avec un
chiffon.
— Ils se sont très bien débrouillés, répondit Éric. Nous leur avons appris les ordres
« Assis » et « Pas bouger ». La prochaine fois, nous essayerons « Ici ».
— Tu as entendu, Tiphaine ? lança Julia par-dessus son épaule.
Comme d’habitude, la fillette était cachée.
À l’appel de sa mère, elle sortit de derrière la porte.
— Bonnie et Clyde viennent de prendre leur première leçon de dressage et ils ont
très bien réussi ! rapporta Julia.
Tiphaine se contenta de froncer les sourcils sans rien dire.
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Éva lâcha Bonnie après une dernière caresse.
La chienne bondit vers Tiphaine qui fut incapable de l’arrêter.
— Non ! ordonna-t-elle.
Comme les chiens l’ignoraient, elle se retourna et courut se réfugier dans la
maison.
— Je m’inquiète pour ma fille, dit Julia, comme si elle pensait tout haut. Elle n’a pas
l’air de bien s’habituer à sa nouvelle école. Je crois que ses amis lui manquent.
Éric acquiesça d’un hochement de tête, tandis qu’un étrange silence s’abattait sur
la pièce.
Éva en profita pour parcourir du regard les objets entassés dans la remise. Il y
avait des cartons partout, et des chaises de jardin étaient empilées dans un coin. Dessus,
elle vit une petite cage vide.
— Tiens donc… murmura-t-elle.
— À demain, alors ! dit Éric, prenant congé de madame Le Gall.
— Oui, et merci d’avoir accepté de dresser Bonnie et Clyde. Je suis soulagée…
Éva examina la cage. Elle possédait un petit toit grillage, et il y avait encore des
copeaux de bois dans le fond. Elle était également pourvue d’une roue et d’un
distributeur d’eau : tout ce qu’il fallait à un hamster !
— Éric, attends-moi ! lança Éva en courant après son frère pour le rattraper.
Devine ce que je viens de voir ?
— Je ne sais pas, dis-moi…
— Une cage pour hamster vide posée sur une pile de chaises de jardin !
— Et alors ? questionna Éric, en mettant son casque avant d’enfourcher son vélo.
— C’est la preuve que Casper est bien à Tiphaine. Pas étonnant qu’elle ait toujours
l’air coupable. C’est elle qui a jeté son hamster à la poubelle !
Tina Nolan
Animaux en détresse : Casper, le hamster trouvé (chapitres 4-5)
2010
Animaux en détresse : Casper, le hamster trouvé
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