La maladie de l`enroulement des feuilles de la tomate - Patho-Bios

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La maladie de l`enroulement des feuilles de la tomate - Patho-Bios
Maladies virales des plantes cultivées au Sahel
(2010)
La maladie de l'enroulement des feuilles de la tomate
Koutou M., F. Tiendrébéogo, V.S.E. Traoré , G. Konaté, O. Traoré
INERA 01 BP 476 Ouagadougou 01, Burkina Faso
Introduction
La tomate (Lycopersicum esculentum) est une
plante maraîchère très répandue dans le monde. On
en compte plus de 4000 variétés dont les fruits sont
de toute taille, certains atteignant 1,5 kg (Rick, 1978)
Parallèlement à sa distribution mondiale, la
tomate est affectée par plusieurs maladies virales
ayant une répartition géographique très large. La
maladie de l'enroulement des feuilles apparaît
comme l'une des maladies majeures de tomate dans
le monde. En Afrique, cette maladie a fortement
contribué à baisser la productivité de la tomate et a
poussé certains producteurs à abandonner la culture
de la tomate.
Cette fiche technique résume les principales
caractéristiques de la maladie de l'enroulement des
feuilles de la tomate ainsi que les stratégies de lutte
actuellement utilisées.
Les symptômes et propagation
Les plants de tomate malades subissent une grande
désorganisation de leur croissance et sont généralement
naines. Les feuilles sont de taille réduite et présentent un
jaunissement et/ou un enroulement en forme de cuillère
(Figure 1). En cas d'infection sévère, les plants produisent
peu ou pas de fruits qui en plus ne sont pas
commercialisables.
La propagation de la maladie au champ est assurée
exclusivement par la mouche blanche Bemisia tabaci
(Figure 2). L'insecte est capable de prélever et de transmettre
l'agent pathogène de la maladie à partir de fruits provenant
de plants malades (Delatte et al., 2003). La difficulté de
contrôler les populations de cet insecte suite à l'inefficacité
des traitements chimiques est à la base des épidémies
dévastatrices de la maladie de l'enroulement des feuilles de
la tomate depuis la fin des années 1990s.
L'agent pathogène de l'enroulement des feuilles de la
tomate.
Deux virus voisins sont responsables de la maladie de
l'enroulement de feuille de la tomate. Ils appartiennent tous
au genre Begomovirus avec des particules circulaires de 1820 nm de diamètre regroupées par paires (Figure 3). L'un des
virus connu sous le nom de Tomato yellow leaf curl virus
(ou TYLCV) induit des symptômes caractéristiques de
jaunissement et de déformation des feuilles en forme de
cuillère (Figure 1A). Le second virus (Tomato leaf curl virus,
TLCV) induit des symptômes d'enroulement seul (Figure
1B)
Figure 1. Symptômes de la maladie de l'enroulement des feuilles de
la tomate. A: jaunissement et déformation sous forme de
cuillère; B: enroulement
Figure 2. Mouches blanches (bemisia tabaci) : grandeur nature (A);
détail d'une mouche blanche (B)
Figure 3. Micrographie électronique de l'agent pathogène de
l'enroulement des feuilles de la tomate
Contact: Oumar Traoré, Tel : +226 50 31 92 02/08; [email protected]
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Diagnostic de la maladie
Les plants de tomate malades sont assez
facilement reconnaissables par l'enroulement de
leurs feuilles ou le jaunissement et la déformation
en des feuilles en forme de cuillère. De plus les
feuilles sont souvent de plus petite taille avec un
aspect froissé.
Le diagnostic biologique utilise la transmission
par le vecteur Bemisia tabaci. De plus, la détection
sérologique est couramment utilisée au laboratoire.
Cependant, il existe une parenté sérologique entre
les virus de l'enroulement des feuilles de la tomate
et les autres virus du genre Begomovirus (Harrison
et Robinson, 1999). La sérologie n'est donc pas
suffisante pour diagnostiquer la maladie de façon
précise.
Les tests fiables de détection sont basés sur
l'hybridation moléculaire, la détermination et
l'analyse de séquences du génome viral (Haible et
al., 2006).
Recommandations pour la gestion de la maladie
Plusieurs méthodes culturales peuvent être
appliquées pour réduire la propagation de la maladie
au champ:
• protection des pépinières contre les mouches
blanches
• élimination des vieux plants de tomate servant
de sources de virus et de refuges pour les
mouches blanches
• observer une période de non culture de la tomate
pour réduire les sources d'inoculum
• le concombre en culture associée avec la tomate
sert de plante piège pour les mouches blanches.
Ces dernières circulent moins entre les plants de
tomate, limitant ainsi la propagation de la
maladie.
Le contrôle du vecteur par traitements
insecticides a longtemps été utilisé. Il est
aujourd'hui peu efficace à cause de la résistance des
mouches blanches aux insecticides (Horowitz et al.,
1994). De nouvelles molécules chimiques sont
recherchées pour lutter efficacement contre les
mouches blanches.
Les variétés résistantes à la maladie ont été
produites par croisement avec l'espèce sauvage de
tomate Lycopersicon hirsutum. Cependant, elles ne
répondent pas aux attentes des consommateurs du
fait qu'elles ont incorporés en même temps des
caractéristiques indésirables de L. hirsutum
(Moriones et Navas-Castillo, 2000).
Références bibliographiques
Delatte H, Dalmon A, Rist D, Soustrade I, Wuster G,
Lett JM, Goldbach RW, Peterschmitt M, Reynaud B
(2003). Tomato yellow leaf curl virus can be acquired
and transmitted by Bemisia tabaci (Gennadius) from
tomato fruit. Plant Disease 87:1297-1300.
Haible D, Kober S, Jeske H (2006). Rolling circle
amplification revolutionizes diagnosis and genomics of
geminiviruses. Journal of Virological Methods 135: 9–
16.
Harrison BD, Robinson DJ (1999). Natural genomic and
antigenic
variation
in
whitefly
transmitted
geminiviruses (begomoviruses). Annual Review of
Phytopathology 37:369-398.
Moriones E, Navas-Castillo J (2000). Tomato yellow
leaf curl virus, an emerging virus complex causing
epidemics worldwide. Virus Research 71: 123-134.
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