Dionne Haroutunian www.dionneharoutunian.com Seattle

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Dionne Haroutunian www.dionneharoutunian.com Seattle
Dionne Haroutunian
www.dionneharoutunian.com
Seattle, Washington
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Née à Genève d’un père arménien et d’une mère suisse, Dionne Haroutunian
part en 1985 s’installer à Seattle, dans l’état du Washington. En 1991, elle fonde
“Sev Shoon Arts Center”, un centre de gravure renommé qu’elle gère jusqu’en
2012. En 2004, avec trois partenaires, elle crée “BallardWorks”, un immeuble
d’ateliers qui abrite une communauté dynamique d’artistes. Elle voyage dans
tous les Etats-Unis, au Canada, au Mexique, au Nigéria, en Chine et en Suisse,
pour exposer ses œuvres et enseigner la gravure.
Racines
L’année passée, j’ai conçu une nouvelle série d’impressions biographiques dont
l’idée première est d’aborder un des plus grands paradoxes de la vie : la
coexistence de la joie et de la souffrance. J’en présente ici une petite partie,
intitulée “Racines”, qui explore et exprime ce que représente pour moi
l’Arménie. L’Arménie n’est pas seulement le pays natal de mon père, elle évoque
violence et rupture soudaine avec racines, famille et pays. Mais elle est aussi
une riche civilisation dont en témoignent les églises imposantes.
Trois personnes ont eu une influence aussi profonde que diverse sur mon
développement personnel, mon rapport à l’Arménie et sur ma vision du monde :
Ma tante a partagé aussi bien les secrets de la cuisine arménienne que les
histoires épouvantables de massacres et tortures. C’est elle qui représente le
lien avec le pays de mon père et la connexion avec le passé familial. Ses
histoires ne m’ont pas seulement amené à développer une relation avec un pays
abstrait, elles ont défini la communauté arménienne par laquelle j’étais
entourée. Par elles, j’ai développé une conscience immuable à l’égard de la
violence et de l’injustice qui règnent dans le monde, me poussant à prendre
position au moyen de mon art.
Passionné d’histoire, d’art, culture et politique, mon oncle est celui que j’ai
observé sculpter et qui m’a fait découvrir l’esthétique arménienne reflétant à
mes yeux, comme les églises à l’architecture austère et sombre qui m’ont
fascinée lors de mes visites en Arménie, la douleur et la résilience de ce peuple.
Avec mon père, j’ai appris que la cruauté et la violence n’appartiennent pas à un
peuple mais à des individus. Il disait “il y a des bons Turcs et des mauvais
Arméniens, tu ne peux pas généraliser”. Bien qu’il soit toujours resté
profondément attaché à sa patrie d’origine, il portait à la Suisse un amour
absolu, voyant en elle la possibilité d’une renaissance, d’un futur et une nouvelle
patrie. Son ouverture à se sentir et être autant suisse qu’arménien m’a permis
de me définir non pas comme “Arménienne” ou “Suisse”, mais comme citoyenne
du monde.
Pour moi, le vécu humain représente une source d’inspiration fondamentale,
autant que la recherche du beau un moyen de son expression. Si injustice et
violence me touchent profondément, quand je plonge dans mon atelier pour
créer de nouvelles œuvres, c’est la recherche d’équilibre et d’harmonie entre
émotions et esthétique qui me guide.
Racines est une réponse à un monde qui ne cesse de me stupéfier par l’éventail
infini d’expériences et de contradictions qu’il nous propose.
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Dans mon art, j’utilise plusieurs techniques de gravure – ici le monotype, la
gravure sur bois et linoleum, la sérigraphie, et la lithographie. Quoique j’utilise
plaques et répétitions d’éléments, je travaille comme un peintre et ne me
préoccupe pas de pouvoir reproduire mes œuvres dans la tradition de la gravure.
D’un point de vue esthétique, je suis obsédée par la superposition de couches,
qui symbolise le fait qu’une infinité d’évènements, d’émotions, et d’échanges
prennent place simultanément.