Italo Calvino

Transcription

Italo Calvino
Classiques
& Contemporains
Italo Calvino
Le Vicomte pourfendu
LIVRET DU PROFESSEUR
établi par
N ATHALIE L EBAILLY
M ATTHIEU G AMARD
professeurs de Lettres
SOMMAIRE
DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE
Généralités ......................................................................................................... 3
Choix de textes sur le thème du duel ........................................... 3
POUR COMPRENDRE :
quelques réponses, quelques commentaires
Étape 1
Étape 2
Étape 3
Étape 4
Étape 5
Étape 6
Étape 7
Étape 8
Les désastres de la guerre ...........................................
« Vivant et pourfendu »...................................................
Retour à Terralba ..................................................................
Les communautés de Terralba ...................................
Le vicomte amoureux ........................................................
Un mystère à Terralba ......................................................
Les bonnes actions du vicomte..................................
Union et réunion...................................................................
Conception : PAO Magnard, Barbara Tamadonpour
Réalisation : Nord Compo, Villeneuve-d’Ascq
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DOCUMENTATION COMPLÉMENTAIRE
Généralités
Pour aller plus loin dans la réflexion sur le texte de Calvino, consulter
l’article de Sarah Amrani, « Les ancrages génériques des textes narratifs comiques
d’Italo Calvino », disponible à l’adresse suivante :
http://www.univparis3.fr/recherche/chroniquesitaliennes/PDF/Web4/AMRANI03.pdf
Choix de textes sur le thème du duel
• Honoré de Balzac, Illusions perdues (1836), première partie « Les deux poètes »
– Monsieur, dit le mari offensé, vous prétendez avoir trouvé madame de Bargeton
dans une situation équivoque avec monsieur de Rubempré ?
– Avec monsieur Chardon, reprit ironiquement Stanislas qui ne croyait pas
Bargeton un homme fort.
– Soit, reprit le mari. Si vous ne démentez pas ce propos en présence de la société
qui est chez vous en ce moment, je vous prie de prendre un témoin. Mon beau-père,
monsieur de Nègrepelisse, viendra vous chercher à quatre heures du matin. Faisons
chacun nos dispositions, car l’affaire ne peut s’arranger que de la manière que je viens
d’indiquer. Je choisis le pistolet, je suis l’offensé.
[…]
– Un homme de la campagne à qui j’ai entendu raconter les détails avait tout
vu de dessus sa charrette. Monsieur de Nègrepelisse était venu dès trois heures du
matin pour assister monsieur de Bargeton ; il a dit à monsieur de Chandour que
s’il arrivait malheur à son gendre, il se chargeait de le venger. Un officier du régiment de cavalerie a prêté ses pistolets, ils ont été essayés à plusieurs reprises par
monsieur de Nègrepelisse. Monsieur du Châtelet voulait s’opposer à ce qu’on exerçât les pistolets ; mais l’officier que l’on avait pris pour arbitre a dit qu’à moins de
se conduire comme des enfants, on devait se servir d’armes en état. Les témoins ont
placé les deux adversaires à vingt-cinq pas l’un de l’autre. Monsieur de Bargeton,
qui était là comme s’il se promenait, a tiré le premier, et logé une balle dans le cou
de monsieur de Chandour, qui est tombé sans pouvoir riposter. Le chirurgien de
l’hôpital a déclaré tout à l’heure que monsieur de Chandour aura le cou de travers
pour le reste de ses jours.
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• Alexandre Dumas, Le Bagnard de l’opéra (1844), chapitre 7 « Le duel »
(« Classiques & contemporains » n°23, Magnard)
Ce… octobre, 18…
Cette nuit j’ai été prévenu, à une heure du matin, qu’un duel devait avoir lieu
entre monsieur Henry de Faverne et monsieur Olivier d’Hornoy, et que ce dernier
me faisait prier de les accompagner sur le terrain.
Je me rendis chez lui à cinq heures précises.
À six heures nous étions allée de la Muette, lieu du rendez-vous.
À six heures un quart, monsieur Henry de Faverne tombait blessé d’un coup
d’épée.
Je m’élançai aussitôt vers lui, tandis qu’Olivier et ses témoins remontaient en voiture et reprenaient le chemin de Paris ; le blessé était évanoui.
Il était évident, en effet, que la blessure était sinon mortelle du moins des plus
graves : la pointe du fer triangulaire entrait du côté droit et était sortie de plusieurs
pouces du côté gauche.
Je pratiquai à l’instant même une saignée.
J’avais recommandé au cocher de prendre, en revenant, l’avenue de Neuilly et les
Champs-Élysées, d’abord parce que cette route était la plus courte, mais surtout parce
que la voiture, pouvant rouler continuellement sur la terre, devait moins fatiguer le
blessé.
En arrivant à la hauteur de l’Arc-de-Triomphe, monsieur de Faverne donna
quelques signes de vie ; sa main s’agita et, paraissant chercher le siège d’une douleur
profonde, s’arrêta sur sa poitrine.
Deux ou trois soupirs étouffés, qui firent jaillir le sang par sa double plaie, s’échappèrent péniblement de sa bouche. Enfin il entrouvrit les yeux, regarda ses deux
témoins ; puis, fixant son regard sur moi, me reconnut, et, faisant un effort, murmura :
– Ah ! c’est vous, docteur ? Je vous en supplie, ne m’abandonnez pas ; je me sens
bien mal.
Puis, épuisé par cet effort, il referma les yeux, et une légère écume rougeâtre vint
humecter ses lèvres.
Il était évident que le poumon était offensé.
– Soyez tranquille, lui dis-je ; vous êtes gravement blessé, il est vrai, mais la blessure n’est pas mortelle.
Il ne me répondit pas, n’ouvrit pas les yeux, mais je sentis qu’il me serrait faiblement la main avec laquelle je lui tâtais le pouls.
Tant que la voiture roula sur la terre, tout alla bien ; mais en arrivant à la place de
la Révolution, le cocher fut obligé de prendre le pavé, et alors les soubresauts de la
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voiture parurent faire tant souffrir le malade, que je demandai à ses témoins si l’un
d’eux ne demeurait pas dans le voisinage, afin d’épargner au blessé le chemin qui lui
restait à faire jusqu’à la rue Taitbout.
Mais à cette demande que, malgré son insensibilité apparente, monsieur de
Faverne entendit, il s’écria :
– Non, non, chez moi !
Convaincu que l’impatience morale ne pouvait qu’ajouter au danger physique,
j’abandonnai donc ma première idée, et laissai le cocher continuer sa route.
Après dix minutes d’angoisses, et pendant lesquelles je voyais à chaque cahot se
contracter douloureusement la figure du blessé, nous arrivâmes rue Taitbout, n° 11.
Monsieur de Faverne demeurait au premier.
Un des témoins monta prévenir les domestiques, afin qu’ils vinssent nous aider à
transporter leur maître : deux laquais en livrée éclatante et galonnée sur toutes les
coutures descendirent.
J’ai l’habitude de juger les hommes non seulement par eux-mêmes, mais encore
par ceux qui les entourent ; j’examinai donc ces deux valets : ni l’un ni l’autre ne montra le moindre intérêt au blessé.
Il était évident qu’ils étaient au service de monsieur de Faverne depuis peu de
temps, et que ce service ne leur avait inspiré pour leur maître aucune sympathie.
Nous traversâmes une suite d’appartements qui me parurent somptueusement
meublés, mais que je ne pus examiner en détail ; et nous arrivâmes à la chambre à
coucher ; le lit était encore défait, comme l’avait laissé son maître.
Le long de la tenture, du côté du chevet, à la portée de la main, étaient deux pistolets et un poignard turc.
Nous étendîmes le blessé sur son lit, les deux domestiques et moi, car les témoins,
jugeant leur présence inutile, étaient déjà partis.
Voyant que la blessure ne voulait pas saigner davantage, j’opérai alors le pansement.
Le pansement fini, le blessé fit signe aux valets de se retirer, et nous restâmes seuls.
Malgré le peu d’intérêt que j’avais pris jusque-là à monsieur de Faverne, pour
lequel j’éprouvais alors je ne sais quelle répulsion, l’isolement où j’allais le laisser
m’attrista.
Je regardai autour de moi, fixant particulièrement mes yeux sur les portes, et m’attendant toujours à voir entrer quelqu’un, mais mon attente fut trompée.
Cependant je ne pouvais rester plus longtemps près de lui, mes occupations journalières m’appelaient : il était sept heures et demie, et à huit heures je devais être à la
Charité.
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– N’avez-vous donc personne pour vous soigner ? lui demandai-je.
– Personne, répondit-il d’une voix sourde.
– Vous n’avez pas un père, une mère, un parent ?
– Personne.
– Une maîtresse ?
Il secoua la tête en soupirant, et il me sembla qu’il murmura le nom de Louise,
mais ce nom resta si inarticulé que je demeurai dans le doute.
– Je ne puis pourtant pas vous abandonner ainsi, repris-je.
– Envoyez-moi une garde, balbutia le blessé, et dites-lui que je la paierai bien.
Je me levai pour le quitter.
– Vous vous en allez déjà ?… me dit-il.
– Il le faut, j’ai mes malades ; si c’étaient des riches, peut-être aurais-je le droit de
les faire attendre ; mais ce sont des pauvres, je dois être exact.
– Vous reviendrez dans la journée, n’est-ce pas ?
– Oui, si vous le désirez.
– Certainement, docteur, et le plus tôt possible, n’est-ce pas ?
– Le plus tôt possible.
– Vous me le promettez ?
– Je vous le promets.
– Allez donc !
Je fis deux pas vers la porte, le blessé fit un mouvement comme pour me retenir
et ouvrir la bouche.
– Que désirez-vous ? lui demandai-je.
Il laissa retomber sa tête sur son oreiller sans me répondre.
Je me rapprochai de lui.
– Dites, continuai-je, et s’il est en mon pouvoir de vous rendre un service quelconque, je vous le rendrai.
Il parut prendre une résolution.
– Vous m’avez dit que la blessure n’était pas mortelle ?
– Je vous l’ai dit.
– Pouvez-vous m’en répondre ?
– Je le crois ; mais cependant, si vous avez quelque arrangement à prendre…
– C’est-à-dire, n’est-ce pas, que d’un moment à l’autre je puis mourir ?
Et il devint plus pâle qu’il n’était, et une sueur froide perla à la racine de ses cheveux.
– Je vous ai dit que la blessure n’était pas mortelle, mais en même temps je vous
ai dit qu’elle était grave.
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– Monsieur, je puis avoir confiance en votre parole, n’est-ce pas ?
– Il ne faut rien demander à ceux dont on doute…
– Non, non, je ne doute pas de vous. Tenez, ajouta-t-il en me présentant une clef
qu’il détacha d’une chaîne pendue à son col ; ouvrez avec cette clef le tiroir de ce
secrétaire.
Je fis ce qu’il demandait ; il se souleva sur le coude ; tout ce qui lui restait de vie
semblait s’être concentré dans ses yeux.
– Vous voyez un portefeuille ? dit-il.
– Le voici.
– Il est plein de papiers de famille qui n’intéressent que moi ; docteur, faites-moi
le serment que, si je mourais, vous jetteriez ce portefeuille au feu.
– Je vous le promets.
– Sans les lire ?
– Il est fermé à clef.
– Oh ! une serrure de portefeuille est si facile à ouvrir…
Je laissai retomber le portefeuille.
Quoique la phrase fût insultante, elle m’avait inspiré plus de dégoût que de colère.
Le malade vit qu’il m’avait blessé.
– Pardon, me dit-il, cent fois pardon ; mais c’est le séjour des colonies qui m’a
rendu défiant. Là-bas on ne sait jamais à qui l’on parle. Pardon, reprenez ce portefeuille, et promettez-moi de le brûler si je meurs.
– Pour la seconde fois, je vous le promets.
– Merci.
– Est-ce tout ?
– N’y a-t-il pas dans le même tiroir plusieurs billets de banque ?
– Oui, deux de mille, trois de cinq cents.
– Soyez assez bon pour me les donner, docteur.
Je pris les cinq billets et les lui remis, il les froissa dans sa main, et en fit une boule
ronde qu’il poussa sous son oreiller.
– Merci, dit-il, épuisé par l’effort qu’il venait de faire… Puis, se laissant aller sur
son traversin :
– Ah ! docteur, murmura-t-il, je crois que je meurs ! Docteur, sauvez-moi, et ces
cinq billets de banque sont à vous, le double, le triple s’il le faut. Ah !…
J’allai à lui, il était évanoui de nouveau.
Je sonnai un laquais, tout en faisant respirer au blessé un flacon de sels anglais.
Au bout de quelques instants, je sentis au mouvement de son pouls qu’il revenait
à lui.
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– Allons, murmura-t-il, ce n’est pas encore pour cette fois ; puis entrouvrant les
yeux et me regardant : Merci, docteur, de ne pas m’avoir abandonné, dit-il.
– Cependant, repris-je, il faut enfin que je vous quitte.
– Oui, mais revenez au plus tôt.
– À midi je serai ici.
– Et d’ici là, croyez-vous qu’il y ait quelque danger ?
– Je ne crois pas ; si le fer avait touché quelque organe essentiel, vous seriez mort
à présent.
– Et vous m’envoyez une garde ?
– À l’instant même ; en l’attendant, votre domestique peut ne pas vous quitter.
– Sans doute, dit le laquais, je puis rester près de monsieur.
– Non, non ! s’écria le blessé, allez près de votre camarade ; je désire dormir, et en
restant là vous m’en empêcheriez.
Le laquais sortit.
– Ce n’est pas prudent de rester seul, lui dis-je.
– N’est-il pas bien plus imprudent encore, me reprit-il, de rester avec un drôle
qui peut m’assassiner pour me voler ? Le trou est tout fait, ajouta-t-il à voix basse ; et
en introduisant une épée dans la blessure, on peut trouver le cœur que mon adversaire a manqué.
Je frémis à l’idée qui avait traversé l’esprit de cet homme ; qu’était-il donc luimême pour qu’il lui vînt de pareilles idées ?
– Non, ajouta-t-il, non, au contraire, enfermez-moi ; prenez la clef, donnez-la à
la garde, et recommandez-lui de ne me quitter ni jour ni nuit ; c’est une honnête
femme, n’est-ce pas ?
– J’en réponds.
– Eh bien ! allez ; au revoir… à midi.
– À midi.
Je sortis ; et, suivant ses instructions, je l’enfermai.
– À double tour, cria-t-il, à double tour !
Je donnai un autre tour de clef.
– Merci, dit-il d’une voix affaiblie.
Je m’éloignai.
– Votre maître veut dormir, dis-je aux laquais qui riaient dans l’antichambre ; et
comme il craint que vous n’entriez chez lui sans être appelés, il m’a remis cette clef
pour la garde qui va venir.
Les laquais échangèrent un regard singulier, mais ne répondirent rien.
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• Guy de Maupassant, Bel-Ami (1885), première partie, chapitre 7
Lorsqu’il entendit frapper à sa porte, il faillit s’abattre sur le dos, tant la commotion fut violente. C’étaient ses témoins. Déjà !
Ils étaient enveloppés de fourrures. Rival déclara, après avoir serré la main de son
client :
– Il fait un froid de Sibérie. – Puis il demanda :
– Ça va bien ?
– Oui, très bien.
– On est calme ?
– Très calme.
– Allons, ça ira. Avez-vous bu et mangé quelque chose ?
– Oui, je n’ai besoin de rien.
Boisrenard, pour la circonstance, portait une décoration étrangère, verte et jaune,
que Duroy ne lui avait jamais vue.
Ils descendirent. Un monsieur les attendait dans le landau. Rival nomma : « Le docteur Le Brument. » Duroy lui serra la main en balbutiant : « Je vous remercie », puis il
voulut prendre place sur la banquette du devant et il s’assit sur quelque chose de dur
qui le fit relever comme si un ressort l’eût redressé. C’était la boîte aux pistolets.
Rival répétait : – Non ! Au fond le combattant et le médecin, au fond ! Duroy
finit par comprendre et il s’affaissa à côté du docteur.
Les deux témoins montèrent à leur tour et le cocher partit. Il savait où on devait
aller.
Mais la boîte aux pistolets gênait tout le monde, surtout Duroy, qui eût préféré
ne pas la voir. On essaya de la placer derrière les dos, elle cassait les reins ; puis on la
mit debout entre Rival et Boisrenard ; elle tombait tout le temps. On finit par la glisser sous les pieds.
La conversation languissait, bien que le médecin racontât des anecdotes. Rival seul
lui répondait. Duroy eût voulu prouver de la présence d’esprit, mais il avait peur de
perdre le fil de ses idées, de montrer le trouble de son âme ; et il était hanté par la
crainte torturante de se mettre à trembler.
La voiture fut bientôt en pleine campagne. Il était neuf heures environ. C’était
une de ces rudes matinées d’hiver où toute la nature est luisante, cassante et dure
comme du cristal. Les arbres, vêtus de givre, semblent avoir sué de la glace ; la terre
sonne sous les pas ; l’air sec porte au loin les moindres bruits ; le ciel bleu paraît
brillant à la façon des miroirs, et le soleil passe dans l’espace, éclatant et froid luimême, jetant sur la création gelée des rayons qui n’échauffent rien.
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Rival disait à Duroy : – J’ai pris les pistolets chez Gastine Renette. Il les a chargés
lui-même. La boîte est cachetée. On les tirera au sort, d’ailleurs, avec ceux de notre
adversaire.
Duroy répondit machinalement : – Je vous remercie.
Alors Rival lui fit des recommandations minutieuses, car il tenait à ce que son
client ne commît aucune erreur. Il insistait sur chaque point plusieurs fois : – Quand
on demandera : Êtes-vous prêts, messieurs ? vous répondrez d’une voix forte : Oui !
« Quand on commandera “Feu !” vous élèverez vivement le bras, et vous tirerez
avant qu’on ait prononcé trois. »
Et Duroy se répétait mentalement : – Quand on commandera feu, j’élèverai le
bras, quand on commandera feu, j’élèverai le bras.
Il apprenait cela comme les enfants apprennent leurs leçons en le murmurant à
satiété pour se le bien graver dans la tête. – Quand on commandera feu, j’élèverai le
bras.
Le landau entra sous un bois, tourna à droite dans une avenue, puis encore à
droite. Rival, brusquement, ouvrit la portière pour crier au cocher : « Là, par ce petit
chemin. » Et la voiture s’engagea dans une route à ornières entre deux taillis où tremblotaient des feuilles mortes bordées d’un liséré de glace.
Duroy marmottait toujours : – Quand on commandera feu, j’élèverai le bras.
Et il pensa qu’un accident de voiture arrangerait tout. Oh ! si on pouvait verser, quelle
chance ! s’il pouvait se casser une jambe ! ...
Mais il aperçut au bout d’une clairière une autre voiture arrêtée et quatre messieurs qui piétinaient pour s’échauffer les pieds ; et il fut obligé d’ouvrir la bouche,
tant sa respiration devenait pénible.
Les témoins descendirent d’abord, puis le médecin et le combattant. Rival avait pris
la boîte aux pistolets et il s’en alla avec Boisrenard, vers deux des étrangers qui venaient
à eux. Duroy les vit se saluer avec cérémonie, puis marcher ensemble dans la clairière
en regardant tantôt par terre et tantôt dans les arbres, comme s’ils avaient cherché
quelque chose qui aurait pu tomber ou s’envoler. Puis ils comptèrent des pas et enfoncèrent avec grand-peine deux cannes dans le sol gelé. Ils se réunirent ensuite en groupe
et ils firent les mouvements du jeu de pile ou face, comme des enfants qui s’amusent.
Le docteur Le Brument demandait à Duroy :
– Vous vous sentez bien ? Vous n’avez besoin de rien ?
– Non, de rien, merci.
Il lui semblait qu’il était fou, qu’il dormait, qu’il rêvait, que quelque chose de surnaturel était survenu qui l’enveloppait.
Avait-il peur ? Peut-être ? Mais il ne savait pas. Tout était changé autour de lui.
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Jacques Rival revint et lui annonça tout bas avec satisfaction : – Tout est prêt. La
chance nous a favorisés pour les pistolets.
Voilà une chose qui était indifférente à Duroy.
On lui ôta son pardessus. Il se laissa faire. On tâta les poches de sa redingote pour
s’assurer qu’il ne portait point de papiers ni de portefeuille protecteur.
Il répétait en lui-même, comme une prière : – Quand on commandera feu, j’élèverai le bras.
Puis on l’amena jusqu’à une des cannes piquées en terre et on lui remit son pistolet. Alors il aperçut un homme debout, en face de lui, tout près, un petit homme ventru, chauve, qui portait des lunettes. C’était son adversaire.
Il le vit très bien, mais il ne pensait à rien qu’à ceci : « Quand on commandera
feu, j’élèverai le bras et je tirerai. » Une voix résonna dans le grand silence de l’espace,
une voix qui semblait venir de très loin ; et elle demanda :
– Etes-vous prêts, messieurs ?
Georges cria : – Oui !
Alors la même voix ordonna : – Feu...
Il n’écouta rien de plus, il ne s’aperçut de rien, il ne se rendit compte de rien, il
sentit seulement qu’il levait le bras en appuyant de toute sa force sur la gâchette.
Et il n’entendit rien.
Mais il vit aussitôt un peu de fumée au bout du canon de son pistolet; et comme
l’homme en face de lui demeurait toujours debout, dans la même posture également,
il aperçut aussi un autre petit nuage blanc qui s’envolait au-dessus de la tête de son
adversaire.
Ils avaient tiré tous les deux. C’était fini.
Ses témoins et le médecin le touchaient, le palpaient, déboutonnaient ses vêtements en demandant avec anxiété : – Vous n’êtes pas blessé ? Il répondit au hasard :
– Non, je ne crois pas.
Langremont d’ailleurs, demeurait aussi intact que son ennemi, et Jacques Rival
murmura d’un ton mécontent : – Avec ce sacré pistolet, c’est toujours comme ça, on
se rate ou on se tue. Quel sale instrument !
Duroy ne bougeait point, paralysé de surprise et de joie : « C’était fini ! » Il fallut
lui enlever son arme qu’il tenait toujours serrée dans sa main. Il lui semblait maintenant qu’il se serait battu contre l’univers entier. C’était fini. Quel bonheur ! il se sentait brave tout à coup à provoquer n’importe qui.
Tous les témoins causèrent quelques minutes, prenant rendez-vous dans le jour
pour la rédaction du procès-verbal, puis on remonta dans la voiture ; et le cocher qui
riait sur son siège repartit en faisant claquer son fouet.
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Ils déjeunèrent tous les quatre sur le boulevard, en causant de l’événement. Duroy
disait ses impressions :
– Ça ne m’a rien fait, absolument rien. Vous avez dû le voir du reste ?
Rival répondit : – Oui, vous vous êtes bien tenu.
Quand le procès-verbal fut rédigé on le présenta à Duroy qui devait l’insérer dans
les échos. Il s’étonna de voir qu’il avait échangé deux balles avec M. Louis
Langremont, et, un peu inquiet, il interrogea Rival : – Mais nous n’avons tiré qu’une
balle.
L’autre sourit : – Oui, une balle... une balle chacun... ça fait deux balles.
Et Duroy, trouvant l’explication satisfaisante, n’insista pas. Le père Walter l’embrassa : – Bravo, bravo, vous avez défendu le drapeau de la Vie Française, bravo !
Georges se montra, le soir, dans les principaux grands journaux et dans les principaux grands cafés du boulevard. Il rencontra deux fois son adversaire qui se montrait également.
Ils ne se saluèrent pas. Si l’un des deux avait été blessé, ils se seraient serré les
mains. Chacun jurait d’ailleurs avec conviction avoir entendu siffler la balle de
l’autre.
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POUR COMPRENDRE : quelques réponses,
quelques commentaires
Étape 1 [Les désastres de la guerre, p. 130]
13 Les guerres entre l’Empire ottoman et l’Autriche durèrent plus de deux siècles.
Soliman le Magnifique, après avoir établi un protectorat en Hongrie en 1521, avance
au-delà des frontières de l’empire des Habsbourg et menace la ville de Vienne en l’assiégeant. Après l’échec du second siège de Vienne (1683), la lutte entre les
Habsbourg et les Ottomans tourne à l’avantage de l’Autriche. Les Autrichiens entrent
en Serbie et en Bosnie en 1687. Par le traité de Karlowitz (26 janvier 1699), la
Hongrie et la Transylvanie sont cédées à l’Autriche. Les territoires balkaniques sont
cependant récupérés par les Ottomans, et la paix de 1791 met fin aux guerres austroturques.
14 La peste est une maladie causée par une bactérie qui affecte tant les animaux
que les hommes. Elle a disparu de France depuis 1945. Elle est une hantise de l’humanité depuis l’Antiquité. La peste est véhiculée par le rat qui la transmet à l’homme
par l’intermédiaire de puces infectées. Le bacille responsable fut découvert par
Alexandre Yersin (institut Pasteur) en 1894. Quantité d’épidémies furent ravageuses,
notamment celle que l’on appela « la peste noire » qui a affecté toute l’Europe entre
1346 et 1350. On estime qu’elle est la cause de la mort d’un tiers de la population
européenne (plusieurs dizaines de millions de morts). On trouve la trace de la maladie dans de nombreuses œuvres littéraires. On peut citer quelques-unes des plus
célèbres : Boccace, Décaméron (1350) ; Daniel Defoe, Journal de l’année de la peste
(1722) ; Albert Camus, La Peste (1947).
17 Goya (1746-1828), grand peintre espagnol, fut également un remarquable
graveur (à l’instar de Dürer ou Rembrandt avant lui). Il réalisa quatre séries de gravures : Les Caprices, La Tauromachie, Les Disparates, et surtout Les Désastres de la
guerre. Cette dernière comprend quatre-vingts chefs-d’œuvre. Le peintre ibérique y
présente des scènes violentes (tortures, exécutions et viols), commises pour l’essentiel
par les armées napoléoniennes en Espagne, et des horreurs qui préfigurent celles des
grands conflits modernes. Goya rend compte de la barbarie des hommes qui n’hésitent pas à mutiler puis à abandonner les corps. Ces œuvres mettent aussi en scène la
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fuite de gens paniqués qui meurent de faim. Goya représente également la folie des
victimes qui deviennent tueurs pour se venger de leurs bourreaux avec autant de
cruauté que ceux-là. Sur une gravure, un homme, les bras coupés, est empalé sur un
arbre. Sur une autre, des morceaux d’hommes sont ligotés à un tronc. Ailleurs, on
pend, on garrotte, on dépouille les corps, on ne répond à l’imploration des victimes
que par la force du sabre. Ces gravures reprennent une thématique déjà utilisée par
le graveur français Jacques Callot au XVIIe siècle dans la série des Misères de la guerre.
Les unes comme les autres sont des monuments universels et intemporels contre la
guerre.
Les gravures de Goya et de Callot sont consultables aux adresses Internet suivantes :
http://www.bne.es/Goya/lista_desastres1.html
http://goya.unizar.es/InfoGoya/Obra/DesastresIcn.html
http://www.ulg.ac.be/wittert/fr/flori/opera/callot/callot_miseres.html
Étape 2 [« Vivant et pourfendu », p. 132]
14 Les médecins sont régulièrement tournés en dérision par Molière dans ses
pièces. On peut citer Le Médecin malgré lui, Le Malade imaginaire, Le Médecin volant,
Dom Juan (notamment à l’acte III, scène 1, quand Sganarelle a revêtu l’habit de
médecin). Le rapport de Molière et des médecins est abordé d’intéressante façon (très
accessible pour les élèves) dans Le Roman de Monsieur de Molière de Boulgakov,
(« Folio », Gallimard).
15 Le film de Kubrick se situe à la même époque que le conte de Calvino. On y
retrouve également un héros naïf et décalé, bien vite rattrapé par l’âpre réalité des
combats.
Étape 3 [Retour à Terralba, p. 134]
16 Le Vicomte pourfendu est une histoire réaliste puisque certains indices, comme
la référence au capitaine Cook, nous permettent de dater l’action, mais c’est aussi une
histoire relevant du genre merveilleux car la division du vicomte en deux moitiés est
un élément surnaturel, qui est accepté d’emblée et qui ne laisse le lecteur dans aucune
hésitation (cf. la définition du fantastique par Todorov).
18 Molière a beaucoup utilisé l’onomastique : Trissotin dans Les Femmes savantes,
Diafoirus dans Le Malade imaginaire (à l’époque, foirer signifiait « avoir la diarrhée »),
etc. Voltaire a lui aussi exploité, dans ses contes philosophiques, les ressources créa-
15
tives que permettent les jeux sur les noms des personnages : dans Candide, le maître
du nègre de Surinam s’appelle M. Vanderdendur, Micromégas est le héros éponyme
d’un conte qui invite le lecteur à réfléchir sur le relativisme, l’infiniment grand
(« méga ») et l’infiniment petit (« micro »), etc.
19 Voltaire se plaît à utiliser des liens logiques discutables dans le premier chapitre
de Candide. On peut donner comme exemples : « Monsieur le baron était un des plus
puissants seigneurs de la Vestphalie, car son château avait une porte et des fenêtres »,
« Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s’attirait par là
une très grande considération », « les nez ont été faits pour porter des lunettes ; aussi
avons-nous des lunettes ».
20 Le point commun entre la fable de La Fontaine « Les animaux malades de la
peste » et la dernière partie du chapitre IV, réside dans la disproportion entre la
cruauté de la sentence et la petitesse du forfait, du seul fait de l’arbitraire du prince.
Étape 4 [Les communautés de Terralba, p. 136]
21 Le Décalogue (= « les dix paroles ») apparaît en deux endroits de la Bible
sous deux formes différentes : Exode 20, 1-17 ; Deutéronome 5, 6-21. Les Dix
Commandements ne sont pas exactement au nombre de dix : il est nécessaire de
scinder l’un d’entre eux en deux pour obtenir le nombre canonique.
« Alors Dieu prononça toutes ces paroles, en disant :
Je suis l’Éternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison de
servitude.
Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face.
Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses
qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux
plus bas que la terre.
Tu ne te prosterneras point devant elles, et tu ne les serviras point ; car moi, l’Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punit l’iniquité des pères sur les enfants
jusqu’à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me haïssent,
et qui fais miséricorde jusqu’en mille générations à ceux qui m’aiment et qui gardent mes commandements.
Tu ne prendras point le nom de l’Éternel, ton Dieu, en vain ; car l’Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain.
Souviens-toi du jour du repos, pour le sanctifier.
Tu travailleras six jours, et tu feras tout ton ouvrage.
16
Mais le septième jour est le jour du repos de l’Éternel, ton Dieu : tu ne feras aucun
ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni
l’étranger qui est dans tes portes.
Car en six jours l’Éternel a fait les cieux, la terre et la mer, et tout ce qui y est
contenu, et il s’est reposé le septième jour : c’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du
repos et l’a sanctifié.
Honore ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que
l’Éternel, ton Dieu, te donne.
Tu ne tueras point.
Tu ne commettras point d’adultère.
Tu ne déroberas point.
Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.
Tu ne convoiteras point la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras point la
femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni
aucune chose qui appartienne à ton prochain. » (Exode, 20, 1-17)
22 L’édit de Nantes a été signé en 1598 afin de garantir la paix civile entre protestants et catholiques. Il fut par la suite vidé de son contenu petit à petit, avant d’être
purement et simplement abrogé par Louis XIV en 1685 (édit de Fontainebleau). Les
conversions forcées, la menace des galères pour les récalcitrants provoquèrent une
fuite massive vers l’Angleterre, et surtout les Pays-Bas et l’Allemagne. Les conséquences en furent désastreuses pour le pays, comme le rappelle l’article « Réfugiés »
de l’Encyclopédie. Il fallut attendre l’édit de Tolérance de 1776 (Louis XVI) pour que
les protestants aient le droit de cité. C’est la Révolution qui permettra le libre exercice de tous les cultes.
23 Le statut sacré de l’étranger se retrouve dans de nombreuses cultures. Ainsi,
quand Ulysse aborde le pays des Phéaciens, il se déguise en mendiant. L’un des invités du roi le frappe avec un tabouret (« Quelle divinité a conduit ici cette peste, ce
fléau des repas ? ») et encourt le reproche général : « Tu as eu tort de frapper un malheureux mendiant. Les Immortels parcourent les villes sous les traits des étrangers ».
Dans la Bible, le lévite d’Éphraïm préfère livrer les propres membres de sa famille
plutôt que de trahir l’étranger à qui il a donné l’hospitalité (cf. le texte de Rousseau
intitulé le Lévite d’Éphraïm).
25 Le capitaine Cook est un marin et explorateur anglais (1728-1779), célèbre
pour ses voyages, notamment ses trois expéditions dans l’océan Pacifique.
17
Étape 5 [Le vicomte amoureux, p. 138]
15 C’est saint François d’Assise qui est réputé avoir parlé avec les animaux. Ce
thème est repris avec humour au chapitre VI, puisque cette fois l’homme ne parle pas
avec les animaux mais fait parler les animaux, leur mutilation étant décodée par
Paméla comme une marque d’amour.
16 Le roman pastoral renvoie au mythe de l’âge d’or et se situe dans une nature
idyllique. Il met en scène des bergers et des bergères, d’habitude absents des œuvres
littéraires.
18 L’écrivain anglais Samuel Richardson (1689-1661) a écrit des romans qui
allient le réalisme à une sentimentalité moralisante. Ils eurent une influence et un
succès considérable dans toute l’Europe du XVIIIe siècle. En France, Diderot fut
particulièrement intéressé par cette littérature. Calvino fait allusion au roman de
Richardson, Pamela ou la Vertu récompensée (1741).
19 C’est une des scènes attendues du roman traditionnel. On peut citer parmi
les plus célèbres : la rencontre du duc de Nemours et de Mademoiselle de Chartres
dans La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette (livre I), celle de Madame de
Rénal et de Julien Sorel dans Le Rouge et le Noir de Stendhal (chapitre I, 6), celle de
Frédéric Moreau et de madame Arnoux dans L’Éducation sentimentale de Flaubert
(chapitre I, 1), celle du narrateur et d’Albertine dans Du côté de chez Swann de
Proust, celle de Bérénice et d’Aurélien dans Aurélien d’Aragon (incipit).
Étape 6 [Un mystère à Terralba, p. 140]
6 La phrase qui peut être considérée comme une annonce de l’arrivée prochaine
de la seconde moitié du vicomte se trouve à la fin du chapitre VI (lignes 234-236)
lorsque le vicomte s’adresse ainsi au médecin : « J’ai la sensation que ma jambe
absente est fatiguée comme d’avoir trop marché. Qu’est-ce que ça veut dire ? »
11 Le mythe de l’androgyne est présenté pour la première fois par Platon dans Le
Banquet (189 E-193 D). Il y décrit l’homme primitif comme un être bisexué, de
forme sphérique. La perfection humaine était imaginée comme une unité sans fissures, qui reflétait elle-même la perfection divine. À travers l’amour, l’effort des
hommes serait donc de reconquérir cette unité perdue.
12 Calvino reprend l’histoire de saint Martin, soldat romain du
donna la moitié de son manteau à un pauvre mourant de froid.
IVe
siècle, qui
18
Étape 7 [Les bonnes actions du vicomte, p. 142]
13 Expressions qui utilisent les valeurs symboliques de la droite et de la gauche :
être gauche (« être maladroit »), en mettre à gauche (« mettre de l’argent de côté »), se
lever du pied gauche (« mal commencer sa journée »), s’éloigner du droit chemin, etc.
15 L’Arioste (1474-1533) et Le Tasse (1544-1595) sont deux poètes italiens.
L’Arioste est l’auteur du Roland furieux, épopée romanesque qui reprend la matière
de la Chanson de Roland ; Le Tasse, dans son poème épique La Jérusalem délivrée,
narre la conquête de Jérusalem par l’armée des Croisés, sous la conduite de Godefroy
de Bouillon. Les deux œuvres ont eu une influence considérable sur les auteurs européens dès leur parution.
Étape 8 [Union et réunion, p. 144]
19 Cette citation est extraite des Pensées de Pascal (édition Sellier, fragment 557).
Le conte de Calvino est en quelque sorte une mise en récit de ce qui est une métaphore chez Pascal.
20 Les textes proposés dans la documentation complémentaire (p. 3) permettent
l’étude de cette question.
21 L’âge d’or du conte philosophique est le XVIIIe siècle : Voltaire en reste le maître
incontesté. On peut notamment citer : Zadig, Micromégas, Candide, L’Ingénu, etc.
Par ailleurs, les Lettres persanes de Montesquieu utilisent le même procédé dans l’épisode des Troglodytes, et Diderot fait de même dans le Supplément au voyage de
Bougainville.
© Éditions Magnard, 2005
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