MNE dit NON au projet de carrière à St BRICE

L’association Mayenne Nature Environnement
dit NON au projet de carrière à St BRICE
1. Introduction
Si MNE n’a pas pour objectif premier de s’opposer à toute ouverture ou tout projet
d’extension de carrière, l’association, par contre, affirme dans ses statuts en son article 2 ses
objectifs : « (…) de sauvegarder la qualité de vie et de l’environnement notamment la
protection esthétique du cadre de vie, aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain.
- de protéger et défendre tout le patrimoine naturel, paysager, préhistorique, culturel et bâti du
département,
- de participer à toute action contre les pollutions les plus diverses portant atteintes à
l’environnement et à la santé du citoyen. (…) »
Considérant que si l’exploitation des différentes sortes de roches comme ressources naturelles
pour des finalités les plus diverses existe depuis des millénaires, l’évolution technologique
fait qu’aujourd’hui les impacts dus aux exploitations de carrières n’ont plus rien à voir avec
ce qu’ils étaient il y a cinquante ans… C’est pourquoi d’ailleurs le législateur a fait évoluer le
cadre juridique antérieur en promulguant la nouvelle loi du 4 janvier 1993, le décret du 9 juin
1994 inscrivant les carrières dans la nomenclature des ICPE (Installation Classées pour la
Protection de l’Environnement) avec un statut particulier (dépôt de dossier en préfecture,
étude d’impact, enquête publique, schéma départemental des carrières adopté le 4 juillet 2002
pour la Mayenne et bilan en cours…).
Mais si cette loi institue des droits et devoirs aux carriers comme aux services de l’Etat, elle
n’en demeure pas moins insuffisante par rapport aux riverains ou futurs riverains qui eux ne
bénéficient que de droits fort limités ! (droits d’information et d’expression lors de l’enquête
publique), dont celui de vérifier que le projet de carrière respecte bien les textes en vigueur. A
défaut ils peuvent effectuer un recours en justice contre l’industriel…
2. Une grille d’impacts
Considérant les impacts importants sur l’environnement et les nuisances potentielles générées
par toute exploitation de carrière (bruit, poussière, ressource en eau, atteinte paysagère, trafic
routier…) MNE pourra ausculter, en fonction des éléments mis à sa disposition chaque projet
départemental pour se positionner avant l’enquête publique. Pour cela l’association a établi
une grille interne d’impacts cumulant divers paramètres environnementaux (eau, faune, flore,
paysage…) et humains (habitat, tourisme, nuisances sonores, santé, économie…).
S’appuyant entre autres sur la charte de l’Environnement de 2005 qui proclame que « chacun
a le droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé » (article 1) et
que « toute personne a le droit de prendre part à la préservation et à l’amélioration de
l’environnement » (article 2), sur le principe que l’intérêt général lié à la préservation de
l’environnement doit l’emporter sur l’intérêt particulier à court terme d’un industriel ou d’une
personne physique, Mayenne Nature Environnement pourra donc, après analyse de cette grille
d’impacts, se prononcer sur la compatibilité ou l’incompatibilité du projet de carrière par
rapport aux intérêts environnementaux et humains du secteur concerné.
3. Le projet des carrières du Maine et de la Loire (Lafarge granulats)
Située sur la commune de Saint Brice au lieu-dit « le Petit Joubert » (la fosse d’exploitation
serait à moins de 300 m de la forêt domaniale de Bellebranche), cette carrière exploiterait des
granulats calcaires (500 000 t/an) destinés à des centrales béton (principalement vers le
département de la Sarthe à Sablé et aussi dans notre département de la Mayenne vers ChâteauGontier). La société des carrières du Maine et de la Loire a déjà une emprise foncière
importante de 88 ha (droit de fortage au Petit Joubert, achat du Grand Joubert et autres terres
achetées longeant la voie ferrée) de part et d’autre de la route départementale 235 qui relie la
RD 21 (Laval-Sablé) à la RD 28 (Château-Gontier-Sablé). Faut-il parler également des 30 ha
achetés par la Société PIGEON pour un autre projet voisin ? Cette emprise totale de 118 ha
cumulés par les deux carriers laisse vraisemblablement présager un très grand projet à long
terme.
Les inquiétudes et les interrogations de Mayenne Nature Environnement sont de divers
ordres :
- La ressource en eau :
Quels impacts aura cette carrière par rapport à la circulation des eaux de surface (le
ruisseau de la Taude, le ruisseau de l’étang de Curécy, le ruisseau de la Bénichère, et
le ruisseau du Fondrieux ; les étangs voisins comme celui de Curécy) et souterraines ?
Quels impacts sur les nappes phréatiques de la région et pour le massif forestier de
Bellebranche (assèchement du sous-sol) et tous les nombreux puits des riverains ?
- Le paysage :
L’impact paysager de la carrière sera très négatif par rapport à l’existant, actuellement
zone de bocage et d’élevage qui entoure le massif forestier de Bellebranche.
- La faune et la flore : des interrogations se font jour par rapport à la faune aquatique de
l’étang de Curécy (ZNIEFF de type 1) et du cours d’eau qui traversera le site de la
carrière (la Taude) comme celle qui fréquente la forêt domaniale de Bellebranche
(ZNIEFF de type 2, avifaune, chevreuils…) et par rapport au devenir des arbres de
haute tige qui auront à subir un assèchement supplémentaire si les eaux souterraines
sont affectées par le creusement de cette carrière.
- Nuisances et proximité d’habitation : il est indéniable que les riverains proches dans
un rayon d’au moins un km seront affectés par l’exploitation d’une telle carrière.
Les nuisances seront de divers ordres :
Sonores (tirs de mine, circulation des engins, fonctionnement des installation de concassage
du matin au soir, trafic des camions…), visuelles, poussières… et elles auront un impact
négatif certain par rapport au développement touristique du secteur.
Pour Mayenne Nature Environnement l’antériorité bénéficie aux habitants qui ont choisi de
vivre en campagne, au calme et qui participent à la vie sociale locale… Un projet industriel,
quel qu’il soit, ne peut aujourd’hui passer outre ces considérations liées à l’environnement
humain et au contexte local.
Mayenne Nature Environnement se doit de tenir compte de l’opposition manifestée à
l’encontre de ce projet de carrière, tant de la part de l’association locale « entre Taude et
Bellebranche » que du conseil municipal de Saint-Brice.
L’impact humain est à prendre en considération tout autant que l’impact environnemental car
tout citoyen a le droit de ne pas subir ce qu’il considère comme une atteinte à sa liberté et à
son choix de vie.
Pour toutes ces raisons, le conseil d’administration de Mayenne Nature Environnement
s’est prononcé en sa séance du 17 mars 2006 contre le projet d’implantation d’une
carrière sur le site du Petit Joubert à Saint-Brice.