Lettre de Voltaire à M - Archives Haute

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Lettre de Voltaire à M - Archives Haute
Lettre de Voltaire à M. de Chenevières 1 :
20e mars 1765 à Fernay
Vous avez assisté à deux belles pièces, mon cher confrère,
les Calas et la pièce de mon ami Monsieur du Belloi
réussissent également et le tout à l’honneur de la France.
Les pièces de Jean-Jaques Rousseau n’ont pas le même
succez. Ce misérable a voulu mettre le trouble dans
sa patrie, mais il n’en viendra pas à bout. Voilà un
plaisant philosophe, il ne joue à présent que le rôle d’un
brouillon et d’un délateur ; il est démasqué et abhorré.
Ma foi, les français valent mieux que tous ces gens-là. Vous
avez à présent de la tranquilité, de l’argent et des
plaisirs ; jouïssez, Messieurs. Tout vieux, tout malade que
je suis, tout menacé d’être quinze-vingt, je sens vivement
le mérite de ma patrie. La justification des Calas m’a fait
verser des larmes de joie. Vive Elie de Beaumont ! Il a le feu
du char de son bon patron. Si vous le revoiez, embrassez le pour
moi des deux côtés et j’ose encor dire qu’il en faut faire autant à sa
digne et charmante femme. Emploiez la même cérémonie avec la soeur
du pot 2, de la part de madame Denis et de la mienne.
Note des AD 31 :
1- M. de Chenevières : Auteur d'ouvrages de théorie militaire et de littérature il a
entretenu pendant plus de vingt-cinq ans une correspondance familière avec Voltaire.
2- Cette expression « sœur du pot » désigne ici la duchesse d'Aiguillon, surnommée par
Voltaire la «soeur du pot des philosophes»: Anne-Charlotte de Crussol-Florensac,
épouse du duc d'Aiguillon.