MARDI 17 AVRIL 2012 – 20H Chick Corea, piano Gary Burton

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MARDI 17 AVRIL 2012 – 20H Chick Corea, piano Gary Burton
MARDI 17 AVRIL 2012 – 20H
Chick Corea, piano
Gary Burton, vibraphone
Fin du concert vers 21h20.
C’était il y a presque quarante ans ! Le 6 novembre 1972, dans le fameux studio d’Oslo
où Manfred Eicher, le patron du label ECM, emmenait ses musiciens enregistrer.
La naissance d’un son, l’aube d’une époque. Chick Corea et Gary Burton étaient libres
comme l’air. Le premier venait de quitter Blue Note, le second Atlantic. Issus de la
même génération (Corea est né en 1941, Burton, en 43), il y a très tôt comme un air
de parenté entre les deux musiciens, tous deux s’étaient succédé au sein du quartette
de Stan Getz dans les années soixante…
Avant qu’ils enchaînent l’un comme l’autre une série d’albums fondateurs, il y eut
donc cet extraordinaire Crystal Silence, un face-à-face suggéré par Manfred Eicher,
tout jeune producteur sachant pressentir les affinités électives et disposant d’une
force de conviction irrésistible. Enregistrer le jazz comme de la musique de chambre :
le garçon a la passion des dialogues musicaux chevillée au corps. D’où un catalogue
qui fait la part belle aux petites formations « à voix égales ». Du coup, on peut
comprendre que le Modern Jazz Quartet (vibraphone, piano, contrebasse, batterie)
ait pu donner des idées à Eicher. Le côté « fugue et contrepoint » du quartette et
sa légèreté de ton vont comme un gant à la pulsation du swing.
Pour Chick Corea, la proximité piano-vibraphone avait un air de déjà vu. Huit ans plus
tôt, en 1964, pour son Manhattan Latin au titre en forme d’autoportrait, le vibraphoniste
Dave Pike avait fait appel à Corea à ses côtés. Avant de le retrouver au sein de l’orchestre
d’Herbie Mann l’année suivante. Et en 1968 c’est au tour de Bonny Hutcherson de faire
appel au pianiste pour associer les deux instruments dans l’album Total Eclipse.
Mais encore fallait-il oser le dépouillement du duo. Car les deux musiciens ont beau
être de la même génération, avec le même background dans les oreilles, le risque était
grand qu’ils se prennent les pieds dans le tapis de la redondance, par un trop-plein
harmonique. Ce serait oublier qu’avant de conquérir leurs lettres de noblesse sur
le terrain des accords, le piano et le vibraphone sont des instruments de percussion.
Et de ce côté, Chick Corea comme Gary Burton assument l’héritage avec brio.
Le pianiste a un sens de l’accentuation à faire pâlir un danseur de claquettes, et le
vibraphoniste sait parfaitement que l’ancêtre Lionel Hampton était aussi batteur.
Résultat, leur duo joue sur tous les tableaux : effleurements comme éclats de voix,
lyrisme mélodique comme transe rythmique, entrelacs harmoniques façon dentelle
sonore… Quarante ans après – et quelques autres albums de réunion au sommet –,
ils se donnent rendez-vous pour le plaisir de la fraîcheur intacte…
Toute une série d’enregistrements témoigne de la manière dont ils n’ont jamais cessé
d’approfondir leur complicité après la rencontre initiale de 1972. Il y eut ainsi Duet en
1978, In Concert, Zurich, October 28, 1979 l’année suivante, l’adjonction d’un quatuor à
cordes dans Sextet en 1982, un superbe quintette – avec Pat Metheny, Dave Holland et
Roy Haynes – pour Like Minds en 1997. Le retour à l’économie du duo allait se réaliser
cette même année 1997 pour Native Sense. En décembre 2001, lorsque Chick Corea
s’installa au Blue Note pendant trois semaines, pour fêter son soixantième anniversaire
avec Rendez-vous in New York, le duo avec Burton fit partie du casting prestigieux.
Nouvelle trace discographique en 2007, avec l’enregistrement de The New Crystal Silence,
qui allait remporter le Grammy Award du meilleur album jazz de l’année. L’ultime trace
vient d’être publiée le mois dernier chez Concord : un Hot House où ils batifolent sur leurs
compositeurs préférés : Antônio Carlos Jobim, Bill Evans, Dave Brubeck, les Beatles, Cole
Porter ou Thelonious Monk. S’ils se retrouvent aussi régulièrement depuis tant d’années,
on peut penser que les deux hommes ne se détestent pas tout à fait…
« Avec quelqu’un comme Chick à mes côtés, l’éventail des possibilités est sans limites,
confie le vibraphoniste. Chick a tout abordé magistralement jusqu’ici, de Miles Davis
à Mozart ; il a composé pour tous les formats et toutes les instrumentations, du solo
au big band en passant par les orchestres symphoniques ou les quatuors à cordes.
Je ne connais personne d’autre capable de combiner à ce point la versatilité et
l’innovation. Il a contribué à redéfinir le jazz moderne, je peux entendre son influence
chez des musiciens qui jouent bebop comme latin jazz et il m’a moi-même profondément
marqué. En plus, il a une perception quasi télépathique de mes improvisations. Lorsque
nous nous étions retrouvés sur scène en 1972 de manière totalement inopinée pour un
rappel en duo après avoir joué avec nos groupes respectifs dans la même soirée d’un
festival allemand, nous avions instantanément senti une profonde connivence, deux
personnes parlant la même langue inconnue. Peut-être était-ce dû au fait que nous
jouons tous deux sur des claviers, ou alors parce que nous avons grandi à la même
époque à Boston avec les mêmes musiciens locaux comme mentors. En tout cas,
quelle que soit la raison, nous avons découvert à la première seconde que chacun
de nous pouvait anticiper les idées de l’autre avec une fluidité naturelle. En prime,
le répertoire de nos duos représente pour chacun de nous un axe central de celui
que nous utilisons pour nos autres formations. Du coup, nous avons presque toujours
résisté à l’envie d’inviter d’autres musiciens parce que nous avons peur qu’ils viennent
limiter les potentialités de nos échanges. »
Chez l’un comme chez l’autre, les doigts dansent. Gary Burton a développé un jeu
harmonique d’une extrême sophistication en prenant plusieurs mailloches dans
chaque main. Chick Corea insuffle à ses phrases des accentuations latines qui se
résolvent dans la main tendue à son partenaire. Chez l’un comme chez l’autre, on
perçoit un plaisir très épicurien à écouter les silences qui s’immiscent comme les
sarabandes initiées par le partenaire. La musique conçue comme une gourmandise.
Alex Dutilh
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Domaine Privé Joshua Redman
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CITÉ DE LA MUSIQUE
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