Port - Editions Hoy no he visto el paraíso

Transcription

Port - Editions Hoy no he visto el paraíso
1
2
L'aiguille dans la Pomme.
La aguja en la manzana.
Margarita García Alonso
3
Primera edición, 2011, Editions Hoy no he visto el
Paraíso, Margarita García Alonso, original en francés.
Segunda edición agotada en L’echapée belle edicions, Paris,
2013. Bilingüe. Presentada en el Salón del Libro de Paris,
2014.
Tercera edición en español
ISBN: 978-2-919441-18-1
DL: 9782919441181
Printed in Spain
4
A Laura
5
"Et c'est dans ce silence-là, ce jour-là, que tout à
coup j'ai vu et entendu à ras du mur, très près de
moi, les dernières minutes de la vie d'une mouche
ordinaire."
Marguerite Duras, Écrire, 1993.
« Y fue en ese silencio, ese día, que de golpe vi y
entendí pegada al muro, muy cerca de mí, los últimos
minutos de la vida de una mosca ordinaria ».
6
Paille.
Paille dans le corps
dans les cheveux de fille délirante,
le cœur placé délicatement sur la table
pour illuminer le regard des bons Français.
Pomme dans le point d’ironie:
un crève-cœur apprécie la morsure
goûteuse au centre de la voluptueuse
petite blessure de fille d'été.
Brûlante brûlante la paille
dans la pomme la pomme
sur l’épave d'un bateau échoué
près du Port du Havre.
7
Paja.
Heno en el cuerpo,
heno en los cabellos
de la muchacha que delira
el corazón posado con delicadeza
sobre la mesa para inspirar
la mirada
de correctos franceses.
Manzana en el punto de ironía:
el rompe corazones aprecia
la mordida en el centro
la pequeña herida
de muchacha de verano.
Caliente, quema el heno
la palma de la mano
a lo lejos restos
un barco hundido
en el puerto de Le Havre.
8
Territoire.
Sur une pomme lisse
disparaissent les temples:
parmi les loups tes yeux,
parmi tes yeux des mots
délicieusement désuets
dans la gueule
des chiens du démon
qui arrachent sur les pas
du paradis perdu.
Avec une finesse extrême
des entractes bien équilibrés,
une pause pour le dîner
et des longs voyages imaginaires :
mon psychiatre arabe engloutit
les archives de mon pays.
Une chaise devant le rideau de fer.
Une chaise devant le cahier
et je me livre, je ne vends
pas cher à ma mère
toujours dans la demande
des pilules bleues.
Sur une pomme lisse
je construis mon temple:
le croquis d'une femme détenue
dans la porosité totale,
tout me traverse, et me rends différente,
-autrequi ne sait pas qui je suis.
9
Territorios.
En la manzana pulida
desaparecen los templos:
entre los lobos tus ojos,
entre tus ojos palabras
palabras en la bocaza
de perros del demonio
que mordisquean
el paraíso perdido.
Con extrema finesa
me aplico en entreactos
perfectos, equilibrados,
pausa/ cenar
frente a un psiquiatra árabe
que devora archivos de mi país.
Una silla frente a la cortina de hierro.
Una silla delante de la libreta
donde vendo a mi madre
por pastillas azules.
Sobre una pulida manzana
el boceto de mujer
en porosidad absoluta,
todo me atraviesa,
me transforma
en otra
y no sé quién es.
10
Ile complexe.
Quand on a la chance ou la malchance
de naître dans une île où les oiseaux
se distinguent pour être muets,
on devient intraitable.
Enfermée des heures, des semaines,
des mois dans ma chambre bunker
je suis craintive, mal élevée, autoritaire.
Je me moque des prix de l’eau,
des pluies, des talons, de la nourriture,
de la moindre trace de féminité.
Trop salope sur la route du raffinement,
la phrase bien structurée
la froideur spontanée, extrême
l'agression des dentelles
la vacuité des mots
qui ne disent rien.
La vaisselle maudite sur cette table
risque de sauter en fragments.
Je ne parviens à extirper
la voix de ma mère
elle peut se faire feuille,
qui frémit dans l’arbre,
pièce de tissu sur mes épaules,
poutre en poutre édifiant ma
colonne vertébrale.
Les ancêtres redoublent avec délicatesse
les nœuds dans ma gorge
à côté des falaises.
11
Isla compleja.
Cuando se nace en una isla de pájaros mudos
eres intratable.
Durante meses encerrada
en casa tengo miedo
me burlo del precio
del agua,
de la lluvia,
de cualquier vestigio de feminidad
busco finezas
la puta frase redonda,
la frialdad espontanea,
la extrema agresividad
en la tela agujereada,
la vacuidad
las palabras que no dicen nada.
La maldita vajilla amenaza
con saltar en fragmentos
la voz de mi madre
la voz se transforma
en hoja temblorosa
hoja que murmura desde el árbol
viaja hasta el chal que cubre mis hombres
y se posa en la viga
sobre vigas
de mi columna.
Los antepasados recierran
antiguos nudos en mi garganta
junto a los farallones.
12
La paille dans l'œil du Havre.
Des brins de paille dans la poutre
irréprochable, à grands coups
le verbiage et la langue.
Dictat grotesque qui offre des brèches
aux fossoyeurs des lanternes
qui font la girouette au gré du vent,
imposteurs de ma peinture.
Je devais prendre des gants
pour approcher des anges
écumer, en baver, prendre le mors aux dents.
Mais il faut savoir lever l'encre
montrer la femme de main
qui parlait comme un pied.
Si je n’avais pas eu tant d'entorses
langagières, je serais encore coupable
de crever les yeux, de ne pas échapper.
Il faut se demander à qui profite le crime,
que personne n’ose jamais nommer mon île.
Les mois se suivent et se ressemblent,
les appétits s’aiguisent,
et les couteaux s’affûtent.
Le vent souffle du sable et déshabille
au coin d’une rue, dans un bout de jungle,
au détour d’un chemin les bâtisseurs
de la cathédrale, les codes du Port,
les hussards, les résistants, les soldats,
les marins soumis au caractère ostentatoire
de la cloche.
Penchée au chevet qui laisse une trace
rouge indélébile sur ma joue,
13
je contemple mon nombril,
ma vocation d'être atemporelle
empêtrée dans des sentiers
où je suis invisible.
14
La paja en el ojo de Le Havre.
Briznas de heno rebotan en la viga,
como enormes golpes de verbosidad.
Contrariedad grotesca,
cuando ofrezco café
a los sepultureros
que hacen piruetas
según el viento
apagan las linternas.
Debo usar guantes
para acercarme a los ángeles,
babear, desbocarme
pero elevo ancla
y señalo a la mujer
que habla como un pie
si no hubiese sufrido
fracturas lingüísticas,
sería todavía culpable
frente al crimen de
nombrar la isla.
En meses idénticos,
el apetito se agudiza,
mientras afilo el cuchillo.
El viento trae arena
destroza a los hombres que
restauran la catedral.
En sus manos los códigos
del puerto, de húsares,
resistentes, soldados en franele,
marineros sometidos
a la ostentosa campana
15
de niebla.
Viejo Continente
que deja huellas
en mi mejilla.
16
La Malédiction.
Tout cela se passait
à l'âge de vingt -huit ans
âge auquel je suis arrivée à Paris.
Depuis, le moindre geste,
le moindre incident
trouve sa signification dans l’irréel.
La sincérité, l'exaspération,
l'affolement, la panique,
la peur face à celui que dessine,
avec une ambiguïté angoissante
des cabanes sur les galets.
Silence: l'un des nœuds raconte
malmené par le cynisme
des destins très serrés
des charmes vénéneux
des histoires de coulisses:
mariage, nouvelle auto, vacances,
bénédiction du Nouvel an,
parents, maitresse.
Ils ont du talent pour en pas entendre.
Évidemment, toute ressemblance
avec des personnes existantes,
serait pur accident si j'oublie.
Sur la côte normande, dans un bar
qui donne à la mer,
tout m’oppose et je règle leurs comptes.
Je déchire l'étiquette du vin
servi à la table
je la déchiffre, à la main du tabac noir.
Tout est construit autour d'une absence,
ce que l'on a compris, cru comprendre
c'est d'une rareté épuisable.
17
La maldición.
Todo pasó a los veinte y ocho años,
cuando llegué a Paris.
Desde entonces,
al menor incidente me encuentro
en la angustiosa ambigüedad
de las cabañas alineadas
en el litoral
sobre guijarros.
Escucho voces,
cuentan destinos:
“cinismo
obtuso
encanto
veneno
matrimonio,
auto,
vacaciones
bendiciones
año nuevo,
parientes,
amante”
nada escapa.
Los franceses tienen talento
para no escuchar,
puro accidente si no olvido.
En un bar frente al mar
arreglo cuentas,
bebo vino en la botella
que han servido en otra mesa,
bebo sobras
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acabadas de abandonar y
me lío un cigarrillo irreal,
se respira ausencia
entre lo comprendido
y lo que creo comprender,
una rareza agotadora.
19
Chaos du monde.
Autant le dire tout de suite,
à l'arrière des gradins
épatée par la vigueur
des matinées de mystère
sans être partie des célébrations
nationales et pâmer la nuance
je crois que l'on détruit
toutes les formes.
J'ai cherché à rassembler des pièces
l'œil pétillant, attentive aux mouvements,
illustrée par des dessins,
des gravures sèches du sang
me tenant au courant de tout, de rien
sans jamais rompre avec ce fil passionnant
de la folie.
Et je n'ai rien compris.
La haute paroi des falaises qui s'assombrit
tandis que scintillent les étoiles
dépassa très largement la disparition
du puzzle humain
sur un grand morceau de peinture.
C'est un temps déraisonnable, peut-être.
Il y a du soleil sur Le Havre,
du Mont-Gaillard au Quartier des Neiges.
20
Caos del mundo.
En este instante,
detrás de cualquier noticia
las mañanas misteriosas
sorprenden por el vigor
sin formar parte de celebraciones
o desfallecer en el matiz,
destruimos todas las formas.
Todo se acopla en
el ojo iluminado,
atenta a los movimientos,
grabo en sangre seca
sin romper el hilo
y no comprendo nada.
La alta pared de los acantilados
ensombrece mientras centellean
estrellas del puzle humano.
Es un tiempo ilógico,
hay sol en Le Havre,
de Mont-Gaillard
al Barrio de Nieves.
21
La pomme.
Une pomme accrochée à son arbre
distingue l’espace qui a mûri
dans l'argent des aiguilles.
J'étais turbulente peu commune
plongée dans de confuses méditations.
Je mordais des pommes je croquais
d’esquisses informes et je devenais
femme d'Occident.
J'étais entre eux, j’étais eux,
comme une falaise rognée par la mer,
et ce que soufflaient les vents
était des poutres.
Même quand je souris.
22
La manzana.
Una manzana sujeta al árbol
distingue el espacio que ha madurado
en la plata de las agujas.
La manzana madura
es pertenencia.
La aguja de plata
entre mis agujas
en turbulencia boceta
a la mujer de occidente
inmersa
en confusas meditaciones.
Estaba entre ellos,
no llegaba a ser ella,
como un acantilado
mordido por el mar,
la estaca plantada
bajo fuerte viento,
incluso, cuando sonreía.
23
L'être même.
Ce point de fuite d'un enfant
arrogant fasciné
par la négativité
qui assure le câlin
de plusieurs personnages
sans sortir de la maison
sans aller au coin
dans un décor
volontairement clinique,
va perdre sa blancheur
silencieusement.
Attention, il y a bien longtemps
était sur son tapis coloré
et donnait la réplique
la bonne réplique,
très concentré.
Attention, quand il laisse
fugitivement affleurer l'être vif,
va s’effondrer une cathédrale.
On devine en les écoutant combien
de générations on tue.
24
El Ser.
El punto de fuga
de un niño arrogante
es la negatividad
fascinado por mimos
en la decoración aséptica,
perderá su blancura
silenciosamente.
Cuidado, hace mucho
estaba sobre un tapiz
y contestaba concentrado.
Cuando se autorice a Ser
derrumbará la catedral.
Adivina,
cuántas generaciones ha matado.
25
Un jour d’automne.
Le vieux Chagall un peu déphasé
tisse l'automne au Havre.
Les lumières aveuglent
sur les maisons qui remontent la colline.
Et au pied de cette paroi splendide,
l'autre grand mur
ce silence qui retombe
de mon habitat à bas prix.
L'immobilité des nuits
on se couche avant dix heures
mais on devine pourtant qu'il y a beaucoup
par-dessus les Alpes et jusqu'à la
Méditerranée.
Une petite table, une chaise,
mes cahiers d'écrivain
ma fortune dans le manteau
qui a prouvé sa résistance
cinq hivers d'affilée.
Des cailloux qui gravitent
aux sous-sols des rues
et font le pas obscène,
voilà ma cité, mes murs en brique,
mes toits et cheminées
sans la grâce du pinceau.
La répétition éternelle
jusqu'au Tabac du coin
le Rond-point des misères
le pain qui sent les champs,
sans parler à personne.
Nous sommes embarqués
en haut des marées
où vivants et morts cohabitent.
26
Un vaste piège figé dans la pénombre
qui glisse vers la sourde menace
dont on ignore l’origine.
27
Un día de otoño.
El viejo Chagall un poco desfasado
teje el otoño en Le Havre.
A los pies de la espléndida colina
el silencio resuena
en mi habitación barata.
En las noches, a las diez,
se apagan las luces
y adivino la inmensidad
por encima de los Alpes
hasta el Mediterráneo.
En las calles
las piedras se deslizan atraídas
por mareas donde cohabitan
vivos y muertos
imponen el paso obsceno,
miren, mi ciudad de muros en ladrillo,
techos, chimeneas
en eterna repetición
hasta el estanquillo
de tabacos
en la esquina
rotonda de miserias,
el pan huele a campo sin persona.
Una enorme trampa en la penumbra
se desliza como sorda amenaza
de origen desconocido.
Sobre la mesa
el abrigo
que ha resistido
cinco inviernos.
28
Normandes.
Mon col et poignets de dentelle
ma jupe entravée d'un savant plissé
à petits pas, joues enflammées,
penchée à la fenêtre
je sais que le facteur est déjà passé
et qu’il n'y a pas de lettres.
La Tempête approche,
mais il faut sauver la tarte,
la vie brutale caramélisée
aux spectres des guerres
qui dessertissent les pommiers
les amants les marins les passants.
Dites-vous que cette femme
traduit pudiquement des lettres
cachées sous des imperméables
d'une couleur terne,
à maturité des hivers,
de noces, de pluies incessantes.
Des femmes qui se rognent les ongles
sans prendre la parole,
attisent sa colère,
réveillent ceux qui n'écoutent pas
le sable franchir
les rideaux de la Normandie.
J'écris dans le vif de leur regards
je franchis les limites de l'impudeur
je me couds aux chapeaux
qui glissent sous les forts cris
de la Mer de la Manche
et je blesse avec la même aiguille
les chats du Phare des brumes.
29
Normandos.
perturbada
por un sabio
plisado de la saya
me inclino frente
al cartero
que no deja misivas.
Se acerca tempestad,
y salvo el pastel
que enfría en la ventana.
Corren en la acera
bajo impermeables
descoloridos,
parecen espectros de guerra
maduros por inviernos,
bodas, lluvias incesantes.
en la esquina,
una mujer mastica uñas
blasfema al granizo
que agujerea su sombrero
cuando zurzo los gatos
del faro de brumas.
30
Defixiones Tabulae (liens).
La règle pour une petite maison
qui n'est pas dans n'importe quelle ville.
J’ai été maudite par un bienheureux
à soutenir des personnes qui ne n'aiment pas
et me suivent de près.
Je le sus et rien n’a plus du sens.
31
Defixiones Tabulae (vínculos)
La ley para una pequeña casa
de cualquier ciudad.
Fui maldita por un bienaventurado
a convivir con quienes no aman.
Lo supe y todo perdió sentido.
32
Vent d’Angleterre.
Là où se promènent les vents du Port
-aussi loin se cachent les amantsla brise entraîne le corps et l’âme
de la venue à un monde différent.
Tard dans la nuit caillouteuse
de cette sarabande infernale
où l'univers raconte dans
milles langues ses solitudes,
sa démesure inappropriée,
on se réfugie dans la Taverne
et on lave cette soif de plomb.
Elle n'est ni seule, ni deux.
Lame de rasoir sur les lèvres
d'un sérieux tendre et doux,
quand elle rentre avec les filles légères,
avec des camionneurs du Pays de Caux,
de l’Espagne, de Bruxelles
avec les putes, les musiciens éveillés
les peintres
dans la prémonition de fin
de l'unique nuit du monde.
33
Viento de Inglaterra.
Hacia el Este convergen
los vientos del puerto,
la brisa arrastra
la zarabanda infernal
de noche pastosa.
En la taberna
el viento de Inglaterra
lava la sed de plomo
junto al salitre
hiere los labios
de las muchachas
que fornican
con camioneros
de España, de Bruselas
bajo la premonición
del fin del mundo.
34
Paille II.
Vous devez mettre du parfum sur le doigt
ma fille,
il sent la merde d'automne en Europe.
35
Paja II.
Usted debe perfumarse el dedo,
hija,
huele a mierda de otoño en Europa.
36
Âmes perdues.
Salut, âmes perdues
voyageurs ambitieux
et sans scrupule
dans la nuit du chaos.
Perles de Rosaire
entre les doigts
me remplissent d’impatience
à côté du fauteuil qui bascule
ceux qui sont partis
en connaissent ma défaite.
Lucidement folle
derrière le double vitrage
contre le froid.
En attendant le meurtrier,
le geste, la distance,
où que les chiens urinent.
Attendant attendant
attendant attendant
un signe
niché dans un pays
incroyablement désert.
Le cheval rembourré des flèches,
devant des visiteurs de la dernière minute,
qui crachent à l'âme perdue
dans la Forêt de Montgeon.
Cette femme qui promène l'œil,
l'estomac et les intestins secs,
à côté de certains charognards
qui mangent tranquillement
habillés en oiseaux noirs.
37
Almas perdidas.
Salud almas perdidas,
ambiciosos viajeros
de la noche del caos,
junto a la butaca nombro
a quienes parten
en derrota.
Dobles cristales,
detrás el frío,
perros que mean
esperando esperando
esperando esperando
un signo
enterrada en un país
increíblemente desierto
como un caballo muerto
por flechas desconocidas
Una mujer que deposita el ojo,
el estómago, los intestinos secos
junto a ciertos pajarracos
que comen tranquilamente
vestidos de negro.
38
Coucher des mots.
A Virginia Woolf
Coucher des mots
en l'excitation extrême.
Corder les bottes,
les vieilles bottes de voyage.
S'allonger avec l’air d’attendre
l'autobus ou le bien-aimé
_où personne ne vient
mais je chéris tous.
Sans dire un mot
sans dépasser le bruit
d'un poumon rompu
par le passage de l'eau.
39
Acostar palabras.
A Virginia Woolf
Excitada
enlazo botas.
Me recuesto
como si esperase
al ómnibus
al amado
pero nadie llega
a perturbar el ruido
de pulmón roto
por el paso del agua.
40
Trains.
Ne parviennent pas la station des chèvres
qui sautent jonquilles et pénètrent
l'abîme du basilic.
Les wagons ricanent
le vent en colère,
la nuit couchée sur les rails,
les hommes dans la transparence
des courbes, perdus dans le brouillard,
lointains comme l'écrasement des pierres.
Le désarroi glisse dans la rétine
de la jeune fille des champs,
qui déchaîne son exact et ignoré
costume de plumes.
Le train dans l'obscurité
de la station jamais faite.
Sur le pont, en fléchissant le chemin,
la petite orpheline du mirage
dira qu'ont passé une centaine d'hommes
vers l'immensité.
41
Trenes.
No arriban a la estación de las cabras
que saltan junquillos y se adentran
en el abismo de la mejorana.
Los vagones se quejan
de la cólera del viento,
la noche acostada sobre rieles,
los hombres en la trasparencia de virajes,
confusos en la bruma, lejanos
como piedras.
El desespero en la retina
de la muchacha de campo
que entreabre su vestido de plumas.
El tren en la oscuridad
de la estación nunca echa.
Sobre el puente, en un giro del camino
huérfana de milagros dirá
que ha pasado un centenar de Hombres
hacia la eternidad.
42
Susurre.
Les solitaires
qu’est-ce qu’ils ont de plus?
Quel cristal d’étoile
navigue dans leurs nuits?
Quelle rumeur de petite mère
les engourdit sur l'oreiller
au moment de dormir ?
43
Murmullo.
Los solitarios
¿Qué tendrán?
¿Qué cristal de estrella
acompaña sus noches?
¿Qué susurro
les adormece?
44
Maison de poupées.
La guerre compte les poupées de cette maison
un, deux, trois…
en laissant celle qui est cachée sans voix.
Les habitants de cette maison
après avoir apprivoisé
les mystères de l'armoire,
l'intrigue des vieilles lettres
récoltent une énorme télévision.
Écoutent les nouvelles, la vanité,
les blessures des guerriers
la lamentation, la malédiction
de l'annonceur qui sourit
devant la tragédie.
À minuit, des poupées et des hommes
fabulent de prières
m’abandonnent
pour que je puisse sauver la planète
en écrivant des poèmes
qui minimisent la peur.
Sans succès, ils hantent mes doigts
mais je m'en vais au jardin de grand-mère
je pars à la nuit infinie
à composer les mots qui bercent
les poupées désespérées
qui courent par les couloirs.
45
Casa de muñecas.
La guerra cuenta las muñecas de esta casa
una, dos, tres… omitiendo
la que ha quedado sin voz.
Los habitantes de esta casa
después de abastecer misterios
de alacena, intrigas de viejas cartas,
cosechan una enorme TV y escuchan
las informaciones, la vanidad,
las heridas, los guerreros,
lamentaciones, maldiciones
en boca de un locutor que sonríe.
A medianoche, muñecas y hombres
inventan oraciones
para que salve al planeta
me abandonan para que escriba poemas que
borren el miedo
sin éxito embrujan mis dedos
cuando me voy al jardín de abuela,
a la noche infinita
y mezclo palabras que adormecen
a las muñecas desesperadas
que corren por los pasillos.
46
Concoctions.
«L'amour pur nous fait rejeter le salut éternel."
Miguel de Molinos
Des centaines de bouteilles de bière,
des centaines de pilules bleues
sur une table
où la main disparaît.
Je suis à genou lorsque vous vous
agenouillez
Je suis la promesse d'olive,
le champ de blé adhéré à la fourmi.
Je menstrue la désolation.
Derrière la porte
sous le pont mon esprit
plein de cellules, un par un les morts.
Dans un linceul le cerveau,
si le fil rétrécit,
s’il y a des onglets
se soulève une identité
qui n'est pas définie,
et je dis que vous voyez dans l'obscurité
quand vous dormiez
un village assoupit de La Manche.
47
Brebajes.
“El amor puro nos hace rechazar la salud eterna.”
Miguel de Molinos
Cientos de botellas de cerveza,
cientos de píldoras
en una mesa
donde desaparece la mano.
Si usted se arrodilla
me arrodillo.
Soy promesa de oliva
al campo de trigo
pero menstruo desolación
uno a uno
menstruo a mis muertos
el cerebro en un lienzo,
si el hilo encoje
si se doblan los bordes
surjo en identidad
indefinida
y recorro
un pueblo de la Mancha.
48
Indéfinissable.
J'ai bu des neurones
J'ai engendré dans l'eau froide
l'amour, le saint, le poète,
je suis logée dans votre langue.
Monotone et répété,
j'appris la piqûre de guêpes
les documents de morsure,
les lettres, et les alphabets
enregistrés avec un couteau à pointe fine.
Un demi-siècle sans terre,
sans parents, sans l'esprit,
m'a tout permis.
La sensualité française m'a servi d’entrave
à la corruption de mon style.
Mais je n’y suis pour rien,
sous l'impulsion je ne compte
les dimanches ni les
poissons-samouraïs.
Regardez, je suis l'objet
de plus en plus indigné,
cherchant à se cacher derrière
le creux de son crâne
dans le crachin
cet après-midi la rupture de mon ombre,
le mépris, l'indifférence à tout moment.
La bravoure du poing qui casse les murs
la vertu et la grâce du naufrage
qui atteint l'extrême détérioration.
Je suis épuisée de tuer en transit
des portes qui ferment
des lèvres qui combinent
phrases purgatoires.
49
Vous êtes l'absence, le passé cueilli
la couche épaisse de boissons.
Je suis la survivante de l'obscurité
chimique la nuisance,
l' air de montagne qui étouffe la ville
légèrement fétide.
50
Indefinida.
Yo habito vuestra lengua
monótona,
repetitiva
como picada de abeja
tallo alfabetos
de punta fina.
Medio siglo sin tierra,
me autoriza a corromper
la sensualidad francesa
Me declaro irresponsable,
no cuento los domingos
poseída por peces samurái.
Soy el objeto
que se esconde
en tu cráneo
cuando escupes.
Este mediodía rompí mi sombra
contra un muro
con la gracia
del náufrago que arriba
a la extrema putrefacción.
Estoy cansada
de ex comuniones
ustedes no existen
soy la única sobreviviente
la oscura química,
la molestia,
el aire de montaña
que ahoga la fétida ciudad.
51
L'abattage.
Un Homme entraperçu,
_ saisi par hasard
ses longues jambes minces,
son si beau regardcherche une jeune fille pleine
des tourments et des absences.
Précis partenaire du chaos
assez pervers
Il craint la fulgurance de l'aube
quand il achète le pain et oublie ses pas.
52
Matadero.
Un hombre al azar
-escogido por sus largas piernasbusca una muchacha
atormentada.
Exquisito cómplice
del caos
perverso teme
al amanecer
cuando compra el pan,
y olvida regresar.
53
L'aiguille.
Elle est la dureté de l'argent
le vice du trou
le fil qui me coud
à la volute d'une île,
de mes parents la lettre,
la chair qui attache
sur des nuages d'écume
une vague de coton.
Elle traîne comme reine
dans le bas la subtile dentelle
quémandant l’attention des brodeuses
au cœur de pomme rouge.
54
La aguja.
De plata, dura como
el vicio o el hueco
me ensarta a una isla,
a mis padres,
a las olas que borda
con hilos de algodón
la aguja reina
en los bajos
del sutil encaje
que acapara costureras
de corazón de manzana
con dedos rojos
de sangre.
55
Madame Bovary.
Gainée de velours,
de dentelles rongées,
anéantie par des peines
dans le milieu de la rue
je touche les vitres des cars
je jette des pierres à la bruine
tous les jours en Normandie.
-Tous se mêlent à l'œil aveugleJe me roule une cigarette,
je n'ai aucun désir de réparer des gants
ou de parler aux passants,
de rien
dès l'instant où je sais qu'il y a
une aiguille dans la pomme.
56
Madame Bovary.
Arropada en terciopelo
y deshilachados encajes,
disminuida
en medio de la calle
toco los autos
tiro piedras
a la bruma
en Normandía.
Los que pasan
a mi lado
son idénticos
no tengo deseos
de remendar guantes
de hablar
de nada
en el instante donde sé
que hay una aguja
en la manzana.
57
Table
Paille.
7
Territoire.
9
Ile complexe.
11
La paille dans l'œil du Havre.
13
La Malédiction.
Chaos du monde.
17
20
La pomme.
22
L'être même.
24
Un jour d’automne.
26
Normandes.
29
Defixiones Tabulae (liens).
Vent d’Angleterre.
31
33
Paille II
35
Âmes perdues.
37
Coucher des mots.
39
Trains.
41
Susurre.
43
Maison de poupées.
45
Concoctions.
47
Indéfinissable.
49
L'abattage.
52
L'aiguille.
54
Madame Bovary.
56
58
Merci
a
Benjamin Walewski
pour la correction
59
García Alonso Margarita, Matanzas, Cuba. Réside en France
depuis 1992. Diplômé en journalisme de l'Université de La Havane.
Directrice des “Éditions Hoy no he visto el paraíso” Poète, éditrice,
narratrice, artiste visuel. Figure dans diverses anthologies, et revues.
Margarita García Alonso, Matanzas, Cuba. Reside desde 1992 en
Francia. Periodista, poeta, y artista visual. Numerosos premios como
pintora y otros tantos en concursos literarios. Creadora de Editions
Hoy no he visto el paraíso.
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