Chanet 2001 Budapest 7th IntPragmConf
Transcription
Chanet 2001 Budapest 7th IntPragmConf
Paru dans : Eniko NEMETH T. (ed.) (2001) : Cognition in language use : Selected papers from the 7th International Pragmatics Conference, Vol.1, Antwerp : International Pragmatics Association, pp.44-55. « CONNECTEURS », « PARTICULES », ET REPRESENTATIONS COGNITIVES DE LA PLANIFICATION DISCURSIVE Catherine Chanet 1. Objectifs L'objectif de cet article est d'examiner les connecteurs et/ou les particules, à partir d'exemples limités à donc et alors, du point de vue de leur rôle dans la construction ou la réorganisation des représentations cognitives créées par le discours. L'hypothèse de départ est en effet que les connecteurs / particules, en opérant sur ces représentations cognitives, constituent à la fois : - des traces de l'organisation des représentations que le locuteur veut construire par son discours (point de vue de l'«encodage», ou de la production), - des indices à partir desquels l'allocutaire reconstruit ce qu'il suppose être ces représentations (point de vue du «décodage», ou de l'interprétation), étant entendu que tout participant à une interaction verbale peut occuper tour à tour les rôles de locuteur et d'allocutaire. Cette hypothèse sous-tend une démarche à plus long terme, qui se fixe essentiellement deux objectifs : 1- rechercher d'éventuelles différences de fonctionnement entre ce que la littérature francophone appelle «connecteurs» et ce qu'elle appelle «particules». Il s'avère en effet que des mots tels que mais ou donc sont non seulement considérés comme des connecteurs (argumentatifs et/ou pragmatiques), mais aussi comme des «particules énonciatives» (Fernandez, 1994), alors que des mots comme quoi ou bon sont toujours considérés comme des particules, mais jamais comme des connecteurs. Il y a là une différence encore peu explicitée, que le cadre cognitif des représentations discursives permettrait peut-être d'éclaircir. 2- mettre au jour "ce qu'il y a de commun" aux différents emplois d'une même forme considérée comme connecteur et/ou particule. Les études de ces vingt dernières années se sont en effet surtout attachées à mettre l'accent sur les différences d'emploi d'une même forme, en recensant et en typologisant ces emplois. Ainsi Zenone (1981) avaitelle distingué cinq valeurs principales pour donc : donc de reprise, donc discursif, donc argumentatif, donc métadiscursif, donc récapitulatif. Quinze ans plus tard, Hybertie (1996) suit une démarche similaire en recensant également cinq catégories de donc : donc de reprise/récapitulation, donc métadiscursif, donc de conséquence, donc conclusif, donc marquant l'aboutissement d'un parcours inférentiel. Or, ces études, si précieuses soient-elles, n'expliquent pas pourquoi c'est toujours la même forme qui fait l'objet de tous ces emplois. Il est donc important de voir si cette unité ne se situerait pas « Connecteurs », « particules », et représentations cognitives de la planification discursive 45 au niveau d'un fonctionnement lié aux opérations effectuées sur les représentations discursives. Pour cela, il est nécessaire de préciser ce qui est entendu ici par le terme "représentations discursives". 2. Un modèle des représentations discursives : la «schématisation» de Jean-Blaise Grize Je m'appuierai ici sur un modèle développé par Grize (1982, 1990, et 1996, entre autres), où l'ensemble des représentations mentales créées par le discours est appelé «schématisation1«. Ce modèle est en effet celui qui me semble le mieux s'accorder avec les hypothèses suivantes : 1- le discours est une activité située, multimodale, à dominante verbale, pouvant s'inscrire dans (et servir) une activité plus large; 2- le texte est le produit verbal de cette activité (oral ou écrit, dialogal ou monologal); 3- le discours a pour effet de modifier les représentations cognitives (mentales) de chacun des interactants; 4- cette modification passe par un processus de construction de représentations communes ou, plus exactement, par une tentative de construction de représentations supposées communes. L'intérêt du modèle de Grize est qu'il est le seul, à ma connaissance, à tenir compte des représentations individuelles des interactants, et de leur rôle dans cette tentative de coconstruction de représentations mentales par le discours. Un atout majeur de la notion de schématisation est en effet qu'elle ne considère pas les activités mentales des interactants comme symétriques : selon Grize (1996 : 68-71), le locuteur (que je noterai "L") construit une (proposition de) schématisation, en fonction de ce que Grize (1996 : 65 sqq) appelle ses «préconstruits culturels» (i.e. ses connaissances d'arrière-plan), de ses propres représentations, et de ses propres finalités; l'allocutaire ("A") reconstruit une schématisation, en fonction de paramètres similaires le concernant, et de la proposition de schématisation qui lui est faite. Ainsi, occupant tour à tour les places de locuteur et d'allocutaire, les interactants vont co-construire dynamiquement, par l'activité discursive, ce que Grize appelle une «image» du monde ("Im (M)"), et des «images» d'eux-mêmes ("Im(L)" et "Im(A)"). Dire que dans les processus de schématisation, les activités des interactants ne sont pas symétriques, c'est à mon sens supposer que chacun des interactants élabore sa propre représentation de ce qui se passe dans le discours. Ainsi, on peut raisonnablement faire l'hypothèse (et c'est là un intérêt majeur du modèle de Grize) que L et A vont tenter, tout au long du discours, d'ajuster ces représentations métadiscursives pour construire par le discours une image de l'activité discursive même. Le modèle de Grize peut donc être enrichi en posant que la schématisation comporte également une image de l'activité discursive "Im(AD)". Le schéma suivant, qui s'appuie sur celui de Grize (1996 : 68) pour le modifier, résume ces processus de schématisation dans la communication verbale : 1 Comme le signale Grize (1996 : 69), le terme de schématisation, «comme toute nominalisation, renvoie à la fois à un processus et à son résultat». Il désigne donc la construction des représentations, et les représentations construites. 46 Catherine Chanet Place de l'Allocutaire Place du Locuteur Schématisation A L Im(M) construit en fonction de : Im(L) Im(A) reconstruit Im(AD) en fonction de : - Schématisation proposée par L - Pré-Construits Culturels (L) - Représentations (L) - Finalités (L) - Pré-Construits Culturels (A) - Représentations (A) - Finalités (A) La disymétrie des opérations cognitives en jeu dans les processus de schématisation laisse supposer, comme le signale Grize (1996 : 70), que «toute schématisation contient des aides à la reconstruction», c'est-à-dire que le discours véhicule des traces des images que L construit, traces qui peuvent être exploitées par A comme des indices pour reconstruire la schématisation. Mon hypothèse, que je voudrais maintenant illustrer par des exemples concernant donc et alors, est que les connecteurs et les particules font partie de ces traces/indices, et constituent donc des opérateurs qui tendent à construire une représentation cognitive commune pour modifier les représentations individuelles des interactants. 3. Image du Monde et Image de l'Activité Discursive : le cas de donc et alors 3.1. Analyses "classiques" 3.1.1. L'exemple (1), emprunté à Zenone (1981), illustre une possible analyse "classique" de donc : (1) B ne l'a pas lu, donc il ne peut rien dire. (< Zenone 1981 : 122) Ici, donc peut être décrit comme marquant une conséquence logique : il serait peu ou prou équivalent au "si…alors" (ou "conditionnel" noté ⊃) de la logique classique des propositions ("si B ne l'a pas lu, alors il ne peut rien dire"). Une analyse de ce type d'emploi en lien avec les représentations discursives a été proposée par Berrendonner (1983), qui considère donc comme une instruction de recherche dans la schématisation d'une information qui puisse constituer l'antécédent p dans une formule p ⊃ q. Appliqué concrètement à l'exemple (1), cela signifie que donc indique que l'information portée par il ne peut rien dire est la conséquence logique d'une autre information (à rechercher) figurant dans la schématisation, que l'on identifie sans peine comme étant celle portée par B ne l'a pas lu. Le point important à signaler ici est que le lien antécédent / conséquent est établi entre deux états de choses, c'est-à-dire entre deux informations figurant dans l'Image du « Connecteurs », « particules », et représentations cognitives de la planification discursive 47 Monde Im(M) que construit le discours. C'est même à mon sens pour cela que ce lien peut être interprété sur le plan sémantique comme un lien cause / conséquence : en (1), c'est parce que "B ne l'a pas lu" (cause) qu'il ne peut rien dire (conséquence). 3.1.2. Le même type d'analyse peut être conduit sur alors à partir de l'exemple (2) : (2) […] il faut pas en arriver là il faut pas aussi que les américains qui sont en cause se disent nous arriverons à isoler la France au sein de la communauté et donc dans le reste du monde alors on peut y aller on ne peut aboutir à un accord que s'il est global et que s'il est équilibré […] (oral, Corpus Mitterrand, < P. Cappeau, Poitiers, F) A l'intérieur du discours (rapporté) que Mitterrand prête aux Américains, alors relie deux informations : nous arriverons à isoler la France […] alors on peut y aller. Ce type d'emploi est traditionnellement décrit (notamment par Hybertie 1996) comme marquant une relation cause / conséquence. Alors véhiculerait l'instruction de considérer que, à l'intérieur du monde construit par le discours rapporté, le fait de pouvoir "isoler la France" est une cause pour le fait de "pouvoir y aller". Là encore, tout porte donc à croire que ce lien opère au niveau de l'Image du Monde construite par le discours (rapporté). 3.2. Critique de ces analyses 3.2.1. Les analyses précédentes ne s'appliquent cependant pas à d'autres emplois de donc, comme celui présent en (3), cité en note dans Zenone (1981) : (3) Tiens, l'eau a gelé. La température a donc vraiment baissé cette nuit. Ici, on peut difficilement soutenir que le fait que la température ait baissé soit signalé comme une conséquence logique du fait que l'eau ait gelé. Nos connaissances sur le monde, qui font partie de ce que Grize (1996) appelle nos «préconstruits culturels», nous interdisent en effet de considérer que L construit une image du monde où l'eau qui gèle serait la cause de la température qui baisse. Au niveau de Im(M), c'est l'inverse qui est construit par (3) : c'est bien parce que la température a baissé (cause) que l'eau a gelé (conséquence). C'est donc l'information portée par l'eau a gelé qui constitue une conséquence de celle portée par la température a baissé, et non l'inverse. Bref, si donc signale une conséquence logique, cette relation de conséquence ne se situe pas entre deux informations de Im(M)2. Une autre analyse possible (et provisoire) de ce type d'emploi consiste à dire que donc ne marque pas une relation de conséquence logique, mais signale que l'unité discursive qui suit verbalise la conclusion d'un raisonnement de L, et invite donc à rechercher, parmi les représentations discursives, des informations qui pourraient constituer les prémisses et/ou la règle d'inférence de ce raisonnement. On rejoint ici, on le voit, deux conceptions du rôle de donc : - les conceptions de donc comme connecteur argumentatif, pour lesquelles donc signalerait une conclusion argumentative et donnerait l'instruction de rechercher les arguments dans ce qui a été dit, - la conception de Hybertie (1996) de donc comme marquant l'aboutissement d'un parcours inférentiel. Il est alors possible de revenir sur l'exemple (1) pour lui appliquer la même analyse. Rien n'interdit en effet de considérer qu'en (1), donc signale que il ne peut rien dire 2 Ceci incite à penser qu'une relation cause / conséquence est une relation qui (i) relie deux faits de l'Image du Monde et (ii) est consistante avec nos représentations d'arrière-plan. 48 Catherine Chanet verbalise la conclusion d'une activité inférentielle de L, dont la règle reste implicite (ce qui est un fait discursif banal), et dont une prémisse peut être identifiée au contenu de il ne l'a pas lu. Ce qui est nouveau par rapport à une analyse plus "classique" de cet exemple, c'est que le lien signalé ici par donc ne se situe pas seulement entre deux informations présentes dans l'Image du Monde, mais aussi entre deux procédures de verbalisation, c'est-à-dire entre deux actions ou opérations discursives de L, au niveau de l'Image de l'Activité Discursive Im(AD) même3. 3.2.2. Là encore, on peut brièvement étendre ces réflexions à certains emplois de alors, comme celui mis en gras en (4) : (4) monsieur le Président il y a une affaire vous le savez qui qui préoccupe je dirai même qui bouleverse tous les Français c'est l'affaire du sang contaminé alors il y a eu au fond une loi d'indemnisation un procès un jugement et les Français ont l'impression d'abord de ne pas tout savoir deuxièmement que toute la justice n'a pas été faite sur cette affaire alors les politiques sont-ils responsables et les politiques doivent-ils être jugés (oral, Corpus Mitterrand, < P. Cappeau, Poitiers, F) Cet emploi ne peut être décrit comme marquant une relation cause / conséquence entre deux faits du monde : L n'a pas l'intention de signifier que le fait que l'affaire bouleverse tous les français soit une cause du fait que les politiques soient responsables ou pas. On ne peut donc pas soutenir ici que alors relie deux informations de l'Image du Monde construite par le discours. Ce que alors signale ici, c'est plutôt que, étant donné que les français sont bouleversés et ont l'impression de ne pas tout savoir, il est possible (voire légitime) de se poser la question de la responsabilité des politiques. En d'autres termes, c'est ici la question même qui est présentée comme une conséquence de faits appartenant à Im(M) : alors signale que l'état de la schématisation, et particulièrement l'état de Im(M), permet, aux yeux de L, la réalisation d'une certaine action/opération discursive signalée comme une conséquence possible de cet état de Im(M). L'exemple (2) devient alors susceptible d'une analyse similaire : à l'intérieur de la schématisation secondaire construite par le discours que Mitterrand prête aux américains, alors signale que le fait que les américains arriveront à isoler la France leur permet, selon eux, d'affirmer qu'ils peuvent "y aller" (tout ceci, bien sûr, d'après Mitterrand). Le lien signalé par alors se situe donc non seulement au niveau des faits du monde construit par le discours rapporté (cf. 3.1.2) (d'où son interprétation possible en termes de lien cause / conséquence), mais aussi entre un certain état de la schématisation et une action/opération discursive rendue possible par cet état. Comme ce sont des actions/opérations discursives antérieures qui ont créé cet état de la schématisation, alors relie finalement des actions discursives, et opère aussi au niveau de Im(AD). 3.3. Extension de l'analyse proposée et hypothèses sur donc et alors 3.3.1. Les extraits de corpus (5) et (6), que j'emprunte au mémoire de Maîtrise d'une étudiante de l'Université de Provence4, invitent cependant à revoir les réflexions précédentes : 3 De ce point de vue, la seule différence entre (1) et (3) réside dans le fait que nos préconstruits culturels (et notamment nos connaissances sur le monde) nous permettent d'identifier le raisonnement du locuteur comme déductif en (1) et comme abductif en (3). 4 Carretta, Caroline : Analyse linguistique des "donc" en français. Mémoire de Maîtrise Sciences du Langage, Juin 2000, Université de Provence. « Connecteurs », « particules », et représentations cognitives de la planification discursive (5) H 49 euh pour votre sortie pique-nique vendredi 13 donc vendredi là V H S si si c'est celui-ci oui il faut que vous ayez réfléchi à votre fil rouge pour la journée ah le thème (Corpus R1, < C. Carretta, Aix-en-Provence, F) H V [début de la réunion] alors euh donc la quatrième semaine donc la semaine qui vient on reste là pas de pique-nique (Corpus R2, < C. Carretta, Aix-en-Provence, F) (6) Les segments qui m'intéressent ici sont pour (5), vendredi 13 donc vendredi là, et pour (6), la quatrième semaine donc la semaine qui vient. Dans les deux cas, le locuteur change de système de référence après donc : - en (5), il passe d'un système de référence absolue5 (vendredi 13) à un système de référence déictique (vendredi là) - en (6), il passe d'une référence relative ou textuelle (la quatrième semaine) à une référence déictique (la semaine qui vient). On peut s'interroger sur les raisons de ces changements. Certes, il est toujours possible de soutenir que le SN à référence déictique verbalise dans les deux cas la conclusion d'un raisonnement de L, qui consisterait à "calculer" l'expression d'un référent temporel en fonction du moment de l'énonciation pris comme nouveau repère. Mais à quoi servirait ce raisonnement et pourquoi est-il verbalisé ? Une réponse possible est que L prête cette inférence aux autres participants de l'interaction, du moins l'estime pertinente pour ses allocutaires. Compte tenu des objectifs du discours dont sont extraits (5) et (6) (il s'agissait ici d'organiser des activités pour les enfants dans un centre aéré), L juge qu'il est plus pertinent pour ses interlocuteurs d'avoir à l'esprit que le vendredi dont on parle est le vendredi qui vient, que d'avoir à l'esprit qu'il s'agit du vendredi 13. Ce qui est à mon sens important ici, c'est que L rend saillante, par l'emploi de donc, la verbalisation de vendredi qui vient. 3.3.2. L'hypothèse que je ferai sur le fonctionnement général de donc est la suivante : - donc constitue une trace de la construction de la schématisation par L dans la mesure où il fonctionne comme instruction de considérer l'action discursive au cours de laquelle il prend naissance comme verbalisant l'aboutissement d'une activité inférentielle du locuteur. - au niveau de l'interprétation, donc fonctionne comme un indice de ce qui doit être pris en compte de façon prioritaire par l'interlocuteur, c'est-à-dire de ce qui est le plus pertinent, pour reconstruire la schématisation. On rejoint ici l'idée de Grize mentionnée plus haut selon laquelle toute schématisation contient des aides à sa reconstruction par l'allocutaire. Ici, c'est l'action discursive dans laquelle donc est verbalisé qui constitue l'action la plus pertinente d'une série, pour reconstruire la schématisation, dans la mesure où elle est rendue saillante. Quant à la série d'actions discursives en question, il s'agit de toutes celles qui verbalisent une étape du raisonnement de L, c'est-à-dire de toutes les verbalisations de ce qui peut être considéré comme une prémisse ou comme la règle d'inférence du raisonnement de L, et qui n'avaient donc pour but que de pouvoir amener la conclusion du raisonnement en créant un état de la schématisation adéquat. La recherche éventuelle par l'interprète de cette série d'actions discursives n'a alors pour seul rôle que celui d'établir le domaine de pertinence d'une action discursive, c'est-àdire de délimiter un sous-programme discursif à l'intérieur du discours. Il devient alors possible pour l'interprète de vérifier la pertinence qu'indique donc, en confrontant la/les 5 Du moins à l'intérieur d'un cadre temporel donné qui est lui déictique (le mois en cours) et qui reste implicite. 50 Catherine Chanet prémisse(s) et/ou la règle identifiées à ses propres connaissances / représentations. Mais cette recherche ne constitue pas selon moi le but attaché à l'interprétation du donc : elle constitue seulement un moyen d'évaluer la pertinence d'une action discursive donnée pour reconstruire la schématisation. Quant à alors, il constituerait ainsi : - une trace du fait que, selon le locuteur, l'état de la schématisation permet d'effectuer une action discursive donnée; de façon concomitante, alors constitue une trace du fait que L a évalué l'état de la schématisation, et choisi une action discursive à l'intérieur du paradigme de toutes celles qui étaient rendues possibles par cet état. - un indice, pour l'allocutaire, du fait que cette action discursive-là est un moyen de résoudre une "attente" créée par le discours. Alors fonctionnerait pour l'interprète comme un indice qu'un des buts discursifs du locuteur a été (ou va être) atteint. Dire cela suppose avoir recours aux notions de programme discursif et d'action (ou d'opération ?) discursive, ce qui ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes, notamment ceux (cruciaux) de la définition d'une "action" discursive, et des indices qui permettent d'identifier et de délimiter un "programme discursif". Cela suppose également que toutes les actions / opérations effectuées dans le cadre de l'activité discursive n'ont pas toutes le même poids dans la (re)construction de la schématisation, puisque certaines sont signalées à l'attention de l'interlocuteur comme plus saillantes que d'autres, et comme jouant un rôle particulier dans une éventuelle planification du discours. 4. Donc, alors, et la planification discursive 4.1. Structuration et hiérarchisation des programmes discursifs Il existe des emplois de donc et de alors qui semblent donner des indications sur une éventuelle structuration hiérarchique des programmes discursifs attribuables au locuteur. 4.1.1. On connaît notamment un emploi de donc très souvent décrit comme signalant une «reprise» d'un thème provisoirement abandonné, ou un «recentrage» sur le thème en cours dans le développement du discours. En termes de planification discursive, cet emploi peut être décrit comme signalant la reprise d'un programme après l'exécution de sous-programmes discursifs, ou de programmes discursifs annexes. C'est ce qu'illustre (7), où Desproges s'amuse à caricaturer le phénomène : (7) La grande différence entre l'homme et la bête, c'est l'intelligence. Comme le rire, l'intelligence est le propre de l'homme, et beaucoup plus rarement de la femme, mais c'est de moindre importance car la femme, pour peu qu'elle soit belle, n'a guère besoin d'être intelligente. Pour peu qu'elle soit moche, elle a encore moins besoin d'être intelligente. A ce propos, je citerai le mot admirable de Louis XIV, […] Donc, l'intelligence distingue l'homme de la bête. Pour s'en convaincre, livrons-nous à une petite expérience fort simple. Prenons un homme que nous appellerons Albert. (S'il ne vient pas lorsque nous l'appelons Albert, appelons-le René ou Sigismond, ça n'a absolument aucune espèce d'importance. Personnellement, je m'en fous complètement.) Je disais : « Prenons un homme que nous appellerons Albert » par pure convention. D'ailleurs, je n'avais même pas terminé ma phrase. Je voulais dire : « Prenons un homme que nous appellerons Albert et un chien que nous appellerons Kiki. » (Ce sont juste des appellations arbitraires que je choisissais au hasard pour aider à la compréhension de cette expérience.) Bien. Prenons un homme que… (Si vous préférez appeler le chien Albert et l'homme Kiki, je m'en fous, vous pouvez pas savoir à quel point. Simplement… c'est ridicule. Aucun chien ne s'appelle Albert. Aucun homme ne s'appelle Kiki. Seuls les chiens et les femmes s'appellent Kiki. Kiki Caron, par exemple.) Bon. Prenons un homme… (Je sais bien que Kiki Caron c'est un nom qui n'évoque plus rien aux moins de soixante ans. C'était une nageuse. Pas dans l'équipe est-allemande. Une femme.) Bon, trêve de digressions oiseuses. Revenons à l'intelligence, car je sens que l'on s'en écarte. « Connecteurs », « particules », et représentations cognitives de la planification discursive 51 Donc, soit un homme qui répond au nom d'Albert… (S'il ne répond pas au nom d'Albert, ne nous affolons pas, c'est peut-être qu'il est sourd. Pardon. Qu'il est malentendant. Je ne voudrais surtout pas vexer les aveugles qui nous lisent par milliers.) Donc, soit un homme qui répond au nom d'Albert et un chien qui répond au nom de Kiki. Pour démontrer que l'homme est beaucoup plus intelligent que le chien, il nous suffira de […] (Pierre Desproges, Manuel de savoir vivre à l'usage des rustres et des malpolis, 100-101) Ici, avec la grande différence entre l'homme et la bête, c'est l'intelligence (en gras et italiques), un but global est initié : montrer que l'homme est plus intelligent que la bête. Suit une digression, qui réalise un but que je qualifierai d'opportuniste6 : différencier l'homme de la femme (sur la base de la polysémie du mot homme), suivie d'une seconde digression qui consiste à narrer un mot attribué à Louis XIV. Le retour à la réalisation du programme global est marqué par donc, l'intelligence distingue l'homme de la bête : selon les hypothèses exposées en 3.3.2, donc signalerait que l'intelligence distingue l'homme de la bête verbalise la conclusion d'un raisonnement de L, et constitue l'information signalée comme la plus pertinente pour la reconstruction de la schématisation par A. Or, les prémisses et/ou la règle de ce raisonnement n'ont pas été verbalisées. A peut alors inférer que le but argumentatif global de L n'a pas été achevé, et recatégoriser (rétroactivement) les verbalisations précédentes comme ne faisant pas partie du programme discursif global, c'est-à-dire comme constituant des digressions par rapport à l'objectif argumentatif. On observera aisément que le même phénomène se répète avec l'initiation d'un sous-but marqué par prenons un homme que nous appellerons Albert, et le retour à la réalisation de ce sous-but, par deux fois, marqué par donc, soit un homme qui répond au nom d'Albert, où donc montre que l'information (qui est ici une instruction) est toujours pertinente compte tenu des objectifs du discours. De fait, l'objectif global est repris à la dernière ligne avec pour démontrer que l'homme est beaucoup plus intelligent que le chien, il nous suffira de […]. En définitive, cet emploi de donc, en signalant que certaines verbalisations sont à rattacher à l'exécution d'un programme discursif, donnerait des indications sur la façon dont L organise ses buts discursifs et planifie son discours. 4.1.2. Une analyse du même type pourrait éventuellement être conduite à partir de (8) en ce qui concerne alors : (8) L1 L2 vous ne dessinez plus du tout pratiquement plus non il avait quand on a fait ce sacré Hara-Kiri euh je dessinais au début et puis on s'est aperçu qu'on /n', Ø/ était que des dessinateurs j'avais trois quatre copains qui étaient venus nous rejoindre euh c'étaient tous des dessinateurs personne n'écrivait une ligne alors il fallait il fallait pour faire un journal il fallait quand même de la matière écrite alors je me suis mis à écrire (Oral radio, Corpus Cavanna, < SLF Fribourg, CH) Le premier alors présent dans cet exemple peut être interprété comme signalant que pour le locuteur, les verbalisations précédentes (et notamment personne n'écrivait une ligne) ont créé une attente au niveau du discours, et que cette attente va être résolue par la réalisation d'un objectif discursif. Ce but discursif est lui-même réalisé en deux temps : par la verbalisation de pour faire un journal il fallait quand même de la matière écrite d'abord, qui précise en quoi consiste l'attente créée par le discours, et par celle de je me suis mis à écrire ensuite, qui résout cette attente et répond du même coup à la question du journaliste. De telle sorte qu'on pourrait dire que les deux alors permettent de structurer cet exemple comme suit : 6 On peut penser que ces buts "opportunistes" sont possibles étant donné l'état de la schématisation, mais non nécessaires à la réalisation du but discursif global : leur réalisation ne serait pas attendue compte tenu de l'état des représentations. 52 Catherine Chanet (8') quand on a fait ce sacré Hara-Kiri personne n'écrivait une ligne alors [ [pour faire un journal il fallait quand même de la matière écrite] alors je me suis mis à écrire ] 4.1.3. Il serait cependant audacieux, voire dangereux, d'en conclure qu'un locuteur "prépare" son texte avant le début de l'activité discursive même (sauf pour des genres discursifs spécifiques tels les discours de propagande), et qu'on aurait affaire à une réelle planification discursive à long terme dont donc ou alors constitueraient simplement la trace. Ce n'est d'ailleurs pas ce que montrent les études psycholinguistiques sur le sujet (Levelt, 1989). Tout au plus peut-on dire que les phénomènes de planification dépendent étroitement des genres discursifs et que, du point de vue strictement linguistique, donc ne fait que simuler une certaine planification : ce que construit le discours (et donc ce à quoi le linguiste a accès), c'est une image de sa propre planification, faisant partie de l'Image de l'Activité Discursive Im(AD). 4.2. Planification locale "on line" Il existe en effet des cas où l'on trouve des séries de donc ou de alors, et où il est extrêmement difficile d'interpréter ces séries comme donnant des indications sur une éventuelle hiérarchisation de programmes discursifs. Témoin l'exemple (9) pour donc : (9) […] cet ADN va /porter, apporter/ des régions de variabilité qui vont faire que chaque individu va être différent de son voisin euh pour symboliser un petit peu ce système de variabilité je prends souvent l'exemple de trains on imagine que notre ADN est caractérisé par deux trains chacun de ces trains ayant un nombre de wagons variable donc on imagine un premier individu avec un train avec trois wagons et le deuxième avec cinq wagons et son voisin d'à côté va avoir un train avec dix wagons et le deuxième avec vingt wagons donc le but pour nous pour identifier un individu est simple il suffit de caractériser la taille de ses trains et de comparer s'ils sont identiques ou pas donc on nous fournit généralement deux types de prélèvements des prélèvements de questions ce sont les prélèvements qu'on retrouve sur les scènes du crime c'est du sperme c'est du sang ce sont des mégots de cigarette et puis des prélèvements de référence prélèvements dont on connaît l'origine donc on traite en parallèle prélèvements de questions prélèvements de référence on mesure la taille des trains et puis on regarde si les trains sont identiques ou pas entre les deux types de prélèvements (Oral radio, Corpus "l'aveu désavoué", < C. Portes, Aix-en-Provence, F) Dans cet extrait, emprunté à Portes (2000), un généticien explique comment les tests génétiques peuvent permettre de prouver la culpabilité ou l'innocence d'un accusé dans le cadre d'une affaire criminelle. Selon les paramètres acoustiques analysés par Portes (2000), les donc présents ici ne "marquent" pas un type particulier d'unité discursive, dans la mesure où les unités isolées prosodiquement ne recouvrent pas les segments délimités par donc. C'est dire qu'il est difficile de relier ces segments à un programme d'énonciation spécifique, si ce n'est le programme que constitue la totalité de l'intervention du généticien, et qu'on ne peut définir le rôle des donc présents ici que comme signalant une pertinence des verbalisations par rapport au but global du locuteur. Force est de constater ici que ce pointage de pertinence fait l'objet d'un déplacement constant au fur et à mesure de la production du texte : de fait, pratiquement toutes les actions discursives sont successivement signalées comme pertinentes pour reconstruire la visée explicative du généticien. C'est un phénomène similaire que l'on observe à propos de alors en (10) : « Connecteurs », « particules », et représentations cognitives de la planification discursive (10) L2 L1 L2 53 il il devait se marier le lendemain et il avait deux ministres comme témoins et moi ça m'amusait de l'empêcher de se marier alors vous imaginez où je visais seulement il c'est un scoop il est beaucoup plus grand que moi il avait des b- il a des bras très longs et alors quand je me penchais pour atteindre mon objectif j'avais son épée dans les yeux alors je me disais quand même ça serait bête de me faire crever un oeil pour lui crever une alors je me suis rappelé du conseil du maître d'armes quand j'ai pris la leçon je me jetais sur lui il m'a dit mais qu'est-ce que vous voulez gagner ou perdre alors j'ai dit je veux gagner bien sûr alors il m'a dit si vous faites ça il n'aura qu'à tendre le bras et vous vous ferez embrocher alors comme vous ne savez pas tirer à l'épée contentezvous d'essayer de le blesser au bras alors c'est ce que j'ai fait une première fois ça saignait pas beaucoup (Oral radio, Corpus Deferre, < SLF Fribourg, CH) Dans sa seconde intervention, L2 ne structure pas les actions discursives qui lui permettent de mener à bien sa narration : il les enchaîne simplement, signalant par alors que chaque nouvel état de la schématisation autorise le passage à l'action discursive suivante. On a donc affaire ici à une série de "programmes" discursifs servant une activité narrative pas vraiment planifiée, qui «relate» une série chronologique d'actions, pour employer un terme propre à Adam (1994), davantage qu'elle ne la «raconte». Autrement dit, l'ordre du texte "mime" ici l'organisation chronologique du Monde, que veut rendre le locuteur. Il semblerait donc que l'on ait dans le cas de (9) et de (10), plutôt que des indices de hiérarchisation de programmes discursifs, des indices de prises de décisions locales, en fonction de l'état de la schématisation auquel ont mené les actions discursives précédentes : si "planification" il y a, cette planification est seulement linéaire, locale, au coup par coup, en direct, "on line". Le pointage de la pertinence des actions discursives et les buts discursifs mêmes se déplacent au fur et à mesure de l'avancement de la production textuelle. 4.3. Disymétrie des buts attribués au discours par L et par A Enfin, il faut signaler que L et A n'attribuent pas nécessairement, à un niveau local, les mêmes buts au discours. Plus précisément, L et A n'ont pas nécessairement les mêmes attentes vis-à-vis du discours, compte tenu d'un état donné de la schématisation. Cette disymétrie va pouvoir engendrer des négociations (le plus souvent implicites) sur les objectifs discursifs et, partant, sur la planification discursive et sur la schématisation à co-construire. C'est ce qu'illustre l'exemple (11), qui constitue la suite de l'extrait (10) : (11) L1 L3 L2 L1 L3 L2 L3 L2 vous avez bien aimé vous êtes prêt à recommencer alors mais alors il s'est marié je devrais pas le dire parce que je suis ministre mais ouais volontiers qui voudra ti- qui veut vous provoquer il s'est marié ou pas finalement le lendemain pardon le lendemain il s'est marié ou pas non non non non le général de Gaulle euh qui a trouvé ça ridicule a interdit aux ministres euh d'être témoins et le mariage a été renvoyé (Oral radio, Corpus Deferre, < SLF Fribourg, CH) 54 Catherine Chanet Les répliques en gras montrent que pour L3, l'intérêt du discours ne se situait pas dans la narration du duel (que comportait l'extrait (10)), mais dans la résolution de l'attente créée par la première intervention de L2 en (10) : il devait se marier le lendemain et il avait deux ministres comme témoins et moi ça m'amusait de l'empêcher de se marier alors vous imaginez où je visais. Cette intervention crée en effet une attente au niveau de la schématisation, qui est de savoir si le il en question s'est marié ou pas. L3 le rappelle d'ailleurs en (11) à ses interlocuteurs par un mais alors il s'est marié, où le mais alors signifie : "un des buts discursifs créé par vos énonciations antérieures n'a pas été réalisé, or selon moi, mais pas selon vous, il aurait pu / dû l'être, et ce but est de dire s'il s'est marié". Manifestement, l'objectif de L2 était de divertir les auditeurs en racontant son duel, mais pas de donner cette information concernant son adversaire. En définitive, la planification du discours pour un interactant X n'est pas nécessairement la planification pour un interactant Y : chaque participant à l'interaction construit sa propre image de l'activité discursive en cours et des objectifs de celle-ci. Si l'on veut décrire l'incidence des connecteurs et des particules sur la construction des représentations discursives, il est nécessaire de tenir compte de cette disymétrie, et de travailler sur les traces linguistiques de la négociation des représentations créées par le discours. 5. Conclusions On peut tirer plusieurs hypothèses de travail de ce qui précède. J'en indiquerai ici trois. 1- Tout d'abord, il semble qu'il existe une différence de fonctionnement entre connecteurs d'une part, et particules énonciatives d'autre part, vis-à-vis de la construction des représentations discursives. Cette différence pourrait résider dans le fait que les connecteurs agissent à la fois au niveau de Im(M) et de Im(AD), alors que les particules n'agissent qu'au niveau de Im(AD). Cette hypothèse expliquerait que certains connecteurs puissent parfois se comporter comme des particules, dans les emplois où ils perdent la capacité d'agir sur les représentations du monde construit par le discours (soit : sur Im(M)). 2- Ensuite, connecteurs et particules ont ceci en commun qu'ils contribuent à construire une image de l'activité et de la planification discursive, qui n'est qu'une image linguistiquement construite, et qui ne renseigne pas sur une éventuelle préprogrammation cognitive de la production verbale, mais sur la façon dont le discours se met en scène. Dans le cas de discours pré-planifiés (discours politique, religieux, pédagogique, — du moins en principe —), les connecteurs peuvent être interprétés comme une trace de la planification partielle conçue par le locuteur, et un repère pour l'interlocuteur sur la manière dont il peut reconstruire cette planification (ce qui explique, en partie au moins, que l'on puisse parler du discours comme activité), parce que cette planification est conforme aux attentes créées par le genre discursif même. En revanche, dans le cas de discours non pré-planifiés (conversation quotidienne, interactions de service,…), les connecteurs ne donnent qu'un semblant de structuration au discours (ce qui explique que l'on puisse parler du discours comme improvisation) : s'ils peuvent méthodologiquement être utilisés pour montrer l'image que le discours donne de lui-même, ils ne peuvent pas l'être, à mon sens, pour rendre compte des procédés cognitifs sous-jacents à la production discursive. 3- Enfin, il ne faut pas oublier que l'Image de l'Activité Discursive Im(AD) comporte nécessairement une image de la schématisation en cours de construction, puisque toute activité discursive construit une schématisation. Or, cette image de la schématisation comporte elle-même une image de l'image de l'activité discursive, qui comporte elle- « Connecteurs », « particules », et représentations cognitives de la planification discursive 55 même une image de l'image de la schématisation, etc. Cela signifie que, si l'on étend le modèle de Grize pour y inclure une image du discours en train de se tenir, on aboutit immanquablement à un modèle "en abyme", récursif à l'infini, où un élément comporte, ou plutôt reflète, le tout qui le contient, et le reflète en train de le contenir… Bref, de quoi s'interroger, non sans un certain vertige, sur les architectures à construire pour modéliser les représentations discursives. Références Adam, J.-M. (1994) : Décrire des actions : raconter ou relater ? Littérature 95, 3-22. Berrendonner, A. (1983) : Connecteurs pragmatiques et anaphores. Cahiers de Linguistique Française 5, 215-246. Fernandez, J. (1994) : Les particules énonciatives. Paris : PUF. Grize, J.-B. (1982) : De la logique à l'argumentation. Genève : Droz. Grize, J.-B. (1990) : Logique et langage. Paris : Ophrys. Grize, J.-B. (1996) : Logique naturelle et communications. Paris : PUF. Hybertie, C. (1996) : La conséquence en français. Gap : Ophrys. Levelt, J.M. (1989) : Speaking. From intention to articulation. Cambridge (MA) : MIT Press. Mosegaard-Hansen, M.-B. (1997) : Alors and donc in spoken french : a reanalysis. Journal of Pragmatics 28/2, 153-187. Portes, C. (2000) : Approche du rôle de la prosodie dans la structuration du discours oral en français. Mémoire de D.E.A. "Langage et parole", Université de Provence. Zenone, A. (1981) : Marqueurs de consécution : le cas de donc. Cahiers de Linguistique Française 2, 113-139.