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BMA et le Commonwealth Medical Trust Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé Juin 2007 BMA LE DROIT À LA SANTÉ : UN OUTIL POUR LES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ • Judith Asher • Danielle Hamm • Julian Sheather British Medical Association BMA House, Tavistock Square, London, WC1H 9JP, Royaume-Uni Commonwealth Medical Trust BMA House, Tavistock Square, London WC1H 9JP, Royaume-Uni Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 1 BMA 2 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA Remerciements Nous souhaiterions remercier les personnes et organisations suivantes qui nous ont généreusement accordé un peu de leur temps pour réviser un brouillon de ces recommandations : L’International Federation of Health and Human Rights Organisations (IFHHRO), Judith R Bueno de Mesquita et l’équipe du United Nations Special Rapporteur on the Right to Health à Essex University. Les membres du comité d’éthique médicale de la BMA pour l’année 2006-07. Cet outil a été rendu possible dans le cadre de l’accord de subvention stratégique avec le Department for International Development (DfID). Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 3 BMA Objectifs de cet outil Le droit à la norme la plus élevée de santé physique et mentale est un droit fondamental humain, protégé par la législation internationale. Cet outil explique la signification de ce droit pour les professionnels de la santé et leurs associations. Bien que le droit à la santé repose sur une base légale, cet outil n’a pas un caractère juridique. Il révèle la signification pratique du droit à la santé dans le travail au jour le jour des professionnels de la santé et de leurs associations. Il fournit des exemples concrets tirés de la pratique courante de la santé. Beaucoup de professionnels de la santé travaillent déjà à la promotion du droit à la santé. Comprendre le droit à la santé n’entraîne pas l’adoption d’une méthode de travail différente. Le droit à la santé est un outil pratique des professionnels de la santé qui détermine le quotidien du travail selon des valeurs universellement acceptées. Le droit à la santé n’exige pas des gouvernements qu’ils engagent des ressources qu’ils ne possèdent pas pour fournir les soins de santé. Il demande à ceux qui prennent des décisions qui affectent la santé des individus (professionnels de la santé, entreprises privées ou organismes publics) de promouvoir et de protéger la santé et de comprendre et de justifier les retombées de leurs décisions. 4 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA QU’EST-CE QUE LE DROIT À LA SANTÉ ? Différent du « droit d’être en bonne santé » Le droit à la santé, ce n’est pas le droit d’être en bonne santé. L’état ne peut pas protéger les individus contre toute cause possible de mauvaise santé ou de handicap comme les conséquences néfastes de maladies génétiques, la susceptibilité individuelle ou l’adoption de modes de vie non sains. Il ne s’agit pas non plus d’un droit illimité à recevoir des soins médicaux pour toute maladie ou tout handicap. C’est un droit de jouir d’une multitude de services et conditions nécessaires pour être en bonne santé. On peut classer cela en deux catégories : ceux liés à des soins de santé et ceux liés à des conditions générales de vie affectant la santé, comme une eau propre, l’alimentation, un système sanitaire et un toit. Plus particulièrement, le droit à la santé peut se comprendre comme un système de santé efficace et intégré, comprenant des soins de santé et d’autres facteurs de santé. 1 Le vaste concept de santé Le droit à la santé reconnaît que les soins de santé comme les conditions sociales sont des éléments de santé déterminants. Cela inclut des facteurs comme le sexe, l’âge, le niveau de vie, des conditions sanitaires insalubres, ainsi que des événements qui peuvent altérer la santé comme la violence et les conflits armés. Le droit à la santé est lié à d’autres droits de l’homme, comme le droit à l’alimentation, le droit au logement, le droit à l’éducation et le droit à des conditions de travail sans danger. Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 5 BMA Quelles sont les implications d’une approche de la santé fondée sur les droits de l’homme ? Les droits de l’homme s’attachent essentiellement aux personnes et groupes défavorisés. Au Royaume-Uni par exemple, ils soulignent les besoins de ceux qui ont souffert de discrimination comme les personnes âgées, les demandeurs d’asile et les détenus. Prenons l’exemple de programmes de vaccination. Du point de vue des droits de l’homme, la vaccination n’est pas qu’une simple obligation médicale pour les enfants et une mesure de santé publique responsable, c’est aussi un droit de tous les enfants, avec des obligations gouvernementales correspondantes. De ce fait, un programme de vaccination national ne peut pas être relégué au second plan, en raison de contraintes financières, sans raison valable. Le porteur de droits, en l’occurrence l’enfant, est au cœur de cette démarche. Une approche fondée sur les droits de l’homme assure l’apport de ressources nécessaires à ceux qui en ont le plus besoin. Elle dévoile des situations dans lesquelles les fonds sont utilisés pour construire encore plus d’hôpitaux dans les grandes villes ou pour acheter du matériel coûteux pour des procédures électives qui profitent uniquement aux populations riches ou urbaines, alors que les populations rurales ou les groupes vulnérables se voient refuser même le plus minime des soins de santé. 6 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA Mutilation génitale féminine La mutilation génitale féminine (MGF) est un terme générique pour désigner une série de pratiques impliquant l’ablation ou l’altération des parties génitales chez une femme saine. La MGF peut être extrêmement douloureuse et comporte des risques immédiats et à long terme sur la santé, notamment des hémorragies, le tétanos, la septicémie voire la mort. La pratique de la MGF est une violation pure et simple du droit de la femme à la santé. Elle peut provoquer des problèmes irréversibles sur le sexe et l’appareil reproducteur et serait un facteur d’augmentation de la mortalité pendant l’enfance. La MGF est généralement pratiquée sur les filles âgées de 4 à 15 ans, voire dans certains cas sur des nouveau-nés et des jeunes femmes avant le mariage. La procédure est souvent effectuée dans des conditions non stériles et sans anesthésie. On prétend que, puisque cela réduirait certains des risques à la santé, la MGF devrait être réalisée par des médecins dans des conditions stériles et sous anesthésie. Mais il s’agit d’une violation flagrante des droits de l’homme et la participation des travailleurs de la santé à cette procédure légitimerait cette pratique cruelle et dangereuse. Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 7 BMA Éléments clés du droit à la santé Responsabilité En signant des traités internationaux sur les droits de l’homme soutenant le droit à la santé, un état accepte d’être redevable envers la communauté internationale et ses citoyens, de ses obligations. Participation Le droit de participer à la prise de décisions est un principe directeur de tous les droits de l’homme. Une approche de la santé fondée sur les droits de l’homme insiste sur le fait que des services de santé efficaces ne seront accessibles que si les individus participent à leur création et à leur distribution. Il a été démontré que l’implication des communautés augmenterait les probabilités selon lesquelles les besoins de la communauté seraient satisfaits plus efficacement, contribuant ainsi à une meilleure santé. Cette participation permet de garantir que le système de santé est réactif aux besoins de santé particuliers des groupes défavorisés. 2 Principes des services de soins de santé Le droit à la santé impose quatre principes fondamentaux aux services de soins de santé : disponibilité, accessibilité, acceptabilité et qualité. 3 La disponibilité des services nécessite que la santé publique et les établissements de soins de santé soient suffisamment disponibles, compte tenu des conditions de développement et économiques du pays. 8 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA Le système de santé doit être accessible à tous. L’accessibilité a quatre dimensions imbriquées : • Non-discrimination : les établissements de santé, les biens et les services doivent être accessibles à tous, notamment aux plus vulnérables. • Accessibilité physique : les établissements de santé, les biens et les services doivent être physiquement accessibles à tous. • Accessibilité économique : les services de santé doivent être financièrement abordables pour tous. • Accessibilité des informations : l’accessibilité inclut le droit à demander, recevoir et transmettre des informations sur des problèmes de santé. Par exemple, les gouvernements doivent s’assurer que les jeunes ont accès à des informations et à une éducation sur la santé sexuelle et reproductive présentées de manière impartiale. L’accessibilité exige que les services de santé soient éthiques et culturellement adaptés, c’est-à-dire respectueux des individus, des minorités, des peuples et des communautés et attentifs aux besoins liés aux sexes et aux cycles de la vie. La qualité se traduit par des services de santé scientifiquement et médicalement adaptés et présentant une qualité optimale. Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 9 BMA « Coût » de l’application du droit à la santé De nombreux gouvernements soutiennent que l’application du droit à la santé a un coût. Mais bien souvent, il suffit de s’assurer que les ressources disponibles soient réparties le plus efficacement possible et que les gens ne souffrent pas d’effets néfastes sur la santé liés à la discrimination. Même s’ils ne disposent que d’un petit budget de santé, les pays peuvent par exemple concevoir des systèmes de santé pour améliorer l’accès aux services des personnes démunies, vulnérables ou défavorisées. 10 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA Accès universel aux antirétroviraux à l’Est du Cap Dans les zones rurales d’Afrique du Sud, le manque chronique de travailleurs de santé a été reconnu comme un obstacle majeur à l’approvisionnement en antirétroviraux, notamment dans les coins les plus isolés. Le gouvernement, en collaboration avec l’association caritative Médecins sans Frontières, est parvenu à mettre en place un accès universel à une thérapie antirétrovirale dans l’une des régions les plus pauvres et les plus isolées d’Afrique du Sud sans compromettre la qualité des soins. Cette thérapie était fournie en clinique, avec une multitude de points d’accès pour le diagnostic et le traitement, insistant sur la proximité et l’acceptabilité des services, permettant de ce fait un enrôlement plus rapide des personnes dans les programmes de traitement, avec de bons résultats cliniques et une excellente rétention des patients. Le fort sentiment de propriété et de participation de la communauté à l’approvisionnement des soins de santé a contribué à assurer la qualité des services de santé. Après avoir confié progressivement les ressources et les responsabilités au Ministère de la Santé, Médecins sans Frontières se retire désormais de Lusikisiki. 4 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 11 BMA QUE SIGNIFIE LE DROIT À LA SANTÉ POUR LES PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ ET LEURS ASSOCIATIONS ? Les associations de professionnels représentent un groupe divers d’organisations. De même, les professionnels de la santé travaillent dans une pluralité de contextes, et leurs rôles et influences varient. Les éléments mentionnés ici ne s’appliqueront pas tous à tous les professionnels de la santé ou à toutes les associations de professionnels. Dans certains cas, il peut être plus avantageux pour les professionnels de la santé de travailler avec des associations pour le développement ou pour la santé ou avec d’autres organisations non gouvernementales pour affiner les objectifs des droits de l’homme. Alors que certaines recommandations faites plus loin peuvent être appliquées immédiatement, d’autres serviront de référence. Néanmoins, les professionnels de la santé entrent en contact avec les problèmes liés aux droits de l’homme dans plusieurs contextes allant de la pratique clinique quotidienne à la co-rédaction des politiques de santé aux niveaux national et international. Une approche de la pratique professionnelle fondée sur les droits de l’homme Les droits de l’homme imposent des devoirs aux gouvernements et à leurs employés directs. Les professionnels de la santé qui travaillent dans des institutions de santé publique partagent une responsabilité directe pour faire appliquer le droit à la santé. Le moyen le plus efficace pour la majorité des professionnels de la santé de respecter leurs obligations imposées par le droit à la santé est de garantir qu’ils fournissent le niveau le plus élevé possible de soins et de traitement d’une façon 12 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA qui respecte la dignité fondamentale de chacun de leurs patients. Cela implique un certain nombre de facteurs interdépendants dont : • être honnête, poli et respectueux de tous les patients sans discrimination ; • veiller à ce que les compétences professionnelles restent les plus avancées possibles ; • respecter l’autonomie et la dignité des patients et leur droit à l’autodétermination ; • fournir des informations actualisées et pertinentes sans discrimination pour aider à la prise de décision des patients ; • respecter la confidentialité des patients ; • traiter les patients selon les normes éthiques les plus élevées possibles. Toutefois, les droits de l’homme peuvent être bafoués de plusieurs façons avec la participation des praticiens de santé. Par exemple : certaines formes de torture, l’application d’une condamnation à mort, l’inactivité face à des châtiments physiques cruels et inhumains, l’alimentation forcée, la sédation contre la volonté de la personne concernée, le trafic d’organes, la mutilation génitale féminine et d’autres pratiques traditionnelles dangereuses, la stérilisation forcée et d’autres pratiques de santé reproductive coercitives. 5 Un autre terrain particulièrement propice à la violation des droits de l’homme concerne les expériences scientifiques sur des sujets humains, notamment si elles impliquent des personnes vulnérables. Alors que la recherche médicale et les tests cliniques constituent indiscutablement une force bénéfique, celle-ci peut être utilisée à mauvais escient et doit être considérée avec prudence, en veillant à ce que les codes éthiques nationaux et internationaux soient respectés. Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 13 BMA Il se peut que certaines associations de professionnels de la santé et certaines académies médicales se trouvent dans des positions capables d’influencer les programmes. Chaque fois que possible, ils doivent tenter de promouvoir l’éducation des droits de l’homme et déterminer s’ils peuvent : • L’examen du programme des écoles de médecine et de formation aux métiers de la santé, avec l’accord des parties concernées qui accordent l’autorisation de pratiquer, pour identifier si la formation sur l’éthique médicale et les droits de l’homme est appropriée ; • La promotion, en collaboration avec des associations professionnelles et organismes de réglementation professionnelle, de l’adoption d’une approche des soins de santé, fondée sur l’éthique et les droits de l’homme, dans la formation des professionnels de la santé à tous les niveaux ; • L’Inclusion, dans le programme des écoles de médecine, d’un module sur l’aspect juridique du droit à la santé. 14 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA L’importance d’une bonne communication Pour une écrasante majorité de professionnels de la santé, l’impact immédiat et de plus grande portée qu’ils peuvent avoir sur la jouissance du droit à la santé de leurs patients est de leur fournir une qualité de soins optimale. L’un des facteurs clés est une bonne communication. Le respect de la dignité des patients implique de savoir les écouter et leur parler en prenant compte de leur individualité, en les considérant comme des personnes et non comme des porteurs d’une maladie ou d’une affection. Autrement dit, comprendre et respecter le fait que chacun a des besoins d’informations divers et une capacité d’absorber l’information différente, notamment lorsque la personne est malade ou sous pression. Des considérations particulières doivent être accordées aux individus dont la capacité de compréhension peut être altérée. Lorsque les professionnels de la santé prennent le temps d’écouter leurs patients, de discuter avec sympathie de leurs craintes et de leurs préoccupations, et fournissent des informations appropriées de façon attentive, les résultats sanitaires et la satisfaction des patients s’en trouvent nettement améliorés. Il s’agit là d’une vérité universelle. Les droits de l’homme protègent et encouragent l’intégrité et la dignité de tous les êtres humains. Dans le contexte d’une relation patients-corps médical, cela exige une bonne communication. Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 15 BMA Réagir aux violations des droits de l’homme perpétrées par les autres Certains professionnels de la santé disposent d’un accès privilégié à des informations confidentielles sur le comportement de membres des autorités publiques comme les fonctionnaires, l’armée, les forces de l’ordre ou le personnel carcéral. Cela offre une occasion inestimable de promouvoir les droits de l’homme. Dans la mesure du possible, les associations professionnelles doivent veiller à ce que les professionnels de la santé soient conscients des moyens dont ils disposent pour attirer l’attention sur l’information qu’ils ont identifiée et documentée. Pour cela, il est essentiel de se familiariser avec les institutions chargées de protéger les citoyens, les institutions nationales travaillant pour les droits de l’homme, le système de l’ONU de comptes-rendus aux organes de suivi des traités et le travail des rapporteurs spéciaux de l’ONU. Les informations confidentielles sur les 6 patients doivent toujours être traitées avec le plus grand respect. Dans le cadre de leur travail, les professionnels de la santé peuvent également être témoins de discrimination occasionnelle ou systémique contraire au droit à la santé. De tels cas de discrimination doivent être notés et signalés aux autorités compétentes. 16 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA Approche fondée sur les droits de l’homme de la participation à la gestion des systèmes de soins de santé et de l’élaboration des politiques de santé Certains professionnels de la santé, individuellement et en tant que membres d’associations professionnelles, travaillent comme conseillers au sein de leur organisation et fournissent des services de santé. Il est crucial que ces professionnels de la santé collaborent avec les gouvernements, si possible, pour s’assurer que les services en question respectent les droits de l’homme. Ils peuvent pour cela se constituer partenaires ou gardiens des gouvernements. Ils peuvent par exemple réviser la législation, les politiques et les pratiques en vigueur et contribuer à l’élaboration des politiques de santé au niveau national. Les professionnels de la santé peuvent également apporter une aide précieuse au processus de surveillance des traités sur les droits de l’homme, en contribuant aux rapports des gouvernements sur les organes de l’ONU ou en présentant ou en participant à un rapport fantôme. 7 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 17 BMA La discrimination fondée sur l’âge au Royaume-Uni une approche du droit à la santé L’âgisme est un préjugé à l’encontre d’une personne en raison de son âge, indépendamment d’autres facteurs comme les compétences, l’expérience ou le milieu socioculturel. Il peut constituer un obstacle considérable au bien-être d’une personne jeune ou âgée. L’âgisme est tout aussi préjudiciable que d’autres formes de discrimination à caractère sexiste, racial, homophobe et religieux. On parle d’âgisme lorsque l’âge de la personne est susceptible d’affecter la législation, la politique et la pratique. Une discrimination directe fondée sur l’âge en matière de santé se produit lorsque les personnes âgées se voient refuser l’accès à des services sans raison clinique. Souvent la discrimination fondée sur l’âge ne se traduit pas par des politiques explicites, mais plutôt par des attitudes négatives envers les personnes âgées. C’est donc d’autant plus difficile à constater et à éliminer. La discrimination fondée sur l’âge doit être abordée comme suit : Professionnels de la santé : • « Voir l’individu » : ne pas laisser les préjugés sur l’âge empêcher de voir les patients âgés comment des personnes à part entière. • Bonne communication : écouter les patients, leur donner le temps et la « permission » de faire part de leur point de vue. • Demander l’opinion du patient : demander l’avis et la participation du patient lors de la distribution et de la gestion des soins à tous les niveaux. 18 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA Gestionnaires de santé : • Adopter des normes de bonne pratique : s’assurer que les normes nationales de bonne pratique soient mises en place et respectées. • Formation : le personnel doit être sensibilisé au problème de la discrimination. Associations médicales nationales : • Normes professionnelles : les associations médicales nationales doivent s’assurer que les niveaux les plus élevés de pratique clinique et éthique soient observés. • Éducation médicale : les associations médicales nationales doivent s’assurer que l’éthique médicale et les droits de l’homme représentent des éléments essentiels du programme de médecine et que la discrimination fondée sur l’âge soit abordée à tous les niveaux de la formation médicale. • Influence : les associations médicales nationales doivent faire pression sur leurs gouvernements pour créer une législation primaire qui mettrait hors la loi une discrimination fondée sur l’âge. Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 19 BMA QUE SIGNIFIE LE DROIT À LA SANTÉ POUR LES GOUVERNEMENTS ? Les professionnels de la santé travaillant à la promotion du droit à la santé doivent également se familiariser avec les obligations imposées aux gouvernements. Le droit à la santé, comme tous les droits de l’homme, impose trois types d’obligations aux gouvernements: le respect, la protection et la garantie. L’obligation de respect signifie que l’état a le devoir de ne pas enfreindre le droit à la santé par ses actions. 8 • L’état doit éviter de refuser ou de limiter un accès égal à toutes les personnes, notamment les prisonniers, les détenus politiques, les minorités, les demandeurs d’asile et les immigrés clandestins ; • L’état doit éviter de censurer, retenir ou dénaturer intentionnellement des informations de santé précises, notamment en matière de formation et d’éducation à la santé sexuelle. L’obligation de protection signifie que l’état a le devoir d’empêcher toute violation du droit à la santé par d’autres. Il doit prendre des mesures pour empêcher des tiers d’intervenir ou de violer le droit à la santé. • Le gouvernement doit introduire et appliquer des contrôles adaptés pour la commercialisation d’équipement médical et de médicaments par des tiers. • Le gouvernement doit s’assurer que les praticiens et autres travailleurs de la santé respectent des niveaux acceptés et convenables d’éducation, de compétences et d’éthique. 20 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA L’obligation de garantie signifie que les gouvernements doivent déployer des moyens pour garantir la jouissance des droits. • Le gouvernement doit se concentrer sur la rectification des déséquilibres existants dans la provision de centres, de biens et de services de santé. Par exemple, Il doit allouer suffisamment de ressources aux régions les plus démunies au sein du pays, et notamment aux groupes les plus pauvres, les plus vulnérables et les plus défavorisés. • Le gouvernement doit promouvoir des activités qui profitent à la bonne santé et garantissent la divulgation des informations appropriées. Obligations immédiates et progressives Compte tenu des différences qui existent entre les pays, la pleine réalisation du droit à la santé demandera du temps et des ressources variables. Les mesures les plus adéquates à la mise en place du droit à la santé diffèreront également d’un pays à l’autre. Tandis que la législation internationale mentionne les diverses obligations des états, chaque gouvernement doit définir lui-même les mesures les mieux adaptées pour remplir ses obligations. Toutefois, au-delà d’un certain point, il faut que les mêmes principes de base s’appliquent partout. Ce sont là les obligations immédiates. Les gouvernements sont également tenus de mettre en place des politiques pour réaliser progressivement le droit à la santé. À mesure que des ressources deviennent disponibles, il est du devoir des gouvernements de remplir une part supplémentaire de leurs responsabilités. Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 21 BMA Tirer des leçons du Sri Lanka Réaliser le droit à la santé n’est pas qu’une affaire d’argent. Malgré son statut de pays « moins développé », le Sri Lanka a obtenu des résultats impressionnants dans les domaines de la santé, de la nutrition et de la planification familiale avec des dépenses de santé publique inférieures aux pays disposant de revenus similaires et dont les résultats de santé sont bien pires. L’espérance de vie actuelle atteint 73 ans comparée à une moyenne régionale de seulement 61 ans, la mortalité infantile avoisine les 16%, la fécondité est proche du niveau de renouvellement de la population et le taux de croissance démographique est inférieur à 1% par an et en déclin. Le taux de mortalité maternelle de 30 décès pour 100 000 naissances, est bien en dessous de celui des pays affichant des niveaux de revenu par personne similaires. L’investissement ciblé dans les systèmes de santé, l’éducation, l’information, ainsi qu’une attention particulière portée aux groupes de personnes marginalisées se sont révélés des stratégies efficaces. Le droit à la santé n’est pas lié aux sommes d’argent dépensé, mais à la façon de le dépenser. 22 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA Obligations principales Les obligations principales sont destinées à garantir que toute personne, où qu’elle se trouve, dispose, au moins, des conditions minimales pour pouvoir vivre dignement, jouir des conditions de vie de base requises pour prendre en charge sa santé et empêcher une mort évitable. Les obligations principales requièrent des mesures immédiates et efficaces et ne doivent pas être mises en place progressivement. Dans le cas des soins de santé, les gouvernements doivent : • assurer la vaccination contre les principales maladies infectieuses ; • prendre des mesures pour éviter, traiter et combattre les maladies épidémiques et endémiques ; • fournir des médicaments essentiels, selon la définition du Programme d’action de l’OMS sur les médicaments essentiels ; • offrir des soins de santé reproductrice, maternelle (prénatale et postnatale) et infantile ; • fournir des soins de santé primaires comme décrit dans la Déclaration d’Alma-Ata ; • fournir accès à des centres de santé sans discrimination ; • assurer une répartition équitable de tous les centres de santé, biens et services 9 Dans le cas de déterminants sous-jacents de la santé, les gouvernements doivent offrir : • accès à une quantité suffisante de nourriture, convenable et sans danger sur le plan nutritionnel, pour éviter toute famine et malnutrition ; et • accès à un abri, logement et système sanitaire minimum, ainsi qu’un approvisionnement adéquat en eau potable. 23 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA Dans le cas de l’éducation et de l’information liées à la santé, les gouvernements doivent fournir : • une éducation et un accès à l’information portant sur les principaux problèmes de santé dans la communauté, notamment des méthodes de prévention et de lutte ; et • une formation appropriée aux médecins et autres professionnels de la santé, y compris une éducation sur la santé et les droits de l’homme. Les gouvernements doivent également adopter et mettre en place un plan d’action et une stratégie de santé publique, fondés sur des données épidémiologiques, qui prennent en compte les préoccupations de santé de toutes les populations. Obligations internationales découlant du droit à la santé La législation internationale sur les droits de l’homme stipule clairement que la responsabilité des états inclut l’aide et la coopération internationales. Cela devient nécessaire lorsque les gouvernements manquent de ressources pour remplir leurs obligations, et que la communauté internationale doit assumer une part de responsabilité, par exemple en contribuant à l’aide au développement ou en respectant des politiques commerciales responsables. 10 Selon les ressources disponibles, les pays développés doivent promouvoir l’accès à des centres de santé, des biens et des services de santé essentiels, dans les pays à faibles revenus et fournir l’aide nécessaire si besoin est. Dans tous les cas d’aide ou de coopération internationale, la priorité doit être accordée à l’accomplissement des obligations principales découlant du droit à la santé. 11 24 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA RÉSUMÉ : Conséquences élémentaires d’une approche de la santé fondée sur les droits de l’homme • Responsabilité accrue des gouvernements en matière de santé ; • Attention particulière portée aux besoins de santé des personnes pauvres, vulnérables et défavorisées, et rectification des déséquilibres inacceptables entre les niveaux de santé des divers groupes de population ; • Accent mis sur l’obtention et le maintien d’un système de santé efficace et intégré, englobant les soins de santé et les déterminants sous-jacents de la santé, adapté aux priorités nationales et locales et accessible à tous ; • Approches plus participatives à la provision de services de santé et aux facteurs de santé ; • Arrêt de la part des gouvernements de l’imposition de mesures rétroactives dans les lois sur la santé et les pratiques budgétaires et administratives ; • Respect par les gouvernements des obligations concrètes d’agir immédiatement en vue des normes minimum essentielles pour jouir du droit à la santé (obligations principales) ; • Acceptation par les gouvernements de la nécessité de prendre des mesures progressives pour réaliser le droit à la santé et des mesures immédiates pour préparer le terrain. Cela passe par la définition de buts (marqueurs) et de cibles afin de mesurer les progrès ; • Respect par les gouvernements de leurs devoirs en matière d’aide et de coopération internationales, individuellement comme acteurs de l’aide internationale et comme membres d’organisations internationales ; • Responsabilités de tous les membres de la société, y compris les professionnels de la santé, pour la réalisation du droit à la santé. Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 25 BMA 26 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA Références 1 Hunt P. Rapport du Rapporteur spécial de la Commission des droits de l’homme sur le droit de toute personne à jouir du meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint. Soixantedeuxième session de la Commission des droits de l’homme des Nations Unies, 10e point de l’ordre du jour, E/CN.4/2006/48 : paragraphe 4. 2 Il convient de noter que la Convention des droits de l’enfant, l’un des traités internationaux sur les droits de l’homme les plus ratifiés, fait état notamment d’une vision élargie du droit à la santé incluant : le droit d’accéder à des centres de soins ; une alimentation convenable, de l’eau potable, une hygiène publique, un accès à l’information et l’interdiction de pratiques traditionnelles préjudiciables. 3 Hunt P. Rapport du Rapporteur spécial, E/CN.4/2006/48. Ibid : paragraphe 7. 4 Se référer à l’observation générale n° 14 de l’UN CESCR sur le droit au meilleur état de santé susceptible d’être atteint. 5 Atteindre et maintenir un accès universel aux antirétroviraux dans les zones rurales : l’approche fondée sur les soins de santé primaires des services de VIH à Lusikisiki, à l’Est du Cap. Médecins sans Frontières : Le Cap, 2006. 6 Une excellente source sur tous ces sujets de préoccupation liés aux droits de l’homme pour les professionnels de la santé est la publication de la BMA Human Rights and the Medical Profession, Handbook for a changing agenda. Zed books en partenariat avec la BMA, 2001. 7 « Depuis 1979, des mécanismes spéciaux ont été créés par les Nations Unies pour examiner des thèmes ou des situations de pays spécifiques du point de vue des droits de l’homme. La Commission des Nations Unies sur les droits de l’homme a mandaté des experts pour étudier les problèmes particuliers concernant les droits de l’homme. Ces experts constituent désormais ce qui est communément appelé mécanismes ou mandats des Nations Unies sur les droits de l’homme ou système de procédures spéciales. Bien que les mandatés aient différents titres, comme rapporteur spécial, représentant spécial ou expert indépendant, chacun d’eux est considéré comme un « expert en mission » avec la même définition Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 27 BMA 12 que celle de la Convention de 1946 sur les privilèges et les immunités des Nations Unies. » OHCHR. Dix-sept questions fréquemment posées sur les rapporteurs spéciaux. http://www.un.or.th/ohchr/2007/hrs/special-procedures.htm. Pour savoir comment contribuer aux organes de surveillance des traités des Nations Unies, consulter : Asher J. The Right to Health: A Resource Manual for NGOs. London: Commat. 2004: pp 127-141. Dans des circonstances exceptionnelles concernant des problèmes de santé publique comme le besoin d’endiguer des épidémies de maladies infectieuses graves, l’obligation de respect de l’état peut être outrepassée. Par exemple, s’il est nécessaire de mettre en quarantaine une personne présentant une tuberculose pulmonaire ouverte qui refuse un traitement, pour éviter la propagation de l’infection et protéger la santé publique. Toutefois, de telles mesures gouvernementales doivent être temporaires et entièrement justifiées. Toutes ces exceptions doivent respecter les principes de Syracuse. Consulter : United Nations, Economic and Social Council, U.N. SubCommission on Prevention of Discrimination and Protection of Minorities. Les principes de Syracuse sur les limitations et la dérogation aux dispositions du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. E/CN.4/1985/4. 1985. La Conférence internationale sur les soins de santé primaires s’est tenue à Alma-Ata, au Kazakhstan, en 1978 et a réuni quasiment la totalité des États-Membres de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’UNICEF. La Déclaration d’Alma-Ata de 1978 est apparue comme un jalon du vingtième siècle dans le domaine de la santé publique, et a identifié les soins de santé primaires comme la clé à la réalisation de l’objectif Santé pour tous. L’aide internationale et la coopération peuvent être perçues comme le reflet et un moyen de réaffirmer les principales d’équité mondiale et de responsabilité partagée qui soutiennent les modèles contemporains d’aide au développement, la Déclaration du Millénaire étant un exemple type. CESCR. Ibid: paragraphe 39. 28 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 8 9 10 11 BMA Informations supplémentaires et liens utiles : Organisations intergouvernementales Commission africaine des droits de l’homme et des peuples 48 Kairaba Avenue P.O. Box 673 Banjul Gambie Tél. : +220 4392 962 Fax. : +220 4390 764 E-mail : [email protected] http://www.achpr.org Cour européenne des droits de l’homme 67075 Strasbourg-Cedex France Tél. : +33-3-88 4120 18 Fax : +33-3-88 41 27 30 http://www.echr.coe.int/ Commission interaméricaine des droits de l’homme 1889 F St., NW, Washington, D.C. USA 20006 Tél. : +1-202-458 6002 Fax : +1-202-458 3992 E-mail : [email protected] http://www.cidh.oas.org/ Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 29 BMA Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme OHCHR-UNOG CH 1211 Genève 10, Suisse Tél. : +41-22-917 9000 Fax. : +41-22-917 9022 E-mail : [email protected] http://www.unhchr.ch/ Rapporteur spécial des Nations Unies sur le droit au meilleur état de santé susceptible d’être atteint Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (voir ci-dessus) Fax. : +4122 917 9003 E-mail pour appels urgents : [email protected] http://www.ohchr.org/english/issues/health/right/index.htm Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture Secrétariat du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les victimes de la torture (FCVNUVT) Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) CH -1211 Genève 10 Suisse Tél. : +4122 91793 15 Fax : +412291790 17 E-mail : [email protected] http://www.ohchr.org/english/about/funds/torture/ 30 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA Organisations non gouvernementales et associations professionnelles Amnesty International 1 Easton St London WC1X 0DW Royaume-Uni Tél. : +44 20 7413 5500 Fax. : +44 20 7956 1157 E-mail : [email protected] http://www.amnesty.org/ Human Rights Watch 350 Fifth Avenue, 34th Floor New York, NY 0118-3299 USA Tél. : +1-212-290 4700 Fax : +1-212-736 1300 E-mail : [email protected] http://www.hrw.org/ Comité international de la Croix-Rouge 19 Avenue de la Paix CR 1202 Genève Suisse Tél. : +41-22-734 60 01 Fax : +41-22-733 20 57 E-mail : [email protected] http://www.icrc.org/ Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé 31 BMA Medical Foundation for the Care of Victims of Torture 111 Isledon Road London N7 7JW Royaume-Uni Tél. : +44 20 7697 7777 Fax : +44 20 7697 7799 E-mail : via le formulaire du site www.torturecare.org.uk Physicians for Human Rights 2 Arrow Street Suite 301 Cambridge, MA 02138 USA Tél. : +1-617- 301-4200 Fax. : +1-617-301-4250 E-mail : [email protected] http://www.phrusa.org/ Organisation mondiale de la Santé 20 Avenue Appia 1211 Genève 27 Suisse Tél. : +4122 791 2111 Fax : +4122 791 3111 E-mail : [email protected] http://www.who.int/en/ Association médicale mondiale 13 ch. du Levant CIB - Bâtiment A 01210 Ferney-Voltaire France Tél. : +33 4 50 40 75 75 Fax : +33 4 50 40 59 37 E-mail : [email protected] http://www.wma.net/ 32 Le droit à la santé : un outil pour les professionnels de la santé BMA International Department, British Medical Association, BMA House, Tavistock Square, London, WC1H 9JP, Royaume-Uni www.bma.org.uk © British Medical Association, 2007