Le sort de la jungle de Calais inquiète en Belgique

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Le sort de la jungle de Calais inquiète en Belgique
MARDI 23 février 2016 / Edition Bruxelles-Périphérie / Quotidien / No 45 / 1,50 € / 02 225 55 55
POURQUOI LA LIVRAISON DE NOURRITURE À DOMICILE EST UN SUCCÈS P. 14
MONARCHIE
Grande première :
Mathilde reçoit
un ministre
en audience P. 7
ER
1
JOURNAL
À BRUXELLES
Pension
à 67 ans : le
recours a peu
de chances
d’aboutir
es
syndicats
ne
désarment pas face à
la réforme des pensions. CSC, FGTB et CGSLB
ont annoncé lundi qu’ils déposaient un recours devant la
Cour constitutionnelle. Les
organisations estiment que
les dispositions légales qui
ont permis de repousser l’âge
de la retraite à 67 ans entrent
en contradiction avec plusieurs principes inscrits dans
la Constitution.
Ces arguments ont-ils une
chance d’être entendus par la
Cour
constitutionnelle ?
« L’article 23 interdit les
régressions significatives du
niveau de protection sociale.
Le report de deux ans est-il
une régression significative ?
J’ai des doutes, car on peut
faire valoir que l’espérance de
vie a augmenté, entraînant
avec elle une augmentation
de la durée de la pension »,
estime le constitutionnaliste
de l’ULg, Christian Behrendt.
De même, deux juristes
contactés nous expliquent
que pour eux le report de
l’âge de la retraite à 67 ans
n’est pas menacé. Le gouvernement peut-il crier victoire
pour autant ? Pas sûr. Car les
experts
interrogés
nous
disent également que certains points techniques de la
loi pourraient poser des problèmes juridiques. ■
L
P. 4 NOS INFORMATIONS
Le sort de la jungle
de Calais inquiète
en Belgique
TÉLÉVISION
La RTBF va revoir
les pubs de sa
série « La Trêve »
P. 31
JOHAN MUSEEUW
« Empêcher
Gilbert de faire le
Tour des Flandres,
c’est surréaliste »
P. 26 & 27
© PIERRE-YVES THIENPONT/LESOIR.
La présence policière pourrait être renforcée à la frontière
avec la France pour éviter la création de camps.
ne partie de la « jungle »
de Calais vit ses dernières heures. Les migrants sont encouragés à quitter
le camp avant ce mardi soir. S’ils
ne le font pas, les autorités françaises ont menacé d’employer la
force. Cette réalité fait peur à
certains en Belgique. Le gouverneur de Flandre-Occidentale,
U
Carl Decaluwé (CD&V), a émis
le souhait que des contrôles
frontaliers systématiques soient
établis à la frontière, au niveau
de La Panne. « Ceux qui ne
peuvent pas présenter les documents nécessaires devraient être
bloqués », estime l’élu.
Une réunion opérationnelle de
la police doit justement se tenir
ce mardi. Selon nos informations, la piste du renforcement
des contrôles à la frontière devrait être privilégiée. Au cabinet
Jambon, on ne confirme pas
mais on précise que « tout sera
mis en œuvre pour éviter que des
camps comme celui de Calais
puissent exister en Belgique ».
Pourtant, au sein du camp, les
JEAN-FRANÇOIS
KAHN
réfugiés ne semblent pas emballés par le fait de quitter la
France. « Je n’ai pas les moyens
d’aller en Belgique. C’est trop
loin. Puis c’est trop risqué. Il y a
trop de contrôles », raconte Ouadidi, un réfugié afghan. De quoi
rassurer les autorités belges ? ■
Les tuiles
s’accumulent pour
Nicolas Sarkozy
P. 20 & 21
P. 2 & 3 NOTRE DOSSIER
30 % des enfants belges vivent dans la pauvreté
rois sur dix. C’est le nombre d’enfants qui vivent dans une famille
« pauvre » selon l’enquête de Solidaris. D’après l’Unicef, cela fait de la Belgique, un des pays qui a « un des taux de
pauvreté infantile les plus élevés d’Europe ». Au-delà de ce chiffre interpellant,
cette réalité se matérialise dans la vie de
tous les jours. Toujours selon l’enquête
T
des mutualités socialistes, 23 % des parents assurent ainsi ne pas pouvoir boucler leur budget sans être à découvert ou
craignent clairement de basculer dans la
précarité.
Cela impacte aussi fortement les conditions de vie, le capital social et culturel
des enfants. Par exemple, dans les familles socialement défavorisées, les pa-
rents sont presque deux fois plus nombreux à garder eux-mêmes leurs bambins.
Or, assure Solidaris, une socialisation
précoce constitue un atout pour l’avenir.
Même quand ils parviennent à mettre
leurs enfants à la crèche, les parents ressentent une forme de condescendance de
la part du personnel.
Mais comment définir la pauvreté ? So-
FOIRE DU LIVRE
lidaris s’est basée sur une étude de la
Fondation Roi Baudouin réalisée en
2014. En Belgique, le seuil est fixé à
2.100 euros net/mois pour un couple avec
deux enfants et à 1.600 euros net/mois
pour une famille monoparentale avec
deux enfants. ■
Des chiffres
d’affluence
et de vente
exceptionnels
P. 34
P. 6 LES RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE
L'ÉDITO
Béatrice Delvaux
ÉDITORIALISTE EN CHEF
CACHER LA « JUNGLE »
NE SERVIRA
À RIEN
videmment que la jungle de
Calais ne peut survivre en
E
l’état. Evidemment qu’il faut
prendre des décisions pour empêcher l’existence en l’état de ces
lieux aux conditions de vie inhumaines pour ceux qui les habitent,
08
5 413635 008207
et sources de craintes multiples
pour ceux qui en sont les voisins.
Mais solution ne veut pas dire
exercice d’illusion(niste) qui
reviendrait « simplement » à
cacher cette jungle que nous ne
saurions voir. Histoire de rendre
les « choses » plus gérables ou
plus correctes en apparence,
alors que sur le fond, on n’a rien
pu ou su résoudre ou améliorer.
Il ne s’agit pas ici de juste mettre
« la poussière sous le tapis », de
cacher les « misères » pour permettre à la vie de reprendre son
cours et aux indignations, dans
les deux « camps », de se calmer.
En clair, ce n’est pas en déplaçant
ou en mettant « ailleurs » les
réfugiés qui se sont agglutinés sur
cette côte française – que d’autres
continuent par ailleurs à rallier
MARCHÉS
DEMAIN LA TERRE
SCIENCES & SANTÉ
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dans leur désir absolu de GrandeBretagne – qu’on va résoudre le
problème.
Ce n’est pas non plus en regardant s’embourber cet autre pays
que le nôtre, aux prises avec ces
installations inextricables – insupportables on le répète pour
Il ne s’agit pas ici de juste
mettre « la poussière
sous le tapis »
ceux qui les habitent comme pour
ceux qui les côtoient –, qu’on va
régler le problème causé par ces
flux de gens, que les pays européens ne peuvent se contenter de
dévier de l’un vers l’autre.
La Belgique est inquiète du démantèlement de Calais ? A raison. Mais à quoi a servi alors
NÉCROLOGIE
PETITES ANNONCES
RÉGION
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cette rencontre entre les Premiers
ministres français et belge ?
Comment aujourd’hui en est-on à
projeter ces craintes de contagion, alors qu’il aurait été idéal
que les deux autorités, française
et belge, accompagnées d’un
« expert » de l’Europe, organisent
cette transformation ou ce déménagement de Calais sans chaos,
dans une action planifiée, encadrée et dès lors communiquée à
une population, rassurée dès lors
qu’elle voit que ce n’est pas facile,
mais que c’est balisé.
On ne peut laisser les Français
seuls face à Calais. Et cela vaut
pour tout autre point de chute
européen, où l’on voit bien qu’un
mur ne fait pas le printemps, mais
attise la haine, le rejet et la diabolisation. Le mur est vu comme un
TÉLÉVISIONS
LOTERIE
MÉTÉO
30-31
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répit, mais c’est un leurre. Seule la
coopération entre les dirigeants
européens dans la prise de décision et la fermeté dans l’application des solutions permettront de
rendre ce passage supportable
pour tous, réfugiés et pays
d’accueil.
Cela demande un vrai travail, cela
exige des dirigeants qu’ils renoncent et jugulent les discours
populistes, et qu’ensemble, ils
défendent les mécanismes qui
font appel à la raison et pas à
l’instinct. La problématique est
très difficile, mais il faut tout faire
pour « retirer la haine de la tête
des gens », cette haine qu’on a
vue à Dresde ce week-end, et qui
rappelait soudain ces autres
foules qui, jadis, ont cousu des
étoiles jaunes.
JEUX & BD
BON À DÉCOUPER
PETITE GAZETTE
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lesoir.be
Les prix des télécoms
vont-ils baisser
en 2016 ?
On en parle
avec Jean-François
Munster
Dès 20 h 45,
suivez le match
de Ligue des champions
entre Arsenal
et Barcelone
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